Toc toc, quelqu'un...? Personne ? Parfait

Elle le regarde marcher à travers la végétation qui a envahi la rue. Il n'y a pas que la gare qui est vide ; c'est toute la ville qui est abandonnée. Enfin, abandonnée de ses habitants en tous cas. Elle repense à ce qu'il a dit. Ca défie tout de même toute logique. Mais bon, elle n'a pas insisté. Elle a l'impression qu'il respire difficilement, elle a la main engourdie et par moments, des espèces de montée de chaleur. Pas vraiment le moment de tailler la bavette.

Alors quand elle voit une porte ouverte, elle se dit stop.

« Hey ! Y'a personne ici. On pourrait voir dans la maison-là si on trouve pas trois bricoles. De l'eau, du tissu, des compresses, de l'alcool je sais pas. »

Elle n'attend même pas la réponse et se dirige vers la maison. Après tout, si le blond disait vrai, il allait falloir passer en mode système D.

C’était éreintant. Devoir marcher alors que son n’aspirait qu’à une chose : le repos. Il voulait que la douleur cesse, ne plus sentir ces picotements dus à l’acide, ne plus sentir sous ses doigts sa chemise devenir poisseuse.
Ils avaient commencés à avancer parmi la végétation qui avait envahi les rues. Probablement que s’il n’avait pas été trainé jusqu’au parc d’attraction il serait venu par là plus tôt. Est-ce-que Mikhail était passé par ici ? La pensée le fit soupirer – il voulait le revoir, le serrer contre lui, tellement… Mais il était loin d’en être digne. Mieux valait l’éviter jusqu’à ce que leurs tumultueux sentiments se soient calmés.
Puis la fille s’arrêta finalement, désignant la porte d’une maison grande ouverte. C’est vrai que s’ils y entrent, ils ont une chance de trouver de quoi se soigner – et se changer. Péniblement, le blond la suivit, pénétrant à l’intérieur de la maison et se dirigeant automatiquement vers la cuisine pour tourner le robinet. Rien. De dépit il fila un coup dans le métal, grimaçant de douleur et de colère – putain, même pas d’eau courante !
Il poussa un soupir, se détournant pour aller inspecter, comptant mentalement ce qu’il lui fallait. De quoi bander la plaie, la désinfecter, des fringues pour se changer… La douche serait pour plus tard. De quoi manger, aussi. Il monta à l’étage, se dirigeant vers la salle de bain.
La fille était bizarre. Il n’aurait pas su dire en quoi.
Mais elle était celle qui avait l’arme.

Et les voilà dans la maison. Elle s'est arrêtée à l'entrée et inspecte le salon du regard. Mais rien de spécial, à part les plantes qui poussent tranquillement à l'intérieur. Pourtant même dans cet état, elle a la désagréable impression que le proprio va rentrer d'un instant à l'autre et leur demander ce qu'ils foutent chez lui. Mais non, aucune chance que ça arrive.
Le blond est parti droit dans la pièce d'à côté. La cuisine. Elle arrive juste au bon moment pour le voir mettre un coup au robinet. Ah, pas d'eau courante. Merde.

Même si elle a des doutes sur la potabilité de l'eau dans ce bled, ça aurait été bien d'en trouver. De passer son poignet sous quelque chose. Ca ferait peut-être passer ces picotements qui lui disent rien de bon. Se faire mordre par un lapin, bon c'est con, mais c'est pas la fin du monde ; mais depuis l'histoire du blond, depuis qu'elle a mis les pieds dans la ville, elle commence à s'inquiéter. Dieu sait ce que ce putain de mammifère a pu lui refiler comme saloperie.

Le blond est monté. Elle est resté là, dans la cuisine. Elle ouvre les placards, les uns après les autres. Du riz, des pâtes. Ah ! Des biscuits. Et ah, du lait. Elle l'ouvre, renifle, hésite.
Y'a pas d'eau. Si on trouve de l'alcool ou n'importe quoi pour désinfecter là-haut, le blond en aura largement plus besoin. Elle se voit pas lui en piquer pour deux pauvres trous sur son poignet alors que lui il a quasiment plus de bras.

« Hey là-haut ! Ca va ? Vous trouvez un truc ? »

Elle hésite, puis elle boit une gorgée. Mouais, c'est un peu passé, un peu acide, mais ça à l'air bon. Au dessus du robinet, elle vide le liquide sur son poignet. C'est frais, ça pique, ça soulage. Ca sera toujours mieux que rien.

Soupir. Toujours ces bouffées de chaleur, mais au moins, les picotements se sont calmés. Allez, on se bouge. Elle se dirige vers l'escalier : fabrique quoi le blond en haut ?

