Toi mon amour, mon immense, mon battement de coeur ♪

Il avait laissé les autres derrière eux sans aucun souci, son précieux fardeau sur son épaule. D’une main posée sur son délicieux fessier il l’empêchait de trop bouger, profitant sans vergogne de l’ascendant qu’il avait sur lui pour le contraindre à rester perché sur son épaule bien qu’il sache parfaitement que la situation devait lui déplaire totalement. Mais il n’avait pas le choix, après tout. Taiga était obligé d’agir ainsi, sinon il risquait de le perdre. Et s’il y avait quelque chose d’inacceptable, c’était bien cela.
Ouvrant au hasard les portes, le blond finit par trouver une pièce satisfaisante. Un bureau : c’était parfait. Il y avait même un sofa le long du mur et c’est vers celui-ci que le blond se dirigea après avoir fermé la porte, y larguant son fardeau sur lequel il s’installa, attrapant ses poignets entre ses mains.

« Ecoute moi bien Mikhaïl, parce que je ne le répèterai pas. Ses doigts se serrèrent sur les poignets fins. Allait-il vraiment le perdre, ainsi ? Je sais pas où je t’ai rencontré, je sais pas pourquoi ce qu’il y a entre nous deux a tourné ainsi… Je sais juste que ce qu’on a, c’est le truc le plus incroyable qui me soit arrivé. T’es la chose la plus précieuse que j’ai Mikhaïl, et je laisserai pas un petit con gâcher ça. Il baissa d’un ton, parce que ça lui coutait tellement, de lui avouer ça. Alors oui, je t’ai échangé contre des souvenirs. Parce que j’avais besoin de savoir, et je croyais que tu aurai compris ça. Et j’ai appris des trucs. J’ai appris qui tu étais, j’ai appris des choses sur moi et j’ai surtout appris que pour toi, je serai prêt à tout. Il se pencha, lentement, son nez effleurant le sien tandis qu’il plongeait son regard dans le sien. J’irais jusqu’à tuer ceux qui se mettent entre nous pour te garder à mes côtés, Mikhaïl. Que ce soit un homme, une femme ou un gosse. N’importe qui. »

Sans pouvoir résister, Vodka se retrouva sur l'épaule de son homme, geignant de douleur à cause de ses blessures. D'un regard, il chercha à appeler à l'aide Lou mais en vain, celle-ci était prise par son souvenir. Il se tut donc, arrêtant le flot de ses larmes. Cela n'apaiserait pas sa souffrance et il le savait. Le blondinet habituellement si jovial se contentait donc de se faire transporter, le visage fermé. Pourquoi cette douleur ne se calmait-elle pas ? Pourquoi Taiga l'avait-il trahi ? Il ne comprenait pas. A quel point cet homme pouvait-il se montrer égoïste ? Se foutait-il de lui finalement ? Les larmes remontaient mais il les ravalait, réfléchissant avec un calme effrayant. Lorsque Taiga le déposa sur le canapé, Mikhaïl le fixa avec une certaine animosité. Il lui en voulait tellement pour ses actes mais il l'aimait tout autant qu'il le détestait. Ces sentiments... c'était si compliqué. Pourquoi tout devait être si compliqué avec eux ? La suite le surprit pourtant et il se sentit fondre au fur et à mesure de ses mots.

"Taiga..."

Le prénom avait été murmuré... susurré tout bas avec la douleur que son amour lui infligeait. Ses yeux verts se posèrent sur son visage, retenant avec difficulté ses pleurs. Une larme s'échappa, roulant sur sa joue alors qu'il cherchait les mots. Son corps lui faisait mal aussi mais il l'ignorait. C'était si... faible comparé à la déchirure que venait de créer Taiga. Lentement, il humecta ses lèvres sèches puis reprit tout bas :

"Je t'aime Taiga de tout mon cœur. Je suis à toi corps et âme quoique tu fasses, personne ne peut te remplacer, personne ne peut me combler si ce n'est pas toi alors personne ne peut se mettre entre nous... mais tu es aussi celui que je hais le plus."

Il le regardait toujours, frôlant ses lèvres avec désespoir et envie. Il ne résistait pas mais il ne voulait pas en même temps, aussi conservait-il cette distance limite... Tout était si confus en lui, perdu entre ses deux émotions si opposées et si intenses mais pourtant si liées. La paroi était fine entre la haine et l'amour, il le sentait. Un faux pas et il basculait de l'autre côté. Malheureusement, l'homme qu'il aimait venait de faire une énorme erreur.

