Ces gens ont un sérieux problème avec les normes d'hygiènes dans ce bled.

08h-10h

Hé. Il ne ferait pas un peu froid par hasard ? Il sentait son corps frissoner à chaque courant d'air qui venait le chatouiller encore et encore. Pourquoi faisait-il aussi froid ? Et d'ailleurs, pourquoi était-il en train de dormir ?

▬ Ouaaaah ! Pardon ! Je ne voulais pas m'endormir, je suis désolé ! S'écriat-il dans un grand sursaut avant de dégringoler de la banquette où il était assis. Un instant, pourquoi devrai-je m'excuser ? Effectivement, il n'avait pourtant rien faire de mal... Euh ? Probablement pas. En tout cas, il n'arrivait pas trop à se souvenir ce qu'il avait fait. Ni même de rien du tout en fait.

Gueule de Bois ? Il avait dû bien profiter de la soirée de la veille, oui voilà. Il avait été à une soirée et comme d'hab, il avait amusé la galerie. Il avait... Il... Il n'en savait absolument rien. Il n'était pas capable de se souvenir de quoique ce soit.

▬ Oh putain, j'espère que j'ai tué personne au moins ! S'écria t-il en passant son corps au crible, heureusement tout allait bien. Bon, on dirait que je suis en bonne santé. Atchi ! Il éternua. En même temps, sapé comme il était, pas étonnant. Enfin, pouvait vraiment dire qu'il était habillé ? On aurait dit un de ces hawaïens à peine caricaturés. Et les tongs. Les tongs quoi.

Bon, il n'allait pas non plus rester ici des lustres, t'façon, il fallait bien qu'il cherche des gens. Au moins pour lui dire où il était, et si éventuellement il s'était passé des trucs pendant la probable fête à laquelle il avait probablement participé. Après quelques échauffements - ne lui demandez pas pourquoi, il l'a fait naturellement - il descendit du train mains dans les poches d'un air plus que nonchalant, chantonnat gaiement comme s'il était en voyage scolaire.

▬ Mhmhmhmh mh mhmh tin tintin, TINtin TINtin... Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il arrive sur le quai. Le paysage lui coupa net l'envie de chanter et il ne pu s'empêcher de lâcher un "Dafuq" des plus ravissants. Ce n'était pas une gare. Enfin si, sauf qu'elle avait visiblement un problème et plutôt sérieux. Franchement, il n'était pas maniaque du ménage - y avait qu'à voir sa dégaine pour le deviner - mais là c'était carrément mal-entretenu.

▬ 'Tin ils sont pas clair les gens ici, même l'horloge du quai est HS quoi... Pas moyen donc de savoir la date, l'heure, il pouvait la juger sans trop de problème, l'aube devait avoir eu lieu peu de temps avant de son réveil. Par contre, ça craignait sérieusement comme endroit, l'intérieur de la gare avait plus l'air d'un décor de blockbuster post-apocalyptique hollywoodien que d'une gare de campagne. Sauf qu'en général, y a un staff non, genre plateau de cinéma et compagnie. A moins que...

▬ Ça y est ! J'y suis, on est dans une émission de téléréalité, genre des gens amnésiques dans une ville hostile ! Il regarda plein d'espoir un peu partout dans l'espoir de voir des caméras, mais il fut obligé d'admettre que les seules qu'il y avait étaient en aussi mauvais état que le reste. Ce serait bien n'est-ce pas, si c'était vraiment ça.

Et cette impression d'être passé dans une machine à laver aussi, il ne savait pas ce qu'il avait pris, mais en tout cas, il était pas tombé sur n'importe quoi.

Le jeune homme sort du train et débarque sur le quai, il fait quelques pas puis s'arrête pour respirer l'air frais. Il réajuste son écharpe autour de son cou et entend du bruit, un flot de paroles incompréhensibles d'ou il se trouve. Il hausse les épaules, c'est sans doute Dame qui s'énerve toute seule, c'est bien le genre.
Il reporte son attention sur la Gare, elle n'est pas en très belle état, avec ses mauvaises herbes et ses ronces sur la façades. Ouais, vraiment, on aurait pu se croire dans une ville fantôme, ou chez des adeptes du bio. C'était possible aussi, peut être que les ronces avaient un effet isolant ? C'était fort possible. En tous cas ce n'est pas la perfection niveau esthétisme.
Il entend de nouveau des bruits, surpris il se retourne et voit, plus loin sur le Quai, un jeune homme.
Il ne sait pas s'il doit se réjouir ou avoir peur. Tout est imprévisible ici, il faut qu'il reste sur ses gardes, il ne faut pas qu'il se laisse surprendre.
C'est donc sur ses gardes et la main fourrée dans la poche de son manteau qu'il s'approche de l'inconnu. Il hausse les sourcils en apercevant la tenue de l'homme qui lui fait face. Bermuda kaki, chemise à carreaux et tongs au pieds, il sortait tout droit d'un concours de surf ou de quelque chose dans le genre. A moins qu'il ne soit un touriste venu visiter ce trou perdu. Nan, ce n'était pas crédible, seuls les fous pourraient venir ici de leur plein grès. Peut être qu'il a un problème.
Il toussota pour attirer l'attention du surfeur :

« Bonjour et excuse-moi de te déranger mais, on est où là ? Dans quelle Ville ? »

Il note dans un coin de sa tête, que l'inconnu avait des pectoraux parfaits, sans parler de ses abdominaux. Puis ce teint mâte. Le brun est jaloux, oui affreusement jaloux. Mais pour lui autant mourir que de se l'avouer. Alors comme pour se réconforter, comme pour se prouver que l'être en face de lui n'est pas parfait, il cherche quelque chose pour faire une remarque déplaisante, il regarde les cheveux de l'inconnu, rose. Voilà, il a trouvé sa remarque à faire. Mais il ne dit rien, non, le rose allait bien au mec. Bon, les vêtements alors.

« Mec, tu sors d'où au juste, avec ta panoplie de surfer ? »

Il n'y avait rien de bien méchant dans l'intonation de sa voix, mais la phrase en elle même aurait pu énerver n'importe qui. Et disons que cette question, qui n'en est pas vraiment une, lui permettra de cerner le personnage qui se présente en face de lui.

[Mwahaha, on s'incruste 8D]

« Bonjour et excuse-moi de te déranger mais, on est où là ? Dans quelle Ville ? »

Depuis quand il était dans son dos celui-là ? C'était carrément flippant, il ne l'avait même pas entendu, un ninja ? C'était cool non ? La classe d'apparaître comme ça ! Le sourire aux lèvres, il se retourna nonchalamment vers celui qui venait de descendre du train. Il joignit à ses paroles un geste de salut amical en levant sa main :

▬ Yo ! Belle journée ? Peut être pas si belle que ça en fait. En non, mais c'est pour les formes toussa ! Ajouta t-il avec un rire. C'était cool qu'il ai croisé quelqu'un si vite franchement. L'idée de se retrouver tout seul après la lessive c'était pas top top. C'était toujours plus drôle à plusieurs.

Très décontracté, il s'approchait de l'inconnu. Gauche, Droite, Gauche, Droite, on aurait presque dit qu'il dansait à chacun de ses pas, suivant le rythme de sa proche vie. Une fois à niveau, l'autre engagea la conversion. Hé cool, une chose de moins à faire. Il était franchement content d'avoir croisé quelqu'un avec qui parler, peut être que lui n'avait pas pris une cuite et se souvenait de la soirée.

« Mec, tu sors d'où au juste, avec ta panoplie de surfer ? »

Il ne put s'en empêcher et éclata de rire. Il n'y avait rien de moqueur, c'était un vrai rire plein de naïveté et de sympathie. C'était trop drôle quoi. Comme il s'y attendait, il avait vraiment un look qui faisait tâche. L'autre était mal non plus, un peu miteux, mais ça lui donnait un style... Un peu dark.

▬ Hahaha, t'as vu ? On croirait que je sors tout droit d'un film documentaire sur Hawaï ! J'ai même la dragonne du surfeur ! Il agita son bras pour montrer la corde qui pendouillait, puis repris après avoir frotté son crâne : Pas moyen de savoir pourquoi, mais c'est pratique, alors j'm'en plains pas ! Chais pas, j'ai l'impression d'avoir toujours porté ça ! Je l'ai dans le sang quoi.

Il était terriblement enthousiaste quand il parlait ainsi, on avait l'impression de le voir en train de parler de la plus belle chose au monde. Sérieusement, il était plein d'entrain. Oublié l'incident de la machine à laver cérébrale, au pire, il suffisait d'attendre que ça revienne. Ça finit toujours par revenir. Il s'en souvient pas, mais d'une certaine façon, oublier, ça n'a pas l'air de spécialement le déranger.

▬ Et toi ça va ? T'as pas peur d'avoir trop chaud ? Enlève donc une épaisseur, tu me donnes chaud à être habillé comme ça. Je sais pas si tu le sens, mais l'air se réchauffe, faut en profiter, faire comme les lézards et prendre le soleil, t'es un peu pâle je trouve... Voilà qu'il s'approchait de l'inconnu et posa sa main sur son front puis la retira rapidement. Pas de fièvre, il était pas malade, pourtant il était vraiment palot. Quelle idée de mettre autant de vêtements sur une seule personne franchement, comment pouvait-il prendre le soleil hein ?

▬ Je te demande pas de finir comme moi, hein, d'ailleurs je devrais peut être fermer ma chemise. Il tenta de nouer les boutons, mais force est de constater qu'il ne savait pas le faire. Comment déjà ? Lundi avec Lundi, Mard.. Oh flûte Mercredi est avec Jeudi. Bref, il abandonna avant même d'avoir réussit à nouer le premier bouton, et pour cacher son mécontentement, il ne trouva rien de mieux qu'un "HO" en désignant le vide. Et le rire bête qui allait avec.

Une vrai pipelette.

Elle pose le pieds à terre *clac*. Elle marche un peu pour se dégourdir les jambes en profitant de l'air frais. Le décor est quelque peu, vieux. Des mauvaises herbes et des ronces envahissent les lieux. Comme si le temps s'y était arrêté il y a longtemps, tout est fixe. De la poussière sur les vitres, partout. L'horloge arrêtée sur huit heure ne bouge plus, elle aussi est recouverte de poussière. Encore du vieux. Si tout est comme ça par ici, je sens que ça va pas le faire.

Elle ferme les yeux, profite un peu. Jusqu'à ce qu'elle entende des voix. La sienne ? Cette voix. Depuis ce moment elle semble ne la connaître que trop bien. Elle va à la source. Pendant un instant, elle se demande si la vieille l'a suivie ou pas, mais après tout je m'en fiche ?

Elle arrive, elle le voit de loin, avec un gugusse bizarre. Il est ridicule. Mais elle n'y fait pas attention, tout ce qu'elle veut c'est parler à cet homme, le reste elle s'en tape. Le surfer venu de nulle part semble parler. S'en tape. Elle arrive, vite remarquée. Elle attrape par le bras son homme.

« Alors tu pars comme ça ? T'aimes bien éviter les situations difficile à ce que je vois. Et pour répondre à tes questions, parce que oui, moi j'y réponds ; j'en sais rien et c'est ce qui rend la chose encore plus flippante. Mais de ce que j'ai vu, tu y étais... »

Elle jette un coup d'oeil vers l'excentrique.

« Alors toi t'es beau mon gaillard, d'où tu viens comme ça ? Elle reprend son sérieux. Et te bile pas à nous poser des questions du style 'Où on est ?', on en sait rien. Personne ici ne sait quelque chose ! »

La vieille est sortie du train sale à la suite de l'autre fillette irrespectueuse. Sur le quai, c'est encore sale. La gare entière, encore sale. Mais c'est pas vrai, il n'y a pas d'endroit un tant soit peu propre ici ? Où que ce soit, ici... Puisque l'autre imbécile a beau spéculer sur ses soi-disant problèmes de mémoire, elle n'avait pas de réponse à apporter à cette question non plus. Qui a des problèmes de mémoire, hein ?

Elle trouve la fillette en train de parler à deux autres garçons. Encore des jeunes. Sacrebleu, mais quand est-ce qu'elle va enfin trouver quelqu'un d'un âge respectable ? L'un d'entre eux arbore une tignasse rose. Même si elle n'a plus de souvenirs, elle est sûre que de son temps, il y avait encore des limites à l'extravagance. Des cheveux roses. Et puis quoi encore ! La vieille dame s'approche du groupe de son pas vif. Elle n'a pas vraiment le choix, à son grand déplaisir. S'apercevant que sa sympathique rencontre du train est en train de parler, elle s'applique à faire claquer sa canne et ses chaussures le plus fort possible sur le sol, pour que les deux jeunots n'entendent pas ce que la fillette dit. De toute façon, il faudrait la faire taire, celle-là. Impolie.

Elle les toise de ses petits yeux bruns vicieux, avant d'adresser un signe de tête sec aux deux garçons en guise de bonjour. Ils s'en contenteront. Celui qui n'a pas les cheveux roses a l'air aussi froid et intéressant qu'un glaçon. Elle ne regarde même pas la fillette. La scène dans le train a suffi à lui faire comprendre que ce doit être une de ces personnes qui s'attendent à avoir le monde à leurs pieds quelle que soit la situation et la personne d'en face. Mais la vieille femme se vengera, en temps et en heure. Pour l'instant, le plus urgent est de bouger. Toute cette crasse, c'est répugnant ; elle voudrait sortir de la Gare, mais pas seule, pas dans cette Ville qui a l'air abandonnée.

Malgré ses efforts, elle a saisi la dernière phrase de la fillette. Elle en profite tout de même pour essayer de faire sortir le groupe.

- Puisque personne ne sait rien, on va peut-être pas attendre de prendre racine ici ?

Elle a lancé sa phrase d'une voix hachée.

▬ Et toi ça va ? T'as pas peur d'avoir trop chaud ? Enlève donc une épaisseur, tu me donnes chaud à être habillé comme ça. Je sais pas si tu le sens, mais l'air se réchauffe, faut en profiter, faire comme les lézards et prendre le soleil, t'es un peu pâle je trouve...

Il hausse les épaules. Ah Ouais, il est pâle ... Peut être bien, mais lui ne frise pas le ridicule avec une tenue digne du carnaval de Rio. Voilà, dans sa gueule. Hum.
Il se reprend et replace ses cheveux.

▬ Je te demande pas de finir comme moi, hein, d'ailleurs je devrais peut être fermer ma chemise.

Sur ses brèves paroles, l'homme essaie de fermer les boutons de sa chemise, avec acharnement.

« T'inquiètes pas je n'avais pas l'intention de finir comme toi. »

Le mec aux cheveux roses rie bêtement après avoir abandonné sa tâche. Le petit brun ne sait pas ce qu'il doit faire, rigoler comme lui ou le classer dans le rang des êtres humains stupides dénués de forme d'intelligence et, peut être, de conscience. Enfin bon, il doit admettre que ce prétendu surfeur attire une sorte de sympathie en lui, quelque chose qui le force à écouter le flot de paroles qui sort de sa bouche, même si c'est con et inintéressant. Peut être parce que ce surfeur est son parfait contraire, avec son air décontracté, ses cheveux, son caractère aussi. Enfin, du peu qu'il connaisse.

Les talons claquent derrière eux, le brun se retourne, constatant non sans surprise que Dame l'a suivi. Il frissonne. Elle n'a pas l'air très ravie. Il retourne son attention vers Cheveux Roses, s'apprêtant à lancer quelque chose de terriblement ennuyant, sans aucun doute. Mais le bruit des talons se rapprochent et une main ne tarde pas à lui empoigner la manche.

« Alors tu pars comme ça ? T'aimes bien éviter les situations difficiles à ce que je vois. Et pour répondre à tes questions, parce que oui, moi j'y réponds ; j'en sais rien et c'est ce qui rend la chose encore plus flippante. Mais de ce que j'ai vu, tu y étais... »

Il la regarde, pas très étonné. Un air je m'en foutiste figé sur le visage. Oui, il a décidé d'être désagréable avec elle. Parce qu'elle le mérite. Un coup de pied là ou il faut pas, ça ne pardonne pas. Et le jeune homme n'est certainement pas du genre à pardonner, même s'il ne se souvient pas des circonstances, des raisons de ce geste, il ne veut pas lui pardonner. C'est stupide, il le sait, mais il s'en fout.

