Dolly sortit avec joie de la gare souterraine, portant son colis sur l'épaule sans cesser de courir, colis qui avait crié d'une voix aiguë..super, comme les lapins . Colis également plutôt remuant..Il grogna, une main sur les reins de la jeune femme et l'autre tenant ses cuisses.
-Arrete de bouger, et accroches toi, t'es chiante et tu m'aides pas.

Il sentit par la suite un coude osseux s'enfoncer dans son dos, et soupira en levant les yeux au ciel.
Une voix glaciale réussit à percer jusque ses oreilles, un peu malmenée cependant..
-"Repose. Moi. Je te donne cinq secondes. Il ricana, grognant avants de se décider à parler.

Bon, écoute ma mignonne, je sais pas ce que c'est cette ville, mais t'as des putain de loups zombies énormes, et l'un d'eux essaie de me bouffer. Je te repose, si tu veux, tu me ferais gagner du répit, mais tu te feras bouffer. Et comme je suis pas un meurtrier, et que toi par contre, t'es vraiment lente, je te porte . Il sentit tout de même qu'elle était gênée par quelque chose, alors il la fit rebondir sur son épaule avants de la ramener contre lui, la portant en prenant ses jambes en travers, de façons plus confortable. Il ne cessa pas sa course, arrivant dans une immense rue déserte bordée de maison..
Autant traverser tout ça pour mettre le maximum de distance entre lui et cette bestiole ! Baissant légèrement les yeux, il vit quelques peu le visage de la jeune femme , des lunettes, des traits fins... Putain, elle a un caractère de merde, la planche à pain, mais elle est sacrément mignonne...

-"A part que je te fasse chier, ça va à peu près bien ? Il arborait un rictus plutôt moqueur,ses cheveux complètement ébouriffés par sa course effrénée. Me donne pas ton nom, t'y arriveras probablement pas...Tu dois aussi avoir paumé la mémoire..mais fais moi confiance, jte raconte pas de craques..

Il continuait à courir, plus lent que lors de sa course solitaire ,le vent dans la gueule, un canon dans les bras. Et une horrible impression de danger dans le dos..

Un pur délire. Finalement, Morphine pensait à revoir la liste de drogue qu'il s'était énoncée peu de temps auparavant. L'une d'elles devait correspondre, c'était obligé. Ils sortirent de la gare, toujours au pas de course. Dans un certain sens, il devait avouer que l'autre tenait bien la distance. Il lui accordait au moins cela. Un grognement lui échappa alors qu'il sentait les mains de l'homme sur son corps. Il n'avait jamais aimé les contacts, il en était certain. Mémoire ou non, il ne supportait pas ça. Tout à ses réflexions dans lesquelles il essayait de remettre de l'ordre, il ne se rendit pas compte quand son transporteur utilisa un adjectif féminin à son encontre. Ce que Morphine savait par contre c'était qu'il perdait du temps et qu'on l’empêchait de se pencher sur des problèmes sérieux comme son amnésie. Ce n'était pas ainsi qu'il trouverait quelque chose. Un grincement parvint à ses oreilles. Ses dents exprimaient toute son exaspération. Pourtant, il ne pu qu'ouvrir grand les yeux quand il entendit nettement le « ma mignonne » qu'il lui servit. Cela lui fit oublier un instant tout le reste. Rire ou pleurer. Il ne savait pas. Il avait besoin de souffler, ça il en était certain. Mignonne. Lui. Il était pourtant certain de se rappeler avoir un service trois pièces entre les cuisses. Bon dieu. Il jeta un regard dédaigneux au dos qu'il avait sous les yeux. Même pas capable de faire la différence. Il soupira de nouveau, refusant de chercher à comprendre. Et l'autre qui continuait son baratin. En vain. On ne pouvait pas le convaincre ainsi, sans preuve. Parce que de là où il était, Morphine ne voyait pas de sac-à-puce, géant, zombies ou quoi que ce soit d'autre, et qu'il était illogique de trouver un loup en pleine ville. Surtout sans meute. Un loup vit en meute. Et puis, pourquoi s'en prendrait-il à un être humain ? Il devait y avoir d'autres proies. En dehors de la ville, là où il n'y a ni homme, ni voiture, ni bruit, ni lumière artificielle. Donc, pas ici.
Un nouveau mouvement de la part de celui qui le portait le surprit. Il se retrouva devant sans trop savoir comment. En fait, il n'en avait rien à faire, au moins n'avait-il plus l'objet qui lui perforait la peau. Un coup d’œil aux alentours lui apprit qu'ils se trouvaient maintenant dans une rue, déserte elle aussi. Comment se faisait-il qu'il n'y avait personne dans cette ville ? A part un type qui voyait un loup le poursuivre bien entendu. Il secoua la tête, désespéré par la situation. La mâchoire serrée, il n'apprécia pas non plus le sourire moqueur qui ornait le visage maintenant visible du type sans nom. « Nan, ça ne va pas. » un murmure. Sans nom. Lui non plus. Qu'est-ce-que c'était que ça ? Comment se faisait-il qu'il semblait être au courant de son amnésie et qu'il paraissait aussi en être atteint ? Là, Morphine était certain que quelque chose ne tournait vraiment pas rond ici. Et il pouvait se mettre sa confiance où il le pensait. Sans être vulgaire. Il avait des questions, autant de pourquoi que de comment. Et l'autre qui paraissait tout à fait serein. Comme si c'était normal.
La course avait un peu ralenti, ils s'étaient bien engagés dans la rue. Il n'en pouvait plus, trop de … tout. « J'espère que tu n'as pas l'intention de courir ainsi jusqu'à ta mort et que tu as en tête un moyen de te débarrasser du loup qui nous poursuit... » le ton s'était fait acerbe sur la fin. Il lui en voulait. Énormément. D'un geste brusque, il tenta de se dégager de la poigne de l'homme. La rencontre avec le sol fut plus rude qu'il ne l'avait prévu. Il se releva et se rhabilla convenablement, ses vêtements ayant été malmenés par le voyage. « Maintenant tu m’expliques. » Lui expliquer quoi ? Tout ce qu'il savait. Mais avec une certaine forme de logique cette fois-ci. « Et ne tente pas de me faire avaler n'importe quoi. » On pouvait entendre dans sa voix l’énervement qu'il tentait de refouler. Ne pas se laisser envahir par des émotions qui pouvaient perturber sa réflexion, même s'il se sentait fleur de peau depuis son réveil. C'était peut-être pour cela qu'il paraissait buté, mais là il cherchait vraiment quelque chose auquel se raccrocher. Et pas les bras d'un type de préférences. Il lui expliquerait plus tard qu'il n'était pas une demoiselle et qu'il y avait quelques différences entre les hommes et les femmes. Là, son exaspération l'emportait.

La louve le suit, sa proie et une autre. Elle les suit en silence et juge dans l’ombre. Qui est le plus faible ? Sûrement celui porté. On ne porte que les faibles. Alors quand la proie faible se dégage du plus fort, elle n’hésite pas. Elle bondit sur Morphine, le fait basculer par terre puis plongeant ses crocs dans son bras le traîne. Quelques secondes. Puis relève la tête, semble fixer Doliprane de ses yeux aveugles, tout en maintenant sa proie, une patte sur sa gorge. Si fragile, un faux mouvement et la carotide est ouverte. Et la louve attend, attend la réaction de Doliprane. S’il veut défendre l’autre humain, elle tuera Morphine. Alors elle attend, qu’il se soumette à son chantage. Obéis-moi sale humain.

J'espère que tu n'as pas l'intention de courir ainsi jusqu'à ta mort et que tu as en tête un moyen de te débarrasser du loup qui nous poursuit...

sans doute la phrase la plus drôle , vu ce qui allait suivre.
La nana se débattit soudain, plus chiante que jamais, avants de se dégager d'un geste brusque, s'éclatant par terre. Doliprane s’arrêta, en soupirant excédé, la fixant de son regard bleu, prêt à la rattraper pour partir le plus vite possible.
-"Maintenant tu m’expliques.Et ne tente pas de me faire avaler n'importe quoi. Un ton cachant très mal l’énervement de la belle,le faisant se calmer un peu. Après tout, on lui aurait fait ce coup..il aurait pas aimé non plus, et c’était..un peu..de sa faute.
Il ouvrit la bouche , pour répondre, mais écarquilla les yeux en voyant la bête fauve , et ne pus que lui hurler de faire gaffe.

L'énorme louve venait d'attraper la planche à pain, et de la traîner sur quelques mètres, ses crocs enfoncés dans le bras mince de la brune. Il voyait le sang pisser du muscle, ainsi que les spasmes de douleur de cette dernière. La bête planta alors son regard dans le sien, un regard vide. Mort.
Une patte sur sa gorge, une attente dans l'échine.

Doliprane, fronça les sourcils, avançant d'un pas avants de s'immobiliser, levants très légèrement les mains. Cette bête était intelligente, trop. Trop grosse aussi, et trop puante. Malsaine. Tordue. Il grogna..obligé de se soumettre a quelque chose dont il ignorait les termes.

-"ok, ok...la tue pas...tu veux quoi..?..

C'était l'histoire d'un petit garçon qui criait au loup. La vérité lorsqu'elle arriva fut difficile à avaler.

Ce fut rapide, sans possibilité de réagir. Morphine avait vraiment cru pouvoir trouver quelque chose de sensé à se mettre sous la dent, la pause avait été de courte durée. L'autre l'avait surement prévenu, trop tard. Il n'était même pas certain que le cri qu'il avait entendu juste avant ait été réellement poussé. Tout ce qu'il perçut se mélangea sans qu'il ne puisse analyser ce qu'il se passait. Un simple souffle avant qu'une violente douleur ne se fasse ressentir dans son avant-bras. Au même instant, il se sentit basculer sous un choc brutal. Le coup était rude, tout comme son bras qui l’élançait. Une gémissement plaintif lui échappa, sa respiration se fit saccadée. L'espace de quelques secondes, tous ses sens furent brouillés. Il sentit des larmes lui monter aux yeux, un liquide chaud perler sur son bras, une patte puissante contre sa peau, beaucoup trop bien placée. Pourtant, loin de paniquer, Morphine se sentait totalement déconnecté de cette réalité. Il voyait la scène comme un spectateur extérieur, l'esprit brumeux. Le retour à la réalité ne serait que plus douloureux.
Sa vision ne se résumait plus qu'à la bête qui le surplombait. La première pensée nette fut que l'autre type avait peut-être finalement raison. Et que peut-être, s'il s'en sortait, il lui présenterait des excuses entre deux cris de colère pour l'avoir foutu dans ce pétrin. Parce que c'était évidemment de sa faute. Sans lui, Morphine n'aurait certainement pas ce loup à deux doigts de l'égorger. Ou de l'étriper. Ou de le bouffer. Au choix. Dans tous les cas, c'était lui qui prenait, bien sûr. S'il l'avait cru plus tôt... Non, il n'en aurait pas été capable. Alors le voilà dans cette galère.
Incapable de rester concentré suffisamment longtemps pour trouver une solution, il perdit connaissance le temps de quelques battements de cœur. Cela lui permit de se reconnecter à tout son corps. Mal lui en pris. Il ressentit encore plus nettement sa chaire déchirée et il dut se mordre la langue jusqu'au sang pour ne pas laisser une plainte lui échapper. Trop peur que le loup ne réagisse à ce bruit et ne décide de passer aux choses sérieuses. L'air lui manquait, il avait inconsciemment bloqué sa respiration et n'osait la reprendre Il sentait le sang battre à ses tempes et la peur sourde qui lui broyait l'estomac. Son front était perlé de sueurs froides et un long frisson lui parcourra l'échine. Il devait puer la peur. Comme n'importe quelle faible proie. Parce qu'il n'était plus qu'une putain de faible proie. Il n'avait rien, rien qui pouvait le sortir de là. Ou alors il n'était pas au courant.
Il ouvrit les yeux prudemment, il ne se souvenait pas de les avoir fermés. Le souffle chaud et humide du loup balayait sa peau. Un loup. Comment était-ce possible. Son regard balaya la bête aux longs poils d'un brun rougeâtre. Une belle bête aurait-il pensé dans n'importe quelle autre situation. Une énorme bête qui avait sa vie entre ses griffes, voilà comment cela lui apparaissait. Et pourtant elle ne semblait pas pressée de lui faire la peau. Comme si elle attendait, comme si elle souhaitait quelque chose. Et ce n'était pas de lui dont il était question, mais plutôt de l'autre type qui engageait la conversation. Pourquoi pas. Après tout, on n'était pas à une aberration près. Il était même près à le supplier de faire quelque chose, si sa gorge n'avait pas déjà été prise et si la peur ne lui avait pas noué tous les muscles.
Morphine ne comprit pas un traître mot de ce que l'autre homme raconta, ce n'était plus à cause de la douleur qu'il commençait à apprivoiser, mais plutôt à cause de cette panique dont il ne réussissait pas à se défaire. Il ne contrôlait rien du tout et il lui était impossible de compter sur lui-même pour sauver sa peau. Sa propre peau. Sa propre vie, qui reposait dans les mains d'un autre. Il n'avait plus aucun contrôle. Plus aucune décision à prendre à par un suicide rapide et simple. Un simple geste pouvait lui coûter relativement cher. Il ne savait plus quoi faire. L'avait-il su à un moment depuis son arrivée ici ? Il n'en était pas certain.
Bon dieu. Il allait crever sans savoir qui il était, tué par un loup, avec un type qui le prenait pour une femme pour seul témoin. On pouvait rêver de mieux tout de même.

Lorsque Doliprane se rapproche, la louve accentue la pression sur la gorge de sa victime. Puis elle l’entend s’arrêter, l’entend parler. A-t-il compris ? Sûrement puisqu’il semble à son tour attendre quelque chose. La louve jubile, ça a marché. C’est si simple avec les humains. Elle enlève sa patte de la gorge de Morphine, le libère. Mais la menace est toujours là. La louve grogne et pousse du museau sa victime pour le forcer à se relever. Et s’écartant de Morphine, elle s’approche de Doliprane, et le pousse lui aussi, dans une direction bien connue d’elle. Elle les amènera d’abord là-bas, avant de leur montrer.

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