Landscape s’occupe de tout vider dans la pharmacie, y compris les couvertures en les mettant sur chaque lit. L’envie de dormir essaie de me prendre, mais le souvenir de ce qu’il venait de se passer dans le magasin de jouet me tenait bien trop éveillée.
Le blond m’ébouriffe les cheveux –qu’est-ce qu’ils ont mes cheveux en fait ?- avant de me dire de m’asseoir, qu’il allait revenir avec du désinfectant. Je m’étonne moi-même d’obéir bien gentiment. Parce que même s’il n’y a aucun problème, je ne m’attendais pas à aussi peu de résistance, ou plutôt à cette acceptation tranquille.
Le garçon ne tarde pas à retenir, les affaires médicales dans les mains.

« Montre moi ton doigt s'il te plait. »

J’obéis une fois de plus, et il me soigne, imitant Hippocrate à la perfection. A ceci près qu’il termine son œuvre avec un sourire en me disant que c’est comme neuf. Je sens mon cœur qui tressaute dans ma poitrine devant son rire. October…
Je n’arrive pas à détacher le regard du garçon, détaillant ses cheveux blonds, ses yeux ambrés, son visage et ses traits… Et mon rythme cardiaque préfère ne pas se calmer devant cette observation minutieuse. Je crois que je suis vraiment irrécupérable.
Il prends alors son bloc-note et un stylo, avant de se tourner vers moi –et je baisse précipitamment le regard-.

« Tu veux faire quelque chose en attendant le retour d'Hippocrate ? J'ai rien en tête pour le moment... A moins que tu avais d'autres questions à me poser, je sais pas... »

C’est vrai ça, je repense soudain au médecin. Où est-il ? On aurait pas du se séparer. Je me secoue mentalement. Non, tant pis pour lui, et puis en plus je me vois mal vivre la scène dans le magasin de jouet avec Hippocrate dans le coin. Oui, définitivement, heureusement qu’on s’était séparés. Il finira bien par revenir après tout, le vieux.
Bon, réfléchis October. Prends ton temps avant de dire n’importe quoi. Parce que la première chose qui lui était venu pour le « quelque chose » n’était vraiment pas envisageable. Enfin, si, mais là… Non, pas envisageable, un point c’est tout, chut ! Pauvre fille, tu es amnésique, et tu penses à… ça. Irrécupérable.
Je me relève quelques secondes, le temps de prendre la couverture sur le matelas sur lequel nous nous trouvons, Me la passant au-dessus des épaules. Ou comment-faire-genre-d’être-absorbé-par-un-truc-le-temps-de-trouver-une-idée. Je me rassois. Quelque chose à faire… ? Bon, tu arrêtes de tourner la question de Landscape dans le mauvais sens oui ? Je préfère songer à la seconde option. Et comme je sais qu’il y a qu’un moyen pour qu’il voit pas mes joues rougir, et que j’en meurt légèrement d’envie, je pose doucement et timidement ma tête sur son épaule. Bawé, me faut bien un coussin après tout. Et puis si je le dérange, il secoue son épaule et pis basta –évidemment, rien que cette idée me fout un peu la frousse-.

« La fille qui t’a lâché dans ton souvenir, juste parce qu’il avait bu et fumé, sérieusement… Ok je ravale ma crise de jalousie. Elle est… ici ? Enfin, tu sais si c’est le cas ?

Parce que si elle est là, ça risque de me compliquer mon contrôle d’émotion. M’enfin bref. C’est surtout pour que j’arrête à mon équation de mec+fille+matelas+question douteuse= tout le monde a compris quoi. October, stupide fille. Heureusement pour toi, il ne doit pas voir ton visage, là.

