La Terre est bleue comme une orange.

10/12 heures.

Shiver faisait les cent pas dans la Gare. Il était inutile de dire qu'il en avait assez de stagner ici, dans cette Gare. Il était certain que Dame était loin, trop loin de lui d'ailleurs. Même s'il avait du mal avec les sentiments, et encore plus quand ceux-ci concernaient la femme brune, il savait une chose, c'est qu'il n'aimait pas la savoir loin de lui.
Personne n'était en sécurité ici.

Il secoua la tête, il n'avait pas prêté attention aux paroles de Saumon, trop préoccupé par ses pensées.

« On bouge. »

Saumon lui aurait fait remarquer son économie de mot, son caractère distant et autoritaire si le ton employé n'avait pas été aussi sec, un ton qui ne réclamait aucune contestation. Tu te la fermes et tu me suis aurait été tout aussi efficace, mais il y avait trop de mots dans la phrase pour que Shiver puisse la prononcer. Être clair, aller à l'essentiel. Il ne dérogerait jamais à cette règle.
Il quitta sans attendre la Gare, se retournant par moment pour vérifier que l'excentrique n'était pas à la traîne, enfin, pas trop à la traîne. En effet, le glaçon avait un pas rapide, fluide. Presque félin, il se glissait sur le trottoir, aux aguets. Il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre que la Ville entière possédait le même paysage désolant. Vide de société. Shiver fronça les sourcils, s'engouffrant dans l'artère principale des rues. Ils arrivèrent alors dans une grande rue de pavés, bordée de maison. Il s'arrêta, et se retourna vers Saumon. Tout compte fait, il arrivait à garder le rythme celui là. Un surfeur, un sportif quoi. Ce n'était pas étonnant.

« Mec, je crois qu'on s'est perdu. »

Quelle perspicacité ! Les maisons s'étalant à perte de vue, aucun signe de vie, une ville qui lui était inconnue. Franchement, Shiver avait le don de s'épater, lui-même.

L'homme-frigidaire l'avait, une fois de plus, ignoré, mais l'aimable Saumon ne s'en occupa point. Il se contenta d'un acquiescement d'un hochement de tête énergique, à la limite de se péter les cervicales. C'est Shampoing qui demande le nom de la cousine, mais en fait, il en a rien à faire. Saumon tira sa cousine par le bras et la remonta sur son dos. Ce n'était pas avec ses petites jambes qu'elle arriverait à suivre leur rythme des deux grands gaillards qu'ils étaient.

A l'inverse de Shiver dont les gestes semblaient réglés comme sur du papier à musique, Saumon allait à l'instinct, sautillant presque sur place. Il ne courrait pas, mais il arrivait néanmoins à aller très vite sans se fatiguer. Il se tenait à quelques mètres de Shiver, parce qu'à être trop prêt, il avait peur de se prendre un baffe. Mais cela ne l'empêchait pas de pousser la chansonnette. Sa bonne humeur DEVAIT sortir.

▬ Poisson, Poisson ♪ Tu voyages dans une ville déserte, accompagné par ton preux chevalier glacé ♫ Paar delà les montagnes et les rivières, tu pars en guerre pour tes souvenirs ! Mmh Mmh Mmmh ♫ Poisson, petit Poisson ♪

Il chantonnait, inventant les paroles à chaque pas. Finalement, il entendit la voix de Shiver à nouveau - bon dieu ce qu'il ne coûtait pas cher en doublage - et avant de percuter qu'il s'était arrêter, ben... il le percuta.

▬ Oh punaise, t'arrêtes pas comme ça ! Chais pas, fait du bruit pour dire que tu t'arrêtes, t'es plus silencieux qu'un paresseux quoi... Même si tu vas quand même plus vite.

Saumon jeta un coup d’œil rapide. Perdu ? C'était ce qu'ils étaient de base non ? Pas comme s'ils savaient où ils étaient.

▬ Hey, j'ai la berlue ou les baraques, elles se ressemblent toutes ? Dans une vague de folie, leur vue se brouille et les voilà en plein délire ♫

C'est qu'il y tenait, à sa chanson. Le tube de l'été. Manquait plus qu'une planche et la plaaage.

Spoiler:

▬ Oh punaise, t'arrêtes pas comme ça ! Chais pas, fait du bruit pour dire que tu t'arrêtes, t'es plus silencieux qu'un paresseux quoi... Même si tu vas quand même plus vite.

Il avait failli se casser la gueule et le poisson OSAIT LUI DIRE CA ?! Au bord de la crise de nerfs, le glaçon essaya de régler sa respiration. Déjà stressé par les événements, Saumon n'arrangeait rien.
Puis s'il devait y avoir un paresseux entre les deux, ce ne serait aucunement Shiver, il avait trop la classe pour ça. Puis un paresseux, c'est un animal des tropiques. Et qui était habillé en short hein ? Il sourit. Son débat mental l'amusait, et avait eu le don de le calmer, du moins, de le calmer un peu.

« Ouais, je klaxonnerais, j'allumerais les feux de détresse tout en sortant mon triangle pour dire que j'm'arrête, bien sûr. »

Il releva la tête et fixa Saumon, il n'avait pas remarqué que la jeune fille se tenait sur son dos, avachie. Oscillant entre le sac à patate et le bébé chimpanzé, il y avait de quoi rire, tout de même.

▬ Hey, j'ai la berlue ou les baraques, elles se ressemblent toutes ? Dans une vague de folie, leur vue se brouille et les voilà en plein délire ♫

Il était à deux doigts de le frapper, vraiment. Avec sa chanson débile, c'était pitoyable.

« Tu vas te la fermer ... Poil au nez. »

Il le fusilla du regard, lui faisant comprendre qu'au niveau des rimes, lui aussi était une bête. Il pouvait se fighter quand Poisson le désirait, Shiver était un boss. La Chansonnette de Saumon semblait bien pitoyable face à la phrase qu'avait sorti le glaçon. Et ouais, c'est ça le talent mec.
Shiver s'éloigna de quelques pas et s'adossa contre une des maisons.

« Bon, on fait quoi maintenant ? »

Non, ils n'allaient pas reprendre la chorégraphie de la Macarena, ils n'allaient pas non plus chanter Un lundi au soleil.

Quand Shampoing souriait ça donnait toujours l'impression qu'il prenait son pieds en torturant quelqu'un. Ou un truc dans le genre. Enfin un truc genre pas net quoi. A chaque fois, Saumon fronçait les sourcils d'un air suspicieux. Parce qu'il voulait savoir ce qu'il se passait dans la tête de son ami.

Et puis vint le coup de grâce :

« Tu vas te la fermer ... Poil au nez. »

Ceci était du meurtre. VRAIMENT. Shampoing venait de détruire l'équilibre de l'humour. C'est juste... mauvais. Il pouvait le regarder avec un regard de tueur, c'était mort, Saumon ne lui pardonnerais jamais une telle audace et un humour aussiiii pourri. Il était clément, mais quand même là fallait pas pousser ~~Bigoudi~~ mamie dans les orties. Et ça ne servait à rien de se la jouer BG en s'adossant sur un mur d'une façon dark. Il ne s'en sortirais pas comme ça. Ca t'énerve que je chante, et ben je vais pas me priver ! Bien sûr, il n'y avait pas de mauvaises intentions, tout était un jeu pour Saumon.

▬ Je ne sais paaaas. Qui suis-je où, où suis-je, j'ignore de le savoir ♪S'il n'avait pas eu Raiponce sur le dos, il aurait même dansé pour Shampoing. Nan sérieux, tu poses toujours ce genre de questions mais j'en sais rien hein. Enfin, on a qu'à aller faire un tour dans une baraque. Chais pas, y aura peut-être de la bouffe, et puis des gens aussi pourquoi pas.

Dame, la vioque, la cousine. Ils n'étaient pas seuls dans cet endroit. N'y avait-il pas un moyen pour eux de trouver des gens qui en savaient un peu plus ? Et pourquoi pas Jaden, comme l'avait dit la cousine ?

▬ T'sais, je trouve ça bizarre. S'il y a des gens qu'on connaît dans ce bled, c'est peut-être pas un hasard. Peut-être qu'on ferait bien de les retrouver, ceux qu'on connaît. Si jamais ils peuvent compléter nos souvenirs, on saura peut être pourquoi on est là non ?

Tic tac, tic tac, font les aiguilles qui tournent vite, trop vite. Et les trois personnages passent en tranche 12h-14h.

La Terre est bleue comme une orange. 2084913611

12 - 14 h

Encore sur le dos de Crevette rose, endormie, je me sentais bercée par la marche rapide et joyeuse de mon cousin qui chantonnait gaiement. Ça, c'était vraiment super ! Ça m'était de bonne humeur, et j'aimais plutôt bien, encore dans le gaz avec une bouille de bébé endormi, ce fut Edward qui me réveilla.

