Le loup l'avait tiré et avait suivi la châtaigne sur des mètres. Le brune se trouvait sur le dos d'un de ses loups et la nouvelle venait de se faire attraper par la cheville aussi. Le soit disant nazi avait émit un discret "Ah" mais n'avait rien rajouté à cause du mal que lui faisait son épaule. En passant, il ramassa son tournevis et le prévoya pour plus tard. Il le rangea dans sa poche. Petit à petit la voiture et sa femme disparaissaient. Il rageait. Il nota le trajet du mieux qu'il pouvait tout en se mordant les lèvres de douleur. Et aussi il pestait contre la châtaigne et il espérait qu'elle trouverait le chemin. Car oui les loups semblaient la suivre elle. Cette petite conne qui lui ruinait sa vie. Il ne put s'empêcher de pester ouvertement.

"Putain mais lâchez moi merde ! je suis pas un sac de bouffe ! Dis leur toi de me lâcher !"

Rien n'y faisait. Personne ne s'intéressait à son pauvre sort. Il imagina comment il pourrait planter le tournevis dans les yeux de la femme qui menait le groupe et comment il retirerait ses yeux un par un. Ces petits fantasmes rendirent le temps de la marche beaucoup plus court. Finalement ils arrivèrent dans une piscine. Le policier compris cela par l'odeur de chlore qu'il y régnait. La stupide châtaigne parla de grenouilles et la nouvelle répondit. Le jeune homme soupira et répondit à la nouvelle.

"Des grenouilles parce que tu vois jeune femme, les loups sont des animaux carnivores, ils mangent donc des grenouilles. Faut pas être con. Par contre, ça m'étonnerait de trouver des grenouilles dans une piscine. Mais je peux toujours me libérer et te noyer ça m'évitera de rester avec toi une seconde de plus."

Lorsqu'il parla de noyer quelqu'un c'était surtout noyer la stupide châtaigne. L'autre ne lui avait encore rien fait. D'ailleurs elle avait raison : pourquoi l'autre avait un traitement de faveur? C'était pas juste !

Les loups ne firent qu'une bouchée des grenouilles qui s'étaient finalement montrées. Zéro émit un petit soupir de soulagement : au moins la privilégiée ne s'était pas foutue de leur gueule heureusement. Il s'apprêtait à se lever, car oui il n'avait pas eu le courage de se lever encore, lorsqu'une louve se planta devant lui. Il ne dit rien mais son esprit ne cessait de lui dire que là il était mal. Il n'écoutait pas la rousse et s'apprêta à lui envoyer un bon "ta gueule" dans la figure mais la louve le devança. Elle se jeta sur lui et...

Douleur. Atroce. Il serra les dents. Incapable de réfléchir à autre chose que la douleur. La rage montait dans ses veines et dans son corps. Ce loup devait payer. Il regarda la louve rose. De toute façon il allait mourir en saignant alors autant tenter le tout pour le tout. Les deux femmes l'avait laissé, elles étaient parties en courant. Il fouilla ses poches et trouva son tournevis. Il fallait toucher au bon endroit. La jugulaire. La petite veine qui coulait le long de son cou. Celle qui transportait le sang au cerveau. Il rampa doucement vers la louve et planta le tournevis dans le cou de cette dernière, trop occupée à manger pour faire attention à lui. Le sang coula abondement lorsqu'il retira "l'arme" du crime. Dans quelques minutes elle serait morte tout comme lui. Pourtant en retirant son tournevis il eut droit à un dernier souvenir. Il toucha la sphère sans la voir et se laissa transporter par les flots du souvenir.

Zéro:

La réalité revient trop vite à mon gout, au point que j’en oublie de regarder si ma théorie s’est trouvée vérifiée. Tout ce qui comptait était le gout des lèvres de Loki sur les miennes, de ses mains contre moi. Mais comme dans un ancien rêve, et pour ne pas briser le fragile équilibre, la main de l’homme rejoint la mienne pour ne pas nous séparer.

