Une fuite en avant, une chute vers l'arrière.

Dieu vient de là (et Taiga aussi si il me rejoint ?)

Une fuite en avant, une chute vers l'arrière. 2025713651

14h-16h

Il s'est éloigné. Éloigné du lac, et de l'eau devenue une menace a cause de ce type. Finir au fond de cette étendue liquide avec une pierre attachée aux pieds ? Non merci, vraiment pas. Et il se doute que c'est ce qui risque d'arriver si jamais il conduit ce fou dangereux au cadavre du mec qu'il cherche avec tant de volonté. Non, oh que non, il ne sera pas mêlé à cette découverte.

Il se retrouve soudain devant un bâtiment. Un bâtiment qu'il lui semble connaitre.Oui. Là-bas, au bout de cette étrange allée de petits cailloux roses... le Manoir ! Le manoir et ses lits ! Une sorte d'allégresse empli son cœur. La chance est réellement et définitivement avec lui. Une fuite offerte sur un plateau d'argent, et maintenant, l'occasion d'aller roupiller tranquillement pour se remettre de tout ça ? Un miracle, un vrai miracle. Il voudrait dire "merci mon Dieu". Oui mais voilà. Dieu c'est lui. Inutile de se remercier. Inutile de se rappeler que sa perfection est toujours là, quelque part, enfouie en lui.

C'est sans hésiter qu'il s'engage dans la petite allée. Sauvé !

HJ:

Décembre vient de là!

Le chemin qu'elle parcourt est long, mais elle ne s'en plaint pas, parce-qu'elle se sent en pleine forme, et qu'elle est trop occupée à hurler le nom de sa blonde-canapé-lit-adoré à tout va pour se rendre compte de la distance parcouru.

Encore un peu et elle se mettrait à fredonner du Dragon Ba- ah non, oubliez, c'est exactement ce qu'elle est entrain de faire.

D'ailleurs, elle aurait pu continuer longtemps, si elle n'avait pas manqué de se rétamer lamentablement en glissant sur quelque chose. Baissant les yeux, elle tique violemment en voyant une flaque de liquide rouge.

« Qui est le connard qu'a fait tomber de la sauce tomate en plein milieu de la route ?! Putain, même pas capable de manger du gaspachos proprement dans c'te saloperie de ville... Ah mais d'ailleurs j'ai la dalle ouais. »

Les sourcils froncés et le ventre criant famine, elle a la brillante idée de suivre les gouttelettes de ce qu'elle pense être de la soupe à la tomate, pensant en toute logique que l'itinéraire ainsi tout tracé la mènerait au gros dégueulasse qui savait pas bouffer sans en foutre partout mais qui, lui, au moins, avait de quoi manger.

C'est donc en sautillant presque qu'elle accourut vers le garçon qui avançait sur l'allée pavée d'un immense manoir, la démarche claudicante et les cheveux dégoulinant de ce qu'elle identifie comme, eh bien, de la soupe.

« MEEEEEEC !! HEY, ATTENDS ! »

Emportée par son élan, elle manque de se rétamer (bis) en lui agrippant l'épaule, les faisant chanceler tous les deux, un sourire enjoué aux lèvres et un seul mot en tête : mangeeer.

« Héhé, t'as fait tomber du gaspachos sur le chemin, là ! J'dis pas mais t'en a dans les tifs en fait, aussi. M'enfin on s'en fout en fait, j'ai la dalle. T'partage ? Moi c'Décembre, en fait. Sinon t'as pas l'air en forme, elles étaient pas pourris tes tomates... ? On dirait qu'tu vas gerber. »

14h-16h
Précédemment

Il avait suivit les traces de sang. Le gamin n’était qu’un imbécile – quand on faussait compagnie à quelqu’un d’aussi dangereux que lui, la moindre des choses était de tenter de dissimuler toute trace de son passage. Visiblement, le gamin n’avait jamais eu à vivre ce genre d’expérience auparavant vu la facilité avec laquelle le blond pouvait suivre son trajet.
C’est donc sans trop se fatiguer à chercher dans le paysage que Taiga pu rapidement rejoindre les abords de ce qui semblait être un imposant manoir. Il avait visiblement adopté un rythme plus rapide que le gamin – parce qu’il pouvait distinguer ce qu’il pensait être sa silhouette pas trop loin. Mais entre eux deux, il y avait un gênant témoin. Un garçon – ou une fille – aux cheveux rouges qui déblatérait assez fort pour qu’il puisse l’entendre sur du… Gaspacho. Il eut un rictus moqueur. Encore un gosse.
Lentement le blond s’avança, se dressant face au brun avec un sourire tout à fait charmant. Pas une trace de colère ou de haine. Juste ce sourire et son calme bien trop effrayant pour tenir plus longtemps…

« De la nourriture ? Je crains fort que ton ventre ne te trouble la vue… Ce gamin attend simplement que je vienne finir ce que j’ai commencé tout à l’heure. »

Abandonnant le – ou la – gosse aux cheveux rouges derrière lui, il fit encore quelques pas vers le brun.

« Ne t’avais-je pas prévenu, demi-portion ? »

14h-16h
On était là

Les yeux verts du garçon s'illuminèrent. Le volant ? Il pouvait s'installer devant ? Vraiment ? Comme un enfant à la veille de Noël, il s'installa et avec timidité, effleura le siège. Il eut un petit regard excité pour Lou et toucha le levier de vitesse. Il était vraiment aux anges. Elle n'aurait pu lui faire un plus beau cadeau et il déposa ses mains sur le volant, laissant la voiturette démarrer seule, ne cherchant pas à la forcer à quoique ce soit. Ses pieds s'étaient naturellement installés sur les pédales, lui prouvant une fois de plus qu'il s'y connaissait... Pas de doute : il savait conduire.

