Die Meister, Die Besten, Les Grandes Equipes, The Champions!

Elle a la tête lourde. Elle a la tête lourde et les yeux grands ouverts sur un ciel décidément trop bleu. Décembre vient de se réveiller et a l’impression de vivre comme une deuxième amnésie. Bordel, qu’est-ce qu’il se passe, là ? Pourquoi elle est allongée, pourquoi cette odeur d’herbe fraîche, pourquoi ce poids sur son ventre, pourquoi le ciel, pourquoi cette impression d’avoir dormi des heures ? Doucement, elle se souvient de Calvetti, de Novembre, d’Hécate, du Centre Commercial, de l’Opticien, d’Hips, des lunettes. Des lunettes qu’elle a toujours sur le nez vu qu’elle voit assez bien pour discerner les détails de l’étendue azur la surplombant. Doucement elle se souvient du verre. Verre gisant par terre, restes de ce qui fut jadis une vitrine, verre qui devrait lui rentrer dans le dos et les jambes et l’arrière du crâne en ce moment même. Et ce qui devait arriver arriva ; ses réflexions enclenchèrent de suite un réflexe certes très con vu l’absence apparente de douleur et l’absence de plafond indiquant clairement qu’elle n’est plus au même endroit, mais tout de même humain vu son état de somnolence encore avancé.

Brusquement, Décembre se redresse en position assise, dans un « MAIS PUTAIN DE MERDE QUOI » tonitruant, s’apprête à se relever totalement pour échapper à la morsure inexistante d’éclats ma foi tout aussi inexistants, est arrêtée par le bruit mat de quelque chose tombant mollement sur ses cuisses. Ah, oui, le poids sur son ventre.

« … »

Le poids sur son ventre ? Doucement, le bleu de Prusse de ses iris glisse vers ses jambes tendues, où plutôt vers la crinière rose joliment éparpillée sur son jean délavé et sur le vert éclatant d’une pelouse tondue à la perfection.

« Ah. Rien que ç-... Oh wait what… ? »

Sa voix sonne endormie et elle met un certain temps à réaliser qu’une crinière rose n’a rien à foutre sur ses genoux, merde. Et que la boutique dans laquelle elle est censée se trouver est toute de carrelage sombre, et pas tapissée de verdure. Elle fronce les sourcils, toujours un peu dans le brouillard, comme un pique de douleur à la tête –doux souvenir de son amour prononcé des murs et des sols en tout genre –bien durs de préférences –, effleure doucement les cheveux, rencontre une joue toute douce, effleure une paupière close, des lèvres, l’angle d’une mâchoire, avant de brusquement tilter. La chose sur elle respire. La chose sur elle est humaine. La chose sur elle est une fille.

Ebrouement paniqué.

« OH PUTAIN PUTAIIIIIIIN PUTAIIIIIIIIIIN J’AI TOUCHE UNE FIIIILLE OHMYGOD JE SUIS PAS UN CANAPE PETASSE D’OU TU T’ENDORS SUR MOII ! JE SUIS SOUILLEE A JAMAIS BORDEL J’AI CARREMENT TOUCHE SES LEVRES ARGH BRULEZ LAAA BRULEEEEZ LA !!! MAMAN C-18 T’ES OU MERDE ?! BOU BOU M’A DORMI DESSUS ET PUTAIN POURQUOI JE SUIS DANS UN… Stade de football… ? »

Elle arrête de frotter frénétiquement ses doigts contre son sweat, comme pour les nettoyer, soudain un peu plus calme. Elle s’est débarrassée de la demoiselle endormie un peu trop brusquement peut-être, mais maintenant qu’elle est debout, elle peut admirer à loisir le lieu dans lequel elle se trouve. Et, ma foi, ça n’a absolument rien d’un Opticien. Non, c’est plus un terrain de foot, avec ses gradins, sa pelouse et tout ce qui va avec. Décembre a l’impression de reconnaître le standing de l’endroit, secoue la tête. Elle vient de toucher une fille, merde, elle vient de toucher une fille et Calvetti n’est nulle part. Elle ne réfléchit pas, pare au plus pressé. Fait quelques pas, cherche ne serait-ce qu’une mèche blonde des yeux.

« BARBIIIE ? HEY, T’ES OU ? C-18 ? CALVETTIIIII ? CALVETTIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ? »

Mais rien, rien à part la lumière crue qui inonde le terrain, rien à part la voute céleste matinale parfaitement dégagée, rien à part une jeune femme à la peau chocolat et, rien à part une longue chevelure rousse. Rien à part trois femelles inconnues et un lieu qu’elle ne connait pas. Rien à part l’incompréhension et doucement la frustration et la rage. Qui enflent, enflent, enflent, jusqu’à arriver à leur climax, jusqu’à lui rougir et les joues comme tant de fois auparavant, jusqu’à lui faire l’effet d’un électrochoc. Tant pis pour ses cordes vocales et pour les oreilles et le sommeil de ces dames.

« MAIS BORDEL A QUOI TU JOUES ?! OUAIS TOI LA VILLE LA !! TU NOUS PRENDS TOUS POUR DES CONS C’EST CA ?! MONTRES TOI QUE JE TE DEFONCE SALETE ALLEZ !! C’EST QUOI CE BORDEL EN PLUS J’AI LA DAAALLE ! JE VEUX MON CANAPE MERDE ET PUIS PUTAIN DES EXPLICATIONS AUSSI ET DE LA BOUUUFFE !! ALORS TU FAIS PAS CHIER HEIN ET TU TE POINTE QU’ON REGLE NOS COMPTES SALOPE !! »

Elle s’arrête, essoufflée, poings serrés contre ses hanches, debout au milieu terrain, après avoir rageusement shooté dans le ballon en cuir qui semblait l’attendre. Elle a les yeux plissés et les pieds solidement plantés sur le parquet, est toute débraillée, certainement ridicule à invoquer une ville à l’âme immatérielle, comme des éclairs dans les yeux.

Comme une irrépressible envie de taper dans quelque chose –ou quelqu’un.

Calme et détente. Quoi ? La situation pourrait être pire. Là, le soleil se lève, donnant mille couleur au ciel avant que le bleu commun ne revienne. L'herbe est tout juste agréable et moelleuse sous son dos. Elle n'est même pas humide, rien de dérangeant.

Lou est allongée, là, elle a croisé les bras sous sa tête et sourit en regardant les nuages qui se déplacent avec paresse. Le temps s'est suspendu pendant un court instant, elle trouve ça plutôt cool. Elle n'a pas fait attention aux autres. Elle ne voulait pas. Y faire attention serait percer cette bulle de tranquillité, se soucier de Vinci, pauvre petit loup qui devait être encore plus perdu. Passer d'une musée à un champ, oui, il devait être perdu. Mais elle, ça va. Elle se demande si c'est normal de tout prendre à la légère comme ça ? Elle s'en fiche, elle préfère. Lou sourit en s'étirant.

Que cette bulle de sérénité dure encore une éternité.

Mais l'éternité, comme chacun le sait, est de très courte durée car voilà qu'il y en a une qui se réveille -brutalement- et le fait savoir avec force. Comme si elle avait jeter un hérisson dans la bulle de Lou. Alors la rouquine se relève et s'assoit, observant le délicat manège de Décembre. Elle la trouve drôle, à s'agiter comme ça dès le réveil. Alors, Lou rigole. Elle trouve ça bien de rencontrer une personne qui ne soit pas aussi léthargique que les autres. Mais elle a un peu de peine pour la barbe à papa qui vient de se faire éjecter aussi brutalement.

À quatre pattes, Lou approche et la regarde avec un sourire.

« Coucou ! Fait-elle doucement. Ça va, pas de bobo ? »

Il y a l'autre aussi à s'occuper. Celle qui est toujours allongée. Mais l'autre ne s'est pas faite envoyer bouler avec autant de violence. Lou surveille quand même. On ne sait jamais. Et puis... Et puis c'est tout. Personne d'autre. Pas de Vinci. Mince, où est-il celui là ? Il allait être perdu sans elle.

Drôle de début de journée.

Décembre avait frappé dans le ballon de football. A ce moment précis tout le gazon du terrain sembla s'animé d’un même mouvement. Un même… Frisson. La balle avait volé, la balle avait bougé, mais elle était presque sortie du terrain. La balle avait été frappée n’importe comment. Non ce n’était pas un bon tir. Mais qui s’en offusquerait ?
Et bien le gazon. Oui toute cette belle herbe qui se fait piétiner pour ne voir qu’un mauvais tir. Aucun respect. Les pieds de Décembre commencèrent donc à s’enfoncer dans la pelouse verte, comme dans du sable mouvant. La pelouse ne semble s’en prendre qu’à Décembre. Pour l’instant elle ne paraît pas vraiment s'embourbée, mais attention au faux pas ou plutôt, aux mauvaises passes.

Autour de sa silhouette tremblante de rage, les demoiselles s’éveillent, bougent, crient, et malgré elle, Décembre les observe, les fixe, les détaille, plus attentive qu’elle n’aurait dû. « Bou bou » -celle qu’elle a touchée, se rappelle elle en frissonnant de dégoût- semble être la plus jeune, avec son air innocent et chamboulé et les rondeurs encore prononcées de son visage harmonieux. Les deux autres sont plus âgées, pas forcément plus matures –les étincelles dans les yeux de la rouquine le confirment assez bien, de même que la réaction explosive de la brune en "découvrant" sa couleur de peau- , mais plus âgées. Plus âgées qu’elle ou qu’Hécate, par exemple, mais moins que Calvetti. C-18, Chichi, Végéta… Les Maraudeurs. Son groupe, sa famille, ses amis, ses emmerdes… Bref. Les Maraudeurs, quoi.

Décembre serre un peu plus la mâchoire et les poings. Elle s’en fou de ces filles, merde. Elle s’en fou de ce stade, elle s’en fou se faire bouffer les pieds par le gazon, elle s’en fou de tout, elle veut juste les retrouver. Pas d’inquiétude dans ses yeux –ils sont trop puissants, wesh, elle a pas à avoir peur pour eux- mais juste quelque chose comme de la faim. Une faim d’eux –et une faim de bouffe, aussi, merde. Quelqu’un sorte un paquet de chips, n’importe quoi, bordel.

…

Oh wait what.

« JE ME FAIS BOUFFER LES PIEDS PAR DU GAZON MAIS WHAT THE FUCK QUOI ?! LACHE MOI SALE CHOOOSE LACHE MOIIIIIIIII !! MAMAAAAAAAN CALVETTIIIIIIIIIII JE ME FAIS BOUFFER RAMENES TOI BORDEL DE MEEERDE ! »

Et elle s’agite, et elle tente de taper des pieds, et elle s’insurge. Le tout en vain. Elle reste ensevelie -un bien grand mot quand on voit que le vert herbe fraîche recouvre à peine ses chevilles, pour l’instant-, incapable de se dégager, trop rageuse pour être méthodique. Finit, au bout de quelques minutes à hurler des grossièretés toutes plus colorées les unes que les autres, par être forcée de s’arrêter, sa voix déraillant légèrement à force de rester aussi longtemps dans les aigues, comme un début de brûlure au creux de la gorge. Ah nan, pas encore, quoi. Elle toussote, essaye de reprendre contenance, oublie les trois autres qui ne semblent même pas subir le même sort qu’elle –en plus cette foutue pelouse fait dans la discrimination, wesh, saloperie.

Elle baisse les yeux, et ses montures épaisses glissent sur son nez, légèrement, alors qu’elle fronce fort les sourcils, les yeux bleus foudroyants, la voix menaçante et se voulant caverneuse.

« Ecoutes, Machine. J’te préviens de suite, j’suis pas du genre à faire de la négoce avec la broussaille, okay ? Alors tu vas bieeeen gentiment me lâcher, sale garce, sans faire de chichis –haha, Chichi, chichis.. Bref. T’vas me lâcher, donc, et dès que j’trouve un briquet j’te crame, toi et toute celle putain de ville à la con. »

Elle reprend son souffle, parle presque calmement. Bah ouais, quoi, elle va lui obéir, obligé. Ou sinon elle la défonce, point à la ligne –défoncer un terrain, oui, elle y croit en plus. Elle passe une main dans ses cheveux, s’impatiente déjà, finit par reprendre la parole, le ton déjà plus haut, la voix plus forte.

« Zyva t’attends quoi ? D’ailleurs t’saurais pas où trouver de la bonne bouffe ici ? De la bonne bouffe, un pseudo handicapé, une Barbie version non plastifiée et un poil trop vioque et une hystérique brune avec une jolie voix et des tendances bisounours ? Eh mais répond, saloperie ! »

Elle se remet à s’agiter, s’énerve doucement, surement, hausse le ton de plus en plus. D’où le gazon la snobe, là ? D’OU ?

« Moi c’est Décembre des Maraudeurs alors t’as intérêt à pas trop faire chier sinon tu risque de prendre cher, azy ! »

Elle se présente fièrement, fléchit brusquement les jambes, souplement, s’accroupit pour fixer les brins d’herbes fraîchement tondus d’un air mauvais, de plus près, se penche jusqu’à loucher dessus, le nez effleurant doucement la surface végétale.

« Dernier avertissement, Machine. Tu parles maintenant où tu te tais à jamais… Aller je compte jusqu’à dix. Un… Deux… Trois… OH ET PUIS MERDE T’AVAIS QU’A ETRE PLUS CAUSANTE ! »

Et sur ces jolies paroles, Décembre mord brusquement. Mord le gazon, oui. Dispute le gazon, oui. Le plus naturellement du monde, même. Elle grogne, ne lâche pas prise, analyse le goût, ma foi, pas mauvais pour quelqu’un d’aussi mort de faim qu’elle. Un goût d’herbe, quoi… MAIS DEPUIS QUAND JE MANGE DE l’HERBE PUTAIN ?!?

Mouvement brusque pour se redresser, chancèlement, crachats à répétitions. Et elle s’agite de nouveau, s’agite à se faire mal, jusqu’à finir par se dégager, brusque, tombant à terre dans le même mouvement. Et elle roule, se redresse, les joues rouges colère, l’allure plus ridicule que jamais, avec des particules vertes dans les tifs et sur les vêtements, et même au coin des lèvres. Fout brutalement un coup de pied dans le sol, soulève une motte de terre, fouille dans ses poches, en sort le premier truc qui lui passe sous la main, le balance en direction des buts. Voit avec une certaine incompréhension son smartphone s’écraser contre la barre, se disloquant brutalement. Et, bizarrement, comme de la satisfaction en voyant la batterie échouer derrière la fameuse ligne.

« BUUUUUUUUUUUT ! Dans tes dents, l’pellard. »

Alors, résumons. Ici, on crache, on s'excuse et on questionne. Là bas, on se surprend à avoir la peau noire. Et par là, on s'énerve et on s'agite. Drôle de groupe. Le tranquille -mais très stressé- Vinci vient à manquer à la rouquine. Comment il va lui ? Bien elle espère. Elle aimerait le retrouver, savoir au moins s'il veut ou ne veut plus arpenter la ville avec elle. Lou saisit le prospectus qu'elle a encore sur elle. « T-rex à l'entrepôt ». Oui, ils ont eut le T-rex dans l'entrepôt, à deux. Ça doit bien créer des liens, non ? Elle devait faire de lui un homme, un vrai (mission sacrée auto-donnée par la rouquine à elle-même sans avoir l'avis du concerné) ! Un qui n'a pas peur de sa propre ombre. Mais maintenant... ?

Elle refourre le papier dans sa poche et soupir, essuyant distraitement l'herbe et les postillons, délicat cadeau de la barbe à papa. Elle ne sourit plus, elle aurait souhaité ne pas être séparée de Vinci. Et de Biscuit. Comment elle va, sa voiture, hein ? Est-ce qu'elle attend toute seule sur le parking ? Il faut qu'elle la cherche, elle aussi. Et qu'elle fasse des courses, se prévoir un sac de survie, au cas où. Puis qu'elle se change, prendre des vêtements plus pratique pour bouger, crapahuter et aller dans les gueules de T-rex. Juste au cas où. Puis qu'elle visite. Qu'elle retrouve cette personne si importante. Et puis, et puis !

Et puis, chaque chose en son temps. Lou se met une petite gifle pour se ressaisir, reprenant un air déterminé. D'une respiration, elle expulse sa morosité naissante. Et elle sourit. Elle sourit et fronce les sourcils. Il y avait des bonnes choses à tout, il suffisait de voir quoi. Là, elle faisait de nouvelles rencontres, c'est déjà pas mal, non ? Si. Alors, elle se tourne vers l'ado aux cheveux roses et lui envoie un sourire rayonnant à la figure. Elle regarde l'autre jeune femme, la siffle vivement et lui fait signe de venir par ici, lui montrant un coin de gazon qu'elle tapote pour que l'autre y pose ses fesses. Puis elle lève les mains, en signe de silence. Silence qui ne semble pas s'appliquer à Décembre puisque la rousse ne lui jette même pas un regard. Elle a le droit d'extérioriser ses angoisses, pense-t-elle.

« Biiiienvenue à vous deux sur... La pelouse. » Son ton est devenu un mélange d'amusement et de mysticisme. La vérité, c'est qu'elle ne savait pas comment finir sa phrase, alors, elle a improvisé. « Je vous propose qu'on fasse un petit tour de présentation, toutes ensembles, ça sera plus pratique que de devoir se répéter. En plus... » petit regard sur sa montre-pendentifs « En plus, ça fera gagner du temps, car il file, le filou. »

La rousse range son pendentif dans son décolleté de robe, se redresse et pose sa main sur sa poitrine.

« Alors, moi, je me suis l'auto-nommée Lou. Et ça me va hyyyyper bien. Je suis là depuis hier soir, j'ai passé la nuit à visiter. Donc, je peux vous parler, entre autre... de la mairie (elle se met à compter sur ses doigts), un peu les ruelles, d'une Twingo -qui est à moi alors pas touche-, de Gabriel -lui, vous pouvez le toucher et frapper, c'est un vilain autoritaire-, de Vinci -lui, pas touche non plus- et du musée. Y'avait un T-rex, mais ça va, y'a plus, maintenant. Et vous, vous êtes là depuis combien de temps ? Z'avez-vu des trucs interessant ? Et c'est quoi vos p'tits noms ? »

Et puis, il y a l'autre aussi. L'autre qui fait beaucoup de bruit, quand même. Alors, si elle avait réussit à l'exclure avec facilité de son monde, Lou l'y admet de nouveau, se tourne vers le garçon manqué et la voit en train de manger du Gazon. Et lui rouspéter dessus. Passé la surprise, Lou éclate d'un rire franc et joyeux.

« Saperlipopette, t'as faim à ce point là ? » Nouveau rire. Elle essuie une larme au coin de son œil, sorts le paquet de mentos entamé que lui a donné Biscuit et le tends à l'autre jeune fille. « J'ai rien d'autre. Nan, mais sans rire, tu t'es pas dit que le gazon pouvait p'tet pas répondre, tout simplement ? »

Il est p'tet vivant, lui aussi. Comme la voiture, comme le T-rex. Lou le regarde et le tapote gentiment, caressant l'herbe délicatement. Si Biscuit a un Klaxon pour répondre, l'herbe n'a peut-être simplement rien pour le faire. Pauvre petite chose.

« Copine ? » chuchote-t-elle en un sourire. Puis elle lève les yeux vers Décembre, tout en continuant de grattouiller la pelouse.

« Décembre, c'est ça ? Oui, oui, buuut, c'est bien. Moi c'est Lou. Tu cherches des gens, comme moi. On peut p'tet s'entre-aider ? »

Deux billes de lumières apparaissent alors devant Lou et Swan

Rire franc qui s’élève juste à côté de l’oreille de Décembre, espiègle et clair, la faisant presque sursauter. Elle pivote brusquement vers l’une des plus âgées, la rousse –qu’elle avait au passage totalement oubliée, au même titre que les deux autres- aux bouclettes, recule presque aussitôt –hors de question de se faire retoucher par une fille sans son accord et son consentement total, merde-, la toise d’un air mauvais.

« Saperlipopette, t'as faim à ce point là ? »

Sa… Saperlipopette ? Le garçon manqué n’écoute pas la suite, trop occupée à tourner et retourner le juron dans sa tête. Saperlipopette, au 21eme siècle, rien que ça ? Décembre hésite quelques instanst entre facepalmer –se retrouver séparée de gens cools pour se réveiller avec des cassos comme le chewing-gum ambulant et cette putain de rousse-anachronisme, non mais sérieux quoi- et éventuellement éclater de rire. Elle opte pour un mix des deux, et ricane sèchement avant de renifler, dédaigneuse.

« Saperlipopette, hein ? Et pourquoi pas sapri.. Samrinisti… Saprimi… bref j’pige ce que j’veux dire, alors no worries. »

Mais Lou l’arrache une nouvelle fois à ses réflexions fort profondes – quelle est la bonne formulation, déjà ? Ah oui, Sapristi… - en agitant un paquet de mentos entamés sous ses yeux, ce que son esprit tordu et misogyne interprète clairement comme une tentative de la narguer. Alors elle serre les poings, veut crier son indignation –d’où cette « chose » inférieure et faible ose se la ramener devant elle ?!-, mais l’autre, insensible à son irritation naissante, continue d’enfoncer le couteau dans la plaie, enjouée.

« J'ai rien d'autre. Nan, mais sans rire, tu t'es pas dit que le gazon pouvait p'tet pas répondre, tout simplement ? Décembre, c'est ça ? Oui, oui, buuut, c'est bien. Moi c'est Lou. Tu cherches des gens, comme moi. On peut p'tet s'entre-aider ? »

…
……
……….

ET ELLE SE FOUT D’ELLE, EN PLUS ?! Pendant une seconde, Décembre voit rouge, et est bien tentée de la défigurer, comme ça, à mains nues. Et puis ses iris voilés de rage bouillante glissent sur un décolleté, et elle se fait violence pour ne surtout pas la toucher. Non, non, on ne frappe pas les filles, Décembre. Ce serait te rabaisser à leur niveau –plus bas que terre, d’ailleurs… Qu’on lui rappelle POURQUOI DIABLE CES CHOSES AVAIENT ETE CREES ?!- et elle tente de se calmer. En vain.

Alors elle court presque vers les but où elle récupère son smartphone –où ce qu’il en reste- avant d’en fourrer les pièces détachées dans ses poches, brusque dans ses gestes hachés –ne pas taper Lou, ne pas taper Lou, ne pas taper Lou, ne pas taper Lou…- et quand elle repasse à proximité de la dite Lou, elle remarque une petite boule lumineuse qui volète devant ses yeux, insouciante. Un putain de souvenir. Comme celui de l’Opticien…

Elle se souvient soudain de son contenu, des sensations, de la chaleur de la main de son amie dans la sienne et de son rire, tellement beau et chantant qu’elle donnerait n’importe quoi pour le réentendre. Un peu comme la voix d’Hécate, les remarques cinglantes et ô combien contre productives de Novembre, ainsi que le timbre posé de Calvetti, en ce moment. Elle se souvient de ça, se dit qu’elle doit la retrouver, elle aussi –les filles avec un cerveau c’est tellement rare que les trois cités ci-dessus devaient tenir du quasi prototype, un truc à pas rater, quoi-, et puis quelque chose d’autre lui revient en mémoire, et elle se crispe encore plus si possible.

Les montures. Les putain de montures roses. Rose comme les cheveux de l’autre, là…

Oh.

Alors brusquement, sans réfléchir, elle arrache les bonbons des mains de Lou, sans un regard pour elle, avant de se diriger vers la pauvre Rose, tranquillement debout face à Swan, que la demoiselle au masculin snobe d’ailleurs royalement quand elle se plante face à la première, agrippant violemment ses mèches à la couleur si particulières, la tirant brusquement en arrière.

Si elle avait eu un col, Décembre l’aurait sans doute empoigné par là. Tant pis pour sa gueule, donc.

«ZYVA. Tu vas bien m’écouter, okay, l’chewing-gum humain ? DANS CETTE PUTAIN DE VILLE, BEN Y TU VAS CERTAINEMENT PAS SURVIVRE, HEIN ?! Y A DES LOUPS GROS COMME TA MERE ET DES RONCES CARNIVORES QUI VONT TE DECHIQUETER, COMPRIS ?! Et des… DES PONEYS MUTANTS TRANSGENIQUES !! Tu fais pitié, toi, avec tes tifs flashy et ta petite robe de campagne genre lalalalalalalaaaa, la ville est belle ♪ OUAIS BEN FIGURES TOI QUE NIET !! On va tous CREVER ET TOI LA PREMIERE, OKAY ?! Alors chiales maintenant, au moins t’auras une bonne raison. Allez, ciao, adios et good morning… Non attendez, goodbye… Bref, crevez toutes j’me porterais mieux. »

Méchante. Voilà ce qu’elle a été, pendant son discours à la gamine –qui n’avait pourtant rien fait pour le mériter, bien au contraire-. Méchante, gueularde, ridicule et un peu menteuse, vu qu’elle a à peine entendu parler des ronces et des loups, et qu’elle fabule certainement les poneys. Mais à ses yeux, l’essentiel est qu’elle n’en est pas venue aux mains –pas vraiment en tout cas- et qu’elle va un peu mieux. Juste un tout petit petit petit peu mieux.