"Tu m'as trahi Taiga. Trahi ! Jamais je ne t'aurais vendu comme ça, jamais... parce que je tiens tellement à toi que ça me tuerait qu'il t'arrive quelque chose. Mais toi... toi tu l'as fait... et je m'en fous des blessures, je peux encaisser ça ! Mais ce que tu as fait... "

Il déglutit. Quels mots dire ? Comment exprimer ce trou béant qu'il venait de créer dans sa poitrine ? Oh ça se remplirait... il n'en doutait pas. Il finirait par le pardonner, il l'aimait tellement après tout mais c'était encore trop frais. Il avait besoin de... temps.

Il ne l’avait pas perdu. Cette simple pensée suffisait à le soulager d’un poids inextricable – rien n’était irrémédiablement brisé, rien n’était définitivement gâché. Il avait toujours une chance de sauver ce qu’il restait d’eux, et il comptait bien la saisir et l’user jusqu’à la corde. Et cette haine qu’il lui vouait, si semblable à celle qu’il ressentait envers cet homme qui avait fait de lui celui qu’il était aujourd’hui… Il la ferait disparaître. Lentement le blond chercha la main de son amant, la trouvant et la serrant. Il la porta à ses lèvres, y déposant un douloureux baiser.

« Je pensais jouer selon des règles que je pouvais maîtriser. Mais je me suis trompé et tu en as payé le prix… Et je m’en voudrai toujours pour cela. Il relâcha sa main, passant ses doigts sur les blessures qui meurtrissaient la peau blanche de son aimé, poussant un doux soupir. Je suis tellement, tellement désolé Mikhaïl… Il se laissa légèrement tomber, son front effleurant quelques instants son épaule. Plus jamais… »

Il se redressa à nouveau, fixant d’un air sévère son amant sous lui. Parce qu’il s’inquiétait, parce qu’il était responsable de l’état dans lequel il se trouvait et que ça lui était intolérable. Prenant un air sérieux, il posa une main sur la cuisse de l’homme sous lui.

« Enlève ton pantalon, je veux voir l’état dans lequel tu es. »

Avec au fond des yeux et de la voix, cette étincelle si rare chez lui.
Il se sentait si coupable.

Taiga semblait sincèrement s'en vouloir et d'une certaine façon, le cœur de blondinet se réchauffait. Il croyait à nouveau en ses mots, en son amour même si sa rancune restait bien ancrée en lui. Un soupir s'échappa de ses lèvres, doucement et il s'apprêtait à se redresser, pour lui expliquer qu'il le pardonnerait mais qu'il préférait juste... se changer un peu les idées. Cependant, la demande le troubla, le prenant de court et Mikhaïl fixa son homme avec des yeux ronds. Venait-il sérieusement de lui demander de se dessaper ? Retenant un rire, Vodka se mordit la lèvre. C'était si... hors sujet mais l'inquiétude se lisait réellement sur le visage. Il lui en voulait encore, la douleur ne le quittait pas mais ses nerfs devaient un peu lâchés car il finit par vraiment rire.

"Tu..."

Il prit une inspiration pour se calmer, son fou rire le remuant et le faisant souffrir. Une fois suffisamment calmé, il reprit :

"Tu as vraiment choisi ton moment..."

Vodka riait encore un peu puis avec un rictus amusé, déposa les mains de Taiga sur les bords de son bas, après l'avoir ouvert. Un éclat espiègle brillait dans ses yeux. Il voulait jouer, se changer les idées pour ne plus penser à cette trahison. Elle demeurait bien présente dans son esprit mais en reprenant ce rôle d'idiot, la douleur s'apaisait, les ennuis s'éloignaient pour ne laisser place qu'au jeu.

"Je suis blessé... j'ai besoin d'aide je pense ~"

Sa question l’avait visiblement pris au dépourvu – mais qu’importe. Elle était totalement dénuée d’arrière-pensées : après tout, il voulait juste voir dans quel état était son amant, s’il l’avait irrémédiablement blessé. Mais visiblement Mikhaïl ne le voyait pas ainsi, commençant à minauder et à tenter de passer pour l’idiot qu’il n’était pas. Le blond soupira, descendant sèchement le pantalon sur les cuisses jusqu’à ses genoux, observant chaque blessure tout en parlant d’un ton sec.

« Ne joue pas à l’idiot avec moi Mikhaïl, ça ne prend pas. Si tu veux me détester, déteste-moi et fais le bien. N’essaie pas de faire semblant. Il se redressa, glissant brièvement sa main sur la nuque de son amant pour le gratifier d’une légère caresse de ses lèvres contre les siennes. Ça ne marche pas avec moi. Ça n’a jamais marché. Il recula ensuite, le forçant à se retourner pour pouvoir également observer son dos, son cœur se serrant à la vue de chaque nouvelle blessure. Il avait été innommable. Comment… Il souffla, posant une main sur la hanche gracile tandis que ses yeux caressaient du regard le pique tatoué au creux de son dos, comme s'il retrouvait une vieille connaissance. C’est bon. Rhabille-toi avant que nous n’en venions à quelque chose dont nous n’avons pas envie actuellement. »

Car malgré tout l’amour qu’il lui portait et l’envie qu’il avait de lui…. Il ne pouvait pas. Pas ici, pas maintenant alors qu’ils s’observaient en chiens de faïence. Pourtant, ça ne l’empêcha pas de se pencher pour l’embrasser, appuyant ses lèvres contre les siennes. C’était pareil que les égouts, l’odeur en moins. C’était doux, c’était parfait. Comme de vieux souvenirs autrefois adorés qu’il retrouvait à présent… Puis il recula à nouveau, quittant à regret cette bouche si tentante et murmurant, presque grave.

« Que comptes-tu faire, maintenant ? »

Parce que son but a lui... Ça avait été lui - depuis qu'il l'avait trouvé, il avait été son seul repère, la seule chose après laquelle il courrait. Et il avait trahi ça pour des souvenirs...

En une seconde, Taiga avait vu à travers lui et il ne put que soupirer encore. Il ne pouvait donc même plus fuir sa colère en jouant ? Vraiment, ce type était un vrai tyran même si Mikhaïl comprenait. Lui-même n'aurait pas apprécié que l'on se foute de lui après un coup pareil. Presque nu devant son amant, il se laissa observer sous toutes les coutures, les magnifiques bandages de Lou étant encore présents sur son corps par Dieu seul savait quel miracle. Chaque caresse le faisait frémir malgré lui. Il ne le voulait pas mais le désirait tout de même. Son corps avait l'habitude de ce toucher et attendait la suite bien que Misha la refuse à cet instant. Il n'était pas le seul dans cet état vu les propos qu'on lui offrait, aussi ne tarda-t-il pas à remettre son dernier vêtement. Déjà qu'il était torse nu, il n'allait pas en plus se promener les cuisses à l'air quand même....

Taiga initia ensuite un baiser. Il mit aussi fin de son propre chef. Le blondinet avait le cœur battant, secoué par cela et déglutit à la question. Ce qu'il allait faire ? Il le savait très bien mais ça lui en coutait un peu, quoiqu'il en dise. Un instant, ses yeux se baissèrent, observant ses chaussures dans un état lamentable avant de retourner sur le visage de son aimé, bien plus agréable à regarder.

"Je vais aller avec Lou. Elle est... géniale."

Il eut un sourire amusé en repensant un peu à leur aventure si folle.

"J'en ai besoin pour le moment. Je suis sur de pouvoir rire avec elle et... d'arriver à te pardonner."

Un soupir coula sur ses lèvres et il glissa sa main sur la joue de Taiga, la caressant avec tendresse.

"Je t'oublie pas. On se recroisera et on restera ensemble... mais pas tout de suite."

Prenant appuie sur l'épaule du blond, Vodka se hissa hors du canapé, grognant un peu à cause de ses blessures. S'il pouvait les faire disparaitre, ça serait vraiment le pied ! Enfin... il ne rêvait pas trop et survivrait avec ça. Il avait échappé à une araignée géante dans cet état, il ne craignait plus rien. Une fois levé, il embrassa doucement Taiga et presque dans un souffle, murmura un dernière "Je t'aime" avant de se diriger vers la porte.

Ce n’était pas des adieux, à peine un au revoir et pourtant il s’en sortait avec le cœur brisé. Parce qu’il était là, à ses côtés, si beau et si vulnérable… Parce qu’il n’avait rien fait d’autre que de le faire souffrir alors même qu’il ne voulait que le mettre à l’abri. Il s’était montré pitoyable, misérable et c’était pour le mieux qu’ils se séparent. C’était le plus sage pour ne pas finir par se haïr et se déchirer, et pourtant… C’était tellement dur.
Alors il se leva, suivant le blond et son amour à peine soufflé, l’attrapant par la taille alors qu’il allait sortir et le ramenant contre lui. Sa bouche effleura doucement la sienne, son nez caressant lentement le sien tandis que ses mains glissaient sur sa nuque, dans ses cheveux. Puis il l’embrassa, longuement, retrouvant cette complicité et cette chaleur qui ne le quittait plus quand il l’avait contre lui. C’était ça qu’il cherchait, depuis le début. Et il devait le laisser partir… C’était un réel crève-cœur.
Finalement il recula, caressant la joue pâle du pouce en lui souriant, posant un dernier baiser aérien sur ses lèvres avant de le pousser doucement hors de la pièce, son regard exprimant éloquemment ce que sa bouche se refusait à prononcer. Puis il referma la porte sur son passé, sur cet homme qu’il n’était parvenu qu’à éloigner.