« Alors toi t'es beau mon gaillard, d'où tu viens comme ça ? Elle reprend son sérieux. Et te bile pas à nous poser des questions du style 'Où on est ?', on en sait rien. Personne ici ne sait quelque chose ! »

Il ne peut s'empêcher de sourire, Dame de caractère, c'est confirmé. Il ne peut s'empêcher de rire, un rire moqueur, tandis que derrière lui, des bruits se font de nouveau entendre. Comme les talons de Dame, mais plus nombreux. Wtf ? Une dame avec trois pieds ?
Encore une fois, il se retourne, et distingue une vieille femme qui avance vers eux.
Manquait plus que ça ...

« Cheveux Roses, je te présente Dame. Femme dans son état le plus détestable. »

Il lance un coup d'oeil rapide à la jeune femme.

- Puisque personne ne sait rien, on va peut-être pas attendre de prendre racine ici ?

La Vieille femme est arrivée à leur hauteur, braillant comme une ménagère à la retraite. Ce qu'elle était certainement. Le jeune homme ne peut s'empêcher de lancer une nouvelle fois une remarque acerbe.

« Bonjour, tu connais ? La politesse et toi ça fait deux ... Alala les vieux de nos jours.»

Il prend un air désespéré avant de se prendre la tête dans les mains, histoire d'accentuer encore pus ses paroles.
Cela dit, elle n'a pas totalement tort, croupir dans la Gare n'est pas une très bonne idée. Il relève la tête et regarde les personnes qui l'entourent, les interrogeant du regard pour savoir ce qu'ils en pensent.

Ses manières étaient très... Précieuses. Il avait une certaine classe malgré son look un peu eskimo, le surfeur était bien obligé de l'admettre. Ce n'était pas une attitude agaçante ou intimidante, il avait juste une sorte... D'aura ? Un standing qui lui donnait un style même avec ses frusques ternes et lambda.

« T'inquiètes pas je n'avais pas l'intention de finir comme toi. »

Le ton était un peu rude. Il n'y voyait cependant rien de méchant ou de moqueur, c'était presque comme s'il avait brisé la glace avec cet inconnu qui lui avait répondu honnêtement. Il aimait ça, l’honnêteté. Derrière-lui, une silhouette s'approchait d'eux à grands pas et vint se suspendre au bras du gars. Une sublime créature, peut être légèrement vulgaire dans ses attitudes, mais elle n'en restait pas moins une très belle femme. Au premier regard, il avait cru voir un coup, mais à l'entendre parler, ce n'était pas le cas. Aucun d'eux ne se connaissait visiblement. Eux aussi ils étaient passé dans la machine à lavé ? Punaise, c'était vraiment chelou quand même. Tous les trois étaient vraiment différents, trop pour avoir été à la même soirée.

Ses yeux étaient rivés sur la gracieuse créature qui l'intriguait encore plus que son copain frigorifié et il eut l'impression qu'on l'accusait lorsqu'elle l’interpella :

« Alors toi t'es beau mon gaillard, d'où tu viens comme ça ? Et te bile pas à nous poser des questions du style 'Où on est ?', on en sait rien. Personne ici ne sait quelque chose ! »
▬ Ça, on s'en tape un peu, moi ce qui m'inquiète, c'est qu'il est un peu pâle, fit-il en désignant l'emmitouflé. Il aurait bien voulu détaillé un peu plus les choses, éventuellement il aurait bien remis la fille à sa place. Il n'était spécialement méchant, mais son comportement avait quelque chose d'agaçant, et depuis qu'elle s'était agrippée à l'homme, il tirait une tronche pas possible.

« Cheveux Roses, je te présente Dame. Femme dans son état le plus détestable. » Oh vraiment, charmant portrait. Il en avait du culot le palot et un sacré toupet. S'il était comme ça quand ils s'étaient croisés, pas étonnant que cette Dame soit de si mauvais poil. Et à côté d'eux s'ajouta une troisième personne tirant la tronche. Sérieux ? C'était quoi le problème sérieux ? Et voilà qu'ils ouvraient les hostilités en plus.

▬ STOP STOP PAUSE POUCE ! On arrête tout là ! Cria t-il avant que cela ne dégénère. Nan sérieux, fallait qu'ils se calment là, se tirer dans les pattes ça allait pas arranger les choses quoi. Il pris une grande inspiration profitant de la surprise que ses cris avaient causé parmi l'assemblé et repris de plus belle, un large sourire sur le visage : On fait la paix ? J'vous demande pas non plus de vous embrasser, mais on laisse la hache de guerre où elle est, et on essaie de s'arranger, non ? Je sais plus comment je m'appelle donc vous pouvez m'appeler comme vous voulez. Ah ! Mais pas Cheveux roses, ça craint trop... Hum, t'as qu'à dire Saumon ! Adressa t-il à son compère après une courte réflexion. Ravi de vous rencontrer ! Conclu t-il avec sa pêche d'enfer en tendant le bras vers les autres, attendant qu'on lui serre là main. C'était le début d'une nouvelle aventure, autant commencer du bon pied.

Spoiler:

Il ne répondra pas. Elle le sait. Ca l'énerve. Elle soupire. J'aurai mes réponses plus tard alors, passons. Elle laisse tomber ? Non, elle remet juste cela à plus tard. Il n'y a aucune chance qu'il parle, trop de gens autour. Plus facile de se parler seul à seul. Ça attendra.

« Ça, on s'en tape un peu, moi ce qui m'inquiète, c'est qu'il est un peu pâle »

« On s'en fiche, qu'il soit pâle. »

On pourrait se moquer de lui dix fois plus qu'il ne le remarquerait même pas. Dame sourit à cette pensée.
Alors qu'elle pensait être débarrassée de la vieille, voilà qu'elle arrive. Super..

« Cheveux Roses, je te présente Dame. Femme dans son état le plus détestable. »

Son sourire laisse place à un regard noir en direction de cet homme. Il la regarde aussi. Elle le fixe une seconde de plus puis se retourne. Le gars aux cheveux roses semble s'activer.

« STOP STOP PAUSE POUCE ! On arrête tout là ! Il a étonné Dame, elle le regarde se demandant ce qu'il lui prend. On fait la paix ? J'vous demande pas non plus de vous embrasser, mais on laisse la hache de guerre où elle est, et on essaie de s'arranger, non ? Je sais plus comment je m'appelle donc vous pouvez m'appeler comme vous voulez. Ah ! Mais pas Cheveux roses, ça craint trop... Hum, t'as qu'à dire Saumon ! Ravi de vous rencontrer ! »

Ça devient drôle, ce qu'il dit. Dame le regarde, il tend le bras. Espère-t-il que quelqu'un lui serre la main ? Dans un élan de gentillesse, elle la lui serre en ajoutant avec son air moqueur devenu presque habituel.

« T'aurais pu trouver plus ridicule, bien joué. »

Elle lâche, repense à ce qu'a dit la vieille, ne pas croupir ici. Pour faire quoi ? Aller explorer l'inconnue et se prendre pour Indiana Jones ? Ça pourrait être marrant. Partir à l'aventure, se faire poursuivre par des singes, par un gros caillou qui roule,... Non merci, pas pour elle. La seule chose qu'elle veut pour l'instant c'est sa mémoire. Et si cette quête implique le fait de devoir sortir de cette gare, de se battre avec des serpents géants ou même contre un homme déguisé en ballerine, elle le fera. Du coup, elle sortira d'ici.

« Faut qu'on parte d'ici. »

L'idée de partir d'ici comme ça, maintenant sans rien dire lui a traversé l'esprit. Mais quitte à s'enfoncer dans un monde dont elle ne sait rien, autant le faire accompagnée. Après, si tout le monde s'en va en la laissant en plan, elle aura pas le choix mais jusque là elle va essayer de limiter les dégâts. Et qui sait, elle fera peut-être même faire de nouvelles rencontres.