Landscape, tout en me répondant, commence à dessiner sur son bloc-note. J’y jette un coup d’œil, intriguée. Il dessine un portrait, de toute évidence, et très vite le visage apparait dans son ensemble. Je grimace. Ouais, pas mal la fille.
Lorsqu’il dit que je n’ai rien à craindre, un léger rire m’échappe. Comme si j’étais jalouse. … Bon, d’accord, j’ai un peu peur. Mais qu’un peu ! Roh, bref.
Je l’entends soupirer, et je me demande bien pourquoi –ras-le-bol ou encore amoureux ? Non, October, arrête de suite la jalousie ! Tu fais de pire en pire-. Il passe sa main dans mes cheveux, avant de me demander quoi faire. Je ressers un peu plus la couverture sur moi, une phrase ressemblant pas mal à celle de l’équation par rapport au matelas, à la fille et au garçon me venant immédiatement en tête. Il le fait exprès ou quoi ?
Je réfléchis quelques secondes. Trouver une idée –une idée correcte, donc merci au côté décalé de mon esprit de rester tranquille-. Je décale légèrement ma tête sur son épaule me servant d’oreiller

« Tu me dis, si je te dérange… Puis, après une pause, j’ajoute, la voix un peu enjouée, voir malicieuse –parce que c’est débile, mais bon après tout-. Action ou vérité ?

Benwai, on va pas faire un strip poker non plus. Et puis, avec les idées chelous –mais totalement compréhensible en même temps vu la situation !- me passant par la tête, j’imagine une seconde Hippocrate se ramener dans un moment un peu bizarre… Je me retiens d’éclater de rire en imaginant la tête qu’il ferait.
Je me relève légèrement, attrapant le sac de nos provisions de notre première sortie, histoire de prendre une bière avec un décapsuleur. Shit, j’ai oublié de prendre des sodas. Faut pas que je me mette à tourner à la bière. Cela dit, je la décapsule et en bois une gorgée, fraiche grâce à la température ambiante pas trop haute, sans remord. Faut bien s’occuper dans la vie hein, même quand on est perdu au beau milieu de Nulle Part.

Landscape prend lui aussi une bière, me piquant le décapsuleur. Génial, ajoutons un facteur. Mec+Fille+Matelas+Question douteuse+Alcool. Je vais me faire mathématicienne.
Après avoir bu une gorgée, il commence à vouloir me poser une question, avant de s’interrompre. Au dernier moment, une intuition me dit qu’en fait, c’était pas une bonne idée ce jeu.

« Est-ce que tu as déjà eu un petit ami avant, si tu t'en rappelle bien sur. Mais je verrais tout de suite dans ton regard si tu mens ~ Donc si tu mens, je te donnerais un gage. »

C’était vraiment pas une bonne idée ce jeu. Je me serai coller une baffe. Maintenant, je peux pas revenir en arrière. Je me mords la lèvre. Bien joué, espèce de mollusque. Bon. Reste une question avant toute chose, avant de répondre à Landscape. Je baisse le regard, ne pouvant affronté celui ambré du garçon.
Répondre ou ne pas répondre, telle est la question. Il mérite de savoir. Mais si je lui dit à quelle point mon cas est grave, il va me fuir, c’est certain. Bon. Histoire de me donner contenance, je bois une gorgée de bière. Je ne peux m’empêcher de fuir son regard, sachant que ce que j’allais dire allait être absolument dangereux niveau relationnel, je garde les yeux fixé sur ma bière.

« Je… J’ai eu trois souvenirs, depuis mon arrivée. Trois souvenirs et… »

De l’air. Il me faut de l’air. Je sens que mes poumons galèrent à récupérer le souffle qui ne cesse de se faire plus court. Hého, je fais une espèce d’hyperventilation… à cause d’un garçon. Aller, reprends-toi. J’essaie de prendre une respiration pour me donner du courage, mais l’air ne veut pas vraiment passer, ma gorge étant bloquée par une boule d’angoisse –disproportionnée par rapport à la situation-.

« Trois petit ami. »

Voilà, c’est dit. Va savoir, il va peut-être pas comprendre pourquoi ça me stress autant. Mais je vais pas non plus aller lui dire ce qu’il s’est passé pour lui en quelques quarts d’heure, ni pour Novembre. Sérieusement. Je suis pas suicidaire non plus.
Je me laisse tomber, m’affaler serait plus juste, sur le matelas, ma bière toujours dans ma main. Je ferme les yeux. Mais si ça se trouve, il va se dire qu’en effet, oui, je suis une garce, tout peace and love qu’il est.
Je suis vraiment idiote d’avoir proposé un tel jeu. Et maintenant, j’ai peur.

