Tu vis dans un monde éloigné. Un monde dont tu es l’unique habitante. Tu l’aimes ce monde. Il est beau. Les couleurs sont douces, les sons aussi. Rien ne t’agresses, rien ne te transperces. C’est ton monde. Tu voudrais ne jamais avoir à le quitté. Pourtant, il va bien falloir. Il faut que tu te réveilles. Que tu reprennes conscience du monde qui t’entoures. Je voudrais dire le monde réel, mais pour toi, ce n’est pas le monde réel. Ce n’est qu’un monde de plus dans ton inconscient. Il faut avouer, tu en as tellement..

Elle ouvrit les yeux, béate. Une étrange sensation l’habitée. Elle ne reconnaissait pas les lieux qui l’entouraient. Ce compartiment de train, aux sièges rouges, éclairés par ses néons blancs. D’un blanc trop pur et trop violent à son gout. Elle cligna des yeux. Une fois, deux fois. Elle ne reconnaissait pas l’endroit, pourtant il lui était étrangement familier. Comme si elle venait de rentrer chez elle après toute une vie d’absence. Elle était allongée sur le dos, ses deux mains posées en croix sur sa poitrine. Elle referma les yeux. Elle se sentait bien dans le silence de mort qui l’entoure. Si seulement il n’y avait pas cette lumière trop aveuglante qui faisait danser des points rouges sur ses paupières closes, ce serait parfait. Elle aimerait rester éternellement. Ne plus quitter cette étrange sensation qui s’est emparée d’elle. En savourer chaque vague langoureuse. Mais l’inaction n’était cependant pas son fort. Elle rouvrit les yeux. Elle aimerait détruire cette lumière inhospitalière, lui faire perdre l’envie de briller à tout jamais. Elle jetta un coup d’œil par la fenêtre. Dehors, tout est calme et noir. Elle mourrait d’envie de se retrouver sur le quai, loin de ce néon qui la provoquait avec intensité. Elle décroisa ses mains, et les posa sur le divan. Elle se mit à trembler. Elle reconnaissait cette matière. Elle l’a reconnaitrait entre mille. C’est du cuir ! De la peau tannée d’animaux morts ! Elle se relèva d’un bond. EURK ! Elle avait touché ça ! Ignoble. Elle était partagée entre deux envies. L’envie de se jeter sur cette horreur, et de la transformer en puzzle. Ou bien l’envie de fuir le plus loin possible de cette abomination. Elle pencha pour la deuxième solution, et sortit de sa cabine d’un pas pressé. Elle se retrouva dans un couloir exigu. En face d’elle, la vitre de verre lui renvoie son reflet. Elle s’observa, curieuse.

Des courts cheveux blonds, ne lui dépassant pas la nuque, lui entourait le visage, surmonté d’une casquette grise avec un signe qu’elle reconnaissait sans pourtant l’avoir jamais vu. Le signe des Yankees. Un visage plutôt fin à vrai dire. Envahi par de grands yeux bleus, un petit nez en trompette, et des lèvres si fines qu’elle les distinguait à peine. Elle passa son index sur ses lèvres. La silhouette en face d’elle en fit de même. C’était donc bien son reflet. Une jeune fille qui ne devait pas avoir plus de 16 ans à première vue. Elle tendit ensuite ses doigts vers la plaque de verre, et caressa son double. Elle était vraiment petite, et mince. Une grande cape grise lui cachait une grande partie du corps, mais malgré le col montant de celle-ci, la jeune blonde remarqua un tatouage sur son cou, en forme de vagues étranges. Il lui fit directement pensé au vent. Elle le caressa, et sentit sa peau si douce. Elle s’observa toujours, intrigué. Elle portait un tee-shirt blanc strié de rayures grises. Un petit short gris, qui dévoilait une parcelle de ses fines cuisses, avant de laisser place à de grandes chaussettes montantes, blanches. Elle baissa le regard, et découvrit qu’elle portait des baskets montantes grises et blanches. Gris et blancs. Des couleurs pâles. En totale harmonie. Des couleurs calmes. Elle se scrute toujours, et découvrit avec étonnement des cicatrices qui lui zébraient le bras. Des traces d’ongles. Pourtant, cela ne l’intrigua pas plus que cela. Ce qui l’intriguait, c’était ce petit bracelet gris en soie. Elle le caressa. Il était si doux au toucher. Quelle agréable sensation. Elle reporta son attention sur son reflet, et découvrit une fine chaîne dorée où était suspendu un petit sablier, doré lui aussi. Elle le regarda, et eu soudainement envie de l’arracher. Il était ignoble. Il jurait avec sa tenue, brisant l’harmonie de son corps ! Que faisait-il là ?! Pourquoi n’était-il pas gris ou blanc lui aussi ? Elle tripota une mèche de ses cheveux. Quelque chose la retenait de l’arracher de là. Il fallait qu’elle pense à autre chose. Qu’elle oublie l’horreur qu’elle avait à présent autour du cou.

Elle se détacha de son reflet, et commença à avancer dans le couloir. Les cabines défilaient, toutes aussi vide les unes que les autres. Toutes aussi remplie de l’odeur morbide du cuir. Elle mit ses mains dans ses poches, et à sa grande surprise, ses doigts rencontrèrent divers objets. Elle s’assit à même le sol, et entrepris de les vidés. La première chose qui lui tomba sous la main fut un téléphone portable, éteint. Elle le regarda sous toutes ses coutures, avant de le poser soigneusement en alignement avec le plancher du train. Elle replongea sa main, et sentit un objet pointu lui piquer le doigt. Elle le sortit. Un tournevis. Elle le posa à côté du portable, en veillant à ce qu’il soit bien parallèle à celui-ci. Dans son autre poche, elle sentit un objet carré. Elle le sortit. Un carnet blanc, où était attaché un petit crayon de papier par une ficelle grise. Elle regarda sa couverture vierge, puis l’ouvrit. Dedans, elle découvrit une dizaine de petit dessin, tous plus étranges les uns que les autres. Certains représentant une ville plongée dans le noir, d’autres des animaux. Elle ne se rappelait pas les avoir dessiné, mais pourtant savait que c’était elle l’auteur de ces esquisses. Elle en avait marre. Elle n’avait plus de patience. Elle voulait en finir avec cet inventaire. Elle posa le carnet toujours parallèle aux autres objets, avant de prendre tout ce qu’il restait dans ses poches. Une lampe de poche, une pièce de dame, le fou pour être exacte, et des bouts de ferrailles. Elle récupéra ses attributs, et les plaça exactement dans les poches où elle les avait trouvés.