« We should move away from here. »

J’allais acquiescer. Dire quelque chose. Mais je n’ai même pas le temps de réfléchir à ce que je pourrais proposer ; ma main se referme sur le vide. Je serre les dents tout en chancelant lorsque je me retrouve ailleurs. Loin de Loki.
Le malaise dû à la sensation d’être soudainement dans un lieu clos s’efface vite, et je parviens à faire le tri dans le tas d’odeur qui m’agressent les narines. Aussitôt je rouvre les yeux avec méfiance.
L’odeur du chlore et du sang se mélangent horriblement. De mauvais souvenirs recommencent à me hanter. Je serre les dents. Se moquait-on de moi ? Si je n’étais pas aussi consciente, je pourrai croire que tout ça est un nouveau souvenir. Avec le sang qui hante ceux-ci, et le chlore qui s’en mêle sans cesse.
Je remarque alors ce que j’aurai du voir depuis un bon bout de temps, si ces mauvaises sensations ne m’avaient pas obnubilé.
Des loups.
D’immenses loups.
De véritables gigantesques bêtes de muscles et de poils ; je frissone en songeant aux paroles prononcées par Loki. Parce que si c'est le cas, la bestiole qui lui a fait ça est un loup et, crois-moi, tu n'en as jamais vu des comme ça ...
Jamais je n’aurai cru que c’était possible. Après tout, il avait peut-être simplement vu de grosses bêtes, et sans connaissance sur les animaux, pris pour des loups géants. Mais je sais maintenant qu’il avait tout à fait raison.
Quelque chose bouge alors –tandis que je faisais tout pour rester sans bouger, presque sans respirer- et je tourne les yeux vers une adolescente. Une adolescente au milieu des loups. What ?

« Vous êtes rassasier ? »

J’hausse un sourcil, abasourdie. Elle leur parle en plus ? Se rend-elle au moins compte du risque qu’elle prend ? Pourtant, elle ne semble absolument pas effrayée. Alors qu’elle se tient debout au milieu de gigantesques bestioles, qui elle-même entourent…
Un cadavre.
J’inspire difficilement. C’est officiel, ces loups ne sont pas seulement monstrueusement grands, mais aussi dangereux. Après tout, s’ils sont réellement des loups, ce n’est pas étonnant. Que peuvent-ils manger dans cet endroit ? Vu leur taille… Je sais que les loups ne deviennent qu’agressifs que s’ils sont affamés. Sinon, ils ne devraient pas oser s’approcher d’une ville. Déserte ou non.
Je me décale lentement sur le côté, tant obnubilée par les loups que je ne remarque pas les croassements, le silence inquiétant ni même la piscine. Je ne prête attention qu’à ce que le son de mes pas soit inaudible, qu’un pied après l’autre je m’écarte de toutes ces choses. Mais quelque chose m’arrête. Quelque chose me retiens.
Un loup gisait au sol, un tournevis planté dans le cou. La compassion transperce mon cœur, et je me fige. L’animal avait dû souffrir atrocement. Je grimace à l’idée même de cette douleur. Et par la même occasion, je ne fais plus attention à ce que je fais ; et un casier –pourquoi donc des casiers trainent-ils ainsi au sol ?- se trouve être au mauvais endroit au mauvais moment. Je serre violemment la mâchoire quand un bruit de métal résonne dans le lieu clos.
Vraiment pas très discret.
Surtout pour des loups, animaux qui possèdent une ouïe extrêmement développée.
Bien joué.

HJ:

J’ai beau avoir les yeux fixés sur les montagnes des muscles, je remarque le sursaut de la jeune fille aux cheveux bruns lorsqu’elle entend mon vacarme accidentel. Mes muscles tremblaient tous seuls. L’adrénaline circulait dans mes veines à une vitesse folle, alors que mon rythme cardiaque s’emballait de plus en plus sans que je n’arrive à le contrôler.

« Partez... Sinon vous vous ferez croquer... Un deux trois... nous irons sur toi... quatre, cinq, six... croquer ton coccyx... sept, huit, neuf... Alors court viteuh... »

J’écarquille les yeux, malgré tous mes efforts pour rester neutre. Est-elle folle ?
Mais je n’ai pas le temps de réfléchir plus longtemps, les monstres se mettent en mouvement. Je regarde, immobile, les loups géants qui se dispersent un à un. Ils ne se jettent pas sur moi, ou la fille ? Pourtant, ils avaient bien dévoré le garçon étendu là.
Un seul loup ne bouge pas, et mon regard reste fixé sur lui. Qu’attend-il ? Et pourquoi ces bêtes se comportaient-elles ainsi ?
Non.
Surtout, comment pouvait-on être aussi étrange ? Elle ne se rend pas compte des prédateurs que sont ces loups ? Fait-elle elle aussi partie des choses étranges de cette ville ? Si ça se trouve, elle n’est pas comme tous les autres amnésiques.
Sans bouger d’un centimètre, je lance d’une voix calme, qui se répercute malgré tout dans la salle :

« Qui es-tu ? Je ne suis pas là pour jouer. »

Je ne sais même pas d’où je sors cette assurance. Une chose est sure, je refuse de terminer dans l’estomac d’un monstre de cette ville.

HJ: