(Quel souvenir enchanteur ! Lorsqu'Eka a appris à travers cette scène qu'elle pouvait être méchante et horrible avec des personnes plus sensibles qu'elle, elle l'a très mal pris et s'est, peu à peu, refermée sur elle-même, et elle doute en sa fiabilité désormais. Est-elle vraiment une personne gentille et remplie de bonnes intentions ?
À travers ce souvenir, on peut penser que la rousse est Ombre, puisqu'elle chante, qu'elle est coréenne et qu'elle est assez silencieuse, autant en Rp que dans le souvenir. Henri fait plutôt penser à un personnage prédéfini, surtout à Ténor.)
Elle avance dans le couloir sombre, ses pieds nus se perdent dans la moquette chaude et pelucheuse. L’endroit lui est inconnu. Elle se rappelle vaguement du lieu qu’elle cherche sans être vraiment certaine d’être au bon endroit. Porte, porte… La deuxième à droite ? La dernière à gauche ? Où se trouve cette fichue salle de bain ?
Intimidée, elle hésite, se dandine d’un pied sur l’autre.
« Kieru hikouki gumo bokutachi wa miokutta (…) »
La voix perce l’obscurité et s’élève dans la maison endormie en lui arrachant une grimace. Encore elle. Ses sourcils se froncent et elle se met à avancer d’un air déterminé vers la source du bruit.
« (…)ano hi kara kawarazu itsumademo kawarazu ni irarenakatta koto (…) »
Elle pose une main résolue sur la poignée et ouvre la porte à la volée. Une salle de bain où le plafonnier éclaire une superbe miroir qui couvre toute la face latérale, une baignoire immense où sont disposés plusieurs sortes de produits, une décoration luxueuse. Et elle. Une pauvre rouquine au teint blafard et aux yeux rougis par les larmes qui chante face au miroir. Elle à l’air surprise de la voir et sa bouche dessine un « o » de stupeur alors qu’elle fixe celle qui vient d’entrer dans la salle de bain sans frapper à la porte.
« T’en a pas marre de chanter tout le temps ? » grogne-t-elle. En passant, elle en profite pour s’admirer dans la glace. Ses longs cheveux blonds tombent au creux de son cou alors que ses yeux bleus mitraillent la rouquine du regard.
Elles sont toutes les deux en pyjama. La rousse semble serrer un morceau de tissu entre ses bras. « En plus tu dors avec un doudou ? Espèce de bébé. » Renchérit la blonde d’un ton hargneux. La rousse déglutit difficilement et secoue la tête d’un signe négatif. Elle est pitoyable. Les larmes roulent encore sur ses joues et ses cheveux sont en désordre. Pathétique. « Je… » « Laisse. Je m’en fiche. Vraiment. Tu as peut être une jolie voix ou alors t’as du faire du charme au jury ou je ne sais pas mais écoute moi bien : je suis celle qui ira le plus loin entre nous deux. Tu m’entends ? » La blonde est à présent tout près de la rousse et lui parle d’une voix menaçante. Elle la déteste. Chaque mot résonne d’une dose de mépris savamment distillée. « Espèce de… »
Bruit de pas dans le couloir. Un homme d’une trentaine d’année arrive à son tour dans la salle de bain. Ses cheveux châtain clair et ses traits occidentaux se révèlent à la lumière. « Alors les filles ? Tout va bien ? J’ai entendu du bruit ? »
La blonde prend la rousse par l’épaule et susurre d’une petite voix mielleuse. « Tout va pour le mieux Henri. » Sa réplique s’achève en un sourire niais. Bien sûr que tout va bien. Ce qui se passe dans les coulisses ne regarde personne.