Milka sourit en voyant son premier compagnon de route s'occuper de la jeune fille. Il n'a pas osé faire le bandage sans nettoyer mais si ça peut la dépanner après tout... Les deux demoiselles semblent voir en cet homme un guide et ça le rassure de savoir qu'elles sont entre de bonnes mains. Le jeune homme range sa tablette dans la poche arrière de son baggy en tournant la tête à la remarque du nouvel arrivant. Il le voit regarder ses cheveux avec mépris et attrape une mèche entre ses doigts. C'est joli violet, ça se voit de loin non ?

Haussant les épaules, il se met à marcher sans direction précise. Il regarde le sol, le ciel, l'avion. Ça fait un peu décor de film non ? Oh oui comme un film d'action dramatique où les héros se crashent dans un univers inconnu à découvrir ! J'vais faire ça ouais ! Et il continue à marcher, observant tout autour de lui sans vraiment rien voir...

Il s'arrête devant un... Un ciné ! Trop biiiiien ! Il entre d'un pas précipité, aperçoit à peine les gens qui se tiennent là, déjà captivé par le bruit du projecteur qui s'entend depuis l'entrée. Il cherche le pop corn des yeux, fait la moue en s'apercevant qu'il n'y en a pas et se hâte vers la porte de la grande salle. Il manque de trébucher sur ses lacets qui sont défaits et se retient au dernier moment sur un siège au dernier rang dans lequel il s'affale.

"Wahouuu j'espère que c'est le début !"

Il fouille dans ses poches et attrape un rouleau de réglisse qu'il commence à suçoter en passant ses grandes jambes par dessus l'accoudoir.

Spoiler:

Ayant suivis à distance le chewing gum, Corbeau ouvrit la porte de la salle, restant un instant fixer l'écran . Manifestement le cinéma n'était pas seulement vieux..il était aussi à la fois, mal entretenus, mais en même temps, suffisamment pour qu'une bande continue à tourner. Ceci. n'était. pas. normal.

Ses yeux se tournèrent alors vers la touffe violette qui dépassait de l'un des fauteuil, un jeune blond essayant manifestement d'attirer l'attention de la guimauve. Il sourit et se pencha par dessus le fauteuil, de l'autre coté du jeune homme, tels un vampire sur sa proie (katching, mate ce clin d’œil), susurrant d'une voix mielleuse :

-"...ne m'en veuillez pas pour mon interjection précedente...la surprise m'a fait parler avants de réfléchir à mes propos.."

A vrai dire, il avait suivis ce jeune homme, car il avait l'air "mignon", et il est toujours amusant de jouer avec les innocents. Mais se relevant, le regard de Corbeau était surtout occupé à fixer le fond du cinéma, l'écran..Comment était-ce possible...
Un malaise entourait ce lieu, apparemment sans âmes humaines autres que les leurs. Une piste d'avion désertique, où pourtant,leur avion avait décidé de se poser..surement en urgence, à voir l'état de l'engin .Il n'avait pas vu de mort dans la carlingue, bien qu'il eu encore la vision brouillé a ce moment là, mais aucunes traces des pilotes.
Le cinéma avait lui aussi l'air d'un bâtiment désaffecté, d'un autre âge..et cet extrait, ce court métrage tournant en boucle était loin de se montrer rassurant. Il ne pouvait pas dire que ce lieux était sans âmes qui vivent. Il y avait bien quelque chose..

Milka regarde l'écran en clignant des yeux plusieurs fois. Toujours la même image. Le message est clair : il faut trouver un train ! Perdu dans ses réflexions sur la meilleure façon de trouver la fameuse locomotive et ses bébés wagons, il met 5 bonnes secondes à voir la main qui s'agite sous son nez.

"Eh, qu'est-ce tu fous là, toi ? Tu sais où on est ?"

Il secoue la tête instinctivement et lève les yeux vers le garçon qui l'invective ainsi. Il sort la première réponse qui lui passe par la tête et lui semble infiniment évidente :

"Dans un cinéma je dirai ! Devant un nouvel indice pour continuer l'histoire !"

Non, il n'y a rien qui le choque. Absolument rien, tout va bien. Il y a même une petite voix qui lui parle sur l'épaule.

"...ne m'en veuillez pas pour mon interjection précedente...la surprise m'a fait parler avants de réfléchir à mes propos.."

Joli voix. Particulièrement envoûtante. Milka l'écouterait volontiers un peu plus. Il tourne la tête et voit l'homme qui critiquait sa couleur de cheveux il y a quelques minutes. Il ne lui en tient pas rigueur, il n'est pas comme ça.

"Vous savez que vous feriez un excellent narrateur pour cette histoire ? Vous avez une voix délicieuse."

"Vous savez que vous feriez un excellent narrateur pour cette histoire ? Vous avez une voix délicieuse."

Son sourire narquois s'élargit, décidément, sa première impression sur ce jeune homme était la bonne. Un innocent. Il posa la main sur l'épaule de ce dernier, la tapotant des doigts.

-"c'est bien aimable , jeune homme..."
C'est alors que l'autre garçons , semblant pris d'une quelconque crise d’hystérie, se jeta dans une jérémiade plutôt insupportable.

un claquement agacé brisa d'ailleurs le silence de fin de tirade du garçons, et c'est d'une voix cassante, mais non moin onctueuse que le minima-quadragénaire répondit, coulant un regard condescendant vers le jeune blond.

"Ne pensez vous pas que..sortant du même lieu que vous, un avions en charpie, nous sommes dans le même cas d'ignorance..? C'est une ville, au moin, nous ne sommes pas au milieu de la jungle, bien qu'elle semble inhabitée."