Nouveau vertige. Ce fut la voix de la fille qui le ramena à la raison – merci à elle.
Il recommença à bouger, se remettant lourdement debout, quittant le mur contre lequel il s’était adossé. A pas lourds il se dirigea vers la salle de bain, ouvrant sans ménagement l’armoire à pharmacie. Des bandes, des compresses, du scotch – il rafla le tout, le posant sur le meuble avant d’empoigner la bouteille d’alcool à 90°. Il s’assit sur le siège des chiottes, enlevant lentement la chemise qui commençait à coller à la plaie. Le blond grogna de douleur – elle commençait limite à adhérer à la plaie. Dans quel bordel il s’était encore mis lui…

« J’ai b’soin d’aide pour bander la blessure. »

Il espérait avoir parlé assez fort pour qu’elle l’entende. Puis sans attendre, il commença à verser une bonne rasade d’alcool sur la blessure – à la guerre comme à la guerre.

Spoiler:

« Attendez, bougez pas. »

C'est vachement moche comme blessure, et elle se demande bien ce qui a pu faire ça. La sienne à côté, c'est peanut.
Ouais mais c'est la sienne. Et ça pique. Et ça donne chaud. Alors elle prend une compresse, l'imbibe d'alcool, et bande sa main.

« Pas la peine qu'on partage les microbes hein. Chacun ses germes. »

Pas content, c'est pareil.

Et la blonde se met au travail. Alcool, compresse, compresse, compresse, serviette. Oui serviette, oui. Elle lui en tend une.

« Tenez, j'ai aucune idée de ce que vous avez sur vous, mais je pense que vous devriez vous essuyer pendant que je finis. »

*Ouais, tu es ma source d'info gars, alors tu prends soin de toi, histoire de pas crever comme ça. Merci.*
Et puis ça l'occupera, parce qu'elle se méfie toujours.

Compresse... compresse... petite bande... compresse...

« Ca va là ? Bon alors. Vous avez parlé de quelque chose qui contrôle les gens dans la ville. Y'a d'autres personnes ici ? Ca me semble plutôt désert. Y'a autre chose que je devrais savoir sur le coin ? »

… Compresse, compresse, bande, bande, scotch, bande...

La réelle difficulté était de ne pas se laisser abrutir par la douleur et prendre le risque de dévoiler à la ville des informations qu’il aurait préféré qu’elle ignore. Par exemple, comment savait-il que la chose qui dirigeait tout ça prenait un malin plaisir à les faire souffrir ? Il ne pouvait tout simplement pas avouer que c’était parce qu’il avait blessé Mikhail en échange de quelques souvenirs. Ce genre de choses, il voulait le garder pour lui. Il n’avait pas à le lui raconter, de toute manière.
Il la laissa s’occuper en priorité de blessure, se laissant ensuite docilement faire tandis qu’elle s’occupait de la sienne. Il aurait eu besoin de points probablement et surtout d’un vrai médecin – qui sait ce que le croc avait bien pu foutre à l’intérieur de son bras ?
Il prit la serviette de sa main libre, commençant à éponger les traces d’acides qui lui collaient à la peau. « C’d’une douche surtout dont j’aurais besoin » grogna-t-il pour la forme. « Et d'nouvelles fringues » ajouta-t-il après une courte réflexion. Après tout, sa veste était perdue dans les égouts – merci Mikhail – sa chemise était en lambeau et avait servi à stopper comme elle le pouvait le sang et son pantalon était déchiré de partout. Un vrai bonheur. De nouvelles chaussures, aussi, admit-il en jetant un coup d’œil à celles qu’il avait aux pieds. Elles avaient foutrement pris l’eau, celles-là.

« Bien sûr qu’il y a d’autres personnes. J’sais pas combien on est, mais on va probablement pas rester seuls longtemps. Non, la solitude ne durait jamais longtemps ici. On finissait toujours par tomber sur quelqu’un, même si ce n’était qu’un petit con arrogant songea-t-il en repensant au mioche brun qui avait cru avoir une idée géniale en le balançant à son amant. Je pense que vous devriez oublier toutes vos idées préconçues. Ne pensez pas que quelque chose est impossible, cet endroit s’empressera de vous démontrer le contraire. Il vous téléporte, il vous renvoie des morceaux de vos souvenirs et je pense qu’il s’amuse bien à nous rendre la vie infernale. »

Il ferma doucement les yeux, s’appuyant contre le mur derrière lui.
Puis la fille finit de lui bander le bras et il se redressa, raflant rapidement une boîte de cachets dans la pharmacie contre la douleur, en avalant un sans eau – fallait bien ce qu’il fallait - et fourrant le tube dans sa poche. Puis il se dirigea vers ce qui semblait être une chambre, entreprenant de fouiller l’armoire à la recherche de vêtements à sa taille.

« Merci pour le bandage. »

Woh. Elle commence à penser qu'il a peut-être raison. Oublier ses idées préconçues ; ne pas penser que quelque chose est impossible. Faut dire que son bras en sang et l'espèce de liquide corrosif qui le couvre plaide en sa faveur. Et puis, il lui a dit merci. Comme ça. Sans même tiquer, rien. Il s'est levé, a commencé à fouiller une armoire et l'a remerciée.

« De rien... Disons que c'est à charge de revanche. »

Disons surtout qu'elle n'a pas le choix. Ils sont ensemble et mieux vaut ne pas rester seule.

« Reste des trucs dans les placards de la cuisine. Apparemment y'a le courant. Je vais voir si y'a moyen de faire cuire quelque chose pendant que vous vous changez. »

Elle descend les escaliers, et puis finalement non, elle revient sur ses pas.

« Hey... »

* Vous avez dit qu'elle se chargerait de me montrer que tout est possible. Vous faire confiance, vous pensez que c'est dans ses cordes ou pas ? Le prenez pas mal hein.*

« C'est quoi vos projets pour la suite ? Je veux dire, quand ça ira un peu mieux et que vous serez en mesure de vous débrouiller seul ? Vous pensez que je peux vous tourner le dos tranquille ou vaut mieux pas ? »

Question con. Si il lui disait oui, elle ferait quoi ? Le croire sur parole ?

Il n’y avait pas une mine d’or dans l’armoire – pourtant il réussit à en retirer un pantalon noir poussiéreux qui semble être à sa taille et une chemise qui avait dû être blanche. Rapidement il se déshabilla et il en train de fermer le pantalon quand la fille était revenue – pourtant, elle avait eu la bonne idée de partir voir si elle ne pouvait pas faire cuire de la bouffe.
Elle l’interrogea. Sur ses projets, s’il saurait se débrouiller, si elle pouvait lui tourner le dos. Il eut un rictus, passant une main dans ses cheveux blonds, grimaçant en sentant le mélange boue-eau-salive-acide. Quelle journée.

« Vous êtes celle qui à l’arme. Alors ne tournez le dos à personne. Il enfila la chemise, la fermant lentement et transvasant ses affaires de son pantalon déchiré à l’autre, se ravisant en apercevant une veste du coin de l’œil. Il la saisit, fouillant les poches – vides – et y fourrant ses affaires avant de la plier sur son bras, soigneusement. Puis il passa à côté d’elle, descendant somme toute stablement les escaliers. Et ne me tournez pas le dos. Une telle arme peut exciter bien des convoitises. »

Il n’était pas un enfant de cœur – ni dans cette vie ni dans une autre. Il l’incitait à se méfier, de lui, de tout – c’était bien la seule manière de rester en vie ici.

Message reçu 5 sur 5. Se méfier de tout, de tout le monde, et commencer par lui.
D'ailleurs, elle pourrait se casser, le laisser en plan là dans cette baraque. Elle y pense en le regardant descendre les marches. Mais non. Elle n'a pas fini avec lui. Alors elle le suit dans l'escalier.

« Alors c'est pas compliqué. Soit vous venez avec moi à la cuisine et on voit ce qu'on peut faire ; soit vous faîtes ce que vous voulez, mais vous vous démerdez pour bouffer. Je veux pas être occupée sans savoir où vous êtes et ce que vous faîtes. M'en voudrez pas, mais je vais appliquer vos judicieux conseils. »

Déjà qu'à la base hein...

« Y'a des paquets de riz, des biscuits, du lait, des pâtes. Peut-être bien du sucre. On peut tenter quelque chose. C'est vous qui voyez. »

Spoiler:

Il avait fini de s’habiller, et levait désormais les yeux au ciel en l’entendant. Non mais vraiment, pour qui se prenait cette pimbêche blonde ? Il avait été parfaitement honnête – ce n’était pas pour la trahir. Du moins, pas dès maintenant. Il siffla donc, l’air fichtrement agacé.

« J’ai été honnête, ce n’est pas pour me débarrasser immédiatement de vous. Ne confondez pas prudence et stupidité. M’en prendre à vous dès maintenant serait totalement contre-productif alors ne venez pas réclamer à ce que je sois à vos côtés en permanences. Il eut un sourire cruel. A moins que vous n’ayez peur de ce qui risque de se trouver en travers de votre chemin ? »

Il la dépassa, se dirigeant vers la cuisine et attrapant le paquet de gâteaux – il n’avait pas spécialement faim, pas encore. Les biscuits étaient légèrement rassis mais passables. Il sorti ensuite de la maison, s’asseyant sur le porche. Puis il tourna à demi la tête, attendant de l’apercevoir avant de reprendre la parole.

« Je ne m’attarderai de toute manière pas avec vous. J’ai des personnes à retrouver. »

Mikhail, Makura, Ryu. Tellement de gens qu’il devait voir, de choses qu’il devait parvenir à comprendre… Elle, elle n’était rien. Elle avait juste une arme.

Eh ben, se remet bien lui. Monsieur a retrouvé son caractère de blondinet mal baisé, ça va donc mieux. Il passe devant elle, emporte un paquet de biscuits et s’assoit sur le porche. L'air agacé, condescendant. Faisait moins le malin tout à l'heure. Elle hausse les épaules.

« Ben oui, je suis bête. Parce que quand ça sera plus totalement contre-productif, z'aurez la galanterie de me prévenir un peu avant peut-être. »

Et pour info, oui elle est pas rassurée d'être là, de ce quil peut y avoir dans cette ville. Mais il parle sûrement de ce qu'il sait, lui avec le bras en charpie et le costume digéré.
Elle le plante sur le perron et retourne à la cuisine. Manger un morceau tant qu'on peut. Les plaques s'allument, bien. Alors, une casserole. Un couteau : oui pour faire un chignon avec le manche, les cheveux lâches pour la cuisine, c'est pas top. Un litre de lait, du riz. Wouah du sucre, grand luxe ! Elle met tout ça sur la plaque et se retourne, face à la porte. Du lait sur le feu, ça se surveille. Le blond sur le perron aussi.

Tiens, et maintenant il annonce qu'il s'attardera pas. Il récupère décidément vachement vite. Et décidément, elle va lui devenir inutile vachement vite aussi.
Elle ne dit rien. Le lait commence à bouillir. Éteindre le feu. Attendre, 5 minutes. 10 minutes. Passer le tout dans un bol. Et paf ! Riz au lait rapide. Elle prend le bol et va s'accouder à un mur du salon, derrière le blond. Hum, pas mauvais ce riz au lait. Vu les circonstances.

« Ben je vous retiens pas vous savez hein. Si il y a quelque part des personnes qui ont envie de vous revoir... Je comprends. »

Et elle ? Elle avait des gens qui avaient envie de la revoir ? Des personnes à retrouver ? Et attend, qu'est-ce qu'il avait dit déjà ? Quelque chose dans la ville vous rend des souvenirs ?

« Ce que vous avez dit tout à l'heure sur la ville... qu'elle nous rend des souvenirs... c'est quoi cette histoire ? »

Si elle lui avait rendu des fragments de son passé, alors c'est que lui aussi l'avait oublié. C'est que tous les gens, dans cette ville l'avait oublié. C'est que c'était un vaste bordel général.

« Elle vous en a rendu des souvenirs à vous ? Qu'est-ce que vous avez fait pour ça ? »

Il s’était plus bien remis – après avoir encaissé le choc de sa rencontre avec la Chose, avoir enfilé des vêtements propres et avoir une plaie bandée et désinfectée, il pouvait se permettre de doucement revenir à son état naturel. Plus besoin d’être faussement agréable avec cette fille – de toute manière elle avait l’air de l’apprécier autant que lui. Qui sait, peut-être bien qu’elle avait été flic dans son autre vie et que ça expliquait pourquoi il ne pouvait pas la sentir.

« Bien sûr que je vous préviendrais ; avant ou après, quelle importance ? »

Il avait un rictus mauvais – après tout, s’il avait décidé de récupérer l’arme de la fille, il le ferait, c’était certain. Mais pour le moment, il n’était pas réellement sûr qu’une arme à feu soit idéal dans les conditions actuelles – ce type d’arme n’était efficace que contre les êtres vivants. Contre une boule de lumière, une voix ou il ne savait quoi d’autre, ça n’avait pas la même efficacité, loin de là. Et puis, en soit, la faire paniquer un minimum et la rendre parano, c’était plutôt distrayant. Puis elle eut cette remarques et le visage du blond se durcit- heureusement qu’elle lui tournait le dos.

« Moi, je sais au moins qu’il y a des personnes qui me connaissent. Vous, pour le moment, je tablerai que vous ignorez même votre prénom. »

Puis elle lui posa les deux questions sur les souvenirs et le sourire qui lui échappa fut cruel.

« Si vous voyez une boule de lumière, touchez-la. Puis il se leva, faisant quelques pas devant le perron, appréciant la souplesse des chaussures trouvées. Elle m’a rendu des souvenirs, oui. Et en échange, j’ai donné ce que j’avais de plus précieux au monde. »

La blonde arque un sourcil. Il avait donné ce qu'il avait de plus précieux au monde ? Quoi ?

« Votre costume italien ? »

Mauvais moment pour l'ironie. Mais elle n'avait pas super apprécié sa remarque d'avant et son sourire. Et il n'y a pas que lui qui peut se montrer agaçant.
Enfin bref. Inutile de le provoquer, ça sert à rien. Elle remarque juste qu'il sait qu'il y a des personnes qui le connaissent; pas qui veulent le revoir ou qui l'aiment non, qui le connaissent. A ce compte-là, elle aussi elle le connaît. Et bon, ça fait pas de sa vie quelque chose de fantastique.

« Oh, ça va désolée. C'est pas comme si c'était un instant confession et que vous alliez me raconter votre vie non plus. »

Elle soupire en posant le bol vide. Il a raison après tout, elle se souvient de rien. Et lui, pour pouvoir se souvenir, il a donné ce qu'il avait de plus cher. En fait, ils sont là tous les deux, à se regarder en chien de faïence pour ne pas admettre qu'ils sont perdus. Dans un lieu inconnu et dangereux oui, mais pas seulement. Ils étaient perdus dans leur vie. Voilà, ils s'étaient perdus. Dans tous les sens du terme.
C'est une situation à laquelle il va falloir remédier. Hors de question qu'elle reste comme ça, avec sa mémoire vide et le blondinet agaçant à attendre que les choses se passent. On ne se retrouve pas dans une situation comme celle-là par hasard. Elle veut savoir. Qui, où, pourquoi. Se bouger et trouver des réponses. Ok. Mais on commence par où ?

« Écoutez heu... je sais pas comment vous appelez, bref. Écoutez, si ma présence vous insupporte autant qu'elle en a l'air et que vous avez des gens à retrouver : là y'a une rue, et après y'a toooute la ville. Je vous retiens pas, allez-y. On va dire que j'ai été ravie de faire votre connaissance et restons-en là. »

Ouais, on va dire ça.

« De toute façon, je compte pas m'installer là. »

Pour faire quoi hein ? Il fallait bouger, trouver d'autres personnes plus... amicales ? Accommodantes ? Enfin d'autres.

Douce envie de lui coller sa main dans la figure. Ou une balle entre les deux yeux – elle se permettait de faire de l’humour alors qu’elle n’avait absolument aucune idée de ce qui se passait ici. L’idée de l’abandonner à son triste sort et de ne se préoccuper d’elle lui semblait diablement séduisante, d’un coup. D’ailleurs, c’était ce qu’il allait faire – le blond se leva, s’étira et grimaçant en sentant son bras le tirer. Ca tiendrait pour le moment, de toute manière.

« C’est exactement ce que je compte faire. Tentez de ne pas mourir. »

Il devait… Commencer par retrouver Ryu ou Makura. Il ne pouvait pas faire face à Mikhail, pas encore – mais il devait récupérer d’autres morceaux de son passé. Peut-être que la solution se trouvait là, quelque part – un moyen de quitter cette ville autrement qu’en mourant. Il devait juste chercher. Et quelle meilleure manière autre que de retrouver des gens de son passé ?
Il commença à s’éloigner vers la rue, sans se retourner. Dans sa main il tenait toujours le paquet de biscuit dans lequel il piochait par moment, avalant les gâteaux rassis.

La suite ici !

Spoiler:

Si Elle avait eu une bouche, sans doute se serait-elle étirée en un large sourire effrayant. Elle libère un souvenir, une petite boule de lumière jaune qui vient se placer devant le visage de la blonde. Touchera, touchera pas ?

Spoiler:

« Tentez de ne pas mourir », c'était au même niveau que « ravie de faire votre connaissance ». Une petite formule qui finit bien la phrase. Sans réelle importance. Il s'inquiète autant pour elle qu'elle est enchantée de l'avoir rencontré.
Alors quand il s'est levé et qu'il est parti, comme ça, elle n'a rien fait, rien dit. Elle l'a regardé un peu s'éloigner dans la rue, et est passée à plus important : faire quoi, aller où ?
Elle se retourne vers la maison et ferme les yeux. Choper un sac, des biscuits. Peut-être qu'il reste des médocs, des produits dans la salle de bain ? Regarder le contenu de l'armoire, voir si il n'y a rien d'intéressant. Ok.

Et là, ça flotte devant elle. Elle a ouvert les yeux et c'est là. Petite boule jaune. Les paroles de l'homme lui reviennent en tête : « elle rend des souvenir ; si vous voyez une boule de lumière, touchez-là ; j'ai donné ce que j'avais de plus précieux ».
Qu'est-ce qu'elle a de précieux à perdre, là, maintenant ? Elle a tout à gagner, elle veut se souvenir. Alors elle avance la main, franchement, et touche la boule.

Et la mémoire revient à Éris, cruel petit fragment pour lui rappeler qu'Elle contrôle encore tout, ici. C'est chez Elle.

Éris:

Grosse inspiration.
« Tentez de ne pas mourir... Vous savez comment se règlent les affaires dans ma famille... »
Tête lourde, petit vertige.
« Pensez au gosse, il n'a pas besoin de perdre sa tante maintenant... »
Ok ça va mieux.
« S'en prendre une Calvetti... coincer les enflures qui ont fait ça... »

Elle s'était appuyée contre le mur de la maison. Le très léger malaise physique qu'elle avait ressenti était passé. Mais les images, les pensées elles, sont toujours là, passent et repassent.
Le même sentiment de rancune qu'à la gare. On ne pouvait pas l'en priver effectivement. De toutes les choses qui ont fait sa vie d'avant, cette idée, ce besoin, cette envie de vengeance est la seule chose dont elle se souvienne.
On s'en est pris à sa famille. A qui ? La blonde du commissariat veut la dissuader en disant que le petit n'a pas besoin de perdre sa tante maintenant. Alors qui : sa sœur ? son frère ? sa belle famille ?

Elle n'avancerait pas avec seulement ce petit bout de mémoire. C'est un début, mais c'est largement insuffisant. Alors d'un coup, elle quitte le mur et rentre. Du même pas assuré et va-t-en-guerre qu'en quittant le commissariat. Retrouver la mémoire, comprendre où elle est, trouver des personnes de son ancienne vie. C'est ça qu'il faut faire.

Un vieux sac à dos garni d'une bande et de deux paquets de biscuits plus tard, elle est de nouveau dans la rue. C'est inutile, mais elle cogite toujours.
Au carrefour, le blond avait pris à gauche, alors elle prend à droite. Elle verra bien où elle atterrira.

Il n'y a pas qu'Eris qui traîne dans les rues de Nulle Part. Un loup rôde, proie dans la gueule. Et au détour d'une rue il sent la présence de la femme blonde et s'arrête. Un instant il semble la fixer de ses yeux aveugles, mais il ne lâche pas l'humaine qui pend de sa gueule.

Spoiler:

Alors, visiblement, à droite, on atterrit là. Une rue un peu comme les autres. Mais ce n'est pas le décor qui est intéressant. Oh bien sûr, elle pourrait s'attarder sur la fille. Ce n'est pas comme si il y avait foule dans cette ville. Mais étrangement, alors même qu'elle était sortie pour trouver des gens, là, cette gamine, elle s'en désintéresse.
Son compagnon, en revanche, l'intrigue fort. Si il avait des pupilles, c'est sûr, elles seraient braqués sur la blonde. Et réciproquement, la blonde, qui avait des pupilles hein, les avait braquées sur le loup.

Le loup oui. Un énorme loup, avec des cicatrices partout et un pelage ivoire. Alors autant le lapin était tout mignon, autant lui, on pouvait pas lui reprocher d'avancer masqué. C'était clairement pas une grosse peluche bonne pâte.
La fille dans sa gueule pourrait en témoigner. Si elle était encore en vie.

Elle aurait pu se mettre à courir. En hurlant, comme dans les films. Franchement elle aurait pu. Mais non. Outre que c'est ridicule, c'est idiot. Elle aurait pu sortir son arme et tirer. L'envie était là d'ailleurs.
Mais quoi après ? Elle lui tire dessus et au mieux le tue. Bon. Plus probablement, elle le blesse. Elle est pas vétérinaire (enfin elle ne pense pas), mais une balle, c'est sûrement le genre de truc qui doit énerver un loup. Et un loup énervé, ça reste pas à te fixer de ses yeux aveugles. Ca attaque. Et là, on fait quoi ? On retire ? Combien de coups pour le tuer ? Franchement, le pari est risqué.

Alors que bon, dans la situation actuelle, il est là, il la regarde, il ne bouge pas. Il a déjà une proie. Un instant, court, mais qui lui semble une éternité, elle le regarde.
Puis doucement, très doucement – pas de geste brusque – elle fait passer le sac à dos devant. L'ouvre. Tâte dedans sans lâcher le loup des yeux. Prend un paquet de biscuit et le jette devant elle. Enfin devant mais de côté. Faut pas surprendre le loup.

Peut-être que doucement, elle va pouvoir partir de l'autre côté. Peut-être qu'il va lâcher la fille. Peut-être qu'elle est encore en vie. Par contre, ce qui est certain, c'est qu'il ne faudra pas longtemps à la blonde pour plonger la main sur son arme, au cas où. Et dans cette ville, elle sent que le "cas où" risque de se multiplier.

Spoiler:

Grand méchant loup.

La faim chasse le loup du bois.

Alors qu’elle s’attendait à revoir un train, elle rencontra un loup. Mais pas n’importe quel loup. Un loup pas comme les autres. Énorme, intimident, il s’approchait d’un pas lent. Right ne pouvait détacher son regard de celui du loup ; vide et sans vie. Un regard aveugle. Alors qu’elle trouvait rassurant le fait que la bête soit dépourvue du sens de la vue, elle comprit vite que ce monstre, lui, il s’en foutait royalement. Il lui rappela son merveilleux odorat et sa bonne ouïe en fonçant direct sur elle lorsque Right fini par poussé un cri strident. Pétrifiée par la peur, elle n’avait pas réussi à bouger le petit doigt. De toute façon, avec la vitesse pareille à celle d’une fusée à laquelle la créature courrait, elle n’aurait pas pu esquiver. Inévitablement, les crocs du loup s’enfoncèrent dans son épaule.

Aïe.

C’est la seule chose dont elle se rendit vraiment compte. La douleur insoutenable qu’elle ressentait sous la pression de la mâchoire du loup. Elle ne remarqua même pas qu’elle se faisait traîner ailleurs et se foutait bien de la quantité de sang qu’elle pouvait perdre en dépensant toute son énergie à se débattre. Tout ce qu’elle voulait, c’était se réveiller de ce cauchemar et l’oublier à tout jamais. Au final, complètement vidée, la gamine abandonna tout espoir et se laissa porter par le grand bouffeur d’enfants. Des tonnes de drôles d’idées défilèrent alors à l’intérieur de son crâne.

Sa robe devait être fichue à force de se faire frotter sur l’asphalte de la rue de la sorte…

Le loup devait la prendre pour un jouet. Oui, oui ! C’était sûrement ça.

Elle aimerait bien avoir un chapeau de paille, là, tout de suite, juste pour le plaisir d’en porter un.

La morsure semblait profonde. Espérons qu’aucun organe n’a été touché…

Mais qu’attendait Left pour la sauver !?

Soudainement prise d’une grosse fatigue, les paupières de la brunette se scellèrent toute seules. Cependant, elle ne dormait pas encore lorsque la bête s’arrêta. Un lourd silence s’abattit tout autour. La jeune fille n’entendait plus que la respiration du loup et la sienne, plus lente. Le son d’un objet que l’on jetait au sol retentit, mais il semblait tellement loin… De quoi s’agissait-il ? Aucune idée, pas envie de regarder. Come on Right, fait un effort !

L’amnésique eu toute les misères du monde à ouvrir les yeux, trop curieuse. Les rayons du soleil s’attaquèrent aussitôt aux rétines de l’enfant. Celle-ci trouvant déjà sa vue peu claire et précise dû plisser et cligner plusieurs fois ses yeux pour aider ses iris grises à s’ajuster, sans grand succès. Elle prit un air confus, confuse. Oui, confuse.

* Que… Mais… Qu’est-ce qu’il fait le loup ? *

Spoiler:

Le loup grogne et lâche sa proie lorsqu’il entend le bruit du paquet tombant près de lui. Il s’approche, menaçant de la femme blonde. Cependant quelque chose le fait ralentir. Une aura qu’il semble être le seul à ressentir. Il retrousse les babines. Oui son odeur n’est pas qu’entièrement humaine. Il y a une trace animale. Une puissance en train de se développer. Une future alliée. Cependant la trace est faible, alors il décrit un large cercle autour d’elle, tout en humant l’air. Puis il s’arrête, lui fait face et lâche un mélange de grognement et d’aboiement.

Du côté de la blonde, la morsure du lapin n’a pas fait que la démanger. Ses reflex se sont aiguisés, ses sens aussi. Si son ouïe fine ne comprend pas encore les grondements du loup, une forme animal, un instinct qui parait ancré en elle, lui fait comprendre que ce n’est pas un avertissement mais une sorte d’invitation.

Spoiler:

« Si tu veux te mettre à l'abri, c'est maintenant. »

* Je t'aurai bien aidé, fillette, mais comme tu le vois, il semblerait que j'ai un nouvel ami.*
Elle fixe le loup qui s'approche et n'a pas jeté un œil à la fille. Elle parle donc elle va plutôt bien. Enfin, elle est en vie quoi. Du coup, comme la blonde voudrait bien le rester aussi, elle continue de scruter l'animal. Et met la main sur la crosse, mais sans en faire plus. La fillette avait raison.

C'est vrai ça, qu'est-ce qu'il fait ce loup ? Il tourne autour de la blonde, puis s'arrête la regarde et quoi ? lui parle ? Et bien, de manière tout à fait étonnante, peut-être bien, oui.

Mais alors déjà, que faisait Éris ? A peine le paquet tombé, elle s'était demandé ce qui lui avait pris. Et voilà que le loup s'était rapproché, l'air pas commode. Non mais vraiment, elle revoyait la scène et si elle n'en était pas une des principales actrices, elle aurait bien ri. Mais là, non. En même temps, la grosse bête ne prêtait pas vraiment à la rigolade. Elle avait rapidement mis son idiotie passagère sur le compte de la bête, du choc de l'amnésie, de la ville inconnue, peut-être d'un brin de température... En fait, elle avait rapidement évacué la question. Parce que voilà, ce qui est fait est fait.

Et déconcertée, elle n'a pas fini de l'être. Tandis que le loup grogne en face d'elle, alors qu'elle devrait faire quelque chose - avoir peur, dégainer, courir... quelque chose – elle sent très confusément un petit rien en elle. Sixième sens, intuition, instinct, vous appelez ça comme vous voulez. Un truc quoi, qui lui murmure que non, la bête ne la menace pas. Au contraire.
Elle se rappelle le lapin furtivement: il n'avait pas l'air dangereux, lui, mais l'avait bien mordu. Là, il semblerait que ce soit le contraire. Mais bon, méfiante tout de même, la main reste sur l'arme.

« Bon alors, qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Tu me veux quoi ? »

Oui oui, c'est au loup qu'elle parle, oui. Décidément, elle se dit qu'elle doit avoir un peu de fièvre tout de même.

Le petit chaperon rouge

LE LOUP ET LE CHASSEUR

Right avait maintenant les yeux grands ouverts. Les crocs se détachants de son épaule l’avait parfaitement réveillé, la foudroyant d’une douleur qui, jusqu’à maintenant, s’était engourdie. Son cerveau restait toutefois au plus bas de ses capacités, affaibli par tous ces évènements soudains et par la blessure bien fraîche que Right avait à l’épaule. Elle saignait encore, le liquide rougeâtre souillant encore et toujours un peu plus ses vêtements, ses cheveux… Le sol aussi. Mais son attention était entièrement portée sur l’inconnue qui essayait de lui sauver la vie en attirant l’attention du loup aveugle. Alors qu’elle portait une main tremblante à son épaule mordue, Right fixait l’héroïne avec de grands yeux vitreux. Elle crevait de peur.

Si tu veux te mettre à l’abri, c’est maintenant.

Oui ! Quelle bonne idée ! La brunette tenta aussitôt de se relever. Seulement, sa tête revint s’affaler au sur le sol de la route en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Non seulement sa blessure l’empêchait de se redresser, la douleur augmentant fortement en intensité lorsqu’elle contractait ses muscles, mais aussi parce qu’elle était prise de vertige dès que son crâne se soulevait. Quelle poisse ! Même pas moyen de se cacher, éviter ce cauchemar ! Elle était condamnée à rester clouée au sol à regarder le spectacle qui s’offrait à elle, juste devant ses yeux gris ; celui du plus grand loup du monde, tournant autour de sa potentiel sauveuse. Simple spectatrice impuissante, la brunette se contenta de trembler de peur en gémissant. Fuck, la vie est cruelle.

Bon alors, qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Tu me veux quoi ?

Ça, Right se le demandait bien. Cet animal avait-il une faim de loup pour manger deux humaines, une gamine et une très certainement adulte ? LOL le jeu de mot. Ne voulant pas laisser l’inconnue toute seule face au danger immense que représentait la bête, la jeune fille lança la pire connerie de sa vie.

P’tet qu’il veut plus de bouffe pour dîner ? Haha…

Dit-elle avec un sourire des plus naïf. Et le pire, c’était qu’elle le croyait vraiment. Elle croyait pouvoir détendre l’atmosphère avec cette blague des plus glauques de très mauvais goût. Il faut dire que dans ce genre de situation où l’on se vide de son sang sans ne rien pouvoir y faire, la logique n’avait plus vraiment sa place et c’était valable aussi pour l’humour…

Le loup attend. Ses oreilles dressées dans la direction de la jeune femme. Il écoute, comprend. D'un mouvement, d'un signe de queue il lui indique de le suivre, lui intime de le suivre. Tandis que les poils d'Eris commencent à s'allonger et se multiplier. Right, elle, est ignoré, oublié par l'Alpha.

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