00h-22h

Fais froid... Il fait un geste pour essayer de se lover dans sa couverture. Sauf qu'il n'y a pas de couverture. Sa main flotte un instant et se referme sur du vide. Il tressaille. Les pensées se remettent doucement en place. La machine s'éveille. Un grognement passe le cap de ses lèvres alors qu'il tente de s'étirer, mais son dos heurte un objet dur qui n'a rien à voir avec la mollesse d'un matelas. Qu'est-ce qui se passe...? pense-t-il en grognant à nouveau. Il rechigne à ouvrir les yeux et à s'arracher définitivement au sommeil. Lentement, il soulève une paupière. L'image est floue, brouillée. En tout cas elle ne ressemble à rien de connu. Ca ressemble à...Rien. Je connais pas c't'endroit. songe-t-il en ouvrant grand les deux yeux cette fois-ci.

Et là, il voit. Au début, il a du mal à mettre un mot sur les images, mais bien vite il retrouve l'information. Un train. Une cabine de train. Il est assit sur une banquette rouge et un accoudoir lui rentre dans le dos. Il a froid parce que sa joue est collée à une vitre. Vitre contre laquelle clapote la pluie sur un quai obscure.

" C'est quoi cette merde ?" s'exclame-t-il, brisant le silence. Le son de sa propre voix dont l'écho se répercute dans l'habitacle le fait sursauter. Elle a une intonation grave qu'il ne se reconnait pas. Ses yeux détaillent toujours la cabine de train avec le même air ébahi. La vitre lui renvois son reflet : l'image d'un jeune homme imberbe aux traits surpris dont les sourcils dessinent un regard perplexe. Il inspire un grand coup et essaye de rassembler le fil des évènements. Il est dans un train parce que...Parce que... Son cerveau tourne dans le vide. Il bug devant son reflet. Il est dans un train parce que quoi bon sang ? Pas moyen de remettre la main sur ce qu'il a fait la veille. Ni sur comment il s'est retrouvé là dedans. Il se prend la tête dans les mains et se bouche les oreilles. " Bordel mec, réfléchis, réfléchis..." marmonne-t-il légèrement paniqué. Mais un brouillard opaque s'obstine à régner sur sa mémoire. Rien. Il ne lui reste rien. Il décolle ses mains de ses oreilles et ses doigts s'emmêlent au passage dans la ficelle de son chapeau. La ficelle de son chapeau ? En observant mieux son reflet, il se rend compte qu'il porte un chapeau de cow-boy sur la tête. D'accord... Tout va très bien... Un lendemain de cuite ? Mais dans ce cas, où sont les potes ? Où est ce train ? Les pensées se bousculent dans sa tête.

" Mais c'est pas possible..." rage-t-il. Parler à voix haute le rassure. Il n'a plus l'impression d'être tout seul quand la chaleur de sa voix l'enveloppe. Tout seul ? Non. Il doit forcément y avoir du monde dans ce train à la con. Il sort précipitamment de la cabine. Trouver quelqu'un, lui demander à quel arrêt il se trouve. C'est tout bête. Il y a peut être même plus simple. Instinctivement, il cherche son téléphone dans la poche de son jean. Il a tôt fait de mettre la main dessus et ses doigts cherchent à pianoter un code. Mais l'écran bug. Putain. L'habituel fond d'écran a laissé place à un décompte inquiétant. Les nombres numériques défilent au rythme des secondes. Il essaye de le débloquer mais rien à faire, l'application virus s'obstine. Il pousse un juron et manque d'envoyer le malheureux portable valser dans les airs. Mais il se reprend et préfère hurler à la cantonade.

" Y a quelqu'un ? Hé y a quelqu'un ? "

Rien ne lui répond. Les voyageurs ont du descendre. Si ça se trouve, c'est le terminus. Ronchonnant, il s'apprête à descendre du train pour demander son chemin à la gare quand il se souvient de la pluie dehors. Il renifle, dégoutté et hésite, un pied sur le seuil du wagon. Il contemple la pluie qui tombe sur le quai dans la nuit noire et obscure. Et un frisson lui court le long du dos.

Elle est là, couchée sur un matelas pas confortable du tout. Le monde est horizontal et le monde lui semble bizarre. Cela fait quelques minutes qu'elle est réveillée. Elle a entendu des voix. Des voix qu'elle ne connait pas du tout, qu'elle n'a jamais entendues. À priori, vu le ballotement qui la secoue dans tous les sens - et l'inconfortabilité de sa couchette - elle doit se trouver dans un train. Mais... Pourquoi ? Elle n'a rien à faire dans un train, ce n'était pas ce qui était prévu. Bon. Y'a quelque chose qui cloche. Elle se frotte les yeux, s'étire en bâillant, et jette un coup d'œil par la fenêtre. Dehors, il fait nuit noire. Sur le quai, il n'y a pas âme qui vive.

*Allez, debout ... debout ... euh, debout toi.*

Elle ? Oui, mais comment s'appelle-t-elle, encore ? C'est normal, ça, de ne pas se souvenir de son prénom ? Elle a la vague impression que ce n'est pas la première fois que ça lui arrive, mais elle ne saurait dire pourquoi. De quoi se souvient-elle, alors, si son nom lui échappe ? Son âge ? Non. La raison de sa venue ici ? Non. Ce qu'elle a fait hier ? ... Vide intégral. Ok, amnésie. Elle ferait bien de retrouver les voix qui l'ont réveillée, histoire de ne pas se retrouver seule, amnésique, au beau milieu d'une ville lugubre et inconnue, au beau milieu de nulle part. Allez, on s'bouge.

Elle allait quitter la cabine mais, par acquis de conscience, jette un dernier coup d'œil en arrière. Il y a un grand sac en toile beige sous la banquette. Supposant qu'il lui appartient, elle l'attrappe et file dans le couloir, à la recherche des voix.

Un vent froid la fait frisonner. C'est qu'il ne fait pas chaud, et sa robe - quel étrange accoutrement, une robe de ballerines. Elle venait à une soirée déguisée ? - ne l'aidait pas vraiment à se réchauffer. Au bout d'un moment, elle aperçoit deux silhouettes qui s'apprêtent à descendre du train. Elle presse le pas et, se postant derrière les inconnus, demande :

- Excusez-moi, pourrais-je me joindre à vous ? C'est que, je suis un peu perdue...

Bon, elle devait paraître bizarre, dans sa robe de ballerines pas du tout adaptée au temps qu'il fait. Peut-être que son sourire suffirait à rendre la situation moins risible ?

La pluie tombait dru sur le quai à peine éclairé par un pauvre lampadaire. Il cligna longtemps des yeux en espérant qu'entre chaque battement le paysage change miraculeusement, qu'il se réveille. Il devait sans doute être en plein cauchemar. Sinon, que ferait-il dans un train vide, en pleine nuit, à priori amnésique et sous la pluie ? Hein ? Mais il avait beau essayer de s'en persuader, la pluie qui tombait avait l'air bien réelle. Une odeur d'humidité flottait dans l'air froid et il était sûr que s'il tendait la main, elle risquait d'être trempée. Il ne voulait pas prendre le risque. L'idée de finir gelé en plus d'être perdu ne lui plaisait pas du tout.

Il s'appuya à la porte du wagon en frissonnant. Son boléro en cuir n'avait pas de manches et à priori, il s'était endormi dans un endroit chaud, sinon il porterait un tee-shirt un peu plus épais que la fine toile au col en V qu'il arborait. Le quai dégageait une atmosphère lugubre qui ne lui inspirait pas confiance. Et de toute façon, il rechignait à se mouiller. Il souffla bruyamment, ne sachant que faire. Il serait peut être resté bêtement à attendre que la pluie se calme si il n'y avait pas eut quelqu'un.

Il ne pu retenir un sursaut en voyant apparaître une silhouette qui courrait sous la pluie. Une silhouette qui courait en criant. A priori, la silhouette s'adressait à lui et lui demandait d'attendre. Il haussa un sourcil Ouais, alors lui, il a l'air encore plus mal que moi.... C'était un grand garçon dont les cheveux blonds étaient plaqués contre le crâne à cause de la pluie. Il le détailla un moment avant d'ouvrir la bouche pour répondre d'une voix grave et traînante.

" Euh...? On s'connait ? "

A tout les coup, ça devait être un pote avec qui il était monté dans le train. Il se demanda un moment s'il devait se sentir honteux de ne pas se rappeler de lui. Puis il se dit qu'après tout, il ne se souvenait même pas de lui même et que cela représentait une excuse suffisante. Il allait parler à nouveau quand une autre voix s'éleva dans les airs. Il se retourna, surpris. Et là, il se dit qu'il était vraiment en train de rêver.

Une jolie rouquine leur demandait si elle pouvait rester avec eux. Normal. Et il n'aurait probablement pas refusé. Sauf que mademoiselle était habillée en danseuse. Avec du taffetas, des ballerines et toute la connerie. Bordel, c'est quoi cette blague ? se demanda-t-il. Il portait un chapeau de cow-boy - et oh, des bottes d'équitation aussi d'après un bref regard - et mademoiselle ressemblait à une danseuse qui aurait quitté la scène avant de se démaquiller. Il cligna à nouveau des yeux. Mais rien. Le paysage ne changeait pas.

" Okaaay..." souffla-t-il en une grande expiration. " Quelqu'un se souvient de ce qui s'est passé hier soir ? Je sais pas ce qu'on a pris, ni ce qu'on à fait mais ça à l'air puissant..." grommela-t-il.

Il hésita encore à descendre et se dit que zut, de toute façon, perdu pour perdu, un peu de pluie de plus ou de moins n'y changerait pas grand chose. " Je propose qu'on aille à l'acceuil ? Hein ? Pour leur dire qu'on s'est endormi dans le train et qu'on a loupé notre arrêt. " Il sauta du wagon et frissonna en sentant la pluie sur son visage. Putain de pluie à la con. Il allait commencer à marcher quand il se retourna et tendit sa main à la ballerine pour l'aider à descendre.

" Donc, hier soir ? Quelqu'un se souvient ? " demanda-t-il tout en commençant à marcher d'un pas pressé.

L'un était un grand brun - plutôt mignon, il faut l'avouer, quoique presque aussi maigre qu'elle, ce qui, d'une certaine manière, avait un côté attendrissant - et l'autre, blond et bien musclé, semblait trempé jusqu'aux os. Le brun laissa sous-entendre qu'ils auraient pris de la drogue, la veille, ou bu un peu trop, peut-être. Elle-même ne pensait pas être adepte de ce genre de pratiques, mais, vu le piteux état dans lequel se trouvait sa mémoire actuellement, elle aurait tout aussi bien pu être call-girl ou ramasseuse de poubelles sans le savoir. Elle se contenta d'une moue dubitative et, bien que l'idée de sentir la pluie battre sa peau nue ne l'enchantât guère, saisit la main que lui tendait le beau brun.

La pluie dégoulinait le long de ses épaules. Son mascara était-il waterproof ? Elle se frotta discrètement les yeux, et constata qu'elle n'allait pas ressembler à un panda aujourd'hui (youpi !). Décidément, la "elle" d'avant faisait bien les choses. Elle remarqua que la pluie ne la dérangeait pas. La sensation était même plutôt agréable, voire habituelle. Elle eut un demi-sourire. En fait, l'incongruité de la situation l'amusait beaucoup.