"Merci Planche-à-pain ! C'est vraiment cool !"

Il était tout fou et en retour de cette faveur, sortit la fiole pour lui tendre.

"La casse pas. En fait dans les égouts y a une pièce étrange avec plein d'autres bouteilles. J'en ai bu une et le mur m'a demandé de trouver celle-là. Le truc c'est que quand j'ai mis la main dessus y a un espèce de raz-de-marée qui m'a amené dans la crypte en me séparant de Taiga, c'est pour ça que je suis plein de boue."

Son explication terminée, il la laissa observer un peu l'objet avant de le récupérer. Il avait du mal à décrocher les deux mains du volant. En fait, il ne le faisait pas et en conservait une dessus bien qu'elle soit inutile vu que Biscuit se débrouillait seule. S'arrêtant d'ailleurs à un moment devant une immense demeure, Vodka haussa les sourcils. C'était pas là mais c'était tellement énorme qu'il voulait aller voir. Puis il avait trop faim. Il aperçut cependant quelques silhouettes dont une fort familière...

"TAIGA !"

Le nom lui avait échappé et il ouvrit la portière, s'étalant presque sur le sol à cause de sa faiblesse. Merde. Il voulait pas qu'il le voit comme ça...

Elle rit de ce petit jouet qui trébuche. Sa joie... Elle voudrait la briser. Et Elle lui offre un souvenir, petit lumière qui éclaire son visage. Petit souvenir, si fragile, entre Taiga et lui. Alors Vodka... que souhaites-tu faire ?

Spoiler:

« De rien, Castra ! ♥ » Répond Lou en un sourire. Puis elle écoute l'explication. La fiole, les égouts. Hoche la tête. Fronce les sourcils.

« Et t'es certain que c'est une super idée d'obéir à un mur ? Je veux dire, s'il est à cette ville, c’est p'tet pas qu'il vous veut du bien... »

Ôtant un peu de boue que Vodka lui avait laissé en souvenir, le plaçant sur le nez du blond, elle ajoute « La preuve. ». Après tout, sitôt la mission accomplie, ils avaient été séparés, non ? Si ce n'était pas pour faire chier et souffrir...

Lou soupire, trouvant étrange son rôle de parano qui lui venait soudain. Elle qui est vive et insouciante se trouve soudainement prudente. Et si qui que ce soit d'autre aurait approuvé ce nouvel aspect de personnalité, la rousse, elle, le réprime. Et quand elle voit le Manoir, un sourire s'agrandit sur son visage. « Tadaaaa ! » Fait-elle. Voilà, oublié la prudence. Elle descend de la voiture, s'étire, se sait sale et puante mais s'en fiche. Elle a eut le temps de récupérer un peu de bonne humeur grâce à son nouveau copain... qui manque de s'étaler dans sa précipitation. Elle va vers lui, lui lance un sourire moqueur :

« Et voilà, débilos ! Tu... attends... il est là, Taiga...? »

Elle relève les yeux et regarde. Et elle voit. Un gamin en sang, un grand blond menaçant, Décembre de ce matin -comment on se recroise ? -. Ça fait beaucoup d'un coup. Elle se fige et tend distraitement une main vers Vodka, histoire de l'aider.

« Hum. Tu m'expliques ? C'est lequel Taiga ? »

Le grand blond, elle espère. Encore qu'elle le trouve pas super avenant. Sinon, son nouveau copain est un... pédophile ? Oh, merde.

Le nouvel arrivant, le rouquin surexcité, manque de lui faire perdre l'équilibre. Qui ose lui faire ça, à lui ? Et alors qu'il se prépare à répondre acerbement à sa remarque sur un gaspacho -mais de quoi il parle ?!-, une voix retentit. Une voix qu'il aurait souhaité ne plus jamais entendre. « De la nourriture ? Je crains fort que ton ventre ne te trouble la vue… Ce gamin attend simplement que je vienne finir ce que j’ai commencé tout à l’heure. » Un frisson traverse sa colonne vertébrale lorsqu'il se tourne vers Taiga, terrifié à l'idée d'avoir été retrouvé si vite. « Ne t’avais-je pas prévenu, demi-portion ? ». Il ouvre la bouche. Trouver quelque chose à répondre. Vite. "TAIGA !"

Le cri l'interrompt. Et là bas, comme par miracle, le type de la crypte, celui que Taiga cherche. "Tu vois, il est là, ton pote ! Je te l'ai retrouvé ! Laisse moi !". Oui, c'est faux, tout ça c'est un hasard. Mais qu'importe ! Qu'importe si il a la vie sauve, et si ce type ne l'écharpe pas. Et puis les retrouvailles vont être... intéressantes.

Alors qu'il remarque que le type blond qui déboule de la voiture n'est pas seul, et qu'une fille inconnue au bataillon le suit, un souvenir -encore un !- apparait. Il est pour le blond, cette fois, et Dieu plisse les paupières. Décidément, la ville sait choisir ses moments pour faire ce genre de choses...

L'intervention du grand blond la fait presque sursauter. L'arrivée des deux autres, elle, la laisse presque de marbre, perdue dans ses pensées qu'elle est.

Ses pensées, qui, eh bien, peuvent être résumées en une seul petite phrase.

« Mais. Mais... POURQUOI Y A PAS DE GASPACHOOOOOS ? »

Admirez la complexité et la philosophie suintant de cette question existentielle.

Son sourire maintenant évanoui et remplacé par une moue boudeuse et un rien désespérée, elle finit néanmoins par faire volte-face pour examiner les deux nouveaux arrivants, haussant un sourcil en voyant un autre blond sortir de la petite voiture à présent garée dans l'allée, pour, ma foi, se rétamer en beauté -une autre victime du gaspachos-qui-n'en-est-pas ?-, avant de littéralement bondir en avant en identifiant Lou.

« AH MAIS NAN, FAUT ARRÊTER DE ME STALKER MAINTENANT ZORA. Sérieux quoi. Si tu me suis à cause des mentos tu peux rêver j'te les rendrais pas hein. »

Lui tirant puérilement la langue, elle se désintéresse néanmoins de la scène en voyant un souvenir apparaître entre les deux Barbies de service, se rappelant enfin de la présence du brun, qui, s'il n'était pas couvert de sauce tomate, était certainement couvert de …

« Ha mais tu saiiigne, s'exclame-t-elle en s'approchant du concerné, levant un doigt en l'air. Non mais ouais t'es bien amoché en fait. Et t'as toujours l'air d'avoir envie de gerber. »

Elle sortit prestement une canette de coca de sa poche, la balançant sur Dieu d'une pichenette, sans douceur aucune.

Il avait attrapé le brun par le col et levé le poing pour l’abattre avec enthousiasme sur la joue tendre du gosse. Quand il y eut ce cri. Ce bruit qui changea absolument tout. Son prénom, prononcé par cette voix qu’il connaissait, cette voix qu’il chérissait tellement. Il aurait pu tout lâcher d’un coup mais il préféra finir son mouvement, envoyant voler un peu plus loin le gamin avant de faire volte-face, courant presque en direction de son blond.
En quelques instants le blond fut à côté de son amant, l’attrapant par la taille et le serrant contre lui, n’osant pas regarder ce corps meurtri. Près d’eux se trouvait ce souvenir, mais pour l’instant cela n’avait aucune importance. Il y avait juste ce garçon qui comptait…

« Mikhaïl… Je suis là… Je te lâche plus… »

Il murmurait, juste pour lui. Juste à son attention. Enfouissant son nez dans le cou de son amant, il chercha instinctivement sa bouche, appuyant quelques instants contre celle-ci avant de reculer, caressant sa joue, ses yeux dans les siens, chuchotant un « Mikhaïl… » comme un secret entre eux, de cette voix si tendre qu’il ne destinait qu’à lui.
Il se sentait tellement, tellement coupable de lui avoir fait ça… Pourrait-il encore le regarder en face après ce qu’il avait fait ? Visiblement, oui, il le pouvait. Il l’aimait tellement…
Finalement il se retourna à demi, fusillant le gamin brun du regard avant que son attention ne soit attirée par cette boule de lumière. Elle était pour Mikhaïl… Qu’allait-il apprendre ? Le souvenir des égouts lui revint. Il l’avait repoussé avec tellement de colère à ce moment-là… Et si ça se reproduisait ? Hors de question. Serrant les doigts qu’il avait attrapés, il appuya sa tête contre la sienne.

« Je te lâche plus maintenant. Même pour ça, ajouta-t-il en pointant le souvenir du menton. »

Taiga se jeta presque littéralement sur lui et le blondinet n'eut pas besoin de répondre à la demande de Lou. Oubliant un peu ce qu'il se passait autour de lui, il se serra à son amant, souffrant à cause de ses blessures mais il s'en foutait. Le "Mikhaïl" le fit frémir. Son prénom... Cela serait leur secret. Taiga avait donc eu d'autres souvenirs. Il faudrait qu'il lui demande mais pas tout de suite... plus tard. Là, il voulait l'embrasser. Réalisant ses désirs, le leader pressa ses lèvres sur les siennes, faisant fondre Vodka. Il souriait, heureux de le retrouver et de l'entendre. Il ne voulait plus le lâcher, tant mieux parce que c'était réciproque. Restant serré contre lui, une nouvelle lueur bleue le détourna du visage de son amant. Elle lui était destinée apparemment et Misha lança un coup d'œil à Taiga. Et s'il se faisait téléporter pendant ce temps ? Ou embarquer par un des autres là-bas ? Genre le mec qu'il vient de frapper ? Non, il ne prendrait pas se risque.

Glissant sa main dans la sienne, il tendit leurs doigts vers la boule.

"Dans ce cas... viens avec moi."

Taiga n'eut pas le choix pour une fois et les deux blonds touchèrent le souvenir...

Le mouvement des retrouvailles est si réciproque qu'instinctivement, Lou s'écarte, faisant un pas de côté pour ne pas se retrouver entre les deux. Elle les regarde un instant et se sent heureuse pour Vodka, qu'il ait retrouvé sa personne si chère à ses yeux. Elle sourit. Elle est contente de le voir aussi heureux. Elle espère qu'elle aussi retrouvera quelqu'un comme ça. Et elle espère, égoïstement, qu'il ne l'oubliera pas, non plus. Fuir une araignée géante, ça créer des liens, non ?

Elle est contente de s'être éloignée, la rousse, de les voir si bien ensemble. Pourtant, c'était pas gagné. Surtout quand il a frappé le gam...in. Elle ouvre les yeux, prend une inspiration et tandis qu'ils ont déjà plongé dans leurs souvenir, elle hurle presque « Mais c'est un MALADE, lui ! ». Et Vodka l'aime bien ? Punaise, faudra qu'on lui explique. En attendant, elle se dirige vers Dieu, tombé à terre. Elle croise Décembre et non, elle est trop énervée pour se prendre un commentaire de plus.

« TA GUEULE, le Trans-gaminette ! Arrête de croire que le monde tourne autour de toi, si je devais suivre quelqu'un, je ferais en sorte que ce soit quelqu'un d'agréable ! »

Quoi ? Elle avait été gentille, elle n'en avait perdu que des mentos. Pas de reconnaissance, ni rien. Et Lou est rancunière, comme à fleur-de-peau. Elle n'a pas envie de se disputer avec Decembre, alors, elle tente de l'envoyer balader, direct. Elle n'est plus seule, maintenant, en plus. Plus vraiment... Elle grommelle « Un incendie, une araignée géante et c'est tout ce que j'ai ? Merde à la fin. » Puis elle prend le Gamin à terre par les épaules, tente de l'aider.

« Heeey, tu peux te relever ? » car inutile de demander si ça va. Non, ça ne va carrément pas. Ça se voit. « J'ai de quoi te soigner dans la voiture, viens, s'il te plaît. »

Avec lui, elle tente d'être gentille. Avec lui. Décembre, pour l'instant, c'est finit. Du moins l'espère-t-elle.

Le souvenir envahit leurs deux mémoires simultanément, avec une intensité et une réalité absolues...

Vodka:

Point de vue externe:

Dans le même temps, une nouvelle petite sphère de lumière descend sur le groupe, s'arrête juste sous le nez de Lou. Elle n'a pas finit de s'amuser...

Spoiler:

Du sang, du sang. Et une canette de coca qui lui gicle dessus. Et ce fou dangereux, ce type violent qui le tient par le col -sale habitude ! Le coup l'atteint en plein visage, sans qu'il ait le temps de rien dire. Et il s'étale lamentablement sur le sol, un peu plus loin, alors que Taiga ne fait déjà plus attention. Et a vrai dire, il n'en a rien à faire. Il n'y a plus que cette douleur partout, qui le pique et le brise. De nouveau, il voit flou. Floue la touffe de cheveux oranges de ce gamin qui parle fort et avec une voix aigue. Floues, les embrassades du fou furieux et de cette personne qu'il a tant fait souffrir. Floue, enfin, cette fille qui s'approche de lui. Le soulève par les épaules. Il n'a plus la force de résister, plus la force de reculer, plus la force de s'enfuir. Il saigne toujours. Et il a l'impression de se vider petit à petit de son cerveau par cette plaie à l'arrière de sa tête.

Il s’appuie donc sans résistance contre la rouquine qui lui parle avec empressement. « Heeey, tu peux te relever ? J'ai de quoi te soigner dans la voiture, viens, s'il te plaît. ». Voiture... venir.... soigner. Soigner, c'est le mot qui le décide. Il approuve d'un hochement de tête. Se laisse guider, pour une fois. Ça ne fait pas de mal. Il ne connaît pas ces gens. Ils ne le connaissent pas. Alors il peut être faible pour l'instant.

Un souvenir interrompt leur progression. Pour celle qui le soutient cette fois. Il ne dit pas « touche le » ou « laisse le ». Qu'elle fasse ce que bon lui semble. En attendant... En parlant de souvenirs... Il se tourne vers Taiga et son ami. Qui est plus qu'un ami semble-t-il. Amèrement, il crache : « Merde ! Toi, le blond que je connais pas ! Ton Taiga là... il t'a trahi ! Il t'a vendu à la voix ! Contre des souvenirs ! ».

Il n'a pas pu s'en empêcher. Il déteste cette brute qui l'a maltraité alors que tout est de sa faute. Il déteste les faibles qui cèdent au chantage. Et il déteste ce noir qui envahit sa tête, petit à petit.

La répartie cinglante de Lou la sort de sa contemplation perplexe de la canette tombée sur le pavé, la forçant à lever les yeux vers elle.

« TA GUEULE, le Trans-gaminette ! Arrête de croire que le monde tourne autour de toi, si je devais suivre quelqu'un, je ferais en sorte que ce soit quelqu'un d'agréable ! »

Pendant un instant, Décembre reste coite ; ses cils clairs balayent les verres de ses hublots un rien crasseux au rythme des clignements de ses paupières.

Et puis, sa nature belliqueuse revient au galop, jumelé de son bon sens inexistant.

« Comment tu m'as appelé, là ?, crache-t-elle, poings serrés et sourcils froncés à l'appui. T'es bien une gonzesse, bordel ! Même pas capable d'assumer une putain de fixette. Pff, t'as cru quoi ? Spèce de tsundere à deux balles, j'suis pas intéressée. »

Décembre, à côté de la plaque ? Haha, bonjour.

Allant rageusement chercher son soda, elle continue à marmonner des « t'as de la chance d'être une meuf, saleté », et des « attends que je r'trouve C-18, elle va te défoncer, parce-qu'elle est trop puissante et tellement supérieur, Barbie... », jetant par la même occasion un vague regard vers les deux blonds qui 'pourraient prendre une chambre, putain', se désintéressant d'eux en constatant qu'ils sont toujours dans le souvenir.

Elle ignore superbement Lou et la boule de ping-pong luminescente qui volette joyeusement sous son nez pour aller se poster à côté de Dieu en prenant soin de ne pas toucher son aide actuelle, lui tendant gentiment -sisi- le coca.

« C'est moche, de balancer, comme ça, fait-elle remarquer à voix haute, l'air un rien ennuyé, en se disant que si elle reste, c'est bien pour ce pauvre mec qui ne mérite pas de finir entre les griffes de cette folle furieuse -de toute façon, personne ne mérite d'être collé par une femme. Mais c'pas cool non plus de taper un mec à terre, du coup égalitéééé. J'ai de l'eau aussi s'tu veux.»

Spoiler:

C’était la première fois qu’il se retrouvait spectateur. C’était une étrange sensation que de voir son amant assis au volant d’une voiture, des larmes dévalant le long de ses joues. Pourquoi pleurait-il ? Il avait envie d’être là, de le serrer à lui, de sécher ses larmes… En était-il le responsable, cette fois encore ?
Inconsciemment, ses doigts se resserrèrent sur ceux du blond tandis qu’ils sortaient du souvenir. Il voulait dire quelque chose – lui prouver qu’il tenait à lui, qu’il était plus important que tout… Mais le gamin brun est plus rapidement, hurlant à son amant cette vérité qu’il ne voulait pas qu’il apprenne – pas comme ça, de cette manière aussi cruelle… Il voulait lui expliquer, lui montrer pourquoi il avait fait ça. Et maintenant… Ses doigts serrèrent brusquement ceux du gamin, son visage se durcissant sous la haine.

« Toi le môme, tu vas fermer ta gueule avant que je te fasse taire pour l’éternité. »

La voix était sifflante et ses yeux dévisageaient mortellement le gosse – que n’aurait-il pas donné pour le coincer en cet instant dans une pièce vide pour lui faire passer définitivement le message… Mais il n’avait plus le temps – maintenant, c’était quitte ou double. Après ça, Mikhaïl n’allait certainement pas accepter et se laisser faire. Il devait… Le blond soupira, attrapant brusquement la taille de son amant pour l’empêcher de s’éloigner de lui. Tournant le dos aux autres – définitivement ils n’auraient pas droit à une once d’intimité, il plongea son regard dans celui de son amant, tentant de ne rien laisser passer de l’angoisse qui l’étreignait.

« Je voulais t’en parler. Mikhaïl, ces blessures… Il inspira doucement, effleurant du doigt une des plaies avant qu’il ne resserre son étreinte, lâchant un plaintif soupir. Je suis tellement… Tellement désolé… Je sais… Je sais que j’aurais pas dû, mais… Je pensais pas qu’elle te blesserai… »

Et pourtant, c’était exactement ce que lui-même aurait fait à la place de la voix. Il reprit, murmurant d’un ton plus empressé, une pointe d’inquiétude lui échappant.

« Mais je me suis souvenu de toi… Je t’ai vu brièvement et… Il souffla à nouveau, réalisant pleinement l’implication de ce qu’il avait vu. Plus fermement ses mains serrèrent le corps blessé, collant son front au sien tandis qu’il murmurait à l’adresse du blond. Tu es ce que j’ai de plus précieux au monde Mikhaïl… Et je ne l’oublierai pas une seconde fois, je t’en fais la promesse… »

Faites qu’il ne me déteste pas…

Lorsque le blondinet rouvrit les yeux, il avait...mal. Tellement mal. Sa poitrine était si serrée, un poids y pesant et l'empêchant de respirer correctement. C'était saccadé et douloureux. Il tentait de se calmer. Tout cela était dans le passé... un souvenir rien de plus. Taiga le tenait là. Il ne le laisserait pas partir, plus jamais, il venait de le dire. Et pourtant, le doute s'immisçait dans son esprit et les larmes roulèrent doucement sur ses joues. Mikhaïl avait essayé de les retenir, se mordant la lèvre avec force. Mais à quoi bon se faire saigner si c'était pour craquer tout de même ? Il se sentait vidé, épuisé à cause de rien et lorsque les propos du gamin l'atteignirent, ce fut le coup de trop. Il se tendit. Taiga l'avait...trahi ? Que voulait-il dire par cela ? Naturellement, ses yeux se posèrent sur son amant, cherchant la preuve de ce mensonge mais celui-ci ne manqua pas de s'attaquer au brun, confirmant ainsi la vérité de ses propos. Mais que s'était-il passé ? Sans devoir formuler la question, le blond expliqua avec de nombreuses hésitations.

C'en était trop... trop d'un coup et les larmes reprirent plus abondamment. Sans grande force - parce qu'il en était incapable - Mikhaïl repoussait cet homme, source de ses joies et de ses souffrances. Pourquoi ne pouvaient-ils être heureux ? Son regard se fit plus dur et pourtant toujours aussi déchiré. Ses lèvres tremblaient sous le choc et il murmura, tout bas.

"Qu'est-ce que tu as fait Taiga... ? Comment peux-tu être lié à mes blessures ?"

Il voulait des réponses. Non, il en avait besoin. Ses mots et ceux du brun se mélangeaient dans son cerveau. Taiga n'avait tout de même pas... si ? Ses yeux s'écarquillèrent à cette conclusion et il le poussa plus brusquement, le mouvement lui arrachant un gémissement de douleur autant que l'idée qui venait de germer dans son esprit.

"Comment tu as pu... ?"

Sa voix restait basse. Il n'avait pas réussi à hurler mais il prit une longue inspiration, se tenant à la portière avant de reprendre d'un ton secoué.

"Tu m'as... échangé ? Contre ta mémoire ?!"

Cette haine si proche de son amour remontait et ce fut en hurlant qu'il désira achever ses retrouvailles.

"COMMENT OSES-TU DIRE QUE TU M'AIMES APRES CA ?"

Il n'arrivait pas à croire les mots de cet homme. Pas après ça... Tant de souffrance... Et face à cela, qui avait-il appelé ? Taiga. Parce qu'il lui faisait confiance, parce qu'il l'aimait de tout son cœur et jamais, non jamais, il n'aurait osé lui infliger cela. Ses pleurs augmentaient et noyé dans ses larmes, Mikhaïl.. non Vodka, reculait de quelques pas. Son regard ne lâchait pas ce traitre et sa douleur se lisait clairement mais sa colère aussi. Il se sentait trahi... trahi par la seule personne qui comptait vraiment dans sa vie. S'il avait tenu face à toutes ces aventures plus folles les unes que les autres, cette nouvelle l'achevait. D'ailleurs, à cause de ses tremblements, il finit par tomber à genoux sur le sol, n'ayant plus la force de résister et fixant la terre maintenant, il souffla :

"Je peux pas Taiga... Pars."

Il se passe trop de choses. C'est un gros bordel et la rousse ne sait plus très bien quoi faire. Elle voudrait s'excuser auprès de Décembre qui n'a pas à payer sa mauvaise journée. Elle voudrait encourager le brun qui semble si mal, le protéger contre Taiga qui montre ne pas en avoir finit avec lui. Elle voudrait encourager Taiga à s'éloigner et puis, peut-être, lui dire d'être patient, que les choses peuvent encore s'arranger. Qu'il faut juste laisser le temps de digérer qu'elle peut p'tet discuter avec le petit Blond. Et elle voudrait aussi rattraper Vodka qui semble être au bord du trou, tellement affaibli par ses blessures et par ce qu'il se passe. Le soutenir comme elle le peut. Et puis il y a ce souvenir, insolent, qui vient virevolter près d'elle.

Son cœur manque un battement. Elle voudrait que le temps s'arrête pour la laisser souffler, elle veut retourner cette situation si dramatique comme on retourne une bonne crèpe au rhum et lui redonner une note positive. Alors, elle fait un pas en avant, emmenant le brun avec elle et manque de trébucher, en même temps que du dos de la main, elle tente de chasser le souvenir.

« Tch, va-t-en, y'a pas le temps. » souffle-t-elle.

Et un mauvais calcul, un balancement un peu trop à droite, un mouvement de main un peu trop décalé, et elle effleure la lumière.

« Mince, non ! »

Elle a juste le temps de serrer Dieu contre elle, lovant ses épaules contre lui tandis qu'elle sombre.

Et de tout ce qu'elle voulait faire, il n'y aura rien.

Elle s'amuse, de ces pauvres petits jouets si peu doués. Et la mémoire s'engouffre comme une vague dans l'esprit de Lou, tandis que deux heures viennent grossir son compteur...

Lou:

« Toi le môme, tu vas fermer ta gueule avant que je te fasse taire pour l’éternité. » Tsss, juste parce que c'est la vérité, hein. Il sait que la vérité, ça fait mal. Il suffit de voir la réaction qu'avait eu son frère adoptif dans son souvenir, en apprenant qu'il ne faisait pas vraiment partie de la famille. La vérité, ça blesse tellement, parfois. Et pour une fois, il ne se sent pas coupable de faire du mal. Il se venge, même si c'est bassement. Non, il ne se sent pas coupable de voir Taiga se faire repousser par celui qu'il a cherché avec tant d'ardeur et de désespoir. Il se sent juste soulagé, de ne pas être le seul à avoir mal.

Et puis, étrangement, il se sent en sécurité. En sécurité avec cette rouquine qui semble vouloir le soigner. Même si elle est bizarre, même si elle s'agite pour rien. Et cette assurance qui lui vient de quelqu'un d'autre l'encourage à saisir la canette que lui tend l'autre gamin. Enfin, gamine d'après ce qu'il peut comprendre de l'échange animé qu'elle a eu avec sa protectrice attitrée. Même si à vrai dire, il ne comprend pas grand chose des derniers événements. La fraîcheur de la canette de coca dans sa main lui file la chair de poule, mais cette fois il ne la lâche pas. La débouche d'un geste sec et qu'il aimerait élégant. La lève jusqu'à sa bouche.

C'est le moment que choisit la rouquine pour le serrer fortement contre lui en touchant son souvenir. La canette se renverse, les couvrant tous les deux d'un liquide sucré et collant. Il ne peut retenir une grimace dégoûtée, puis un soupir de lassitude. Ne se débat pourtant pas. Il faut juste attendre que la fille se réveille. Il a trop mal à la tête pour se débrouiller seul. Pour une fois.

Et veut surtout éviter de se retrouver seul à seul face à Taiga dans son état actuel...

HJ:

Il y a des cris et des pleurs du côté des deux blonds sortis de leur souvenir. Décembre leur lance un vague regard, fronçant les sourcils en remarquant qu'ils tournent maintenant le dos au petit groupe qu'ils forment avec le brun et Zora.

Elle croit comprendre qu'ils parlent de trahison, d'amour et d'échange, mais elle ne s'y attarde pas. A peine un reniflement dédaigneux à l'attention du grand blond parce-qu'elle n'entretient que mépris envers les traîtres, aussi classes soient-ils, et la voilà revenu à Dieu qui prend la canette qu'elle lui tend.

Elle sourit et s'apprête à dire quelque chose quand il l'ouvre d'un geste sec, avant d'être interrompue par un jet de soda foncé, se déversant sur ses deux compagnons d'infortunes, la laissant d'abord surprise, mais un rien atterrée, et finalement hilare.

« T'es vraiment, vraiment pas doué, finit-elle par lâcher à l'intention du blessé une fois son rire calmé, en essuyant ses yeux d'un revers de main. Donnes moi ça. »

Elle lui prend la canette et grimace en se rendant compte qu'il n'en reste rien, avant de la balancer dans un coin du jardin.

« Ah mais sinon ! V'auriez pas vu une BBB ? Blondasse, bonasse, badass, wesh. Ou alors une brunette épique aussi, hein, où un pseudo-handicapé branleur mais vu qu'c'est un Maraudeur il est puissant too. Les Maraudeurs c'mon groupe, et on est trop des warriors de la mort qui tue, azy ! Faut qu'j'les r'trouve, sérieux. »

Il y avait cru pourtant. Avec le désespoir d’un enfant attendant un miracle, il avait cru à un pardon immédiat et sans tâche qui n’était étrangement pas venu. A sa plus grande douleur son amant s’était éloigné, il l’avait repoussé. Et au-delà de la peine et de la douleur que le geste éveillait en lui, il y avait la colère. Elle était là, légitime et prête à tout brûler sur son passage. Parce que c’était vrai, parce qu’il l’avait protégé si longtemps, il avait tellement pris soin de lui que de le voir aussi peu reconnaissant le faisait juste bouillir de rage.
Se penchant brusquement il l’attrapa par l’épaule, le contraignant à se relever en appuyant sur les blessures si nécessaires. Le prenant par la taille il le souleva, le posant en travers de son épaule comme s’il n’était qu’un poids plume de plus. Il était hors de question qu’ils se séparent sur ça. Il le refusait – et même s’il devait affronter la rouquine et les deux moutards, même s’il devait les frapper pour qu’ils lui foutent la paix, eh bien il le ferait.
Pour lui, il avait tué. Alors ce n’était pas une nana plate comme une planche et deux gosses qui l’arrêteraient. Personne ne le lui prendrait. Personne.
Fort heureusement, la situation était clairement à son avantage : le brun casse burne était KO par le coup qu’il lui avait flanqué, la rouquine était KO par le souvenir et le troisième on s’en foutait. Alors autant en profiter.
Il commença à avancer vers le manoir, bien décidé à ne plus lâcher sa précieuse cargaison.

Je kidnappe Vodka jusque là !

Spoiler:

[ha ha, je me sens presque en retard à pas avoir pu répondre tout de suite x) ]

Des sapins. Des vols. Un enfant à charge. Un appartement luxueux. Et maintenant, un cirque ? Lou se réveille, un sourire demi-amusé sur le visage. « Ça devient n'importe quoi, ces trucs. » Elle doute même que ce soit vraiment des souvenirs. Ça fait beaucoup dans une vie, non ? Elle s'en fiche.

Elle desserre ses bras du môme, soulagée de l'y trouver encore. Le grand blond n'aura pas profité de ça. Par contre, son blond à elle est partit et ça la chagrine. Elle tire doucement Dieu pour le réinviter à avancer et tente de rattraper le temps perdu :

« Il s'est passé quoi quand j'étais pas là, au juste ? »

Question pour Décembre et Dieu. Arrivés à Biscuit, elle ouvre le coffre et y fait une place pour que le gamin puisse se poser, s'il le veut. Elle saisit au passage de quoi nettoyer et soupir en voyant son précieux stock fondre si vite. Elle devrait se recycler infirmière, vraiment... Elle les attire, les blessés. Puis elle nettoie, sérieuse pour une fois. Concentrée, surtout, si elle ne veut pas partir en vrille.

« C'est drôle, lâche-t-elle à Décembre, J'ai rencontré un brun avec une blonde, tout à l'heure. Dans l'incendie. Ça serait quand même vachement ironique que ce soient ceux qu'tu cherches, pas vrai ? » Elle rigole, certaine que ce n'est pas le cas. De toute façon, elle ne les a pas assez croisés pour en être certaine. Et il n'y avait pas de brune. Mais oooooh, ça veut dire qu'il y a des gens que Décembre apprécie ? Lou lui lance un regard espiègle

« Pourquoi t'arrives pas à me saquer, moi ? »

La question est sincère, dénuée de reproche. Elle veut juste savoir. Comme elle veut savoir si le gamin recouvre ses esprits tandis qu'elle lui lance un « Et toi, t'émerges un peu ? » ?

Décidément, il a dit mal à comprendre. Du mal à comprendre ces deux hommes et leur relations. Comprendre pourquoi soudain, Taiga embarque Vodka. Pour aller où ? Dans le manoir ? Mais faire quoi ? Il ne veut pas savoir, surtout pas. Et le temps passe, le temps défile alors que la rouquine est toujours prisonnière de son souvenir. Il est, en quelque sorte, seul avec cette gamine qui ne cesse de babiller. Incessamment sous peu, il sent bien qu'il va devoir faire quelque chose pour la faire terre, mais il se force à l'écouter débiter allez-savoir-combien de conneries à la seconde, à propos d'une blonde, d'un brun et d'une brune. N'importe quoi ma pauvre fille, reprends toi tu délires. Il a envie de lui balancer ça à la tête. Mais elle fait déjà trop de bruit. Et lui, il a juste un mal de crâne pas possible. Pas très compatible...

La première phrase de la rouquine lui indique que la voilà de retour. Il ne lui demande pas ce qu'elle a vu. Aucune importance. Ce qui importe, c'est qu'elle le soigne. Qu'elle fasse quelque chose contre cette douleur qui ravage ses neurones les uns après les autres. Hécatombe. « Il s'est passé quoi quand j'étais pas là, au juste ? ». Il hausse les épaules avec une moue désabusée. « Le fou furieux a embarqué ton pote, là-bas dans le manoir. On les a pas revu depuis. Rien sinon ». Rapide, concis.

Il se laisse entraîner vers la voiture. Toujours sans résister. Il n'a plus la force. Il se sent... oui, il se sent faible, et c'est honteux à avouer. Et à cette pensée, ses joues se colorent légèrement. Le voilà assis sur le rebord du coffre. A se faire bichonner par une fille. Qu'il ne connaît même pas. La totale. Déprimant. Il fixe le paysage autour avec des yeux vides. « Et toi, t'émerges un peu ? » Retour à la réalité. « Ouai... Dé...». Il a faillit dire désolé. Mais désolé de quoi ? Il n'est désolé de rien. Elle le soigne si elle veut. Il n'a rien demandé. « T'as un nom ? ». "La rouquine" c'est bizarre. Même si c'est vrai. Et elle le soigne. Alors il lui épargnera le paysanne. Pour le moment.

Je reviens de là
Ce baiser... En une seconde, il venait de balayer toute la haine et la rancune que ressentait Mikhaïl. Son cœur s'emballait et son souffle se coupait tandis que ses jambes faiblissaient, menaçant de le lâcher. Alors il s'accrochait, agrippant avec la force du désespoir le tissu qui couvrait le torse de son amant, désirant le retenir auprès de lui pour la fin des temps. Plus rien n'existait autour. Seuls eux comptaient, enfermés dans une bulle inaccessible. La sensation de leurs lèvres pressées les unes contre les autres, celle de leurs corps serrés... Misha s'en délectait et son esprit se vidait. Il souhaitait avec une sincérité pure que cet instant dure pour toujours, que les secondes ne s'écoule plus mais la vie n'était pas ainsi. Dans sa cruauté sans pareil, elle sépara les deux amants et la douleur réapparut, le saisissant avec une force fulgurante. Quelques halètements le prirent et sans demander son reste, le blessé s'échappa, le poing serré sur sa poitrine. Ses pas se montraient hésitants, son corps vacillait par moment mais il se rattrapait toujours. Un mur, un meuble... tout ce qui passait sous sa main lui servait sans qu'il ne regarde réellement. Il avançait à tâtons, ses yeux ne voyant pas réellement. Les décors étaient flous. Seule la lumière de la porte ouverte donnant vers l'extérieur se dégageait du reste. De l'air... Il avait besoin d'air alors il se dépêchait vers cette sortie. Sa respiration se saccadait de plus en plus. La panique s'emparait de lui. Le reverrait-il un jour ? Etait-ce la fin de leur histoire dans ce présent si terrible? Se retrouverait-il avec des souvenirs de leur amour passé pour torturer davantage son âme déjà tourmentée ? Tant de questions qui traversaient sa tête, brouillant encore plus ses pensées et achevant de l'entrainer au fond du gouffre.

Pourtant, le soleil vint finalement caresser sa peau, réchauffant ce froid qui l'avait saisi depuis sa séparation avec Taiga et un peu d'espoir réapparut. Tout irait bien... N'est-ce pas ? Une couleur vive attira son regard et du bout des doigts, il tenta de la saisir. Ce feu brulant qui se dévoilait sous ses yeux, il le désirait... La seconde suivante, sans réellement comprendre, il se retrouvait à serrer cette flamme ardente dans ses bras, de toutes ses forces. Un murmure inaudible s'échappa de ses lèvres, presque dans un sanglot comme la suppliant de le sauver.

"Lou..."

Le jeu reprendrait. Il le savait et elle l'aiderait mais pour le moment... juste un peu... il voulait se laisser aller et pleurer.

14h - 16h
En mode off.

"Tu fais ce que tu veux... C'est pas à moi de choisir pour toi."

Joke reste buguée sur cette phrase. Elle vient de lui offrir son identité, de lui dire qui elle est, un bout de celle qu'elle était avant, Olga la fille du cirque, la gamine maltraitée. Et il lui jette ça à la gueule. Elle se tait, attend avec lui sans un mot. Jusqu'à ce qu'il décide de remonter. Sans un mot pour elle, sur sa soeur dont elle lui a parlé...

La brunette reste coite, une fois n'est pas coutume. Elle se laisse remonter, perdue dans ses pensées. Elle connaît Août, connaît sa froideur mais cette fois elle est douchée. Tellement qu'elle ne réagit pas assez vite. Elle le voit s'en aller, elle comprend qu'il part, sans elle. Alors elle secoue la tête, chasse toutes les réflexions parasites. Elle se met à courir pour le rattraper, exiger des comptes, lui en foutre une si nécessaire.

Et elle tombe. Sa cheville l'a lâchée et elle se rattrape sur les mains grâce à un réflexe à l'ultime seconde. Elle relève la tête. Plus d'Août. Mais une chevelure rousse. Une chevelure rousse qu'elle a déjà vu. La fille au câlin. Et c'est de ça qu'elle a besoin là, tout de suite. Un câlin. Alors elle s'approche lentement...

Les bras sont déjà pris. Il y a ce blond, ce mec dans les bras de la jolie rousse. Pas de place pour elle. Joke se laisse tomber. Elle chute sur les fesses, sans aucune grâce ou délicatesse. Elle regarde le sol, pense une seconde qu'elle a vu l'autre brun dont elle doit se venger... Il va ENCORE la voir faible. Intolérable. Trop tard. Elle est en mode OFF.

Spoiler:

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