Eh ben c'est bien parti, hein ? Ils sont déprimants, ces jeunes. Entre le glaçon qui croit être un modèle de politesse, l’hurluberlu aux cheveux roses et la fillette...

Mais elle est coupée dans ses critiques par Cheveux Roses qui se met à hurler. Pendant qu'il tente de réconcilier tout le monde - plutôt avec moins qu'avec plus de succès, d'ailleurs, si vous voulez l'avis de la vieille femme -, elle l'observe avec un scepticisme grandissant. Il se rend compte de ce qu'il dit, Cheveux Roses ? Pardon, Saumon. Mais quelle personne censée irait se désigner volontairement par le nom d'un poisson ? Bref. Laisser la hache de guerre où elle est... A t'en croire, elle est sortie, gamin, alors la laisser où elle est... Tsss.

Enfin, Saumon restant quand même le seul des trois jeunes à ne pas l'avoir agressée, à défaut d'avoir parlé convenablement, c'est avec réticence qu'elle glisse après la brune sa main ridée dans celle, tendue, de celui qui affiche désormais un grand sourire. Elle lâche un soupir discret et retire aussitôt sa main - c'est un de ces jeunes sacripants, il ne faut pas abuser.

Et l'autre fillette qui amène son "Faut qu'on parte d'ici" comme si c'était l'idée du siècle... Pas l'impression de répéter ce que je viens de dire, fillette ? La vieille a le poignet qui la démange, d'un coup. Une soudaine envie de donner un petit coup sec de sa canne sur le tibia de la fille, puis de regarder ailleurs comme si de rien n'était en la laissant rager dans son coin. Ce serait petit, ce serait mesquin, certes, ça la satisferait beaucoup, aussi. Mais elle se retient. C'est bien parce qu'elle est de bonne humeur, qu'elle est généreuse et qu'elle a besoin de ces jeunes, tiens.

- Bon, on sort par où ?

Plus de souvenirs, pour toute compagnie trois jeunes et de la saleté à perte de vue dans cette gare. Elle serre les dents.

Ils se serraient la main. le brun soupira, ils étaient vraiment minables avec leurs manières. Il les regarda de haut et croisa ses bras, faisant comprendre que jamais il ne serrait leurs mains, question d'hygiène plus que de fierté, bien sûr ...
Bon, il fallait avouer qu'il les aimait bien quand même. Dame avec son caractère volcanique, Saumon et sa paix dans le monde, et la vieille ...
Il n'aimait pas les vieux en faite, encore moins celles qui se permettaient de faire des remarques et de les prendre pour des imbéciles. Il aurait autant préféré avoir dans la petite troupe un bébé gluant qu'une vieille. Enfin, les deux avaient un point commun dans tous les cas : Ils avaient des couches.
Il tira une grimace de dégoût à cette pensée.

- Bon, on sort par où ?

Il se tourna vers la vieille et haussa un sourcil, la mine froide. Qui a dit qu'ils devaient sortir d'ici au juste ? C'était elle qui décidait maintenant ?! Elle qui venait juste de s'incruster. Non mais, on aura tout vu.
Il se redressa et décroisa ses bras pour les mettre dans ses poches. De nouveau il sentit le contact froid de son arme, contact aussi froid que rassurant. Il se sentait envahi par un sentiment de bien être dès qu'il effleurait son petit revolver.
Donc, comme ça, il n'aimait pas que d'autres personnes que lui puissent donner des ordres ? Il était habitué à mener les choses sans aucun doute. C'était un leadeur, ouais.
Il passa sa main dans ses cheveux :

« J'peux savoir pourquoi on resterait pas ici ? »

Il recula de quelques pas, et se dirigea vers l'entrée de la Gare, fermement décidé à ne pas partir tout de suite.

« Vous voulez vous plonger tout de suite dans la découverte des lieux sans avoir pris le temps d'observer l'endroit dans lequel vous vous trouvez en ce moment même. C'est illogique. »

Il regarda la petite troupe, un sourire arrogant sur les lèvres.

Sous la pique de Dame, la poiscaille laissa échapper un rictus de fierté. Pour sûr qu'il avait trouvé un nom ridicule, mais au moins, il était sûr que les gens ne resteraient pas de marbres en l'entendant. T'façon, il était fier pour un rien. Dame était la seul qui avait répondu à son appel de la main, peut être n'était-elle pas si mesquine qu'elle n'y paraissait. Ne jamais juger au premier abord.

Mais sérieusement c'était difficile. La vioque et Dame étaient visiblement sur la même longueur d'ondes. Elles se faisaient une sacré fixette sur le fait de sortir de la gare. Okay elle était crade, mais c'était un peu hâtif. Genre chercher de la bouffe, des armes aussi pourquoi pas, le coin avait l'air pas mal craignos mine de rien. Mais nan, les filles ça pensait jamais à toutes ces choses là. En plus vu le caractère des deux, il avait l'impression de voir des duchesses en vadrouilles plutôt que deux amnésiques dans une ville sordide - il supposait qu'elles l'étaient aussi.

La poiscaille évitait quand même de l'ouvrir, il avait l'impression que sa dernière intervention les avait refroidi plus qu'autres choses. Dommage, il voulait les booster un peu, cette bande de frigidaires ambulants plus coincé les uns que les autres. Finalement, ce fut ben euh... L'autre gars qui l'ouvrit le premier. Des paroles que Saumon ne pouvait qu’acquiescer en hochant la tête. Il avait entièrement raison et en plus il était beaucoup plus convaincu que notre ami aux branchies.

« Vous voulez vous plonger tout de suite dans la découverte des lieux sans avoir pris le temps d'observer l'endroit dans lequel vous vous trouvez en ce moment même. C'est illogique. »

Hum, sur la fin, il avait quand même quelques progrès à faire en modestie, il transpirait la fierté à plein nez, mais Saumon était parfaitement d'accord et enchaîna avec un ton guilleret, presque celui qu'un moniteur aux enfants à sa charge.

▬ Je suis parfaitement d'accords ! Si nous sortons maintenant, ce serait comme se jeter dans un rouleau sans planche, du suicide. Et puis visiter la gare pourra toujours nous dire où on est, on trouvera peut être une carte, ou de quoi nous protéger. Si le reste de la ville est dans le même état que la gare, je préfère trouver un sac et prendre des trucs utiles avant de m'y aventurer !

Réajustant ses tongs en frappant doucement ses pieds au sol, il passa ses mains dans les poches et repris d'une attitude nonchalante, quoiqu'un peu mélancolique.

▬ Je ne sais pas trop si on est pressé ou pas, mais il vaut mieux partir en étant assuré de sa propre sécurité que complètement vulnérable.

La sécurité avant tout. Une chose qui sonnait dans sa tête comme une règle absolue, une règle qu'il faut toujours respecter. D'instinct il savait qu'il fallait se méfier de l'inconnu.

Elle se sent fière de ses nouveaux jouets. Ils vont ajouter un peu de piment à tout ça. Elle les récompensera. Et Elle respectera ainsi ses règles. Ses propres règles. Un souvenir flotte désormais devant les yeux de Saumon. Alors. Que vas tu faire ?

Spoiler:

Après elle, la vieille demande par où sortir. Bonne question, Dame regarde autour d'elle. Elle aperçoit ce type qui n'a pas l'air d'accord de sortir d'ici. Il doit faire exprès de ne pas être d'accord avec elle.

« J'peux savoir pourquoi on resterait pas ici ? »

Il recule vers l'entrée. Dame soupire, elle va devoir se tirer d'ici toute seule. C'est pas possible ça..

« Vous voulez vous plonger tout de suite dans la découverte des lieux sans avoir pris le temps d'observer l'endroit dans lequel vous vous trouvez en ce moment même. C'est illogique. »

C'est une gare abandonnée, qu'est-ce qu'il veut trouver ici ?
Il a un petit sourire sur le visage, ça énerve Dame. Ce mec, Dame ne veut plus devoir être avec lui. Il est arrogant et fier, effrayant aussi. Oui c'est ça, en fait il fait peur.

« Je suis parfaitement d'accord ! Si nous sortons maintenant, ce serait comme se jeter dans un rouleau sans planche, du suicide. Et puis visiter la gare pourra toujours nous dire où on est, on trouvera peut être une carte, ou de quoi nous protéger. Si le reste de la ville est dans le même état que la gare, je préfère trouver un sac et prendre des trucs utiles avant de m'y aventurer ! Je ne sais pas trop si on est pressé ou pas, mais il vaut mieux partir en étant assuré de sa propre sécurité que complètement vulnérable. »

C'est vrai. Dame est énervée. Elle veut sortir d'ici mais en même temps ces deux-là la ramène sur terre et lui rappelle qu'ils sont complètement paumés au milieu de nulle part. Maintenant je sais ce que signifie vraiment Nulle Part... Quand on ne sait pas où on est ni qui on est, c'est vraiment génial.
Alors elle réfléchit. Être en sécurité de quoi ? C'est une ville fantôme, il n'y a personne. Elle ne peut l'assurer mais elle s'en convainc. Facilité.

« Raaah ! Bien sûr que vous avez raison ! Mais allez donc chercher vos trésors, moi, vous me tapez sur les nerfs. J'me casse. »

Merde !
Elle ne voulait pas partir, mais rester aurait blessé sa fierté. Elle est énervée, ses paroles sont sorties toute seule. Maintenant, elle doit partir et elle le fera. Et puis son instinct lui souffle de partir, rester ici avec ces gens étranges elle n'aime pas ça. Des inconnus partout, sauf lui .

Une sphère lumineuse. Comme celle qui lui avait "rendu" un bout de mémoire, d'après sa conclusion. Mais elle n'est pas pour elle, elle le sent. Elle flotte devant Saumon, ce n'est pas pour elle. Elle soupire.

Et tu te retournes, faisant voler tes cheveux bouclés, tu t'en vas marchant fièrement. *clac clac clac *

La vieille les fusille tous de son regard exaspéré, en insistant sur Saumon et le glaçon puisque la fillette tourne déjà le dos et s'éloigne. Mais ils sont tous stupides ces jeunes, c'est impressionnant ! C'est à se demander ce qu'on leur apprend à l'école de nos jours... Elle en rirait presque si elle n'était pas coincée avec eux dans la Gare abandonnée d'une Ville fantôme - et poussiéreuse. Et ils l'ont contredite, en plus. Ils ont osé lui faire cet affront ! « Non mais je rêve ! », grommelle-t-elle rageusement, indignée. Aucun respect pour leurs aînés.

Le glaçon a lancé sa tirade avec ce petit sourire arrogant et supérieur aux lèvres, qui agace profondément la vieille dame. C'est ça jeunot, souris toujours, on verra bien qui a raison au final. Et orgueilleux avec ça... Malgré elle, elle se retourne tout de même pour observer le bâtiment de la Gare. C'est sale, c'est vieux également, ça ne change pas de l'intérieur. Elle n'arrive pas à voir au-delà de cette crasse qui l'insupporte. Tout semble prêt à s'effondrer. Ça l'horripile, alors elle s'en détourne. Au moins dehors, elle ne risque pas de se faire écraser entre les mauvaises herbes du sol et le plafond.

Et Saumon qui en rajoute subtilement une couche avec un ton d'animateur de colonie de vacances. Elle expire ostensiblement elle aussi - un soupir bruyant - et secoue la tête d'un air navré. Il est pathétique, ce petit... Puis elle le regarde avec condescendance. Honnêtement, à quoi va bien lui servir son entrain ici ? L'énergie, c'est bien, mais pas quand c'est utilisé pour la contredire. Non mais...

Elle ne peut s'empêcher d'écarquiller les yeux quand une... boule lumineuse vient flotter dans les airs devant Saumon. Une boule lumineuse. Et puis quoi encore ! Et pourquoi pas une pâquerette volante, tiens ? Tsss... On aura tout vu. Elle se reprend néanmoins rapidement et, la surprise passée, ses petits yeux se plissent. Et qu'est-ce que c'est exactement ? Pas question qu'elle s'en approche, en tout cas. La vieille mégère se méfie, elle continue à fixer la chose avec suspicion. Mais elle revient bien vite à ses préoccupations précédentes. Ça flotte devant la tête de Saumon, après tout, pas devant la sienne. Ce n'est pas son problème.

Ils l'énervent. Horriblement. Ils ont oublié la règle la plus importante - tu ne leur as pas rappelée, souffle une petite voix dans les tréfonds de sa conscience. La vieille la fait taire sans soucis. Eh bien ils n'avaient qu'à deviner, ce n'est pas de sa faute s'ils sont aussi réfléchis l'un que l'autre. Elle a toujours raison, et puisque Saumon et le glaçon sont d'un avis contraire au sien, ils ont tort. C'est évident, enfin. Elle lâche un petit ricanement qui sonne comme un caquètement de vieille chouette, et se plante devant les deux jeunes imbéciles, très droite. Elle crache ensuite son venin, agitant sa canne avec de grands gestes brusques.

« Tu as peur de ce que tu vas trouver dehors, jeunot ? Mais ne t'inquiète pas, vous serez sûrement tellement plus en sécurité en restant ici. Tu ne crieras pas trop quand le plafond ou un mur te sera tombé sur la tête, hein ? Qui sait, vous allez peut-être faire une découverte extraordinaire... Vous comptez trouver quoi, au juste ? Des boules lumineuses deux fois plus grosses ? Pff, ces jeunes, je vous jure... Vous êtes insipides. Insipides et stupides.»

C'est hors de question de rester une minute de plus avec eux : ils ont osé affirmer qu'elle avait tort. Même pas sous-entendu, affirmé. Mais elle a toujours raison. Toujours. Et la vieille femme sort de la Gare, assez satisfaite d'elle-même, une main tenant sa canne, l'autre crispée sur la lanière de son sac à main, empruntant la direction qu'a pris la fille du Train à la suite de cette dernière.

D'ailleurs. Parlons-en, de direction. La vieille continue à réfléchir tout en alignant les pas de sa démarche vive et pressée. Parce que c'est qu'elle en a dans le crâne, elle, contrairement aux deux sacripants. Où est-ce qu'elle peut bien aller, maintenant ? Mmmh. Elle n'aurait peut-être pas dû abandonner les deux garçons qui auraient pu être utilisés pour la protéger, finalement... Non. Ils l'ont contredite. Suivre la fillette ? Cela paraît impossible. La brune ne la supporte pas, elle le sait bien, et c'est parfaitement réciproque. Soudain, un petit sourire, presque machiavélique, étire ses lèvres trop fines. Oh que si, elle va suivre la fillette, justement, tiens. Jouer les pots de colle. Ça va sans doute l'énerver.

Spoiler:

Pof. Pof. Et en s'éloignant du groupe Dame finit par déboucher sur une rue plus loin où elle manqua de se faire renverser par une voiture de police...

Spoiler:

▬ Je ne sais pas trop si on est pressé ou pas, mais il vaut mieux partir en étant assuré de sa propre sécurité que complètement vulnérable.

Le jeune homme hoche la tête, vraiment il n'aurait pas dit mieux. Il commence à l'aimer ce mec excentrique toujours joyeux, même si le trop plein de couleur qu'il dégage lui est affreusement agressif, il l'aime bien.

« Raaah ! Bien sûr que vous avez raison ! Mais allez donc chercher vos trésors, moi, vous me tapez sur les nerfs. J'me casse. »

Il regarde Dame, elle n'avait pas besoin de dire qu'elle était sur les nerfs à cause d'eux. Cela se voyait, ses traits tirés, ses sourcils froncés par l'agacement. Il était inutile de dire que le jeune homme connaissait bien cette expression. Oui, en faite, c'était comme s'il l'avait toujours connue, elle et ses accès d'énervement. Elle et ses phrases acerbes.
Étrangement, il se sentit pris de remords. C'était à cause de lui, entre autre, qu'elle était énervée, et le petit brun s'en voulait. Elle fit volte face et s'en alla, ses talons claquant sur le sol. Il aurait voulu lui courir après, peut être rester avec elle et s'excuser. Pourquoi ? Il ne savait pas. Mais il ne voulait pas qu'elle soit énervée contre lui, c'était tout. Pourtant il ne fit pas tout ça. Non, trop de fierté. Encore s'ils avaient été seuls, peut être l'aurait-il fait. Mais la présence de Saumon et de la veille l'en empêchaient.

« Des boules lumineuses deux fois plus grosses ?»

Gnia gniaah gniaaaaah. Le jeune homme ne l'écoute pas.
Tiens, ça faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas ouvert celle là. Il secoua la tête et remarqua la sphère lumineuse qui flottait en face de la tête de Saumon. Tiens un souvenir pour lui.
Il regarda la vieille s'éloigner avant de parler :

« Ce sont des souvenirs, je crois. Il désigna la petite sphère de la main. J'sais pas si t'en as déjà eu, en tous cas, il suffit de les toucher et tu les revis, tes souvenirs, en quelque sorte. »

Il s'arrache un sourire de la figure pour paraître aussi décontracté que lui. Mais c'est dur, et autant vous dire que ce sourire sincère ressemble plus à une grimace qu'à autre chose. Alors, il tend la main vers le poisson, vite un prénom.

«Au faite moi c'est ... Shiver. Ravi de te rencontrer. »

Merdique comme prénom ? Peut être mais il était fier de lui, se trouver un prénom en moins de cinq secondes, ce n'était pas donné à tout le monde. Puis ça claquait ce prénom, en faite, il lui était venu comme une évidence. Shiver.

Mais rofl, pourquoi les femmes semblent toujours SI compliquée que ça ? Elles ne pouvaient pas simplement admettre qu'elles avaient tort et que leurs deux beaux et séduisants accompagnateurs avaient raison ? Quand Dame leur tourna le dos, d'une façon véritablement... Ben... Euh. Enfin, le truc bien agaçant quoi, Saumon lui tira la langue avec toute la hargne qu'il pouvait avoir, c'est-à-dire pas grand chose. Il n'arrivait pas à détester les gens, même la vieille et ses remarques à la limite de l'impolitesse l'amusait. Ouais, s'il avait pu, il aurait fait une ronde avec eux, puis tous seraient parties plein de joie à la découverte de la gare. Mais visiblement, personne ne partageait sa vision et il se retrouvait relégué au rang de bonne poire faire-valoir.

Une sphère passa sous son nez. Eh ? Il n'avait pourtant rien pris encore, effets à retardements ? En tout cas, c'était carrément perché, ce truc. Un effet spécial sans doute, peut être que son hypothèse de télé-réalité avait du vrai en fin de compte !

« Ce sont des souvenirs, je crois. J'sais pas si t'en as déjà eu, en tous cas, il suffit de les toucher et tu les revis, tes souvenirs, en quelque sorte. »

Ou pas. Un truc aussi insignifiant pouvait faire revenir la mémoire ? Genre de l'hypnose où un truc du genre ? Ou alors c'était un médoc pour le lavage de cerveau. Enfin, quoi que ça pouvait être, c'était bizarre. Le poisson grimaça, pas convaincu par l'explication du frigidaire. Ce dernier lui tendit sa main en souriant. Enfin, ça ressemblait plus à un visage torturé qu'un véritable sourire. Ouah, ça fichait carrément la frousse. Ce serait cool de sa part s'il gardait sa tronche d'enterrement. Pas que le poisson n'aimait pas voir les gens sourire, c'était tout le contraire, mais quand les gens se forçaient ça sonnait faux et il n'aimait pas ça. Saumon attrapa la main de l'inconnu avec passion et joie. Youpi, un nouvel ami ♪ !

« Au faite moi c'est ... Shiver. Ravi de te rencontrer. »
▬ Shiv.. er ? Ça sentait le truc inventé sur le coup, c'était pas très joli en plus. Toujours en tenant la main de Shiver, Saumon le regarda en faisant la moue. Shiver, shiveeer. Shower, Shampoing ? Bon, je t'aime bien, alors je t'appelles Shampoing okay ? Shiver c'est cool, mais je vais pas réussir à m'en souvenir tu vois... Ah, et puis, te force pas à sourire ! Ces choses là, ça vient naturellement, ça sert à rien de les forcer.

Le sourire du poisson était radieux. Il espérait vraiment pouvoir bien s'entendre avec Shiver. Jusque là, ils avaient été sur la même longueur d'onde, non ?

▬ Bon, j'imagine que c'est le moment de commencer le traitement hein ? Et plus on va explorer tout ça ?Ne sachant pas trop comment faire les choses, Saumon s'étira les bras. Il fallait toucher, mais c'était un peu bizarre quand même. Pas de cérémonie, rien, on touche juste. Même pas un vrai mode d'emploi en fait. Si ça se trouve, ils se plantaient dans la procédure et loupaient des trucs. Et si c'était un reset ?

▬ Ah mais, si ça t'embêtes que je t'appelle Shampoing, dis moi hein !Un éclair de lucidité. Au fond, il avait peur d'oublier Shampoing si jamais ça plantait. Saumon pris une grand inspiration, ferma les yeux et posa ses mains sur la sphère lumineuse.

Et la mémoire revient à Saumon....

Saumon:

▬ Shiver, shiveeer. Shower, Shampoing ? Bon, je t'aime bien, alors je t'appelles Shampoing okay ? Shiver c'est cool, mais je vais pas réussir à m'en souvenir tu vois... Ah, et puis, te force pas à sourire ! Ces choses là, ça vient naturellement, ça sert à rien de les forcer.

Il fronce les sourcils. Puis quoi encore ? S'il voulait se forcer à sourire c'était son droit non ? Merde à la fin. Même si son sourire ressemblait à une grimace, même s'il ressemblait à un monstre comme ça, il voulait sourire, il voulait se montrer aussi cool que Saumon. Aussi détendu, il ne voulait pas se prendre la tête pour des conneries.

▬ Bon, j'imagine que c'est le moment de commencer le traitement hein ? Et plus on va explorer tout ça ?

Shiver le regarde, et se détend. Saumon semble prendre les choses à la légère, les prendre comme elles viennent. Tout simplement. Et en réalité, c'est quelque chose qui échappe totalement à Shiver.

▬ Ah mais, si ça t'embêtes que je t'appelle Shampoing, dis moi hein !

Il hausse les épaules, après tout, il en a rien à faire. S'il n'avait pas eu de nom, ça ne l'aurait pas dérangé non plus. Puis avoir une double identité, ça lui plaisait, ça faisait un peu aussi nom de code. Shampooing. Shiver.
Il sourit, un vrai sourire cette fois. Saumon venait de toucher la petite sphère. Shiver s'étira et s'éloigna de l'excentrique pour s'asseoir sur un des bancs, en attendant la fin du souvenir. Il desserra son écharpe et attendit.

Au moment où il effleura la sphère, le visage de Saumon s'illumina. Non pas à cause du souvenir, mais parce qu'il avait vu Shampoing sourire naturellement. Il n'eut pas le temps de le faire remarqué que le décor changea considérablement.

Un souvenir. Est-ce que c'en était vraiment un ? Est-ce que c'était vraiment lui qui parlait. Il pouvait sentir les regards avides de connaissances des touristes à son égard, comme s'ils allaient de se jeter sur lui pour les dévorer, lui et ses connaissances. Et ce gamin. Ce gamin qu'il attrape. C'était ça oui, ce gosse lui tapait sur le système, mais il ne le détestait pas pour autant. Mais de toute façon, ce qui l'avait vraiment marqué c'était la mer. L'odeur de la mer, la sensation de l'eau contre ses jambes, le bruit des vagues. Voilà une chose qu'il n'avait pas oublié. Il se sentait vivant et tous ses sens étaient en ébullition.

Ce fut une souvenir de courte durée, rapidement le murmure de la mère s'estompa pour ne laisser que le silence de la gare. Un retour un peu cheloux. On aurait dit un mauvais trip qui finissait après s'être pris un seau sur la tête. Ouais, il était lessivé. C'était quand même un peu space de se souvenir. Il comprenait tout et rien à la fois. Shiver n'était plus en face de lui. Téléportation ? Sérieux, il aurait pu prévenir. Saumon le chercha du regard. Il était sur un banc un peu plus loin. Sur le coup Saumon avait l'impression de voir un p'tit vieux le cul collé au banc prêt à sortir le "De mon temps" de tout les petits vieux du monde.

▬ Hey, dude ! Tu devineras jamais ! Saumon se rua vers son pote et l'attrapa par les bouts son écharpe pour se poster en face de son visage. T'sais en fait, c'est pas un déguisement, j'suis vraiment un surfeur ! C'trop la classe hein ? T'aurais vu comment j'étais, un véritable dieu de la mer. C'est un truc quand même hein ! On croit des trucs et finalement, c'est vrai. Enfin peut être pas, si c'est un mauvais trip, j'ai ptet imaginé des trucs. 'Fin le gamin, je crois pas que je l'ai inventé. Ah oui, parce que tu vois, y avait un gosse que j'avais l'air de connaître. Mais genre pas moyen de savoir qui sait. Si j'le croise ptet que je m'en souviendrais.

Il relâcha un peu son emprise sur l'écharpe. Il parlait trop non ? Shampoing il allait faire une indigestion. Mais en même temps il parlait pas beaucoup son pote. Oh mais d'ailleurs !

▬ Ca a rien à voir, mais t'as souris non ? J'ai pas rêvé hein ? T'sais que sourire naturellement ça te change, on croirait presque que tu nous veux du bien. Quoique. Enfin c'pas contre toi, mais t'as toujours l'air d'en vouloir au monde, alors je m'inquiétais quand même. Mais une personne qui sait rire de bon coeur, elle peut pas être méchante. Simpliste ? Et pourquoi pas ?

Lâchant définitivement, Saumon repoussa son ami sur le banc. Il s'était souvenu d'un truc, mais pour le coup, ça n'avait pas vraiment arrangé les choses. Dame et la vieille étaient partie, il ne restait plus qu'eux deux maintenant.

▬ Alors, on se le fait notre tour de la gare ? Il tendit la main vers Shiver, une invitation à l'aider à se relever, mais également un signe fort : celui de leur association. A partir de maintenant, c'était leur aventure.

Shiver regarda Saumon longuement, et celui-ci ne tarda pas de revenir parmi le commun des mortels. Fini le souvenir.
Il le vit se retourner, le cherchant du regard. Shiver n'esquissa pas le moindre geste, c'était drôle à regarder en réalité. Un mec aux cheveux roses, au look de Surfer dans une gare abandonné tournant sur lui même comme une toupie. Ouais, c'était drôle.
Soudainement, l'excentrique sursauta avant de courir vers Shiver. Shiver sentit sa main se glisser dans sa poche avant de l'arrêter. Saumon n'était pas un ennemi.
Le poisson empoigna Shiver par l'écharpe et commença à lui parler longuement. Des phrases sortaient de sa bouche par centaines, non, c'était exagéré mais c'était l'impression qu'avait le petit brun en écoutant Saumon.
Pourtant Shiver l'écoutait avec soin, notant les informations importantes que lui délivrait Saumon. Sans le vouloir celui-ci venait de confirmer une de ses thèses. Enfin, il avait peut être dit ça à la légère, mais au moins, il pensait la même chose que lui.
Il resta silencieux encore un moment, fixant Saumon.

▬ Ca a rien à voir, mais t'as souris non ? J'ai pas rêvé hein ? T'sais que sourire naturellement ça te change, on croirait presque que tu nous veux du bien. Quoique. Enfin c'pas contre toi, mais t'as toujours l'air d'en vouloir au monde, alors je m'inquiétais quand même. Mais une personne qui sait rire de bon coeur, elle peut pas être méchante.

Le Surfeur le repoussa sur le banc, lâchant son écharpe. Enfin.
Shiver essuya la poussière imaginaire qui s'était posée sur son manteau et remit son écharpe correctement dans son manteau. Mon dieu, il avait froid. Il ne comprenait pas comment le surfeur pouvait se trimbaler en short dans un lieu ou il n'y avait que des courants d'air.
Le brun releva la tête et vit la main de Saumon en face de lui. Il avait dû rater un épisode. C'était ça de trop parler, on perd son auditoire en chemin. Franchement, il fallait qu'il se la ferme un peu plus.
Shiver pris la main de l'excentrique et se releva. Il le regarda un instant puis se retourna vers le chemin qu'avait emprunté les filles. Il s'en voulait de ne pas les avoir suivies. Surtout Dame. Elle semblait si ... Fragile ? Non. Le simple souvenir de son passé l'empêchait de dire quelque chose d'aussi insensé. Cette fille était une tigresse. Et encore, c'était peu pour décrire son caractère volcanique et brutal.

« Je te suis, Saumon. »

Ou comment faire en sorte que la personne en face de vous ne sache pas que vous ne l'avez pas écouté.
Il regarda le ciel et fronça les sourcils. Il fourra ses mains dans ses poches et enfonça le bas de son visage un peu plus dans son écharpe. Franchement, il faisait froid.
Il reporta son attention sur la gare.

« T'as raison, pour les souvenirs. »

Il fit quelques pas vers la gare avant de s'arrêter.

« Si tu croises la personne qui était dans ton souvenir, dans ton fragment de mémoire si tu préfères. Y a de grandes chances que tu puisses avoir un autre fragment. Il marqua une pause et soupira. Perso' j'pense que c'est de l'amnésie artificielle. On est dans une ville test, on a choisi des personnes au hasard et on les fout là dedans, pour voir comment ils se débrouillent. S'ils peuvent survivre. »

Il s'étonnait lui même des fois. Il avait réussi à assembler plus de trois phrases, sans se sentir troublé ou dépassé par les choses.

En voyant le geste de Shiver, Saumon fixa ses mains et les retourna, il avait les mains sales ? Il n'aurait certainement pas vu dans ce geste du mépris comme auraient pu le comprendre d'autres personnes. Non, il se demandait juste s'il avait les mains sales. Il ne voulait pas abîmer les affaires de son ami quand même. Celui empoigna sa main et le poisson affichait un air satisfait. En route mauvaise troupe ! Mais décidément, Shiver était vraiment trop frileux. Comment pouvait-il essayer de se couvrir encore plus ?

▬ Te couvres pas trop, après, quand on va sortir, tu vas avoir froid. Enfin, plus que tu ne l'as déjà. Puis il se ravisa d'en dire plus. Il parlait trop. Un peu embêté par sa loquacité, il baissa les yeux, regardant ses pieds. Belles tongs n'empêche. Puis la voix grave de Shiver le rappela. Hein ? Raison de quoi ? Il avait dit quoi déjà ? Il avait oublié.

« Si tu croises la personne qui était dans ton souvenir, dans ton fragment de mémoire si tu préfères. Y a de grandes chances que tu puisses avoir un autre fragment. Perso' j'pense que c'est de l'amnésie artificielle. On est dans une ville test, on a choisi des personnes au hasard et on les fout là dedans, pour voir comment ils se débrouillent. S'ils peuvent survivre. »

... Wha ? C'était possible pour lui d'aligner autant de mot d'un coup ? Saumon affichait maintenant la même tête qu'un mérou, pour rester dans la thématique. Le temps que l'information ai rejoint le cerveau et qu'il puisse analyser tout ça... Et il avait compris !

▬ Genre, Battle Royal ? Saumon allait continuer, mais peut être que Shampoing ne connaissait pas Battle Royal. C'était un film asiat', pas génial d'ailleurs... Ils envoyaient une classe sur une île et ils devaient tous s’entre-tuer jusqu'à ce qu'il en reste plus qu'un, tu vous le genre ? Il arrêta la son explication, de toute façon, ce n'était pas son but d'origine. Donc on serait bien dans un genre de télé-réalité ? T'as sans doute raison. Saumon commença à marcher vers le grand hall de la gare, continuant de parler. Il n'aimait pas le silence. Si tu veux mon avis, ça me paraît trop gros pour être du hasard. Si ça avait vraiment été juste pour la survie, on aurait pas eu besoin de nous rendre amnésique.