Le blond musclé - et le seul qui, en l'occurence, portait des manches longues, quel petit veinard - avoua qu'il ne connaissait plus son nom. D'un ton léger, elle approuva.

- Oh, moi aussi, j'ai oublié mon prénom. On a qu'à s'en inventer, non ? Parce que, dans ma tête, je vous appelle le blond et le brun et... c'est pas super pratique ! Alors, beau brun, comment tu veux qu'on t'appelle ?

Le surnom était tout à fait affectueux, et elle le dit avec un demi-sourire, taquine. Elle espérait qu'il ne lui tiendrait pas rigueur de cette soudaine familiarité, mais elle se sentait d'humeur joyeuse. Tout à coup, elle songea qu'il y avait peut-être dans son sac quelques indices - quelle idiote, pourquoi n'y avait-elle pensé plus tôt ?

Tout en suivant les deux garçons, elle ouvrit son sac et se mit à farfouiller. Du maquillage, une paire de ballerines - super, quand les premières seraient définitivement trempées, elle pourrait en changer... Elle aurait préféré des baskets, mais bon, ne chicanons pas. Quoi d'autre ? Une paire de collants, un joli gilet en maille, une bouteille d'eau - intéressant, quoiqu'ils ne manquaient pas d'eau actuellement... De superbes boucles d'oreilles et une montre en or, elle devait être sacrément riche. Un sablier ? Riche, et loufouque !

Elle s'apprêtait à refermer le sac lorsqu'elle sentit quelque chose de plus dur. Une poupée. Une de ces adorables poupées d'enfant. Elle la sortit, la serra contre elle, et remarqua une gourmette au poignet de la poupée. Qu'y était-il marqué ? Poppy. Poppy... Elle pressa le pas pour se mettre au niveau des garçons et saisit la conversation au vol...

Elle attrapa sa main et sans bien savoir pourquoi, le contact de cette petite paume chaude et osseuse dans la sienne lui parut étrange. Il la détailla à nouveau, avec plus d'attention cette fois-ci. Elle ressemblait à une poupée avec son teint diaphane et sa robe de ballerine. Il lui sourit et tourna à nouveau la tête vers le Blond. Ce n'était pas le moment de se laisser happer par les beaux yeux de Mademoiselle Porcelaine.

La pluie lui gouttait désormais le long des bras et il frissonnait. Il avait froid. Il regretta de ne pas s'être attardé davantage dans le train à la recherche d'un parapluie oublié. Tant pis. Il marchait d'un petit pas vif, tenant toujours la main de la ballerine dans la sienne. Elle semblait si fragile...Un coup de vent aurait pu la faire s'envoler et il ne voulait pas prendre le risque. Le Blond courrait avec eux et il fut le premier à répondre à sa question. Loin de lui exposer la réponse logique et précise qu'il attendait, il avoua qu'il ne se souvenait de rien lui non plus. Pas même de son prénom. Merde. Le cow-boy le dévisagea l'espace d'un instant mais la panique qui s'affichait sur les traits du Blond avait l'air sincère : il ne mentait pas. L'information traversa son esprit de part en part avant qu'il ne s'aperçoive à son tour qu'il n'arrivait pas non plus à remettre la main sur son prénom. C'est quoi cette merde ? se répéta-t-il intérieurement, les sourcils froncés. Son prénom bon sang. Son prénom ! La chose qu'on vous rabâchait nuit et jour depuis le plus jeune âge !

