Et le ballon revient. C’te blague. Matt renifle d’énervement et se retient de shooter violemment dans cette fucking balle qui ne ferait que revenir de toute façon. Il regarde un instant Mirage et l’autre statue qui s’est réveillée sortir du local. La blonde s’adresse à lui, ouais ouais c’est ça suivez le gamin il risque de se prendre les pieds dans ses lacets. Il sourit à la remarque de Mirage sur la balle, ouaip le ballon est tombé amoureux de moi, génial. Il regarde les filles partir sur les traces de l’intello, a rivederci belle blonde et il détaille une dernière fois du regard Mirage, avant de se pencher pour prendre le ballon dans ses mains. Puis, décidé à ne surtout pas recroiser le gamin, sinon j’lui pète la gueule, il se dirige à l’opposé traversant le long gymnase en posant négligemment son regard sur ce qui l’entoure. Pfu c’est nul, c’est vide, ça pue, c’est moche. Oui, quand il est tout seul il aime bien se plaindre, les instincts de chieur reviennent plus facilement quand il est plus calme. Enfin, après avoir pu cracher tout son dégoût mentalement, il découvre une porte vitré signe de sortie et la pousse avec la main ne tenant pas le ballon. Un souffle de vent frais lui ébouriffe les cheveux. Alors qu’il étouffe dans le gymnase dehors il fait une température idéale, presque froid en débardeur. Putain pourquoi j’lui ai passé mon gilet ? Bon et maintenant ? Il s’arrête et regarde autour de lui. Comment j’retrouve Ēkā et les autres moi hein ? Il lance un regard furieux au ciel si bleu qui semble le narguer. Mais non il ne trouve pas plus de solution dans les nuages. Ne sachant pas où aller il se dirige vers le bâtiment d’en face. Au pif. Se rapprochant il finit par comprendre que c’est un restaurant. Cool j’vais pouvoir bouffer, y’aura p’t-être des serveuses sexy. Mais quand il pousse la porte il se retrouve dans un self désert. Silence. Ouah mais c’est partout comme ça ? Vas-y j’vais me faire grave iech. Il pose son regard sur les plats, vides. Et un instant la rage revient. Putain. Il balance le ballon sur les plats en aciers. Le bruit des objets métallique s’entrechoquant se répercute dans la salle vide, brisant le silence pesant. Les mains dans les poches ne faisant même pas attention au ballon qui le suit il marche a travers les rangées de tables et finit par s’assoir à une chaise mettant les pieds sur la table. Sans-gênes oui, enfin de toute façon qui ça choquerait ? Y a personne. Il entend alors des bruits presque inaudible venant sûrement des cuisines. Ha bah voilà ça se trouve ils sont en train de faire la bouffe, j’suis arrivé trop tôt. Et pour confirmer sa pensée il sort son portable de sa poche pour regarder qu’elle heure il est. Mais lorsqu’il le débloque il y a de nouveau ce défilement de chiffre. Il soupire et le range dans sa poche avant de croiser ses bras, de s’affaler un peu plus dans la chaise, sans oublier les pieds sur la table et de fermer les yeux. Ouais voilà j’vais dormir et quand j’me réveillerai y aura Ēkā et les autres à côté de moi. Après tout cela fait déjà deux fois qu’il se réveille dans un endroit inconnu. Jamais deux sans trois…

Un self. Voilà où Décembre finit par débarquer, toujours pas calmée. Un self quasi désert, bien propre et inondé de lumière chaude, en provenance direct d’un soleil encore plus haut qu’à son réveil, pas dérangé pour un sou par son tapage.

Un self où, sur une chaise en plastique, elle aperçoit quelqu’un. Inconnu, mais purement masculin, ce qui, dans un autre contexte, l’aurait certainement rendue joyeuse et plus réceptive. Sauf que le contexte actuel lui donne plus envie d’aller passer ses nerfs sur le jeune homme aux cheveux blancs –putains de teintures qui la poursuivent-, chose qu’elle ne se gêne pas à faire.

Un pas, deux pas, trois pas… Et pas des plus discrets. Elle fait un bruit monstre en faisant claquer les talons de ses chaussures jadis impeccables et rappelant un dandy mafieux plein de classe sur le parquet ciré, chaussure jadis impeccable qui part sans attendre percuter un des pieds de la chaise dès qu’elle se trouve à portée, avec tant de rage et de frustration et de force qu’elle tremble et bascule, faisant donc s’écraser Matt au sol, comme ça, sans préavis.

Alors Décembre se penche, galvanisée par la douleur qui se propage brusquement dans son pied, tellement bas que ses mèches balayent presque le visage du garçon, lui rappelant qu’elle devrait les couper.

« TOI !! S’PECE DE BOLOS, TU CROIS QUE C’EST LE MOMENT D’ROUPILLER ?! NON MAIS AZY QUOI C’EST L’BORDEL DANS VOS TETES A TOUS OU QUOI ?! »

Il somnole, se disant que décidément, cette ville est ennuyante. Jusqu’à ce qu’il entende des pas, quelqu’un qui se rapproche vite et bruyamment. Il n’a pas le temps de jeter un coup d’œil indifférent, non, car il sent sa chaise basculer. Hein ? Il ouvre brusquement les yeux et voit le paysage défiler rapidement, trop rapidement. Oups. Oui oups parce qu’il se rend compte que vu sa position il est incapable de se retenir à quoi que ce soit et sa tête heurte le sol. Putain ! Furieux il s’apprête à se relever mais un visage se positionne si près du sien qu’il a le reflex –débile- de reculer, retapant sa tête contre le sol. Bordeeeel. Il a juste le temps de se dire que c’est une fille à ses traits plutôt fin et la couleur de ses lunettes et que ses lèvres se trouvent proches des siennes, avant qu’elle ne gueule et efface ainsi toutes pensées de son esprit. Il grimace, une voix aiguë en plus, mes tympans putain, et réplique à son tour :

« Mais ta gueule ! »

Et il la repousse violemment avant de se relever et d’agripper c’te folle aux cheveux roux par le col de son sweat. En plus elle est habillée comme un mec. Il baisse son regard pour le plonger dans les yeux bleus clairs de l’individu. Il fait une mine méprisante, mais ne lève pas le poing, j’vais pas frapper une meuf wesh. Puis alors qu’il se prépare à lui lancer une réplique cinglante, il se stoppe dans son élan. Car les connexions se font enfin, bah oui faut le temps que ça monte au cerveau hein. Les cheveux roux en bataille, les yeux bleus très clairs, les lunettes, la voix fluette….Son souvenir lui revient doucement en tête. Naaan sérieux ? C’est le gars là, Andy, d’mon souvenir ? Il reste un instant immobile ses yeux gris acier affrontant les yeux glacés de l’autre… Nan mais c’est quoi ces lunettes roses ? Voilà, sa première réaction face à cette découverte qui devrait lui paraître déroutante. C’est un gars bordel, oui dans son souvenir c’est un gars, donc ça restera un gars, légèrement tafiole quand même. Il lâche alors son col et lui dit d’une voix beaucoup plus enjouée :

« Wesh Andy ! Mais t’fous quoi avec des lunettes roses, sérieux ? T’as trop l’air d’une tapette là. »

Mais si ça se trouve… Nan, nan, j’traînais pas avec un gay, impossible. Le problème c’est qu’il ne se souvient de rien et c’est la première fois depuis son réveil dans le train que cela l’énerve vraiment. Puisque là ça concerne l’orientation d’un gars qui avait été son pote selon son souvenir, ouais y'a ma réputation en jeu.

[Pour toutes réclamations, s'adresser à ma compagne de Rose... :p
*ou comment rejeter la faute*]


La suite, Lou fit appel à quelque chose que jusqu'à maintenant, on aurait soupçonné inexistant chez elle. La malchance ? L'intuition ? Un jet de destin particulièrement facétieux ? L'utilisation de son odorat ? Le hasard qui serait plutôt copain-copain avec elle ? Le Deus-ex Machina ? Des pouvoirs de magical-girl ?

Non, rien de tout cela. C'est à sa logique que la jeune femme confia le destins de ses deux êtres qui se tiennent gentiment par la main, tandis qu'elles avancent ensemble. À savoir qu'elles étaient dans un stade de Foot, entouré d'un grand complexe sportif. Elle croyait que dedans, elles trouveraient alors instrument de gym et compagnie, salles de sport, matériels et elle en passait des meilleurs. Oui, mais ça, en soit, ça ne l’intéressait pas. Rien qui ne lui semblait bien précieux ou digne d’intérêt ; la jeune femme, malgré une extra-ordinaire souplesse et bonne endurance, se voyait mal s'enfermer dans une salle pour bouger sur place.

Plus intéressant étaient les distributeurs automatiques qui devaient parsemer le dit complexe. Selon toute logique. Pas d'argent ? À vrai dire, Lou ne voit pas vraiment de problème.

Et la suite fut encore mieux quand elle remarqua, avec délice, l’existence d'un restaurant. Peut-être y aurait-il des choses encore mieux à se mettre sous la dents que des sachets de friandises et de gâteaux hyper-salés et peu nutritifs. À la réflexion, pour elle, peut-être pas, mais elle avait une fille à présent. Avec un sourire, Lou se dit qu'elle fera attention à la ligne de sa petite protégée.

Sauf que le restaurant, il n'est pas vraiment vide. Et nous y voilà. Une connaissance et une tête inconnue. Et bien, ça en fait du peuple, comparée à sa nuit d’errance ! Mais souvenir : Décembre avait plutôt exprimé le souhait de ne plus les voir elle et Rose. De nouveau, l'idée qu'un problème ou accident diplomatique pouvant survenir n’effleure pas la rouquine. Un instant de logique, c'est bien suffisant dans sa matinée.

« Re ! Fait-elle en direction de Décembre avant d’enchaîner vers le nouveau : et Salut ! Ne faîtes pas attention à nous, on ne fait que passer ! Dis bonjour, Rose, et vient faire les placards avec moi. »

Puis trottinant vers le contoir, La rouquine se met à chercher. Sauf que déjà, ç'aurait été bien qu'il y ait des placards. Mais non, juste des plats vides. Elle soupire. Et une porte. Elle regarde la porte. Puis pousse une porte et y glisse la tête. Voir déjà ce qui l'attendait derrière, avec une flamboyante timidité, tandis que son roux sauvage passait le premier en explorateur.

Bizarre ces sifflements, quand même, hum ?

Je ne détournai pas mon regard de la voiture qui arrivait droit vers nous, pas même pour lui parler face à face. J'avais déjà du mal à encaisser la nouvelle, je n'aurais sans doute pas pu endosser une charge supplémentaire. Je ressentis néanmoins une partie de son émotion, après tout elle m'était destinée. Elle me traversa comme un courant d'air et me pinça doucettement le coeur.
On grimpa ensuite, sans plus attendre, chacun de notre côté dans le véhicule. Crepy ne fit pas exception à la règle. On s'installa sur nos sièges respectifs et l'on plaça nos bagages de sorte à ce qu'ils n'encombrent pas trop l'espace tout en demandant à ce que l'on nous dirige dans un lieu sûr.

Apparemment, notre chauffeur personnel avait une destination correspondant à nos critères de sélection. Il fit ronronner le moteur et fila dans les petites ruelles sans hésitation, se faufilant dans des passages de moins en moins étroits. Avec mon mal de tête, il m'était difficile de me concentrer sur la route. On roulait, dans les faits, prudemment, sans empressement. Cependant, ça ne me semblait pas comme tel. Les secousses, pourtant légères, intensifiaient ma migraine.

« Voiture, s'il te plait, pourrais-tu ralentir ? Je ne me sens pas très bien... »

Mes lèvres formèrent un sourire poli et désolé. Je ne savais pas si la voiture était en mesure de le voir, mais tout comme pour le louveteau aveugle, j'étais persuadé qu'elle puisse le ressentir. Je m'en voulais sincèrement de la forcer à conduire autrement qu'à son habitude. Après tout, elle m'avait accepté en tant que passager sans me réclamer quoi que ce soit. Ce n'était pas très correct de ma part que de lui mettre des conditions. Cela étant, je fis bien heureux qu'elle s'y restreigne. Une impression de flottement me gagna, bien meilleure que la lourdeur insistante et tapageuse que je venais de perdre.

« Arigato gozaimasu. »

Je m'apprêtais à fermer les yeux quand je sentis les mains d'Emu se poser sur moi. Pour le coup, je les ouvris à contrario bien plus grands que de nature. Elle se blottissait contre moi, m'enlaçant en enfouissant son visage près de mon cou. Mon sourire s'attendrit naturellement.

La pauvre devait penser que mon souvenir me tourmentait encore. C'est vrai que ce n'était pas un joyeux flash back, mais... je ne me rappellais ni de cette personne qui semblait être mon ami, ni de celle qui de toute évidence, m'avait fait du mal en se tournant vers un autre homme. Même moi, je m'étais inconnu. Il aurait été idiot que de pleurer pour cette pseudo rupture. Je n'avais pas assez de mémoire, de bons rappels pour m'attrister sur les mauvais.

« Tout va bien. » lui dis-je la voix légérement basse, jouant gentiment avec ses cheveux « Merci d'être là, Emu. »

Le trajet dura moins longtemps que ce que je m'étais imaginé. Peut-être aussi, que le temps me parut plus concis dans les bras d'Emu. Quoi qu'il en soit, la voiture se gara bel et bien. Il s'agissait d'un complexe sportif. Probablement qu'à l'intérieur, l'on trouverait nos convoitises.

J'attrapai la main d'Emu pour sortir de l'engin à intelligence indépendante, saluant ce dernier pour ses humbles services. Bien sûr, l'on oublia pas de dégager nos effets personnels, que l'on disposa sur le trottoir.

« Nee, voiture, est-ce que je peux regarder ton intérieur ? ...Ne me prends pas pour un pervers, je suis juste curieux de voir comment tu fonctionnes, » dis-je à la concernée, rigolant, comme si je m'adressais à une personne faite de chair et de sang. « Ça te dérange si je te rejoins un peu plus tard ? » questionnai-je tout de même Emu, au cas où il s'avère que ce soit le cas.

Ca fait vroum et ça recherche de l'Amour.

Biscuit n'avait pas compris grand chose à la situation -normal, c'était une voiture -. Elle recherchait désespérément sa maîtresse rousse alors qu'un nouvel individu s'était téléporté à l'intérieur d'elle. Elle avait continué à rouler, quoique perplexe. Ce genre d'évènement dépassait son seuil de compétence. Arrêtée devant le complexe sportif, la petite twingo verte klaxonna. Lou était là bas. Elle en était sûre. Mais elle ne pouvait pas entrer. Aussi se contentait-elle d'émettre des petits cris déchirants de chien abandonné.

[je ne tiens plus ! Départ de Lou, bon courage les gens ! ]

Elle ne saura finalement jamais ce qui se trouvait dans la cuisine car à peine ses yeux se posent-ils sur la salle que sa persistance rétinienne n'a plus le temps de rien enregistrer ; le sens de l’ouïe prend le dessus. Lou a entendu quelque chose. Quelque chose de familier, de déchirant et pour autant rassurant. Elle se redresse, adresse un regard vide aux autres et murmure :

« C'est... c'est Biscuit, ça... »

Puis elle sourit, son ventre lui cri famine, encore, mais Lou ne l'écoute plus, le petit klaxonne est plus fort que le reste. Un sentiment de joie lui fait bouillir le ventre.

« C'est Biscuit ! Rose, on décampe, Biscuit est venue, elle est venue me chercher ! Alors, salut tout le monde et bonjour chez vous ! »

Puis la rouquine file, sans plus regarder les autres, sans même voir si Rose la suit effectivement ou pas. Elle se guide au bruit. Plus près du Klaxonne, encore un peu plus près...

---> La suite pour Lou

Elle court et elle arrive dans le complexe sportif.

Et elle entre dans le restaurant comme une fleur, espérant qu'il y ait de quoi la sauver dans les toilettes. Sauf qu'il y a pire que des serviettes : il y a des gens. Elle manque de rentrer dans un grand gars costaud qui menace quelqu'un d'autre. C'est le gros bordel, dans le coin. Vraiment.

« Euh... Bonjour tout le mooooonde ! Y'en a pas un qui sait où sont les toilettes, ici ? C'est euh... Une envie pressante. »

Elle ne sait pas si c'est le stress du léviathan qui n'est toujours pas parti, ou si elle est toujours comme ça - bon, elle est souvent comme ça, mais peut-être pas aussi... Assurée ? Bref -, mais en tous cas elle a parlé d'une voix forte et déterminée. Elle défie les deux autres du regard, notant au passage que le mec menaçant est carrément très beaucoup pas mal du tout. Elle se demande quel âge il peut avoir, mais comme elle ne connaît même pas le sien, après tout, elle s'en fiche.

« Ah, et j'avoue, le rose j'trouve pas ça très sex' non plus, mais après chacun ses goûts, hein. Enfin, je me tais, moi j'suis trempée de la tête aux pieds et mes baskets font un bruit d'éponge écrasée, genre "squiiiisch", donc j'ai rien à dire question fringues. »

Et comme la pile électrique qu'elle est, elle ne peut pas s'empêcher de bouger, donc elle fait le tour des tables et cherche le panneau "toilettes" des yeux dans le fond du restaurant. Tout en se disant que décidément, le gars aux cheveux gris est en fait le BG du coin, donc elle va sans doute le coller tant qu'elle peut jusqu'à ce qu'elle trouve quelque chose de plus intéressant à faire.

Ouais, en fait c'est ça, ce type, ça va être sa cible, maintenant. Parce qu'il faut bien trouver de quoi s'amuser dans cette ville moisie et flippante. Et de quoi se rassurer, aussi. Donc elle sera la lionne et il sera sa gazelle - ou comment rendre ridicule l'image du prédateur et de la proie. C'est décidé, dans sa tête, il s'appellera Gazelle. Et le rouquin d'à côté, baaaah... Ça sera Pumba, parce qu'elle a pas d'autre idée d'animal roux qui vit dans la savane.

« Bon, la Gazelle, Pumba, vous répondez, oui ? Si vous savez pas dîtes-le, au moins ! »

Le ton est taquin, mais impatient. Elle a vraiment vraiment besoin de trouver les toilettes. Genre maintenant.

Il y a une rousse qui rentre et qui repart. Il n’a même pas le temps de répondre à son bonjour ni à son au revoir. Ok, sont pressés les gens. Et alors qu’il reporte son attention sur Andy, une voix de fille qui demande où sont les toilettes lui fait tourner la tête. Genre elle peut pas chercher toute seule nan ? On n’est pas à ton service meuf’… Sauf que ses pensées acerbes s’interrompent de suite lorsqu’il prend le temps de regarder la nouvelle venue. Woh c’te bombe. Et tandis qu’elle approuve sa vision du rose, il prend le temps de la mater de bas en haut, ses yeux gris parcourant d’abord ses jambes. Oui, oui effectivement elle est bien mouillée. Et son regard s’attarde un instant sur son haut devenu à moitié transparent. Ça a du bon l’eau. Il la suit du regard, alors qu’elle s’agite autour des tables, un sourire aux lèvres. Bah ouais une bombe sexuelle tellement trempée que ça la rend encore plus désirable ça ne peut que le faire sourire. Et puis elle s’adresse à eux de nouveau. Gazelle ? C’est à moi qu’elle parle ? C’est quoi son délire là ? Et Pumba c’est… Andy? Elle est grave en fait. Sont tous graves ici. Mais bon c’est plus fun.

-Ehi perdere sei bella come una gazzella, che beve di candeggina.

La phrase sort toute seule en italien, le ton est légèrement moqueur. Chacun son tour la gazelle. Il cherche les toilettes du regard histoire de la contredire on lui montrant qu’il sait parfaitement où elles sont. Et son regard tombe sur une porte avec la petite affichette. Haha j’suis trop bon. Ouais bon ok il a juste trouvé les toilettes, rien d’exceptionnel. Se désintéressant d’Andy qui de toute façon ne réagit pas, il s’approche de la brune et lui indique les toilettes de la main lâchant un « là-bas ». Puis se penchant il lui murmure à l’oreille :

-T’as besoin que je t’accompagne?

Et il sourit de nouveau. Lui se moquer d’elle ? Ouais c’est vrai il aime bien l’embêter, surtout qu’elle a l’air réactive. Mais après tout elle peut aussi prendre ça comme une invitation à se retrouver seule avec lui. Ouais parce qu’elle est trop bonne, comprenez dans la tête de Matt se passe divers scénarios dont je ne vous ferais pas part parce que je suis égoïste. Plongeant son regard acier dans les yeux marron de la brune, il remarque qu’elle tremble légèrement. Elle a froid ? Et de nouveau il ne peut s’empêcher de lui demander avec un regard malicieux -ou plein de sous-entendu c’est selon- :

-Tu veux que je te réchauffe… Ma lionne ?

Puisqu’il est une gazelle, logiquement c’est elle la lionne. Ouais les rôles sont échangés, ça va pas. Nan être dominé ça ne lui dit rien du tout. Mais j’suis une gazelle rebelle wesh, j’vais la dompter la lionne. Ou pas. Mais dans tous les cas il attend sa réaction.

« Kiotsukete ! »

Un signe de la main accompagna mon conseil. Je n'étais pas très rassuré à l'idée de la savoir toute seule dans un univers comme celui-ci, surtout dans l'état dans lequel elle se trouvait avec son genou blessé. Du coup, je ne perdis pas plus de temps à la saluer, dans le but d'assouvir rapidement ma soif de curiosité et la rejoindre au plus vite. Je me répétais que notre séparation ne devait pas s’éterniser, léguant toute ma concentration à la voiture qui m'autorisait à jeter un oeil sous son capot.

« Merci, voiture ! »

Le vieux tacot semblait un peu timide, il hésita avant de me permettre l'accès visuel comme manuel. Je décelais en lui, de par ce comportement, davantage d'humanité. Je me sentis alors obligé de ne pas le froisser en le considérant bêtement et probablement méchamment comme une simple machine. Même si d'un point de vue rationnel, j'avais du mal à malgré les faits, l'imaginer autrement.

« Shitsurei shimasu,... »
(Veuillez m'excusez du dérangement...)

Penché sur l'avant du véhicule, je parcourais les pièces des yeux et des mains, observant et tripotant quasi l'ensemble de sa constitution. Rien indiquait qu'elle fonctionnait grâce à un outil d'intelligence artificiel. Tout était normal. Le moteur électrique, thermique, le système électronique, de ventilation et le radiateur. Un peu désabusé, je sortis mes mains désormais huileuses pour les poser sur la carrosserie grise, la salissant. J'essuyai ma bêtise avec un revers de manche, remarquant à la fois qu'elle avait pris nombre de chocs.

Me reculant, je redécouvris le Pick-up plus en détails, tournant autour de lui en ne laissant s'échapper aucun élément. Je m'arrêtai, accroupi, en face de l'une de ses roues. Des pneus immenses, sans doute abîmés également par le temps. Il n'y avait aucune information pouvant nous guider sur sa production, ni l'homologation, le n°DOT, la date de fabrication, le nom du fabriquant ou du modèle. Même pas le rapport hauteur / largeur ou les indices de charge et de vitesse. Rien. Juste des énormes pneus noirs usés.

Les vitres aussi, teintées, étaient rayées par endroits. On devinait juste qu'il avait de l'âge et de l'expérience.

Je m'apprêtais à zieuter le dessous même de la voiture, m'étant déjà allongé au sol quand j'entendis le vrombissement d'une seconde automobile. J'admets avoir eu peur qu'il s'agisse de celle que j’examinais. M'imaginer me faire écraser me boosta le rythme cardiaque, et mes yeux s'écarquillèrent en grand. Le bruit qu’émettait la voiture était ceci dit plus lointain, ce qui me soulagea l'esprit pas bien longtemps plus tard, mais déchirant. On aurait dit qu'elle souffrait. Je me redressai et en me relevant, aperçu une jeune femme rousse courir jusqu'à elle. Je me frottais les mains sur mes poches arrières, les regardant tous deux disparaître. Pourquoi avait-elle paru si empressée ? Laissant mes yeux rouler jusqu'à l'entrée du complexe sportif, une nouvelle peur me saisit. Et si il s'était passé quelque chose à l'intérieur ? Refermant le coffre et le capot à l'avant, je remerciai la voiture en m'abaissant comme un japonais, et détalai à la recherche d'Emu, le souffle court.

« Arigato gozaimas, voiture ! Merci pour tout ! »

Oh, c'est quoi cette langue ? Ça ressemble à... De l'Italien ? C'est de l'Italien, c'est ça ? Ça sonne bien. Ça sonne chaud. Ça sonne sexy. C'est un peu moqueur, sans doute, et elle ne comprend pas du tout ce qu'il raconte, mais en tout cas elle sourit. En plus elle est sympa, finalement, la gazelle, elle lui indique gentiment le chemin. Elle lui lance un « merci » satisfait et se dirige vers la salle qu'il lui indique... Sauf que non, en fait. Il se met à la coller. Putain mais elle a besoin d'espace, pas d'un pot de colle ! Sourire gêné qui signifie "non, dégage, j'ai pas besoin d'aide, merci, je sais faire ça toute seule."

Et là c'est la phrase de trop.

« Nan mais tu vas t'calmer, le puceau en manque, là ?! C'pas parce que t'es plutôt beau gosse qu'il faut t'exciter comme ça, j'suis pas ta chose, c'est clair ?! »

Et sa main part toute seule. Clac. Une baffe qui vient rougir la joue du gars.

« On en reparle après si tu veux, la gazelle » fait-elle, moqueuse, en trottinant jusqu'aux toilettes.

Pourquoi il a fallu que je tombe sur un pervers ? S'exaspère-t-elle encore en refermant le loquet de la porte derrière elle. Parce que Février a beau être réactive, elle pense parfois qu'elle l'est un peu trop. Et elle se demande s'il ne va pas essayer de se venger pour la claque qu'elle lui a collée. Peut-être qu'elle y a été trop fort ?

Quoi qu'il en soit, elle prend du papier toilette et tente vainement d'essuyer sa culotte, une moue dégoûtée ornant son visage. Pourquoi moiiiii ? Pourquoi maintenaaaaant ? C'est bien ma veine, en plein milieu d'une ville paumée avec des monstres et des loups ! Ça gâche tout le fun... Elle prend un tas de feuilles dans le distributeur et tente de les faire tenir dans sa culotte, histoire de sauver un peu l'honneur. Purée, il me faut vraiment un tampon... C'est atroce, c'est ignoble, c'est dégoûtaaaaaaaaant ! Puis elle prend ses affaires de sport et décide de se changer. Son t-shirt jaune trempé vole bientôt sur le battant de la porte et elle l'y pendouille, ainsi que son short en jeans, en espérant qu'ils sèchent pendant cinq minutes, le temps qu'elle finisse.

Mais bon, rester en sous-vêtements avec ce sale dragueur dans les parages, c'est pas top, alors elle enfile le pantalon et le maillot de sport qui étaient dans son sac. elle se sent déjà un peu plus à l'aise, comme ça. Et elle a aussi moins froid - et, au passage, elle n'aura plus de maillot transparent. Par contre elle a toujours les cheveux trempés, et ça l'énerve. Mais elle se sent déjà un peu plus propre comme ça.

Alors elle reprend ses affaires, les fourre en vrac dans son sac et sort de la cabine. Et dans la salle du restaurant, elle retrouve le gars pervers et une autre fille qu'elle ne connaît pas. Ses cheveux sont bizarrement roses... Mais Février hausse les épaules, puisqu'après tout, ce n'est pas bien grave. Même si elle n'aime pas le rose, ça ne la concerne pas vraiment.

« Salut », lance-t-elle à l'autre fille. « Au fait, vous vous appelez comment ? Moi c'est Février. »

HJ:

Il regarde la brune partir, déconcerté ou déconfit, ça revient au même. Non il ne s’attendait pas à une baffe. Wah elle est trop grave celle-là. Oui parce qu’il préfère se dire qu’elle est grave tout simplement, ça le rassure. Et frottant sa joue, mécontent il se retourne pour parler à Andy mais aperçoit Ēkā. Une Ēkā apparut comme ça, pouf, par magie. Une Ēkā qui a changé de tenue tiens. Une Ēkā qui serre les poings en le fixant. Une Ēkā qui a l’air légèrement furieuse en fait. Putain mais j’ai fait quoi encore? Elles ont leurs règles ou quoi ? Mais il sourit quand même. Parce que c’est Ēkā. Et il lui parle, enthousiaste, oubliant la brune et la claque oui, oui, il occulte facilement ce genre de détails :

- Ça va ? T’étais où ? Moi je me suis retrouvé dans un gymnase avec d’autres gens. Et puis j’ai eu un souvenir. Ha et j’ai trouvé c’te balle.

Et il se penche pour ramasser sa balle, oui parce que c’est la sienne d’abord et l’amène à la jolie blonde. Il lui explique tout en lui montrant le ballon qu'il a découvert, comme si c’était un trophée :

- Elle me suit partout, comme ton loup. Et ta jambe ça va ?

Pourquoi s’inquiète-t-il autant ? Pourquoi parle-t-il d’une voix enjouée ? Sûrement son regard attend-t-il de voir un sourire apparaître sur le visage de la blonde. Sûrement attend-t-il d’entendre sa voix lui répondre. Sûrement le veut-il. Juste un geste. Parce qu’il aime bien la voir sourire. Parce qu’elle est toujours de bonne humeur, parce qu’elle est cool. Et que ça fait bizarre de la voir figé d’un coup, comme ça. Genre statue comme sur les rails. Alors ouais il parle, pour ne rien dire, mais il parle, pour la distraire, la faire réagir. Pour essayer de faire passer son propre malaise peut-être. Il ne fait pas attention, ou plutôt fait exprès d’ignorer la brune qui se ramène vers eux et se présente. Haha en plus elle se prend pour un calendrier, t’veux pas non plus t’appeler Mois ? Il lui lance un regard moqueur mais ne lui adresse pas la parole. Elle ne le mérite pas. Et il se détourne de la brune pour replonger son regard acier dans les yeux bleus d’Ēkā.

Ouf. Quel soulagement.

Emu était là, saine et sauve. J'ai arrêté de courir et je l'ai regardé discuter avec un autre garçon, qu'elle semblait bien connaitre. Reprenant mon souffle, je me suis approché d'eux en même temps qu'une seconde demoiselle, qui arrivait de je ne sais où. Habillée d'un pantalon et d'un maillot de sport, elle se présenta à Emu et son ami, sous le nom de Février. Drôle de nom, pensais-je.

Je les rejoignis peu après, demeurant silencieux pour ne couper la parole à personne. Emu se nomma Eka. Je me retins de lui faire une pichenette pour la dissuader de le refaire. Ce nom ne lui allait vraiment pas. Une fois que son ami en fit de même, je me permis d'en faire autant, malgré ce sentiment qui me faisait sentir de trop parmi eux.

« Et moi c'est Reflet. Enchanté de vous connaitre et excusez-moi si je m’impose… »

Sourire aux lèvres, je m'abaissai comme un traditionnel japonais. En me redressant, mon regard se perdit sur le physique de chacun. Comme j'avais bien pris connaissance de celui d'Emu, je ne m'attardai pas sur le sien, plutôt sur celui de Matt et de Février. J'avais l'impression de ne pas avoir vu de nouvelles têtes depuis si longtemps. Ils rentrèrent dans ma mémoire facilement, sans que je n’aie eu le besoin de forcer la chose. Sentant que peut-être, mes yeux se faisaient insistants dans les leurs, je les roulai vers Emu, qui nous proposa de manger quelque chose.

Devant son enthousiasme, mon sourire s'étira. Elle me faisait rire avec ses réactions. Pureté, bonté, ce sont les mots qui me venaient à l'esprit dès que je pensais à elle. L'aidant à disposer les boites de biscuits sur la table, j'attrapai un cookie au passage, le fourrant dans ma bouche avant de m'asseoir, à côté de Février et en face d'Emu et Matt qui reprenaient une conversation.

Je n'osais pas trop parler. Comme d'habitude, du moins je suppose, il fallait que je passe par une phase d'observation. Trouvant leurs places et cherchant la mienne.

Le gars aux cheveux gris ne lui prête plus aucune attention. Ouais, c'est ce que je pensais. Bah tu peux aller crever alors, je t'adresse même plus la parole. Sale pervers. La fille aux cheveux roses se présente comme étant Ēkā - d'ailleurs, ça ne sonne pas très... Quelle langue elle parle, déjà ? Bref, ça sonne étranger, dans la tête de Février - et elle introduit son camarade brun Reflet. Ils sont bizarres, pourquoi ils s'inclinent en fait ? Et pourquoi je comprends pas tout ce qu'ils disent ? Elle commence à se poser de sérieuses questions sur les gens de cette Ville, en fait. Ils sont tous amnésiques, non ? Jusqu'à présent, elle ne s'était même pas posée la question de leur origine, vu qu'ils parlaient tous la même langue, mais là, y'avait des doutes à avoir.

Bon, et puis la fille sort de la nourriture. Des biscuits, des paquets de gâteau, bref, le rêve ! Sans même poser la question de la provenance, la jeune fille brune s'installe à la table et attrape un paquet de Spéculos, qu'elle ouvre sur-le-champ. Le plastique claque et cède, libérant des biscuits au goût très atténué, vieilli, mais tout de même mangeables et accueillis par son estomac avec une joie non dissimulée. Elle sourit.

« Je comprends pas tout ce que tu racontes, mais merci, Ēkā ! » Et elle mange un autre gâteau pour appuyer son propos.

Et elle s'incruste aussi dans la conversation entre la jeune fille et Matt - parce qu'apparemment, il s'appelle Matt. Nom de BG, mais elle ne le lui fera pas remarquer, cette fois -, puisqu'ils parlent d'autres gens.

« Vous êtes combien, en tout ? J'ai pas croisé grand monde, en ville, à part au commissariat où y'avait plein de gens regroupés. Parce que si on est plein ça sera plus facile de s'organiser pour chercher à manger et à boire. »

Elle, taper l'incruste ? Noooooon, jamaiiiiiis. Joignant le geste à la parole, elle sort sa petite bouteille d'Ice Tea de son sac de sport et en bois une grande gorgée. Sucré, mais ça fait du bien, quand même.

« Quelqu'un en veut ? » Fait-elle en tendant la bouteille aux trois autres, tour à tour.

Elle lui parle d’un Reflet. Quoi elle a vu son reflet dans un miroir? Et il l’a aidé ? Ouais nan impossible. Ne cherchant pas à comprendre il écoute la suite. Une voiture qui roule toute seule… Hein ? Genre les voitures du futur avec pilote automatique ? Wesh la classe. Et puis ça parle de centre commercial, de pharmacie, d’aide et de blablabla. Et puis elle s’incline. De... heu pourquoi elle s’incline ? Il la regarde, étonné. J’sais que j'me rapproche d'un Dieu mais quand même. Et puis il s’aperçoit qu’elle attend sûrement une réponse de sa part. Une réponse à quoi ? Oui parce qu’il a légèrement décroché de la conversation en fait. Et puis il voit un mec arriver, un brun mais ce n’est pas Gabriel ou H2O. Il le toise un instant du regard, mépris naturel de sa part. C’est lui Reflet ? Et elle attend que je sois d’accord pour qu’il vienne dans le groupe ? Et il s’incline lui aussi. Mais c’est une manie ou quoi ? Enfin quand Ēkā étale la nourriture sur une des tables il ne s’attarde pas plus longtemps sur cette manie tout à fait étrange et s’assoit à son tour. Il jette son dévolu sur un paquet de biscuit et commence à en mâchonner. Putain ils ont plus de goût, c’est dégeux. Enfin ça ne l’empêche pas de finir le paquet dans son intégralité. Il répond à Ēkā :

- Bah si t’as une voiture on peut retourner au centre commercial en rechercher avant de les retrouver. Et ouais il peut rester avec nous.

Il finit sa phrase en désignant Reflet du menton. Il aurait pu sortir un « nan j’veux pas de lui il est inutile » mais de ce que raconte Ēkā pas tant que ça et puis c’est aux filles de décider puisqu’elles ont créer ce groupe. Et puis la brune s’incruste. Ça doit être son loisir préféré de s’incruster. Quoi il est méchant ? Il est surtout rancunier. Il lui répond quand même :

- Y en a deux autres, Fireflies et June, c’est tout.

Et puis il la voit sortir une bouteille d’Ice Tea déjà bien entamée et leur en proposer. Comment refuser ? Sauf que voilà venant de la part d’une fille qui vient de le claquer, ça paraît chelou. Matt lui lance un regard méfiant et prend la bouteille d’un geste vif. Savourant le liquide certes sucré mais désaltérant, il finit par boire ce qu’il restait d’une traite. Reposant la bouteille vide sur la table, il regarde Février, un sourire provocateur collé aux lèvres et lâche un « merci ». Puis il se lève en demandant aux autres :

- On a qu’à y aller maintenant ?

Il ressent déjà l’envie de bouger, rester immobile autour d’une table à discuter comme des petites vielles qui prennent le thé c’est pas son truc.

La balle est délaissée, la balle n’aime pas ça. Elle veut rebondir, jouer. Elle s’ennuie. Mais seule, elle ne peut que rouler. Alors elle recule, prend de la vitesse et vient taper les jambes de son propriétaire qui l’a abandonnée pour quelques filles sans importance.

Waaaaaaaaah. Ça fait beaucoup d'infos d'un coup, tout ça. Et puis et puis et puis elle connaît une Fireflies ! Il doit pas y'en avoir trente mille, dans ce bled. Enfin, connaître, c'est un bien grand mot, mais bon, disons qu'elle l'a déjà croisée. Et puis y'a ce Matt, là, qui lui pique sa bouteille et qui... Oh nan. Nan. Naaaaaaan ! Il peut pas la finir, c'est totalement injuste !

Février passe en mode "vengeance."

Alors elle constate avec un certain soulagement qu'Ēkā ne ment pas quand elle affirme que leur petite coalition ne manque de rien, puis se lève à son tour.

« Ouais, ça me tente bien de rester avec vous ! Surtout que j'ai déjà croisé votre Fireflies, je crois. Une petite brune avec des couettes, c'est ça ? Elle se baladait avec un mec nommé Avril. »

Elle adresse un sourire à la jeune fille aux cheveux roses pâles et se tourne vers le trouble-fait numéro un, un air farouche assombrissant son visage. D'un geste sec, elle récupère sa bouteille et la jette dans son sac sans même la regarder. Ses iris foncées sont fixées droit dans les yeux gris acier de Monsieur j'me la pète grave parce que j'suis trop un bad boy rebelle et je m'en foutiste. Février n'est pas contente, et Février va le lui faire comprendre. Okay. Très bien. J'vais rentrer dans ton jeu, si tu veux. Mais tu perds rien pour attendre, sale type.

Puis son regard étincelle. Il se fait provocateur, et quelque peu impatient. Quand elle a une idée en tête, elle doit l'accomplir tout de suite. Pas de temps à perdre avec l'hésitation. Alors elle attrape la chaise de Matt, la fait pivoter, se juche dessus et...

Et elle embrasse Matt. Comme ça c'est encore elle qui choisit. C'est elle qui décide. Elle fait ce qu'elle veut de lui et elle le lui prouve ! Le goût sucré de l'Ice Tea est encore collé à sa langue de vil dragueur, et ça aide un peu à faire passer le dégoût qu'éprouve la brunette.

« Tu me dois un Ice Tea », lâche-t-elle d'un ton sec.

Peut-être qu'elle stresse un peu de sa stupidité ou de la réaction du gars. Peut-être aussi qu'elle veut se prouver qu'elle peut être autoritaire et dominatrice, ou qu'elle maîtrise encore sa vie. Douce illusion. Et elle descend de la chaise pour se retrouver vers l'entrée du restaurant.

« En voituuuuuuuure ! Oh, dis, c'est quoi comme voiture ?! Une voiture de sport ?! Avec une sono qui claque avec plein de basses et tout ? Un truc qui va vite ? Dis dis dis, j'pourrai conduire ?! »

Et voilà, Février dans toute sa splendeur, qui spamme Ēkā de questions alors que les autres ne semblent pas spécialement décidés à partir.

« Vous êtes garés où, au fait ? »

Elle pousse la porte de la salle, prête à repartir. Alors, on bouge ?

Ēkā propose que Février les rejoigne. Il tourne alors son regard vers la brune qui le fixe, d’un air limite flippant d’ailleurs. Quoi, t’as un ‘blem ? Un choc soudain au niveau de ses jambes le fait se retourner, surpris. C’est Andy qui se réveille ? Mais non il n’y a rien. What the fuck ? J’me fais attaquer par le rien maintenant. Quand il pense enfin a baisser le regard, il aperçoit sa balle. Mais qu’est-ce qu’elle a, elle aussi ?! Il est tenté de shooter dedans histoire de se venger, mais l’idée qu’elle puisse vouloir se venger à son tour l’en dissuade. Défiguré par une balle de basket, ça craindrait. Il s’apprête à se pencher pour la ramasser, bah ouais faut bien que quelqu’un s’en occupe. Quoiqu’elle pourrait très bien aller faire mumuse avec la boule de poil baveuse que tient Ēkā dans ses bras et me foutre la paix. Sauf que le mouvement vif de la brune l’en empêche. Il n’a pas le temps de se moquer du fait qu’elle doive monter sur une chaise pour compenser sa taille, qu’elle l’embrasse. Ok, la meuf me claque puis me roule une pelle, narmol. Elle est grave. Grave bonne aussi. Bah quoi, faut bien qu’il en profite non ? Et puis s’il suffit de boire de l’Ice Tea pour obtenir ça, tranquille. Il a beau ne pas comprendre la logique des filles, dans ces cas là il en a rien à foutre. C’est un mec. Et un mec ça ne reste pas insensible à ça. Enfin si, peut-être, mais pas lui.

« Tu me dois un Ice Tea »
-Tu rêves.

C’est sortit tout seul, d’un ton moqueur. J’dois rien à personne et crois pas que j’vais me plier à tes désirs parce que tu m’as roulé un patin. M’en faut plus. Il prend un des sacs sur l’épaule et se penche enfin pour prendre sa balle. La faisant rebondir sur le sol d’un geste machinal, il regarde Ēkā et lui demande :

- Tu pourras marcher jusqu’à la bagnole ?

Le loup on s’en fout, il a rien de cassé, ‘peut très bien marcher. Il jette un coup d’œil vers l’excitée de service qui s’agite à la porte et demande à son tour, curieux :

- Ouais, c’est quoi comme caisse ?

Une voiture qui se conduit toute seule ça peut qu’être une super voiture futuriste, nan ?  Mais même grâce aux mesures d’une webcam et le régulateur de vitesse, faut quand même pouvoir diriger un minimum non ? A moins que le GPS intégré puisse suivre le parfait chemin en évitant les obstacle. Ouais bref.

Spoiler:

L'épuisement la cueille comme ça, sans prévenir, alors que le garçon -pourquoi l'a-t-il appelé Andy...?- lâche son son col.  Elle veut parler, essaye, mais sa voix meurt et mue en un bâillement muet avant qu'elle n'arrive à produire la moindre syllabe. Elle essaye de lutter, vainement, parce-qu'après tout c'est une fucking warrior, wesh, mais elle n'arrive qu'à sursauter de temps en temps, papillonnant follement des paupières en se rendant compte qu'elle venait de s'endormir. Son manège dure encore quelques minutes, et elle voit à peine la rousse du stade et une autre fille, brune, entrer dans la salle.

Lentement, son corps s'affaisse et elle s'assoit contre un mur, la tête balancée en arrière.

Sommeil : 1, Décembre : 0.


***

Mais son amie ne l'écoute pas et continue à sortir de plus en plus d'instruments de cuisine, des œufs, du lait, de la farine, du beurre et du chocolat, beaucoup, beaucoup de chocolat. Lui brandissant un fouet sous le nez, la jeune femme déclare : « Il va bien falloir que tu te décides à jour à faire quelque chose ! Qui ne tente rien n'a rien et crois moi, vu où t'en es, rien ne pourra être pire. »
Rougissant, grommelant, jurant, elle écarte violemment l'objet de son visage, l'envoyant s'écraser sur le carrelage immaculé. « P'tain, tu me fais grave chier là ! Arrête avec tes discussions à la rose, ça me donne envie de gerber ! »

Pourtant, un regard noir de son amie et elle se retrouve déjà en train de ramasser l'instrument pour le passé sous l'eau et le rendre à sa propriétaire. Grommelant quelques vagues excuses, son interlocutrice sourit, visiblement satisfaite et se hissa sur la point des pieds pour tenter d'atteindre un livre de cuisine placé trop haut. Sans le vouloir, la rousse laisse son regard s'égarer sur les courbes de la brune, s’imaginant que si elle était plus grande, plus virile, si elle était un homme complet, elle pourrait aller attraper ce foutu livre tout en effleurant un peu plus que nécessaire cette peau à l'odeur de chlore. Secouant la tête, elle rougit puis pâlit, sentant une chaleur lui descendre dans le bas-ventre. La même chaleur que pour le garçon à qui son amie veut tant la voir offrir des chocolats.
Cependant une sonnerie de téléphone vient immédiatement l'arracher à ses pensées la brune à son livre, sortant son portable de son jean et sans regarder le numéro, la jeune femme décrocha.
« Oui ? »

Silence. Des murmures et bien vite son amie se tourne vers elle, les joues légèrement rougissantes, le téléphone toujours collé à son oreille.
« Andréa, je dois juste prendre cet appel. Je vais dans ma chambre un instant, tu peux commencer sans moi. »

Elle serre les poings et la colère s'empare à nouveau de son corps, c'est certainement Lui.Forcément, c'est la Saint-Valentin.
Et ce connard vient probablement de lui gâcher la sienne. Sale fouteur de merde.


***


La première chose à laquelle Décembre pense au réveil, pour le moins brutal s'il en est, est que retrouver Calvetti devient vraiment une urgence, parce-que vraiment, sans le confort de son corps/canapé, dormir dans cette ville n'allait plus être possible.

Son corps est arqué, ni vraiment assis ni vraiment accroupit, dans une position bâtarde et vicieuse qui lui brise les vertèbres. Tous ses membres sont courbatus, et, comme si ça ne suffisait pas, le sursaut dont s'accompagna sa prise de conscience engendra une violente collision entre l'arrière de son crâne et le mur, lui rappelant ainsi les ecchymoses qu'elle avait du se faire plus tôt, à l'église.

La deuxième pensée que son cerveau réussit à formuler parvint, elle, à se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres, lui permettant ainsi de la mettre en mots d'une voix bien haute et retentissante :

« Mais, mais... WHAT THE FUCK ?! »

Toujours aussi délicate au réveil.

D'un autre côté, le rêve qu'elle venait de faire était perturbant. Et affreusement réel. D'ailleurs, la chaleur subsistait.

Instinctivement, elle serra les cuisses.

« Oh. My. God. Non. MAIS JUSTE NON QUOI. C'EST QUOI CE REVE DE MERDE?! C'est toi, j'pari, hein ?! Salope, tu t'infiltres dans mon esprit OMYGAD. JE SUIS SURE QUE C'EST MEME PAS LEGAL CONNASSE. Non mais oui ça peut être que ça hein, non mais ce rêve... »

Les invectives rageuses et outrées qu'elle avait proféré allègrement à l'adresse de la Ville quelque seconde plus tôt s'éteignent au creux de sa gorge, alors qu'elle repense sérieusement aux implications de la chose. Elle avait rêvé d'une fille. Pire, elle avait obéit à une fille. Encore pire, elle avait désiré une fille.

Le couinement étranglé qu'elle pousse est tout sauf mâle.

« Mais... C'est qu'un rêve, hein ? Ouais, ouais, ouais. Jamais j'aurais fait ça, faut pas déconner. Ouais. C'pas vrai. C'jamais arrivé. C'arrivera jamais. Voilà. C'est la faute de cette salope de ville. Elle... Elle veut que j'vire cinglée. Mais non, HAHAHA, J'SUIS TROP UNE WARRIOR POUR CA. BIM DANS TES DENTS PUTTANNA. »

Pendant son monologue, sa voix fait un joli crescendo, d'abord incertaine et ayant plus pour but de s'auto-convaincre qu'autre chose, pour finir dans un hurlement vindicatif comme seul elle en a le secret.  

Elle relègue donc toute pensée concernant une certaine brune au second plan, ignorant délibérément la ressemblance troublante entre elle et celle de son premier souvenir, pour se concentrer sur ses jambes ankylosées et les fourmis désagréables qui les courent alors qu'elle se redresse, grimaçante.

Un vague regard à la salle lui apprend que le géant de tout à l'heure a foutu le camp, et que d'ailleurs la salle est totalement vide.Un autre, dirigé cette fois vers une des fenêtres du restaurant, lui indique que le sommeil a bien avancé dans le ciel.

Fuck.

Soudain un rien pressée, elle se dirige rapidement vers un distributeur de boissons repéré plus tôt. Après plusieurs coups de pied, injures proférées d'un voix rageuses, et même un coup de tête, Décembre réussit à s'emparer de  deux canettes de limonade et d'une bouteille d'eau qu'elle fourgue à la va vite dans la poche de son sweat, en tenant les extrémités pour éviter qu'elles ne se fassent la malle.

Et c'est sur un cri de guerre qu'elle quitte le restaurant, le pas conquérant et ses lunettes bien vissées sur son nez.

« MAMAN BARBIE. J'ARRIIIIIIIIIVE. »