Il avait suivi les indications du rouquin pour atterrir ici – et il devait avouer que c’était agréable, que quelque chose se passe comme prévu pour la première fois dans cette foutue ville. Bref, toujours est-il qu’il était finalement entré et qu’il se tenait désormais sur le pas de la porte – il faisait sombre et la pièce était dépourvue de fenêtre. Il pouvait distinguer des bancs, des vestiaires peut-être. Et au fond…
Il poussa un soupir, avançant jusqu’au fond en plissant les yeux pour pouvoir distinguer les meubles. Une fois arrivé au fond, il tendit les doigts, laissant ses mains glisser sur ce qui se trouvait. Il ignorait ce qu’il désirait – au fond, dès qu’il l’aurait trouvé, il le saurait.

La salle plongée dans l'obscurité est presque vide. Les grandes mains de Taiga caressent le bois jusqu'à trouver l'ouverture du meuble.

Une petite pression et il se retrouve bientôt en possession d'un sniper M21. Un fusil de précision, dérivé d'un fusil d’assaut, plus précis mais plus lourd et moins facile à transporter.

Dans le fond de l'armoire il pourra également trouver trois longues balles. Seulement trois, à toi petit jouet de savoir ce que tu vas en faire.

Ses doigts glissaient, caressant le bois jusqu’à trouver un interstice dans lequel il glissa ses doigts, tirant pour pouvoir ouvrir les portes du meuble. A nouveau ses doigts partirent fureter jusqu’à rencontrer une crosse ; ses mains se firent une nouvelle fois caressante pour tenter de deviner ce qu’il avait sous les mains, sa vue lui faisant défaut. C’était un fusil. Il l’empoigna, le soulevant pour le soupeser – trop lourd, pas facile à transporter mais la précision devait être plus qu’acceptable. Il poussa un soupir, le passant dans son dos grâce à la lanière de transport. Etait-il chargé ? Et surtout, y-avait-il des balles supplémentaires ? Il tendit une nouvelle fois la main, tâtonnant quelques instants avant de trouver des balles. Trois longues balles. Seulement trois. Et il savait déjà la destinée d’une d’entre elles – la chose qui l’avait attaqué. Mais avec un fusil pareil, il ne pourrait pas y aller la tête la première. Il allait devoir trouver un moyen de la forcer à se dévoiler.

Il glissa les balles dans ses poches, retournant explorer un peu la pièce – trouver une arme à feu de petit calibre serait plus adapté pour se défendre dans l’immédiat.

Poussant la porte, Clow se risqua à l'intérieur tout en sachant que l'autre inconnu y serait probablement toujours. Que cela ne tienne, il avait trouvé cet endroit avant lui et il avait bien le droit de se servir en même temps.

Lui adressant un simple signe de tête, le jeune homme se pencha de plus prêt sur son observation des étagères, après tout c'était en réalité la première fois qu'il mettait les pieds dans cette pièce précise. Tout ce qu'il avait à faire, c'était trouver les balles correspondant à ses armes. Et peut-être de quoi les ranger ailleurs que dans les poches de son jeans.
C'est qu'il l'aimait son jeans après tout.

Il n’avait pas réellement avancé dans son inspection – l’arme était accrochée à son dos, les balles fourrées au fond de sa poche – d’ailleurs, y’en avait-il une dans la chambre ? Il se promit de vérifier sitôt qu’il serait au calme. Sa recherche d’une arme de petit calibre sembla se solder par un échec et il s’apprêtait à ressortir quand le grand rouquin de tout à l’heure entra dans la pièce. Sans bouger le blond l’observa quelques instants fouiller dans les étagères, comme s’il cherchait quelque chose. Il poussa un soupir – il était là depuis plus longtemps que lui, il devait avoir trouvé ce qu’il voulait : cette foutue arme. Peut-être pourrait-il lui « emprunter » la sienne ? Mais il allait devoir trouver comment l’approcher…
Il eut un léger sourire – le regard du rouquin avait été sans équivoque tout à l’heure. Probablement qu’il allait devoir creuser dans cette voie. Il s’approcha, posant sa main sur l’épaule du roux, un air neutre et vaguement concerné à défaut d’aimable sur le visage.

« Tu cherches quoi ? »

Le ton était légèrement exaspéré – voir ce gosse galérer à trouver ce qu’il voulait était juste… Frustrant. Surtout qu’il cherchait ou une arme ou des balles et au vu de sa dégaine, il devait être du type à n’avoir jamais eu une arme en main et à savoir encore moins à quoi ressemblait les balles adaptées.