" Drogués tu crois ...? Dans quel but ? " demanda-t-il au Blond, une trace de panique perlant dans sa voix. Il était habillé, avait toujours son portable, pourquoi aurait-on cherché à le droguer ? Il secoua la tête, chassant cette idée et repris. " Nan mec. On va aller à l'accueil et trouver un fichu réceptionniste qui nous expliquera qu'on s'est endormi dans le train après une soirée mouvementée et voilà. C'est tout. Faut pas chercher plus loin. "


Ils marchaient toujours sous la Pluie mais la gare ne semblait plus très loin. En mettant sa main de libre en visière il pouvait discerner l'édifice sous la pluie. Là, au moins, ils pourraient s’abriter. La ballerine parla à nouveau de sa jolie voix fluette et annonça qu'elle non plus ne se souvenait pas de son prénom. Génial... Il se demanda s'il devait être agacé ou amusé par sa réflexion sur leurs couleurs capillaires. Le blond, le brun et la rousse. Un trio de choc. L'appelation "beau brun" lui arracha un sourire. Il haussa néanmoins les épaules, ne prenant pas la chose au sérieux. Son prénom finirait par lui revenir.

" Comme tu veux poupée, appelle moi comme ça te chante. "

Sa main glissa de la sienne alors qu'elle se mit à fouiller dans son grand sac. Il garda un oeil sur elle tout en entrant dans la gare. Une chose le choqua : le silence.

Leurs pas résonnaient dans l'espace concave en déplaçant des volutes de poussières. Si gens il y avaient eut, ce n'était plus le cas. Il tourna la tête dans tous les sens, essayant de trouver l'indice d'une présence humaine. Mais il n'y avait rien excepté la grosse horloge figée sur huit heures. Au moins, ils étaient au sec à présent.

" D'accord... Hé ho y a quelqu'un ?! " Cria-t-il. Mais seul l'écho de sa voix lui répondit. La Poupée était revenue à leur hauteur et il lui demanda. " Bon. Y avait des trucs intéressants dans ton sac ? " Puis il fronça les sourcils et prit d'un éclair de génie, il demanda au Blond. " On va tous sortir ce qu'on a dans nos poches, peut être que ça pourra nous éclairer ! "

La situation, en plus d'être passablement ridicule, devenait de plus en plus étrange. Trois personnes, visiblement trois inconnus, se retrouvant dans une ville déserte sans le moindre souvenir en tête, et sans le moindre bagage - considérant qu'un sac en toile n'est pas vraiment un bagage, et qu'une robe en taffetas n'est pas vraiment une tenue adaptée pour un long voyage. Ajoutez à ce curieuse mélange un sentiment oppressant d'être épié, une pluie battante et une gare désaffectée. Le tout donnait un résultat un peu glauque...

Pourtant, en présence des deux garçons, elle ne se sentait pas en danger. Après tout, que pourrait-il lui arriver ? Personne n'allait surgir d'un couloir et leur bondir dessus - enfin... En théorie. Le brun lui proposa de l'appeler comme elle le voulait. Bon. Why not ! Elle réfléchissait toujours à la question lorsqu'ils rentrèrent à l'intérieur de la gare. Franchement, pas très accueillant. On ne faisait jamais le ménage, ici ? Celui qui lui réchauffait gentiment la main et qui restait sans nom jusqu'à présent proposa qu'ils vident leurs poches. Brillante idée - sauf qu'elle n'avait que son sac, et qu'elle l'avait déjà vidé.

Le blond portait un appareil photo autour du cou. Il fumait, visiblement. Elle-même avait bien envie de s'en griller une, mais un instinct la poussa à ne pas s'y risquer. À la place, elle sautilla vers le grand blond et se pencha sur l'appareil.

- Dommage que ce ne soit pas un modèle plus récent, on aurait su ce que tu as fait hier. Mais bon, les polaroïds, c'est tellement plus classe ! Tu crois que t'es photographe ?

Ça aurait été vraiment fun de faire des photos d'eux à l'instant. Leurs têtes de plus en plus sceptiques, leurs accoutrements, leurs cheveux détrempés, la gare déserte... Mais, l'heure n'était pas à l'amusement.

- Moi, je n'avais que ce sac... Bijoux, bouteille d'eau, collants, et puis cette poupée. Vous n'avez qu'à m'appeler Poppy, c'est ce qui est inscrit sur sa gourmette. Et, vous savez à quoi cette chose pourrait servir ?

