Penser à acheter des tampons. Pour le nez.

10/12 heures.

Et Fireflies s'envole. A croire que c'est devenu une habitude chez elle. Très mauvaise habitude d'ailleurs. June se repasse en tête ce que la luciole lui a dit. Très bien, elles se retrouveront à l'abri. Pour en savoir plus sur les loups. June sourit, idée réjouissante. Apprendre, en savoir plus, voilà qui lui plait énormément ! Elle se retourne vers Strike et lui fait signe de la suivre, le monde tangue autour d'elle, elle sent son estomac se serrer dans son ventre. Elle secoue la tête. Manger n'est pas un priorité.
La brunette ne va pas laisser tomber sa chef, pas encore une fois, et elle se lance donc à sa poursuite, avançant par petits bonds, pauvre petit agneau surchargé par son sac de randonnée qui commence à peser de plus en plus lourd sur son délicat dos.

Sauf qu'elle n'a pas prévu ça. Elle n'a pas prévu de voir les maisons s'évanouir aussi rapidement dans le paysage. De se voir courir sur une route qui lui est totalement inconnue. Pourtant, elle ne se stoppe pas. Persuadée d'avoir vu Fireflies partir dans cette direction. Bien sûr, la jeune fille doute, mais pas assez pour se permettre de faire demi-tour. Elle doit se montrer convaincante maintenant, Fireflies lui a laissé sa place de guide le temps de quelques heures, et elle ne veut pas la décevoir dès la première poignée de minute. Comprenez, c'est une affaire d'honneur et de dignité tout ça. Et même si l'intello' se trompait, elle ne l'avouerait pas.

Elle arrive devant un grand bâtiment. Non, rectifions. Un énoooorme bâtiment, sa tête tourne. Peut être que cet étourdissement accentue un peu plus l'impression de grandeur. Mais c'est peut être aussi le plus grand bâtiment qu'elle n'ai jamais vu ici, dans cette Ville délabrée. Et comme pour confirmer l'aspect général de la Ville, le bâtiment semblait lui aussi, tout à fait désert. Pas super comme accueil.
Sans s'y attendre, June s'écroule sur le sol. Ses jambes ne la portent plus, un moment qu'elle s'en doute, mais elle ne peut s'empêcher de l'admettre. Trop d'orgueil peut être, la peur d'être faible. Elle se tort de douleur, le souvenir de la fontaine et de son festin est désormais loin, mais cette image apparaît clairement dans son esprit. Les plats, dégoulinants de sauces, les corbeilles remplies de fruits. L'odeur divine des sucreries. La senteur évaporée de la Violette. Manger. Voilà tout ce qui lui importe. Elle tente de se relever, mais toute force la quitte. Elle n'est qu'un amas de chair, incapable de se mettre debout, ni même de ramper. Elle est réduite à l'état de grosse larve sur le parking d'un grand bâtiment dont elle ne sait rien. Un bâtiment dont elle ne voit plus les contours. Trop flous, brouillés. Comme une télévision qui capterait mal, des petits carrés apparaissent devant ses yeux, blanc et noir, ils clignotent tour à tour, dansent devant ses yeux sur le fond coloré, étrangement rassurant, presque enfantin. Un tango enjoué.
Et le noir.

Finalement ils sont partit en avant. Le ‘ils’ comprend Matt et Février. Ouais Ēkā et Reflet sont décidemment trop long à la détente. Donc il a décidé de partir en avant. En avant où ? Aucune idée tant qu’il va quelque part il n’a pas besoin de point précis et se fiche de planifier. Il ne se souvient pas de son passé, alors le futur, rien à battre. Il vit au présent lui. Se dirigeant dans une direction prise totalement au hasard mais avec la parfaite assurance du mec qui connait la ville comme sa poche, il continue de dribbler avec sa balle, bruit régulier rythmant chacun de ses pas. Il jette un regard en arrière pour s’apercevoir que Février le suit. Ou plutôt se traîne comme une véritable loque. Waaah quel changement d’énergie. Il lui lance alors d’une voix moqueuse :

- Bah alors, déjà fatiguée ?

Sourire taquin et il continue sa route. Pourtant ça ne fait pas longtemps qu’ils marchent. Ou peut-être ne s’est-il pas rendu compte de la distance, trop occupé à observer ce qui l’entoure et à enregistrer le chemin qu’ils ont pris. Son regard acier finit par se poser sur un énorme édifice se dressant devant lui. Au premier coup d’œil ça a l’air d’être un centre commerciale. Au deuxième coup d’œil aussi d’ailleurs. Et au troisième et bref. Il regarde par-dessus son épaule et s’apprête à proposer à la brune de rentrer à l’intérieur sauf que, imprévu, son pied bute contre quelque chose. Et oui quand on ne regarde pas devant soit, voilà ce que ça donne. Avant qu’il n’est pu comprendre ce qu’il lui arrive son corps se trouve entraîné inexorablement dans une chute vers le sol. Ouais la gravité tout ça. Il se rétame donc sur le goudron, grognant un « putain de bordel de merde » venant droit du cœur. Ignorant la douleur dans ses bras qui lui on servit d’amortisseur, il se relève prêt à défouler sa colère sur le truc qui a osé le faire tomber. Sauf que premièrement il s’aperçoit que c’est un corps allongé à même le sol, ce qui ne l’aurait pas empêché de shooter dedans me direz-vous, mais il se rend compte que c’est une fille et enfin que c’est June.

