J'ouvris la porte de la maison puis y entrai en compagnie d'Eka et de Crepy. C'était aussi vide que calme et je remarquai tout de suite la ressemblance avec celle voisine.

« A moins que cette ressemblance soit trompeuse, la salle de bains se situe sans doute à l'étage. Je t'y emmène ? »

Eka acquiesça quelque peu gênée. Je lui souris pour ne pas qu'elle s'imagine que l'aider m'embêtait et la menai vers les escaliers en face de l'entrée. Le parquet semblait fragile à cause de la plante qui jonchait le sol et celui des marches n'échappait pas à ce triste sort. Des fissures plus ou moins importantes par ci par là. Je faisais doublement attention à ce qu'aucun de nous ne prennent le risque de tomber. Je la soulevais à chaque marche et veillais à ce que cette dernière soit en bonne état, sinon je la portais jusqu'à celle au dessus. Une chance qu'elle soit un poids plume, je ne pense pas que j'aurais pu en faire autant si elle pesait une dizaine de kilos de plus.
Une fois en haut des marches, alors que Crepy nous attendait sagement en bas, je nous ai emmené dans la salle d'eau directement, jetant tout de même un oeil furtif dans toutes les pièces de l'étage avant celle-ci. Deux chambres, un bureau et des toilettes. Je ne faisais pas erreur. Les maisons étaient identiques sur tous les points et à tous les niveaux.

« Voilà. Assied-toi là. » lui ai-je dit lorsqu'on se positionna devant la baignoire

Je me suis ensuite tourné vers le lavabo et j'ai cherché dans les tiroirs de quoi soigner sa blessure. Du coton, du produit antiseptique ou des bandages. Rien de tout ça ne se trouvait là. Je soupirai. Et si ça s'infectait ?

« Je vais fouiller dans les autres salles, surtout nettoie bien ta plaie. » lui rappelai-je tout en lui passant l'une des serviettes propres qui remplissaient le meuble.

Je me suis alors redressé pour remettre mes propres ordres à exécution, mais alors que je m'apprêtais à fermer la porte pour lui laisser un peu d'intimité pour sa toilette, elle m'interpella, m'informant que l'eau ne coulait pas. J'eus une expression faciale peut-être un peu... étrange. Une sorte de lassitude positive. Je crois que je préférais prendre les choses avec le sourire plutôt que quoi que ce soit d'autre.
En nous remettant dans la position d'assistance de départ, je lui dis en la rassurant d'un sourire :

« Eh bien, il y a toujours la fontaine. On prend des provisions et du matériel médical puis je t'y dépose. Ça te va ? ...Oh, et tu devrais garder la serviette ! »

Apparemment, le programme plaisait à tout le monde, même au louveteau qui en nous devinant redescendre, aboya joyeusement en remuant la queue. Les airs de gros chien que je lui avais tantôt attribué s'affirmèrent devant cette scène. Quand on se posa enfin au rez-de-chaussée, tout près de lui, je lui fis une caresse sur le haut de sa gueule en riant un peu.

« On dirait un gros toutou. »

Par la suite, on se divisa pour mieux régner. Sa maîtresse se chargeait de faire les courses dans la cuisine et moi de dénicher des objets utiles. Je fis le tour du rez-de-chaussée en premier lieu, puis de l'étage, où ma recherche donna enfin quelque chose. Rien de tout ce que j’espérais dans le meilleur des cas mais je me contentais des moyens précaires à ma disposition à défaut de ne pas avoir d'autres choix que celui-ci. Des vêtements, des couettes, des lampes torches et des piles. Je remplis mon sac de ce qui pouvait éventuellement nous servir puis je les rejoignis sans m'attarder.

A mi-chemin, je découvris ce qu'il se cachait dans ma sacoche de plus personnel. J'arrivai dans la cuisine un peu absorbé par l'ours en peluche que je tenais dans mes mains.

« Il est ... mignon, tu ne trouves pas ... ? » lançai-je en appuyant sur son gros ventre pour lui faire bouger ses quatre pattes toutes velues dans tous les sens. « Je crois que je vais l’appeler Eka. Qu'en dis-tu ? » lui demandai-je en lui présentant la peluche de face, la faisant bouger un coup à droite, un coup à gauche, comme si je souhaitais lui faire dire bonjour en riant doucement.