Je rouvre finalement les yeux, croisant le regard légèrement triste de Landscape. En même temps, c’est pas vraiment une chanson joyeuse… J’ai encore peur cela dit. Et si j’avais mal chanté ? Si ça se trouve, il n’oserait même pas le dire mais ça avait été affreux. Et si ça avait été ça, son regard triste ?
Mais il vient alors m’embrasser, ce qui fait tressaillir mon cœur, avant de se coucher sur une de mes cuisses, avant de me demander de chanter encore une fois. On aurait presque dit un enfant demandant une histoire, là, et je me sens à la fois rougir et sourire. Il passe sa main sur ma joue, et si j’avais été un chat, nul doute que j’aurais ronronné.
Il me met alors un écouter dans l’oreille, me mettant une musique qui me semble familière.

« Tu connais cette chanson... Si tu la connais, tu peux me chanter celle la s'il te plait...? En échange, je te laisserais me donner deux actions. Si tu la connais pas, continue un peu ta chanson de tout à l'heure. »

Je lui souris, incapable de refuser. Et puis, une vengeance ne se refuse pas. Je sens mon cœur chavirer. Je connais les paroles, je le sais. Alors, je commence à chanter.

« Yesterday I died; tomorrow's bleeding, fall into your sunlight. The future's open wide beyond believing to know why hope dies, and losing what was found, a world so hollow. Suspended in a compromise. But the silence of this sound is soon to follow somehow sundown. And finding answers, is forgetting all of the questions we call home passing the graves of the unknown. As reason clouds my eyes with splendor fading, illusions of the sunlight, a reflection of a lie will keep me waiting with love gone for so long. And this day's ending is the proof of time killing all the faith. I know
Knowing that faith is all I hold. And I've lost who I am, and I can't understand why my heart is so broken, rejecting your love, without love gone wrong; lifeless words carry on. But I know, all I know's that the end's beginning, who I am from the start, take me home to my heart. Let me go and I will run, I will not be silent, all this time spent in vain; wasted years wasted gain. All is lost but hope remains and this war's not over, there's a light, there's a sun taking all these shattered ones. To the place we belong and his love will conquer all. Yesterday I died; tomorrow's bleeding, fall into your sunlight »

La musique se termine, et je garde les yeux, que j’avais fermés en commençant à chanter, clos. Le sourire aux lèvres, je comprends, je sais que j’aime énormément chanter.
Quand finalement je rouvre les yeux, je remarque que mes mains caressent les cheveux de Landscape. Sans doute était-ce le cas depuis que j’avais commencé à chanter. Je souris au blond, d’abord avec toute l’affection que j’ai pour lui, puis avec malice.

« J’ai chanté deux fois, ce qui veut dire que tu as un train de retard ! Chante pour moi, Landscape ~ »

Sans attendre, Landscape commence à chanter, et je me noie dans sa voie. Cette fois-ci, je ne le quitte pas des yeux, durant toute la chanson, alors que les paroles et la mélodie s’imprègne dans ma tête. Je sais que je comprends les paroles. Je les connais et je les comprends.
Mes mains avaient arrêté de bouger, restant simplement entre les mèches blondes. Je me sens captivée, mais sens aussi une légère boule grimper dans ma gorge, ma bouche s’assécher. Je continue à fixer Landscape, chantant les yeux fermés, inconscient des sentiments qu’il créée en moi, tant par sa simple présence que là, par sa musique.
Je ne comprends que je pleure qu’au moment où je sens une larme tombée de ma joue. Presque dans un sursaut, j’essuie ma joue avec la manche de ma veste. Mais une larme vient très vite la suivre.
Non. Non, je ne dois pas pleurer. T’abats pas sur ton sort October, tu vas t’en sortir, de cet asile de fou, et même que t’auras gagné l’Amour de ta vie dans tout ça. Aller, ressaisis-toi. Dans un léger rire cachant très mal un sanglot, je dis alors d’une voix faible :

« Bien… Bienvenue à la Star Academie ! »

J’essaie de sourire, sachant que je me suis trahie maintenant. Il faut juste que j’essaie de faire comme si de rien n’était, ça pourrait peut-être le convaincre qui sait ? Mais de nouvelles larmes illuminant mes yeux me trahissent définitivement. Un sourire triste étire mes lèvres, parce que oui c’est raté, je suis vraiment pathétique des fois, décidemment trop sensible niveau émotionnel.