J’entends Landscape s’étouffé avec sa bière, et j’hésite entre le rire et les larmes. Evidemment que c’est choquant. J’hésite entre le rire et les larmes –car oui, tout de même, c’est drôle le temps de réaction. Mais d’un autre côté, j’ai tout perdu là…-. Je le laisse calmer sa quinte de toux, ne disant rien. Je suis vraiment, vraiment dans de sales draps. Pourquoi cette question bon sang ? Je sens son regard se poser sur moi, mais je garde les yeux fermés. Ne pas affronter un regard sans doute dédaigneux, ou du moins ce genre de truc, parce que j’imagine mal le blond avec un regard dédaigneux.

« Je savais que tu étais attirante, mais à ce point là... Je vais devoir sortir les griffes et les crocs pour laisser personne d'autre que moi s'approcher je pense. »

Je manque de m’étouffer avec l’air entendre d’un seul coup, insidieux, dans mes poumons. J’ai vraiment bien entendu ? J’ai du halluciner ! C’est impossible… Non seulement il n’est pas en mode ah-ouais-j’avouet-t’es-qu’une-garce mais en plus il parle de faire en sorte de me… garder ?
C’est dingue comme mon côté indépendant s’enterre face au garçon. J’vais finir par demander les conseils d’un psy, si il y en a un dans cette Ville de fous. Mais après tout, qui sait, grâce à tout ça j’ai peut-être rencontrer le bon… L’Amour, le vrai ? Je sens mon cœur battre un peu plus fort. Oui, ça devait être ça.
Bon, pas de précipitation cela dit October. Je le vois du coin de l’œil, bien que fixant maintenant le vieux plafond pour me donner de la contenance –parce que j’ai décidemment la fâcheuse manie de rougir pour pas grand-chose-. Il me dit alors que c’est à moi…

« … princesse ~ »

Je me sens lui jeter un regard surpris, avant de me relever légèrement pour boire un peu de despérados, avant de la poser à côté du matelas, pour cacher tant bien que mal ma gêne. Non pas que ça me dérangeait, loin de là –mon cœur en témoigne en tambourinant-, mais justement parce que je sens mes joues prendre une teinte tomate.
Aller October, reprends-toi. Tu es une miss-loveuse, et pourtant tu es timide ? Eh ben, on va aller loin. Suffit que ton impulsivité te calme, tu ressemble à une gamine cherchant juste à aller dans les jupes ou les bras de quelqu’un pour se cacher de tout ce dont elle a peur –en l’occurrence, d’avoir l’air débile à rougir comme ça-.
En parlant d’aller dans les bras de quelqu’un… Je regarde en biais le blond. Il est sur le matelas juste à côté, et vu qu’ils sont collés sa fait pas énormément de différence. Aller October, tu l’as embrassé sans son avis, tu peux bien bouger sans que ça le choque, arrête d’avoir peur comme ça. Petite fille timide va.
Je me glisse, le plus vite et naturellement possible, me couchant contre lui, un peu en boule. Oui oui Octy, tu es une vraie enfant en fait. Enfin bon. Maintenant, tu prends la parole. Oublie son princesse et ses histoires de crocs et griffes le temps de parler, sinon tu vas bafouiller !

« Tu… Excepter Wendy, tu en as eu d’autres ? »

Oh, bravo October. Super bien formulé. Il ne te prendra absolument pas pour une gamine même pas capable de parler correctement maintenant. Je vous jure… Et puis, je mourrait d'envie de luid emander si je le dérangeait pas, parce que oui je suis effrayée que ce soit le cas, mais je me dit que j'ai eu mon lot de bafouillage pour la minute.

Quand Landscape passe sa main dans mes cheveux, je me sens frissonner. J’aurai pu rester ici des heures, au diable le temps perdu, tant j’apprécie ça. Je le sens embrasser le haut de ma tête, ce qui me donne encore plus chaud aux joues –et pas la peine d’un miroir pour deviner mes rougissements vu comment ils sont discrets, autant qu’un éléphant dans une cabine téléphonique-. Il me répond finalement que non, à part un garçon qu’il aurait embrassé accidentellement. Attends, un garçon ? Un léger rire m’échappe. C’est tellement drôle après tout. Ou alors c’est juste que je suis tellement fangirl de la situation que je ris pour rien. Va savoir.
Sa main dans mes cheveux arrête alors de les caresser, et il se redresse légèrement –j’ai l’impression l’espace d’une seconde qu’il compte partir, et je sens mon cœur se serrer, avant que je comprenne que c’est juste pour sa bière. Moi, j’ai la flemme, ou plutôt je n’ai pas envie de partir de là pour aller chercher la mienne. Elle va pas disparaitre de toute façon.
Je sens alors le tissu d’une couverture nous recouvrir… Et je rougis une fois de plus, mon visage caché par mes cheveux et par la position dans laquelle nous sommes, heureusement. J’imagine un instant Hippocrate rentré à cet instant. Poker face.
Finalement, Landscape me demande :

« Qu'est ce que tu aimes le plus chez moi au juste... ? »

Cette question me tire un rire nerveux, que j’étouffe dans mes mains. A la base ? Juste que c’est un garçon. D’ailleurs, la situation serait vraiment compliquée –je parle de mes coups de foudre- si j’étais bisexuelle. Ce serait carrément flippant.
Je connais la réponse, la première qui me viens, mais je n’ose pas trop répondre. En fait, ma timidité est vraiment la pire chose dans mon caractère en fait je crois, même ma curiosité est moins grave, et pourtant elle est vraiment poussée. Lorsque je lui réponds, la voix hésitante, je me cache un peu plus contre lui.

« Tu… Tu es absolument mignon. Je m’arrête, sentant que je vais mourir de honte. Je suis vraiment pathétiquement trouillarde là. Pas physiquement parlant, enfin si, mais je veux dire, pas que… »

Génial, c'est pathétique, je ne peux même pas parler sans bafouiller. Les mots sont à peine reconnaissables dans tout ça. October, October, October… Là, un narrateur lèverai les yeux au ciel devant ton attitude. On dirait juste pas la fille rebelle qui s’est pris le chou avec Hippocrate quelques heures plus tôt.
Je me mords la lèvre, gênée. Enchainé sur une question avant de m’enfoncer dans un silence gêné. Une question me vient si vite que je n’ai pas le temps d’y réfléchir avant de la poser.

« Si on retrouvais Wendy, tu… Aller, tu as commencé, trop tard. Tu essaierais de la récupérer ? »

Non, ce n’est pas de la jalousie –enfin du moins, ce n’en est pas le moteur principal, car celui-là c’est la peur de perdre le blond-. Je me mords un peu plus la lèvre, un peu crispée. Ma pauvre, tu passes pour une débile là. Quoique, sa te change pas de ces dernières minutes. Histoire de tenter de me calmer, j’essaie de respirer calmement –parce que ouais, mon rythme cardiaque veut pas se calmer, et mine de rien ça se fait ressentir là-. Mauvaise idée. L’odeur du garçon fait bondir un peu plus mon cœur. Je me fais peur des fois.

Je sens Landscape me serrer un peu plus fort, et je me pelotonne un peu plus dans ses bras, retenant un soupir d’aise. Malgré ma gêne, je suis extrêmement bien, ici.

« Ne t'inquiète pas, vu comment elle m'a larguée, je pense pas la récupérer... Et puis, je t'ai toi maintenant non ? »

Qu’il me réponde ça, que ce soit parce qu’elle l’a larguée, me fait un peu flipper mais… Non, je dois lui faire confiance. Aller. Ses yeux ambrés plongés dans les miens me font tressaillir. Et je sens un frisson me parcourir la colonne vertébrale quand le blond vient m’embrasser, mon coeur cogne encore plus fort dans ma poitrine, et mes mains s’accrochent à son t-shirt. Il fallait croire que je ne suis pas la seule timide. Un sourire se dessine sur mon visage, quand il prend une mèche de mes cheveux, semblant réfléchir, avant de me demander finalement :

« Et toi... Si tu revoyais les garçons de tes souvenirs... Est-ce que tu me laisserais pour eux...? »

Je sens mon cœur se serrer, mais je réponds sans hésitation :

« C’est absolument hors de question ! »

Tiens, mon impulsivité a encore fait des siennes. Même ma timidité est partie un court instant grâce à ça, ce qui me tire un léger rire. Mais je réfléchis d’un autre côté : est-ce vrai ? Oui, sans doute. Enfin, je l’espère. Mais après tout, s’il est bien l’Amour, alors il n’y a pas de doute, oui je resterai. Après tout, si les autres n’étaient plus avec moi, c’est qu’ils n’étaient pas le bon. Le blond pourrait très bien l’être, non, il l’est. Voilà
C’est alors qu’une sphère lumineuse se perd jusqu’à Landscape, je la suis des yeux avec émerveillement devant ce fragment de souvenir. J’ai soudain une pensée pour un acte totalement irréfléchi –et d’ailleurs, je n’ai pas le temps de m’arrêter. Je dégage un de mes bras de Landscape, et touche ce qui est évidemment son souvenir. Simple curiosité scientifique, rien de plus nan mais oh !

Landscape:

Point de vue externe:

C’est étrange, de voir un souvenir. Pour le coup, c’est vraiment comme un film. Là, pas de sentiments qui prennent à la gorge : c’est simplement voir une scène. Presque comme du théatre –sauf que c’est trop naturel pour en être évidemment-.
Beaucoup de garçons sont rassemblés, on dirait une soirée entre potes, et peu de filles sont là. Si je sens mon regard s’attarder sur les garçons, je détache finalement les yeux, et vois Landscape. Durant tout le fragment de mémoire, je ne quitte pas le blond des yeux, en profitant pour le regarder sans qu’il me voie. Je fronce des sourcils devant sa gêne, un peu attendrie mais aussi un peu jalouse. Du calme October, ce n’est qu’un souvenir voyons.
Finalement, il prend une guitare, et je me sens impatiente d’entendre ça. Mais je sens la scène disparaitre, le corps chaud de Landscape contre lequel je suis encore collée, la couverture, le matelas… Je rouvre les yeux.

« La fille… c’était Wendy ? »

Je suis même pas jalouse. Non non, pas du tout. Bon d’accord, je suis jalouse de l’avoir vu comme ça, je suis jalouse car il était juste mignon quand il s’était paralysé à cause de la question de son cousin. Cela dit, j’avais un ton neutre, je n’étais pas agressive. C’est déjà ça.

Ses yeux ambrés dans les miens, vairons, Landscape soupire, avant de me répondre. Oui, la fille était sans doute Wendy. Il répète que même s’il la retrouvait, il resterait avec moi, et je me sens coupable de l’embêter autant avec ça –mais c’est excusable hein, namého-.
Ensuite, il parle de ne plus regarder ses souvenirs. Je suis tentée de faire la moue, mais d’un autre côté, il a raison. Il a le droit d’avoir son intimité, fouiller dans sa vie ne se fait pas. Et puis si on tombais sur une scène pas très catholique, vu comment ça me met de simplement le voir amoureux, je sais pas ce que ça donnerai. Parce qu’en plus d’être une coup-de-foudreuse, je suis une jalouse. Et si je l’avais vraiment embêter ? Si je…
Landscape vient interrompre le flot de mes pensées en venant m’embrasser, et je sens une fois de plus mon cœur faire un bond. Trop fragile ce cœur, trop fragile. Trop sensible. Tout comme mes joues d’ailleurs. Rougir et se mettre à avoir une pulsion cardiaque plus forte au moindre truc, pas très pratique.

« J'aime pas quand t'es jalouse ~ Et si je vois Wendy ou qu'on la mentionne dans chacun de mes souvenirs, tu vas me faire une crise à chaque fois. Fait moi confiance, d'accord ? Je ne suis pas du genre à faire des paroles en l'air, alors quand je te dis que je resterais avec toi, c'est que je compte bien respecter cette promesse. »

Je sens le rouge me monter aux joues. Il faut que j’arrête ma jalousie à deux centimes. Et puis, sa promesse me fait chaud au cœur. Finalement, c’est pas plus mal que je sois tombée dans cette Ville pourrie.
Pas fière de moi, je cale ma tête contre son cou, son odeur obnubilant tous mes autres sens.

« Désolée… »

Landscape relève une mèche de mes cheveux, me regardant. Il me di de ne pas m’excuser. Oui, enfin je venais de faire ma patite-amie-transi-grave-jalouse-d’un-simple-souvenir-ce-qui-est-totalement-puérile. Enfin.
Après avoir repris une gorgée de bière, le blond bouge alors, m’assurant revenir. J’entends le bruit de la porte qui grince. Il fait quoi au juste ? Mais il m’a dit qu’il allait revenir, je le crois. J’en profite pour remettre mes cheveux en place, à force d’avoir bougé la tête en étant couchée certains n’en faisaient qu’à leur tête.
Quand j’ai finis, Landscape réapparait dans l’encadrement de la porte, et revient s’asseoir.

« J'espère qu'Hippocrate n'est pas en train de nous chercher dans le centre commercial... Si j'avais su, on aurait ramené un jeu de société, enfin, de quoi nous occuper en attendant qu'il revienne. »

Un léger rire m’échappe, et je me relève un peu, repassant sur l’autre matelas à quatre pattes, pour attraper ma bouteille de bière. Benwai tant qu’à faire. Je retourne ensuite en face de Landscape, souriant avec amusement de ce qu’il venait de dire.

« Jouer à un jeu de société, au milieu de Nulle Part ? »

Ma phrase sonne étrangement, et ce n’était pas vraiment ce que je voulais. Oui, c’est vrai que là, on est un peu dans notre petite bulle. Mais ici, pas loin, y a des ronces qui enlève des gens, des krakens qui veulent manger mon Landscape, manquerai plus qu’y ait des statues qui parlent.
Bon, il faut que je me reprenne. Je bois une gorgée, avant de rajouter :

« Je ne pense pas qu’Hippocrate nous cherche au centre commercial, il serait d’abord venu ici vérifier si on était pas rentrés. Il s’est peut-être perdu au rayon alcool. »

D’accord, je l’avoue, ma dernière phrase était un peu mauvaise, nan carrément méchante, mais ça a été. Je me rattrape en enchainant, même si c’est aps forcément non plus la meilleure des idées en fait :

« C’était à toi de poser une question ~ »

C’est que maintenant qu’elle est à peu près à nouveau en mode pas-trop-trop gênée, elle aurait peur de perdre contenance, la princesse.

Quand je lui dis de chanter, Landscape manque de s’étouffer une fois de plus dans sa bière. J’étouffe un rire, le trouvant juste craquant quand il est gêné, et je le vois rougir ce qui me fait un peu plus sourire. Juste avant de sortir son mp3, il me dit qu’il se vengera… Oh, je le sens pas. D’où m’est venue cette idée ? Mais il allait le faire, au moins. Je me sens impatiente de l’entendre, et mes joues prennent une teinte rosée.
Il commence alors à chanter, et je n’arrive pas à détacher mon regard. Qu’il sache jouer de la gratte ou pas, il a une sacrément belle voix. Je me laisse envouté, jusqu’à ce qu’il s’arrête. Trop tôt. Vraiment trop tôt cet arrêt, enfin, au moins je l’avais entendu.
Je continue à le fixer sans même m’en rendre compte, alors qu’il boit de sa bière. La mienne étant posée par terre, et vu mon incapacité à détacher les yeux du garçon, je la continuerai après. Après quoi ? Oh non.

« A ton tour princesse, chante moi une chanson ~ »

Je me mords la lèvre, bien que je sens mon coeur chavirer et mes houes rougirune fois de plus à cause du surnom que j'apprécie énormément. Evidemment, je me suis fait avoir. Je me sens rougir encore un peu plus de gêne, à mon tour. Je ne peux pas m'empêcher de revendiquer.

« Un "toi aussi" ne compte pas! »

Mais malgré ma fausse moue boudeuse, je sais que je n’ai pas le choix, je ne suis pas du genre à me dégonfler. Je sais que je vais le faire, plutôt me ridiculiser avec une voix absolument moche que de rater un défi. Je ferme les yeux, me demandant comment j’allais faire pour chanter quelque chose alors que je suis amnésique, quand une mélodie se déroule au fur et à mesure dans ma tête, presque comme si je l’entendais. Bon, courage October, tu peux le faire. Yes you can. Aller. Aller aller.

« How can you see into my eyes like open doors ? Leading you down into my core, where I've become so numb without a soul. My spirit sleeping somewhere cold, until you find it there and lead it back home. Wake me up inside. Wake me up inside. Call my name and save me from the dark. Bid my blood to run, before I come undone. Save me from the nothing I've become»

J’entendais ma voix qui, au début tremblante, s’assura au fur et à mesure, et je finis ce que je sais être le refrain avec une voix parfaitement claire. Cependant, je garde les yeux fermés, bien trop effrayée à l’idée d’avoir chanter comme une casserole.