C’est donc un peu rouge et encore gonflée à bloc qu’elle sort du terrain après avoir brièvement tourné en rond –tuant le peu de crédibilité qui devait lui rester-, le pas ferme et encore plus affamée qu’à son réveil, serrant le paquet de mentos à les en briser, se dirigeant vers… vers… Bref.

Elle est euphorique, Elle n'a même pas eu besoin de faire grand chose, c'est beau de voir les personnalités cruelles de ses jouets ressortirent d'elles-même.
Alors comme pour consoler, mais tout en continuant de se moquer, Elle libère une lueur qui vient s'arrêter devant la pauvre petite Rose.

Spoiler:

[Oui, rose, c'est Janvier qui a confirmé qu'on pouvait bel et bien sauter le tour de Swan =) C'est toi et moi, poupée ! ]

Il existe quelques attractions qui sont difficiles à expliquer. L’attraction universelle, par exemple. Pourquoi deux corps s'attirent forcément, hein ? L'un peut trouver l'autre moche. Mais non, y'a une loi qui dit que, alors, on obéit. Point. Triste quand même.
Et puis, l'attraction que Lou ressent pour Décembre aussi est difficile à expliquer, qui semble même plus que jamais, être contre nature. Car oui, la rousse se rend bien compte que la gamine n'est pas aimable. Elle n'est pas idiote, elle voit bien ce regard chargé de haine, mêlé à une grande part d’incompréhension ! Mais si, elle l'aime bien quand même, cette gamine mal-aimable. Sans doute parce que pour la première fois, elle rencontre quelqu'un qui n'est pas tétanisé par la ville. Quelqu'un de vivant, bien vivace ! Qui bouge, qui hurle et agit contre toute logique. Lou aime bien. Peut-être que plus que les attractions, c'est Lou elle-même qui est difficile à expliquer.

Décembre ne semble pas partager cet avis car, sitôt mentos en poche, cheveux tirés et insanités proférées, elle s'enfuit, ne semblant pas vouloir suivre le même chemins que celles du terrains. Lou respecte et lui fait un petit « au revoir » de la main. D'un sourire, elle apprécie même que ce ne soient pas ses propres cheveux qui aient été tirés. C'est vrai que les autres ont l'air paumées. Elle soupire. Car oui, n'oublions pas, la Lou sauvage n'est pas spécialement altruiste. Même plutôt égoïste et commence à se lasser de tout devoir expliquer à tout le monde (ok, elle l'a fait qu'une fois... mais même). Elle a autre chose à faire.

Puis en plus, elle proposait à Miss Chewing-gum de lui expliquer, elle invitait l'autre à venir et au résultat ? La rose s'est éloignée pour rejoindre l'autre, la laissant elle, Lou, sotte avec son terrain. Tant pis. D'une main, elle continue à grattouiller la pelouse du terrain et regarde les deux autres s'agiter comme des pantins.

« Dernièèèèèère sommation ! Soit vous vous ramenez, et je vous explique en plus calme ce que Décembre à voulu dire, soit je me caaaaasse ! »

Il ne faut pas abuser sur la patience -quasi-inexistante- de Lou, ni sur sa gentillesse -au demeurant plus qu'aléatoire-. Mais voilà qu'il y a des perles de lumières. Pour tout le monde ! Alors, Lou se redresse et s'emballe :

« Ha ! Touche, touche, c'est un bon truc, ça, touche, vite, ça disparaît, sinon ! »

Et elle-même, sans plus attendre, touche et contemple un fragment de sa vie passée, brisée, comme on regarde un nouvel épisode d'un feuilleton qu'on aime bien.

Et les souvenirs viennent pénétrer la mémoire de Rose, douce Rose...

Rose:

Elle avait eut une colloc. Séparation. Puis une autre. Vol de nuit.

Lou ré-ouvre les yeux, pensant que ça avait été une bien drôle de vie. Mais pas aussi drôle que celle là ; où on s'endort sans savoir où et avec qui on va se réveiller, où on voit des T-rex géant s'agiter, où on broute du gazon... Oui, un sourire sur le visage, Lou pense qu'elle l'aime bien cette vie là. Même si elle a hâte de voir le prochain épisode de sa vie d'avant, elle se sent bien ici. En plus, la gamine rose revient vers elle, quémandant quelques explications. De nouveau, la rousse lui sourit, contente de voir qu'elle n'est plus ignorée. Car quoi de pire que de dire « je vais vous expliquer » pour voir alors la demandeuse s'en aller s'extasier de couleur de peau ou de cheveux ? Franchement, les jeunes, de nos jours...

Claquant les mains, enchantée et s’asseyant en tailleurs, Lou sourit donc.

« Alors alors alors, jeune apprentie, par où commencer ? »

Elle leve les yeux au ciel, s'accordant quelques secondes de réflexion, avant de finalement hocher la tête.

« Normalement, on se réveille dans un train. Mais toi, à voir ta réaction, t'as sauté l'étape du train. Pas grave, ça revient au même : t'sais pas qui t'es, ni quoi que ce soit : t'es amnésique. Faut pas avoir peur pour autant ! C'est p'tet réversible, car la boule que t'as touché, là, bah, c'est un souvenir. Donc, on peut penser qu'à plusieurs souvenir touchés, tu finis par récupérer ta mémoire. Faut juste toucher vite, sans quoi, ça finit par disparaître. Et ça apparaît... de temps en temps. Avec certaines actions. »

Voilà, amnésie et souvenir brillant, fait. Toucher vite, check. La suite. Lou pousse un petit soupir à imaginer encore devoir parler plus. Elle a faim, elle veut bouger. Cette immobilité sur le gazon commence à la peser. La deuxième explication est plus rapide.

« Tuuuu es dans une ville inconnue. Du moins, j'ai pas encore réussit à mettre un nom dessus. » Elle haussa les épaules en signes d'impuissance. « Mais c'est une ville fantastique. Pas forcément dans le sens ''merveilleuse'', sans quoi y'aurait pas autant de flippés ici, encore que franchement, moi j'aime bien, je trouve ça cool... ah oui, je disais fantastique, plutôt dans le sens... hum...''magique''. Tout à une vie, ici, ou presque. J'ai rencontré une voiture qui conduit seule et qui met de la musique seule -et je l'ai nommée Biscuit- , un T-rex mécanique qui semblait animé de volonté -mauvaise, il voulait me bouffer- et sans doute que le gazon est animé, aussi. Qui sait ? Alors, soit polie avec ! »

Nouveau sourire. Mais l'impatience la reprends. Alors, la dernière partie de son mode-d'emploi-de-la-ville, elle le fait d'une traite, sans respirer.

« Pis t'as un compteur, 72 heures, ça s'en va au fur et à mesure, tu regagnes du temps à certain moment, p'tet les souvenirs, un trucs du genre, et je sais pas c'que ça fait quand ça arrive à zeros et voilà. Bon. On y va et on va se prendre un p'tit dej ? »

D'un bond, la rousse se lève, tapant ses fesses pour en faire partir le gazon. Elle s'étire un instant, sent le contact de l'herbe à travers ses chaussettes et commence à partir.

« Bon, moi j'vais par là, tu m'suis si tu veux. J'vais me chercher à manger. Puis aussi, ça serait bien que tu te trouves un nom. Elle peut être chouette, cette vie dans la ville. Faut pas l'imaginer comme une espèce de... De vie gâchée. C’est une nouvelle vie, c'est tout. Alors, fait gaffe de bien commencer cette nouvelle vie avec un bon prénom. Voilà ! »

Puis tout sourire, la rouquine levée regarde la petite barbe à papa, semblant guetter une réponse à son invitation. Viendra, viendra pas ?

Ah… Ahah… Tu parles d’une super vie… Elle baissa la tête, abattue. Je suis vraiment nulle… Mais en même temps qu’est-ce que je pouvais faire ? Elles en avaient peut être vraiment besoin de l’argent en plus, juste qu’elles avaient peur de demander… Mais une minute, après tout, ce n’était peut être pas elle cette fille qu’elle venait de voir, peut être que ce n’était qu’un rêve qu’elle venait de voir… Bon elle ne se souvenait pas vraiment de la signification de rêve, bah c’est un truc pas réel qu’on vit comme si ça l’était… Un peu perdu de ce qu’elle venait de voir, elle se demanda qu’elle aurait été sa réaction si on lui avait demandé du chocolat. Non, j’aurais quand même dit non là… J’espère. Pourquoi le chocolat, après ça sa reste un mystère. Sûrement la faim qui montrait le bout de son nez.

Lou la sortit de ses pensées en claquant des mains, ce qui la fit légèrement sursauter. Oh, manque de bol, la rousse vient de lui confirmé que c’était bien un souvenir de sa mémoire, si joyeux souvenir. … J’espère que les prochaines personnes que j’ai déjà rencontrées demanderont un peu mieux… Elle espérait surtout avoir rencontré des gens un peu plus, un peu moins... Enfin elle aime bien aider les gens, mais c’est encore mieux quand les personnes en questions demandent un peu poliment.

Seconde explication de Lou, qu’elle regardait intéressé, la ville.

-O mais alors ça veut dire qu’on a quitté nos amis et qu’ils sont tout seul ?? Mais les pauvres, qui va les aider…

Quand elle dit « amis », il faut comprendre les gens qui lui demandaient de faire certaines tâches ingrates. En fait elle n’avait même pas pensé qu’elle pouvait avoir de vrais amis, ces gens sur qui on peut compter.
La barbe à papa s’arrêta de vraiment écouter Lou quand elle en vint au passage du T-rex.

-Un T-rex qui voulait te manger ? C’est bien que tu n’ais rien… Mais tu lui as donné quelque chose à manger en échange ? Le pauvre ! Il devait avoir sacrément faim pour essayer de te manger…

Elle ne voulait pas être désagréable, mais Lou était quand même un peu maigre pour un T-rex. Enfin quand on a faim on va pas choisir le haricot on prend la patate quoi. T'as comprit?
Bref. Dernière partie, une histoire de temps. De temps ? Instinctivement elle leva son bras gauche et regarda son poignet. Une montre, un objet qui lui semblait bien familier, mise à part, bizarre l’heure affichait plus de 70h A oui ! L’histoire de décompte, d’accord… Hum ? Manger, o bah oui alors !

- Oui ! Je viens avec toi ! Enfin, si sa te dérange pas…

Elle ne savait pas trop comment parler à Lou de peur de l’énerver, parce que la réaction de Décembre elle l’avait pas encore oublié. Elle avait finit par en arrivée à la conclusion que la couleur de ses cheveux lui déplaisait. Bon c’est pas tout ça, mais comme vient de le dire Lou, il faudrait qu’elle se trouve un prénom.

- Un bon prénom ? …

Pfiou… Facile à dire. Quand on n’a rien dans la tête c’est pas facile de réfléchir. Elle se leva comme Lou et l’imita pour se nettoyer. En passant ses mains sur sa robe elle sentit quelque chose de dur à un moment. Elle examina sa robe de plus près et trouva une poche. O mais c’est quoi ça… En fouillant à l’intérieur avec sa petite main elle tâta plusieurs choses, qu’elle n’arrivait pas vraiment à reconnaître et en sorti un peu par hasard, une rose. Waaaa… C’est beau ! Elle détailla la fleur les yeux grands ouvert, tout pétillants. En fait c’était une rose en papier, le mot origami lui vint alors en tête, mais bon, ce n’est pas un prénom pour elle, est-ce que c’était seulement un prénom...
Nan, elle avait choisis un nom plus approprié.

- Alors appelles moi Rose s’il te plait ! Je l’ai pas choisis à cause de mes cheveux mais sa aidera quand même les gens à s’en souvenir, regarde, c’est jolie nan ?

Elle se rapproche et lui montre la petite fleur rouge en origami. Son ventre poussa soudain un grognement surprenant.

- O pardon! J'ai pas fait exprès... Je crois que mon ventre a faim.

Au fur et à mesure qu'elle écoute, Lou grince des dents. Elle souriait, oui, mais ses sourcils se fronçaient, petit à petit. Oh, elle est mignonnette, la gamine ! Mignonnette, mais terriblement naïve. Gourde, même, pense la rousse dans un petit élan de méchanceté. Alors, quand la choupette pleure le T-rex, la jeune femme ricane avant de mettre ses avants-bras en croix, droit devant elle et imite un buzzeur sonore.

« Bubuuuuz ! Nan, on ne peut pas... on ne DOIT pas s'inquiéter de gens qu'on connaît pas ou plus ! Sinon, tu passes ta vie à pleurer le quidam dont t'as même pas idée s'il est sympa ou pas ? Ça t'apporte quoi ? Rien du tout. Inquiète toi pour toi et pour les gens qu'tu connais, c'est déjà bien suffisant et ça fera de toi quelqu'un de mieux que 90% de la populace.

Le T-Rex, j'ai cherché a établir un contact pacifique, il a pas voulu. Il ne voulait pas vraiment me manger, il était mécanique. Il n'avait pas vraiment faim. Alors, quand tu t'amuses à entrer dans le petit monde des tueurs juste pour le plaisir de tuer, faut t'attendre à être tué. Et pour ce jeu là, y'a pas de règles, pas d'honneur, pas de « le pauvre » qui tienne ! Ici, on doit survivre, point c'est tout. Et crois-moi, je me battrais avant de clamser, quoi qu'il en coûte. »

La rouquine pense... elle tombera sur plus fort qu'elle, le jeu sera alors finit. Mais en attendant, elle se battrait pour pouvoir encore rire un peu, même si ce n'est que le temps d'un battement de cœur. Elle aime cette ville. Oui, elle l'aime en étant pourtant parfaitement consciente du danger. Alors, plutôt que de vivre une longue vie monotone, c'est brûler la chandelle par les deux bouts et ça lui va parfaitement. Elle regarde encore la petite Rose avec un sourire compatissant et lui tapote les épaules.

« Et ouais, t'as même intérêt à venir avec moi. Vu comment l'autre rouquine aux cheveux courts t'as attaqué sans que tu ne dises rien, tu risque de ne pas survivre longtemps si je te laisse. Ok, tu seras mon Vinci de substitution ! » lâche-t-elle joyeusement.

À savoir ''sa personne à protéger et s'attacher'' en attendant qu'elle retrouve le dit Vinci. Si ce dernier veut bien revenir. Quand à savoir, si les deux premières conditions sont remplies, ce que Lou fera de la petite Rose... Bah. Elle pense qu'il y a bien quatre places dans sa voiture. La Team-Biscuit pourra encore bénéficier d'un membre, même. Classe, non ? Lou écouta à moitié la jeune demoiselle, fort satisfaite de ses rêveries groupesque. Ce ne fut que quand la rose en papier lui fut brandie sous le nez qu'elle émergea.

« Humf ? Oh, Rose ? Ouais, ça marche. C'est un vrai prénom, au moins, c'est cool ! Aller, vient, maintenant... En avant Rose ! »

Puis lui attrapant la main, Lou entraîne la jeune fille à sa suite, agite le bras comme un enfant le fait, lors de saut de cabri. D'ailleurs, il s'en fallut de peu pour que la rousse en exécute.

--> La suite, selon les funestes volontés de Rose !