Un jour je marcherais sur l'eau ~

10h-12h

Je cours, je vole, tel un super-héro ! Ma course s'arrête en face d'une immense étendu d'eau. Je reste admiratif au bord de l'eau, je me penche au bord pour tenter d'apercevoir une forme de vie sous-marine. Pas un poisson en vu, c'est pas drôle... Je soupire et met mes pieds au bord de l'eau. Est-ce que je pourrais marcher à la surface de l'eau moi aussi ? Comme Dieu ? Pff, non ! Comme Naruto ! Je ferme mes yeux, laissant mes pieds à la surface de l'eau. Je me laisse glisser du bord, allant dans l'eau, malheureusement, je n'arrive pas à rester debout sur l'eau, je coule lamentablement. Je remonte à la surface, rageant contre moi même. << Pourquoi j'arrive pas à marcher sur l'eau bordel ?! Je suis un super-héro pourtant !!! >>

Je reste dans l'eau, guettant un éventuel mouvement dans l'eau. Il y a peu être des pokémons sous l'eau, ou des animaux fantastique ! Je dompterais l'animal en question qui habiterait le marais. Il deviendrait mon partenaire dans les combats et m'aiderait à sortir de cette ville !

10h-12h
The lake

Ils ont suivi Superman. Pas très difficile, sachant que le petit garçon se mettait de temps en temps à pousser des cris du genre superhéros. Et les voilà qui le rattrapent. Devant une immense étendue d’eau. Attendez. Un…lac ? Dans une ville ? On aura tout vu, décidément. Le gosse, pas plus étonné ou impressionné que ça, est déjà au bord de l’eau. Non. Dans l’eau. Complètement inconscient !

Hécate lâche la main de Candide, lui adresse un regard désolé avant de courir du mieux qu’elle peut en direction de l’eau. Cet idiot, n’a-t-il pas peur de se noyer ?

<< Pourquoi j'arrive pas à marcher sur l'eau bordel ?! Je suis un super-héro pourtant !!! >>

En l'entendant, elle juge qu’il est temps, désormais, de tenter de faire voler en éclat les illusions qui l’animent. Rejoignant le garçonnet dans l’eau, elle sent un étrange bien-être l’envahir. Ha, oui, c’est vrai, les grenouilles aiment l’eau. Elle grimace. Fichue malédiction, avec ses fichus effets qui lui donnent envie de prendre un bain dans ce lac glacé.

- Superman. Écoute-moi s'il-te-plait. Tu ne marcheras pas sur l’eau. Coa. Pas plus ici qu’ailleurs. Nous ne sommes pas dans un jeu vidéo. Nous ne sommes… nous sommes réels, tu vois. Alors… s’il-te-plait, ne te met pas en danger. Coa.

Elle attrape la main de l’enfant, le ramène jusque sur la berge, vers Candide. Retient de justesse un soupir. Non, les choses ne seront pas évidentes. Et oui, elle a peur de ne pas pouvoir garder un œil sur Superman à chaque minute, peur de le perdre dans cette ville, peur qu’il lui arrive quelque chose de grave. Peur de le retrouver comme le type dans le parking. Comme si elle voulait se rassurer, cacher ses tremblements, elle serre la main du petit garçon dans la sienne, encore plus fort.

Elle aurait peut-être froncé le sourcils en se disant que deux sphères d'un coup, c'était un peu trop. Mais Elle était d'humeur joueuse, alors Elle décida de jouer. De jouer avec leurs nerfs, et avec leur passé. Deux souvenirs pour ses jouets. Hécate et Superman pouvaient l'en remercier.

Spoiler:

« Source.

« Là. Là et pourtant ailleurs. Sa main guide, sa main suit. Il avance, ne cherche à comprendre, observe et retient. Des bruits lui parviennent, l’on le lâche, l’on s’énerve. Et lui, lui ne bouge pas. Lui écoute, mais ne voit plus. Vivez. Les mots lui reviennent, la sensation l’accapare. Dans sa tête tambourine un souvenir persistant. Amnésie. Non. Pire. Oubli. Tour n’est que saccade, un entrecoupé froid et blasé. Un captif, un captif distant, que trop conscient. Et lui, lui blond qui esquisse sourire. Sourire qui lui fait mal, sourire qui démontre l’impuissance. Sourire qui défie. Sourire qui contredit. Sourire de génie.

« Les sphères apparaissent, lumineuses et fières. Tentatrices. Il sait qu’il ne devrait pas, il sait que cela ne lui appartient pas. Mais présent, il est absent. Rouge. La couleur lui vrille les paupières, il se sent chuter. Noir. Il tend la main. Il tend les mains. Droit, il a pieds ancrés à terre. Statue figée, il effleure les deux souvenirs. Que va-t-il se passer ? A-t-il seulement conscience ? Lui debout, lui ombragé. Lui qui pourtant, déjà, ne se sent plus là.

Spoiler:

10h-12h

Hécate me rejoint dans l'eau, me force à sortir et commence à me parler. Je frisonne, elle ment... Elle est juste jalouse que j'ai des super-pouvoirs et pas elle... Je la regarde, les larmes aux yeux. << Tu mens ! Menteuse ! Tout ça ne peut pas être réel ! C'est un jeux vidéos, ou un rêve, mais les filles qui se transforment en grenouille, c'est pas réelle ! C'est dans les comptes de fées, dans les films ou dans les jeux vidéos ! Tu dis ça car tu es jalouse que je sois le héro principal ! >>. J'allais partir, mais deux lucioles arrivent dans notre direction, je me rappelle les paroles de ma princesse grenouille, ça serait un souvenir ? Pour moi ?

Je souris avant de m'avancer vers la lumière en question, mais Candide tend la main, touche les deux souvenirs. J'écarquille mes yeux, ça non ! Hors de question qu'il me vole MON souvenir ! Je me jette sur mon souvenir, l'attrape dans mes mains comme j'attraperais un insecte volant. << C'est à moi ! C'est mon souvenir ! Je l'ai vu en premier ! >>

10h-12h
Refus, acceptation.

Elle s’attend à peu près à tout. Sauf à la crise que lui fait Superman. Elle subit de plein fouet les effets du discours du gamin. Elle, une menteuse ? Elle, jalouse ? Elle ne comprend pas. Ou si, elle comprend trop bien. C’est comme un rejet. Comme une blessure. Comme un couteau qu’on vous plante dans le cœur. Oui, les femmes-grenouilles, ça n’existe pas. Elle n’existe pas. Ne devrait pas exister. Comme une abomination de la nature. Quelque chose qui n’a pas lieu d’être. Elle ne peut être que dans cette ville, nulle part ailleurs. Elle essaye de sourire, de ce sourire triste qu’elle fait, quand elle a mal. Mais même celui-là ne passe plus. Rien ne passe. Elle lâche le poignet de l’enfant, fait un léger pas comme pour s’en écarter.

Et puis comme pour couronner le tout, comme la cerise sur le gâteau, deux sphères lumineuses apparaissent. La première s’approche de Superman. En voilà un qui va être heureux, son premier souvenir, celui qu’il voulait tant ! Elle ne songe même plus à le mettre en garde. Qui sait si un mauvais souvenir n’allait pas le faire redescendre sur terre ? Elle se sent soudain horrible. Comment peut-elle être ainsi, souhaiter qu’il lui arrive quelque chose, qu’il lui soit arrivé quelque chose ? Ce n’est qu’un enfant. Qui ne mesure sans doute pas tout ce qu’il dit.

La deuxième petite sphère est pour elle. Avant même qu’elle ne s’approche tout près, elle le devine, le sent, le sait au plus profond d’elle-même. Oui, pas étonnant qu’avec de telles pensées, la ville prenne un malin plaisir à la torturer, à la tourmenter un peu plus. Elle serre les dents. Que faire ? Que faire de cette petite chose qui la nargue, qui danse légèrement devant ses yeux éteints. La laisser repartir, s’envoler ? Oui. Oui, c’est sans doute ce qu’elle peut faire de mieux. Ne pas se faire plus de mal que nécessaire. A quoi bon vouloir se souvenir, si c’est pour revenir encore plus détruite, encore plus en ruines ?

Alors qu’elle se prépare à la laisser filer, Candide lève les mains. Et touche le souvenir. Non. Touche les souvenirs. Elle ouvre la bouche dans un cri muet. Non ! Non, il ne doit pas ! Il ne doit pas faire ça ! Elle ne veut pas, pas qu’il voit ses faiblesses, pas qu’il voit la douleur qui ravageait son ancienne elle. Il n’a pas le droit ! Elle tend la main, comme par réflexe, effleurant son souvenir. Comme si ce simple geste allait pouvoir empêcher le jeune homme d’apercevoir quoi que ce soit. Comme si elle allait pouvoir lui arracher la petite lumière…

Et confuse, chaotique et douloureuse, la mémoire revient...

Hécate:

Superman:

Quant à Candide...

Citation :: Je vis dans le néant
Candide ne ressent à présent rien. Du vrai vide. Il se retrouve coupé de toute sensation pour avoir voulu toucher les deux souvenirs. Plus de vue. Plus d'odorat. Plus de toucher. Rien. Il flotte dans un néant artificiel. Pourtant son corps est bien là. Seuls ses yeux fixés sur le vague témoignent de son absence...

10h-12h

La mémoire me revient. Ce souvenir commence bien, jusqu'à ce que je saute dans une piscine où je n'avais pas pied, et visiblement, je ne savais pas nager. Papa avait l'air furieux... et inquiet... Comme l'était grande soeur Hécate tout à l'heure... Mon regard se tourne vers elle, je m'approche, la tête baissé. Je l'enlace doucement, je suis un méchant garçon... << Désolé... Tu es en colère après moi... ? J'ai fais une bêtise, je suis un méchant garçon... >>. Je reste dans ses bras, elle était inquiète pour moi, et moi je lui ai crié dessus, je lui ai dis des choses méchantes...

Mon regard se tourne finalement sur le blond, qui reste planté sans bougé, le regard vide, fixé vers l'horizon. Je m'approche de lui, prend un bâton qui traînait par terre pour lui toucher sa joue avec. << Hey, réveille toi ! Monsieur ! >>. J'agite ma main devant ses yeux, aucune réaction. Je regarde ma princesse grenouille, perdu. << Tu crois... qu'il dort ? >>

10h-12h
Petit frère.

Elle n’entend pas les paroles de Superman, aucun de ses mots d’excuse. Elle ne sent pas ses petits bras qui se referment autour d’elle. Elle ne le sent pas se détacher, ne le voit pas prendre le bâton, toucher la joue de Candide. Elle se débat avec elle-même, prisonnière de son souvenir, prisonnière de ses sentiments, de cette détresse qui l’a envahi. Elle se débat comme celle qu’elle était dans le passé. Faiblement. Vainement. Pitoyablement. Et on lui arrache son petit frère, et elle ne peut rien y faire, que contempler la scène avec le même désespoir que la première fois. Et tandis qu’elle revient à la réalité, les yeux larmoyants du petit garçon continuent d’imprégner sa rétine, y laissant une marque indélébile.

Et cette fois, elle ne pleure pas. Elle ne crie pas. Ne dit pas un mot. Elle reste là, immobile, les yeux fermés, se laissant bercer par sa nausée, par son dégout d’elle-même, par la rage qu’elle ressent envers ceux qui lui ont arraché un être cher. Et elle se hait de les avoir laissé faire. De n’avoir pas su l’aider. D’avoir été si inutile. Elle se sent vide et emplie à la fois, emplie de cette colère brûlante, de cette horreur. Et si vide, de l’avoir perdu.

Un ricanement nerveux finit par secouer ses épaules, tandis qu’elle garde les paupières obstinément closes. Comme elle l’avait prédit, la Ville continue de jouer avec ses nerfs. De lui donner des souvenirs, au compte-goutte, plus détestables les uns que les autres. Elle ne pleure pas. Ne doit pas pleurer. Pas encore.

Elle se souvient soudain de Superman, rappelée à la réalité par sa petite voix. << Tu crois... qu'il dort ? >> Elle ouvre les yeux, affronte la réalité. Elle fixe un moment Candide. Attend une réaction. Quelque chose. Mais rien ne vient. Il ressemble à une personne perdue dans un souvenir. Mais un souvenir si long, c’est tellement étrange. Elle s’approche, effleure doucement sa main, comme si il allait se réveiller en sursaut au moindre contact.

- Candide ? Coa...

Il n’y a pas de réaction. Toujours pas. Elle se force à rester forte, tourne un visage un peu ébranlé vers le gamin à côté d’elle.