« Je suis ridicule, désolée… »

Même mon sourire ne suffit pas à rattraper le ton attristant de mon ton. J’arrive même pas à profiter d’un moment heureux, stupide fille…

Landscape ouvre les yeux, et voit mes yeux brillants –évidemment-. Il se relève, me prenant dans ses bras. Je me sens frissonner, tout en devant lutter un peu plus fort contre les larmes. Il me dit alors de pleurer un bon coup, après m’avoir embrassé sur la tête, et je dois utiliser toute la volonté que je possède pour ne pas céder. Je ne suis pas une gamine
Non, tu n’en es pas une espèce de trop-fière-pour-oser-pleurer-sur-ton-sort-qui-est-quand-même-bien-dans-le-caca. Mais c’est vraiment le cas, tu es perdue, dans une Ville dont seul son mystère est aussi fort que la façon dont elle est effrayante, avec un alcolo médecin que tu sembles agacer assez régulièrement –aller, avoue-le, malgré tout ça tu tiens pas à le perdre. Enfin, pense-le, du moins, mademoiselle fierté-. Et là la personne chez qui tu peux le plus exprimer tes sentiments te tends une perche.
Les larmes passent la frontière de mes yeux, et je baisse la tête, le haut de ma tête collée contre le t-shirt de Landscape pour pas inonder ce dernier de larmes. Je me mords la lèvre, parce que si déjà je pleure, je vais pas non plus me mettre à sangloter.
Quand enfin mes larmes se sont taries, le blond ajoute qu’on s’en sortira, et je sens mon cœur battre plus fort. Je le crois. Je lui fais confiance. Je l’aime. Plongée dans l’ambre de ses yeux, je donnerais tout pour m’y perdre, plutôt que d’être perdue dans cette Ville.
Il m’embrasse alors, plusieurs secondes pendant lesquelles mon rythme cardiaque s’affole. Juste après, en me gardant contre lui, il s’allonge sur le lit. Alors qu’il me caresse les cheveux, je me love contre lui, ma tête dans son cou. Je ne le remarque même pas enlever son bracelet.
Après plusieurs secondes, je décale ma tête, venant embrasser Landscape –première fois que je l’embrasse moi, depuis l’épisode du magasin de jouet-, savourant plus que jamais ce baiser, mes mains posées sur son torse.

« Et maintenant… Ma voix a repris à peu près son ton naturelle maintenant. On fait quoi ? »

Et non, monsieur ou mademoiselle ou madame qui lit ces mots, ce n’est pas un sous-entendu à des propos pas très catholiques, arrêtez d’extrapoler. Je suis innocente d’abord. Enfin, même si c’est pas vrai, ma question est vraiment innocente là.

Landscape répond à ma question par une question.

« Tu veux te reposer un peu... ? Ou alors tu as d'autres questions ? Ou... Faire un autre jeu ? Ou autre chose... A toi de voir. »

J’étouffe un rire, une humeur correcte à peu près retrouvée.

« Tu m’aides beaucoup à trouver ! »

Mon ton malicieux est revenu, après cette crise de larmes. Tant mieux. Je me love de nouveau au niveau de son cou, sentant mon souffle chatouiller la peau de son cou. En fait, rester ici, comme ça, c’est parfait. Je me retiens de le dire. Pas la peine d’être bisounours non plus, on va pas devenir des nounours câlin, le petit couple bisounours de Nulle Part.
Je sens alors quelque chose contre une de mes mains appuyées contre son torse. Là, sous le t-shirt de Landscape, je reconnais cette forme. Je sens contre ma propre poitrine ce même collier. Mue par une curiosité un peu étrange, car je l’ai déjà vu ce sablier, je passe mes doigts autour de la chaine du garçon, pour sortir son pendentif de son t-shirt sans que ça paraisse, euh… bizarrement entreprenant. Je frôle la peau de son cou au passage, et je sens mes joues prendre une teinté rosée à ce contact, alors qu’un frisson parcourt ma colonne vertébrale.
Tentant d’ignorer cette sensation, je prends en main le sablier, sorti de son t-shirt. Un bon nombre de grain de sable sont tombés, j’avais pas pour souvenir qu’il était aussi rempli en bas ce sablier. Je relève la tête vers Landscape, un mauvais pressentiment me prenant au creux du ventre.

« Je rêve, ou… Il s’est vidé vachement vite ?

Landscape… tremble ? Non, je dois rêver. Je suis obligée de rêver. Parce que sinon, je vais paniquer. Heureusement, il lâche le sablier qui retombe entre nous, avant de m’affirmer avoir encore assez de temps. Le surnom m’achève de me refaire tomber dans mon état de béatitude sur ce garçon.
Je le sens passer encore sa main dans mes cheveux… Ils sont si bien que ça mes cheveux rebelles ? Enfin, moi, je suis pas contre cette marque d’affection hein.
Il plonge alors ses yeux dans les miens, me demandant :

« Montre moi ton sablier s'il te plait... »

Je le regarde sans comprendre. Le mien ? il doit être pas trop différend du sien, vu qu’ils ont l’air semblable, peut-être une légère différence s’il est arrivé à Nulle Part avant moi. Incapable de retenir ma question, je lui dis tout en sortant mon sablier de mon t-shirt :

« Pour quoi faire ? Il doit… Mes yeux se posent sur le sablier blanc. Dont à peine quelques grains sont couchés sur le côté où le sable se déverse. Une exclamation surprise m’échappe. C’est quoi ce délire ? »

Je sens mon cœur battre un peu plus fort, et cette fois-ci ce n’est pas une question d’être une adolescente en chaleur, euh… enfin amoureuse. Bref. Non, c’est de l’appréhension. Y a un problème, là. C’est quoi ce bug ?!

