La femme blonde lui avait demandé de rapporter de quoi manger pour tout le monde. Génial, il était le larbin de service, maintenant. Cette pensée lui arracha un sourire ironique alors qu'il pénétrait dans la cuisine. Pourtant, ça ne le dérangeait pas tant que ça de rendre service. Surtout si ça lui permettait de se faire pardonner son entrée pour le moins fracassante dans la maison. Il y avait dans la pièce tout un joyeux bazar de denrées alimentaires éparpillées un peu partout. La flic avait sans doute commencé à fouiller la pièce pour trouver quelque chose de comestible. Au moins, il avait un aperçu de ce que contenaient les placards. Des paquets de riz, de pâtes, de chips, même, des boîtes de conserve en tous genres - dont la vision lui fit aussitôt penser à la lanceuse de raviolis en boîte - ainsi que de biscuits étaient étalés sur les plans de travail et dans les meubles ouverts. Bon, ça au moins il pourrait le prendre. Enfin, sans doute. Il avisa les plantes grimpantes qui s'étaient emparées des murs et du parquet, la poussière qui traînait sur le mobilier, et en conclut que tout dans cette habitation était vieux. Et en un état terriblement mauvais. Avec la chance qu'il avait eu jusqu'à présent, toute la nourriture était sans doute aussi périmée que la baraque !

Novembre se saisit d'un sachet de spaghetti figurant dans le tas de provisions disposé sur l'établis puis le porta à hauteur d'yeux. La date de péremption, c'était écrit où, déjà ? Après avoir tourné et retourné l'objet dans tous les sens, il avisa une date, imprimée à l'encre noire sur le dessous du paquet. Même si elle lui paraissait valide, le jeune homme se rendit vite compte qu'il ignorait jusqu'à la date actuelle. Comment s'en assurer, alors ? Il reporta son attention sur le contenu de l'emballage plastifié. Les pâtes avaient un aspect plus ou moins normal - elles n'étaient pas vertes ou marron, et ne tombaient pas en miettes sous ses doigts. Bon, elles étaient mangeables, alors, non ? Sans doute. Sauf que les pâtes, voyez-vous, ça se fait cuire. Il soupira, agacé. Pourquoi l'avait-on collé dans la cuisine ?! Est-ce qu'il savait quoi emporter à manger - est-ce qu'il avait une tête à le savoir ? Non. Non, bien évidemment. Mince, à la fin ! Il rejeta le sachet dans un placard ouvert, désordonnant encore plus les autres affaires restantes. Tant pis, après tout, ce n'étaient ni sa maison, ni ses placards. Qu'avait-il à faire de l'ordre ? Il constata le massacre à l'intérieur du meuble, s'en détourna résolument. Légèrement désœuvré, il promena son regard un peu partout sur la pièce, avant de le poser sur l'évier. S'il n'y avait pas eu d'eau dans les toilettes du métro, peut-être y en aurait-il ici ? Il actionna le robinet, plein d'espoir. Mais déchanta très vite. Rien, pas de résultat ici non plus. Nouveau soupir, de déception, cette fois-ci.

Comment allait-il survivre sans eau ? Y avait-il au moins une goutte d'eau dans cette pauvre ville déserte ?! Plus il y pensait, et plus il commençait à se dire que la soif serait son pire ennemi dans ce coin paumé. Un adversaire bien plus vicieux et effrayant que cette "chose" qui les avait poursuivis à la gare. Enfin, peut-être pas poursuivis. Qui avait rôdé autour d'eux, en tous cas. Il fit visuellement le tri dans ce qui était étalé sur le plan de travail de la cuisine : il ne pourrait rien emporter qui soit en conserve ou à faire cuire, ce qui éliminait tout de même pas mal de choses. Adieu les spaghetti, les raviolis, le riz, le maïs, les haricots verts, les petits poids, et bon vent ! Restaient les biscuits secs, les paquets de chips et les céréales. Sans l'aide la date d'expiration - qu'il se mit à maudire mentalement de toujours jouer avec ses nerfs en se trouvant dans des petits rabbi-coins pas possibles - il constata que tout semblait encore comestible. C'était tout de même étrange, tout ça. Les maisons étaient abandonnées, mais la nourriture y abondait, et tout était mangeable. Sa méfiance se réveilla - décidément, elle le suivait partout. Un piège ? Il rassembla ce qui lui semblait facilement transportable sur la petite table en bois qui trônait au milieu de la pièce en fronçant les sourcils, songeur. Quelqu'un avait-il habité cette maison, avant ? Si c'était le cas, ce n'était pas vraiment une fée du logis, et cette personne avait du quitter précipitamment l'endroit, sinon, ses affaires ne seraient pas toutes entassées là. Pas vrai ? Mais pourquoi partir, alors, qu'y avait-il de si effrayant ou dangereux, mise à part l'absence de monde ?

Tout en réfléchissant, il avait machinalement tourné la tête du côté de la fenêtre et scrutait le "dehors" sans vraiment le voir. Novembre cligna des yeux lorsqu'il aperçu une silhouette inconnue se dirigeant vers la maison. Inconnue ? Pas tout à fait, en fait... En s'approchant de l'encadrement branlant de la fenêtre, il constata avec un mélange d’appréhension et de stupeur qu'un autre jeune homme s'approchait. Grand, cheveux blonds et longs... "L'Hidalgo" ?! Ici ?! Le brun ouvrit la fenêtre, arrachant au passage quelques plantes tenaces qui en condamnaient l'ouverture, et le héla au passage par le seul nom qu'il lui connaissait :

« Hé, l'Hidalgo ! »

Il fallait bien essayer quelque chose. Voir un visage vaguement familier était quelque chose d'assez exceptionnel, finalement, ici, alors autant de pas manquer sa chance. Et puis, ils étaient amis après tout, non ? Peut-être que l'autre en saurait plus ?

- Sacre dieu de bon sang du diable...

Hawkeye marchait le plus rapidement qu'il pouvait malgré sa cheville blessé. Il regardait plusieurs fois derrière lui afin de vérifier si les deux boulets de service ne l'avaient pas suivis où le traquaient dans l'ombre pour éviter que celui-ci ne vienne à exploser de colère. Mais bon, il était vraiment seul et n'avait plus à craindre de se retrouver dans la mouise à cause de la petite blondinette aux airs pas net. Il faut dire que ce truc qu'elle appelait "elle" ne lui avait fait aucunement le moindre mal et de plus, elle semblait pouvoir d'une manière ou d'une autre communiqué avec elle. Si c'est pas louche déjà...et puis avec son air d'autiste, son mutisme et son regard parfois psychopathe, il valait pas mieux traîner avec elle, si ce n'est pour la balancer du haut d'une falaise ou d'un immeuble.
Mais pour le moment Hawkeye avait réussit à se débarrasser d'elle, dommage pour l'autre...Circé car bien qu'elle n'avait fait que lui gueuler dessus depuis le début de leur rencontre, elle était plutôt mignonne. Bah elle n'avait rien à craindre tant qu'elle n'était pas seule, au pire elle pourrait balancer la gamine dans la première gueule du premier monstre qui passe, ça devrait pouvoir faire l'affaire et elle, la tirer d'affaire. Après avoir quitté le train d'une manière subite et irréfléchie, Hawkeye s'était avancé vers la ville, vers les premières habitations qu'il pouvait voir à l'oeil nu. Peut être finirait-il par trouver quelqu'un qui puisse lui indiquer son chemin ou lui en apprendre un peu plus sur ce qui se passe ici. Car franchement, une plante géante qui se met à attaquer et à limite tuer tout ce qui bouge, ça doit pas courir tous les quartiers. Du moins il l'espérait car s'il parvenait à quitter cette ville de malheur mais que Plantula pouvait le retrouver et finir le boulot, il ne donnerait pas chère du reste du globe.
Le voilà donc à se balader de droite à gauche une clope en bouche sur laquelle il tirait impunément mais pour autant pas trop souvent. Il n'avait qu'un seul paquet de cigarette, s'il était obligé de rester un moment en ville, il allait devoir se limiter un peu. Au lieu de tirer de dessus comme un forcené en manque de nicotine, il laissait la clope se consumée lentement au bout de son bec, humant par ci et là cette odeur qui lui déliait l'esprit et le rendait moins nerveux. Il n'était pas un gros fumeur, il ne fumait pas non plus pour le plaisir, il fumait uniquement pour se détendre les neurones afin d'y voir un peu plus clair, bien que la réflexion n'était pas son fort. Son regard se baladait sans cesse entre la droite et la gauche, ses poings serrés et ses sourcils froncés montraient qu'il était sur ses gardes et prêt à décocher un pain dans le premier visage qui pourrait sortir de l'ombre et lui vouloir du mal.
Après une courte marche labyrinthique à travers les rues de cette ville fantôme, il arriva auprès de ce qui pourrait ressembler à un quartier plutôt calme du fait qu'il n'y avait que des maisons au lieu de grand building. Il se promena par ci et là, ne savant où vraiment allé. Il se faisait tard donc il devrait sûrement y avoir quelqu'un quelque part en train de souper devant la télé ou bien de s'occuper avant de passer la nuit dans un bon lit bien douillet. S'il arrivait à en chopper un, il pourrait enfin se sortir de ce guêpier.

« Hé, l'Hidalgo ! »

Son oreille perçu un appel venant d'une des maisons abandonnés. L'hidalgo ? A l'entente de son nom, son corps tout en entier fut parcouru d'un grand et lent frisson qui partait de ses pieds pour remonter vers sa tête. Tous ses poils se hérissèrent tel un animal enragé tandis que le frisson parcourait son corps. Il mordit sa cigarette si fortement qu'il en vint à la couper en deux, ne gardant qu'un bout du filtre dans sa bouche. "L'Hidalgo" ? Décidément il détestait vraiment ce surnom débile que lui avait donné ce type dans ce souv...Hey une minute papillon là. Il venait d'entendre l'exact surnom qu'il avait entendu dans son souvenir. Serait-il possible qu'une personne qui le connaissait était dans les parages. Son regard se dirigea vers la provenance du bruit et il remarque très vite qu'une personne était à une fenêtre d'une des maisons. Il se dirigea vers celle-ci d'un rapide et décidé.
Arrivé à hauteur de la maison, il sauta tant bien que mal à travers la fenêtre et attrapa l'homme à qui il avait affaire par le col avant de lui adresser un regard remplit de colère. Ce jeune homme était brun et faisait à peu près sa taille. Ses yeux bleu masqué par quelque mèche le fixait. Quand à ses habits, quoi de plus de banale qu'une veste blanche avec un T-shirt. Bah en même temps il ne valait pas mieux niveau concours de mode mais bon sur l'instant il s'en fichait pas mal, et s'en ficherait sûrement tout le long de sa vie.

- M'appelle pas comme ça connard !

La phrase sortit toute seule, sans même qu'il n'y ait eut le temps d'y réfléchir ne serait-ce qu'une seconde. Le surnom d'Hidalgo avait fait resurgir le peu de mémoire qu'il avait et venait de revoir son souvenir qu'il avait eut dans le train. Cette phrase était exactement celle qu'il avait dit au type de la radio, celui qui l'avait aussi surnommé l'Hildago. Est-ce que cet homme était la voix dans la radio? Ou bien était-il simplement une autre personne qui faisait parti de ceux qui l'appelait communément L'Hidalgo? En tous cas ces mecs là devraient vraiment de sniffer n'importe quoi car c'est vraiment un surnom de merde qu'on lui avait donné.
Alors que son regard avait finis de se balader sur la personne qui était en face de lui, il finit par le relâcher et le repousser "doucement" afin de garder ses distances. Ils ont pas élever les cochons ensembles à ce qu'il sache...du moins ça il ne pouvait pas vraiment le savoir car il n'avait plus aucun souvenir.

- T'es qui toi? D'où est-ce que tu tiens ce surnom?

Durant cet bref accolade, Hawkeye n'avait pas quitté le jeune homme du regard. Ce dernier soutenait son regard en lui répondant avec ses yeux bleu déterminés et ne fléchissant pas. Il ne détourna pas son regard une seule seconde, comme s'il voulait montrer qu'il ne se laisserait pas faire indéfiniment et que c'était uniquement pour le moment qu'il le laissait agir à sa guise. Bizarrement et sans en avoir l'explication pour le moment, son corps semblait se détendre auprès de ce jeune homme. Tous ses muscles crispés par ce qu'il venait de vivre s'étaient détendus un à un, laissant le jeune homme dans un étrange état de quiétude intérieur, bien qu'il montrait toujours les dents de l'extérieur. Ne dit-on pas que le corps à sa propre mémoire? Et que celle-ci ne fera jamais défaut à son propriétaire comparé à celle de l'esprit? Il est vrai que l'esprit peut contenir beaucoup plus de mémoire et de meilleurs qualité, mais le corps lui ne les oublies pas.
Le jeune brun finis par se défaire de la prise qu'il avait sur lui et vint se poser contre le mur le plus proche, prenant la pause du bad boy par excellence ou du type classieux. Soit il faisait ça pour son prendre son air d'intéressant prêt à sortir une réplique type qui a de la gueule, soit il voulait tout simplement prendre ses distances tout en restant avec lui. Dans tous les cas, leur regard bien que brisé durant l'instant où il allait pour se poser, ils se fixèrent bien vite de nouveau, laissant toujours plané un léger silence entre eux. Heureusement celui-ci ne prit guère longtemps à s'effacer.

« Je pensais que tu saurais. Tu te rappelles pas de moi ? »

Parce qu'il le devrait en plus? Oui bon il était amnésique et ce n'était pas tout simplement en voyant ce type à la fenêtre d'une baraque abandonné qu'il allait forcément le reconnaître. La première raison qui l'a poussé à fondre sur ce jeune homme était de lui faire fermer sa gueule. Bah oui, "L'Hidalgo" lui hérissait les poils donc il n'allait pas partir comme si de rien n'était. Et la seconde raison était qu'il était la "seconde" personne à croisé dans cet univers de barge et de défoncé. Est-ce que la drogue faisait planer à ce point là? Peut être qu'il était tellement défoncé que même réveillé il était toujours sous l'emprise de la drogue et qu'il se baladait en fait dans les rues de n'importe quelle ville normale en jouant les amnésiques. La vous me demandez qu'est-ce qui aurait pu prendre la place des plantes qui lui ont broyé la cheville ? Hey...une fois défoncé tout est possible je vous dirais! Peut être qu'il s'était simplement rien fait mais se l'imaginait ? Oui bon ça semble un peu abusé et bateau mais au moins Hawkeye voyait là dedans qu'il n'avait pas perdu les plombs en se disant qu'il vivait vraiment un enfer dans une ville abandonné.