Il était seul. Encore. Tournant comme un lion en cage, la colère le prit – contre cette voix, cette salope de voix qui l’avait embarqué dans un jeu sans lui avoir expliqué les règles, qui s’était permise de faire du mal à ce qu’il aimait le plus au monde – certes, il l’avait aidée pour cela, mais… N’avait-elle pas omis de préciser les conséquences ? Alors il passa sa rage sur ce qu’il avait autour de lui – meubles, livres et papiers, tout vola à travers la pièce, victimes légitimes de sa colère.

Je suis partie là

La bête a vue ses proies disparaître. Et cela l’a rendu d’une humeur exécrable. Lançant un hurlement de fureur il traverse de nouveau le pâté de maison, détruisant tout sur son passage. Il reprend le trajet vers sa prison. Prison qui est devenu son abri au fil du temps. Le sol tremble sous Taiga, signe que la bête approche. Et sans concession elle défonce d’un coup d’épaule le mur qui la sépare de la silhouette humaine. Lorsque ses grands yeux injectés de sang se posent sur l’homme, un long grondement se fait entendre. Et il lance sa patte dans sa direction. Il a faim. Très faim.

Spoiler:

Le bureau avait vu son agencement revu – la colère de Taiga l’avait amené à détruire minutieusement tout ce qui tombait sous ses doigts, criant sa colère et son désarroi – qui s’amusait à les manipuler ainsi, pourquoi les contraignait-on à s’éloigner dès qu’ils se retrouvaient ?! N’avait-il pas le droit de l’avoir Lui, juste Lui, sans partage ni concession ? Etait-il condamné à le voir lui glisser entre les doigts comme le sable dans un sablier, sans jamais pouvoir le garder plus de quelques moments ? N’avait-il pas le droit à plus que ça ?
Les tremblements du manoir l’indifféraient – il ne les sentait même pas dans sa colère, s’acharnant à exprimer ces pulsions de haine et de colère. Ce fut le bruit monstrueux du mur hurlant, arraché à ses poutres, qui le fit se retourner. Et devant lui, il y avait la Chose. Grande, monstrueuse, impossible à rattacher à un quelconque animal ou une espèce. Qu’est-ce-que c’est ? La patte vint vers lui après le grondement, il esquiva, roulant sur le sol et serrant les dents en sentant les échardes s’enfoncer sans pitié dans ses paumes nues. Ok, égalisation pour le bureau, un partout entre l’humain et la pièce. Mais le troisième joueur n’attendra probablement pas son tour pour attaquer alors le blond se redressa pour ne plus être une cible facile.

« T’as quoi toi, hein ? Tu veux aussi me casser les couilles ?! »

Les hurlements lui venaient avec facilité. C’était une manière comme une autre d’évacuer sa frustration.

« VAS-Y, T’ATTEND QUOI ?! UNE INVITATION ?! »

Cible immobile dans les décombres du bureau – mais il était prêt. Prêt à esquiver, surveillant les bras, les jambes, la gueule répugnante – il ne laisserait rien au hasard. Crever ici ? Jamais.

Le Traqueur n’attend pas une invitation. Le Traqueur n’attend pas l’avis de sa proie. C’est lui qui décide quand le faire souffrir, quand l’achever, quand le déguster. Mais sa proie est agile. Lui non, c’est sûrement son plus gros défaut. Cependant ce n’est plus avec sa patte qu’il tente de blesser. Il envoie directement sa gueule en avant, dégoulinante de bave, et droit sur Taiga.

La gueule se jeta soudainement sur lui.
C’était béant, immense et dégoulinant de salive – le réflexe de survie du blond fut de reculer brusquement jusqu’à butter contre le mur, attrapant ce qui passait à sa portée – une tige rigide, porte-manteau ou lampe sur pied ? Ce n’était pas important – c’était long, c’était solide. Sans réfléchir il enroula ses doigts autour comme il aurait empoigné une arme tranchante, assénant un violent coup dans la mâchoire inférieure tout en se projetant sur le côté, sentant la Chose s’approcher bien trop près de son épaule. Lâchant précipitamment ce qu’il tenait, le blond se remit le plus vite qu’il pu sur ses pieds, prenant ses jambes à son cou pour se précipiter vers le trou béant par lequel la Chose était passée. Il avait une conscience aigüe de ce qui se trouvait là, juste derrière lui. Ce qu’il devait fuir.
Téméraire, mais pas fou non plus.

Il retire brusquement sa gueule, étonné par le coup. La douleur est brève et il se contente de l’ignorer lorsqu’il se retourne pour rattraper sa proie fuyante. Il fait un bon pour la rejoindre et sans hésiter l’attrape dans sa gueule, et l’agite dans tous les sens. Un des crocs est plongé dans son bras droit, répandant déjà du sang sur la langue du monstre.

Il voyait la sortie – elle était là, si proche de lui !
Et pourtant, il était trop lent – la mâchoire du monstre se referma sur son bras et tandis que le blond jeta sa main en avant pour tenter d’attraper quelque chose, de quoi se défendre, en vain.
Un hurlement de rage lui échappa. De douleur, aussi – il sentait l’un des crocs de la Chose lui transpercer le bras et les muscles, allant jusqu’à racler l’os. Son corps était secoué comme un pantin. Alors il fit la seule chose qui lui vint à l’esprit – il tendit le bras dans la gueule du monstre jusqu’à trouver ce qu’il cherchait.
La glotte. Et il tira, saisissant à plein main malgré la douleur, l’appendice, se fichant de son bras, de ses doigts qui glissait, ne pensant qu’à tirer en tout sens – tant pis s’il se déchirait un peu plus les muscles.

« LÂCHE-MOI ESPECE DE FILS DE PUTE ! »

Et il avait encore des poumons pour gueuler – pour combien de temps ?!

Sa proie s’agite et soudain le Traqueur s’agite aussi. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, mais il a des remontés et il régurgite, recrachant au passage Taiga. Le jeune homme se retrouve par terre, recouvert d’un suc gastrique presque acide, qui le picote par endroit. Mais la bête n’a pas dit son dernier mot. Il pose sa patte sur le corps du jeune homme et commence à peser de tout son poids sur lui. Il attend le moment où les os craqueront.

La prise de la Chose se desserra brusquement et le corps du blond tomba au sol.
Liberté, Liberté chérie – il pouvait maintenant tenter de ramper le plus loin possible de cette saloperie. Il ne crèverait pas ici – pas avant d’avoir répété encore un millier de fois au moins à quel point il l’aimait à Mikhaïl. L’acide rongeait ses vêtements, ne faisait plus qu’un souvenir de l’élégant costume qu’il portait à son arrivée, attaquant sa peau sans distinction – mais il s’en sortirait. Il le savait, le sentait…
Puis la patte s’abattit sur lui, le plaquant dos au sol – il avait eu le réflexe de se tourner sur le dos en sentant la Chose bouger dans son dos. Et elle appuyait, appuyait – et il sentait sa cage thoracique s’affaisser, s’enfoncer. Il expire violemment, peine à retrouver sa respiration, luttait pour tenter de se dégager – en vain. Il respirait difficilement, mais il respire. Et il tentait de bouger cette patte, cette chose – et cette gueule, si loin de lui, qu’il ne pouvait même pas attaquer !

« Espèce… De salope… »

Puis il se souvint – dans sa poche, la drogue. Est-ce-que ça aura un effet ? Il ne le sait pas, est incapable de prédire, mais, bordel, c’est bien la seule idée qui lui vint. A force de se tortiller, il finit par extirper le sachet de la poche. Puis il tente de se redresser, pour avoir la meilleure allonge possible.

« Déjà… été droguée… Pétasse ? »

Et il lança le sachet – dans la gueule. Avec un peu de chance, la dose complète serait suffisante. Après tout, il y avait bien plusieurs grammes dans le sachet – de quoi provoquer des overdoses à plusieurs personnes, même gros consommateurs. Comment savait-il ça ? Il l’ignorait – c’était là, quelque part au creux de son crâne…
Le genre de chose qu’on est content de découvrir quand on manque de crever.
Espérant que la chose supporte mal la drogue.

Sans même se demander ce que l’humain lui a jeté dans la gueule, le Traqueur l’avale. Il continue d’écraser de tout son poids sa pauvre petite proie gigotant. Et une des côtes craque. Enfin après plusieurs minutes d’amusement de la bête et de douleur pour l’humain, la drogue semble faire effet. Très léger effet, et la patte du monstre semble s’alléger. Un espoir de fuite ?

Spoiler:

Taiga s'enfuit là

« » **Contenu sponsorisé**

» Un amour de douche ♥
» Cadooow' ♥

Toi mon amour, mon immense, mon battement de coeur ♪

Sujets similaires

Sujets similaires