Il regarda dans le hall. Peut être y avait-il un endroit où il pouvait trouver des infos. Un accueil, ou des guichets pourquoi pas. Il ne chercha pas longtemps pour trouver les alignements destinés à la distribution des billets. Ni une ni deux, il enjamba l'un des guichets pour passer de l'autre côté. C'était vraiment poussiéreux. Il ouvrit quelques tiroirs, mais il n'y avait rien. Dommage.

▬ C'est vide de ce côté, j'aurais espérer trouver un plan, ou un peu de thunes pourquoi pas...

Quoique l'argent ne lui servirait pas à grand chose.

Shiver secoua la tête, vraiment, Saumon avait des références particulières, entre son short hawaïen et son film louche asiatique. D'ailleurs, ce film ne lui disait rien du tout. Un truc débile avec du sang qui ressemblait plus à de la peinture rose fushia qu'à du vrai sang quoi. Le jeune homme voyait bien de quel film il pouvait s'agir. Le genre de film pas réaliste du tout, des acteurs incompétents et des intrigues impossibles et très peu crédibles. Enfin, dans ce qu'ils étaient en train de vivre à ce moment même, rien n'était crédible non plus. Amnésie partielle et artificielle. Fallait avouer que cette télé réalité avait vraiment frappé fort sur ce coup. Le concept était bien trouvé. Il espérait juste qu'il serait très bien payé à sa sortie, et qu'il ne se ferait pas trop ridiculiser. Un minimum de dignité ne faisait de mal à personne.

« Ouais dans l'genre là. »

▬ Donc on serait bien dans un genre de télé-réalité ? T'as sans doute raison. Si tu veux mon avis, ça me paraît trop gros pour être du hasard. Si ça avait vraiment été juste pour la survie, on aurait pas eu besoin de nous rendre amnésique.

Ils avancèrent vers la gare, et ils ne tardèrent pas à se retrouver dans un hall, dans le même style que l'extérieur. Abandonné et poussiéreux.

« L'amnésie. Ouais. Peut être pour recommencer la vie à zéro ? Pour repartir sur de bonnes bases. »

Il ne croyait pas ce qu'il disait, repartir sur de bonnes bases, c'était impossible. On avait toujours l'âme à refaire les mêmes erreurs. Les mêmes choix sans doute. En tous cas, ce n'est pas avec une amnésie partielle que sa vie allait prendre un nouveau tournant.
Il suivit Saumon jusqu'au guichet, tandis que celui-ci regardait dans les tiroirs, Shiver observa la pièce avec toujours ce même silence caractéristique.

▬ C'est vide de ce côté, j'aurais espérer trouver un plan, ou un peu de thunes pourquoi pas...

Toujours a gâcher les moments de paix celui-là. Shiver ne ressentait aucune colère à cette pensée là, mais plutôt un certain amusement. Il n'avait jamais vu ça, quelqu'un parler autant. Mais en réalité, Shiver avait beau s'en plaindre, il s'y était vite habitué, et il trouvait dans chaque phrase du poisson rose, quelque chose de réconfortant, d'encourageant. Il n'aurait pas pu décrire le sentiment qui naissait en lui, c'était encore quelque chose d'étrange à ses yeux. Peut être était-ce la joie ? L'envie de rire aux éclats pour un rien ? Peut être. En tous cas, on aurait pu comparer Saumon à un véritable soleil, illuminant tout sur son passage. Mais autant vous dire que ça, jamais Shiver ne l'aurait avoué, trop de fierté encore une fois.
Le jeune homme s’assit sur le bureau, et regarda de nouveau autour de lui. Une gare. Un quai et un Hall de gare. Quoi de plus normal ?
Il plissa les yeux et fixa l'horloge. Il haussa les épaules et se releva.

« Si t'es un mec qui bosse ici, tu ranges tes affaires où ? »

Pour bien chercher, il fallait se mettre en situation, et en l’occurrence, ici, se mettre dans la peau d'un chef de gare, ou d'une personne dans le même genre.
Rapidement, il fit le tour du hall, juste pour avoir un aperçu de la pièce. Celle-ci était réellement déserte. C'est flippant.
Il revint vers l'excentrique, ses mains plongées dans les poches de son manteau. Il se retourna vers l'horloge, en réfléchissant.

« Mec, il est 8 heures depuis cinq minutes. C'est normal ça ? »

Rapidement. En quelques secondes, l’aiguilles des minutes s’emballe et tourne à la vitesse de la lumière. En quelques secondes presque visibles, l’horloge est passé de 8h05 à 9h05. Rêve, folie ou réalité ?

Son ami ne faisait absolument rien à part marcher. Il pouvait s'y mettre un peu quand même. Okay, il avait l'air d'être dans un état post-mortem avec son teint délavé, mais Saumon ne pouvait pas faire la comparaison, il avait la peau foncée naturellement. C'était peut être pour ça que Shiver lui paraissait si pâle. Le poisson continua à ouvrir les tiroirs, grommelant intérieurement que Shiver n'en faisait pas une. Mais bon, en soit, il n'y avait pas graaand chose à faire. C'était un peu genre... Vide ? En fermant un peu trop vite un tiroir, il y coinça sa dragonne. Immédiatement, il rouvrit le tiroir - qui coinçait du coup - en forçant. Il allait presque s'énerver dessus quand le fil se décoinça. Saumon poussa un soupir de soulagement. Il aimait bien ce truc, ça lui rappelait... Son souvenir ? Il ne se souvenait de rien, alors ça ne pouvait rien lui rappeler. Nouveau départ... C'est ce qu'avait dit Saumon.

▬ T'sais, tu dis repartir sur de bonnes bases. Mais j'ai pas l'impression que je sois le genre de personne à m'attarder sur le passer. 'Fin j'dis ça, j'en sais trop rien. En plus j'ai oublié. Mais quand j'vois mon souvenir, j'pas l'impression que c'est mon genre... Il resauta par dessus les bureaux pour s'asseoir à côté de Shiver. Puis tu te vois accepter l'aide de type qui te sorte "On va vous aider à repartir à zéro, comme si tout avant n'était jamais arrivé ? Bonjour la secte, moi j'me méfierais. Puis t'as vu où ça nous a mené ? Au moins, je sais que je ferais définitivement plus confiance aux belles paroles. Conclu t-il en se balançant sur le comptoir. Mais Shiver regardait déjà autre part. Il ne l'écoutait jamaiiiis jusqu'au bout. Saumon fit la moue.

« Si t'es un mec qui bosse ici, tu ranges tes affaires où ? »

Saumon parut réfléchir un instant. S'il bossait ici ? Mais il n'en savait rien lui. Il s'imaginait certainement pas avec le costume du chef de gare. Sais pas. Répondit-il, j'l'ai garderais sur moi sans doute. Plus pratique. Il haussa les épaules. C'était ptet pour ça qu'ils ne trouvaient rien. Saumon suivit du regard Shiver, qui allait et venait. Au moins, il avait l'air un peu plus motivé. Mais pas sûr que son petit tour allait servir à grand chose. La preuve, il revenait déjà. Efficacitééé.

« Mec, il est 8 heures depuis cinq minutes. C'est normal ça ? »

Saumon leva les yeux distraitement. Sur le coup, il eut l'impression de voir l'aiguille bouger. Mais ce n'était sans doute qu'une impression, parce que l'aiguille était bel bien immobile. Sur le neuf.

▬ Moi je lis 9. Mais à mon avis, vu l'état de la ville, je doute que les horloges marchent vraiment. Mais la question pouvait se poser, quelle heure était-il ? C'était le matin non ? Il fouilla dans ses poches pour en sortir un portable. Mais le pauvre objet ne fonctionnait pas. Plus de batterie ? Il le remit dans la poche et en tira un autre objet. Celui-ci fonctionnait, mais y avait un truc pas normal.

▬ C'est possible qu'il soit 72h ? Ce truc est cassé, je crois. Comme l'horloge si tu veux mon avis..

« » **Contenu sponsorisé**

» problème pour s'inscrire
» Miguel, problème moléculaire.
» Houston, nous avons un problème !
» « C'quoi ton problème ? Chacun son parfum wesh.

Ces gens ont un sérieux problème avec les normes d'hygiènes dans ce bled.

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