10h-12h

Elle sent que ses paupières sont encore collés de sommeil. Urghh...pas vraiment le réveil le plus cool, son dos lui fait mal en plus et elle n'est pas du tout confortable là où elle est. Mais où est-elle exactement ? Parce que franchement, qui possède un lit aussi dur, certainement pas elle. Où alors peut-être que si ? Elle ne sait plus, elle ne sait pas. Et cette réalisation la force à ouvrir ses yeux engourdis de sommeil. Autour d'elle, elle ne reconnaît rien, enfin si elle réalise vite qu'elle est dans un wagon et donc dans un train, mais elle n'a aucun souvenir de ce train. Comme elle n'a aucun souvenir de la qualité de son matelas. En fait, elle n'a pas de souvenirs du tout. A son cou, le sablier qui efface lentement les 72 heurs qui lui reste, n'a pas encore attiré son regard. Elle est juste perdu. Perdu dans ses propres souvenirs comme dans un labyrinthe.
Alors Right ? Gauche ou Droite ?

Déboussolée, la jeune fille gardait son regard rivé sur la seule fenêtre de la cabine. Les sourcils froncés et les yeux plissés, elle attendait. Pendant un moment, son cerveau n’enregistrait plus la moindre information. Lorsque ses iris eussent finalement terminé de s’ajuster à l’éclairage, l’adolescente se décida à bouger ses membres endoloris.

Depuis combien de temps dormait-elle ? Que faisait-elle dans un train déjà ? Quoi qu’il en soit, dormir allongée sur la banquette avait été une mauvaise idée. La brunette prit une grande inspiration puis se força à se lever. Elle souleva avec difficulté son corps de ses bras engourdis. Elle avait l’impression de peser trois tonnes. Refaisant machinalement ses tresses, elle balaya la petite pièce du regard. Comme elle l’avait déjà constaté, elle se trouvait bel et bien dans la cabine d’un train. Train qui attendait le débarquement de ses passagers. Le problème, c’était que l’endroit était vide. Il n’y avait absolument personne ici. Tant à l’extérieur qu’à l’intéri-

La jeune fille sursauta à la vue de son clone. Assoupie, là, allongée sur la banquette voisine. Son clone… Sa sœur jumelle, de toute évidence. Pourquoi ne se souvenait-elle pas de son nom ? En fait, elle ne se souvenait de rien. Lentement, son cerveau recommença à fonctionner. La confusion. Voilà exactement ce qu’elle ressentait. Des centaines de millier de questions se bousculèrent dans sa tête. Pourquoi ne se souvenait-elle pas ? Que s’était-il passé ? Irritée par cette parfaite incompréhension, la brunette se décida à sortir de cette pièce devenu suffocante.

Abandonnant ses affaires personnelles et son chapeau derrière elle, l’adolescente ouvrit bruyamment la porte coulissante de sa cabine avant de la refermer tout aussi fort derrière elle. Déjà, le changement d’espace l’aida à reprendre son souffle. Elle se passa une main dans les cheveux pour faire le tri dans sa tête si étrangement vide.

* Très bien. Tu ne te souviens plus de ton nom. Tu as une sœur qui roupille derrière toi et elle t’est parfaitement inconnue. Tu ne sais pas où tu vas. Pourquoi ne pas chercher ? *

Oui. Bonne idée. Chercher. Chercher qui ? Chercher quoi ? Chercher à savoir. Le chauffeur. Lui, il devait en savoir plus sur ce train démoniaque qu’elle en sait plus sur elle-même. Gauche ou droite ? Essayons la gauche. Bien que complètement déboussolée, elle savait qu’un train n’était pas plus compliqué à traverser qu’un couloir ou une route. Ne prenant même pas la peine de vérifier les autres cabines, la brunette traversa son wagon presque en joggant, pressée de comprendre.

10h - 12h

Sens-tu tes paupières encore collé de sommeil, Left ? Tu devrais, parce que c'est vraiment dégoûtant. Mais tu ne dis rien, tu restes là faire tourner tes méninges, parce que le matelas sous ton dos endolori ne peut pas être le tiens. Trop dur. Pourtant, tu as beau fouiller dans ta mémoire, rien n'est là. Pas même le souvenir d'un lit. Lentement, tu entrouvres tes yeux embués de sommeil. Tu ne reconnais rien n'est-ce pas Left ? Rien du tout. Tu n'es pas stupide, tu reconnais un wagon, tu sais donc que tu es dans un train. Mais pourquoi es-tu dans ce train ? Mystère. Bientôt, peut-être remarquera tu le sablier écoulant ses 72 heures, qui pend à ton cou comme un pantin à son fil ? Mais tu es perdue, n'est-ce pas Left ? Tu ne sais pas quoi faire, où aller.
Gauche ou droite, Left ? Il serait si triste que tu te trompes.

Ce fut le son d'une porte que l'on claque qui la réveilla définitivement. Le rythme cardiaque toujours aussi lent qu'un escargot, le cerveau en bouille et tout son corps encore fatigué, elle ouvrit lentement les yeux pour voir l'image floue d'un plafond qu'elle ne reconnaissait pas. Depuis quand était-elle là ? Quand s'était-elle endormie ? C'est à ce moment que la jeune fille se rendit compte qu'elle ne se souvenait de rien... De rien du tout ! Et cette constatation acheva de la réveiller.

Left redressa sa tête, qui était appuyée sur une fenêtre quelques secondes plus tôt. Elle fit le tour de la petite pièce du regard et se rendit compte qu'elle était dans un wagon. À côté d'elle, il y avait un petit sac en cuir. Puisqu'il était là, il devait sûrement lui appartenir. La brunette remarqua des objets négligemment laissés sur le sol, ce qui voulait peut-être dire qu'elle n'était pas seule ici. Et cela expliquerait aussi la nature du grand bruit qui l'avait réveillée.

Elle prit les objets de la personne inconnue et les déposa sur le banc en face d'elle. Lorsqu'elle se pencha, deux colliers apparurent dans on champs de vision, portés par la gravité. Ah, elle portait des colliers. L'un d'eux avait pour pendentif une clef et l'autre, un sablier dont le sable s'écoulait lentement, petit grain par petit grain. La jeune fille se demanda où elle avait bien pu acheter un collier aussi... original.

Elle se leva doucement de son siège et prit son petit sac. Elle en regarderait le contenu plus tard, pour l'instant, elle voulait surtout savoir où elle était et la personne qui avait claqué la porte du wagon pouvait sûrement l'aider ! Elle ouvrit donc la porte à son tour et pénétra dans le couloir. Le décor n'était pas moderne, loin de là ! Ce train semblait être très vieux... Mais que faisait-elle dans un train qui venait carrément d'un autre époque ? Tout ceci était tellement étrange... La brunette referma la porte du wagon et regarda où elle pouvait bien aller. À gauche, il n'y avait personne. Mais à droite, il y avait deux jeune gens. Une fille qui courrait vers la porte au fond du wagon et un jeune homme qui devait avoir quoi... 13 ans, la regardait ouvrir ladite porte pour ensuite disparaître derrière. Bon... il ne restait plus qu'elle et le garçon. D'ordinaire, elle ne lui aurait pas adressé la parole pour ne pas le déranger, mais... Ses questions ne pouvaient attendre ! Elle s'approcha donc de lui et attira son attention en frôlant son épaule du bout des doigts.

- Excuse-moi si je te dérange, mais... Sais-tu où nous nous trouvons ?

Personne. Il n’y avait personne. Personne qui puisse vraiment l’aider en tout cas. C’était tellement silencieux que même un wagon plus loin, elle arrivait à entendre de légères vibrations ; celles des voix de son clone et de l’inconnu qui semblait tout aussi perdu qu’elle. Elle accéléra son pas de course. Les wagons étaient vides. Peut-être que le train était tombé en panne juste avant de partir ? Dans ce cas, cela expliquerait l’absence d’employés ici. La panne serait-elle si grave que l’évacuation des passagers aurait été nécessaire ? Les auraient-ils oubliés ? Impossible, le quai était complètement vide.

Silence. Désormais, elle n’entendait plus que le bruit de ses pas et sa respiration devenue forte et rapide.

Bien que vieux, il semblait bien entretenu, le train. Le train... il ne pouvait pas bien s’entretenir tout seul ! Les employés… Ils ne les auraient pas oubliés, l’inconnu perdu, son clone et elle ! C’était impossible ! Auraient-ils été kidnappés ? Non… ils auraient été ligotés, séquestrés dans une pièce verrouillée du moins ! Le chauffeur… Vite, le chauffeur ! Lui, il ne pouvait pas avoir quitté le train. Pas à cette heure de la journée ! Les passagers… Pourquoi étaient-ils si peu nombreux ? C’est vide ici. Complètement vide. Tout était vide.

* Vide, vide, vide, vide… *

Finalement. La dernière porte. Celle du chauffeur. La jeune fille se campa devant elle, reprenant son souffle. Était-elle verrouillée ? Bloquée ? Coincée ? Une seule façon de le savoir. Qu’y avait-il derrière ? Un chauffeur ? Rien du tout ? Elle posa sa main sur la poignée.

Silence. Il n’y avait plus que les battements de son cœur.

- Et bien non… Enfin si, dans un train mais…

Elle eu un petit sourire en voyant le rouge lui monter au joues. Pendant un instant, elle se demanda ce qui pouvait bien le mettre mal-à-l'aise... mais une autre préoccupation se pointa dans son esprit : comme elle, il savait qu'ils étaient dans un train, mais pas dans quelle ville... voir même dans quel pays ! Mais oui, c'est vrai... d'où venait-elle ? Habitait-elle ici ? Qui sait ? N'empêche que le jeune garçon en face d'elle ne semblait pas se rappeler de quoi que ce soit. Et c'était un problème, disons-le, très grave ! Mais que c'était-il passé ? Perdue dans ses pensée, la brunette avait quelque peu cessé de se concentrer sur le jeune garçon devant elle, qui la sortit justement de ses pensées de par sa voix.

- Nous ferions bien de retrouver ta sœur…

La jeune fille lui jeta un regard interrogateur. Sa soeur... avait-elle une soeur ? Dans ce train ? Son incompréhension se changea soudainement en espoir : peut-être que sa... soeur se souvenait de quelque chose ! Dans ce cas, elle se devait de la trouver et de l'interroger. Et si jamais elle ne souffrait pas d'amnésie, elle pourrait lui raconter tout ce qu'il s'était passé, voir même lui expliquer pourquoi elle avait perdu la mémoire !

Left fit un léger sourire à Zodiac. Elle ne savait pas trop s'il voulait la suivre, donc elle hésita un moment à prendre congé de lui. Mais bon, il avait l'air de vouloir l'aider à trouver sa soeur. Elle le contourna donc en lui faisant signe de la suivre et elle ouvrit la porte par laquelle celle dont elle ne soupçonnait même pas posséder de lien de parenté avec était passée. De l'autre côté, tout était vide. Les cabines aussi étaient vides. Finalement, à force d'ouvrir et de fermer des portes, de chercher à des endroits où il n'y avait personne, la brunette se demanda si elle n'était pas seule dans ce train avec le jeune garçon... Cette supposition s'effaça dès qu'elle ouvrit une dernière porte et qu'elle vit une jeune fille trèèèèèès semblable à elle de l'autre côté du wagon. Ah, ouf ! Elle existait bel et bien ! La jeune fille jeta un regard au garçon qui l'accompagnait, puis marcha doucement vers ce qui semblait être sa jumelle. Elle attira son attention en se raclant la gorge pas trop fort.

- Excuse-moi, je... enfin, nous... enfin. J'aurais quelques questions à te poser...

Les pieds dans le vide, elle fixait le doigt du sauvage enragé bouger sous son nez, cherchant à comprendre. Il… s’en prenait à elle ? Pourquoi ? Qu’avait-elle fait ? Les paroles de l’inconnu mirent un certain temps à se faire traduire. Lorsque son cerveau saisit enfin le sens de ses mots, la colère explosa. Elle fixa le temps d’une seconde son regard de furie dans le blanc des yeux du fou furieux avant de lui enfoncer bien comme il faut son genou droit en bas de la ceinture. Une fois libérée, elle poussa le jeune homme de toute ses forces afin qu’il s’écrase sur le sol, dominée par la colère.