Landscape se saisit de mon sablier, que je continue à fixer sans comprendre. Qu'est-ce qui peut expliquer un tel truc? Qu'un des sabliers soit détraqué? Non, non c'est impossible, les secondes s'écoulent belles et bien les unes après les autres.
J'entends à peine le râle du blond, cherchant des explications. Il a prit un bon nombre de grain, moi presque pas, ils fonctionnent à l'envers? Non, non il ne sont pas reliés entre eux les sablier je suppose. Mais avec tous les trucs chelous dans cette Ville...
Landscape se redresse, remettant ses cheveux blonds en place. Je me relève à mon tour. Le sablier et mon pendentif en forme de croissant de lune ricochent dans un tintements sonores, et j'enlève mon collier en pierre de lune pour ne pas l'abîmer, le glissant dans une des poches de ma veste avant de la fermer. Puis je reprends mon sablier en main. Le temps semble s'écouler, mais sur le vide. What the fuck?
Le garçon prend le bloque note, tout en parlant. Je l'écoute attentivement, comme dans l'attente d'une soudaine et divine réponse nous sautant aux yeux.

« Déjà, c'est quelque chose qui nous concerne tout les deux... Toi, ton temps a augmenté... Et le mien à diminué... »

Je fronce des sourcils. Oui, c'est évident là. Il y a un lien.

« La question est de savoir ce qu'on a fait de différend pour détraquer ces espèces de... compteur. »

Après une pause, je rajoute, hésitante:

« Et si c'était parce que j'ai touché ton souvenir...? »

Je me mords brusquement la lèvre. Si c'est vrai, et que comme mon intuition me le jure le temps est précieux, alors j'ai de quoi m'en vouloir. Je baisse les yeux, fixant le matelas. J'avais vraiment agis de façon puérile, curieuse et indiscrète, mais en plus ça a fait perdre du temps à Landscape? Je serre mes poings sur mon jean de façon un peu convulsive, assaillit par le remord. J'avais vraiment été stupide.

HJ:

Landscape semble alors avoir une idée subite, fronçant les sourcils. Il confirme mes pensées en disant avoir trouvé la cause, sans en être totalement sur. Il remet alors le bracelet à son poignet, et je le regarde sans comprendre.

« Ne quitte pas ton sablier des yeux... Et dit moi si il augmente. »

Un… bracelet ? Soit. Soit soit soit. Bon, on est dans une Ville de fou après tout. Et on ne perd vraiment rien à essayer. Pas vraiment convaincue, mais ayant l’envie d’aider le bond d’une façon ou d’une autre.
Il pose sa main sur mon épaule, et je regarde le sablier au creux de ma paume, mis bien droit. J’écarquille les yeux. Les grains de sable… Les grains de sable ! Comment se pouvait-il qu’il augmente vraiment ? Je me sens trembler. Cette Ville est une ville de tarés.

« En… Enlève ce truc ! »

Un tiraillement me prend au ventre. Je lui ai vraiment volé des heures. Des heures si précieuses ici. Et c’est hors de question que je les garde.
Je m’approche de Landscape, lui enlève son bracelet rouge, avant de le mettre sur mon propre poignet. Et avant qu’il n’ait le temps de faire quoi que ce soit, mes intentions étant sans doute facilement devinables, je viens l’embrasser en l’enlaçant. Je compte pas garder ces heures volées à celui pour qui mon cœur bat plus vite que les ailes d’un papillon.

Landscape m’arrache au bout de quelque seconde le bracelet, interrompant notre baiser, après mon poignet, avant de me rassurer, me disant de ne pas m’inquiéter, qu’il a assez de temps. Mais ça, il en sait rien, aucun d’entre nous ne sait vraiment combien de temps on va rester ici et à quel point le temps est précieux. Il me sourie, avant de lancer le bracelet loi de nous.
Il revient m’embrasser, et je me sens flotter malgré toutes mes préoccupations, jusqu’à ce qu’il me dise en plantant son regard ambré dans mes yeux vairons :

« Je t'en veux pas d'accord ? Je veux pas que tu me rende mon temps, garde le pour le moment, okay ? »

Je me mordille la lèvre, jugulant une envie de refuser ce qu’il me demande. Deux côté de ma personnalité s’affrontent, l’un étant celui qui m’ordonne de le protéger, quitte à devoir sacrifier mon temps –en plus, à la base, c’est le sien-, contre celui qui m’assure que je peux faire confiance au blond. A la fin, j’abandonne dans une grimace, me couchant sur le côté, la tête tournée vers Landscape.

« C’est quoi la prochaine blague que nous réserve cette Ville ? »

Je ferme les yeux. Ne pas craquer. Je n’ai pas envie de pleurer, mais je donnerai tout pour m’enfoncer dans le néant –pas celui du sommeil non, mais celui de la tranquillité-. Seul le visage du garçon me retient, et m’empêche de tout laisser tomber. Quand je rouvre les yeux, réussissant à repousser une fois de plus la tentation de l’oubli –qui de toute façon me met encore plus mal une fois au réveil- mes yeux brillent d’une détermination nouvelle, même si j’ai toujours peur au fond.

« On va sortir de ce cauchemar. »

Ouais, c’est exactement ça. Un cauchemar. Cette amnésie, ces souvenirs flottant, cette histoire de loups, de ronces… Heureusement que j’ai trouvé quelque chose à quoi me raccrocher pour être sur de pas laisser tomber. Ouais je sais, je suis une vraie guimauve ces derniers temps là.

Landscape me sourie, et je me sens fondre devant ce sourire. Il se rend compte de l’effet qu’il me fait ? En sentant sa main passer sur ma joue, je frissonne subrepticement alors qu’un sourire nait sur mes lèvres sans que je lui aie demandé quoi que ce soit. Ouais, on allait s’en sortir, et en prime, j’aurai mes souvenirs et celui que j’aime. La vie est belle –pour le moment, rien de bien grave ne nous ai tombés dessus, enfin du moins à moi. Le kraken de Landscape par contre… mais je préfère ne pas y penser. Ne pas en parler.-
Le garçon me hisse alors sur une de se cuisse, qui ma foi fait un oreiller plus que confortable, accompagné du parfum de Landscape. Je reste ici sans problème ! Il vient m’embrasser, avant de me dire de me reposer. Qu’il attend Hippocrate.
D’accord, mais s’il y a un truc qui nous tombe dessus –ah, ma psychose n’est pas tellement partie que ça tout compte fait- ? Et puis, j’ai pas vraiment sommeil –même si mes yeux se ferment tous seuls, c’est simplement pour savourer ce moment.
Je sens les doigts du blond passer dans mes cheveux. Dans une vie antérieur –et je ne parle pas de mon passé voilé- j’ai sûrement du être un chat, vu la furieuse impression d’avoir une envie de ronronner. Mais voilà, c’est physiologiquement pas possible. Et pus on va éviter de faire peur à Landscape hein, je suis pas un chat-maléfique-déguisé-en-humaine.
Je reste comme ça, un peu comme dans un demi-sommeil, toujours consciente de la présence du garçon mais mon esprit commençant à dériver. Parce que si je lui demandais encore « qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? » ça deviendra lourd, et un peu étrange sur les bords, d’insister à ce point. Donc je me contente de profiter de la présence du garçon. Rien ne peut nous tomber dessus ici, après tout.
…
N’est-ce pas ?

Rêvassant, je n’avais pas alors remarqué le temps s’écoulant, ni même ce qu’il se passe autour de moi. Je me sens flotter, enfin tranquille pour la première fois depuis qu’on est arrivé ici. Si Nulle part pouvait n’être que ça, j’y resterai avec plaisir. J’en viens même à me demander si ma psychose n’est pas exagérée. Non, non quand même pas, ça donnerai raison à Hippocrate.
C’est alors que Landscape bouge, me posant sur le matelas. Le temps que je reprenne totalement mes esprits, il avait une lampe torche et un des couteaux suisses en main. Je fronce des sourcils.

« Hippocrate commence à être long... Et ça m'inquiète un peu. Je vais tenter de voir si je le trouve, reste là, tu es en sécurité ici. »

J’hausse un sourcil. Il est sérieux là ? Me relevant, je passe une main dans mes cheveux.

« Tu crois vraiment ce que tu dis là ? »

Je le rejoins, prenant au passage les mêmes ustensiles que lui –plus pratique, et puis si déjà on en avait plusieurs, autant les utiliser-.

« Soit tu pars avec moi, sois tu pars pas. »

Un sourire assuré, cachant ma légère frayeur de sortir de la bulle dans laquelle nous étions, s’étire sur mes lèvres. On va pas non plus tomber sur un zombie. Respire October, respire.