Bien qu’extrêmement inutiles, les questions de Touriste avaient au moin soulevé un point important. Qui sont-ils..?

Alors que l’image du train disparaît, elle est remplacée par une image noire, la salle elle aussi se plonge dans le noir le plus obscur. Le son grésille dans les vielles enceintes. Puis l’image se met à clignoter comme des battements de paupières, la vision est d’abord floue. Puis quand elle cesse de clignoter, elle devient peu à peu nette. Vue à la première personne. Tout est sombre sauf un peu plus loin en haut, une sorte de trou dans le plafond. Un trou et une échelle qui y monte. La vue se baisse vers le sol pour découvrir des jambes, liées par une corde. Brusque secousse pour se libérer des liens. Mais rien ne fait. La vue se stabilise de nouveau sur les genoux, où une goutte de sang s’écrase. Alors un cri, un cri d’alerte, un cri qui implore l’aide résonne, la vue est de nouveau tournée vers le trou, vers la trappe ouverte. Et au cri humain qui semble s’échapper de l’écran répond un long grondement. Une respiration saccadée se fait entendre, alors que de nouveau la vision s’agite signe qu’il essaye de se libérer. Et puis elle s’immobilise de nouveau, sur une patte là-bas, une forme ombrageant la lumière venant de la trappe ouverte. La chose énorme, emplissant tout l’espace gronde de nouveau, ses pas font trembler le sol, le sang l’a attirée. Alors de nouveau ce cri humain remplit d’effroi et d’horreur. Des crocs étincèlent un instant, tout près, trop près, le sang gicle. Les yeux par lesquels tout ce film est vu, semblent fixer la lumière. Des yeux dont les paupières ne se fermeront plus jamais. Un homme mort à travers duquel on peut voir défiler son dernier moment de vie. Et au-dessus de l’échelle, là-haut dans le trou de lumière, une ombre passe rapidement, un humain. Et la trappe se ferme dans un claquement sourd. Le film s’arrête et la lumière semble revenir doucement dans la salle de cinéma.

Parfois, il faut un moment avant que les choses fassent tilt. Chez certains, c'est plus long que chez d'autres. On est pas tous formaté pareil. Et il a fallu attendre cet instant et les paroles de ses compagnons pour que le bisounours violet réalise que oui, il est amnésique. Plus le moindre souvenir dans sa petite tête. Et bien vous savez quoi ? Ça ne le panique pas plus que ça. Déjà ça laisse plus de place pour rêver. Et il semble logique que les héros de l'histoire, en plus de la quête principale, se voit confier une mission personnelle, plus intime, pour en apprendre plus sur eux-même.

Noir. Un noir qui fait naître un sourire sur le visage du jeune homme. Un second indice ? Quelle chance ! Il cale un peu mieux ses jambes par dessus l'accoudoir, donnant maladroitement un petit coup au jeune homme qui a un peu perdu les pédales tout à l'heure. Mais il n'y pense déjà plus, captivé qu'il est par le film qui défile à l'écran. La tension monte, palpable. Elle crépite dans l'air. Sans qu'il le réalise, sa main droite est allée se placer sur le dossier de son fauteuil et son petit doigt touche la main du narrateur à la voix de miel.

Son ventre se tord, sa gorge devient sèche et tous ses muscles sont tendus quand les lumières se rallument. Quel monstre terrifiant... Il espère ne pas croiser sa route, se demandant pendant une folle seconde s'il pourrait l'apprivoiser avec du Milka. Il secoue la tête et cligne plusieurs fois des paupières, avalant sa salive avec difficulté. Dans sa tête les images défilent encore et il se voit à la place du protagoniste. Il fait claquer sa langue pour revenir pleinement à la réalité, s'offrant une seconde réglisse pour se remettre de ses émotions.

"Bon ch'est pas chuper rachurrant tout cha... Va falloir che trouver un équipement et des infos chur les lieux chi on veut accomplir la quête. Ch'est parti ?"

Il a retrouvé son calme et un petit sourire orne son visage. Il s'étire son bras gauche derrière sa tête, manquant de frapper à nouveau le garçon au passage, son autre main toujours près de celle de l'homme derrière lui.

La main de l'homme se crispa sur l'épaule de Milka , et ses yeux ne quittèrent l'écran qu'avec un sentiment d'angoisse naissant au fond de ses entrailles.
A sentir les muscles tendues sous sa paume, il n'est pas le seul à ressentir de la peur.

"Bon ch'est pas chuper rachurrant tout cha... Va falloir che trouver un équipement et des infos chur les lieux chi on veut accomplir la quête. Ch'est parti ?"

Il baissa les yeux sur le chewing gum devants lui, souriant et posant crânement. Pas rassurant ? Ce court métrage à la première personne leur indiquait clairement, "bienvenue en Enfer", "you're fucked", "profitez de vos derniers instants." . Dans des circonstances ordinaires, son scepticisme aurait pris le dessus, mais au vu du présent..

Il se redressa, pressa rapidement ses doigts sur la vachette publicitaire en parlant fermement:

-" On s'en va, la vache milka. Sortons d'ici." Il tourna le visage, ignorant le troisième protagoniste et attendant le jeune homme près de la porte.

Elle regarde son petit jouet resté seul dans son cinéma, pauvre petit animal égaré. Elle lui envoi des souvenirs, de couleur rouge, fonçant sur lui, ne lui laissant pas le choix de les toucher ou non.

Touriste:

Il ne reprend pas connaissance, cette récupération subite de ses souvenirs lui est fatale. Il suffoque, s'écroule à genoux, étouffe. Il tombe sur le sol, sans vie. Touriste, ton voyage s'achève ici.