Non mais pour qui tu m’prends !? J’ai une tête de kidnappeur psychopathe peut-être ?? Ton ‘’ truc ‘’ tu t’emmerde avec, compte pas sur la ‘’ pute ‘’ pour t’aider espèce de salaud !!

Elle pouvait continuer longtemps ainsi mais elle stoppa tout lorsque la porte de la cabine s’ouvrit brusquement d’elle-même dans un bruit sourd. La brunette, surprise mais surtout impatiente de se renseigner, se dévissa le crâne afin de voir l’intérieur de la pièce. Tout semblait vide. Non… c’était impossible ! Que le train soit dépourvu de passagers, c’était limite possible… mais pas de chauffeurs…

Il y a quelqu’un !? S’il vous plait ! Il y a quelqu’un ?

L’adolescente bondit à l’intérieur de la cabine pour répondre à la voix. Enfin ! Peut-être était-ce un employé ? Mieux, le chauffeur disparu !?

Hey ! On est iciii-

La pièce était vide. D’où venait cette voix ? La jeune fille n’en avait vraiment aucune idée. Elle fit un rapide analyse de l’endroit en balayant son regard un peu partout autour, rien ne lui apparaissait suspect. Mais alors… Il n’y avait plus qu’une explication possible à tout ce merdier. La brunette tourna les talons et quitta doucement la pièce, s’arrêtant au pas de la porte, fixant droit devant elle avec un regard vide collé au visage.

Fuck. Un fantôme.

Tout juste après qu’elle ait terminé sa phrase, une autre personne ouvrit violemment la porte et passa tout près de la bousculer. Enfin, ce jeune homme l’aurait bousculée si elle ne s’était pas faite toute petite et presque écrasée contre un banc pour le laisser passer de justesse ! Mais tout compte fait, elle aurait peut-être dû servir d’obstacle à cet ingrat personnage, qui venait tout juste de prendre sa sœur par le col ! Ce que la brunette ressentit en voyant ce spectacle fut : la peur que sa sœur se fasse blesser et l’outrage causé par celui qui la malmenait. Mais pour qui se prenait-il ? Ce fut la même question qui sortit de la bouche de sa jumelle, avant que celle-ci ne se défende en... en... Oula !

Soudain, la porte de la « salle du chauffeur » s’ouvrit brusquement et une voix semblant appeler à l’aide se fit entendre. L’éclairage était devenu presque surnaturel e de petites lumières bleues clignotaient : elles étaient bien visibles. Mais... que faisaient des lumières plutôt du genre moderne dans un train à l’apparence si vielle ? Depuis quand intégraient-ils de la technologie dans des trains de ce genre ? Mais surtout : pourquoi n’y avait-il pas de chauffeur ? C’était insensé ! La jeune fille vit que sa jumelle entrait dans ladite pièce... Pour en ressortir avec une drôle d’expression sur le visage. Et en commençant sa phrase par un mot qu’elle n’apprécia pas. La brunette jeta un regard vers le garçon qu’elle avait rencontré. Il avait l’air apeuré... pauvre lui ! Que pouvait-elle faire pour l’aider ? Son regard se posa ensuite sur celui qui avait agressé sa pauvre sœur. Non, elle ne l’aimait pas, celui-là... Et finalement, ses prunelles claires se posèrent sur sa jumelle, qui lui ressemblait vraiment comme deux gouttes d’eau.

Oubliant le juron, elle s’approcha instinctivement de sa sœur en prenant soin de garder le plus de distance entre elle et le « méchant », puis elle entoura son clone de ses bras, comme si ceux-ci pouvaient la protéger de tout. Elle allait dire quelques chose, mais une sorte de luciole arriva soudainement en plein devant le visage de sa jumelle bien-aimée-qu’elle-commençait-bizarrement-à-beaucoup-apprécier, ce qui la fit reculer. La brunette, voulant éloigner le supposé insecte de là, approcha sa main de lui en faisant de petits mouvements, comme pour dire gentiment à la bestiole que ouste, elle ne pouvait pas être là, qu’elle pouvait aller voltiger ailleurs s’il-vous-plaît... Mais ses doigts touchèrent la petite boule de lumière alors qu’au même moment, sa sœur tendait la main vers la « luciole » aussi. Donc, en gros, elles y touchèrent en même temps !

HRP :