Clow ne pouvait pas prétendre qu'il ne s'était pas attendu, à un moment ou un autre, à être interpellé par l'autre occupant de la pièce. Aussi aucun sursauts ou cris peu viriles ne lui échappa quand une main se posa sur son épaule.

Tournant légèrement la tête vers l'inconnu, il remarqua l'arme dans son dos et soupira, le modèle n'avait rien à voir avec les siens. Devant l'air bourru qui lui était adressé, le jeune homme préféra se tourner complètement face à l'homme, pour lui répondre.

« Des balles et un holster peut-être. La pièce n'est accessible que depuis une heure ou deux, donc je n'ai pas encore eu le temps de bien tout repérer. »

Une fois sa réponse faite, Clow se détourna à nouveau pour inspecter les rangements. Un de ses flingues sur lui, l'autre laissé ailleurs, heureusement pour lui.

Le gosse s’était tourné vers lui – réflexe de survie, après tout, tourner le dos à un inconnu n’était pas vraiment la chose à faire dans le coin. Surtout quand l’inconnu avait un fusil dans le sol. Il lui adressa finalement un sourire sympathique, jaugeant que faire un peu de charme au gamin ne pourrait qu’être profitable.

« Tu sais au moins de quel calibre est ton arme ? »

Patience, patience. Les petits jeunes sont toujours trop impatients.

Clow baisse les yeux sur son armes, pour les relever ensuite vers l'inconnu, sans se douter un instant de ce que la ville préparait alors comme nouveau mauvais coup.
Un peu penaud, le jeune homme murmura :

« Non, je sais juste que ce n'est pas une arme de gros calibre... »

Il s’apprêtait à répondre quand le paysage commença à buguer.
Dans le genre violent. Il avait l’impression de se retrouver en plein cœur d’un tableau cubique – les traits droits en moins. C’était flou. Le monde était flou – si flou… Le blond se laissa tomber, s’accroupissant.

« Putain. Putain. Putain putain putain… »

C’était l’horreur. Mais il devait se reprendre. Prier pour que ça passe. Le blond se redressa, lentement, s’accrochant à ce qui l’entourait – les casiers. Il murmura, faiblement.

« C’est flou. Putain. Le monde est flou. C’est quoi ce bordel. »

Il serra les dents – putain… Et il en profita pour s’appuyer sur le rouquin. Histoire de pas tout perdre dans l’histoire.

« Bon. Je peux pas voir l’arme ni les balles. Je peux tenter de reconnaître au touché, mais je peux me tromper. Les balles semblent être au fond – au pire, t’essaie. Si ça rentre dans la chambre, c’est bon. Sinon… Eh bien c’n’est pas les bonnes. »

Il grogna faiblement – putain de bordel de merde.

Si quelques secondes plus tôt, tout semblant plus ou moins sous-contrôle aux yeux de Clow, ce n'était plus le cas du tout. L'inconnu avait d'un coup commencé à agir bizarrement, comme s'il se sentait mal, commençant à marmonner des paroles confuses. Enfin, pas si confuses quand ils savaient où ils avaient tous atterri. Le soutenant malgré sa surprise et oubliant les balles quelques secondes, le rouquin lui demanda, plutôt calmement :

« Est-ce que t'as pris quelque chose qui sortait de l'ordinaire ? Autre que de l'eau, de la bouffe ou même des fringues dans une des maisons abandonnées. Parce que franchement je doute que t'ai simplement faim, soif ou sommeil au point de voir trouble. »

Il sentit la chaleur familière d’un corps et s’y appuya sans vergogne ; le fusil dans son dos avait un quelque chose de rassurant, mais… Ce qui lui manquait réellement, c’était Mikhail. Mikhail et ses cheveux blonds, ses yeux rieurs… Il souffla doucement.

« Rien. A part les fringues et les quelques biscuits que j’ai bouffé, j’ai rien consommé ou pris qui soit extraordinaire. »

Il lui semblait oublier quelque chose.
Bah, ça ne devait pas être important.

Clow ne repoussa pas l'autre homme quand celui-ci s'appuya sur lui, même si ce n'était pas Gaby, qu'il n'avait rien pour être comparé à Gabriel, le rouquin se contenta d'écouter sa réponse et de fronçer les sourcils :

« C'est bizarre et pas franchement une bonne chose, parce que ça peut vouloir dire que la ville s’intéresse à jouer avec toi. Plus qu'elle ne le fait déjà avec nous tous. »

Soupirant et décidant de laisser le problème de côté pour l'instant, il n'y avait visiblement rien à faire à part attendre que la ville se lasse ou que l'inconnu se souvienne de quelque chose sortant de l'ordinaire. Prenant son arme, il la posa doucement entre les mains du mal-voyant temporaire.

« Tu penses pouvoir reconnaitre cette arme ? »

Le blond grogna –bien évidemment que la ville jouait avec lui. C’est ce qu’elle faisait depuis le début, allant jusqu’à le pousser à offrir son amour en échange de souvenirs. Mais ça il le garda pour lui – après tout, quelqu’un qui vend littéralement les siens pour récupérer la mémoire n’est visiblement pas digne de confiance.
Il sentit une arme posée entre ses doigts – sérieusement, reconnaitre par le toucher… Il soupira, palpant l’arme. Il n’était pas spécialiste de ce type d’arme, c’était certain.

« Probablement un Beretta ou un Glock, ce sont les plus courants. »

Elle est d’accord avec moi, c’est déjà ça de fait. Je tourne les talons, me souvenant des instructions que Clow avait données au ninja. Dame me suit. Enfin, disons que je suppose qu’elle me suit. Nous arrivons devant une pièce plongée dans le noir complet. Le seul indice d’une présence se trouve être la voix de ce type dont je me méfie tellement. Il parle de flingue, justement. Ne me dites pas qu’il en a un en main, s’il vous plaît pas ça ! Parce que franchement, j’ai une confiance très limitée en lui, voire même plutôt inexistante. Cette impression – l’impression qu’il s’agit de quelqu’un de dangereux – que j’ai eu le voyant arriver derrière nous ne me lâche toujours pas. Toi aussi, tu es dangereuse, ça équilibre les forces, non ? J’esquisse un petit sourire en m’avançant dans l’obscurité, ma main crispée à mon couteau suisse. Je ne me souviens même plus du moment où je l’ai ressorti de ma poche.

- Ne vous inquiétez pas, ce n’est que nous.

Sous-entendu : « Le ninja, s’il te plaît, essaie de ne pas nous dégommer avant de savoir qui nous sommes ». Sans rien ajouter de plus, je plisse les yeux pour tenter d’y voir quelque chose. Sans succès. Alors je palpe les murs, faute de ne rien voir. Avec un minimum de chance, je devrais tomber sur une arme.
Il n'y a pas l'air d'avoir encore grand chose dans la salle mais je continue à tatônner dans l'espoir de trouver quelque chose, même un pistolet suffirait, même si je doute savoir m'en servir. Etonnant pour une meurtrière. Le blond quitte la salle et, au même moment, mes doigts se referment sur la crosse d'une arme dans un holster.

- J'ai trouvé quelque chose, je t'attends dehors.

Je suis le blond qui s'est assis sur un banc et a l'air de dormir, puis baisse les yeux sur ce que j'ai dans les mains : un colt six coups à barillet. Il n'y a que quatre balles. Tant pis, ça fera l'affaire. J'attache le holster autour de ma taille, de façon à ce que le flingue repose contre ma cuisse droite. Le poids de l'arme a quelque chose de rassurant. Je croise les bras. J'attends, plantée à côté du ninja endormi, que Dame revienne.  

HJ:

Clow comprit bien vite que l'inconnu n'avait pas grande informations à lui donner pour l'arme, mais en même temps, qui le pourrait à moitié aveugle ? Le jeune homme se contenta donc d'acquiescer de la tête et de dire du bout des lèvres :

« Merci, je vais voir si je trouve des balles qui rentrent. »

Se dirigeant vers l'étagère indiquée plus tôt, il se tourna légèrement à l'entrer des deux filles, mais les ignora complètement par la suite. Ce qu'elles faisaient où pas, Clow s'en fichait bien tant que c'était pas des grosses conneries.

Le blond vacilla un instant avant de retrouver son équilibre - pas question de passer pour faible, même dénué de vision. Pinçant les lèvres en entendant les filles, il les ignora, préférant se diriger vers la sortie - où plutôt, là où il se souvenait qu'elle était. Histoire de retrouver le hall d'entrée : après tout, il devait y avoir nettement moins de monde, désormais. Il allait peut être aussi piquer un somme - ça ne lui ferait pas de mal.

Spoiler: