Elles arrivent d'ici.
12h-14h

Elle n’eut pas le temps de comprendre. Elle sentit quelqu’un lui prendre la main puis la tirer vers la sortie. Elle ne voyait devant elle qu’une crinière noire se balancer au rythme des enjambées. Elle était terrorisée. Comme Hellébore, elle voulait fuir loin, très loin. Mais la lourdeur qu’elle avait au ventre l’empêcher d’aller aussi vite que la femme. Elle fut rapidement à bout de souffle alors qu’elles avaient déjà quitté la gare.

« Il faut trouver un endroit où nous cacher, vite ! »

Elle essayait d’observer l’environnement autant que d’avancer dans cette rue sans fin. Hellébore avait raison, il leur fallait un endroit où se réfugier au plus vite. Elle n’osait se retourner pour savoir où était la bête, ni si David avait suivi où s’il avait déjà trouvé un abri. Ni parler à la jeune femme, de peur qu’une pointe survienne en plus.

Les maisons tout autour d’elles offraient des refuges idéals mais était-ce suffisant pour que la bête n’entre pas dedans ? Une douleur énorme commençait à se ressentir dans son ventre. Elles n’avaient plus le choix. Soit Hellébore continuait seule, soit elle venait se réfugier avec elle dans l’une de ses nombreuses maisons, quitte à prendre un risque. Elle tira sur la main d’Hellébore pour qu’elle la suive dans l’une d’elle qui n’avait pas trop l’air abîmé comparé aux autres. Yellow monta les marches menant à la porte d’entrée, heureusement ouverte.

Spoiler:

Elle se laissait à nouveau transporter par Hellébore sans trop réfléchir. Désireuse de l’aider, elle sentait son ventre lui faire mal et l’idée de soulever des choses lourdes pour les coller contre la porte lui paraissait impossible. L’adrénaline redescendait-elle ? Le loup était-il parti ? Comment une telle chose, un tel monstre pouvait se trouver ici ? Où étaient-elles réellement ? Des tonnes de questions l’empêchaient de se poser et de réfléchir correctement. Les yeux fixés dans le vide, elle se sentait inutile et faible comparer à cette inconnue tout juste rencontrée. Pourtant, elle était prête à la protéger elle aussi. Surtout après tout ce qu’elle avait fait pour elle jusque-là. Debout, le regard vers la porte, le bruit d’un verre qu’on casse la sortie de sa torpeur. Elle regarda la lampe en porcelaine en mille morceaux par terre. Retour brutal à la réalité.

Monter, oui, il valait mieux se réfugier en hauteur. Yellow se remit sur ses jambes et suivit Hellébore, plus détendue, dans l’escalier. Était-ce ce lieu clos qui la rassurait ? Elle sentit un coup dans son ventre et caressa celui-ci. Si on oubliait la végétation qui, comme sur le reste de la ville avait repris ses droits, cette maisonnette avait l’air charmante. Qui avait vécu ici ? Les habitants de cette ville avaient-ils tous fuit ? Vu le monstre de tout à l’heure, la raison paraissait évidente. Peut-être fallait-il revenir plus tard vers la gare, et songer à quitter cet endroit ? Pourtant, partir n’était pas le problème. Le souci était plutôt de savoir où aller une fois partis.

En haut des escaliers, un couloir donnait lieu sur plusieurs portes, sans doute des chambres, peut-être une salle de bain. Un bain… Bien chaud, moussant. Le rêve. Mais il fallait revenir à la réalité. Calmement, Yellow partit à l’exploration des lieux, en commençant par la pièce la plus proche : une chambre. Elle s’apprêtait à refermer la porte quand une boule de lumière apparue sous ses yeux. La même que celle d’Hellébore plus tôt. Était-elle encore pour Hellébore ? Non, celle-ci avait l’air d’insister sur Yellow. Hésitante, un nœud lui nouait l’estomac. Une partie de son passé était-il là-dedans ? Si c’était le cas comme avait dit Hellébore, était-il bon de se souvenir ? Mais rester dans l’ignorance n’était pas non plus la meilleure des solutions. La jeune femme tendit alors sa main vers la lumière tout en cherchant sa compagne de fortune du regard.

HRP:

Yellow:

Elle chavire, elle vacille. Ses jambes minces lui paraissaient trop frêles pour son poids. La distance la séparant d’Hellébore lui semblait trop lointaine. Tous ses repères partaient en lambeaux. Vérité bien amère. Était-il mort ? Yellow regardait la bague à son doigt, cette bague qui dans le wagon lui avait provoqué tant de joie et qui maintenant, l’inquiétait tout autant. Ne valait-il finalement mieux ne rien savoir de son passé ? Oublier, sortir de cet endroit de désolation, et recommencer une nouvelle vie ? Pourtant, cette chaleur, ce baiser lui donnait des frissons de plaisir encore maintenant. Il fallait qu’elle l’oubli. Yellow tourna son regard en direction d’Hellébore. La mine désemparée mais gardant son sang-froid, elle évita le sujet en faisant passer les priorités d’abord :

« Rester immobile c’est mourir. Il faut qu’on se nourrisse puis tu devrais repartir. On est dans une maison, il doit bien y avoir de quoi manger ou se défendre en cas d’autres…. Bêtes. »

Elle se dirigea vers une petite fenêtre en fin du couloir qui donnait sur la rue. Le monstre n’avait plus l’air d’être là. Très peu sûre d’elle, elle rajouta :

« Pourquoi on ne fouillerait pas dans les chambres pour trouver un sac ? Tu pourrais stocker un maximum de nourriture et de vivre. Peut-être une trousse de secours dans la salle de bain ? Tu peux aussi faire des armes avec….. Des planches de bois et des clous. Ou alors mettre un couteau au bout. »

Mais malgré toutes ses recommandations. Yellow avait conscience qu’elle était un poids pour cette femme. Jusque-là, elle n’avait pas eu l’air de s’en plaindre, bien au contraire. Mais tôt ou tard Yellow la ralentirait.

« Je vais chercher de quoi cuisiner. Je ne sais pas si je sais faire, mais se sera mieux que rien. »

La jeune femme passa devant Hellébore et descendit les escaliers. Elle affichait un sourire rassurant, pourtant son estomac était noué. Il ne fallait pas désespéré, elles allaient s’en sortir. Elle regarda sa montre espérant voir autre chose que ce nombre décroitre avant de se mettre à fouiller les placards de la cuisine.

HJ:

Les boîtes de conserves s’empilaient dans les placards, était-ce une chance ? Pourquoi les habitants de cette ville étaient partis en condamnant toute cette nourriture ? Même l’état de la maison, autre que sale aujourd’hui, laissait penser que les propriétaires étaient partis sans se retourner. Ils allaient même manger avant de s’enfuir vu la viande maintenant gâté qui séjournait dans la poêle. Qu’était-il arrivé à cet endroit ? La tendance curieuse de Yellow remontait petit à petit à la surface prenant la place du stress, jusqu’à ce que les craquèlements du sol sous les pas d’Hellébore l’extirpent de ses pensées.

Elle se sentait rassurée, rassurée rien que de la voir, de sentir la présence de cette femme. Mais savoir qu’elle ne la laisserait pas seule ici remplissait de joie la petite Yellow. Elle n’avait aucune envie de la contester, elle était juste heureuse, très heureuse.

« Merci. »

Elle n’avait pas envie d’en dire plus, un merci suffisait amplement. Non pas qu’elle ne méritait pas toute sa gratitude, mais plus que par des paroles elle voulait lui prouver qu’elle n’avait pas eu tort de partir sans Yellow. Elle se remit à la fouille et rangea dans le cartable d’Hellébore, les quelques boîtes de conserve qu’elle avait déjà trouvé avec date de péremption non passé, enfin elle espérait. Elle sortit d’un des tiroirs un briquet de cuisine qui pouvait leur être utile, ainsi que quelques couteaux pour Hellébore.

« Il faut absolument nous constituer un kit de survie. Je ne sais pas ce qui nous attend dehors, mais si on doit tomber sur des monstres de la trempe de tout à l’heure, ou pire encore, il nous faut un minimum de chose utile, et légère : peut-être une lampe torche, de l’eau, de quoi soigner quelques plaies en espérant qu’elle ne soit que bénigne... »

Elle tentait tant bien que mal de se souvenir de tous ces films et livres apocalyptiques qu’elle aurait peut-être pu lire, mais tout ce chambouler tellement dans sa tête qu’elle ne savait plus quoi penser. Par où commencer ? Comment faire ?