« Tu vas te la fermer ... Poil au nez.»
« POUAHAHAHAHA ! »

Bonjour je suis Raiponce et je me fais réveiller par une rime pauvre en soi !
J'avais eu un fou rire sur le dos de Poisson, et je m'étais retenue d'hurler un « C'ÉTAIT TELLEMENT NUUUUUL ! », j'avais juste un peu peur qu'il me refoute un coup de pression avec son flingue. Si ça se trouve c'était un faux. Enfin, vu le regard de Draculla, valait mieux éviter. Poisson se mit à danser en chantant, puis à émettre une supposition intelligente ! Moi ce qui m'inquiétait, c'était cet endroit. Pauvre en couleur. Triste. Il n'y avait aucune joie dans les environs, et heureusement que la couleur du ciel donnait du peps à cette ville macabre. On se croirait dans une ville fantôme.

« Moi j'aimerais bien savoir pourquoi il n'y a… Personne aux alentours, enfin je veux dire, des personnes qui connaissent cette ville ! … C'est vraiment étrange, c'est… Surréaliste ! »

Y avait eu deux voix. Celle qui avait parlé, prudente, et celle qui avait hurlé dans ma tête en mode « WAOUH TROP SWAG YOLO 2013 TMTC ! » Les trucs étranges semblaient être mon baba, enfin, dans le sens où ça reste mystérieux toussa ! Je savais que je ne devais pas confondre réalité et fantastique, mais tout dans cette ville me disait de ne pas me laisser avoir par les apparences. Un instinct de ninja, sans doute. Well, this is the case to say… Bon, on entrait ou pas ?

« Si ça se trouve, y aura des cookies. » Mode morfale activé, et dit sur un ton des plus diplomate, moreover.

▬ Nan sérieux, tu poses toujours ce genre de questions mais j'en sais rien hein. Enfin, on a qu'à aller faire un tour dans une baraque. Chais pas, y aura peut-être de la bouffe, et puis des gens aussi pourquoi pas.

Oui, il posait toujours ce genre de questions. Dérangeantes, il mettait le doigt sur ce qui clochait, et ça ne plaisait pas à tout le monde. Sur le dos du Poisson, la Princesse s'égosillait avec des phrases incompréhensibles. Et Shiver ne l'écoutait pas, dans ces situations, la présence d'une gamine n'avait rien d'utile. C'était un désavantage d'ailleurs, elle cassait le silence ambiant pour des bêtises.
Shiver soupira, il avait tout d'abord était amusé par la scène, mais là, il était blasé.

▬ T'sais, je trouve ça bizarre. S'il y a des gens qu'on connaît dans ce bled, c'est peut-être pas un hasard. Peut-être qu'on ferait bien de les retrouver, ceux qu'on connaît. Si jamais ils peuvent compléter nos souvenirs, on saura peut être pourquoi on est là non ?

Il s'approcha d'une des maisons tout en réfléchissant. Ce n'était pas aussi simple. Il était certain de ne pas connaître Saumon, ils n'étaient pas liés par le passé. Pourtant quelque chose devait bien les rassembler non ? Ils n'étaient pas là par hasard. Le jeune homme ne croyait pas au hasard, il devait sans doute y avoir autre chose.
Mais Saumon avait raison, ils devaient retrouver des personnes qu'ils connaissaient avant. Pensée qui l'amena tout de suite à Dame. Seule personne connue dans son passé.

« Si ça se trouve, y aura des cookies. »

Il laissa échapper de nouveau un soupir, ils étaient pathétiques.
Il ouvrit la porte d'une des maisons, qui ne montra étonnamment aucune résistance. Sans attendre, Shiver pénétra dans la bâtisse de pierre. Il se retourna, il en aurait presque oublié les recommandations habituelles :

« Évitez d'ouvrir vos gueules, on n'est pas chez nous ici. »

Cousine gigotait sur son dos. Le pauvre poisson avait bien du mal à tenir sur ses deux nageoires si la petite princesse continuait à lui donner des coups de pieds dans les côtes. Elle ne le ménageait pas, et Shampoing aussi. Ils abusaient quand même. Pas capable de s'entendre tous les deux, mais pour ce qui était de lui casser les pieds, ils étaient les rois.

« Moi j'aimerais bien savoir pourquoi il n'y a… Personne aux alentours, enfin je veux dire, des personnes qui connaissent cette ville ! … C'est vraiment étrange, c'est… Surréaliste ! »
▬ Non non, c'est très normal en fait. Suffit de voir son état, y a plus personnes depuis longtemps si tu veux mon avis. Et s'il en reste, crois-moi vaudrait mieux pas les croiser... Las de manger dans les côtes, Saumon fit glisser la jeune fille de son dos et massa ses épaules ankylosées. Mais c'est sûr qu'on nage en plein délire. C'est un peu genre un océan... Mais sans vague. Y a un truc qui manque à c'te ville.

Il ne s'éternisa pas plus sur des explications, ce n'était pas son truc. Non. Trop de mots, il préférait l'action. La vrai. Celle qui allait avec Shampoing. Gel Douche qui leur avait une nouvelle fois faussé compagnie. En deux enjambées, Saumon avait passé le seuil de la maison. Juste assez vite pour entendre la remarque paternelle de Shiver.

« Évitez d'ouvrir vos gueules, on n'est pas chez nous ici. »
▬ Hoya Hoya, t'as raison... Saumon porta ses mains à sa bouche et cria distinctement. Hoooy ! Excusez-nous pour l'intrusion ! Puis il se tourna vers Shiver, le sourire niais : Comme ça c'est réglé !

N'attendant pas de réaction, il s'engouffra dans la maison et arriva dans une sorte de salon. Probablement. Mais c'était assez étrange. Poussiéreux et ... végéteux.

▬ Ouaaah. C'est délabré, mais c'est super joli ! T'as vu, la mousse et les fleurs, on dirait... Un décor de film. J'ai l'impression d'être un héros de film d'aventure, découvrant une citée millénaire dévorée par l'herbe... Sauf que c'est pas millénaire comme décor. En fait.

Fail référence.

« Non non, c'est très normal en fait. Suffit de voir son état, y a plus personnes depuis longtemps si tu veux mon avis. Et s'il en reste, crois-moi vaudrait mieux pas les croiser... »

Vu comme ça, c'est sûr… Mais il fallait tout de même s'y confronter, à ces gens ! Sinon, comment ferons-nous pour comprendre un tant soit peu ? Je retournai ma tête vers Shiver qui avait soupiré, comme las - de mes conneries ? Mais euh… Debout sur mes jambes, je rejoignis Shiver qui nous avait demandé de nous taire avec un vocabulaire des plus, euh, comment dire ça… Soigné ? Sentez le sarcasme.

Saumon se mit à s'écrier notre soudaine intrusion, et moi j'entrai en trottinant paisiblement, limite entrain de lâcher des « la la la » mélodiques et joyeux. Je touchai du bout du doigt la mousse de la plante, bien que la maison soit en elle-même vieille et délaissée. La végétation trouvait son bonheur en grandissant dans le foyer délabré.

« Eh beh. »

Reste à voir ce qu'on allait pouvoir trouver, ici.

Il fronça les sourcils, vraiment, le Poisson méritait un poing dans sa gueule. Mais Shiver se la ferma, restant sur le pas de la porte, les bras croisés. Le respect, Saumon connaissait ? Il fallait croire que non. Le comportement adopté par l'excentrique était encore plus immature que celui de Raiponce. Il fallait le faire.
Shiver ne bougea pas d'un poil, figé à l'entrée de la maison.

Il allait et venait entre les différentes pièces. Après tout, ce n'était qu'une maison comme les autres. On y trouvait à l'intérieur tout ce qu'il y avait à avoir dans un foyer familial. Un salon, une cuisine, une salle de bain. L'étage devait sans doute avoir les chambres, mais Saumon n'éprouvait pas le besoin d'aller à l'étage. Sans doute parce que l'escalier ne lui faisait pas trèèès envie, pourri comme il était.

▬ Cousine, ne touche pas. Il attrapa le bras de l'adolescent et la tira loin des plantes. Y en a qui peuvent être toxique pour l'homme et puis on sait pas ce qu'il peut arriver ici... Le coup des plantes toxiques. Ça sonnait tellement pas comme lui. Plutôt comme... Caleen.

Ses premiers réflexes furent ceux de tester les choses. Il passa par tous les interrupteurs et constata avec joie qu'il y avait de l'électricité. Par contre, il avait beau tourné les robinets, pas une seule goutte d'eau ne sortait. Geez... L'eau est coupée ? Pourquooooi ? Secrètement, il rêvait de pouvoir prendre un bain, sentir l'eau contre sa peau, car c'était une chose qu'il avait expérimenté dans son premier souvenir et il cherchait absolument à ressentir à nouveau ce contact.

▬ L'eau est coupée, mais pas l'électricité... Vous ne trouvez pas ça bizarre ? Parce qu'il avait regardé beaucoup de films - et par chance, les scénarios, il ne semblait pas les avoir oubliés pour la plupart -et quand on comptait des choses, c'était plus l'électricité que l'eau. L'eau est vitale pour l'homme non ?

ET HOP ! Poisson me tira par le bras et évita que je touche à une des plantes. Le papa poule dans toute sa splendeur ! Pas que ça me gênait, tout au contraire c'était super cool d'avoir un cousin comme ça, ça pouvait m'éviter des douilles inimaginables. Et Shiver, lui c'était le père Dark Vador à la Drago Malfoy. Je m'explique parce que même dans mes pensées j'ai besoin de me justifier ; le daron qui fait style super désagréable mais qui est capable de connerie bizarre - voyez, genre poil au nez m'avait légèrement bloqué. Je crampai de rire en m'en rappelant. Enfin, restons zen.

La lumière apparue - Dieu, tu es parmis nous ? - puis s'éteignie. Bon, au moins on pouvait constater la présence de courant. Mais ça n'eut pas le même résultat pour l'eau. Elle ne coulait pas. La station d'épuration ou le château d'eau de la ville était bloquée ? Remarque, si elle marchait avec un barrage, peut-être que le maire avait-il demandé à ce que l'on coupe les tuyaux pour une raison obscure. Bizarre.

« L'eau est coupée, mais pas l'électricité… Vous ne trouvez pas ça bizarre ? »
« Ah bah c'est ce que je pensais justement, Poisson ! Peut-être qu'ils ont coupé la circulation de l'eau, si il y a un lac ? Enfin ça dépend si y a que cette maison là qui n'a plus d'eau…»

Oh, d'ailleurs, rien à voir, mais il fallait que je pense à donner un surnom provisoire à mon cousin et au Patron ! Vu les faits, Edward me foutait froid dans le dos, limite si ça me donnait des frissons. Frissons. Shiver ! Et Puis mon cousin… Crevette ? C'était rose, c'était marin, ça lui allait bien !… Enfin, c'était pas très glorieux, à vrai dire et ça faisait fifille. Il fallait que je réfléchisse à un poisson rose.

Pendant que j'essayais de me remémorer le nom de ce Poiscaille, l'air réellement dans mes pensées, les deux adultes continuèrent de parler. Spéculons, spéculons !

Shiver resta un moment à l'entrée, mais à vrai dire, être seul, posté à la porte, surveillant la rue vide n'était pas quelque chose de passionnant. Il ne se sentait pas à sa place, ce n'était pas son rôle, tout simplement.
De plus, les bruits qui provenaient de l'intérieur de la maison ne pouvait qu'attirer son attention. Il entra sans faire de bruit dans la bâtisse de pierre, notant les moindres détails de celle-ci.

▬ L'eau est coupée, mais pas l'électricité... Vous ne trouvez pas ça bizarre ?

Il reconnut la voix de Saumon.

« Ah bah c'est ce que je pensais justement, Poisson ! Peut-être qu'ils ont coupé la circulation de l'eau, si il y a un lac ? Enfin ça dépend si y a que cette maison là qui n'a plus d'eau … »

Shiver arriva dans la pièce ou se trouvait ses deux dompagnons, sans se faire remarquer. Il regarda un instant Saumon, un sourire pincé sur ses lèvres.

« Un poisson, sans eau, ça meurt. C'est un signe. Pas de chance, n'est ce pas ? »

Il fronça les sourcils, s'approchant à son tour de l'évier pour y faire couler l'eau. Mais rien ne vint. Saumon avait raison, mais il avait voulu le voir de ses propres yeux.
Il recula, et croisa les bras.

« Bon. Je peux savoir ce qu'on fait quoi maintenant ? »

C'était quoi le délire, écrire un dictionnaire sur les milles et une façon de le faire tourner en bourrique ? A peine arrivé et déjà Saumon avait le droit à une réplique cinglante et pleine d'amour dont seul Shiver avait le secret. Pendant que ce dernier refaisait exactement les mêmes choses que lui - Quoi tu me crois assez mauvais pour pas savoir tourner un robinet ? - Saumon s'approcha d'un buffet et en sorti un grand plat argenté qui semblait avoir été épargné par le temps.

La seconde suivante, la plat se trouvait en équilibre sur la tête de Shiver ? Pourquoi ? Logique de poisson.

▬ C'est méchant ! Arrête de te moquer de moi ! Saumon bougonnait tout en redressant le plat dès qu'il manquait de tomber. J'ai un peu faim moi, pas vous ? On essaye de se payer un repas dans la cuisine ? Une fois le plat stable, Saumon s'écarta d'un pas, tira la langue à Shiver avant de s'enfuir dans la cuisine.

Ce n'est pas comme s'il fallait réfléchir à tout prix, pour le moment, le plus simple était l'instant présent. Ils aviseraient quand ils en sauraient un peu plus.

Je ris gentiment des taquineries, et reluquai le plat qui tenait en équilibre sur le crâne de Vador. Lorsque Poisson parla de plat, mon ventre se mit à me serrer, comme réactif à cette phrase. Je tins le ventre en marmonnant des mots incompréhensibles qui soutenaient mon appétit. Mais vu l'endroit piteux, ce serait bof bof. Enfin, au moins on aurait le ventre remplit ! Je rentrai à pas vifs dans la cuisine, pris une chaise sur laquelle je grimpais et fouillai les placards toute seule comme une grande. Morfale spotted. Il y avait des boîtes de conserves, et des espèces de biscuits qui avaient pris la poussière. Hm, appétissant tout ça ! Il fallait bien s'y attendre. Ça m'ennuyait car j'avais une bonne envie de sushis, tiens !