« Apparemment, on est tous dans la même galère... Tu peux m'appeler Novembre. »

'Novembre ? C'est con comme nom...il s'est prit pour un calendrier ou quoi?' Ainsi donc le jeune homme à qui il avait faire s'appelait Novembre. Un nom bien peu commun pour un être humain mais parfait pour vous donner la date. Hawkeye regarda le jeune homme avec qui semblait être de la sympathie pour une première. Il faut dire qu'il n'y était pas allé de main morte avec les deux demoiselles du train, peut être était-il finalement plus à l'aise avec un congénère? Ou bien peut-être était-il tout simplement plus à l'aise avec lui en particulier comparé aux deux gugusses du début.

« Et toi, du coup, tu veux que je t'appelle comment ? »

- Appelle moi Hawkeye pour le moment, après on verra..

Hawkeye faisait enfin une phrase sans gueuler ni insulter son interlocuteur! Une grande première pour cet énergumène qui avait passé tous son temps à gueuler sur tout ce qui bouge : Circé, Soie, le train, les plantes, la sphère à souvenir et Novembre...enfin tout ce qui avait croisé son regard et mérité qu'il gueule. Novembre ne le laissait pas indifférent, il lui donnait l'impression de le connaître depuis longtemps et de le porter en partie dans son estime malgré son caractère invivable. Il s'adossa contre le mur en face de Novembre, croisa ses bras et le fixait avec un fin sourire dessiner sur son visage. Peut-être était-il temps de penser à se faire des alliés dans cet univers glauque?

- Tu te tiens droit, prêt à décocher un pain et tu auras sûrement les couilles de le faire...je t'aime bien toi, t'es plus intéressant que t'en as l'air le calendrier!

Oui bon il ne faut pas lui en vouloir hein? Il fait déjà de son mieux pour ne pas gueuler alors on peut bien lui pardonner cette petite méchanceté qu'il à eut l'égard de son interlocuteur. Il faut dire qu'il lui avait tendu une sacré perche en se nommant avec un des mois de l'année. Franchement, c'était pas classe du tout comme blase! Il lui aurait fallu quelque chose qui lui colle un peu plus et lui mette en valeur sa paire de cojones! Mais bon Hawkeye n'avait pas vraiment l'envie de lui trouver un surnom plus sympa que Novembre donc il allait continuer de l'appeler ainsi comme ça tout le monde est content et rien ne change.
Sans savoir pourquoi il se remémora les phrases que lui avait prononcés le dit Novembre. Il avait l'impression, qu'en plus d'avoir des impressions de le connaître, que sa voix ne lui était pas étrangère non plus. Surtout lorsqu'il l'avait appelé l'Hidalgo. Une chose est sûre, tout le monde ne devait pas l'appeler comme ça vu comment il s'emporte quand il entend ce surnom. Il devait sûrement être utilisé par des personnes très proches ou égal à lui même. Ce qui voudrait dire que Novembre serait un proche ou quelqu'un qu'il considérerait comme son égale? Oh et puis zut, il n'avait pas vraiment envie de réfléchir pour le moment.

- Hey pourquoi je devrais me rappeler de toi?

'Hawkeye'... Ça voulait dire "œil de faucon", ça. C'était de l'anglais. Novembre se demanda un instant pourquoi il comprenait l'anglais, puis écarta ce nouveau mystère de ses pensées. Dans un premier temps, il ne devait pas se focaliser sur le pourquoi du comment, mais plus sur ce qui découlait de cette connaissance de l'anglais. L'autre voulait qu'on l'appelle "œil de faucon", point barre. Au moins, ça allait bien avec ses yeux et son air peu aimable... Le dénommé Hawkeye, donc, laissa tout de même entendre qu'il ne porterait pas ce nom éternellement. Quoi de plus normal, après tout ? Tout le monde ici voulait sans doute retrouver sa véritable identité, non ? Janvier, Clow, lui-même, et maintenant ce type... Ça faisait un peu beaucoup d'amnésiques au mètre carré, tout ça. Surtout qu'à part eux, il n'y avait pas grand monde. Et vu l'air perdu qu'avaient affiché la flic et le supposé junkie, il était prêt à parier qu'eux non plus ne savaient rien de leur passé. Tiens, il y avait beaucoup de blonds, dans tout ça. Et une remarque stupide, une ! C'est en pensant à cela qu'il se rendit compte qu'il essayait inconsciemment de trouver des points communs à tout le monde. Et c'était vrai, ils devaient bien avoir un, pour s'être retrouvés coincés dans cette ville déserte dont il ignorait tout, jusqu'au nom. À part l'amnésie collective, évidemment. Mais il ne les avait pas assez côtoyés pour arriver à une conclusion satisfaisante. Peut-être était-ce juste le fruit du hasard ? Soit, sauf qu'il ne croyait pas à ce genre de hasard.

L'autre s'était adossé au mur d'en face, les bras croisés. Ça faisait vraiment scène de film, vu comme ça. Le face à face entre deux personnages... Sauf que là, c'était la réalité. C'était déjà beaucoup moins drôle. Surtout qu'il était l'un des personnages mis en scène, et qu'il n'avait aucune idée du rôle qu'il devait jouer dans toute cette mascarade. Et comment savoir ? Précisément. Il ne pouvait pas savoir. Ici, pas de gentil, pas de méchant. Juste deux mecs paumés et amnésiques dans la cuisine envahie par les plantes d'une maison abandonnée. Le blond reprit la parole. D'accord... Était-il en train de lui faire un compliment, finalement, ou bien devait-il encore se méfier de ses mots ? Bon, évidemment, la fin de sa phrase était déjà moins élogieuse. Quoi, il avait peur qu'il prenne la grosse tête ? "Le calendrier" ? Bien trouvé, vraiment. Un sourire ironique se dessina sur son visage. Lui aussi s'était fait la remarque. "Novembre", ce n'était pas un nom, juste un mois de l'année. C'était l'idée de Janvier. Mais était-ce vraiment important ? Au moins, l'Hidalgo avait cessé de vociférer des menaces à tous bouts de champ. C'était plutôt positif, non ? Il n'avait pas l'air d'être le genre à sourire niaisement à tout le monde, ou à distribuer des louanges à la pelle. Non, en fait, c'était plutôt une grande gueule agressive et effrontée. Enfin, c'est ce que le jeune homme avait déduit de son comportement de tout à l'heure. Donc il était vraiment possible qu'ils aient été amis, avant, non ? Ou au moins qu'ils aient entretenu des rapports cordiaux ? Nouveau silence. Devait-il lui faire confiance ? Pouvait-il se permettre de faire confiance à quelqu'un, ici ?

« Parce que tu m'as envoyé régler un deal à ta place, et que les flics ont débarqué. »

Oui, tout simplement. C'était une bonne raison de se souvenir de lui, non ? Hawkeye ne devait pas aimer tourner autour du pot, alors autant jouer le jeu. Ça changeait de la conversation niaise et ennuyeuse de l'autre rouquin. Et puis lui, il était apparu dans son souvenir. Pas Clow. Et il lui devait un service, aussi. Ça pouvait toujours être utile, non ? Avant qu'un nouveau silence ne s'installe - le silence était agréable, mais trop de silence tue le silence, vous savez... -, Novembre poursuivit sur sa lancée :

« Mais je sais pas s'ils ont réussi à tous nous coffrer ou pas... En fait la seule chose dont je me rappelle clairement, c'est t'avoir parlé un peu avant, et m'être fait tirer dessus par un flic. »

Il omit de préciser qu'il s'agissait de l'équipe de la femme blonde qui était restée sur le pallier avec l'autre jeune homme. Volontairement. Il avait déjà créé assez d'embrouilles sans le vouloir, pas la peine d'en rajouter - surtout si l'Hidalgo s'en mêlait, ça risquait vite de très mal tourner. Il passa également sous silence le tout premier souvenir qu'il avait revécu dans le métro abandonné. Ça, ça ne concernait personne d'autre que lui-même. Le blond n'avait pas à le savoir. Mais assez parlé de lui. Ce n'était pas très intéressant, au final. Il entendit du mouvement dans les pièces d'à côté. La flic et l'autre blondinet devaient déjà être en train de fouiller la maison à la recherche de fournitures utiles. Vraiment, l'avoir collé dans la cuisine, c'était suicidaire.

« J'imagine que toi non plus, tu te souviens de rien... Tout le monde est paumé, ici, de toutes façons. »

Oui, ça résumait bien la situation. Très bien, même - trop bien. Simple constat, pour clarifier les choses. Il savait, l'autre savait, bref, ils savaient. Que pouvaient-ils y faire ? Survivre ? Qu'y avait-il d'autre à faire que de "survivre", en attendant ? "En attendant", mais en attendant quoi ? Des réponses ? La mort ? Novembre ne voulait pas attendre. L'attente était du temps perdu et du temps à perdre, il n'en avait pas. Il se rendit compte qu'il n'avait pas consulté le sablier bleuté qui pendait toujours à son cou depuis sa sortie du métro. Merde ! Et s'il s'était déjà vidé ? Après tout, un sablier aussi petit, ça ne devait pas contenir beaucoup plus de quelques minutes... Pourtant, ça faisait bien une heure et demie qu'il s'était réveillé dans le train désert, peut-être même plus. Il se décolla du mur pour s'approcher de la lampe centrale qui pendait du plafond. Elle avait beau fonctionner, elle n'éclairait pas des masses. Il fallait dire que les locaux avaient l'air vieux, et il s'estima heureux que l'électricité marche encore. Après s'être faite cette remarque fort utile sur l'état des lieux, il se saisit de l'étrange clepsydre. En la regardant de plus près, il s'aperçut qu'il y avait plus de sable dans la partie supérieure qu'avant. Quoi, ça avait encore augmenté ? Il fonctionnait à l'envers, alors ? Pourtant les grains azurés descendaient, lentement mais sûrement, jusque dans la moitié inférieure de l'objet.

Puis il percuta. Dans le métro, du temps avait été ajouté à son compteur juste après qu'il ait émergé de sa vision. La même chose avait du se produire juste avant, sauf qu'il avait été trop préoccupé par le flash-back pour s'en rendre compte. Il y avait donc un moyen pour qu'aucun décompte n'atteigne zéro. C'est qu'il ne fallait vraiment pas laisser son sablier se vider, alors. C'était très mauvais signe. Il avait l'impression qu'on jouait avec lui, et il n'aimait pas ça. Il se retourna vers Hawkeye :

« T'as aussi un truc pour compter le temps, non ? »

« Parce que tu m'as envoyé régler un deal à ta place, et que les flics ont débarqué. »

Ohla..un deal? De quoi est-ce qu'il parlait celui là? Hawkeye ne savait vraiment pas de quoi il parlait. Pourquoi un deal? Etait-il une sorte de commerçant ou de vendeur? Non ça ne lui ressemblerait pas trop...quoi qu'il ne se souvenait plus de rien de sa vie d'avant. Mais Novembre avait utilisé le mot deal, et aussi flics. Ce qui voulait dire que ce n'était pas une simple transaction commune et légale. Au vu de son ton, il semblerait bien qu'en fait, il ait commis quelque chose d'illégale et se soient retrouvé dans le pétrin. Il essaya de fouiller dans sa mémoire mais le seul souvenir qui lui revint fut celui qu'il avait récupéré en étant dans le train. Rien dans ce souvenir ne laissait envisager qu'il commettait un deal, si ce n'est la présence du type hispanique qu'avait l'air pas net et qui tapait sur les nerfs du jeune blond.
Il ne pouvait donc pas contredire sa parole ni pour autant l'approuver. Mais il faut bien avouer que ce serait super classe s'il était dans un gang et qu'il dealait à droite et à gauche de manière illégale. Ouai...ce serait vraiment super classe. Le blond ténébreux avec la clope en bouche et le flingue en main, prêt à dessouder le client s'il venait à lui manquer de respect.

« Mais je sais pas s'ils ont réussi à tous nous coffrer ou pas... En fait la seule chose dont je me rappelle clairement, c'est t'avoir parlé un peu avant, et m'être fait tirer dessus par un flic. »

Ah ouai...bon la faut bien avouer qu'il devenait de plus en plus responsable dans le souvenir de Novembre. Mais bon c'est pas sa faute en même temps! Enfin...peut être...du moins il l'espérait fortement. Ce serait contre nature d'être une balance, lui qui est le premier à régler ses comptes seuls et en direct alors pourquoi passer par la police? S'il avait voulu se faire la peau de Novembre, il l'aurait massacré à mains nues lui même. Bah oui? Pourquoi demander à quelqu'un, sachant qu'il y a une chance qu'il rate plutôt que de le faire sois même, proprement et efficacement? Et puis malgré sa carrure identique à celle du jeune homme, si ce n'est une légère différence dans la coupe des muscles, Hawkeye serait sûr de prendre le dessus. Pourquoi ça il ne le savait pas, mais à chaque fois qu'il avait désiré se battre depuis qu'il s'était réveillé, son corps le démangeait pour faire donner des coups de manières très étranges. Pratiquait-il un art martial par le passé?

« T'as aussi un truc pour compter le temps, non ? »

- Hein?

Hawkeye regarda Novembre avec un sourcil arqué. Un truc pour compter le temps? Qu'est-ce que c'est encore que ce bordel qui venait de déblatérer? Bon faut dire qu'il débout depuis pas longtemps et peut être que lui en savait plus que lui. Enfin depuis qu'il l'avait rejoint il arrêtait pas de lui poser mille et une question. S'il continuait ainsi le cerveau d'Hawkeye allait exploser et il allait lui passer une sacrée gueulante. " Mais qu'est-ce que j'en sais moi à la fin bordel de merde!" serait sûrement une phrase qu'il aimerait sortir mais il se ravisa rapidement. Il devait récolter le plus d'info possible avant de savoir s'il devait le mettre au silence ou non. De par son attitude posé et réfléchis, Hawkeye devinait qu'il en savait beaucoup plus que lui sur ce qui se passait dans ce pays de malade.
Il se mit donc à fouiller ses poches avec pour but de trouver un quelconque objet pouvant lui "compter le temps". Dans sa poche droite il en sortit son paquet de cigarette et son briquet. Voyons...est-ce que le nombre de cigarette qu'il consommerait serait un "truc pour compter le temps" ? Ce serait étrange...et ça pousserait à la consommation en plus. Non ce ne devait pas être ça. Il fouilla son autre poche et en sortit son porte-feuille, des clés et enfin un étrange réveil digitale. Tiens qu'est-ce que ça fout la ce bordel? Ce serait ça un truc pour compter le temps? Maintenant qu'il y repense, Circé, elle, avait une montre en argent et il avait que Soie possédait un sablier doré. Et pourquoi lui il se trimbalait avec un réveil digitale? C'est super pas commode comme objet pour se trimbaler avec! S'il tenait le type qui lui avait refourgué un tel objet pour compter le temps [hum hum..]. Il rangea tout ce qu'il avait dans sa main dans sa poche sauf le réveil digitale qu'il montra à Novembre.

- Tu parles de ce machin là? Ca sert à quoi ce bordel? Balance ce que tu sais je serais fixé au moins!

Hawkeye eut l'air surpris de la question. C'était bizarre. N'avait-il croisé personne, avant ? Ou bien n'avait-il tout simplement pas fait attention à ce qu'il avait dans les poches ? Il en sortit d'ailleurs une petite foule d'objets qu'il rangea aussitôt, à l'exception d'un minuscule réveil digital. Voilà, lui aussi avait un de ces étranges objets dans ses poches ! Bon, ça, c'était fait. Sauf que le blond commença à s'énerver. Ça n'a pas l'air d'être une flèche, celui-là, pensa Novembre avant de se dire qu'il était peut-être normal d'être un peu perturbé par les évènements. Lui-même ne comprenait pas vraiment ce qu'il faisait ici, pourquoi il avait ce fichu sablier bleu accroché autour du cou, et comment il avait pu se réveiller amnésique dans un vieux train des années soixante sans voir personne d'autre que Clow et Janvier à la gare. Tous ces amnésiques, tous ces compteurs, c'était trop louche pour être plausible. Il se passait quelque chose. S'il voulait des réponses, il allait lui falloir découvrir quoi exactement. Y avait-il au moins un responsable à trouver ? Il repensa à l'espèce de frisson qui l'avait parcouru sur le quai, alors qu'il commençait à discuter avec les deux autres. S'il ne s'était pas enfui en courant à la suite du rouquin et de la petite brune, peut-être aurait-il pu en découvrir un peu plus sur la ville ? Il regrettait d'être parti si vite. Surtout pour ce que ça lui avait apporté. Oui, donc, il fallait répondre... Mais en fait, il n'en savait pas vraiment plus sur ces appareils à compte à rebours.

« Je sais juste que tout le monde en a un, et que ça sert de compte à rebours. Je pense pas qu'on veuille le voir atteindre zéro, par contre. Ça se remplit quand on... »

Mince, c'était quoi l'expression, déjà ? Non, ça faisait vraiment trop bizarre. "Obtenir un souvenir" ? C'est... Possible ? Sa raison lui soufflait que non. Et pourtant, c'est bien ce qui s'était passé. Deux fois, même. Bon... Hawkeye voulait la vérité, non ? Il n'allait certainement pas aimer que le brun lui sorte quelque chose d'aussi improbable, mais dans la vie, il faut savoir ce que l'on veut.

« Quand on récupère un souvenir. »

Voilà, c'était dit, c'était fait. Même si c'était totalement absurde, c'était comme ça, et pas autrement. C'était ridicule, insensé, irréaliste. Et pas du tout crédible. Tant pis. Il pouvait bien le prendre pour un fou, maintenant, ça n'avait pas d'importance. Il était certain de ce qu'il avançait, aussi impossible que ça puisse paraître. Il y avait des choses qu'on ne pouvait pas croire, mais qu'il fallait quand même accepter pour avancer. Ce problème de mémoire en faisait partie. Et si une part de lui-même refusait encore d'y croire, il avait déjà assimilé ce fait.

« C'est les espèces de sphères jaunes qui apparaissent de nulle part. Je crois que ça a un rapport avec ce qu'on fait ou dit. »

Il lui aurait bien dit qu'après les avoir touchées on avait une vision, mais ça serait sans doute s'enfoncer un peu plus dans la catégorie des dégénérés mentaux. Pourtant, il avait vu Clow et Janvier se saisir de ces orbes lumineuses. Et vu l'état de la flic et du blondinet dehors, quelques instants plus tôt, eux aussi avaient revécu des souvenirs après avoir attrapé ces sphères dorées. Et puis, s'ils étaient censés être amis, il devait le ménager un peu, non ? Ça faisait beaucoup de choses à intégrer d'un coup. Beaucoup de choses impossibles, surtout. La porte de la cuisine s'ouvrit sur "La Flic" - oui, parce qu'il fallait bien trouver de quoi la désigner, en attendant de connaître son nom -, qui brandissait fièrement un sac en bandoulière beige, assez large pour contenir toute une flopée d'affaires. Son air ne fut étonné qu'un instant, après quoi elle lança un magistral « Tiens, tu t'es fait un nouveau pote ? » parfaitement en décalage avec le côté alarment de la situation, puis lui tendit ledit sac beige en lui assurant qu'il serait assez grand pour qu'il y mette toute la nourriture à emporter. Mais pourquoi l'avait-on collé dans la cuisine ?! Il se saisit du sac en détaillant le visage de La Flic. Pas de doute possible, c'était bien la même femme que dans son souvenir, en un peu plus mature, peut-être. À part ça, toujours le même teint doré, les mêmes yeux verts de chat... Et la même autorité, aussi. Ça, par contre, il aimait moins. Enfin, pas qu'il l'aimait bien, après tout, elle avait essayé - et peut-être même réussi, ce qui aurait été pire - de le coffrer avec les autres dealers et les junkies, dans cet entrepôt. Mais bon, il ne la détestait pas non plus, elle faisait son travail, et puis, il ne la connaissait pas... Mais c'étaient quoi ces pensées emberlificotées ? Depuis quand il était du côté des flics, lui, hein ?

Bref, elle lui demanda de prendre des trucs pratiques pour pouvoir manger en chemin. Oui, et bien il ne pensait pas être trop stupide, non plus, alors évidemment, il n'allait pas prendre de boîtes de conserves impossibles à ouvrir. Mourir de faim avec des boîtes de raviolis en conserve sous le nez, ça serait vraiment trop bête. Il soupira. Elle continua quand même à faire ses recommandations. Bon, ça allait, il avait compris. Pas la peine d'en rajouter. Il l'aurait volontiers fusillée du regard pour lui signifier qu'il n'était pas idiot et qu'il savait quoi prendre, si un mot n'avait pas attisé sa curiosité. La "fontaine" ? Il y avait une fontaine, dans cette ville-fantôme ? À tous les coups, l'eau était croupie. Ou au moins non potable. Mais il ne savait pas d'où elle venait, après tout. Peut-être l'avait-elle déjà vue. Peut-être que, finalement, il y avait plus qu'une goutte d'eau dans les parages. Bien plus, même. Puis La Flic s'éclipsa. Novembre se contenta de poser le sac sur la table sans prêter plus attention à la conversation qu'elle avait entamée avec l'autre blondinet, dont il n'entendait de toutes façons que des bribes éparses à travers la fenêtre et la porte de la cuisine.

« Elle a pas tord, finit-il par lâcher au bout d'un moment. Pour l'instant, on s'occupe de l'essentiel pour rester en vie. Après, on se pose des questions sur le reste. »

Il commença à ouvrir des placards muraux un peu au hasard et à en sortir tout ce qui pourrait être utile et transportable. Pas grand chose, en fait, mais au moins, il y avait des paquets de chips.

« Bon, tu comptes venir m'aider ou tu préfères moisir ici avec les plantes ? »

Même si son ton n'était pas agressif, il attendait du blond qu'il lui donne un coup de main. Il lui avait bien fait part de ses connaissances - quoique très faibles - de la ville dans laquelle ils s'étaient retrouvés, l'autre lui devait bien ça, non ?

« Je sais juste que tout le monde en a un, et que ça sert de compte à rebours. Je pense pas qu'on veuille le voir atteindre zéro, par contre. Ça se remplit quand on...quand on récupère un souvenir. »

- Hein?

Alors là, ça le dépassait un petit peu...juuuuste un petit peu, pour être polie. Il regarda Novembre, les yeux grand ouvert et l'oreille bien tendu. Au ton et regard de son interlocuteur, il ne semblait pas mentir et était même assuré de ce qu'il venait de dire. Hé bien..soit son hallucination empirait de minute en minute soit c'était que l'endroit où il s'était retrouvé devenait de plus en plus bizarre et complètement barré. Ce réveil servirait de compte à rebours ? Hawkeye tourna l'objet vers lui et regarda l'heure qui y était affiché. Il est vrai que ce réveil n'était pas vraiment à l'heure. Hawkeye essaya de le bidouiller via les boutons du réveil mais rien ne fonctionnait, comme si l'unique fonction rattaché à ce réveil était le compte à rebours.
Il rangea le réveil dans sa poche et regarda de nouveau Novembre. Mais où est-ce qu'il s'était retrouvé? Il avait l'impression que ça n'allait jamais en finir. Depuis le début tout s'enchaînait assez rapidement et de pis en pis. Si ça continuait ainsi, on allait bientôt lui dire que s'il respire trop fort il explosera d'un coup parce qu'on aurait aussi trafiqué tout son organisme pour qu'il soit une bombe à retardement. Et qui sait? Peut être qu'en fait il était bourré de confettis et de bonbecs et lorsque le compte à rebours atteindra zéro, son ventre explosera et une grosse banderole "Happy birthday" sortirait de son bide tandis qu'une foule de monstre chelous se jetteraient sur lui pour chopper les bonbecs ?

« C'est les espèces de sphères jaunes qui apparaissent de nulle part. Je crois que ça a un rapport avec ce qu'on fait ou dit. »

Ca il savait déjà. Lorsqu'il était dans le train, il avait frappé dans une de ces sphères qui étaient apparues devant lui et Circé. Tiens en pensant à elle...est-ce qu'elle allait bien? Faut dire qu'il était parti un peu précipitamment du train après avoir récupéré ce souvenir, il n'avait pas vraiment envie de rester plus longtemps dans ce train de malheur. Donc ces sphères auraient un lien avec ce que l'on fait ou dit ? Si on partait de ce principe là, ça pourrait prendre des années à savoir quelle geste à quel moment avec qui en disant quoi et où il faudrait faire afin de pouvoir décrocher un souvenir. Il ne se sentait pas vraiment l'envie d'expérimenter tout et n'importe quoi afin de regagner sa mémoire. Il préférait attendre que celle ci lui revienne au fur et à mesure plutôt que de chercher à la regagner.
Soudain, une personne fit irruption dans la pièce où se trouvait Novembre et Hawkeye. Ce dernier ne put s'empêcher d'être surprit de trouver quelqu'un d'autre dans cette baraque pourrie. Novembre n'était pas seul en fin de compte? Etait-il plusieurs autre part dans cette maison? Peut être que cette maison était en fait un refuge pour personne amnésique? Bon ça serait un peu exagéré mais bon Novembre et lui était amnésique ainsi que Circé et Soie, ça supposerait qu'il y en aurait d'autre dans le même état qu'eux, soit sûrement toutes les personnes qu'il allait croisé dans ce trou paumé. Hawkeye n'était peut être pas une personne qui aime réfléchir mais il n'est pas con non plus. La personne qui fit irruption était une femme blonde, à son air autoritaire et expéditrice, elle devait sûrement avoir plusieurs balais de plus qu'eux deux. Mais ce n'était pas une raison de se faire commander par le premier qui passe! Respectez vos aînés qu'on dit. Pour les respecter faudrait déjà les reconnaître comme tel, et pour Hawkeye, elle n'était juste qu'une enquiquineuse de service en plus qui se prend pour la cheftaine. Certes dans ce genre de situations les gens ont tendance à se tourner vers la figure la plus confiante et autoritaire, qui a en plus un poil de jugeote et qui se d'emmerde pas trop mal mais bon, Hawkeye était plutôt du genre à faire ce qu'il y a faire dans son coin comme ça il n'aurait pas à prendre les responsabilités des autres. Hors de question pour lui de réparer les merdes des autres, ils ont crées les problèmes, ils les arrangent tout seul et point barre.
Pour autant elle semblait lui parler avec familiarité et sur un ton tranquille. Mais ça n'avait pas l'air de plaire à Novembre pour autant. Ils auraient peut être plus de point commun qu'il ne semblerait en fin de compte? Peut être que ce petit filou cachait bien son jeu mais était une véritable machine à distribuer des pains à tout ce qui bouge? 'Ouai ce serait pas trop mal de se balader avec un mec pareil' pensa-t-il tandis que le jeune homme se faisait ordonner par la blondinette. Elle lui tendit un sac qu'il, après le départ de la femme blonde, jeta sur la table de la cuisine.

« Elle a pas tord. Pour l'instant, on s'occupe de l'essentiel pour rester en vie. Après, on se pose des questions sur le reste. »

Pas faux. Hawkeye partageait le point de vue de Novembre. Il était primordial pour le moment de pouvoir survivre, on peut toujours vivre sans mémoire. Mais d'un autre côté, il avait vraiment la flemme de faire que la blonde lui avait demandé. S'il devait prendre des provisions, ce serait pour sa gueule et il se tirerait avec et tant pis pour les autres. Premier arrivé premier servis, et il était hors de question qu'il fasse ami ami avec une blonde qui se la joue chef de troupe.

« Bon, tu comptes venir m'aider ou tu préfères moisir ici avec les plantes ? »

- Ca va ! C'est bon ! Y'a pas le feu au lac...putain...