- Non. Je ne crois pas qu’il dort. Je crois que… comment on dit, dans les jeux, déjà ? Qu’il a été ensorcelé ? Coa. Qu’il a eu un…un malus, voilà. C’est la Ville qui lui a donné le malus, coa.

Peut-être que si elle lui parle avec ses mots à lui, il comprendra. Peut-être qu’elle arrivera à le rendre plus prudent. La question suivante lui vient naturellement, tandis qu’elle saisit d’une poigne plus ferme la main du jeune homme blond pour essayer de le faire réagir :

- Au fait…et ton souvenir… tu es content d’en avoir eu un ? Coa.

« L’enveloppe.

« Il ferma les yeux. Les rouvrit. Il leva la main, se toucha la joue. Il inspira, cherchant l’odeur particulière de la princesse grenouille. Mais rien ne vint. Alors il sut. Une vérité qui explosa en lui, le contraignant au rejet, gravant sur sa peau ce qu’il n’acceptait. La dépendance. Totale, inhumaine. Il avait tout perdu. Alors il muta. Devint autre chose, gardant son calme. Il ne pouvait se permettre la faute, alors en pur stratège, il commença à réfléchir. Il n’écouta les voix, ne sentit le bâton, la main enserrant la sienne. Non, il était comme mort, muré dans ses propres pensées. Dans une réflexion qui délimiterait sa vie. Non. Sa survie. Aveugle, sourd et sans sensibilité. L’homme perdant en sens accroit sa capacité. L’homme perdant deux sens provoque un développement instantané d’une partie du cerveau se situant au dessus du cervelet. Alors l’homme se voyant privé de trois sens peut en quelques instants remplacer le manque par autre chose, le corps s’adaptant et évoluant directement. Ses pensées se trouvent alors épurées et ses perceptions amplifiées. C’est de par cela que l’on qualifie l’homme d’homme. Lui et sa capacité d’évolution permanente, lui et ses ressources infinies. Lui et ses démons. Démons formant le génie. Soupir. Soupir qui lui fit mal aux oreilles. Car au final, il ne lui restait que cela. Le son. Son du touché, son du vent, son des paroles. Le son était la seule chose au delà de son esprit. Et c’était dur. Car dans ce noir omniprésent, s’aventuraient les images. Images et souvenirs flous, peuplant ce dur néant. Slopch fit le bruit. Splouch fit le remous. Bruit imperceptible mais pourtant présent. Il ne pouvait l’ignorer, il ne pouvait plus rien ignorer. Il était piégé.

« Il y a quelqu’un dans l’eau ?

« Sa voix a-t-elle toujours été comme ça ? Il se surprend lui même. A-t-il toujours eu cette facilité orale, ce coulis sensible mais distinct ? A-t-il un jour chanté ? Pour un prince, quel comble. Pour un prince égaré. Ayant quitté royaume… Par oubli. Mais qu’importe, les pensées étaient trop bruyantes, il devait faire abstraction de ce surplus inutile, vider sa conscience pour accroitre ses facultés. Sa main dans ses cheveux, le bruit lui parvient, mais la sensation est envolée. Mais… Pourquoi la main gauche ? Il tente de mouvoir la droite, plus difficilement. Une chose le retient ? La main de la brune ? L’incertitude le rend perplexe. Il ne sait que faire d’une telle situation.

« Monsieur ne dort pas non. Et si vous pouviez éviter de me toucher pendant un moment. Hécate, tu as ta main dans la mienne ? Tu pourras me dire ce qu’il se passe aux alentours, ce qu’il y a et… Bref. Je pense que tu as compris.

Mais il n’avouera pas.
Pas tout, pas l’étendue des dégâts.

10h-12h

Je regarde Hécate qui venait de sortir de sa torpeur. Elle s'approche du blondinet en me répondant. Un malus ? Il a été ensorcelé ? Un frisson me parcours, par quoi ? Qu'est ce qui est venu pendant que j'étais dans mon souvenir ? La princesse grenouille évoque mon souvenir, me demandant si j'étais content d'en avoir eu un. Elle a pas du m'entendre tout à l'heure quand je l'ai pris dans mes bras... Je baisse ma tête, détourne mon regard. Fuyant, distant, honteux. << Je suis un méchant garçon... Papa était en colère après moi... Car j'ai fais une bétise... Et il y avait une dame qui ressemblait à la policière blonde... Je l’appelais Tata-Barbie. Papa était blond aussi. >>.

En parlant de blond, en voilà un qui semble se réveiller. Son regard était toujours vide et perdu. Il demande à Hécate de lui dire ce qu'il se passe aux alentours, il a des yeux, il sait pas s'en servir ou quoi ?! Ou alors... C'était ça le malus... Il a perdu sa vue... J'essaye un moment de m'imaginer un monde fait de noir, rien d'autre qu'une immense étendu ténébreuse. Un frisson me parcours, accompagné de compassion envers Candide. Comment fait-il pour rester aussi calme ? Un son en direction de l'étendu d'eau me parvient, je me souviens également que Candide avait mentionné quelque chose en rapport avec l'eau en revenant à lui. Je m'approche donc du bord, regardant l'horizon aquatique. Rose, il y a quelque chose de rose un peu plus loin. Mes yeux s'illuminent, un Créfollet ?! Un pokémon rare de la 4eme génération ?! T'es un fucking chanceux Superman ! T'as plus qu'a trouver une pokéball et le capturer ! Mais avant de le capturer, il faut l'affaiblir, c'est la loi de pokémon ! Je retourne dans l'eau, oubliant déjà le pseudo avertissement que m'avais donné mon souvenir, papa sera pas là pour me repêcher cette fois. << Hey toi, le pokémon ! Je suis ton dresseur, tu me dois obéissance ! >>. Je nage dans sa direction, si on peut appeler ça de la nage. J'ai l'impression de nager comme Sonic dans "Mario et Sonic aux JO", la nage du petit chien vaincra !

Un Crefollet sauvage vient d'apparaître. Go, Superman !
Superman attaque trempette, ça n'a aucun effet.

