Lorsque le manque d’air commence à se faire sentir, c’est la panique. Et heureusement que personne n’est là pour le voir paniquer. Parce que pour le coup, sa perfection prendrait cher. Très cher. Ses mouvements, jusqu’ici assez ordonnés, deviennent fouillis. Ses yeux s’écarquillent, il sent ses poumons brûler. Son corps tout entier hurle pour de l’air. Pour la base de la vie. Et un instant, il croit que c’est la fin. La fin de lui. La fin de tout.
Et puis il y a cette lumière. La lumière au bout du tunnel. C’est fou comme cette expression sonne bien. Alors il se débat de toutes ses forces, luttant avec l’ennemi liquide. Comme un petit chien. Pitoyable. Personne ne te voit, oublie ça. Nage et tais-toi ! Oui, le seul qui puisse lui donner des ordres, c’est lui-même.
La goulée d’air qu’il avale en émergeant est aussi brûlante que le manque d’air, et il suffoque, manque de s’étouffer avec cet apport soudain. La vie ! Je vis !
Une vague vient le gifler violemment, douchant son enthousiasme. Il crachote un peu d’eau, bat des pieds pour se maintenir à la surface. Il cherche des yeux le blond et sa faiblesse au milieu de ces vagues de merde qui lui bouchent la vue. Tant de faiblesse, ça se voit de loin, forcément !
Il l’aperçoit. Un peu plus loin. Un peu trop loin. Et soudain, soudain, alors qu’il repense par flashs à la scène à laquelle il a assisté, le détail qui le chiffonnait lui revient. Tout s’éclaire. Et il tient un moyen. Un moyen pour ne pas que ce type l’abandonne dans les vagues, seul. « Mec ! ». Une vague lui fait boire la tasse, et il remonte de nouveau à l’air libre. « Mec, je sais où est ton pote ! Je sais où il est ! ». Pourquoi n’a-t-il pas reconnu avant la crypte où ils ont trainé plus tôt ? Le paradis de l’araignée. Super, vraiment super.
Surtout, ne pas dire à son potentiel maitre-nageur-sauveteur que son pote est sans doute mort à l’heure qu’il est.
Surtout pas.