Tout en montrant mes découvertes aux deux grands, je justifiai ma course rapide :

« Nan mais heu… Je suis pas gourmande ou morfale hein, c'est juste que je suis plus rapide, hein, hein. » Quel niveau d'excuse, j'en étais toute retournée !

Je descendis de la chaise que j'avais utilisé et m'y asseyais, le menton posé sur mes coudes posés sur la table et regardai les boites et les biscuits. Oh moins on mourra pas de faim, hein...

Saumon avait sorti un plat d'un meuble. Shiver le regarda s'approcher de lui avec méfiance, quand le poisson décida de le mettre sur la tête du jeune homme. D'un coup comme ça, sans aucune raison apparente. Shiver se laissa faire en fixant l'excentrique droit dans les yeux.

« T'es ridicule. »

Il était exaspéré, une fois de plus. Depuis que sa cousine était arrivée, l'excentrique était plus insupportable que jamais, incontrôlable, Shiver n'avait plus aucune emprise sur lui, ce qui était donc fort dérangeant pour celui-ci. Il n'avait plus la situation sous contrôle.
Shiver secoua a tête vigoureusement, faisant tomber le plat sur le sol.
Saumon lui tira la langue, avant de partir rapidement vers la cuisine, Raiponce à sa suite, fidèle petit toutou.
Shiver ramassa le plat et l'examina rapidement, il était trop simple à son goût, et malgré l'absence de rouille évidente, il doutait que le plat soit en argent.
Il suivi les traces des deux débiles, qui menaient à la cuisine. Shiver posa le plat sur la table en bois pourri qui se trouvait là, et dans un élan de je ne sais pas quoi, sans doute à cause des ondes bisounours envoyées par Raiponce, Shiver sauta sur le dos de Saumon. Oui, vous ne rêvez pas. Le coincé du slip et de la chemise se mettait à sauter sur un mec aux cheveux roses. GAY PRIDE ASSUMONS. Non, ce n'était pas tout à fait ça, mais ça aurait bien pû.
Shiver souri vraiment, chose rare.

« C'est pas que c'est méchant, c'est juste que t'es un peu con-con des fois. Avoues-le. »

Il regarda Raiponce avec insistance, comme pour lui demander de confirmer ces propos, propos réels, étant donné que Saumon ne respirait pas l'intelligence. Mais il était presque certain qu'elle ne dirait rien, et rigolerait en défendant son cousin d'amour trololilol.

Sur la pointe des pieds, tenant tant bien que mal sur sa chaise, l'adolescente venait de faire le plus beau strike de sa vie dans le cœur du poisson. Elle était définitivement trop mognonne, rien que ça donnait envie à Saumon de la choyer et de la couvrir d'amour fraternel - parce que oui, il est clean, il touche pas aux gamines (surtout quand elles sont de sa famille).

Par contre, quand c'était Shiver qui se la jouait kawai, ça refroidissait plus qu'autre chose.. HEIN ? En sentant le geste affective de l’armoire à glace, Saumon eu beaucoup plus l'impression qu'il essayait de l'assassiner sur place que de vraiment se montrer gentil. Et si en plus c'était pour se moquer de lui une fois de plus.

Saumon sursauta, prêt à grimper au mur pour échapper à la présence de Shiver dans son dos. Il était prêt à hurler de peur ou plein d'autres trucs, mais aucun son ne sortait. En y réfléchissant bien, est-ce qu'il cherchait vraiment à être méchant ?

▬ Dis voir, tu serais pas un peu, genre... gay ? T'sais c'qu'on dit là, Qui aime bien châtie bien, Qui prétends haïr une personne l'aime en réalité... Si ça se trouve, tu as été conquis par mon charme ra-va-geur !

Prendre la pause n'était pas nécessaire, mais dans le doute, il passa sa main dans ses cheveux emmêlés et claqua des droits, comme pour se donner un air de James Bond, avec les cheveux un peu plus rose. Après tout, il était une personne belle, charmante, attractive, intéressante, avec de l'humour, que Shiver ai été conquit n'est qu'une chose normale non ?

S'il se prenait une balle là, il l'aurait bien cherché.

Et les deux grands, là… Étaient plus enfantins que moi. Vraiment. J'eus un petit sourire affectif en voyant ça. Comme si ce genre de choses, ben, j'en étais indubitablement fan. Des câlins, des câlins - bien que de la part du Patron c'était flippant, mais bon, j'étais convaincue qu'il y avait un début à tout ! - puis, soudainement, Frisson-man me jeta un coup d'œil à la fin de sa petite farce. Saumon - AH Y EST J'AI TROUVÉ LE NOM DU POISSON, ahah ! - surenchérit, et je ne pus m'empêcher de pouffer de rire.

« Je vous trouve tous les deux rigolos et un peu bêbêtes sur les bords, mais ce n'est pas plus mal. Attention, je ne dis pas que c'est un défaut, au contraire. Vous avez votre humour tous les deux, et… Je trouve que c'est génial. Enfin, ce n'est que mon point de vue, mais je trouve qu'être « con-con » comme tu dis, c'est une bonne qualité humaine. Donc je pense que, l'un comme l'autre, vous êtes bêbêtes et c'est tant mieux ! »

Un petit éclat de rire vint terminer mon petit monologue. Ouvrant le paquet de biscuits, j'en pris, et, comme si c'était la dernière fois, j'inspirai profondément. Je croquai un bout du gâteau et toussai juste après avoir avalé. Tirant une grimace à cause du goût poussiéreux, je prévins les deux adultes qui jouaient autour de moi :

« C'est pas périmé, mais je trouve que le goût surprend, ou ce n'est que moi… »

Recroquant dans le gâteau sec, je retirai ma capuche et passai une main dans mes cheveux courts. Au moins, mon ventre sera remplit, et désolée de me répéter mais vraiment… Fallait pas s'attendre à un buffet complet vu l'endroit…

Un souvenir, doucement, légèrement. Celui-là est pour Raiponce, et le voilà qui flotte devant son visage. Elle veut tester ses petits jouets. Jouer encore avec eux.

Spoiler:

Shiver descendit du dos de Saumon au moment où il se rendit compte du ridicule de la scène. Comment osait-il faire ça ? Sous les yeux de Raiponce ? Non pas que la scène soit obscène, mais malgré son jeune âge, la Princesse Baveuse était témoin de cette vague d'émotion.
Bon en même temps, il l'avait pas vu venir celle-là, il lui avait était impossible de se contrôler, et il fallait dire qu'il avait du mal à canaliser, à stopper ses émotions ces derniers temps. Il devenait de plus en plus nerveux, au bord de la crise de nerfs. Ouais, tel était son état du moment. Un rien pouvait l'énerver, le faire craquer.

▬ Dis voir, tu serais pas un peu, genre... gay ? T'sais c'qu'on dit là, Qui aime bien châtie bien, Qui prétends haïr une personne l'aime en réalité... Si ça se trouve, tu as été conquis par mon charme ra-va-geur !

Il lui lança un regard noir, comment osait-il penser une chose pareil ? Il sentit doucement la colère monter en lui, il n'était pas gay, c'était évident pourtant.

« C'est pas périmé, mais je trouve que le goût surprend, ou ce n'est que moi… »

Sans un mot, il s'approcha de la table et prit le plat dans ses mains, ignorant royalement les paroles de la petite blonde. Il se retourna brusquement et se rua vers Saumon en courant, et lui asséna un joli coup de plat sur la tête.

« Le Respect, tu connais ?! »

Il lança le plat contre le mur avec rage. Aveuglé par sa colère, il n'avait pas remarqué la petite sphère. Il envoya valser la table, qui s'écrasa sur le sol, et sortit de la maison sans attendre plus longtemps. Une fois sorti, il s'assit sur les marches de la maison, la tête entre les mains. C'était quoi son problème au juste ?

Retour à l'envoyeur ? Le plateau avait atterri dans le mille, mais Shiver n'y était pas allé de main morte. S'il cherchait à le rendre plus bête qu'il ne l'était déjà, il était bien partit. Saumon, fasse à cette fureur soudaine - qu'il avait provoqué pour le coup - n'eut d'autre réflexe que de se cacher derrière ses avant-bras, fermer les yeux et attendre les coups de Shiver. Mais l'homme ne le frappa pas et laissa exploser sa colère contre la table. Pauvre table.

La pièce était sans dessus-dessous quand Saumon réalisa qu'il avait échappé à la pire branlée de sa vie. Shiver n'était plus là et sa cousine mangeait des gâteaux périmés. Oh merde, quelle connerie il avait encore fait ? Saumon était penaud pour le coup, ne sachant que trop faire. Tout ce qui sorti de sa bouche fut un "Merde" contrarié. Courir après Shiver pour se faire pardonner ? Mais genre c'était ridicule rien que d'y penser.

Mais qu'est-ce qu'on ferait pas pour ses amis, surtout lui. Pas question de rester sur une embrouille comme ça. Attrapant par le col la blondinette pour ne pas l'abandonner - Saumon n'avait même pas vu la sphère qui suivait sa cousine à l’œil, il sorti de la cuisine pour découvrir un Shiver assis sur le perron qui avait l'air d'avoir tout les malheurs du monde sur son dos. Pour un mot de trop mec, tu crains quand même... Déposant sa cousine sur le sol, Saumon alla s’asseoir à côté de Shiver, sans dire un mot.

Il attendit bien 5 bonnes minutes avant de l'ouvrir. Et il n'avait même pas réfléchit à ce qu'il allait dire. AU TALENT LES MECS.

▬ Mec, on a l'air vraiment trop con pour s'engueuler pour des histoires pareilles. J'le reconnais, j'y suis pas allé par l'dos de la cuillère, fourchette... truc là. Mais j'aurais pas cru qu'tu me jetterais un plateau dans la figure. Si j'ai un bleu, ce sera de ta faute. Serrant son poing, Saumon posa sa main contre l'épaule de Shiver. On se fout un pain chacun et on laisse la hache de guerre où elle est ? J'ai pas envie de m'prendre la tête !

« Vous m'avez écouté ou pas ?... »

C'était à se demander... Eh beh, quelle colère ! Mes yeux s'étaient écarquillés lorsque Frisson avait frappé Saumon avec le plat ! Et surtout quand il avait fra- Oh, une sphère ! La touchant du bout des doigts, je crus je partais dans le souvenir en volant, mais pas seulement ; heureusement que j'avais touché la sphère parce que Saumon m'avait attrapé par le col en même temps que je plongeais en transe.

Fiiioooou.

(No pain, no game ma gueule ! %D J'ai pondu du caca mais bref... je vous flûte !)

Et la mémoire revient à Raiponce, poison lentement distillé par Ses soins...

Raiponce:

Il regarda droit devant lui, tandis que Saumon s'asseyait à côté de lui. Les minutes s'écoulèrent sans que Shiver ne daigne bouger, ni lui lancer un regard. Et encore moins lui parler. Il avait presque honte de s'être laissé emporter, comme ça. De ne pas avoir su tenir sa colère. Mais au moins, peut être que Saumon et Raiponce avait compris, avec lui, il ne fallait pas aller trop loin. L'Humour lui semblait quelque chose de totalement étranger, surtout quand il ne provenait pas de lui.

▬ Mec, on a l'air vraiment trop con pour s'engueuler pour des histoires pareilles. J'le reconnais, j'y suis pas allé par l'dos de la cuillère, fourchette... truc là. Mais j'aurais pas cru qu'tu me jetterais un plateau dans la figure. Si j'ai un bleu, ce sera de ta faute.

Shiver serra les dents, se retenant de tout commentaire. Il sentit alors la main de Saumon se poser sur son épaule. Il frissonna et s'écarta de Saumon, enlevant sa main au passage. Il ne voulait pas de sa fraternité, de son amitié, et de tous les trucs terminant en "é".

« Bien sûr, tout est de ma faute, c'est ça. »

Il toussota légèrement, les sourcils froncés.

▬ On se fout un pain chacun et on laisse la hache de guerre où elle est ? J'ai pas envie de m'prendre la tête !

Il tourna la tête vers Saumon, pour la première fois depuis une dizaines de minutes. Enfin, c'était l'impression qu'il avait du temps, tout tournait au ralenti dans cette Ville. Le temps n'avait aucun impact sur les alentours, mis à part sur la végétation, sur eux et leur compteur.

« Tu peux toujours rêver pour que je te foute un pain, je suis armé je te signale. Tu feras pas long feu. »

Il avait adopté un ton dédaigneux, hautain, oui, Shiver était vexé, comme une petite gamine dont le BN ne faisait pas de clin d’œil, comme les autres.

« Vous m'avez écouté ou pas ?... »

Shiver fixa à nouveau le mur de la maison en face, restant silencieux une énième fois. Bien sûr que non, ils ne l'avaient pas écouté. Attend, une gamine n'avait pas son mot à dire dans une situation de crise dans un couple. Alors, vas-y cousin Saumonette, expliques-lui que t'en as rien à foutre de sa petite gueule d'ange. Shiver en rigolait d'avance.

Décidément, Elle adore ça. Se jouer d'eux. Et de leurs sentiments. Les mener à Sa guise. Petits pantins. Un nouveau souvenir s'échappe de Son immense conscience. Traverse la ville pour arriver jusqu'à eux. S'arrête devant Shiver. Celui là est pour toi. Le veux-tu ?

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La Terre est bleue comme une orange.

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