10h-12h

Tu marches, la tête baissée sur tes pieds, sur le sol. Tu n'as qu'une envie, c'est de sortir de cette fichue piscine, voir même de ce gymnase. Les expériences louches, c'était fini pour toi. Maintenant, tu voulais juste reprendre ce train et rentrer chez toi ! Quoique que tu ne sais même pas d'où tu viens. Bah, c'est qu'un détail après tout. Bizarrement, plus tu avances, plus tu sens qu'il y a quelque chose d'étrange. A chaque pas que tu fais, tu n'es plus sûre d'où te portera le suivant. Alors tu t'arrêtas. Et tu relevas les yeux. Woaw.
Le paysage défilait devant toi à une vitesse grand V, alors que tu ne bougeai même pas les jambes. Qu'est ce qui se passait encore ? Ou plutôt: Qu'allais-t-il se passer ? Une autre grenouille mutante allait te sauter dessus ? Autant faire une crise cardiaque tout de suite.
Tout s'arrêta sur la vision d'une grande étendue d'eau...Visiblement très proche. Trop proche ? Effectivement, étant donné que tu tombas dedans sans même avoir eu le temps de reprendre tout tes esprits.

L'eau glacée s'en chargea à ta place. Tu remontas à la surface et inspira une grande bouffée d'air. Tu étais plus réveillée que jamais. Tu avais pourtant eu ta dose d'eau pour l'instant, non ? Paniquée, tu regardas autour de toi. Heureusement, cette eau là n'avait pas une couleur fluorescente. C'était un lac apparemment. Aucune grenouille à l'horizon. Comment tu étais arrivée là exactement ? Bonne question, décidément la ville t'étonnait de plus en plus. Tu battais frénétiquement les jambes pour rester à la surface, le temps de savoir quoi faire. Tu devais regagner la berge... Lorsque des voix se firent entendre. Très basses, elles semblaient lointaines. Tu regardas alors autour de toi, et pus apercevoir au loin deux silhouettes. Peut être devrais-tu aller les rejoindre ? Moui, bonne idée. C'est pas comme si ils allaient te manger après tout. Surtout mouillée, beurk. Mais avant que tu n'ai pu faire le moindre battement, une autre voix se fit entendre, plus enfantine.

- Hey toi, le pokémon ! Je suis ton dresseur, tu me dois obéissance !

« Un Pokémon ? Où ça ? »

Tu tournas la tête, à la recherche d'une quelconque bestiole un peu bizarre, mais tu ne trouvas rien. Evidemment, Stargazer. Les Pokémon, c'est comme le Père Noël, les vampires, les loups-garous et le cerveau de Justin Bieber: Ça n'existe pas. Tu te retournas de nouveau en entendant le bruit de battements dans l'eau. Un petit garçon s'approche vers toi en nageant comme un petit chien sur le point de couler, l'air déterminé. Éclaboussée d'eau glacée par ses gestes, tu ne dis rien, car tu avais l'impression que ton cerveau avait un peu gelé. Puis, en le voyant, tu en déduis qu'en fait, ben c'était toi le Pokémon. Pas étonnant qu'il t'ai confondu, étant donné la couleur peu ordinaire de tes cheveux. Mais tout de même...Un Pokemon quoi ! Tu le regardas s'approcher, puis murmura, d'un ton monocorde:

-Je ne suis pas un pokemon, je m'appelle...Stargazer...Et toi, t'es qui ?

Étrangement, tu hésitais toujours avant de dire ton nom, ou plutôt ton surnom. Tu ne t'y étais sûrement pas habituée, mais bon, ça viendra un jour...Enfin, pas trop longtemps quand même, tu espérais bien vite retrouver tes souvenirs et, par conséquent, ton vrai nom.Tu regardas les deux silhouettes au loin. Tu comptais bien les rejoindre juste après, car ça t'étonnerait que cet enfant tienne bien longtemps dans l'eau, compte tenu de la nage qu'il avait adopté.

Le souvenir cesse sa course folle à travers la ville et se stabilise devant Stargazer. Enfin. Il flotte devant son nez et semble attendre qu'elle l'effleure.

Spoiler:

10h-12h
Pokémon et aventures aquatiques

La voix de Candide parvient à ses oreilles, la soulageant d’un poids. Au moins, il peut toujours parler. Au moins, il n’est pas mangé de l’intérieur par un des sortilèges de cette ville. Au moins, il est encore avec eux. Lorsqu’il évoque sa main dans la sienne, elle ne peut s’empêcher de rougir furieusement en se demandant ce qu’il lui a pris, avant de lâcher la main du blond.

- Pardon, coa, murmure-t-elle.

Que dire de plus, hein ? Elle ébouriffe les cheveux de Superman en l’entendant lui raconter son souvenir, sourit, compatissante :

- Ce n’est rien, ton papa t’aime beaucoup, j’en suis sûre, coa.

Quel père n’aimerait pas son enfant ? Quel père serait comme ça ? Elle ne peut pas l’imaginer. Elle se demande soudain comment étaient ses rapports avec son père à elle. Avec l’homme qu’elle a entrevu dans son souvenir.

Le gosse profite qu’elle a la bougeotte pour s’échapper vers le lac en criant quelque chose en rapport avec les pokémons, qu’elle ne comprend pas vraiment. Elle aperçoit alors, dans l’eau, une tâche rose. Qui se révèle rapidement être une fille. Une fille avec des cheveux roses ? Elle ne peut s’empêcher de lever un sourcil, sceptique. Son imagination lui jouerait-elle des tours ? Elle se tourne vers Candide un instant.

- Ne bouge pas surtout, je reviens, je dois récupérer Superman. Et il y a une fille. Coa.

Elle ne sait pas quoi lui dire de plus, et s’élance donc à la poursuite du gosse, se glissant une fois de plus dans l’eau, presque avec délectation. Être une femme grenouille, ça a parfois du bon. Dans cet élément aquatique, il lui semble que ses mouvements sont amples, fluides. Naturels. Elle n’a aucun mal à rattraper le petit garçon, qui nage vraiment n’importe comment, et le saisit par le col.

- Je t’ai déjà dit de ne pas faire ça, Superman, tu as déjà oublié ? Tu as oublié ce que t’as dit ton papa ?! Coa !

Elle ne peut s’empêcher d’être en colère, inquiète. Pourquoi n’est-il pas plus prudent ? Elle ne veut pas le perdre. Pas comme petit frère. Elle tire le garçon vers la rive, tout en gardant un œil sur la fille, qui nage relativement bien, de ce qu’elle peut voir. Sortir de l’eau, et on verra plus tard pour les présentations avec le « pokémon ».

Ca fait du remous à la surface. Ca piaille, ça discute, ça hurle. Que les journées sont longues. Coincée dans le fond du bassin qui lui paraît toujours trop petit, le serpent des profondeurs bouge sa queue bougeant au passage l’eau du lac. Les petits êtres dans l’eau seront sûrement bien remués mais qu’importe. Elle s’en fiche en fait. Et peut-être que le remous leur fera peur et qu'ils s’en iront. Alors avec plus de conviction et de force, elle fait des mouvements de droite à gauche provoquant de fortes vagues pour les humains dans l’eau.

