10h-12h

Elle ne comprend pas. Elle ne comprend plus. Pâques disparaît alors qu'elle la tenait... alors qu'elle l'aidait. Et elle maintenant... elle ne voit plus, elle n'entend plus, elle a l'impression de disparaître. Noir. Vide. Néant. Rien. Elle se laisse tomber doucement sans savoir où elle va atterrir. Encore une fois pourrait on dire... Encore une fois, elle va être perdue.... toute seule...

Elle entend une douce musique bourdonnant à ses oreilles et elle ouvre doucement les yeux, ses pupilles un peu paniquées. Elle se redresse vivement et regarde autour d'elle.
▬ Une fête foraine...
Elle se lève doucement et se dépoussière un peu. Elle tourne sur elle même et regarde bien l'endroit où elle est. Ce parc jette comme un froid. Son corps est parcourus de frisson et elle ne comprend pas grand chose. Pourtant... un parc d'attraction est accueillant... elle pense.

Elle marche au milieu de du parc curieuse et cherchant de l'aide. Quelqu'un. Elle est un peu désespérée, elle a perdu un enfant qui se nommait Superman... elle n'a plus Innocence... les deux filles qu'elle venait à peine de rencontrer ont disparu. C'est un peu... étrange. Elle espère quand même pouvoir compter sur quelqu'un. C'est qu'elle commence vraiment à se sentir seule ici.
Elle soupire un peu et secoue la tête de droite à gauche.
▬ Aller Sirius... Tu vas t'en sortir !
Elle se motive et avance doucement dans le parc. Elle s'approche d'un manège qu'elle pense pouvoir nommer. Elle sourit un peu de le reconnaître.
▬ Un carrousel...
Elle monte dessus peu confiante et passe une main sur un vieux cheval de bois à la peinture écaillée. Il devait être beau avant... quand il y avait encore de la vie dans cette ville. Elle se retourne et pose son fessier sur le cheval. Elle regarde l'horizon et imagine la fête foraine avec de la vie... des gens... des couleurs... enfin... plus beau que cette musique macabre et ces vieux manèges vides. Elle soupire un peu et passe ses doigts sur la crinière du vieux cheval de bois... elle sourit tristement. Ca devait être si beau avant...

Je viens d'ici~

Tu débouches avec peine d'un énième tunnel en ruine, Wheat. Et que fais-tu, maintenant? Tu arrives dans une grotte, une caverne. Pas même encore retrouvé l'air libre. Est-ce vraiment le sous-sol? Où bien l'intérieur d'une grotte cachée dans une montagne? Où-es-tu?

A bien y regarder, ca ressemble à un parc d'attraction. Une lente mélodie tourne dans le vide, rendant plus suspect et plus lugubre encore, l'endroit désert. C'est grand. c'est très grand. Tu avises soudain la grande roue. Peut-être que si tu montais, tu verrais quelque chose. Quelqu'un peut-être? La sortie, éventuellement.

Tes pieds te guident jusqu'au squelette désossé de l'attraction mais tes yeux t'interdisent d'en regarder le haut. Peut-être as-tu le vertige. Va savoir. Tu attrapes un bremier barreau de l'échelle de secours, appuyée contre le cadre de la roue. Barreau après barreau, tu montes, ne regardant que cette échelle de métal et rien d'autre. Ni en bas, ni en haut. Surtout pas. Arrivé au bout de l'échelle, tu t'arrêtes et inspire doucement. Expires. Inspires. Expires. Inspires.

Courage, gamin, tu n'es pas aux bout de tes peines.
Lentement, tu te retournes, toujours dans un équilibre fragile sur l'échelle en acier. Tu regardes le parc. plus bas, un carrousel. Une jeune femme y est installée. Tu ne vois pas très bien de loin. Tu vas pour te reopsitionner sur l'échelle et quitter enfin cette attraction de malheur quand un cri étouffé sort de ta gorge en même tant que tu sursautes, manquant lacher l'échelle.

Un... un... une... UNE MAIN ACCROCHEE SUR UN RAYON EST APPARUE DANS TON CHAMP DE VISION.

Tu trembles, enfant, te raccroches à ton échelle, seul élément fixe dans ton univers. Tu fermes les yeux quelques secondes. Tu ne peux pas. Tu dois... Tu dois regarder, enfant. Tu lève les yeux. Et un cadavre apparaît, écartelé, accroché sur les rayons de la grande roue.

• MERDE

Tu es descendu à la hâte gamin et tu erres dans les chemins tracés entre les autres attractions, regard rivé au sol.

Rien ne tourne plus dans ta tête que l'image de ce cadavre. Et ce mot que tu répète sans cesse. Tantôt à mi-voix, tantôt murmuré, tantôt hurlé à la ronde.

Horrifié, voilà le mot. Ce monde ne te semblait pourtant encore qu'un jeu irréel. Mais quelqu'un est mort.

Ce monde n'a plus rien d'un terrain de jeu.

Elle soupire et regarde l'horizon. Elle fait un petit bond pour descendre de son vieux cheval de bois. Elle avance et fait le tour du carrousel tranquillement. Elle sautille un peu comme une enfant rit toute seule quelques secondes et regarde les vieux chevaux et carrosses. Mais elle voit... quelqu'un... dans un carrosse. Doucement, la jeune femme s'approche et regarde la personne. Un homme. Elle le regarde tandis que celui-ci dort. C'est pas vraiment un endroit pour dormir. Ellese penche et le touche avec son index à l'épaule un peu méfiante. Puis, doucement elle le secoue lentement comme pour réveiller un enfant.
▬ Monsieur... c'est pas un endroit pour dormir vous savez. Ca peut être dangereux par ici... je suppose.
Elle prend une voix douce et apaisante malgré la musique macabre. Elle se demande même d'où elle vient. Elle se redresse et regarde à gauche puis à droite. Mais elle n'arrive pas à distinguer d'où elle peut venir. Bon, le point positif c'est qu'elle n'est plus seule ici.
▬ Je suis Sirius et vous ?
Fit elle amicalement avec un jolie sourire sur son visage de poupée.
Si pour une fois, cette personne ne pouvait pas disparaître en cinq minutes ça serait bien. Elle commence à se croire malchanceuse que d'être séparer de toutes les personnes qu'elle croise.

Peut-être que c'est bien un jeu, finalement. Un jeu morbide dont tu es un des pions. Le pion noir. C'est l'autre camp qui a joué le premier coup, tu en es sûr. Certain. Tu frisonnes. Si seulement tu savais contre qui te battre...
Mais rien à faire. Rien, Wheat. Depuis le début, tu ne fais qu'errer. Piétiner. Tu n'as pas plus d'ennemis que d'alliés, pauvre petite chose. Quels sont tes rêves? Tu ne sais pas. Tes cauchemars? tu n'en sais rien. Tes liens et ta famille? Rebelote. Tu es une feuille vierge qui ne parvient pas à se remplir. Attends. Arrête-toi, gamin. Il y a un bruit pas loin.
Encore une femme qui parle. Ca deviendrait presque un thème récurrent de cette histoire.

Elle parle à un homme endormi. Qui semble endormi. Comme la brune du lac. Celle qui ne se réveillait plus. Peut-être bien qu'elle était morte. Peut-être bien qu'il est mort.

Tu t'approches un peu du duo et tu restes là. Planté. Peut-être que les choses évolueront différemment des autres fois si tu ne prends pas la parole. Si tu attends qu'on te remarque.
Peut-être ces gens ne sont-ils que des robots. Peut-être est tu le sel gladiateur de cette arène. Mais qu'as-tu de si spécial, dans ce cas-là?

Tu as peur. Et pourtant, Wheat. Pourtant, tu voudrais y croire. Alors tu lance une phrase à l'intention de la jeune femme. Trois mots. Lachés avec inquiétude, presque avec peur.

•Il est mort?

Elle regarde l'endormit et malgré ses tentatives il n'est toujours pas éveillé. Elle soupire un peu sur le coup. Et elle fait le tour du carrosse revenant ainsi à son point de départ. Elle sautille, patiente, s'amuse et attend. Elle n'a rien à faire par ici et c'est vraiment ennuyant.
Mais une voix attire son attention. Elle ne l'avait pas remarqué auparavant. Elle allait lui répondre que non, sa poitrine se soulevait la preuve qu'il respirait mais voici que le comateux se réveille. Elle le regarde en souriant et ne dit rien le laissant parler. Elle le regarde d'ailleurs tomber du carrosse, elle ferme vivement les yeux sous le bruit lourd que celui-ci à fait en tombant sur le sol en bois du carrousel. La jeune femme ose à nouveau ouvrir ses yeux pour voir que l'homme va bien, qu'il sait très bien parler tout en politesse et que c'est un drôle de personnage. Elle le trouve sympathique quoiqu'un peu inquiétant quand même. On aurait dit qu'il faisait partit intégrante de la ville mais peut-être qu'elle se trompe.
▬ Sirius, enchantée Mad Hatter.
La brune regarde le blond paniqué. Ce n'est qu'un enfant il doit avoir tout au plus 14 ou 15 ans. Elle lui ébouriffe doucement ses cheveux blond et le regarde.
▬ Et toi ? C'est quoi ton nom, jeune homme ?
Elle se met à sa hauteur pour qu'il est plus facilement confiance en elle. Ca lui rappel un peu Superman qui lui est partit comme un voleur. Elle s'inquiète toujours pour cet enfant curieux et insouciant mais elle espère qu'il va bien et qu'il a trouvé d'autres adultes pour veillés sur lui.

Non, il ne suit pas Landscape lorsque celui-ci dévale les escaliers de la maison en criant le nom d'October. Non, il ne le suit pas dans le dédale de rues qui entoure les maisons, en direction de l'endroit où October est sans doute tombée. Car il a vu, la chute. Il a vu le corps basculer. Pauvre pantin désarticulé. Pauvre poupée démembrée. Pauvre petit jouet. Oui, ils ne sont que des jouets. Il n'est qu'un jouet parmi les autres, sans doute. Mais si il réussit la mission qui lui incombe, peut-être ne sera-t-il plus tout à fait le même. Et les visages de ses trois cibles défilent l'un après l'autre dans son esprit. Les trouver. En finir avec eux. Vite.

C'est sur ce raisonnement qu'il tombe sur l'entrée du métro. Des galeries souterraines. Peu engageantes à première vue. Mais si le hasard l'a mené jusqu'ici, autant le suivre encore. Même si le médecin ne croit pas vraiment au hasard. Ni aux coïncidences. Ni à tout ça. Il ne croit qu'en lui. Surtout ici. Et c'est en suivant les galeries souterraines, le long des rails du métro, qu'il débouche dans le parc d'attractions.

Parc d'attraction.

Un lieu déplacé, étranger, incongru. Un lieu qui n'a rien à faire dans une ville pareille. Un piège pour les enfants ? Une musique aigrelette s'étire dans l'air moite qui l'entoure, pas touches presque désagréables. Une grande roue s'élève, dominant de sa sature la grande caverne souterraine. Point de repère de luxe. L'homme se demande un instant ce qu'il va trouver dans cet endroit. Cet endroit désert. Car autour de lui, aucune trace vivante. Seule l'empreinte de la ville, partout. Il lui semble désormais la reconnaître sans souci, dans cette musique venue de Nulle Part. Dans cet univers décalé. Dans tout ce qui l'entoure.

Il s'avance lentement parmi les stands, guettant une présence, quelque chose. Ce n'est qu'au bout de quelques minutes qu'il entend les voix. Les mains dans les poches de son grand manteau, il marche dans leur direction. Encore des amnésiques, sans doute. Peut-être une de ses cibles, si la chance est avec lui.
Mais aucune des trois personnes qu'il découvre près d'un caroussel délabré ne correspond aux images aperçues dans la tour. Il y a là une femme, accroupie devant un gosse aux cheveux blonds et... ça alors ! Le type si étrange rencontré au manoir. Intéressant... ne peut s'empêcher de songer Hippocrate. Comment s'est-il retrouvé ici, celui-là ? Et qu'est-il advenu de Silence, et du garçon aux yeux bleus et aux cheveux blond paille ? ▬ Et toi ? C'est quoi ton nom, jeune homme ? Tss, c'est bien une question de bonne femme, ça, comme si on avait le temps de faire ami ami tous ensemble, par ici...

Il s'avance cependant à découvert. Le type étrange... qui sait si il n'a pas croisé une des personnes que le médecin cherche. Qui sait si il n'y a pas des informations à récolter, par ici...

Et puis il y a des bruits de frottements, de chocs brutaux qui résonnent. Juste à côté des humains se trouve des auto-tamponneuses. La musique se met brutalement en marche, les enceintes vibrent sous le volume excessif. Les lumières clignotent, étincèlent, changent de couleur. Et les petites navettes se disputent, s’entrechoquent. Conduites par l’invisible, certaines viennent s’arrêter non loin des humains. Montera, montera pas ?

Elle n'a pas eu le temps d'avoir sa réponse qu'un homme venait d'arriver. Elle ne le connaissait pas mais... quelque chose la dérange. Une impression de déjà vue ? Elle ne sait pas mais quelque chose ne tourne pas rond. Elle le dévisage un moment et sursaute quand Mad Hatter se met à parler. Elle se redresse et regarde le drôle de personnage.
Là... Silence puis. Elle rit un peu. Un baise main d'un homme à un autre ? Ca lui semblait un peu bizarre. Elle se retient d'éclater de rire et laisse un petit sourire amusé sur le bout de ses lèvres.

Bruit sourd. Les tamponneuses claquent entre elles et se stoppent. Mad Hatter veut aller dans ses engins et la brunette n'est pas contre. On voit déjà l'âme des adultes redevenir enfant. En soit, ce n'est pas prudent de monter dans ses engins. Mais bon... Puisqu'elle est là, elle monte dedans.
▬ Ouiii ! On va bien s'amuser !
Elle rit un peu. C'est une grand enfant mais au moins, elle n'est pas la seule à monter dans ces auto-tamponneuses.

« Mon ami, mon ami ! Quel bonheur de vous voir en vie, ici ! »

Il regarde l’autre homme s’approcher avec méfiance. Son… ami ? Ah non, certes non. Des connaissances, des étrangers l’un pour l’autre. Tout sauf des amis. Sa fierté l’empêche de reculer au fur et à mesure de l’avancée de monsieur l’étrange, mais son regard qui se durcit à chaque pas lui semble suffisant pour exprimer son rejet. Non, il ne veut pas qu’on l’approche. Ce qu’il veut c’est trouver ses proies. Et aucun des personnages présents ici n’en font partie.

Soudain, le type se penche. Lui fait un baisemain. Attendez. Un baisemain ?! Le médecin retire sa main avec une grimace, tandis que la femme, debout à quelques mètre, étouffe un léger rire. Il fronce les sourcils, oublie toute idée de coup violent pour abimer le visage de ce type, perturbé par le rire étrangement familier.

- Vraiment, très humoristique, oui.

Sa phrase est à moitié noyée par la musique qui se déclenche. Le stand autos-tamponneuses vient de…s’animer ? Oui. S’animer. Et de nouveau, il croit pouvoir discerner l’empreinte de la ville. Que peut-Elle bien mijoter encore ? Ça ne semble pas particulièrement déranger ni la femme si le roi des bizarreries. Tous deux n’hésitent pas vraiment avant d’embarquer dans les petites voitures factices. « Venez, ça va être cool !» et "Ouiii ! On va bien s'amuser !", voilà leurs réactions.

Bien s’amuser ? Cool ? C’est quoi leur problème à ces deux-là ? Ils sont complètement dérangés, voilà le problème. Tant que ça ne devient pas son problème à lui, tout devrait bien aller. Quelque peu lassé, il s’assoit sur le bord du manège, hors de portée des voitures. Hors de question qu’il se comporte comme ces deux grands enfants. Il n’a pas vraiment le temps de s’amuser. C’est pas vrai... Pourquoi je suis encore tombé sur des cas désespérés.

Il se prend la tête dans les mains. Il a mal, mal au crâne. C’est le manque qui revient le taquiner. Et dire que sa flasque est vide. Vide, vide, vide. Il doit absolument retourner à la pharmacie. Récupérer des bouteilles. Vite.

- Bon. Pendant que vous vous amusez… vous n’auriez pas croisé, par hasard, une fille avec des loups ?

Si au moins ils se montraient un peu adultes. Un peu utiles. Des informations, c’est tout ce dont il a besoin. Ensuite… eh bien, il connait la sortie.

Les auto-tamponneuses sont contentes d’avoir des passagers et elles le montrent en s’entrechoquant joyeusement. Ou violemment c’est selon. Les autos-tamponneuses contenant des passagers filèrent donc à toute allure dans tout le parc d’attraction, ne laissant pas la direction aux passagers. Laissant Hippocrate seul ? Non, il y a une auto-tamponneuse plutôt hargneuse qui a bien envie de s’amuser. Et lui fonçant dedans, l’homme se retrouve emporté dans une auto-tamponneuse noire.

Sirius sourit dans les autos-tamponneuses et les laisse faire. Elle subit quelque secousses qui lui vaudront bien quelques bleus mais sans plus. Elle sourit et regarde l'homme se faire embarquer par une auto-tamponneuse plutôt hargneuse. Elle rit un peu et le regarde attendrit. C'est comme si elle avait l'habitude de voir son visage ronchon alors... que non. En tout cas, elle ne s'en souvient pas. Mais quelque chose... oui... y a quelque chose... et ça la dérange mais elle ne le montre pas. Enfin elle essaye.
▬ Désolée, je n'ai pas vu cette jeune fille.
Fit elle avec un beau sourire et en toute politesse. Elle laisse les engins les conduire où ils veulent. Peut-être qu'avec un peu de chance ils feront un tour de grande roue pour voir la ville en entière. Elle est curieuse de voir à quel point la désolation à toucher celle-ci... alors qu'elle devait être agréable à vivre... autrefois.

Il n’a pas vu venir l’auto-tamponneuse. Alors qu’il se redresse, elle le heurte, le fait basculer. Et le voilà entrainé, contre sa volonté, dans le ballet des petites voitures. Cette chute le prive de ses mots, lui qui se préparait à répondre vertement aux assertions de Mad Hatter à propos de son caractère pédophile. Comme si lui pouvait avoir ce genre de penchants. N’importe quoi, ce type, vraiment.

Il jette un coup d’œil sur le sol qui défile à toute vitesse. Impossible de descendre pour le moment. Non, il ne se trainera pas dans la poussière. Il a son standing d’adulte à respecter. Adulte, ce n’est pas n’importe quoi. C’est un rôle difficile à tenir. Surtout dans cette ville. Surtout avec ces gens qui mettent sa patience à rude épreuve.

« Désolée, je n'ai pas vu cette jeune fille ». Son attention se reporte sur la femme qui vient de dire ça, et il croise son regard un court instant. Il essaye de ne pas s’avouer qu’il se sent un peu déçu. Une nouvelle adulte qu’il croise. Et une fois de plus, qui se révèle être une personne peut sérieuse. Irréfléchie. Enfantine. Comme le prouve son rire. Trop léger.

Tout le monde est trop léger dans cette ville. Léger ou dérangé, car ranger le type aux cheveux blancs dans la catégorie léger est tout sauf crédible. Et ce ne sont de toute façon pas de bonnes fréquentations.

Comme l’adulte qu’il s’efforce d’être et de rester, il prend son mal en patience.
Ces auto-tamponneuses finiront bien par s’arrêter…

Elle regarde les deux hommes et laisse son auto-tamponneuse faire ce qu'elle veut. Elle regarde le parc avec un air triste. Il faut se le dire. Elle n'aime pas cette sensation de froid. Cette ville lui fait trop étrange. Et cet homme là-bas qui chercher une gamine. Elle a l'impression de le connaître ça la tracasse. Elle le cache mais ça la tracasse beaucoup trop. Du coup, elle ne s'amuse plus. Elle regarde juste dans le vide. C'est quoi cette vie ? Elle est où ? Elle essaye d'ignorer tout ça depuis le début. Mais elle a des responsabilités... qu'elle ignore. Elle réfléchit un peu. Elle veut retrouver Superman... elle veut retrouver la mémoire. Elle veut savoir qui est l'homme faisant un peu son ronchon ? Elle veut tellement comprendre et savoir... qu'elle en oublie presque où elle se trouve.

Il se sentait bloqué. Et il détestait ça. Bloqué dans ce manège pour enfants. Avec un type complètement fou. Et une femme apathique. Ce n’est pas avec ça qu’il allait remplir la mission confiée par la Ville. Pas avec ça qu’il allait obtenir des informations. Des informations sur cette ville, sur comment en sortir. Il songe qu’il faudrait qu’il retourne à la tour. Dans l’étage aux miroirs. Parler avec Elle. En savoir plus. Absolument. Satisfaire cette curiosité, qui menaçait de devenir plus forte que le manque. Le manque. Non, il ne fallait pas y penser. Son cerveau, rationnel, savait que plus on y pense, plus on manque. Ne pas penser pour ne pas manquer. Et il avait actuellement besoin de se concentrer sur sa quête. Et sur rien d’autre. La fille aux loups. La rousse. Et ce pauvre petit blond. Créatures fragiles que sont les humains. Il se rend compte qu’il n’a pas encore pensé à comment les briser. Sans doute cela viendrait-il sur le moment.

« Peut-on savoir pourquoi cherchez-vous cette fille ? »

La réflexion le tire de ses pensées. De quoi je me mêle, hein ? Est-ce qu’il en pose, lui, des questions ? Ce type ne connait-il donc rien à la discrétion ? « Comprenez tout de même que c'est chose inhabituelle. De chercher quelqu'un ici. Et si je peux vous être utile, ne voyez aucun inconvénient à me parler de cette étrange affaire. ». Hum. C’est vrai que dit comme ça. Quoique. Les gens dans cette ville ne passent-ils pas leur temps à chercher ? Chercher des souvenirs de leur passé, chercher ceux auxquels ils tenaient ?

Mais la deuxième partie de sa phrase l’interpelle. Etre utile, hein ? Oui, peut-être qu’il peut se servir de cette étrange personne. Comment, ça reste à décider. Son regard reste accroché à celui de son vis-à-vis, malgré le mouvement des auto-tamponneuses. Se servir de lui…

- Vous avez un nom ?

Avant tout, savoir à qui il s’adresse. Et avec qui il traite. Prendre des précautions, ne rien laisser au hasard. Et surtout, ne pas sous-estimer les gens. Même si il doute que qui que ce soit lui soit supérieur en ces lieux. Si on l’excepte, Elle. Elle qu’il n’arrive pas à cerner vraiment.

- Que savez-vous de cette Ville ? Je veux dire… avez-vous entendu la Voix ?

Il a posé la question suffisamment haut pour que la femme entende aussi. Si elle a des informations… elle pourra peut-être lui être utile aussi. Peut-être.

Elle ne dit rien, elle contente de soupirer dans cette auto-tamponneuse folle. Elle regarde le paysage. Elle est ailleurs. Mais la voix de la gente masculine la fait sortir de ses pensées. Son nom. Encore se présenter pour qu'elle soit abandonner ? De toute façon... tant qu'à perdre encore des personnes mieux qu'elles sachent son nom. Au moins, si jamais on la retrouve on pourra dire qui elle était.... enfin... son pseudonyme.
▬ Sirius.
C'est clair et précis comme ça. Un mot. Elle sait que l'homme ne s'adresse pas à elle en particulier mais bon. Jusqu'à répondre à toutes les questions même... à celle bien étrange du brun... Une voix ? Elle a affaire a un schizophrène ou quoi ? Elle n'a rien entendu de telle ici.
▬ La voix ? De quoi parlez vous ?
Oui, elle ignore tout de cette ville. Elle n'a débarqué que récemment.

C’est fou comme les choses évoluent dans cette ville. Quelques heures plutôt, entre la vie et la mort, à moitié écrasé sous un loup géant. Et maintenant, à discuter avec un fou et une parfaite inconnue dans des auto-tamponneuses animées par une force étrange. Au moins, il découvre un peu plus ce territoire inhabituel chaque minute qui passe. Peut-être pourra-t-il retrouver sa mémoire en entier. Peut-être pourra-t-il sortir d’ici. S’il L’aide, Elle.

« Qu'importe mon nom ? Ce n'est qu'un emprunt, vous le savez aussi bien que moi, souvenez-vous de ma personne c'est tout. Nous ne sommes pas là pour parler chiffons. »

Il renonce à l’envie d’expliquer qu’un nom est sans doute le moyen le plus sûr pour lui d’arrêter de l’appeler le « fou aux cheveux blancs ». Mais il renonce. Il ne tirera rien de ce homme étrange en le forçant. De la finesse. De la minutie. De la patience. Et il parviendra à ses fins. Non ? « Sirius. La voix ? De quoi parlez-vous ? ». Il réalise seulement à ce moment-là, au moment précis où elle parle, le silence dont fait preuve le Fou.  Un silence éloquent. Il doit savoir. Sinon, pourquoi est-ce qu’il ne réagit pas. Tout personne normale, sensée, qui n’a jamais été en contact avec la Voix réagirait comme le fait Sirius.

- Vous l’avez déjà entendue n’est-ce pas ? La Voix de la Ville.

Il ne sait pas ce qu’il peut leur dévoiler de ce qu’il sait. De ses découvertes. De la carte de Landscape. De sa rencontre dans la tour. De sa mission. De tout. A quel point peut-il leur faire confiance ? De toute évidence, Sirius n’est au courant de rien. Ou de presque rien.  « Sirius…. Depuis combien de temps êtes-vous en ville ? ». Une simple question. Dont la réponse fera d’elle un éventuel allié manipulable, un ennemi dont se méfier…ou un poids.

- Ah oui, une dernière chose. Les informations, c’est donnant donnant.

Au moins les choses sont claires.

Elle est silencieuse. Elle les écoute, elle est surprise aussi. Elle n'est qu'ici depuis que quelques heures. Oui, juste quelques heures rien de plus. Elle ne sait rien. Elle s'est juste fait téléporter c'est pas un phénomène normal soit. Mais elle ne comprend pas trop cet atmosphère tendue. Quelque chose se passe entre les deux hommes et elle... elle est à l'écart. Bien sûr, qu'elle est à l'écart puisqu'elle n'est pas là aussi longtemps qu'eux.
▬ Depuis quelques heures...
Elle regarde le chapelier avec intérêt. Il va donc lui expliquer ce qui se passe ici ? Enfin... un petit peu au moins. Elle le regarde, le dévisage un peu mais pourtant au fond, ça doit être la vérité. Elle a été téléporter et ça peut pas être le St esprit la cause de ça.
▬ Un pantin ? J'ai été téléporté pour les intérêt de la ville donc ? De toute façon, il ne m'est rien arrivé à par la perte de mémoire et la téléportation... Je pense qu'à vous... il a du vous arrivé plus de malheurs qu'à moi qui suis ici depuis peu de temps...
Elle devait se l'avouer. Elle ne connait rien. Et c'est dur de savoir ce que l'on risque ici. Malgré tout, elle essaye de comprendre un peu. Juste un peu. C'est tout ce qu'elle veut... Comprendre.

Sirius… Elle est là depuis peu de temps. Comme il l’avait prévu. Si elle avait répondu qu’elle avait trainé en ville longtemps, et qu’elle était aussi ignorante, elle n’aurait pu être qu’un boulet. Inutile. Mais cette réponse. Il sourit. Satisfait. Elle est comme une page blanche. Sur laquelle il appartient aux gens d’écrire ce qu’ils veulent. Et le premier arrivé est le premier servi. S’il arrive à la mettre de son côté, elle sera un allié. Oui, voilà l’intérêt avec ces pauvres amnésiques. Ces pantins égarés, comme le rappelle si justement le Fou. C’est qu’il peut leur faire croire ce qu’il veut. Il peut remplir leur mémoire à sa guise. Surtout s’ils n’ont pas encore eu de souvenirs. La ville n’est pas seule à pouvoir manipuler les gens. Et si Elle le manipule lui, il doit pouvoir manipuler les autres. C’est presque une certitude. Il a ce droit ici. Il a tous les droits.

Les paroles du Fou sont presque dégradantes. Oui. C’est vrai qu’il n’est qu’un pantin. Mais il est un pantin auquel Elle a confié une mission. Et ça l’aide à se sentir un peu plus important. Un peu plus sûr de lui.
Il médite ce qu’il vient d’apprendre. Elle a donc parlé à d’autres personnes. Son point de vue diverge cependant sur le fait que la plupart des gens aient entendu la voix. Non. Tout le monde n’a pas dû l’entendre. La première réaction de Sirius en est la preuve. Elle ne parle qu’avec certains. Comment les choisit-Elle ? Encore une question à laquelle il doit trouver une réponse. Le Fou s’est tu. Comme si il attendait. Ah oui. Donnant donnant. A son tour alors ? Comme un jeu dans lequel chacun avance son pion tour à tour.

- Hm. Vous n’avez pas tort. Admettons que nous ne sommes que des jouets. Mais je pense qu’elle a un objectif. Lequel je ne sais pas. Toujours est-il que je ne compte pas essayer de L’arrêter. Après tout, je lui en dois une…

Il repense à l’épisode des loups. Et de cette téléportation presque inespérée, dans un sens.

- Il y a aussi diverses créatures qui rôdent en Ville. Un monstre dans le marais. Et des loups géants. Et le temps nous revient avec la mémoire. Elle poursuit son propre but. Et je crois qu’il nécessite que je retrouve la demoiselle dont je parlais plus tôt.

Que peut-il révéler de sa mission ? Est-ce qu’Elle l’autorise à en parler ?