-Ha pardon.

Qu’est-ce qu’elle fout là ? Ça l’éclate de dormir sur un parking ? Ou alors elle est morte. Ça serait grave con. Il se penche et la secoue légèrement histoire de vérifier quand même :

-Youhouuu June, réveilles-toi, t’es pas dans ton lit là.

Heuu comment on vérifie si les gens sont mort déjà ? Genre comme dans les films là. Ouais sauf que rien ne lui revient sur le coup, putain de mémoire.

Bon. Bon. Bon.

Oui, j'étais sur le dos de Reflet, et j'étais d'une humeur… Space.

Ma joue était posée contre l'épaule du brun, mes bras enlaçant les deux épaules, doucement, tandis que je respirais l'air, ainsi que la douce odeur corporelle de Reflet.

Elle me plongeait dans une certaine nostalgie, elle était rassurante, et elle m'apaisait. Je me sentais... Bien, oui.

Ce sentiment était dû à sa présence, mais également au fait qu'il soit avec nous. Dans notre groupe. J'étais contente qu'il reste avec nous, comme nous étions nombreux, on pouvait comtper sur les autres et se protéger les uns et les autres... Et j'avais la certitude, au mieux, qu'il allait bien – qu'il irait bien.

« Je suis contente que tu sois avec nous » lui dis-je, le visage toujours enfoui contre son cou.
« Ha pardon ! »
Je relevai soudainement mon visage de la peau de mon ami brun pour voir June allonger sur le sol. Tapotant l'épaule de Reflet pour qu'il me fasse descendre, je me rendis vers-elle tandis que Reflet se précipita également vers-elle, posant deux doigts sur son poignet. Le pouls, je pense.

Lorsqu'il se releva en souriant, j'eus un soupir soulagé. Peut-être était-elle tombée dans les pommes ? Où s'était-elle fait mal ? Je vérifiai, afin d'être sûre. Non, rien de tout ça. Fouillant dans nos sachets, je sortis des biscuits secs, et tapotai les joues de June.

« June, June ! Réveille-toi, on est là ! On a à manger ! Onegai, June ! »

Je la relevai légèrement, posant sa tête sur mes genoux, et attendis qu'elle se réveille. Allez ! Sinon, comment allions-nous renverser la Ville ?

Elle traîne des pieds derrière Matt en espérant qu'il sait où il va. En fait elle est fatiguée. Février est inépuisable, c'est comme une pile électrique suivant une loi sans mémoire - quelle ironie, enfin ! Jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de réactifs. Jusqu'à ce qu'elle soit crevée. Et d'un coup, d'un seul, toute l'énergie qu'elle a dépensée dans la journée se transforme en un poids impossible à supporter.

Elle est morte, c'est une grosse loque, maintenant. Ses yeux se ferment à moitié, et elle ne parle plus. Oui oui, elle se tait, pour une fois. Elle écoute la remarque de Matt sans l'entendre. Habituellement c'est l'inverse, mais même si elle comprend les mots, elle ne capte pas le sens. Trop morte. Elle ne sait même pas où il emmène le groupe, mais elle suit, bêtement et sagement.

Et puis Matt s'arrête, alors comme elle ne l'a pas vraiment vu, elle se cogne dans son dos. En fait il est en train de secouer une fille, qu'il appelle June. Donc c'est elle, hein ?

« Heiiiiin ? Ah, c'est elle June ? Salut. »

Elle agite mollement la main en signe de "bonjour", au cas où, mais sa voix traînante laisse transparaître son manque de vivacité du moment. Elle baille à s'en décrocher la mâchoire, une main à moitié devant la bouche, avant d'ajouter :

« Moi aussi je ferai bien la sieste, là... Y'a pas un endroit où on pourrait se reposer ? »

À moins de provoquer son esprit de contradiction, voire de compétition, vous pouvez rêver pour la déloquiser, les cocos.

June émerge lentement, elle ouvre les yeux et les referment, oscillant entre la réalité et le trou noir. Elle a mal aux côtes, mal au ventre, elle ne se sent pas bien. C'est tout ce qu'elle sait. Elle ne se sent pas bien. Pourtant, elle entend des voix qui lui sont connues. Elle rassemble toutes ses forces pour ouvrir à nouveau les yeux. Le soleil l'éblouit un court instant, tandis qu'elle distingue les silhouettes floues de Matt, tout d'abord, puis d'Eka.
Elle s'assoit, et prend le gâteau que lui tend Eka, la remerciant au passage. Elle le mange du bout des lèvres, plus par besoin que par réelle envie. Elle est obsédée par la nourriture de la Fontaine. Elle se le promet, elle retournera là bas pour manger à sa faim. Quitte à accroître ce côté addictif que la nourriture à déclenché en elle. Mais l'heure n'est pas aux projets, mais au présent.

« Heiiiiin ? Ah, c'est elle June ? Salut. »

June fronce les sourcils. C'est qui cette pétasse ?. Elle sourit, faussement. Elle n'a pas la force de montrer son enthousiasme, ni d'articuler un simple bonjour.
Elle se lève lentement, le paysage tourne autour d'elle, mais elle se sent mieux que tout à l'heure. Manger quelque chose lui a fait du bien.

« Moi aussi je ferai bien la sieste, là... Y'a pas un endroit où on pourrait se reposer ? »

June désigne le bâtiment au loin.

« Je pense qu'on pourrait aller là bas, pour se reposer. Sauf si quelqu'un à une autre idée. »

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