« Isolé.

« Permanence. Retrouvailles. Noir, tout est noir. Le monde est noir, l’homme est noir. L’air est noir. Pollué, châtié. Tout n’est que brouillis, fouillis. Mais qu’importe, il n’en a que faire. Il n’en a cure. Car Candide ne voit plus, car Candide ne sent plus. Car Candide ne ressent plus. Candide n’est plus poupée, Candide n’est plus naïf. L’a-t-il seulement été un jour ? Mascarade, jeu de l’indéchiffrable. Candide renait, Candide s’éprend. Il se renouvelle, décide et s’invente. Il n’a besoin, besoin d’aimer, besoin de s’attacher. Il n’a besoin de rien, n’a besoin de ces surplus, de ces dires peinés. Oui, Candide n’éprouve plus rien. Vidé il se laisse aller, aller dans les profondeurs de son être. Il espère trouver, trouver trace de son passé. Qui est-il ? Que veut-il ? Où sont donc les réponses ? Où sont donc les tourments, les clés et les vérités ? Où est donc la justice, l’injustice ? Il plonge, plonge sans espoir, plonge sans rancœur. Plonge dans son monde.

Seul néant l’accueil.

« Le blond est là, il recule, tente de s’en aller. Se retient. Vif, il semble réfléchir. Son visage devient opaque, impénétrable. Candide ne joue plus. Il a quitté la partie. A choisi son camp, a choisi de ne pas aimer, de ne plus aimer, de ne pas s’attacher. Sa malédiction entrave sa liberté, alors il joue de ses émotions, les supprime. Devient le pantin convoité. Pantin fourbe et rebelle, stratège dissimulé et génie bafoué. Il instaure son règne et supprime la dynastie. Ses règles sont sa propre dépendance et il s’y lance. Alors il se retourne, encore. Se rapproche de l’eau, aux sons, aux hasards. Il entend le clapotis qui heurte ses pieds. Il entend la vie, mais ne la ressent plus.

Alors il attend. Attend que le temps passe, que les autres agissent.
Car au final, quoi qu’il fasse, Elle s’en contre fiche.
Et lui n’a que faire des autres.
Il n’avoue plus.
N’avoue rien.
Avance dans son silence, figé.

10h-12h

Hécate me rejoint rapidement, me sermonne. Je l'ignorais, jusqu'à ce qu'elle mentionne mon père. Je détourne mon regard, il aurait pas été content... Elle m’entraîne avec elle vers la rive, je la suis sans protester, au fond je tiens à elle, elle représente comme une grande soeur pour moi, c'est un peu ma maman de substitution dans cette ville. Soudain, des vagues géantes s'élève. Des vagues ? Dans un lac ? Je panique quand une d'elle s'écrase sur nous, m’entraînant sous l'eau. J'avale de l'eau sous la surprise avant de remonter à la surface en me débattant et en toussant un peu d'eau. << Hécate ! Je... J'ai peur... >>. Moment de faiblesse, le héro doit savoir demander de l'aide par moment, mettre sa fierté de côté. Je suis pas dans mon élément, j'ai du mal à nager, et dans une eau pareil, je pourrais pas.

Mon souvenir me revient en tête, quand papa m'a repêché de justesse. Mon visage se déforme sous la peur et la tristesse, je m'accroche à ma princesse grenouille comme si ma vie en dépendait, ce qui était un peu le cas. Hécate l'avait dit avant, ce n'est pas un jeu, alors si ce n'est pas un jeu, je vais vraiment... << Grande soeur... Je veux pas mourir noyé... >>. J'ai peur, je me sens comme un pokémon feu lâché en pleine mer, en territoire ennemi. Je m'agrippe à la brune, mon visage humide cachant mes larmes. Elles auraient pu passer inaperçu, si elles n'avaient pas été accompagnées de sanglots.

«Hyeeeeeeeek !!!! »

Ceci fut la réaction intérieure que tu eus en voyant de plus près la jeune fille. Quand à la réaction extérieure, ça ressemblait plus à un spasme qu'autre chose. Dur de reculer lorsqu'on est dans l'eau. Pourquoi ? Parcequ'elle avait certains attributs de grenouille. Grenouille. Et toi qui pensais en être débarassée ! Pourquoi est ce que ta phobie devait te suivre partout ? Tu te demandais ce que tu avais fait pour mériter ça.
Puis soudain, une vague. Mais une énorme vague, pas les petites houles innofensives. Tu te sentis jetée violemment dans l'eau sans comprendre ce qui t'arrivais. Tout ce que tu savais, c'était qu'il fallait remonter, là haut, à l'air libre. Alors tu remontas, et pris une grande inspiration. C'était normal, ça, alors que le lac était tout ce qu'il y avait de plus calme ? Et puis surtout...D'où venaient-elles ? Tu regardas autour et pu voir l'enfant paniquer. Tu avais envie de l'aider, mais tu te dis alors que la jeune fille lui serait sûrement plus utile, avec ses attributs amphibiens. Tu frissonas rien que d'y penser. Tu te retournas pour guetter d'autres vagues, qui arrivaient assez vite.

Puis tu relevas les yeux et pus la voir. Une petite boule lumineuse qui flottait à grande vitesse pour venir se stabiliser devant toi. Tu oublias tout ce qui se passait aux alentours. Allais-ty enfin retrouver un de tes souvenirs et une trace de ton passé ? Tu sentis une sensation d'excitation au fond de toi. Tu avanças la main et l'effleura, oubliant totalement les vagues et tout le reste.

10h-12h
Ciao.

Elle ouvre de grands yeux en voyant arriver les premiers remous. L’idée germe dans son esprit, lentement, qu’il ne devrait pas y avoir de vagues. Pas dans un lac. Sauf si… sauf si quelque chose les provoque. Elle essaye de voir quelque chose au milieu de l’agitation du liquide, mais le monde aquatique ne semble pas décidé à lui révéler ses secrets. Et l’inconnu qui guette fait grandir la peur dans son cœur.