Elle sortit son sablier, qui s'écoulait lentement...

La Meute a hurlé et l'écho de sa voix se propage aux alentours du Train. Les trois jeunes gens ont obligatoirement entendus les cris des Loups et peut être sentit l'odeur ignoble de celui qui rôde dans le Train. Les autres ne vont probablement pas tarder à arriver...

Spoiler:

Dans la pénombre de la gare, il s'était assit lentement sur le sol froid et regardait tour à tour le Blond et la Poupée qui vidaient leurs poches. Il fit de même et ne trouva rien de particulièrement intéressant. Un paquet de cigarette qui - à son grand soulagement - s'avéra être aux trois quart plein dans lequel traînait un morceau de papier. Il n'y avait malheureusement pas assez de lumière pour qu'il arrive à le déchiffrer. Un harmonica froid qui semblait être gravé mais là encore, il n'arrivait pas à lire. Un jeu de clefs. Son portable. Un autre bout de papier écrit plus gros cette fois-ci avec une grosse tâche en forme de baiser. "Boys don't cry" disait-il. D'accord. Les garçons ne pleurent pas. La phrase lui parut évidente. Les garçons ne pleurent pas.

I would say I'm sorry, if I thought that it would change your mind...

Il regarda un long moment la feuille, le visage inexpressif. Cela ne lui apportait rien ! Rien sur sa vie d'avant ! Oui les garçons ne pleurent pas, et alors ? Il leva les yeux vers la Poupée et le Blond. Ils n'avaient pas l'air plus éclairés que lui. Le blond déclara qu'il fumait ce à quoi il répondit d'un ton neutre. " Ouais, pareil. J'espère qu'on finira pas nos paquets avant d'avoir quitté cette ville à la con..." murmura-t-il en triturant nerveusement une clope. " T'as du feu ? " ajouta-t-il.

La Poupée s'était penchée sur l'appareil du blond et le maniait d'un oeil intrigué. Il la regarda faire et l'entendit d'une oreille distraite demander si le Blond était photographe ce à quoi il renchérit. " Ouais, ça te va bien photographe mec. Je propose qu'on t'appelle Landscape. Ca fait photographe. Un surnom pour rire en attendant que tu retrouves la mémoire. T'en dis quoi ? "

...but I know that this time I've said too much, Been too unkind

La Poupée non plus n'avait rien de très intéressant. Elle proposa qu'on l'appelle Poppy ce à quoi il ne trouva pas d'objections. Poppy, poupée. C'était pareil. Elle leur montra un sablier étrange. Il cligna des yeux. Dans le noir, on n'y voyait pas grand chose mais on discernait les formes. Il allait secouer la tête dans la négative mais se reprit et brandit son téléphone sur lequel les chiffres s'écoulaient également.

" J'ai le m..." Et là, il y eut le hurlement. Hurlement qui le coupa net et lui glaça le sang. Ce n'était pas bon. Pas bon du tout. Du tout, du tout. Il jeta un rapide regard à la Poupée et Landscape et se releva en rassemblant ses affaires. D'une voix claire et déterminée, il ordonna. " On reste pas là. Je sais pas ce que c'est j'ai pas envie de savoir mais ça a l'air tout près. On reste pas là. " Il tendit à nouveau la main à Poppy pour l'aider à se relever et fit un signe à Landscape. S'aventurer dans la nuit noire et sous la pluie ne lui plaisait pas du tout. Mais rester là à attendre la chose qui avait poussé ce hurlement était encore moins plaisant...

Spoiler:

En se déplaçant un tout petit peu, les jeunes gens purent observer les pas fluorescents qui brillaient dans le noir. Les même traces de pas qu'avaient vu Hécate quelques heures plus tôt. Des empreintes lumineuses qui menaient à la Mairie...