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Un vide, un silence

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Jouet fraîchement arrivé
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MessageSujet: Un vide, un silence   Un vide, un silence Icon_minitimeLun 20 Mai - 23:57

Un vide, un silence 50897519 10h-12h

Il n'y avait plus rien à analyser.

Le wagon était ancien.
Le cuir était rouge.
Le vide était partout.
Dans les oreilles de l'homme. Pas de bruit. Chut. Un décor de film muet.
Dans les souvenirs de l'homme inquiet. Suffit. Pas de souvenir personnel.
A part elle...

Il s'assit sur une banquette qui crissa un peu et regarda une seconde fois ce qu'on - on, lui ou un autre? - avait mis dans ses poches. Le passeport américain de Katrina Andronov - qui était-elle? - un Glock chargé de balles de 9 mm - mais qui...? pour quoi...? - , un stylo...

Son pouce caressait l'écran plat d'un portable qui refusait de faire autre chose qu'afficher un compte à rebours incompréhensible. Dans son costume deux-pièces sombres et son long manteau bleu marine, il espérait de la haute technologie autre chose qu'un simple ersatz de sablier. Au fond de lui, l'étonnement avait fait place à l'exaspération. Sous sa peau, un faible courant électrique parcourait chaque muscle et le rendait hypersensible aux moindres stimuli. Mais le corps gardait le contrôle de ses mouvements, comme un chien de garde dressé pour se tenir immobile tant qu'il ne doit pas attaquer.

Il leva la tête vers une fenêtre et le soleil, déjà haut dans le ciel, narguait par son mutisme, les pensées qui cherchaient en vain une explication à cette absence de sons et de souvenirs. Il remit les objets dans ses poches. Il se leva. Rien ne le retenait dans ce wagon.

Ses semelles de crêpe laissèrent un chuintement quasi inaudible sur le plancher de bois. Il traversa les rangées de sièges, d'un pas pressé. Il tira sur une poignée de laiton. Il y eut un bruit d'air aspiré, dérangé. La vieille mécanique huilée des portes s'ouvrit sans difficulté.

Il descendit sur le quai. Devant lui, une gare. Mais avant de continuer vers la gare, il se retourna vers le train.

Y avait-il d'autres personnes dans d'autres wagons?

Jouet fraîchement arrivé
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MessageSujet: Re: Un vide, un silence   Un vide, un silence Icon_minitimeMar 21 Mai - 11:01

Citation :
Elle n'a pas encore ouvert les yeux qu'elle se sent déjà terriblement inconfortable. Elle a mal partout et hésite à entrouvrir ses paupières. Qui sait, ça pourrait être encore pire. Mais elle ne peut pas non plus rester sans rien faire, alors elle se force. Autour d'elle, rien n'est familier, pas le wagon dans lequel elle se trouve, pas la banquette sur laquelle elle est allongé, pas le quai qu'elle peut pas apercevoir de la fenêtre, pas le train dans lequel elle peut si facilement s'imaginer. Non, dans sa tête c'est le vide, rien de lui vient. Rien du tout.
Et dans sa poche, reste immobile, une montre détraquée qui tourne à l'envers. Plus que 72 heures.

Le vide, tout était noir et vide. Paupières fermées. Elle voulait continuer à rêver. Position inconfortable, peu l’importait. Elle voulait juste rêver, mais rêver à quoi ? A qui ? Elle n’était vraiment pas bien allongée comme ça. Quelle heure était-il ? Il fallait qu’elle ouvre les yeux, qu’elle se lève. Lumière du jour. Mais lumière qui peinait à filtrer avec cet amas de poussière sur les vitres. Où était-elle ? Un coup, deux coups. Elle se caresse le ventre arrondi, réflexe de tendresse. Enceinte, elle était enceinte. Depuis quand ? Au moins quatre mois pour sentir le bébé bouger. Regard global de la situation. Un train inconnu, vétuste. Elle se lève, difficilement. Regarde par la fenêtre. Un quai, quai inconnu comme tout le reste. Où était-elle ? Comment était-elle arrivée ici ? Elle sentit une lourdeur dans sa poche. Examen précis. Mais avant se rassoir.

Un portable : éteint, impossible à rallumer, inutile. Quelle poisse, ils nous lâchaient toujours quand il ne fallait pas. Un planning, pourquoi avoir un planning, vierge en plus ? Le boulot ? Que faisait-elle comme boulot ? Impossible de se souvenir. Comme tout le reste, elle en avait l’impression. Garder son calme, il fallait garder son calme. Le stresse n’aidait pas le bébé. Comment savait-elle ça ? Sans doute les réflexes maternels. Passons et analysons la suite. Une alliance ? Son alliance ? Elle l’essaya, il allait parfaitement à son doigt. Elle était magnifique cette alliance, elle se décida à la garder à son doigt. Mais qui avait l’autre ? Pouvait-elle réellement oublier l’homme qu’elle aimait ? Il fallait chercher d'autres indices sur elle. Elle avait quoi d’autre ? Un couteau suisse, bien aiguisé en plus, ça pouvait servir, il fallait qu’elle le garde à porter de main. Une ceinture noire ? Judo ? Karaté ? En tout cas, elle devait connaître un sport de combat et savait se défendre, enfin elle l’espérait. Un bout de papier, un peu cartonné : of the yellow room. Le titre d’un roman ? Grandement probable. Ah ! Une montre, l’heure enfin : « 72 ? »

Ce n’était pas l’heure ça. C’était quoi encore que ce délire. Ne sait-on jamais, elle attacha la montre à son poignet. Elle vu une ombre longer le quai de gare. « Quelqu’un ?! Ici ! » Bonne nouvelle. Elle rangea ses affaires dans ses poches et se dirigea rapidement vers une vieille porte au bout du wagon. Elle appuya sur la poignée, tout aussi vieille que le reste ici. Mit pied sur le quai de gare. Sale, comme ce train. L’air rempli de poussière était presque irrespirable, heureusement que l’ouverture vers l’extérieur était grande. La nature était bien présente dans le coin, inhabituellement présente. Elle vit l’ombre de nouveau se retourner et fit un grand signe de main : « excusez-moi ! »

Peut-être cette personne pourrait lui donner des indices sur la destination où ils se trouvaient. Et comment tout ceci était arrivé. Elle s’avançait vers lui, d’un pas décidé. Non, elle n’allait tout de même pas courir. Mais pas loin. Cette situation, même si elle essayait de l’oublier pour ne pas stresser, l’inquiétait quand même un peu. Devant lui, un homme : grand, sportif, mais sombre. Devait-elle s’inquiéter ? Mais il n’y avait que lui dans les parages. Elle se répéta face à lui, déjà épuisée par le peu de marche qu’y avait entre eux. « Excusez-moi, mais je viens de me réveiller. Et… Petit soucis je ne sais pas où je suis. Vous pourriez m’indiquer la route pour un commissariat, ou… » Des toilettes ? Oh la poisse. C'était le moment tient. Ne pense pas à cette irrésistible envie d’aller aux toilettes. Quelle horreur cette pression sur la vessie. Elle reprit, avec un grand sourire gêné. « Ou tout autre endroit susceptible de m’aider. Je dois être un peu idiote, j’ai dû partir tôt et mon portable n’a plus de batterie. Je ne peux joindre personne de mon entourage. »

Attendez, bug. Quel entourage ? Joindre qui ? Enfin peu importait pour le moment, il fallait qu'elle partent de cette endroit au plus vite. Ce n'était pas le lieu idéal pour une femme enceinte. Loin de là.

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MessageSujet: Re: Un vide, un silence   Un vide, un silence Icon_minitimeMar 21 Mai - 21:53

Un silence, cela se brise facilement.

« excusez-moi ! »

Une voix féminine retentit et s'excusa d'ainsi retentir.

- Bonjour.

La voix de l'homme avait une tessiture de baryton. Un rien, quelques tonalités plus basses que la moyenne masculine. Une neutralité, comme habituelle, glissait sur ses traits et sa posture à lui mais il tourna tout son corps vers elle. Enfin une présence...

Les trois premières secondes sont, parait-il, déterminantes dans les relations.

Elle arriva vers lui essoufflée, alourdie par cette vie qui grossissait sous son ventre. Ses premiers mots demandèrent une aide. Le commissariat?

- Il y a au moins la gare, avec des téléphones fixes et des agents des chemins de fer.

Il faillit ajouter un 'peut-être' à la fin de sa phrase. L'homme le pensait tellement fort qu'il dut faire un effort pour le retenir. Si c'était une gare normale, oui, peut-être, y aurait-il eût téléphones fixes et agents...

Un instinct, comme un vicieux petit souffleur de théâtre, se pencha sur son oreille et lui dit que non, ce n'était pas une gare tout à fait normale.

Et elle, qui était-elle?

Etait-elle liée à la présence de ce pistolet?
Etait-elle, comme lui, vide de souvenirs?

- Je m'appelle David.

Il lui donna le premier prénom qui lui vint à l'esprit. David était un prénom biblique, accepté dans presque tous les pays où on s'attendait à voir un homme comme cet homme. Un homme blanc, un homme banal, si ce n'était sa haute taille et sa mise tellement classique.

Un mensonge pour se protéger. Un sale réflexe de sécurité.
Un mensonge pour la rassurer, aussi. Comment se reposer sur un sans-nom?
Un mensonge, cela est si facile.

Il fit un pas vers la gare et d'un geste du bras, l'invita à le suivre.

- Je vous accompagne.

Un sourire s'esquissa sur ses lèvres qui s'étaient tenues rectilignes jusqu'alors.

- Quel est votre nom? De combien de mois êtes-vous enceinte?

Il saurait rapidement si elle était amnésique, elle aussi.

HRP: Yellow et moi allons ici.


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