Moment que choisit Superman pour se noyer à moitié, boire la tasse et tousser pour expulser l’eau de sa gorge. Elle le repêche par le col, et se rend bien vite compte qu’elle n’en a pas besoin, le gamin l’ayant agrippée comme une sangsue. << Grande sœur... Je veux pas mourir noyé... >> Les larmes dans les yeux du gamin la convainquent qu’il a vraiment vraiment peur. Finit le héros qui n’en faisait qu’à sa tête, il n’est plus qu’un gosse terrifié s’accrochant à ce qu’il peut. Elle le traine sur le rivage, défait la prise des petits bras méthodiquement.

- Là, ça va aller maintenant, lâche moi Superman, tu ne vas pas te noyer, reste calme. Coa.

Elle s’aperçoit à ce moment-là que Candide a les pieds dans l’eau. Et qu’il avance. Elle se précipite, le saisit par sa manche et le tire en arrière d’un geste brusque.

- Non ! Pas par-là ! Coa. Tu veux te noyer, toi aussi, c’est ça ?! Reste là ! Et la fille, la fille avec les cheveux roses, elle est où d’ailleurs, coa ?!

Ses yeux papillonnent de tous les côtés, jouent avec les vagues, les caressent, tentent de les transpercer. Elle finit par apercevoir la cible de ses recherches. A côté de laquelle flotte tranquillement un souvenir. Un souvenir ? Là maintenant tout de suite ? C’est pas le moment ! Elle voit la main de l’inconnue se lever en direction de la lumière. Elle ne va pas…

- Nooooooooooon ! Ne fais pas ça ! Coa ! Ne le…

… touche pas, n’a-t-elle pas le temps d’ajouter, que déjà la demoiselle plonge dans le fragment de mémoire. Et qui dit souvenir dit absence. Un souvenir au milieu de l’eau ! Quelle idiote accepterait ce genre de chose ?! Sans plus y penser, elle se jette à l’eau, nageant en direction du corps balloté par les vagues. Elle se rend à peine compte de la facilité qu’elle a dans chacun de ses mouvements, de la fluidité du liquide autour d’elle, de la sensation de bien-être qui l’envahit. Dans sa tête, il n’y a plus rien que cette fille assez stupide pour accepter de se noyer pour un souvenir.

Elle atteint sans peine miss cheveux roses, passe un bras autour de sa taille, avant de commencer à la tracter vers le rivage. Elle songe que le corps est vraiment un poids plume. Depuis quand est-elle dans la ville, cette pauvre petite, qui a l’air si jeune ? Depuis quand n’a-t-elle pas mangé ? Le corps lui semble si fin, sous le tissu humide du vêtement…

Lorsque finalement elle peut allonger la fille sur la rive, elle pousse un soupir de soulagement, douce sensation qui est très vite remplacée par une sourde colère qui lui vrille les entrailles avec violence.

- Bande d’idiots inconscients ! Vous voulez mourir plus tôt, c’est ça ? Vous n’avez pas envie d’attendre la fin de votre compteur ?! Alors ne faites pas ça devant moi ! Et puis merde, coa ! Battez-vous pour vivre ! Coa !

Elle se force à reprendre sa respiration le plus lentement possible, mais la rage ne décroit pas.

- Toi, Superman, je venais de te dire de ne pas aller dans l’eau comme ça, et tu y retourne ? Tu n’as donc toujours pas compris ?! Coa ! Ton père ne serait pas fier de toi, vraiment pas fier ! Coa !

Elle se sentirait presque coupable de passer ses nerfs ainsi sur le petit garçon, sur un être sensé être innocent. Mais qui est vraiment innocent dans cette ville ? Elle se tourne ensuite vers Candide, le dévisage de la tête aux pieds avec amertume, même si sans sa vue, il ne pourra de toute façon pas s’en rendre compte.

- Toi, Candide, je pensais que tu avais un minimum de jugeote. Coa. Pourquoi tu ne m’as pas attendu ? Je t’aurais guidé ! Au lieu de ça, tu vas droit dans l’eau ! C’est quoi votre problème à tous, coa ?! Tu veux faire cavalier seul ? Alors il suffit de le dire, coa ! Mais dans ce cas, j’arrêterai de m’inquiéter pour toi, ça me fera une chose en moins ! Coa !

Son regard finit par s’arrêter sur la forme allongée sur le sol, nimbée de rose, dont les vêtements trempés collent au corps.

- Quand à cette fille… elle est totalement inconsciente, ou totalement stupide, au choix ! Et je ne peux pas tous vous surveiller, coa !

Oui, la rage bouillonne en elle, sans qu’elle puisse l’arrêter. Elle est fatiguée, elle n’a pas dormit depuis tellement longtemps, ses nerfs lui semblent à fleur de peau, et le vase menace de déborder à chaque instant, l’emportant une fois de plus dans une douce folie. Elle veut se retrouver quelque part, en sécurité, à un endroit où elle pourra fermer les yeux et sombrer dans l’inconscient. Peut-être quelque part avec Novembre. Elle se demande s’il va bien, s’il s’inquiète pour elle en cet instant. Finit par tourner les talons, pour s’éloigner du lac.

- Vous savez quoi ? Je peux me débrouiller toute seule ! Coa. Superman… si tu restes avec moi, c’est sans faire de bêtises ! Parce que je ne pourrai pas toujours être derrière toi ! Je ne pourrai pas toujours t’aider, coa !

Oui, comme elle n’a pas su aider petit frère quand il en avait le plus besoin… Elle serre les poings, les larmes aux yeux en se remémorant son souvenir. Elle ne peut s'empêcher de murmurer, comme pour elle-même, à voix basse, en une suite de coassements pathétiques :

- S'il-vous-plait... Quelqu'un...Coa.... Je n'en peux plus... Pitié... Je ne veux pas.... coa...être une grenouille...coa...

HJ:

Et tout doucement, le souvenir s'intègre à la mémoire de Stargazer, tandis que 2 heures viennent remplir un peu plus son compteur...

Stargazer:

Elle entend sa supplique. Elle veut de l’aide ? Sa voix s’introduit dans l’esprit d’Hécate. Elle demande, doucereuse. Veux-tu que je t’aide ? Que m’offres-tu en échange ?

« I now walk.