Hawkeye se décala de son mur et se mit à fouiller à droite et à gauche en vue de quelques vivres. Il fouilla le dessous de l'évier pour n'y trouver que des produits de vaisselles...qui bizarrement donnèrent quelques idées en tête au jeune homme. Il les déposa sur la table de la cuisine. Il regarda ensuite dans le réfrigérateur qui était dans un coin de la pièce mais n'y trouva rien dedans. Arf, ça aurait été trop simple s'il y avait déjà de la bouffe dedans non? Il en profita pour regarder le congélateur qui était lui aussi vide. Mais il trouva quelque chose qui l'intéressa : de la glace. Il prit un couteau dans un des tiroirs de la cuisine et décolla un bout de glace qu'il prit entre ses mains. Il attrapa par la suite le premier torchon qui passait dans le coin, brisa la glace, le plaça dans le torchon et le noua autour de sa cheville blessé. Il serra le torchon bien fort ce qui lui arracha un léger gémissement de douleur mais il n'avait pas le choix pour s'assurer que le torchon de fuirait pas.
Il se redressa par la suite en soufflant un peu. La glace commençait à faire effet très rapidement, sa jambe endolories ne lui faisait plus mal au fur et à mesure que le froid s'insinuait dans sa cheville. Bon dieu ce que ça lui faisait du bien, il aurait du y songer plutôt une fois rentré dans la baraque. En revanche la glace ne tiendrait pas des heures donc il espérait pouvoir en retrouver, ou alors que sa cheville guérisse à temps. Tandis qu'il fouillait dans des placards en hauteurs pour en sortir moult épices et condiments, il repensa à ce que lui avait dit Novembre sur lui et son souvenir. Il s'était fait prendre par les flics par sa faute? Non, s'il était dealer, jamais il n'aurait balancé qui que ce soit. Ce n'était pas son genre, et puis pourquoi est-ce qu'il aurait fait ça? Mais aussi pourquoi lui avait-il demandé de régler ce deal à sa place ? Toutes ces questions fusaient dans sa tête mais une chose était sûr pour lui en tout cas, jamais il n'aurait mit un compère dans la merde.

- Tu sais, finit-il par lâcher, peu importe si ce que tu dis est vrai ou non, mais si c'est vrai, je ne te laisserai jamais tomber.

Pendant qu'il délestait les placards muraux de tout ce qui pourrait être utile au petit groupe, Hawkeye se mit à farfouiller sous l'évier, puis dans le réfrigérateur. Après un coup d’œil rapide à ce que faisait le blond, Novembre s'aperçut que ces derniers étaient vides, à l'exception du placard sous le lavabo qui contenait des produits vaisselle. Génial, ça leur faisait une belle jambe, d'avoir des produits vaisselle. Il n'y avait même pas d'assiettes dans ces foutus placards. Quoi que, il y en avait peut-être dans d'autres meubles. Mais de toutes façons, ils n'allaient pas rester ici. D'ailleurs, le jeune homme aux cheveux châtains commençait sérieusement à douter sur le passé de cette maison. Elle était complètement délabrée, comme laissée à l'abandon, pourtant, la nourriture à l'intérieur semblait encore comestible, et le simple fait qu'il y ait de quoi manger ici laissait présager que quelqu'un allait peut-être revenir pour se servir. D'accord, eux, ils étaient déjà en train de se servir. Mais puisqu'ils n'avaient croisé personne jusqu'à présent, la demeure lui paraissait louche. Avait-elle été habitée, autrefois ? Rien ne tenait la route. Bien, il y repenserait plus tard. Pour l'instant, il était déjà bien content de trouver de quoi grignoter. Le seul problème, c'était l'eau. Il n'y avait pas d'eau courante... Hawkeye détacha un bloc de glace du congélateur avec un couteau. Glace. Eau. Glace. Eau. Glace. Eau ! Il y avait de l'eau dans cette maison ! Il esquissa un sourire victorieux, jusqu'à ce que l'Hidalgo commence à pilonner la glace dans un torchon. Mais... Mais... Mais non ! Qu'est-ce qu'il fabriquait ?! Il fallait trouver des récipients, des casseroles, des bouteilles, n'importe quoi, mais il fallait conserver l'eau !

Puis l'autre noua la serviette pleine de glaçons écrasés autour de sa cheville et serra aussi fort que possible, lâchant une exclamation de douleur. Il était blessé ? Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt... ? Lorsqu'il se releva, Novembre remarqua qu'il boitillait. Ah. Ça n'allait pas arranger les choses. Pas du tout, même. Il n'aurait pas pu faire plus attention ? pensa-t-il avec sarcasme. D'ailleurs, comment s'y était-il pris ? La blessure était moche et gonflée, sans le torchon qu'il avait passé autour, c'était assez étrange. Il ne s'était sans doute pas foulé la cheville en marchant trop vite, c'était clair. Que lui était-il arrivé ? Y avait-il d'autres "Choses", plus belliqueuses, dans le même genre que celle qu'il avait croisée sur le quai ? C'était son problème, après tout. Non ? Non ? Comment ça, "non" ? Évidemment. C'était le problème de tout le monde, ici, de savoir ce qui les attendait au coin des rues. Mais peut-être s'était-il tout simplement battu, ou coincé le pied dans une porte, aussi. Et vu ses manières particulièrement délicates... Ça n'aurait pas étonné le brun. Pas du tout, même. L'autre fouilla à son tour dans les placards en hauteur. Il avait décidé de l'aider, tout compte fait. Novembre ouvrit un troisième meuble, à la recherche de bouteilles, thermos ou autre récipient pouvant contenir quelques glaçons - et même s'ils n'étaient pas potables une fois revenus à l'état liquide, de l'eau ou de la glace, ça pouvait toujours servir. Il trouva des tupperwares, des casseroles, des couvercles, mais rien de tellement pratique pour transporter un liquide. Après avoir dégagé un peu d'espace pour mieux s'y retrouver dans le placard - c'est-à-dire après avoir flanqué toute une batterie de récipients en vrac sur l'établi -, il avisa deux thermos gris métallique et une gourde deux fois plus petite - qui devait pouvoir contenir un petit litre de boisson. Il s'apprêtait à s'en saisir pour les ranger dans le sac beige qui traînait sur la table quand Hawkeye reprit la parole.

Il ne le laisserait jamais tomber ? Sûr ? Ça n'avait pourtant pas l'air d'être le genre à se soucier des autres, encore moins des inconnus. Peut-être qu'il le croyait au moins un petit peu, alors. Et qu'il se sentait responsable de l'arrivée des flics, qui pouvait savoir ? Non, pas le genre, se ravisa-t-il. Ou alors il ne voulait pas passer pour le lâcheur de service. C'était déjà un peu plus probable, comme hypothèse. Ou bien il y avait un peu de tout. Toujours était-il que sa soudaine fraternité étonna et déconcerta Novembre, qui ne savait pas trop quoi répondre. Qu'est-ce qu'on disait dans ce genre de situation ? "Merci, la même" ? Non, ça c'était trop cliché. Trop vide de sens. D'un autre côté, il fallait dire que la phrase était pour le moins inattendue. C'était pas vraiment le moment.

« Euh... Merci ? Je pense pas que c'était de ta faute, de toutes façons. T'avais autre chose à faire, c'est tout. »

Il y eut un silence. Long, court, peu importait, il était là. Maintenant qu'il avait en face de lui le type de son souvenir, il ne savait plus quoi lui dire. Il ne l'aidait pas trop, en plus, puisqu'il ne se rappelait de rien. Ou en tous cas, de rien qui le concerne.

« T'inquiète, tu peux aussi compter sur moi si t'as un problème. On est potes, non ? » Ajouta-t-il d'un ton légèrement plus optimiste.

Ah, oui. Hawkeye ne s'en rappelait pas. Novembre lui-même n'était pas sûr de ce qu'il avançait. Il l'avait simplement deviné. Ça paraissait logique. Presque évident. Il ajouta un peu plus bas, presque pour lui-même :

« Enfin, je crois... »

Finalement, il attrapa les thermos. Et la gourde. Et il fourra tout ça dans le sac en bandoulière, qui commençait à être bien rempli, avec toute la nourriture qu'ils y avait mise. Il se retourna pour ouvrir un buffet qui devait sûrement contenir de la nourriture, mais stoppa son geste en avisant le torchon qui entourait la cheville du blond.

« Tu t'es fait ça comment ? » Lâcha-t-il en désignant sa blessure d'un geste de la tête.

Elle les observa, rageuse. Les règles de son propre jeu lui plaisaient de moins en moins mais Elle ne pouvait pas se permettre de les changer. Pas maintenant. Pas comme ça. Dépitée, Elle laissa jaillir les deux sphères de souvenirs qui se fixèrent juste devant les nez de Novembre et Hawkeye, éclairant leur visage.

Une part d'Elle songea que leurs retrouvailles étaient touchantes. L'autre se demandait ce qu'il se passerait lorsqu'ils sauraient... Au final, les voir retrouver la mémoire risquait d'être drôle...

Spoiler:

« Euh... Merci ? Je pense pas que c'était de ta faute, de toutes façons. T'avais autre chose à faire, c'est tout. »

Hawkeye fixa Novembre qui continuait de farfouiller à droite et à gauche et qui fourrait tout ce qu'il trouvait utile dans un sac. Ce n'était pas sa faute, il se mettait à l'espérer fortement. Mais il avait beau essayer de chercher encore et encore le moindre souvenir de ce deal foiré, mis à part le souvenir où il était laissé pour mort sous la flotte et celui où il était avec l'hispanique...le souvenir où il était laissé pour mort ? Maintenant qu'il y repensait, il n'était pas vraiment entièrement amnésique. En se réveillant dans le train il avait bien un unique souvenir en tête, celui où la pluie fouettait son visage tandis qu'il ne parvenait plus à faire le moindre geste, allongé au sol. Il y avait du sang sur lui, mais il ne pouvait dire s'il y en avait beaucoup ou pas, donc il ne savait pas si c'était une blessure grave ou non. En même temps si sa blessure lui avait été fatale, il ne serait pas là non? Non...quoi que ? Ce serait possible qu'en fait il soit mort et ressuscité dans ce monde? Une sorte de purgatoire où ses mauvaises actions lui attiraient des emmerdes et ses bonnes actions lui permettaient de gravir une nouvelle marche vers le paradis?
Ou pas...enfin ce n'était pas le moment de s'inquiéter pour ça. Pour l'heure il devait suivre les ordres de la blondasse et de Novembre, qui suivait ceux de la blondasse...donc autant dire qu'il devait simplement suivre les ordres de la blondasse, et récupérer des vivres et des trucs nécessaires pour survivre. Hawkeye reposa son regard sur les produits vaisselles qu'il avait sortit. Etrangement, voir ses produits ne lui donnaient pas envie de faire le ménage, mais l'inverse, tout faire péter. A les regarder des connaissances vinrent se présenter dans sa tête, des connaissances sur des mélanges plutôt dangereux et assez impressionnant pour, si on en a les quantités adéquats, faire son propre feux d'artifice mais au sol. De quoi faire fermer sa gueule à ce truc qui les observe...s'il le où la trouve.

« T'inquiète, tu peux aussi compter sur moi si t'as un problème. On est potes, non ? »

- Maintenant ouaip !

Hawkeye regarda son compère avec le regard fier et déterminé. Il ne savait pas pourquoi, mais il savait qu'il ne perdrait rien à faire équipe avec lui, même mieux, qu'il allait plutôt bien se marrer. Novembre sortit des thermos et une gourde et les fourra dans le sac. Mince, si ça continuait Hawkeye allait pas trouver grand chose et passer pour un con. Maintenant qu'il avait prit soin de traiter sa jambe, il se bougeait avec un peu plus d'aisance. Alors il l'aida à fouiller les meubles de la cuisine, à l'ancienne. Il prit un des placards d'un mur d'a côté, l'arracha d'un coup sec et le balança sur le sol. Fouiller à l'ancienne ça prend du temps, il faut savoir innover de temps en temps non? Il souleva de nouveau le placard et vida son contenu sur le sol avant de jeter le placard vide dans un coin. Il trouva dedans, en virant la plupart des assiettes et bol qui traînaient en pièces sur le sol, des recharges de gaz pour une lampe à pétrole moderne. De quoi faire de mini-bombes...pourquoi est-ce que tout ce qu'il voyait dans cette cuisine lui donnait toujours des idées d'armes? Une personne normale se dirait qu'il y aurait sûrement une lampe quelque part et que ça pourrait servir pour éclairer la nuit ou dans les endroits lugubre. Non lui dès qu'il voyait un truc c'était des armes explosives, incendiaires ou bien un moyen de faire un truc pas net. Je vous raconte pas la séance chez le psy...

« Tu t'es fait ça comment ? »

Hawkeye leva le regard vers Novembre. De quoi? Il se redressa et suivit la direction du regard de Novembre. Ah sa jambe! Et bien comment avouer de façon sereine et totalement crédible que parce qu'il s'était mit à parler un tantinet trop fort pour une gamine totalement barrée et un truc chelou surnommée "elle" selon elle, qu' "elle" en a finit par faire bouger on ne sait comment des plantes qui se sont jetés sur jambe et qui ont broyés sa cheville tandis que Circé la râleuse volait à son secours mais ce faisait elle aussi capturé? Mh ce n'était pas vraiment mince affaire. Il pouvait néanmoins raconté un gros bobard pour craner un peu, nah pas le genre de la maison. Il n'était peut être pas aimable mais il n'était pas menteur pour autant. Bon, c'est parti les yeux...

- Hé bien, je me suis fait attaquer par des plantes géantes parce que je gueulais un peu trop au goût d' "elle"

Simple, rapide, efficace et sincère. Pas une once de mensonge et tout était dit avec subtilité...bon un peu trop c'est possible. Au moins il disait la vérité! Après ce n'était pas son problème s'il le croyait ou non mais il ne pouvait pas dire plus vrai. S'il ne le croyait pas, il avait qu'à demander à Circé et l'attardée, non pas que son nom lui échappe mais plus le temps passait, moins il portait Soie dans son coeur. Et si ça continuait, il allait finir par ce servir de ce qu'il trouvait dans la cuisine juste pour pouvoir faire s'envoler ce petit bout de femme, et pas un en seul morceau si vous voyez le tableau.
Soudain, une sphère lumineuse attira son regard. Quoi? Encore une de ces trucs qui flottent et qui l'énervaient? Son regard se porta de nouveau sur cette sphère lumineuse. C'était quoi ce bordel à la fin? Une sorte de nouvelle technologie? Faut dire que les japs sont capable de tout. Qui sait s'il n'avait pas finis par inventer un nouveau système de stockage de données...la mémoire interactive! Tu ne l'as plus mais rentre dans ces bouboules blanches et tu verras ta vie défilé devant tes yeux. C'est pas cher, c'est cool et ça fait plaisir aux enfants !....Non franchement faut arrêter avec tout ça. Une fois n'est pas coutume, plus il se questionnait sur cette étrange sphère lumineuse, plus ça l'énervait et sa réaction suivant était plus prévisible : pour changer il décida de donner un bon coup de pied dedans en prenant une posture de karatéka.

D'accord... L'autre avait carrément arraché un placard pour en extirper les objets. Bien... Très bien... Où était la sortie, déjà ? Ah, non, c'est vrai, ils étaient potes. Hawkeye n'avait toujours pas l'air de se rappeler de lui. Mais au moins, il n'avait pas essayé de l'envoyer balader. Au contraire. S'ils étaient faits pour s'entendre, alors tant mieux. Il y avait une chance pour que Novembre ne se soit pas trompé. Une chance pour que son souvenir soit vrai, et qu'ils soient effectivement amis. Ou pour qu'ils l'aient été. Une chance aussi pour que le brun se soit fait coffré par la flic blonde de son souvenir, cette même femme qui se trouvait dans la pièce d'à côté à discuter avec le dernier gars arrivé. Bon, après tout, chacun sa méthode pour fouiller, hein. Même si ce n'était pas très respectueux du mobilier... Minute. Est-ce qu'un dealer, ça se soucis du mobilier des autres, franchement ? De quoi ça se souciait, d'ailleurs, à part de sa pomme et de sa came ? Bonne question... Ça aussi, il l'avait oublié. Le blond lui répondit, d'un air aussi assuré et franc que lui-même un peu plus tôt.

Des... Des plantes ? D'accord, très bien, c'était normal, tout était parfaitement normal... Il n'arrivait pas à s'en convaincre. D'où la mine sceptique qu'il afficha à l'égard de son collègue trafiquant. Pourtant, il avait l'air tout à fait sincère. Et puis, c'était qui cette "elle" dont il venait de parler ? Novembre ne comprenait pas vraiment où il voulait en venir, mais, comme c'était tout aussi improbable et incroyable que l'espèce de Chose qui rôdait près du train, ça ne le surprenait pas vraiment. Encore un autre fait qu'il devait accepter, même s'il ne réussirait pas à avaler ça facilement. Cette ville était décidément louche. Définitivement et incontestablement. C'était... Chelou-Ville ! Oui, bon, la nuit tombait, et avec les différents chocs que cette fin d'après-midi lui avait gracieusement offerts, il avait le droit de penser un peu de travers, non ? Quelques fois, au moins. Il cligna des yeux pour se remettre les idées en place. Non, vraiment, ça n'allait pas bien dans sa tête. Pas bien du tout, même. Il avait besoin de repos, c'était clair. Juste le temps d'assimiler tous ces trucs impossibles. Finalement, après un temps de silence, Novembre acquiesça lentement de la tête. C'était intégré. Les plantes étaient dangereuses. Même si le blond avait sans doute un peu exagéré la situation, il était tout à fait possible de se prendre les pieds dans des plantes parce qu'une fille ne supportait pas le bruit. Quelque chose clochait. Ça l'embêtait, de ne pas avoir eu une réponse qui lui semblait logique. Surtout venant d'Hawkeye.

Il se résigna à ne pas contester la crédibilité de ses dires, songeant qu'il valait mieux constater de lui-même si les plantes étaient - ou non - agressives, ici. Il allait fermer le deuxième placard inspecté avec l'indifférence la plus totale pour l'état de l'intérieur du meuble - il fallait dire que le rangement ne devait pas être son truc - quand il se rendit compte que des plantes grimpantes envahissait l'ensemble de la ville. La gare, le métro, les rues, et maintenant les maisons. Et si c'était vrai, finalement ? Et si les plantes étaient dangereuses ? Le doute fit monter en lui une vague d'angoisse. Devait-il aussi se méfier des murs et du plafond, couverts de lierre et autres végétaux grimpants ? Devait-il y mettre le feu pour s'assurer qu'ils ne l'attaqueraient pas dans la nuit ? Tiens, d'ailleurs, c'était une bonne question, ça. Où passer la nuit ? Il n'allait tout de même pas s'incruster dans une des chambres de la maison au risque de tomber sur le propriétaire, quand même, si ? L'idée lui paraissait honteuse. Bon, il y avait des maisons. Il y aurait bien un hôtel, dans le coin, il fallait relativiser. Mais bon, avec cinq petits euros, il n'irait pas loin...

Puis deux sphères lumineuses apparurent devant les deux jeunes hommes. Juste sous leur nez. Encore ?! La pensée qu'il pourrait peut-être recoller les morceaux de sa vie plus vite que prévu lui traversa un instant l'esprit. Si ces souvenirs - ses souvenirs - apparaissaient à un rythme aussi soutenu, alors un jour, sans doute... Non, les séquences étaient trop courtes, dans tous les cas. Mais avait-il vraiment besoin de se rappeler de tout ? Connaissant déjà son "métier" - si on pouvait appeler ça un métier -, il se doutait que certains éléments de son passé ne devaient pas être très glorieux. Ou pas très enviables. Alors, se souvenir, ne pas se souvenir ? Telle était la question. Il vit le blond donner un violent coup de pied dans la boule jaune, avant de plonger dans une sorte de transe. Son expression se figea, sur son visage. Novembre hésita un instant. Devait-il tenter le coup, au risque que la flic essaie de l'embarquer par surprise si elle revenait ? Non, elle ne ferait sans doute pas ça... Elle avait du comprendre qu'il n'était plus l'heure de jouer au policier et au voleur. Il était temps de survivre, rien de plus.

Il effleura la sphère de la paume, l'air grave. La douce chaleur habituelle se déversa en lui comme un poison sucré. Bientôt, il le savait, il regretterait amèrement son geste...

Elle fouilla dans son immense mémoire et constata avec déception que le spectacle qu'elle attendait ne sera pas pour maintenant. Les deux touchèrent les sphères et à contrecoeur, elle fut bien obligée de leur céder son bien le plus précieux : du temps...

Ils plongèrent dans leurs souvenirs...

Novembre:

Hawkeye:

A peine son pied traversa la sphère lumineuse qu'il ressentit la même sensation que lors du train. Sa jambe était maintenant tendu dans le vide et il n'avait rien sentit au contact de son pied. Il replia d'abord la jambe tout en ne tressaillant aucunement sur sa jambe blessé puis il reposa son pied au sol. Cette fois-ci il ne s'étonna pas comme la dernière fois mais il ne pouvait s'empêcher de regarder la maison se déchirer dans tous les sens afin de tout recouvrir d'un tissu blanc. Il cherchait à savoir où est-ce que tout ceci s'en allait, et d'où est-ce que la scène d'un souvenir à revenir venait. Est-ce que toute sa mémoire était stocké quelque part ? S'il pouvait en trouver la source, il serait enfin débarrassé de son amnésie.
Le regard attentif et concentré, il attendit patiemment que son souvenir prit sa place dans ce vaste monde blanc. Nouveau souvenir, nouvelle scène. Cette fois-ci il n'était pas sur les échafaudages surplombant une ville. Cette fois-ci il était dans une vielle bâtisse. Ce qu'il fichait là il l'ignorait mais une chose était sûr, sa gueulait juste à côté de son oreille. Il était au pas de l'escalier tandis que son double le montait lentement mais sûrement. Hawkeye tenta la même expérience que la dernière fois afin de se faire remarquer mais rien n'y faisait, il était toujours aussi transparent que du vent. Il se suivit donc, si on peut le dire ainsi. Il semblait être porté par quelqu'un dont il reconnaissait la carrure et la voix. Il prit un peu d'avance sur son double, le traversa et se retourna sur l'escalier miteux pour voir de qui il s'agissait. C'était Novembre qui était là et qui le portait. Alors il se connaissait vraiment finalement. Son air inquiet trahissait ses propos : des multitudes d'insultes en espagnol. Bizarrement il arrivait à traduire instantanément tout ce qui sortait de la bouche de Novembre tandis que son double semblait ne rien y comprendre, ou n'avait pas vraiment l'air de s'en inquiéter. Un hurlement, son double poussa un cri de souffrance alors que sa jambe heurtait une des marches. Il était blessé à la cheville.
Hawkeye fixa la jambe blessé de son double et regarda la sienne, celle où il s'était blessé à la cheville à cause des plantes. Il défit rapidement le torchon qu'il avait autour de la cheville, souleva son pantalon et baissa sa chaussette. Elle était bien là, une cicatrice pas bien belle à voir, signe d'une blessure traité incorrectement. Comment s'était-il fait ça ? Son regard se porta sur son double et Novembre qui s'était figé dans l'escalier tandis qu'une dizaine de visage familier se rassemblèrent en haut des marches. 'Ils se ressemblent tous ces hispaniques' pensa-t-il en portant son regard sur l'assemblé. Il renoua rapidement le torchon à sa cheville et grimpa à la hâte les marches qui le séparaient de son souvenir. Il vit une fenêtre en haut des marches. Hawkeye se colla à elle afin de peut être savoir où ce situait cet endroit, cette planque mais il ne vit qu'un drap blanc omniprésent. Encore une fois, il ne pouvait en savoir plus que ce que son souvenir lui donnait. Il arrivait à se définir des règles dans cette situation étrange.
Premièrement, toutes actions est vaines car il n'a aucune existence physique dans la scène, il ne peut rien déplacer, rien casser et toutes ses paroles tombaient dans l'oreille d'un sourd.
Deuxièmement, il ne pouvait voir d'avantage que ce que le souvenir lui donnait puisqu'il en est la scène principale. Tout ce qu'Hawkeye pouvait voir et entendre avait forcément été vu et entendu par son double. Donc s'il sortait de la scène principale, il reviendrait dans l'immense pièce blanche qui servait de socle pour les souvenirs.
Hawkeye délaissa la fenêtre pour se voir étalé sur une table et maintenu de force. Il faut bien avouer qu'une balle dans la cheville ça ne devait pas faire du bien. Surtout si on la retire à l'ancienne. Il aurait pu faire un effort quand même, s'il était bien des dealers, il aurait pu au moins le droguer ou le faire picoler pour qu'il puisse se montrer un peu plus coopératif lors de l'extraction de la balle. Quand la morphine existait pas on se soûlait au vin pour avoir le même effet, sauf qu'il fallait beaucoup de vin. Hawkeye regarda son double se faire charcuter à l'ancienne. A se voir ainsi, il commençait a éprouver un peu de dépit par rapport à celui qu'il était par le passé. On ne sait pas tous dur et implacable mais bon, qu'il se montre aussi chochote pour une balle dans la jambe, que dirait-il de sa cheville à broyer à la même époque?
Le souvenir prit fin et la scène se déchira pour retrouver la pièce blanche, "l'entre deux" comme il commençait à le surnommer. Cette fois-ci il se prépara a chuter comme pour la première fois mais rien ne se passa. Il ne tomba pas, mais une étrange lueur attira son attention. Il se mit à avancer vers elle, intrigué. 'Qu'est-ce que c'est que ce truc ?' se laissa-t-il penser. Et alors qu'il s'approchait de la lueur, celle-ci le recouvra d'un seul coup, l'aveuglant au passage.
Il cligna des yeux. Il n'y avait plus de lumière mais simplement de l'obscurité, le mur sombre de la maison lui faisait face, masqué en partie par sa jambe tendue dans le vide. Il était revenu dans la maison. Il laissa sa jambe se reposée au sol tandis qu'il retrouva l'agréable froid mordant dans sa cheville et la douleur atténuée. Il venait d'avoir un nouveau souvenir. Son regard se dirigea rapidement vers Novembre. Une chose était sûr, il se connaissait avant et semblait bien s'apprécier, ce qu'il étonnait et n'étonnait pas le jeune homme à la fois. Ce faire d'un dealer un ami, voilà qui parait un peu incongru, mais au vu de son caractère et sa vigueur, cela ne lui paraissait pas surprenant.

- C'était bien toi...ce jour là où j'avais une balle dans la cheville ?

Hawkeye regarda Novembre avec un air narquois. Après un tel souvenir fraîchement récupéré, il devait surement être plus que de simple potes. Surement des frères dans le crime car il lui avait sauvé la mise à cause de cette balle dans la cheville. Il avait bien fait de sauter dans cette baraque, si ce n'est un petit bémol à cause de la blonde de service. Il avait trouvé quelqu'un qu'il connaissait et inversement, s'il restait avec lui, il aurait plus de chance de retrouver la mémoire, du moins une partie de celle-ci.

- Je rêve où tu m'insultais de tous le noms qui te passaient par la tête espèce d'enfoiré ! dit-il avec un grand sourire sur le visage et masquant un rire.

Elle ne les regardait plus. Car si cela avait été le cas, nul doute qu'Elle aurait tenté de les dissuader de s'emparer ce qu'il y avait derrière les placards.

C'était un trou percé dans le mur, au fond du placard caché derrière une monticule de paquets de pâtes. En y glissant la main, on pouvait y trouver une boîte rectangulaire en fer dont l'ouverture semblait avoir été soudée précipitamment. Impossible à ouvrir à première vue... La boîte était plutôt lourde et on pouvait entendre quelque chose cliqueter à l'intérieur en la secouant.

Mais Elle s'ébroua, se secoua, s'étira. Les rues se déformèrent l'espace d'un instant et dans un petit tremblement de terre, le Pont se dévoila. Il était vingt deux heures...

Spoiler:

20h-22h

C'est quoi, ça ?

Hawkeye posa son regard sur son supposé acolyte du passé. Il semblait s'intéresser à quelque chose en particulier, un trou dans le mur. Hawkeye regarda lui aussi le trou qui était dans le mur. Depuis quand est-ce qu'il y avait un trou dans ce mur là ? Quand ils avaient tout deux inspectés la pièce pour d'éventuelles vivres, il n'y avait aucun trou dans cette baraque paumé au beau milieu de ce néant. Mais là, il y avait un trou dans le mur, et pas un petit trou, une personne pouvait facilement s'y faufiler et s'y promener à quatre patte voire accroupie. Qu'est-ce qui avait bien pu causer un trou pareil dans ce mur? Hawkeye regarda partout autour de lui et posa son regard sur le placard qu'il avait jeté au sol. Il n'aurait quand même pas fait un trou pareil en voulant simplement retiré le placard du mur non ? Le blondin s'agenouilla près du placard et en regarda le dos. Le support en fer et acier avec des vis montraient bien qu'il était bien accroché au mur mais normalement seule les trous des vis devraient être apparent, ce qui voudrait dire que les murs de cette maisonnettes étaient fragiles, ou bien qu'il avait tiré sur le placard comme un gros bourrin et arraché le mur avec. La deuxième option lui fit dessiner un sourire sur son visage.
Mais l'heure n'était pas à se réjouir de ses prouesses barbares et dénues d'intelligences, il se redressa et retourna voir ce qui intéressait Novembre. Dans le fameux trou qu'il avait fait en déchirant le mur résidait un objet métallique au milieu des gravas. Cet objet paraissait étrange car la vue perçante du jeune homme remarque très rapidement que celle-ci fut soudé au vu de l'irrégularité du métal sur les côtés.

« On dirait qu'on a voulu cacher quelque chose, ici... »

Novembre semblait ne pas avoir remarquer l'objet qui avait attiré l'attention du jeune homme. Peut être était-ce du à l'obscurité et au fait qu'il devait plonger le trou dans une obscurité plus profonde à cause de son ombre. Hawkeye s'approcha de son acolyte et le poussa légèrement sur le côté pour prendre la place. Il poussa les restes du mur qui encombraient le passage et extirpa de l'obscurité l'étrange petite boîte métallique qu'il avait aperçu auparavant. Il l'a retourné dans tous les sens afin de voir s'il n'y avait peut être pas une ouverture quelconque sur la surface de la boîte mais aucun résultat. La boîte était parfaitement soudée de gauche à droite et il était impossible de l'ouvrir dans l'état actuel.

- Ouaip, et c'est là dedans que c'est planqué, dit-il en montrant la boîte à Novembre.

Hawkeye se dirigea vers la table de la cuisine et poussa tout ce qu'il y avait sur la table pour faire un peu de place afin de déposer la boîte. Il s'écarta un peu de la table et s'accola contre le rebord de l'évier juste derrière lui. Son regard pensif dirigé sur cette petite boîte en métal. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien contenir? Qui aurait voulu cacher quelque chose, et surtout derrière ce placard ? Serait-ce un souvenir d'un ancien habitant de cette maison? Ou bien de quelqu'un d'autre du coin? Hawkeye ne savait pas quoi penser de cette boîte. Mais une chose était sûr, il n'y avait qu'un moyen de savoir ce qu'il y avait dedans, et ce moyen était de l'ouvrir. Mais rompre une soudure n'est pas si simple que ça. A moins d'avoir un scie à métaux dans les parages, il allait avoir du mal à défaire la soudure qui maintenait la boîte enfermée.
Soudain un éclair de génie...enfin espérons le, traversa l'esprit du jeune homme. Il y avait bien un moyen de rompre la soudure à l'ancienne mais il lui manquait un accessoire pour pouvoir faire partir la soudure. Il fouilla dans ses poches afin de porter une cigarette à sa bouche et l'alluma avec son briquet. Il déposa son briquet sur la table et tira une bonne bouffée sur sa cigarette avant d'expirer la fumée. Il leva son regard vers son camarade encore présent dans la pièce.

- Va falloir que tu me trouves de quoi aspirer, une paille, un tuyau pas trop gros, un aspi je m'en tape mais faut trouver un truc pour aspirer.

Hawkeye se dirigea vers les décombres du tour dans le mur et en prit deux pierres d'a peu près taille égale. Il les posa sur la table de la cuisine et fit tenir la boîte en équilibre entre les deux pierres afin de laisser le dessous libre d'accès. Il ouvrit son briquet et le déposa sous la boîte afin que la flamme vienne réchauffer la boîte métallique. Le métal c'est conducteur de chaleur c'est bien connu, donc s'il chauffait en dessous suffisamment, il finirait bien par faire fondre les soudures qui parcourent la boîte. Le seul problème est qu'il faut retirer la soudure pendant que c'est chaud et ça ce n'est pas mince affaire. Hawkeye se tourna vers son camarade avec le regard déterminé.

- J'espère avoir assez d'essence dans le briquet pour tout faire fondre...

[HRP : désolé pas top .w. je regarde les Experts à Las Vegas en même temps ><]

« Pas sûr que ça marche »

Hawkeye fixait la flamme rouge orangé de son briquet qui léchait la boîte métallique tel une langue de feu. Novembre avait raison, une si petite source de chaleur n'arriverait pas au bout d'une soudure même fait à la hâte, mais il fallait bien essayer non? La boîte métallique devenait de plus en plus mystérieuse au fur et à mesure que les minutes passèrent dans la maison abandonnée. Et s'il n'y avait rien dedans, une sorte de blague géante faite par "elle" afin de bien emmerder les personnes du coin? Si c'était le cas, la colère d'Hawkeye pourrait bien faire plus de ravage qu'un volcan en éruption et il n'hésiterait pas à se ruer dans n'importe quelle direction à la recherche de cette "elle" et de lui botter le cul à la façon "Hawkeye" (en gros il ne restera que ce qui pourrait ressembler à un tartare de hamster.)

« Essaie de racler avec ça, j'ai rien trouvé de mieux ici. »

Novembre revint vers lui avec une cuillère à soupe. Une cuillère à soupe ? Je crois qu'il y a un problème là. Hawkeye lui avait pourtant bien demandé un truc qui pouvait faire un effet de succion mais il lui tendait une cuillère à soupe...une cuillère-à-soupe...en quoi une fourchette pouvait bien aspirer la soudure rendu liquide par la chaleur? Hawkeye lança un regard mélangeant interrogation et dépit. Est-ce qu'il y avait un truc qui tournait pas rond chez lui finalement ou bien est-ce qu'il était vraiment sain d'esprit mais se foutait de sa gueule? Ou alors dernière option, il n'avait rien trouvé et faisait avec les moyens du bord.
Hawkeye prit la cuillère à soupe que lui tendait Novembre et la posa sur la table à côté de la boîte. C'était bien gentil de sa part de lui avoir rendu ce service, mais il n'allait pas allé bien loin avec la seule puissance de la flamme de son briquet. La soudure chauffait bien, mais aucune cloque de déformation du métal ne faisait apparition ce qui voulait dire que la soudure n'avait pas fondu. Opération raté pour le moment. A moins qu'ils trouvent miraculeusement une pompe à dessouder dans les parages, ils n'allaient pas allé bien loin avec la boiboite. Hawkeye poussa un soupire d'énervement et referma son briquet en le laissant posé sur la table. Il venait de gâcher l'essence de son briquet en vain et il n'était pas sûr de pouvoir en retrouver dans ce coin paumé. De toute façon ça concordait aussi avec son nombre de cigarette restante. En parlant de cigarette, Hawkeye vint à se rappeler qu'il en avait une dans le coin de son bec. Il tira un coup dessus et laissa s'échapper lentement la fumée de sa bouche telle une brume. Comment allait-il ouvrir cette boîte ?

- Mouai, pas concluant. Deux options : soit on défonce la boîte à l'ancienne soit on attend.

Attendre...cela ne faisait pas vraiment plaisir qui aimait vivre dans l'instant, dirigé par son instinct et son impulsivité. Hawkeye n'avait qu'une envie : ouvrir cette boîte. Mais la patience est une vertue, il faudrait mieux ne pas trop forcé dessus. Hawkeye a bien remarqué que sa nature hâtive et colérique avait déjà causé assez de problème. Il allait donc devoir se calmer, ne plus se mettre en colère et réfléchir avant de faire la moindre chose à l'avenir...il allait ? Non, bien sûr que non. Jamais Hawkeye ne ferait ça voyons, ça lui demanderait beaucoup trop de temps et de bonne volonté pour arriver à ce résultat et il n'avait aucun des deux.
Comme à l'accoutumé, et à force de fixer cette boîte énigmatique, Hawkeye donna un bon coup de poing dessus, faisant rompre l'équilibre de la boîte sur les pierres. La boîte tomba sur la table de la cuisine et Hawkeye s'empressa de la prendre pour la jeter de toute ses forces contre le mur le plus proche de lui. Cette boîte avait attisé sa colère. Elle allait le regretter, il comptait bien lui faire sa fête. Hawkeye sortit les deux recharges de lampes à pétrole qu'il avait gardé dans sa poche et regarda la boîte métallique en mordant sa clope.

- Pour moi option une : la défoncer à l'ancienne!

C'était une boîte. Une bête boîte de métal, cachée derrière le mur. Ou plutôt, dans le mur. Qui aurait bien pu cacher un tel objet à cet endroit ? Pour quelle raison ? Et plus important encore : que contenait cette mystérieuse boîte ? C'était quelque chose d'important, à en juger par la rapide soudure qui en scellait l'ouverture. Mais ça n'avait rien d'une belle soudure bien propre et bien lisse, c'était du travail bâclé. Effectué dans la précipitation, peut-être ? Dans tous les cas, un seul problème se posait : ils ne pouvaient pas l'ouvrir. Et à quoi bon perdre son temps à essayer d'ouvrir quelque chose de si insignifiant ? Du temps, ils n'en avaient pas, apparemment.

Il regardait les vaines tentatives d'Hawkeye pour ouvrir la boîte d'un air absent, sceptique. Non, définitivement, on ne faisait pas fondre une boîte de métal avec un briquet. C'était ridicule. L'autre conclut également à un échec. Bien, pouvaient-ils embarquer cette boîte avec le reste et se diriger vers la fontaine mentionnée par La Flic, maintenant ? Le point du blond s'écrasa sur le coffret gris avec fracas. Très bien, qu'il passe sa colère sur un objet, c'était toujours mieux que sur une personne. Novembre cligna des yeux. C'était surprenant de voir à quel point ce type n'avait aucune patience ! Il suffisait juste de se trimbaler gentiment la boîte jusqu'à trouver de quoi l'ouvrir, ça n'avait rien de très compliqué, si ? Alors c'était ça qu'il appelait "la défoncer à l'ancienne" ? La déformer sous les coups jusqu'à ce que la soudure cède ? Ça ne risquait pas d'en endommager le contenu, par hasard ? Bon, après tout, dans la vie, il faut savoir ce qu'on veut. Mais la balancer aux quatre coins de la pièce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, et ça, son collègue dealer ne l'avait visiblement pas compris, car il l'envoya valser contre le mur du fond... Il aurait au moins fallu la maintenir en place, histoire que ce que la boîte renfermait ne soit pas brisé par un choc trop violent. Ça pouvait être quelque chose de fragile, après tout ! Le brun guetta un bruit de casse avec appréhension, mais seul le cliquetis du métal contre le sol se fit entendre. Rien n'avait l'air brisé, et c'était tant mieux.

Mais le tableau se gâta lorsque Hawkeye sortit deux flacons de sa poche. Novembre mit un moment avant d'identifier les objets : deux petites bouteilles contenant un liquide inflammable... Des recharges pour ces vieilles lampes à pétrole ? D'où il sortait ça, lui ?! Plus inquiétant encore, le blond semblait bien décidé à les utiliser dans l'instant pour faire sauter la boîte. Et faire exploser la moitié de la pièce avec ?! Certainement pas ! Il fallait réagir, et vite, puisqu'il semblait sérieux. "La défoncer à l'ancienne." Maintenant au moins, il était fixé sur la signification de ces termes...

« Attends un peu, tu veux faire sauter la boîte ?! Sans déconner, mec, t'es malade... Tu vas faire cramer ce qu'il y a dedans, comme ça. Puis il désigna les deux flacons de la tête : Garde-les pour plus tard, on en aura peut-être besoin. »

Une alternative. Un autre moyen d'ouvrir cette foutue boîte. Vite. Vite. Vite. Il en savait assez sur Hawkeye pour se douter qu'il n'en ferait qu'à sa tête s'il avait décidé de faire exploser le coffret de métal. Hors de question. Hors de question de commencer à tout détruire dans cette ville alors que la moindre ressource pouvait leur sauver la vie. Hors de question aussi de s'introduire chez les gens et prendre tout ce dont ils avaient besoin ? Au point où ils en étaient, faire brûler une cuisine aurait du être acceptable... Pourtant non. Non ça ne l'était pas. Et ça ne le serait jamais.

La Boîte était toujours contre le mur, résolument close. Il soupira.

« On va l'ouvrir, cette saloperie de boîte, puisque tu y tiens tant. »

Le métal claqua violemment contre le mur. Premier coup de pied. Oui, on va l'ouvrir. Et après, bon vent la maison en briques. Deuxième choc, plus agressif, cette fois. Ouvre-toi, bordel, on n'a pas que ça à faire ! Le coffret ne volait pas à l'autre bout de la pièce, il restait plaqué contre le plâtre blanc qui s'effritait un peu plus à chaque fois. Pas de mouvement brusque, pas de casse interne. Sauf que Novembre commençait à s'énerver. L'agacement, la tension accumulée depuis qu'il s'était réveillé amnésique dans ce maudit train désert, tout ça commençait à se relâcher à travers ses coups. Sauf qu'il n'avait aucune envie de péter les plombs maintenant. Aucune envie de péter les plombs tout court. Mais c'en était légèrement trop pour lui, pour le moment. La chose la plus insignifiante devenait un casse-tête incommensurable, et l'agressivité naturelle du blond n'arrangeait pas vraiment la situation. Cette ville glauque allait le rendre barge. Et il fallait éviter ça. À tout prix. Ouvrir la boîte, attraper le sac, appeler la flic, sortir de la maison. Point. Et après ? Il ne voulait même pas y penser. Seul le présent comptait.

Le jeune homme râla d'impatience. Il en avait sa claque, de cette Boîte. À quoi servait-elle, d'abord ? Que pouvait-elle bien si jalousement protéger ? Non. Marre des questions. Marre des hypothèses foireuses. Marre de cet endroit. Marre de cette Boîte. Au final, il ne valait pas mieux que son pote dealer, à s'acharner contre ce pauvre tas de ferraille gris. Il se détourna de l'objet.

Vaincu par une boîte. Une. Vulgaire. Boîte. Bordel. Ouais, la faire exploser serait peut-être une bonne chose, après tout. Mais il ne saurait jamais ce qu'il y avait dedans. Et si c'était quelque chose d'important ? Un journal, des indications, ou n'importe quelle preuve qu'ils n'étaient pas les seuls êtres vivants dans cette foutue ville paumée... Il savait que la réalité serait décevante. N'était-ce pas la nature même de la vérité ? Néanmoins, il était trop tard pour reculer. Maintenant, il voulait savoir. Savoir ce que cette foutue Boîte contenait. Hawkeye aussi, visiblement. Sans trop réfléchir - ce qui l'étonna tout de même un peu -, il empoigna une boîte de conserve qui traînait encore sur la table parmi les vivres non transportables et l'envoya percuter La Boîte dans un bruit de métal désagréable. Prends-ça, saloperie de boîte. Inspirer, expirer, se calmer. Novembre serra les dents. Se. Calmer. C'était clair, pourtant, non ? S'agacer contre une pauvre boîte sans intérêt ne le mènerait nulle part.

Mais était-elle vraiment sans intérêt, si elle s'était montrée assez mystérieuse pour attirer son attention ?

HJ:

La soudure craqua à force d'être malmenée. Un tintement métallique se fit entendre alors que la boîte de conserve percuta l'objet de leur convoitise. Elle roula sur le sol et y déversa son contenu qui avait suscité tant d'attention de la part des deux jeunes hommes. Le plus visible était une sorte de poignard d'une trentaine de centimètre de long approximativement. La lame émaillée était d'un blanc de nacre, constellée de motifs runiques qui semblaient gravés à même la matière. Une clef avait également atterrit sur le sol. Une clef de véhicule à priori sur laquelle était placée un bouton. Une feuille jaunie par le temps et pliée en quatre sur laquelle était écrit des mots rapides à l'encre quasiment effacée. Et un sachet en plastique contenant des granules bleues.

« Valentin. Si tu reviens et que tu lis ces mots, sache que je suis partie. Cette fontaine t’as définitivement changé, tu n’es plus le même. Je t’en prie, reviens. Je te laisse la voiture. J’irais rejoindre Neptune et Tango aux marais et nous allons tenter de les traverser pour sortir de la Ville. Je t’attendrais une journée, je ne peux pas me permettre de gaspiller plus de temps. Ne t’inquiètes pas pour le Traqueur, Neptune dit qu’il est hors d’état de nuire et je le crois, il a ramené un de ses crocs en guise de preuve, je te le laisse pour que tu saches qu’il ne rôde plus dans le coin. Laisse cette fontaine. N’y touche plus je t’en supplie.
Je t’aime. Reviens. Je t’aime. Signé : Do » disait la lettre.

Elle s'énerva. Ils avaient trouvé la boîte ! Ça ne lui plaisait pas du tout, Elle entra dans une fureur noire et un d'épais nuages s'agglutinèrent sur le quartier Est. Un orage retentissant éclata tandis qu'Elle cherchait un moyen de les punir.

D'un "geste" irréfléchi, Elle envoya les ronces kidnapper un fautif. Le premier des deux qui tomberait sous le joug de ses cruelles épines. Ce fut Hawkeye que les plantes embarquèrent, malgré tous ses efforts pour se libérer de leur terrible emprise. Mais on ne peut rien contre la Ville.

La Boîte. Elle était... Ouverte. Moralité ? Toujours avoir une boîte de conserve sur soi. C'est une arme de premier choix dans un environnement hostile, inconnu, et visiblement désert. La boîte de conserve vainc la boîte de métal, comme on combat le feu par le feu. Il ne capta qu'un centième de seconde après. La Boîte. Ouverte. Ouverte, quoi ! Il détourna légèrement le regard avant de le reporter sur l'objet réticent. Non, il n'avait pas rêvé. Elle était belle est bien cassée. Ouverte. Elle en avait même profité pour rouler sur le sol. Il avait mis trop de temps à réaliser. Ou alors il était juste trop lent. Non, non, il n'avait juste pas les idées aussi claires que d'habitude. Sinon, comment le simple fait d'ouvrir une pauvre boîte de métal pouvait-il relever de l'exploit, dans la situation présente ? Sérieusement ?! Bien, alors maintenant, il devait se cramponner à la réalité. Pas question de ne plus rien comprendre. Pas question de laisser les choses se passer sous son nez sans réfléchir. Pas question de laisser une vulgaire boîte le faire douter de son état mental. Foutue boîte.

Boîte qui contenait pas mal de choses, tout compte fait ! Ce qui attira immédiatement son attention fut une étrange arme blanche - littéralement : lame de nacre, plutôt longue, incrustée de motifs aussi étranges que mystérieux. On aurait dit une sorte de poignard, ou de dague. C'était vraiment étrange, et, bien que n'ayant pas d'autre point de comparaison que son couteau suisse - qui, avouons-le, n'était sans doute pas la meilleure référence en la matière -, Novembre trouva cet ouvrage anormal. Qui aurait gravé ces gribouillis dans un poignard ? Et quelle idée, aussi, d'avoir choisi une lame blanche. Il ne manquerait plus de la voir briller dans le noir, après ça ! C'était d'un manque de discrétion flagrant. Pas moyen de passer inaperçu avec ce genre de truc en main. Un tintement retentit - une clé roulait. Toujours fasciné par l'étrange objet tranchant, le brun fit quelques pas avant de s'accroupir pour en effleurer le manche. Ce n'était ni du plastique, ni du métal. Une autre matière cheloue. Pas étonnant, en même temps. Dans cette Ville, tout était bizarre. Il aurait du s'y attendre. On ne trouvait pas d'objet normal dans un endroit qui dépassait totalement les limites du possible.

Hawkeye n'avait pas bougé. C'était étonnant. Sans doute était-il déçu du résultat ? Après tout, il s'en fichait. Le contenu de la boîte était là, il leur faudrait faire avec. Il tourna légèrement la tête - la clé entra dans son champ de vision. Clé de voiture. Bon. Pas besoin de se demander comment il savait ça. Il s'en fichait. C'était une clé de voiture. Donc il y avait des voitures dans la Ville inhabitée. Au moins, il serait plus facile d'échapper aux apparitions fantomatiques et aux plantes carnivores - ou autres absurdités. Et le bouton ? Bah, sans doute pour ouvrir les portières... Autre trésor détenu par la boîte : un sachet. Contenant des granules. Des granules bleues. Des granules... Bleues... Tout allait bien. C'était tout à fait normal. Ça non plus, ça n'aurait même pas du l'étonner. Le pays des bisounours devait être juste à côté, à une station de train de la Ville. C'est l'autre blondinet qui va être content... "De trouver de quoi lutter contre le manque" était ce qu'impliquait sa pensée. Évidemment, qu'est-ce que ça pouvait être d'autre ? Autre pensée qui s'imposa d'elle-même à son esprit : la flic allait revenir. Il n'aimait pas ça. "Drogue" plus "flic", généralement, c'était mauvais signe. Très mauvais signe, même, à en juger par son deuxième souvenir. Sauf que la blonde n'étais pas armée non plus... Non. Prudence. La prudence était toujours de mise, quelque soit la situation. Après tout, il ne la connaissait pas. Comment réagirait-elle à la vue du poignard ? Et si elle voulait tout de même le coffrer, malgré les circonstances ? Mieux valait éviter. Il ramassa le paquet et le fourra dans la poche de sa veste. Ça pouvait toujours servir. De monnaie d'échange, évidemment. Bien sûr. Haha. À quoi pensiez-vous ? Oubliez cette phrase. Revenons-en à la boîte.

Dernier élément ayant malencontreusement quitté le métal protecteur : un bout de papier. Jaunie, plié, insignifiant. Et pourtant. Du papier. Ça pouvait être quoi ? Un plan ? Des indications ? Une adresse ? Un numéro de téléphone, peut-être ? Novembre se rappela que les téléphones portables ne fonctionnaient pas. Qu'il n'en n'avait pas sur lui. Et merde. Faux espoir. Il se saisit tout de même de la feuille usée, peu convaincu. Bloc de texte. Ou plutôt, notes. Notes rapides, notes effacées. Notes illisibles, notes saccadées. Précipitées. Illisibles ? Presque. L'ancre diluée par le temps apparaissait à peine sur la matière vieillie. Lettre en main, il se releva et s'approcha de la lumière vacillante du lustre qui pendait lamentablement du plafond. Cette lettre... Elle donnait des noms, des noms, bordel ! Il y avait donc des gens ici ! Ils s'écrivaient, ils se connaissaient - et vu la fin, ils allaient même jusqu'à s'aimer. Des gens ! Le brun déchanta très vite. "Tango", "Neptune", "Do", ce n'étaient pas des noms. Juste des surnoms, des noms d'emprunt, un peu comme "Novembre", quoi. D'autres amnésiques ? Double faux espoir. Et de toute évidence, cette lettre ne lui était pas adressé. Qui était ce "Valentin" ? Si la boîte était scellée, était-ce lui qui avait voulu y enfermer les derniers mots de sa copine, ou bien ne l'avait-il jamais ouverte ? Tout lui semblait confus et s'ancrait dans des circonstances qu'il n'avait pas - encore - connues. Le "traqueur" ? Le croc, c'était quoi ? Il était où ? La dague bizarroïde ? Et si c'était l'espèce de présence néfaste qui rôdait non loin de la gare ? Elle avait des crocs ? Elle lui semblait en tous cas encore bien trop en état, contrairement à ce qu'affirmait la lettre... Mais s'il ne l'avait pas vu en action avant, comment pouvait-il être sûr que cette chose ne soit pas présentement affaiblie et vulnérable ?

La voiture, donc, c'était à ce groupe de personnes. Et la maison aussi, sans doute. Donc il avait volontairement fracturé une porte, volé de la nourriture, défoncé une boîte soudée, et s'apprêtait à voler une voiture... Avec de jolies petites pastilles bleues dans les poches. Si la flic ne voulait pas le coffrer avec ça. Oui, parce que visiblement, Do, Tango et Neptune n'étaient plus là. Ils avaient laissé la voiture à ce Valentin, qui n'avait probablement pas saisi sa chance de s'enfuir. Autant qu'elle serve à quelqu'un d'autre, alors, non ? Ce n'était pas vraiment du vol, à ce moment-là. Si ? Si, vraiment ? Vol avec circonstances atténuantes, alors ? Non, toujours pas ? Un bruit de grattement le tira de ses pensées. Des ronces rampaient dangereusement vers Hawkeye et lui. Des ronces, quand même ! Mais depuis quand ça rampaient, les ronces ?! Et ça pouvait penser, aussi ? Mais c'était quoi ce délire ? Des RONCES, bordel ! Elles filèrent en ligne droite sur Hawkeye - le pauvre, avec sa cheville boiteuse, il n'avait pas grande chance de s'en sortir -, cruelles et déterminées. Il n'était même pas sûr de pouvoir attribuer de tels adjectifs à des ronces - des ronces, des ronces, quoi ! -, de vulgaires... Plantes ! Mais leur nombre vint bientôt à bout de la résistance et de l'énervement du blond. Réagir, réagir, réagir. Réagir maintenant. Les tentacules végétales commencèrent à tracter le blond en direction de la porte. Il y avait d'autres façons d'indiquer qu'ils étaient dans une propriété privée ! RÉ-A-GIR. Bordel de merde. Réagir. Ses iris myosotis passèrent du poignard aux plantes, puis des plantes au poignard. Ça pouvait marcher, non ? Un truc chelou pouvait peut-être effectivement annuler un truc chelou. Il s'empara de la lame blanche incrustée de runes et commença à courir après les ronces - qui avaient proprement saucissonné Hawkeye et l'empêchaient d'atteindre son briquet - en criant son nom, comme si ça pouvait servir à quelque chose. Sauf qu'une fois sortis de la maison, les longs serpents verts n'eurent plus grand mal à se mouvoir aisément... Et échappèrent sans problème au brun.

Et il se retrouva planté devant la porte, les bras ballants, ne sachant plus du tout quoi faire. Poursuivre les ronces kindappeuses sous la pluie ? - Oui, parce que, entre temps, un orage avait mystérieusement éclaté, quoi de plus normal ? Il n'avait même pas remarqué la pluie, avant de se rendre compte que le tonnerre grondait tout près. - Ou bien simplement rentrer dans la maison et faire comme si de rien n'était ? Prévenir la flic - dis comme ça, ça faisait trop balance à son goût. Non, vraiment, ce n'était pas son genre - ? Que faire ? Il ne pouvait tout simplement pas laisser sa seule connaissance amicale se faire enlever par des ronces, tout de même ! Un nouvel éclair zébra le ciel ; il retourna à l'intérieur, dégoulinant sur le parquet pourri du vestibule. Son regard se posa presque naturellement vers la boîte - ou ce qu'il en restait - et son contenu déversé sur le sol. La clé. Mais bien sûr ! La clé ! Il flanqua les deux parties sectionnées de la boîte dans la cachette murale où il l'avait trouvée, ramassa la feuille de papier qu'il replia et fourra dans sa poche avec les granules bleues, rangea rapidement le "croc du traqueur" dans le sac contenant déjà la nourriture, et y ajouta deux ou trois boîtes de conserves sans même prêter attention aux étiquettes. Le jeune homme ferma le sac avec peine et attrapa la clé avant de se précipiter sur le seuil, pour s'arrêter net devant la porte. Et là, il n'oubliait pas quelque chose, par hasard ? Tout à fait. Quelqu'un. La flic. Il inspira pour l'appeler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Il ne connaissait même pas son nom. Regard à droite, regard à gauche. Étrange réflexe. Ou pas. "La prudence", encore une fois.

« Euh... - Il essaya de trouver autre chose à hurler que "la flic" - Hé ? - Peu concluent - Hé oh, t'es toujours là ? - Voilà qui était mieux. On a un sérieux problème en bas, dépêche-toi ! »

Le ton était un subtil mélange de... Bon ok, une bouillie confuse de panique, d'autorité, d'urgence et de malaise. Qu'est-ce que ça pouvait être pénible d'essayer de communiquer avec cette inconnue un peu trop familière ! Sérieusement, ça arriverait à qui de se retrouver dans une ville totalement glauque avec pour seules connaissances un pote dealer enlevé par des ronces et une flic dont on ne connaît même pas le nom ?

Après que le jeune blond, que je pouvais à présent appeler sous le nom de Sky, soit partit, je continuais ma fouille dans la maison. Avec mille précautions, je gravis les marches craquantes de l’escalier, frôlant le papier peint moisie et lacéré. Des nuages de poussière s’élevaient à chacun de mes pas, obscurcissant la lumière venant du rez-de-chaussée. Arrivé en haut de l’escalier, je cherchais à tâtons l’interrupteur, espérant que la lumière marcherait aussi bien en haut qu’en bas. Je me voyais mal chercher des habits et des médicaments dans l’obscurité. Et puis, même si la maison semblait inhabitée, je n’étais pas sûre de ce qui pouvait se tapir dans l’ombre. Un éclair, et enfin une franche lumière envahit le couloir qui me faisait face, lorsque mon doigt actionna l’interrupteur. D’un pas souple et le plus silencieux possible je m’avançais prudemment vers la porte ouverte la plus proche. Jetant un rapide coup d’œil à l’intérieur, je poussais la porte du coude, et me faufilais dedans en allumant la lumière au passage. Mes pas claquèrent sur le carrelage usé et mon regard se posa sur le miroir qui me faisait face. De nouveau je regardais mon reflet que j’avais vu dans la vitre du train. Mais ce reflet me paraissait bien flou par rapport à celui que je voyais à présent bien net dans la glace. La peau virant vers le doré, les yeux verts, les cheveux blonds ramené en queue de cheval, légèrement ébouriffé. Sans vraiment me rendre compte de ce que je faisais, je les détachais, les regardant tombé sur mes épaules. Presque aussitôt je les ramenais en une couette haute, plaquant avec soin les mèches qui dépassaient un peu, non décidemment je préférais les cheveux attaché.

Après avoir vérifié une dernière fois l’état de ma coiffure, -étais-je maniaque ?-, mon regard se posa sur un placard que j’ouvris sans hésiter. Ouvrant mon sac à dos je commençais à y mettre ce que je trouvais le plus utile ; des médicaments -du paracétamol selon la boîte-, des somnifères comme ceux que j’avais dans ma poche, des pansements et compresses, une petite bouteille qui semblait être de l’alcool modifié. Au moins j’avais de quoi me soigner, enfin du moins les blessures superficielles. Oui parce que celles mental que risquait de me causer les souvenirs, ou cette ambiance serait sûrement plus dur à soigner. Enfin bref, j’ouvris un autre placard et y pris du savon, des tampons –c’était encore quelque chose de problématique ça, quand est-ce que j’avais eut mes règles pour la dernière fois, hein ?- et des préservatifs, j’en donnerai à Noami et June, sait-on jamais. Je sortis de la pièce, le sac à dos à la main, me dirigeant vers une pièce qui était une chambre comme je pu le constater en y entrant. Il me fallait des vêtements, je me dirigeais donc vers une vielle armoire, espérant y découvrir ce qu’il me fallait. Une fois les portes ouvertes avec précautions, je pu constater avec un certain ravissement qu’elle était plutôt bien rempli. Je pris un débardeur gris qui semblait être à peu près à ma taille quoique un peu plus grand, un jean, un sweats quand j’entendis des bruits de pas en bas. Ha oui c’est vrai, fallait que j’en prenne pour le brun, et puis peut-être pour son pote aussi. Sky en prendrait sûrement dans les autres maisons, et de toute façon je n’aurais jamais la place de tout mettre dans mon sac. De plus il fallait que j’en prenne aussi pour June et Noami, quoique, je n’avais qu’a leur dire qu’il y en avait dans les maisons et ils iraient en chercher, les vêtements étaient pas ce qu’il y avait de plus pressant. Non c’était la nourriture, d’ailleurs s’ils n’en avaient pas trouvé, à part celle de la fontaine, ils devaient avoir faim en ce moment, tout comme moi. Fallait que je m’active.

Il faisait quelle taille le dealeur ? Je faisais quelle taille d’ailleurs ? Bon tant pis je vais prendre des trucs grands il se débrouillera avec. Fourrant un autre jean, un T-shirt et un sweat qui me paraissait grand, je pris aussi des sous-vêtements et des chaussettes, que je trouvais dans une commode. Quand je vis que mon sac ne pouvait en contenir plus je me dirigeais vers la porte pour redescendre en bas. Mais la table de nuit attira mon regard et j’ouvris le petit tiroir déjà entre-ouvert. Mon regard se posa sur un paquet de cigarettes, une lampe à dynamo, quelques stylos avec un carnet vierge. Je pris le paquet et le mit dans ma poche, je pu voir que je n’avais pas trop de mal à me retenir dans prendre, je ne devais pas être trop accro. Je pris aussi le carnet jauni par le temps, le stylo et bien sûre la lampe qui me serait sûrement la plus utile. Soudain j’entendis des bruits de pas précipités et quelqu’un crier quelque chose que je ne compris pas. Un nom ? Je mis mon sac sur les deux épaules, on aurait dit une parfaite écolière, et me dirigeais rapidement vers l’escalier lorsque je reconnu la voix de Nov qui me disait de descendre. Ou plutôt, m’imposait. Je fronçais les sourcils, mais je descendis quand même les marches, prenant un pas feutré, après tout s’il y avait un « sérieux problème » comme il disait, je devais me méfier. Et si c’était un piège ? Quoi, après tout c’était un dealeur et j’étais flic, j’avais de quoi me méfier. Quelle étrange coïncidence d’ailleurs que ce mec soit celui que j’ai ‘failli’ arrêter. Ça se trouve c’était de sa faute si j’étais là. Je repoussais cette pensée. Pourquoi serait-il dans le même état d’amnésie que moi ? Pourquoi Noami et June était là aussi sinon et avec ce même état ? Je n’avais pas eu de ‘souvenirs’ avec eux, je n’avais l’air d’avoir aucun lien puisque les souvenirs semblaient se ‘déclencher’ lorsque l’on rencontrait des gens qu’on connaissait. Je repensais au geste que j’avais fait pour prendre l’arme que je n’avais pas. Ou alors ils étaient simplement lié aux gestes qu’on peut faire, ou à la situation dans la quelle on se retrouve. Ou peut-être était-ce un ensemble de tout ça.

Arrivé en bas je pu apercevoir le brun devant la porte ouverte sur le dehors. La pluie à qui jusqu'à la je n’avais pas vraiment prêté attention, trop concentré à prendre des affaires utiles, semblaient tombé drue, et l’orage grondant semblait tout proche. Vraiment très proche. Je m’approchais de Nov –quel nom étrange d’ailleurs- en silence, fixant ses yeux couleur myosotis. A ses cheveux et ses habits mouillés je pouvais deviner qu’il avait fait un tour dehors. Je détachais enfin mon regard du sien pour inspecter rapidement les alentours, cherchant le problème qui semblait le paniquer. Mais non il n’y avait rien. Seuls les roulements de tonnerre se faisaient entendre. Personne. Ha oui tiens c’était peut-être ça le problème. Il était avec un autre jeune homme tout à l’heure, était-ce sa disparition, le problème ? Au fait Sky n’était toujours pas revenu, fallait espérer qu’il ne lui était rien arrivé. Je reportais mes yeux verts sur le brun. Bon il allait m’exposer son problème ou j’étais obligé de lui demander ? Apparemment oui. D’une voix totalement détaché, le regard impassible je lui demandais donc :

- Ton pote à disparus ? C’est ça le problème ?

Je repensais à Sky qui lui était partit chercher dans une autre maison, l’autre l’avait peut-être imité. Mais alors pourquoi Nov semblait inquiet ? Peut-être se demandait-il où était passé son ancien client. Je sortis la carte, que j’avais soigneusement pliée, de ma poche et la déplia, la parcourant rapidement du regard. Qu’est-ce que j’espérais ? Que leurs noms allait apparaître comme par magie, pour indiquer où ils étaient ? Et puis la carte semblait effacer en grande partie, impossible de savoir si la ville dans laquelle j’étais, était grande ou non.

- Enfin si c’est Sky que tu cherches, -tu sais le blond qui a crié mon nom-, il est partit chercher dans d’autres maisons, on est censée le retrouver après.

Quand et où d’ailleurs ? On n’avait aucun moyen de communication et ‘après’ était un indicateur très approximatif. Mais de toutes façons il fallait que je retourne à la fontaine, j’avais l’impression que ça faisait des heures que j’avais quitté les deux jeunes. D’ailleurs ça faisait sûrement plusieurs heures, mais comment le savoir ? Mon chronomètre indiquait toujours un compte à rebours. La carte toujours en main, je pris le stylo que j’avais trouvé et entoura la maison dans laquelle j’étais, pour marquer ainsi que j’y étais déjà allé. Repliant et rangeant la carte qui ne me servirait à rien pour revenir à la fontaine puisque je connaissais le chemin. Je me dirigeais vers la sortie et passais le seuil, remontant la fermeture éclair de ma veste en cuir jusqu'à mon cou. Plissant les yeux sous les rafales de vents et la pluie froide, je descendis la volée de marches et me retournai vers le brun, lui jetant un regard interrogateur pour savoir ce qu’il voulait faire.

Elle se foutait de lui, là. Non non, Hawkeye venait juste d'être enlevé par une horde de ronces vivantes, et surtout animées, mais à part ça tout allait très bien. C'était tout à fait normal, après tout, de se faire kidnapper par des putains de plantes qui bougent ! Il en resta cloué sur place. Était-elle sérieuse ? Silence. Il se contenta de la toiser d'un regard incrédule. Alors c'était tout ? Elle n'allait même pas essayer de savoir où il était passé ? Évidemment. Elle était flic, alors forcément, elle se foutait pas mal des potes d'un pauvre petit dealer qu'elle n'avait même pas été fichue de coffrer. Nan mais les flics, de nos jours... Il soupira. Se calmer, respirer un grand coup, et réfléchir. La blonde sortit un bout de papier jauni de sa poche. C'était une sorte de plan de la ville ? C'était ça qui lui avait pris tout ce temps en haut ?

"Sky" ? Alors c'était le nom que s'était choisi l'autre blondinet ? "Ciel"... Non, Sky, ça sonnait mieux. Encore de l'anglais. Qu'il comprenait. Intéressant... Il nota l'idée dans un coin de sa tête, et essaya de suivre ce que racontait la blonde. Son nom ? Il l'avait crié ? Ah... Évidemment ! La pseudo-marque de spaghettis, c'était son nom ! Enfin, son nom d'emprunt, parce qu'en réalité, c'était celui de quelqu'un d'autre. Pourquoi aurait-elle crié son propre nom dans son souvenir, sinon ? Novembre en conclut qu'il s'agissait du nom d'un de ces collègues de travail. Du flic qui lui aurait tiré dessus, par exemple. C'était tout à fait plausible. Il fronça les sourcils en repensant à cette partie de son souvenir. L'histoire de la balle qu'il s'était prise dans le bras lui reviendrait-elle toujours en mémoire dès qu'il prononcerait ou entendrait le nom "Calvetti" ? Il espérait que non ; ce n'était pas vraiment ce à quoi il voulait penser toute sa vie.

Bref. Non, ce n'était pas Sky qu'il cherchait, mais l'autre blond. Et puis, au vu de l'imprécision des termes de cette Calvetti, elle ne devait pas vraiment avoir de repères non plus, dans cette ville. Finalement, ils étaient tous aussi paumés les uns que les autres, ici. Définitivement. Elle s'intéressa plus précisément à sa supposée carte et y gribouilla quelque chose d'un trait franc et décidé - un cercle, à en juger par le mouvement rapide de son poignet - avant de replier la page et de la ranger dans sa poche.

« Nan, c'est pas lui que je cherche. Des r... Non. Il ne pouvait pas dire ça quand même. C'était absurde. Je crois qu'Hawkeye a de gros problèmes, il faut le retrouver. »

Mais la flic était déjà sortie sous la pluie battante. D'ailleurs, cet orage, il avait éclaté quand ? Le ciel était tout à fait dégagé, quand il avait quitté la bouche du métro.

« Tu veux toujours aller à la fontaine ? Il y est peut-être déjà. »

Mais il y avait peu d'espoir. Et puis au fond, à quoi bon partir à la recherche d'une troupe de plantes folles furieuses pour secourir un type aussi buté, violent et irréfléchi qu'Hawkeye ? Mais son dernier souvenir s'immisça rapidement dans son esprit. Il n'aimait pas laisser tomber les gens qui comptaient sans doute sur lui. S'il était effectivement à la fontaine, il le retrouverait. Sinon ? Avec un peu de chance, il serait encore en vie quand ils se reverraient... Nouveau soupir. Que faire ? Machinalement, il caressa du bout des doigts la clé de voiture qu'il avait trouvé dans la boîte. Il n'avait aucune envie de marcher sous la pluie maintenant. Surtout quand il savait qu'un véhicule était peut-être garé dans les environs... Et s'il était tout près ? Dans la cour de derrière peut-être ? S'il était assez moderne, peut-être que les phares clignoteraient quand il déverrouillerai les portières ? Oh et puis après tout... Ça coûtait quoi, d'essayer ?

« Attends, je crois que ça peut servir », lança-t-il en montrant la clé à Calvetti depuis le seuil de la porte.

Il appuya sur le bouton, sceptique.

Quelqu'un avait appuyé sur le bouton.

Quelqu'un venait de ranimer une conscience.

Dans les rues de la ville, une voiture se réveilla. Ses phares clignèrent et elle mit en marche ses essuies-glaces comme pour se frotter les yeux après un long sommeil. On l'avait appelé. Un propriétaire avait besoin d'elle ! Elle n'allait pas se faire prier pour lui répondre et mit le turbo pour le rejoindre.

Novembre attendit une bonne dizaine de minutes, l'air passablement stupide avant de s'apercevoir que son bouton avait bel et bien déclenché quelque chose. Pas forcément ce à quoi il s'attendait mais quelque chose.

Pétaradant, une vieille Citroën deux chevaux arrivaient vers eux d'une démarche essoufflée. Son pot d'échappement dégageait une fumée noirâtre qui aurait fait frémir le moindre écologiste. Sa carrosserie cabossée de partout et rouillée à l'extrême laissait présager qu'elle venait d'une autre époque. Mais surtout : elle avançait toute seule.

Arrivée à quelques mètres d'eux, elle klaxonna et ouvrit sa portière.
Quoi de plus normal ?