22h-00h

Je soupirai doucement en regardant aux alentours. Pour ce que j’en savais et ce que j’en avais vu pour le moment, j’étais dans une gare qui semblait abandonnée depuis des lustres au moins. Rien de très palpitant, sauf que je ne savais pas comment j’étais arrivée ici. Je n’avais rien bu, je n’étais pas droguée ni cinglée (enfin je ne crois pas). En fait, je ne savais rien. Enfin rien qui m’était personnel en tout cas. Franchement, je trouvais pas ça très pratique de ne même pas se souvenir de son prénom. Bon pour faire simple, revenons au début.
Je m’étais réveillé dans un train. J’étais allongée sur une banquette, lorsque j’ai ouvert les yeux, il faisait si noir, que je ne pouvais même pas distinguer où j’étais. Je dois bien avouer que mon cœur s’est un peu emballé sur le coup. C’était même assez effrayant. Mes yeux se sont habitués à l’obscurité ambiante, je finis par me repérer assez pour dire que j’étais dans un wagon, à l’arrêt. De temps en temps des éclairs m’éblouissaient. Je m’assis alors sur la banquette, en tentant de remettre un peu d’ordre dans mes idées et mes souvenirs. En faisait cela, je me rendis rapidement compte qu’il me manquait des pans entiers de ma mémoire. Mais étrangement il semblait que c’était ce qui me touchait de près dont je ne pouvais pas me rappeler. Mais le reste, j’arrivais à m’en souvenir correctement. Par exemple des titres de livres, ou des informations sur des armes. Pourquoi je m’y connais en armes, je ne le sais pas.
Bref, je ne sais pas où je suis, ni comment j’y suis arrivée. Logiquement, je cherchai alors sur moi des indices qui pourraient m’aider dans ma recherche d’identité. Heureusement, j’avais un sac donc sans doute des objets qui pourraient m’être utile. En fouillant dedans, je trouvai un briquet, un trombone, la photo d’un homme, qui malheureusement ne me rappela rien, un carnet et une vieille montre à gousset. Les deux derniers sont plutôt intéressants. Dans le carnet, je trouvai une page avec plusieurs mots écrits dessus. L’un capta mon intention. Ether. Je trouvai ça jolie, un peu poétique et en même temps c’est un terme scientifique. Je décidai de prendre ce mot pour alias, le temps de retrouver mon prénom originel. Quant à la montre, elle semblait décompter le temps comme un chronomètre. Étrange. Mais bon, je n’y pouvais rien donc je rangeai le tout. Je me levai, et je sortis du train en tâtonnant.
Et c’est comme ça, que je me suis retrouvé là, sans savoir quoi faire, ni où allait. Je réfléchissais à cela, quand quelque chose attira mon attention.

Un bruit sourd me fit tourner la tête. Sur ma gauche une jeune fille venait de sortir en trombe du train. Donc il y avait d'autres personne, je ne m’en étais pas rendu compte. A vrai dire, je n’avais même pas cherché à le savoir jusqu’ici. Je m’en fichais en fait, tout simplement. Je remarquai que la jeune brune semblait s’être jetée d’elle-même sur le sol, à moins qu’elle soit juste vraiment maladroite. Je la regarde se redressait un peu, puis jeté ce qui ressemblait à un livre. Elle devait s’être fait mal puisque même en étant assez éloignée, je pu l’entendre sangloter. Je ne suis pas vraiment du genre doué pour rassurer les gens, mais dans le cas présent, perdu comme je le suis, ne pas être seule serais un avantage indéniable. Je m’approchai donc doucement de la demoiselle toujours sur le sol froid du quai. Je me demandai un instant si c’était vraiment la meilleure chose à faire dans le cas présent. Puis je me décidai à m’agenouiller à ses côtés. Mon visage n’exprimait rien, comme à mon habitude. Je le savais bien, mais je n’y pouvais rien. Je n’arrivais pas à me forcer à sourire. Avec précaution, j’avançai ma main gauche jusqu’à toucher l’épaule de l’inconnue.

« - Eh. Tu es blessée ? »

Stupide. Ma question était assez stupide et futile, mais je me voyais mal lui demander tout d’un coup si elle savait où on était et si elle avait perdu la mémoire elle aussi. Pour le moment, il fallait surtout qu’elle arrête de pleurer.

« - Au fait, tu peux m’appeler Ether. Et toi, comment tu t’appelles ? »

La brune me regarde droit dans les yeux en ce mordant la lèvre. Je constatai qu’elle semblait souffrir lorsqu’elle bougeait. Ce qui n’était pas étonnant au vu de la façon dont elle avait percuté le sol un peu plus tôt. Malgré tout, elle se redressa, sans prendre le temps de me répondre. Franchement, cela me parut bizarre puisqu’elle paraissait avoir mal de se lever aussi vite. Elle ferait mieux d’attendre un peu. En tout cas, c’était ce que j’aurais fait à sa place. Mon impression fut confirmer car à peine sur ses pieds elle laissa échappée un :

«AÏE!»

Mon regard vide émotion passa sur son visage crispé. Je me demandai une seconde si on se connaissait déjà, toutes les deux. Mais qu’importe la façon dont je la regardais, rien ne me revenais sur elle. Sans me pressé je me relevai à mon tours. J’eu un frisson. Ceux qui étaient plutôt normal en réalité. Il faisait nuit, il y avait de l’orage et cette gare semblait être pleine d’ouverture qui laissait passer tous les courant d’air. Mon attention revient sur l’autre quand elle prit enfin la parole.

«Je crois que je m'appelle Nele»

Sa voix était très basse et douce. Il semblait qu’elle devait elle aussi avoir de problème de mémoire. En tout cas, c’était ce que laissait supposé le je crois dans sa phrase. Ce pourraient-ils qu’on souffre de la même chose ? Ça serait assez logique. Pendant ce temps, Nele s’était intéressé à son livre. Elle a l’air totalement perdu devant la couverture rose. Je regardais les traces de pas qui brillaient dans le noir. Mieux valait de pas rester là, à moins d’avoir envie de tombé malade. Et je ne voyais pas d’autre moyen de se repérer dans la nuit, que de suivre ses pas fluorescent. Étrange certes, mais au point où on était, mieux valait si faire. Et rapidement. De nouveau, je regardai Nele.

«- Nele, je pense qu’on ferait mieux de ne pas rester ici. On risque de tomber malade et puis il semble n’y avoir personne pour nous aider. Et puis, il tu es blessée, il faudrait un endroit pur que tu puisses te reposer correctement. Ça peut être étrange, mais je pense qu’il serait raisonnable de suivre ses traces fluorescentes. On a des chances de trouver un lieu plus accueillant ainsi. »

J’étais resté égale à moi-même, enfin je crois. Calme et sans expression. Cependant, j’étais persuadé que c’était notre meilleure option, pour toute les deux.