«Il écoute. Ecoute sans voir, sans sentir, sans envie. Automatisme, politesse qui lui colle à la peau. Il ne voit pas qu’elle l’agripe, qu’elle s’énerve. Mais au final, pourquoi s’énerve-t-elle ? Il n’est inconscient. Il a arrêté de marcher, arrêté son avancée. Le bruit défini tout. Mais elle, elle n’a pas vu, elle n’a pas su. Alors elle l’a tiré, l’a forcé. Elle s’est énervée. Mais qu’importe, il n’en a que faire. Il n’est pas si haut, pas si bas. Juste indifférent. Alors il la laisse partir, les laisse partir. Car au final, qu’importe ? Au final, il ne reste rien. Car au final, le temps passe, les vies défilent, l’oubli s’instale. Car au final, rien n’est important, rien ne tient. Oui, là est le problème, là est l’dée. Là est sa philosophie.

« C’est l’instinct qui, pressentant la menace d’une perte si immense et si irrévocable, fait que l’esprit se rebelle quand il en prend la mesure.

« Il prononce, récite, indifférent. Après tout, à présent vidé, il n’éprouve plus. La citation sort, s’éprend et meurt. Rien ne change. Tous sont partis, tous ont laissé. Tous. Un tous qui au final n’est important. Mais qu’en dire ? Rien. Juste reste son corps, juste reste le songe. Alors il laisse échapper un filet de mots tiré d’on ne sait quel livre, quel film ou témoignage. Vide, il est vide, contemple le vide, vie le vide et s’éprend de ce même vide. Tout est vide, son cœur est vide, son âme est vide, et jamais il ne se lassera de ce même vide. Car le vide n’a de limites, car le vide n’est rien. Un rien apte à le comprendre, car le vide n’attend rien. Ne veut rien et ne représente rien. Le vide s’exprime donc au travers de Candide.

« En vie ?

« Simple sourire, simlpe ton. Sympathie liberale de l’homme incolore ne cherchant le lendemain. Il fixe la demioselle de son regad vide, se fiant au bruit. Respiration, mouvement. Son. Alors il demande. Car seul, dans son noir, dans son néant, il se sent renaitre. Il se sent lui, lui-même, et n’a alors plus de frontières . Alors il peut, peut s’exprimer librement. Peut esperer s’attacher.

Ne serait-ce qu’une fois.
Une seule fois.

Tu t'éveillas doucement de ta torpeur.

Tu avais la douce impression de sortir d'un rêve, certes l'amertume face à ses deux garçons te restait en travers de la gorge. Mais une certaine curiosité commençait à pointer le bout de son nez. Qui était-ils exactement ? Et surtout, qui étais-tu donc ? Tu le sauras surement un jour.
Tu sursautas lorsque tu te souvenus que tu avais touché ce souvenir en plein milieu des vagues, aveuglée par l'excitation. Mais quelle idiote, je vous jure.Tu t'attendais à recevoir de l'eau en pleine face, mais tout ce que tu remuais avec tes jambes était de la terre. Tu étais sur la rive ?
Tu te redressas et regarda autour de toi. L'enfant et la...Euh...Mademoiselle Grenouille n'étaient plus là. D'un côté, ça te rassurait un peu. Tu n'aurais pas garanti de pouvoir garder ton calme face à mademoiselle Grenouille. Phobie plus traumatisme récent égal rien de bon.
Puis ce fut au tour de ton cerveau de se réveiller, en te faisant rappeler cela: «Ils étaient trois, non ? »

- En vie ?

Tu sursautas presque. Tu te retournas et vis alors le troisième que le petit et Mademoiselle Grenouille avaient apparemment laissé derrière. Un jeune homme aux cheveux blonds et au regard inexpressif. «Comme le mien...» pensas-tu au début, petite simplette que tu es. Mais ses yeux à lui semblent comme perdus, incapables de voir. Comment le deviner ? Il fixe ton épaule depuis tout à l'heure, alors qu'il n'y à rien dessus. Et pourtant il à l'air sur de lui. Aveugle ? Peut être. Mais dans ce cas-là, c'était plutôt horrible de la part des deux autres de l'avoir laissé seul, comme ça. Enfin. Seul. Non, tu étais là, mais bon, hein,voilà quoi. Magnifique argument Star', décidément ta cellule grise m'étonnera toujours.

Tu décidas alors de lui répondre, parce que bon, t'allais quand même pas le laisser en plan comme ça, attendant une réponse d'une fille idiote un peu perturbée par son souvenir. Tu le regardas de haut en bas, puis murmura de ta petite voix:

-Oui... Ils t'ont laissés là ? ...Le petit garçon et la mademoi...Euh...La femme...

Encore un peu et tu gaffais, tiens. Ce serait pas la première fois après tout. Mais bon, ce garçon t'inspirait à première vue une certaine sympathie, alors autant essayer de ne pas te ridiculiser dès le début.

« N’être dicté que par l’inconnu. Se contenter du méconnu.

« Bruit de respiration, silence qui se pèse. Réflexions et regards vides. Elle s’adresse au blond. Blond qui écoute, apprend. Reconnaît le son. Sans doute a-t-il déjà commencé à muter. Sans doute son esprit déjà se développe au delà des capacités humaines. Sans doute devient-il génie. A moins qu’il ne l’eut déjà été dans le passé. M’ont-ils laissé ? La question stagne, en suspens. Qu’en dire. Sans attaches, leur départ représente-t-il quelque chose pour moi ? Non, il ne pense pas. Après tout, Candide n’est pas épris, et ne l’est toujours pas. Inflexible il ne se prétend, se contentant d’une banalité hors normes. D’un hors limite sans frontières. Le néant qui l’oppresse le libère. Enfin lui. Enfin lié dans une cage sans barrières. Il ferme les yeux, passe sa main dans cheveux. Cheveux qu’il ne sent pas. Muscles qu’il ne ressent plus. L’exemple même de l’inexpressif. De l’insensé, de l’insensible. De Candide. Un Candide qui jamais n’a ressenti et qui n’espère pas ressentir un jour. Un Candide sans désirs. Un Candide sans buts et sans idées. Un Candide à la pensée volée. Un Candide égaré par sa propre volonté.

« Ce n’est pas comme si nous étions proches.

« Et comme si j’étais le moindre du monde touché par ce départ. Mais il ne rajoute rien. Une dépendance qui le tue. Mais il l’ignore, la domine. Après tout, l’on est dépendant qu’une fois la guerre perdue. Et pourtant. Dépendre de cette fille, qu’il imagine plus petite que lui, au yeux grands yeux lasses et sans réelles envies ne lui déplait pas. Après tout, quand l’on a plus rien, quand l’on ne veut plus rien. L’on finit par s’accrocher. Ne serait-ce qu’une fois. A une personne.

« Tu resterais avec moi ? Comment dire, disons que la ville m’a… Quelque peu marqué ? Enfin. Tu vois.

Vois pour moi. Vis pour moi. J’éprouverai pour nous deux.

-Ce n’est pas comme si nous étions proches.

Tu levas les yeux. Même s'ils n'étaient pas proches, il faudrait être sans-cœur pour laisser quelqu'un qui a perdu ses sens tout seul. Décidément, on ne pouvait pas dire qu'il aie vraiment eu de chance. Surtout que tu étais là. Comment une complète idiote pouvait elle aider quelqu'un ? Tu ne ferais qu'empirer les choses. Tu ne sais plus quoi dire, devenue muette comme une carpe. Dans ta tête, la compassion, la pitié et la sympathie se disputaient violemment, sans pouvoir se mettre d'accord. Que faire ? Que dire ? Aucune idée, tu étais perdue. Tu optas donc pour le silence, tout en le regardant. Autant dire que le fait qu'il ne puisse pas te distinguer t'arrangeait un peu, tu évites ainsi les remarques autant répétitives que désagréables sur la couleur de tes cheveux. Tu n'y étais pour rien après tout, pas vrai ?

-Tu resterais avec moi ? Comment dire, disons que la ville m’a… Quelque peu marqué ? Enfin. Tu vois.

Tu relevas les yeux qui s'étaient instinctivement posés sur le sol. «C'est la ville qui l'a mis dans cet état ? » pensas-tu. Décidément, cet endroit était encore plus tordu et dangereux que tu ne le pensais. Qu'avais-t-il donc fait pour mériter la cécité ? Une chose horrible ? Il n'avait pas l'air très méchant pourtant. Enfin bon, ça c'était tes petits préjugés de simplette, tu ne le connais pas si bien que ça après tout. Et pourtant tu pouvais sentir que c'était quelqu'un de bien, malgré tout. Tu hésitas un instant sur sa proposition. L'accompagner ? Le pourrait-tu vraiment, vu comme tu es douée ? Mais si tu refusais, alors il se retrouverait vraiment tout seul, et tu deviendrais le monstre de l'histoire. Il vaut mieux une idiote que personne, pas vrai ? De plus, toi aussi tu avais de moins en moins envie de rester seule, maintenant que tu savais de quoi cette ville était capable. Tu pris une petite inspiration et répondit:

-Je vois...Oui, bien sûr...

Tu lui tendis la main et continua.

-...Je m'appelle Stargazer...Et toi ?

Puis tu réfléchis un instant et hésita à enlever ta main. Il ne pouvait pas la voir, non ? C'était encore un geste débile que tu faisais là, Star'. Et pourtant, tu ne l'enlevas pas. «Pas grave, c'est juste pour le geste. » pensas-tu.

« Distorsion.

« Le temps liquide. As-tu déjà entendu parler du temps liquide ? La question lui revient. Est-elle de lui, ou d’un autre, d’une autre ? A vrai dire, il ne sait pas. Ne garde que la culture. Ne garde que l’important. Privé de tous sens, laissé et échoué, il sent le monde se retourner et se transformer à son approche. Le temps liquide, c’est… Quelque chose qui lui échappe, visiblement. Mais qu’importe, dans ce noir rassurant, dans ce néant profond il se plait. N’a d’autres choix. Une solitude entourée, des idées calmées. Il développe ses sens, s’éprend de souvenirs brefs mais présents. Et par dessus tout. Il n’a plus à jouer la comédie. Une comédie qui lui colle à la peau. Les rôles deviennent notre. L’on apprend à être le personnage. L’on est le personnage. Il est nous, voici le véritable acteur. Un acteur multiple aux facettes différentes. Il se défend. Car c’est bien sa voix, sa pensée. A qui peut-il bien l’expliquer ? A moins que ce ne soit celle d’une autre. Pourtant, il les possède, ces termes. Car tu es le meilleur acteur. Le plus menteur. Des frissons le long de son dos. Il frémit, réprime l’accusation tout en l’acceptant. Après tout, il le sait très bien. Tu es la facette, les facettes. Tu es tout, et au final, tu es perdu toi même. Candide réfléchit. Après tout, ces voix n’ont pas que raison. Il sait, sait qu’il est. Le vent. Son sang ne fait qu’un tour, indélébile, il écoute la voix de… Stargazer. Sois mon étoile, Star. Sois celle qui me guidera. La lumière qui m’aidera. Est-il dans un rôle ? Joue-t-il au Dom Juan ? Ou au final, possède-t-il le rôle ? Est-ce une partie de lui ? Franchise.

« Je suis Candide. Bien que le mot en lui même ne m’aille pas vraiment.

« Pas mécanisme, le blond tend la main. Sans s’en rendre compte, il effleure celle de la brune. Puis il réalise, réalise qu’il ne sent pas, au final. Il hausse les épaules, après tout. Après tout qu’importe. Elle restera avec moi. Sa voix n’est pas motivée, sans doute prend-elle ca pour une corvée. Sans doute ne veut-elle pas avoir de remords. Sans doute a-t-elle pitié. C’est ce qu’il lui faut. Il n’a pas besoin d’être aimé. Car lui même ne sait pas s’attacher. Tout sauf la pitié. Il se mord la lèvre, esquisse un vague sourire pour l’intéressée. Sous tout pour moi. Je serai le cœur, aussi froid et distant soit-il. Apprends moi, réapprends moi le monde… Pour que j’apprenne à aimer. Car au final, telle est la raison. Je suis lassé. Je ne veux plus, ne peux plus. Rien plus ne m’intéresse. Je suis lâché. Alors j’aime. J’aime sans aimer. Apprends moi. Apprends moi les couleurs, les senteurs. Apprends moi ta beauté. Car si la beauté d’un seul homme le touche, alors tout lui ira. Alors il sera prêt. Alors il pourra. Il y croit.

« Je ne suis pas qu’aveugle. J’ai aussi perdu la capacité à sentir quoi que ce soit. Que ce soit l’odeur des fleurs… Comme le mur contre moi. Il ne me reste plus que l’ouïe et la parole, maintenant. Juste pour te dire. Je crois que tu as… Bref. Une certaine responsabilité. Mais ne t’en fais pas, je ferai en sorte que nous nous aidions à deux.

Sens. J’éprouve. Apprends, j’irai. Juste pour cette fois. Juste pour toi.

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Un jour je marcherais sur l'eau ~

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