Elle donne un coup de canne rageur dans le tiroir du bureau. Tout est de sa faute. Sale gamine ingrate et mal éduquée. Sale gamine pleurnicharde et pourrie-gâtée. Pourtant elle a essayé de lui inculquer les bonnes manières. Elle enrage en marmonnant des commentaires peu élogieux à son égard. Le meuble en bois noble ne mérite certes pas un tel traitement, mais pour le moment, elle s'en contre-fiche. Les bonnes manières et la politesse, c'est bon pour les petits jeunes. Elle, elle a le droit de péter un plomb de temps en temps. Surtout puisque cette garce est encore sous sa responsabilité, et que si la maîtresse de maison l'apprend, quelque chose lui dit qu'elle ne fera plus long feu dans la maison. Elle ouvre le dernier tiroir d'une main tremblante, d'où elle tire un petit carnet rose, joliment décoré. Le genre d'objet coquet qu'ont l'habitude d'offrir les jeunes gens à leur moitié... Coutume clichée et dépassée. Rien ne vaut les valeurs de son temps à elle, de toutes façons. Elle ouvre le carnet et lit la note sur la première page. « Pour t'évader et rêver à l'air libre. Je viens te sortir de ta cage dorée. » Elle réfléchit un instant, et ses vieilles cellules grises ne tardent pas à faire le lien entre l'écriture inclinée et régulière et ce jeune homme un peu trop charmant qui tournait autour de sa protégée la dernière fois. Et la fois d'avant. Et depuis un petit moment, en fait. Quelques semaines, peut-être ? Elle fulmine. En tournant les pages, elle s'aperçoit qu'elle reconnaît l'écriture qui recouvre les pages. Le style soutenu, quoi qu'extrêmement basique et sans aucune surprise, lui arrache une moue insatisfaite. « Quel manque d'imagination. Le rythme est plat et sans aucun entrain. On ne ressent rien en lisant ce... Ce journal intime de pacotille. » « Alors, elle est dans sa chambre ? » Elle tressaille. Madame est rentrée. « Non, elle doit être en ville » ment-elle en fourrant le calepin dans son sac à main. Miséricorde, où peut-elle bien avoir filé ?! Elle avise la fenêtre ouverte et se maudit mentalement de ne pas y avoir pensé plus tôt. Sale gosse, vraiment. Pour qui se prennent les jeunes, de nos jours ? « Alors ? » Exige la femme qui entre dans la pièce en lui jetant un regard assassin. Sa vieille carcasse se ratatine un peu sous l’œil mauvais de Madame. « Alors j'ai aéré et fait le lit, Madame. Mais elle n'est pas rentrée. » Air faussement contrit. Cette jeune fille va le lui payer.
souvenir 2
Spoiler:
Elle pousse la porte du commissariat d’un air décidé. Décidément, ces petits malappris ne perdent rien pour attendre, qu’ils se le disent. Sa béquille frappe le sol à intervalle régulier. Béquille. Ridicule. Tout ça à cause de ces garnements qui ont osé lui dérober sa canne ! Son pas claudiquant la mène jusqu’au bureau qui trône dans le hall. Derrière, plongé dans ses papiers, un homme en uniforme ne lui prête pas une once d’attention. Elle le fixe d’un air méprisant, avant de se racler la gorge. Décidément, ces jeunes n’ont plus aucune éducation. De son temps, on se serait empressé d’aider une pauvre grand-mère qui boitait. « Madame, vous désirez ? ». Ton neutre et poli de la personne qui répète ça plusieurs fois par jour. Ce qu’elle désire ? Un peu d’attention et de respect de la part des gens. Comme si c’était trop demander. « Je voudrais porter plainte. Pour vol ». « Très bien. Je vous laisse vous installer dans la salle d’attente, un agent va venir prendre votre déposition ».
De nouveau elle boitille. Se laisse tomber sur une chaise. Attendre, toujours attendre. Les vieilles dames ne devraient-elles pas être prioritaires ? C’était vraiment une honte, cette époque de décadence. Les minutes passent, longues, insupportables. Elle martèle le sol de son pied, impatiente. « Madame Lawford ? ». Elle relève la tête. « Oui ? ». « C’est à vous, veuillez me suivre ». Aucune aide pour se lever, pour aller jusqu’au bureau. L’officier l’attend à la porte. Un jeune –oui, pour elle tout le monde est jeune- aux cheveux roux flamboyants, qui la regarde comme si il était le roi du monde et elle vulgaire sujet. Vraiment, quelle génération irrespectueuse. « Allons-y, jeune homme », maugrée-t-elle en entrant dans la pièce.
« Alors, qu’est-ce qui vous amène. Vous souhaitez porter plainte ? ». « Oui ». Il semble attendre quelque chose. Qu’elle continue, sans doute. Elle prend un malin plaisir à faire attendre ce petit jeune. « Et pourquoi exactement souhaitez-vous porter plainte, madame ? ». Elle sourit, de son sourire édenté. Elle a gagné, il a cédé le premier. Tous les mêmes, ces jeunots. « On m’a volé ma canne tantôt, dans la rue ». Elle peut revivre la scène sans aucun problème. Ces trois jeunes, assis sur le banc, en train de se moquer d’elle et de sa démarche. Et le plus grand qui s’approche. Qui lui arrache la canne d’un geste sec. Les trois voyous qui s’enfuient, comme une nuée de pigeons qu’on chasse. « Je veux que vous retrouviez ma canne. Et que vous infligiez une bonne correction à ces petits chenapans ! ».
• Souvenirs gagnés : 2 jour (+ 4h) Temps volé : 0h. Temps perdu : 0h.
• Bilan horaire : 72 - 6 + 4 = 70h au compteur.
Gestion des
DÉCOUVERTES
• Objets trouvés InRp : La note du prêtre dans l'église et le calice qui allait avec, mais ce n'est pas elle qui les a.
• Pnjs rencontrés : La voiture de police.
• Découvertes du personnage : Personne n'a de mémoire, il y a des boules lumineuses qui volent et des murs qui bougent tout seuls. A son avis, elle est dans un cauchemar étrange provoqué par une overdose de médicaments. Les boules lumineuses sont en fait des souvenirs, fragments de sa mémoire perdue. Il ne faut surtout pas toucher à la nourriture d'une certaine fontaine, selon la note du prêtre trouvée sur le bureau dans la pièce secrète de l'église. Une substance bleue recouvre les champs et il y a un cadavre dans la station d'épuration.