Puis elle se releva, et déambula dans ce train qui lui paraissait si familier. Elle ne ressentait aucune peur. Pourtant, en y réfléchissant bien, elle ne se rappelait pas le moins du monde comment elle était arrivée là. Mais le simple fait de se sentir chez elle lui ôtait toutes suspicions. Elle traversa un wagon, puis un deuxième. Toujours aussi vide et calme. Alors qu’elle traversait le troisième wagon, elle entendit un bruit, non plutôt un cri, qui la fit sursauter. Qui donc avait pu crier ainsi, et briser l’harmonie qui régnait dans ce monde silencieux ? Avançant toujours avec calme, elle se dirigea vers la source du bruit, curieuse et à la fois légèrement énerver. Elle se trifouilla de nouveau les cheveux, rajustant sa casquette. Petit tic, signe d’un début de colère. La voix reprit, brisant de nouveau le silence. Qui était cette immonde personne qui se permettait de faire entendre sa voix à des kilomètres à la ronde, cette personne qui poussait des cris hystériques à vous en faire perdre la raison ? Pour le peu de raison qui lui restait encore… Elle découvrit enfin le wagon source de tout ce tumulte, et avec délicatesse, ouvrit la porte. Une jeune femme aux cheveux roses criait, penchait sur un jeune homme blond platine. La jeune femme portait une tenue de marin toute à fait étrange, tandis que le jeune homme lui, était habillé de la manière la plus simple possible.

La petite blonde se blottit contre l’encadrement de la porte, bloquant celle-ci et l’empêchant de se refermer, puis observa la scène sans un mot, de ses grands yeux bleus ébahie par tant de bruit et d'agitation venant d'une seule et même personne.

Qu’est-ce qu’ils étaient agités c’est deux-là. Même le garçon qui au début paraissait si calme était en fait tout aussi actif que la fille aux cheveux roses. Pourquoi parlaient-ils s’y fort ? Ne se rendaient-ils pas compte qu’ils n’étaient pas seuls ? Ne voyaient-ils pas que leurs gesticulations étaient grotesques, et que les cris étaient agaçant ? En plus, ils parlaient vraiment beaucoup. De longues phrases, pour finalement ne rien dire. Car oui, en écoutant leurs conversations, la jeune blonde se rendait bien compte que tout ce bruit ne menait à rien. La preuve, ils n’avaient toujours rien appris l’un sur l’autre, rien sur eux même non plus, et n’avaient même pas remarqué qu’elle les observait. Alors qu’elle, en restant silencieuse, elle en avait déjà appris beaucoup plus au niveau de sa propre conscience. Déjà, ils parlaient tous deux de cerveaux en gruyères. Pourquoi parlaient-ils de fromage en forme de cerveau ? Et surtout en criant ? Cela n’avait aucun sens. Il fallut un peu de temps à la jeune fille pour comprendre qu’en fait, ils faisaient allusions au fait qu’ils avaient perdu la mémoire. Perdu la mémoire. Les pauvres. Ce ne devait pas être une chose facile à vivre. Ne plus se souvenir de sa famille. Ni de ses amis. De l’endroit où on avait vécu. Elle, elle s’en souvenait. Oui, elle vivait.. Elle vivait.. Où vivait-elle ? Elle eut un petit haussement d’épaule. Ah bah nan, elle ne s’en souvenait pas. D’ailleurs, en y réfléchissant bien, même de son prénom elle ne se souvenait pas. Mais cela lui paraissait tout bonnement sans importance. Elle était chez elle ici, alors pourquoi s’en faire ?

Il y eut soudainement un instant de silence, qui attira l’attention de la jeune fille. Elle releva les yeux vers les deux agités, et remarqua que l’homme l’avait remarqué. Mince. Elle était bien, invisible aux yeux de tous.

- Hey toi derrière ! Tu vas nous fixer encore longtemps? Qu'est-ce que tu fous...qu'est-ce qu'on fout là d'ailleurs! Quelqu'un ou quelque chose sait dans quoi on m'a embarqué !

C’était d’elle qu’il parlait comme ça ? Allait-elle le fixer encore longtemps ? Oui. Elle voulait comprendre pourquoi il était si agité. Qu’est qu’ils faisaient tous les trois ici ? Sa par contre, elle n’en avait pas la moindre idée. Et s’en moquait royalement à vrai dire. Elle avait l’impression de ne jamais s’être sentie aussi bien que maintenant. Enfin, c’était une chose difficile à dire étant donné qu’elle n’avait plus le moindre souvenir. Elle ouvrit la bouche timidement, tentant de répondre à l’agression verbale dont elle venait de faire preuve, mais rien ne sortit de sa bouche sinon un petit « Je… » Elle ouvrit grand ses yeux bleus, ses pupilles emplies d’étonnement, avant de se mettre à paniquer. Et s’il lui criait de nouveau dessus ? Si elle n’arrivait pas à prononcer les bonnes paroles ? Elle commença à se mordre la lèvre inférieure avec rapidité. Heureusement, la jeune fille aux cheveux roses repris le centre de l’attention, en réduisant à néant la cigarette du jeune homme. Elle se remit à gesticuler à parler d’une voix forte. La jeune blonde ne l’écoutait même plus. Elle ne supporterait pas longtemps cette agression orale. Tout était beaucoup trop fort pour elle. Elle avait besoin de plus de calme. Plus de calme sinon, elle risquait d’en mordre un des deux. Ça commençait déjà à la démanger. La jeune fille en rose parut cependant se calmer, et lui adressa la parole, d’une voix plutôt douce cette fois. Rien que le fait qu’elle eut baissé le ton calma la petite blonde, qui se sentit tout de suite beaucoup mieux.

« Je me trompe pas, n'est-ce pas ? Toi aussi tu ne te souviens de rien ? »

La jeune blonde la fixa de nouveau, avant de sortir son carnet de sa poche, d’en ouvrir une page, et de commencer à dessiner rapidement un grand train vide, deux personnes dans une cabine qui crier, et tout le reste elle le coloria en noir pour indiquait le néant, signifiant ainsi qu'elle n'en savait pas plus qu'eux. Puis sur le bas de la page, elle se dessina, petite fille calme, et forma un petit sourire sur ses lèvres pour indiquer qu’ils n’avaient pas à avoir peur. Elle montra ensuite son dessin à la jeune fille et au jeune homme, de ses petites mains si fines, et sur son visage s’afficha le même sourire que celui qu’elle avait dessiné sur son esquisse. Toujours de ses grands yeux innocents, elle les fixa, veillant cependant à ce qu’ils ne s’approchent pas trop d’elle, et qu’ils n’aient pas non plus de contacts physiques avec elle, il ne fallait pas qu’ils franchissent sa bulle de protection. Elle recula un petit peu, peureuse d’avoir à effleurer leurs peaux, avant d’essayer de parler de nouveau, prenant son courage à deux mains, et elle réussit à sortir, de sa petite voix fluette et si douce.

« Doucement.. »

Le reste de sa phrase ne voulut pas sortir. Elle repris alors son carnet, et dessina les deux jeunes gens qui lui faisaient faces, les indiqua en train de gesticuler dans tous les sens, et criaient, avant de tracer d’une fine écriture italique un petit : Chut, elle nous entend elle aussi. Elle ne savait pas vraiment de qui elle parlait, mais elle était sûr de ce qu’elle disait. Elle les entendait tous les trois.

- Hey!

Le jeune homme n'avait vraiment pas eut le temps de faire quoi que ce soit pour sauver sa cigarette. A peine lui fut elle arraché de la bouche, qu'elle cessa d'exister en ce faisant ratatiner dans la main de la jeune femme. Ce geste ne la valorisa pas à ses yeux. Déjà qu'elle partait dans des délires complètement loufoques en l'accusant à tort et à travers de ravisseur, sans même s'excuser après, maintenant elle se faisait l'ange gardien personnelle en l'empêchant de se griller une cigarette. Cela ne faisait que quelques instants qu'il ne la connaissait, mais elle était déjà plutôt envahissante. Peut être était-ce simplement parce qu'elle se sentait seule et apeurée. ' Il vaudrait mieux pour toi que tu ne me colles pas autant les basques..' pensa-t-il.

Le blondinet délaissa sa première interlocutrice et s'intéressa un peu plus à la gamine qui était debout non loin d'eux. Elle semblait joyeuse et nullement par la situation. Etait-elle la seule qui n'avait pas eut le droit à un petit formatage de sa mémoire? Peut-être était-ce elle qui les avaient rendu amnésique. Si c'était le cas, il ne donnait pas cher de ses dents. Jouer avec la mémoire des autres est un acte qu'il n'allait pas laisser impunis. La philosophie d'Hawkeye était simple : La violence ne résout rien? C'est que vous n'avez pas frappé assez fort. Si la gamine était dans le coup, il la fera parler à sa manière.

Soudain la jeune femme qui était en face de lui demanda à la blondinette si elle avait aussi perdu sa mémoire. Pour toute réponse, elle sortit un carnet et se mit à dessiner dessus. Hawkeye la regarda d'un air perplexe alors qu'elle donnait des coups de crayons. Il n'était vraiment pas plus pratique de simplement ouvrir sa bouche et de parler? Quelle fine équipe venait de se construire dans ce train : un teigneux, une peureuse et une muette. Le jeune homme soupira devant la situation à laquelle il faisait face. La chance n'était vraiment pas de son côté. Le dessin finis ressemblait étrangement à la scène qui venait tout juste de se passer. Deux personnes assises au sol en se criant dessus, et une petite fille qui les observait en souriant, sourire qui s'était aussi dessiné sur le visage de la jeune fille.

Tandis qu'elle montrait son dessin, le jeune homme ressentis une certaine crainte, comme si la petite blonde ne voulait pas vraiment montrer son dessin qui remplaçait ses mots. Ou bien était-ce parce qu'elle aussi avait peur. 'N'ai pas peur la mioche, grand frère va bien s'occuper de toi' serait la phrase que pourrait dire Hawkeye. Mais ne nous berçons pas d'illusions, ça ne marchera jamais. Son apparence débraillé et son air arrogant ne contribuait pas à lui donner une image de bon samaritain.

« Doucement.. »

- Ouai ouai..

La jeune fille reprit son carnet et se mit de nouveau à dessiner. Franchement, elle pourrait se mettre à parler, ça faciliterait un peu plus la tâche plutôt que de devoir attendre patiemment comme de bon chien qu'elle ait finis son dessin. Le second dessin tendu, on pouvait toujours y voir Hawkeye et la jeune femme. Sauf qu'en plus, un petit message avait été rajouté par la petite fille : " Chut, elle nous entend elle aussi ". Le jeune homme releva le regard vers la petite fille, regarda derrière lui, puis la regarda de nouveau. ' Elle est parano ou quoi ?' Il donne une légère tape dans la main de la fille pour écarter son dessin et se redressa d'un bond en regardant partout autour de lui. Et s'il y avait vraiment quelqu'un, autre qu'eux trois?

- Qui ou quoi que ce soit, ça ferait mieux de sortir ou j'irai le chercher..

Hawkeye sera les poings et les leva en position de garde. Son regard devint plus vif tandis qu'il regardait à droite et à gauche que quelque chose se montre. Si c'était quelqu'un, il espérait que ce ne soit pas encore un incapable notoire. Il avait déjà deux boulets sur le dos, pas question de s'en trimbaler un troisième. Et si c'était quoi ? Très bonne question, mais du moment qu'il peut lui mettre un pain, il ne s’inquiéterait pas de savoir ce que ça peut être. Il repensa au dessin de la petite fille. Elle nous entend...qui peut nous entendre? Qui pourrait-être la ? Il se souvint qu'il était dans un train, donc qui dit train dit conducteur. Il baissa les poings et se tourna vers les deux filles.

- Ca sert à rien de baver plus longtemps ici, démerdez vous comme vous le voulez, moi je vais casser la gueule au conducteur, il saura p'tet où on est..dit-il avant de retourner afin de se diriger vers le bout du wagon.

Qu'ils sont drôles ! Ils s'agitent dans tous les sens, font du bruit avec leurs bouches, créent de l'air avec leurs déplacements. Quelque part, Elle les observe, ravie.

Très vite, son attention se fixe sur une petite fille blonde. Elle cherche dans son immense mémoire et se souvient. Cette fille, elle l'a attendu. Cette fille, elle lui rappelle quelqu'un. Si Elle avait pu sourire, nul doute qu'elle l'aurait fait. Mais elle se contente d'observer les déplacements de sa nouvelle protégée d'un air avide. Cette dernière semble dessiner quelque chose mais Elle ne parvient pas à déterminer quoi.

Les autres s'énervent. Ils s'agitent plus fort. Le garçon donne une légère tape sur la main de la Protégée pour en faire tomber le calepin. Aussitôt, Elle se sent emplie d'une colère inexplicable. Il a osé mettre la main sur son jouet ! La lumière du train commence à grésiller alors qu'inexplicablement, un frôlement se fait entendre. Quelque chose glisse sur le sol du train. Ce sont des plantes, en moins de cinq minutes, elles ont réussit à forcer le passage de la porte coulissante. Des plantes. Ou du moins, des racines, des sortes de lianes. Et elles empoignent les chevilles du garçon, commencent à l'enserrer, pareilles à des serpents.

Chut...Ne t'inquiètes pas, je vais le punir... murmure tout doucement la Voix aux oreilles de Soie. Elle lui a parlé. Dans sa tête.

Elle lui avait montré son dessin, et n’y avait accordé aucune importance. Etait-il donc fou ? Vu son caractère, cela n’aurait pas été étonnant. Elle lui avait demandé de faire moins de bruit, car elle n’était pas sûr qu’Elle apprécierait autant de vacarme, et elle ne voulait pas Lui faire de peine. Mais il ne l’avait pas écouté. L’avais traité comme une gamine qui ne sait pas ce qu’elle dit. Elle était en train de commencer à paniquer quand elle sentit un contacte sur sa peau. Il avait osé la touché. Il avait osé balancer son carnet. Ses grands yeux perdirent toutes traces d’innocence pour laisser place à une colère sauvage. Il avait osé franchir sa bulle de protection. Il avait balayé toutes ses défenses sans la moindre gêne ! Elle qui essayait de l’aider, lui il l’a provoqué ! Elle s’apprêtait à lui sauter dessus et à lui lasserait le visage, quand une voix résonna dans sa tête.

« Chut...Ne t'inquiètes pas, je vais le punir... »

Elle lui avait parlé. Elle lui avait fait signe. Automatiquement, vouant une confiance entière à la Voix, la jeune blonde se calma, et son regard retrouva son éclat innocent. Elle observa le jeune homme, impatiente de voir ce qu’il allait subir pour avoir osé la toucher. Puis elle regarda la jeune femme aux cheveux roses qui soudain, paraissait plus calme, plus douce. La petite blonde eut un élan de sympathie pour elle. Elle au moins, elle avait compris. Elle, elle l’avait pris au sérieux. Elle, ne l’avait pas touché. Les deux jeunes gens sortirent dans le couloir, sous le regard scruteur de la blonde qui n’avait pas bougé d’un cheveu. Elle voulait connaître la punition du garçon, et espérait que sa arriverait le plus tôt possible. Elle s’adossa à l’encadrement de la porte, tandis que les deux autres s’avançaient lentement dans le couloir, quand soudain les lampes se mirent à grésiller et clignotait. Un nouveau sourire s’afficha sur le visage de la petite blonde. Enfin la douleur des lumières contre ses pupilles se ferait moins forte. Peut-être le calme allait-il revenir pour de bon. Puis elle sentit une présence. Elle entrait en action. Son sourire s’agrandit, ainsi que ses yeux. Elle se réjouissait déjà de la suite. Un bruit de glissement se fit entendre, et soudain, elle distingua des lianes qui filaient à même le sol. Elle savait que les lianes n’avaient pas pour habitude de se balader dans les trains, pourtant, elle ne ressentit aucune peur. Elle lui avait dit de ne pas s’inquiété, alors elle ne s’inquièterait pas. Les lianes se dirigèrent ensuite vers le jeune homme, contournant la fille aux cheveux roses. Puis elles s’enroulèrent autour des pieds de l’ingras, et le firent tomber par terre, avant de l’enserré avec force. Toujours souriante, la petite femme observa la scène sans esquisser le moindre geste. La prochaine fois, il l’écouterait. Elle avait voulu l’aider, mais il s’y était refuser. Tant pis pour lui. Elle ne l’aiderait pas une seconde fois.

Cependant, la fille aux cheveux roses se jeta par terre pour aider le blond. Et les lianes l’attrapèrent à son tour, l’éloignant de l’Autre. Dommage, elle commençait à bien l’aimer Habit de Marins. Mais elle n’aurait pas dut aller aider l’Autre. Elle ne savait pas trop quoi faire. Après tout l’Autre l’avait mérité. Et puis Elle savait ce qu’elle faisait. La petite blonde resta immobile un long moment, incapable de faire un choix. Puis finalement, elle se décida à s’avancer vers Cheveux roses, puis s’accroupit auprès d’elle et posa sa main sur les lianes qui l’entouraient. Elle les caressa avec douceur, avant de se relever. Elle tourna ensuite son regard vers le jeune homme, puis l’ignora, préférant aller chercher son carnet qui se trouver toujours sur le sol. Elle se pencha pour le ramasser, puis alla s’assoir exactement au milieu de ses deux « compagnons », si elle pouvait les appelés ainsi, sans se soucier de savoir si les plantes les avaient détachés ou pas. Elle avait fait ce qui lui paraissait être juste. Avait savourer le contacte avec Elle. Elle ne pouvait rien faire de plus. Une fois assise, elle rouvrit son carnet, et sur une nouvelle page dessina la scène qui venait de se produire, puis indiqua d’une petite flèche la phrase qu’elle avait écrit un peu plus tôt : « Chut, elle nous entend elle aussi » et ajouta : « Elle n’aime pas être agacé je suppose. » Puis elle montra son dessin au jeune homme et à la jeune fille. Ensuite, toujours assise entre eux deux, dont les lianes commençaient à se détacher, elle pointa du doigt Habit de Marins, ouvrit la bouche, et tenta une nouvelle fois de parler, ne réussissant de nouveau qu’à prononcer de brèves paroles..

« Un prénom ? »

Elle avait besoin de mettre un nom sur tout ce qui l’entourait. Pour l’instant, Cheveux roses était devenu Habit de Marins, et le garçon était devenu l’Autre.

Elle sentit sa protégée caresser doucement les plantes. Celles-ci se desserrent légèrement à son contact. A présent, les deux inconnus sont ligotés par ces cordes végétales. Elle ne voulait faire de mal qu'au garçon, mais la fille l'avait suivit, essayant tant bien que mal de le libérer. Elle chercha dans son immense mémoire ce qui pouvait expliquer ce lien étrange qui unissait les deux jeunes gens et trouva. Mais elle songea qu'il n'était guère temps de leur rendre un fragment de souvenir. Non. Le temps était tout entier disposé à sa protégée.

Tu veux que je les relâche ? Si tu ne l'aimes pas, je peux lui faire mal. ajouta-t-elle dans la tête de Soie. Hawkeye est plus fermement ligoté que Circé, mais la Ville attends un ordre de la jeune blonde avant de les libérer tous les deux.

Habit de Marin avait regardé son dessin, et l'avait pris en compte. Cela se voyait dans son regard. Elle c'était calmé. Ne criait plus. D'ailleurs, quand elle ne criait pas, elle était plutôt jolie Cheveux Roses. Elle l'aimait bien. Finalement, elle était gentille.

L'Autre gesticulait toujours, emprisonné par les plantes. Ne comprenait-il donc pas que cela ne servait à rien ? Pourquoi voulait-il toujours être en mouvement ? Ne pouvait-il pas arrêter de bouger ce serait-ce qu'une seconde, arrêter de râler et prendre en compte c'est avertissement ? Croyait-il qu'elle dessiner juste pour le plaisir d'esquisser quelques coups de crayon ? La petite blonde secoua la tête lentement de gauche à droite, en signe de total incompréhension. L'Autre râla de nouveau, et la jeune fille lâcha aussitôt son carnet pour plaquer ses mains contre ses oreilles. Elle ne voulait plus l'entendre gémir à tout bout de champs. Elle commença ensuite à se balancer de l'avant vers l'arrière comme si elle était dans une sorte de transe. Sa l'apaiser de faire sa. Ce même mouvement répétitif. Pourtant elle entendit quand même la voix du blond à travers ses mains.

-Hey...tu pourras pas dire à "ta copine" de me lâcher ? Elle veut quoi? Que j'm'excuse?

La petite blonde leva alors les yeux vers lui, et s'arrêta dans son balancement. De qui parlait-il ? De Elle ? Il était ridicule. Il continuait à faire croire qu'il n'avait pas peur d'Elle, alors qu'il se trouvait dans une position fort inconfortable. Elle finirait par se lasser de lui, et de mettre fin à ses jours. C'est alors que la voix si familière et rassurante se fit réentendre. Tu veux que je les relâche ? Si tu ne l'aimes pas, je peux lui faire mal. Un nouveau sourire s'esquissa sur le visage de la jeune fille, et ses yeux bleus s'illuminèrent d'un plaisir certains. Comme elle aimait cette présence magique qui l'entourait ! Elle répondit alors à la voix, par la pensée. Oui s'il te plait. Merci. Se n'est que le début. Le début de quoi, elle même ne le savait pas. Mais son instinct lui disait qu'elle avait raison. Ce n'était que le début.

Les lianes lâchèrent peu à peu Habit de Marin et l'Autre, pendant que la petite blonde attendait toujours sa réponse. Elle voulait mettre un prénom sur le visage de chacun des deux. Elle ramassa son carnet et son crayon qu'elle avait fait tomber que l'Autre râler, et les rangea dans sa poche, avant de rajuster sa casquette d'un geste mécanique, et de regarder Habit de Marin. C'est alors qu'elle remarqua que celle-ci venait de sortir un livre de sa poche, et le feuilletait rapidement. Sur la couverture, la jeune fille pouvait aisément lire : « L'Odyssé ». Elle ne se posa même pas la question de savoir si elle l'avait déjà lu ou pas, elle était trop concentré sur Habit de Marin qui semblait avoir enfin trouver un patronyme.

« Circé. »

La jeune fille leva les yeux vers Circé, et répéta de sa petite voix fluette.

« Circé. »

Comme pour mieux assimilé le prénom. Pour mieux le retenir, se l'approprier. Il fallait que maintenant, dès qu'elle entende Circé, elle pense à Habit de Marin. Qu'elle mette un visage sur ce prénom, un prénom sur ce visage. Puis Habit de Marin, ou plutôt Circé, ajouta, montrant l'Autre et la petite blonde du doigt.

« Des prénoms ? »

La petite blonde leva de grands yeux interrogatifs vers Circé. Elle ? Un prénom ? A vrai dire, elle ne s'était même pas posé la question. Elle haussa alors les épaules. Elle ne savait pas comment elle s'appelait, ni comment elle c'était un jour appelé. Elle leva sa main droite et la posa sur sa tête, pour signifier qu'elle l'avait oublier. Puis elle se tourna vers l'Autre. Se rappelait-il de son prénom ?

Fort heureusement pour eux, la situation vint enfin à se clarifier un peu et à retrouver un aspect à peu près...réaliste. Les plantes lâchèrent les deux jeunes personnes pour disparaître totalement du train. Le jeune homme se redressa tant bien que mal malgré sa cheville broyé et dépoussiéra sa chemise ainsi que son pantalon. Franchement, pour une agence de voyage en train, il pourrait au moins faire un minimum d'effort dans le nettoyage du sol. C'est un coup à mourir d'une crise d'allergie ça. Enfin l'heure n'était pas à s'occuper de la propreté du train. Maintenant libre et écarté...provisoirement du danger, il allait enfin pouvoir faire de plus ample connaissance.
Selon les dires des deux demoiselles, il semblerait bien que la cause de tous ces ennuis fut lui-même. Cela n'eut pas vraiment le plaisir de le mettre en joie bien au contraire. Mais il allait devoir attendre un petit peu avant de pouvoir fulminer de rage et passer une bonne gueulante sur les deux boulets de service. Apparemment, l'heure était maintenant aux présentations. Un peu tardif non? Enfin mieux vaut tard que jamais. Quitte à être dans la même galère, autant connaître les noms de ses compagnons. La jeune femme qui passait de petite sainte ni-touche à râleuse professionnelle en un quart de seconde répondait au doux nom de Circé.
Le jeune homme se fit pointer du doigt à son tour. C'était donc à lui de se présenter. Bien qu'il n'en avait nullement l'envie, il devait bien se trouver un nom. Si seulement son cerveau ne s'était pas troué dans ce train. 'Qu'est-ce que je vais leur balancer comme nom moi...faut que ça claque..' Le blondinet mit les mains dans ses poches pour ressortir son briquet et une cigarette. Tandis qu'il allumait cette dernière sans prêter nulle remarque à son entourage, il remarqua la blason d'un aigle sur son briquet. ' Un aigle?...faucon?...drôle de piaf quoi...' Il remit son briquet dans sa poche et retira la cigarette de sa bouche pour en extirper une fumée.

- Hawkeye...

Voila, finis! Les présentations sont faites, au revoir la compagnie et bon vent chez vous! Il n'a plus à rester là et à écouter les bavardages inutiles et incessants de ses compagnons. Il n'en pouvait plus d'être confiné dans ce train de malheur. Il se faufila entre les deux demoiselles pour s'avancer vers ce qui ressemblait pour lui à une sortie. Cependant sa très grande connaissance en structure de train ne le fit que rentrer dans une cabine dont la porte était resté grande ouverte. Hawkeye fronça les sourcils et mordit sa cigarette pour exprimer sa rage. Quelle idée de mettre des cabines dans un train pour dormir? Avec le remue ménage que font les plantes, il faut être suicidaire pour pioncer ici.
Hawkeye allait quitter la cabine pour trouver une vraie sortie lorsqu'un petit éclat brillant vint attirer son attention. Il tourna la tête en sa direction et porta toute son attention sur cet objet brillant. On dirait une sorte de bracelet argentée posé au sol, comme qui dirait abandonné. Le jeune homme s'avança en boitant dans la cabine et s'accroupit difficilement à quelques centimètres du bracelet.

- C'est quoi ce truc...?

Hawkeye prit le bracelet et le tourna dans tous les sens. Il reconnu très rapidement que ce bracelet argenté était en fait une montre au vu du cadran qui ornait ce bracelet. Le jeune homme décida d'y regarder d'un peu plus près. Le train en son ensemble semblait être vieux et totalement inutilisé. Pourtant il devait quand même fonctionner puisqu'il s'était retrouvé ici en compagnie des deux autres demoiselles. Pourtant le bracelet était propre, pas une trace ni aucune poussière dessus. Ce qui voulait dire qu'il était posé au sol depuis peu. Hawkeye se releva et sortit de la cabine la montre en main. Il se tourna vers ses deux compagnons de train et brandit le bracelet-montre.

- J'crois qu'on n'est pas seul, c'est la depuis peu...

Elle les avait lâché. Furieuse. La situation ne lui plaisait pas car elle menait à un souvenir. Et Elle s'était promit de toujours suivre scrupuleusement les règles de son propre jeu, quand bien même elles lui déplaisaient. Renfrognée, Elle laissa jaillir deux boules lumineuses qui virevoltèrent dans les airs et se stabilisèrent à la hauteur de Circé et Hawkeye.

N'ai pas peur, ça ne te concerne pas... murmura-t-elle dans la tête de Soie.

Spoiler:

- Hawkeye...

La petite blonde l'écoutait sans vraiment l'écouter. Ce nom n'avait aucune consonance pour elle. Ne voulait rien dire. Encore, Circé, elle trouvait sa jolie. Mais Hawkeye. C'était bizarre. Et puis sa voulait dire quoi ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Peut être que ça ne voulait tout simplement rien dire. Elle ne le répéta pas cette fois. Elle ne voyait pas pourquoi elle devrait se forcer à parler pour un prénom qui ne lui disait rien du tout. De toute façon, elle ne se sentait déjà plus préoccuper par les gens qui l'entouraient. Le temps d'un soupir, elle c'était de nouveau enfermée dans son monde, imperméable à l'agitation des deux autres. Elle sortit la pièce d'échec qui était dans sa poche, et commença à l'observer avec beaucoup d’intérêt. Puis elle la posa sur le sol. Elle ressortit à nouveau son calepin et son crayon, et commença a reproduire le fou qui se trouvait sur le sol du wagon. Une fois qu'il fut reproduit tel quel, elle le glissa dans sa poche, et reprit son dessin. Elle lui rajouta un bonnet de fou du roi sur la tête, des yeux et un visage paisible. Puis elle dessina autour de lui une gare sombre, ainsi qu'une grande tour noir au sommet prit dans les nuages. Elle rajouta quelques ombres par ci par là, et observa son dessin, satisfaite. Ce fut à ce moment là que Circé lui adressa de nouveau la parole.

« Et si on disait... Soie ? »

Un sourire ravit illumina le sourire de la jeune blonde. Soie. Elle jeta un coup d'oeil à son poignet, et regarda le bracelet de soie qu'elle portait. Oui, c'était parfait. Incarner la douceur de la soie était quelque chose qui lui plaisait énormément. Elle rangea vite fait ses affaires dans ses poches, avant de se relever, les jambes un peu ankylosé par c'est longues minutes d'immobilité. Elle fit quelques pas, vacilla, et remarque que l'Autre, ou plutôt Hawkeye, était sortit de la cabine. Elle ne l'avait même pas entendu partir tant elle avait été concentré par son dessin. Elle sortit dans le couloir pour voir ce qu'il faisait. N'importe quoi comme toujours. Et toujours avec beaucoup de bruits. Que c'était déplaisant. Elle se plaça les mains sur les oreilles pour atténuer le raffut qu'il faisait. Elle ne devait pas aimer sa non plus. Soudain, deux boules de lumières jaillirent, sans pour autant surprendre Soie. Soie.. Comme elle aimait ce nouveau patronyme ! La voix résonna de nouveau dans sa tête, lui arrachant un nouveau sourire béat. N'ai pas peur, ça ne te concerne pas... Non, elle n'avait pas peur. Tant qu'elle savait qu'elle était là, elle n'aurait pas peur.

« C'est... Quoi ? C'est de toi Soie ? »

Le sourire sur le visage de Soie s’amoindrit, prenant une apparence un peu mystérieuse, tandis qu'elle secouait lentement la tête de gauche à droite, en signe de négation. Ils ne comprenaient toujours rien. C'était elle qui menait le jeu, qui menait la danse. La petite blonde tourna alors la tête vers Hanwkeye, attendant qu'il râle de nouveau, prête à supporter une de ses nouvelles agressions sonores.

- Une bombe?

Hawkeye regarda l'objet qu'il tenait dans sa main. Ce petit machin, cette simple montre en argent serait une montre ? Hawkeye fut de plus en plus perplexe en regardant cette objet. Maintenant il n'était plus question d'une tierce personne dans le train mais d'un explosif à retardement ? Hawkeye examina la montre, elle semblait bien indiqué l'heure et non un compte à rebours. Et puis elle était beaucoup trop fine et petite pour contenir le moindre explosif. Au pire des cas elle pourrait juste faire éclater un bras mais bon, elle en a deux non? Ce n'est pas un problème alors. Ah oui...si le bras explose, ça ne va pas être simple d'arrêter l'hémorragie. Bah elle se débrouillera, c'est sa montre et son bras, chacun ses problèmes. Hawkeye revint vers l'assemblé en boitant afin de pouvoir rendre la montre à sa propriétaire mais une étrange lueur vint interrompre son parcours.
Alors qu'il rejoignait Circé et la, apparemment, nouvellement nommée "Soie", une étrange sphère de lumière flottait tranquillement dans le train. Et elle n'était pas seule, une seconde sphère apparu juste en face de Circé. Une pour lui, une pour elle...et Soie? Ça sentait pas bon, et ça ne venait pas de lui. Hawkeye regarda la sphère d'un air légèrement surprit et en même temps totalement dépité dans la situation dans laquelle il se trouvait. Plus le temps passait, plus il avait l'impression d'être dans un manga ou un jeu vidéo. 'Nan mais faut arrêter les conneries là...je suis drogué ou quoi? Ca doit être qu'un rêve...ouai...je suis sûr que je suis tellement défoncé que je dois avoir la tête dans les chiottes à ravaler mon vomis.' Sincèrement, ça vous parait réaliste tout ça? Se réveiller dans un train amnésique, puis se faire attaquer par des plantes géantes après avoir rencontré la reine des râleuse et une boulet innommable, avant enfin de voir des sphères blanches flotter comme si de rien n'était? Non, ce n'est pas normal, mais alors pas du tout normal.
Circé s'était tourné vers Soie en lui demandant si cela venait d'elle. Oui tiens...Soie...merveilleuse Soie. Plus louche que toi ça n'existe pas. Hawkeye posa son regard sur la petite fille avec suspicion et méfiance. Elle n'avait pas un comportement normale. Hawkeye se souvint de l'avoir vu sourire tandis qu'il était pris au piège avec miss plantursula alors qu'elle était épargnée. Et puis elle n'arrêtait pas de dessiner ce qui se passait en parlant d'une "chose" qui semblerait les observer et agir en conséquences. On dit souvent que ce sont les personnes que l'on suspecterait le moins qui sont les plus dangereux, car ils ont répondent justement à tous les stéréotypes qui les rendent innocents et inoffensif alors qu'en fait, ce sont eux les vrais danger publics.
Pourtant, la jeune fille répondit lentement en secouant la tête de gauche à droite. Hawkeye n'avait pas vraiment confiance en cette réponse. Elle était bien trop louche et son petit air angélique ne rendait pas tout ce qu'elle disait pour vérité. Enfin revenons à plus d'actualité, la sphère de lumière. Hawkeye tira doucement sur sa cigarette pour en extirper une bouffée de fumée en direction de la sphère. La fumée semblait à la fois détournée mais pénétrait aussi la sphère blanche. Mais qu'est-ce que c'était que ce truc ?

- Tch...m'énerve ce truc!

Hé oui, la patience n'était pas le fort d'Hawkeye. Ne pouvant savoir ce à quoi servait cet étrange sphère lumineuse, il passa en mode "terminator" et considéra cette sphère lumineuse comme une menace, où plus simplement comme un objet qui l'énerve et qui lui donne qu'une envie : la voir disparaître. C'est alors que dans un grand élan de réflexion et de stratagème des plus complexes qu'il soit, il décida de donner un bon coup de poing dans la sphère lumineuse. Qui sait, peut être qu'en frappant dedans ça va s'éteindre ?

Déçue qu'ils s'emparent de ces précieux souvenirs, Elle préféra se concentrer sur Soie. " Soie... Soie... " répéta-t-elle comme pour mieux assimiler le prénom à son tour. " Où vas-tu Soie ? "

Et tandis qu'Elle guettait la réponse, elle offrit un peu de temps à Hawkeye et Circé alors qu'ils étaient absorbés dans la vision de leurs souvenirs.

Hawkeye:

Circé:

Aussitôt qu'Hawkeye venait de bien caler son poing dans l'étrange sphère lumineuse parce que celle-ci commençait à l'énerver qu'une étrange sensation parcourut tout son être. La scène tout autour de lui se déchira tandis qu'un voile blanc recouvrait tout l'intérieur du wagon du train. Tout était engloutis dans cette vague blanche : Circé et Soie disparurent, le wagon n'existait plus, même le sol était devenu un épais drap blanc. Il n'y avait plus rien, juste lui entouré de blanc. Hawkeye laissa son bras pendre sur son côté tandis qu'il se redressait. Que faisait-il là? Que se passait-il depuis qu'il avait frappé la sphère? Téléportation? Mort instantané? Il n'aurait peut-être pas du frapper dans cette sphère lumineuse finalement.
Mais à peine avait-il eut le temps de réfléchir sur sa situation que la scène se déchira de nouveau, ramenant des couleurs sur cet environnement blanc. En quelque seconde il venait de quitter le train, pour se retrouver dans une pièce blanche et maintenant il se trouvait sur des échafaudages qui surplombait une ville. A peine transporté dans ce nouveau monde que le sang d'Hawkeye ne fit qu'un tour. Non de lui se trouvait une personne à la chevelure blonde longue et aux yeux d'améthyste. C'était lui-même.

- C'est quoi ce bordel !?! T'es qui toi enfoiré !?!

Son talent et sa vivacité pour les joutes verbales s'exprimait aussi sec, mais étrangement cela ne créa aucune réaction autour de lui. Son double était immuable et imperturbable. L'impulsivité du jeune homme prit la place et il se rua sur son double en lui criant mille juron et interpellations, en vain. Il brandit sa main en un éclair et voulu le saisir au col mais sa main traversa son double, comme une main passant au travers d'une chute d'eau. ' Mais qu'est-ce que c'est que truc? La vache...je suis encore plus défoncé que je l'aurai cru...' Hawkeye s'amusa à traverser son double de part et d'autre et de faire de grand geste devant lui afin de se faire remarquer, sans toujours le moindre effet apparent. Dans quoi s'était-il fourré encore?
C'est alors qu'il entendit son double s'exprimer, il semblait s'énerver à propos d'un nom qui sortait de la radio : "l'Hidalgo". En même temps il n'avait pas tort, c'est vraiment à chier comme surnom. Ça ressemble plus à un nom de poney c'est du foutage de gueule. Hawkeye, le vrai, décida donc d'observer tranquillement la scène qui évoluait devant lui, puisqu'il ne pouvait rien y changer. Il vit donc son double, "L'Hidalgo" parlé avec un étrange personnage du type hispanique. Il semblait se connaître bien que l'Hidalgo se fichait royalement de ce que pouvait bien baragouiner l'hispanique.
C'est alors qu'un étrange bruit résonna. L'Hidalgo, comme Hawkeye se retournèrent pour voir d'où venait ce bruit. Mais tandis que son double s'affairait à ramasser un bracelet en argent à l'apparence coûteuse, Hawkeye, quant à lui, se dirigea plutôt vers l'origine du bruit. Puisqu'il n'avait aucune incidence sur le moindre évènement qui se produisait sous ses yeux, il pouvait bien se balader où il le voulait. Mais alors qu'il alla à l'endroit exact d'où venait le bruit, il ne voyait rien. Les échafaudages, les couloirs, la ville, tout semblait s'arrêter net à cet endroit. Devant lui se trouvait de nouveau le blanc vide et étrange dans lequel il était juste avant. Hawkeye baissa son regard pour remarquer que ce monde était collé à la pièce blanche, en étant simplement séparé par une ligne imaginaire. Il posa un pied au dehors, puis dedans, puis au dehors, puis dedans. 'Tain je crois que je vais gerber à force d'halluciner...' Hawkeye se retourna pour voir son double en train d'examiner le bracelet, et ressortant mot pour mot les même paroles qu'il venait lui même de dire dans le train alors qu'il avait ramassé la montre de Circé....la montre? Hawkeye mit une main dans sa poche et en ressortit la montre. Le bracelet argenté ressemblait étrangement à celui que son double avait ramassé. Était-ce une simple coïncidence ou était-ce le même? Pour tout vous dire il s'en moquait bien. Il n'avait pas même envie de faire le moindre lien. Idiot? Non, tout simplement trop têtu pour réfléchir.
Tout d'un coup le sol vint à manquer sous ses pas. Hawkeye chuta sans savoir comment ni pourquoi. Il était pourtant bien sur l'échafaudage ! La scène qu'il quittait rétrécissait à vue d'oeil tandis que sa chute l'entraînait de plus en plus bas, jusqu'à ce que le blanc le recouvre de nouveau. Il se mit à hurler instinctivement, pensant que sa fin était proche et pourtant, il espérait pouvoir s'en sortir.
En un clignement d'oeil, il se retrouva de nouveau dans le train, le bras tendu dans le vent. Il venait de retrouver l'intérieur du train, avec autour de lui des fauteuils, des banquettes surélevés et Circé et Soie en face de lui. Son coeur battait à lui en déchirer la poitrine. Il se redressa de nouveau mais sentit une vive douleur dans sa cheville. C'est vrai, elle s'était faite broyé par les plantes, mais pourtant il pouvait se mouvoir facilement dans cet autre monde et sans douleur. Était-ce un autre monde? Non...maintenant que ses images lui revenait en tête, il avait plutôt l'impression de les avoir vécu, comme s'il avait été son double. Des souvenirs! Voilà ce que c'étaient! Il regarda tout autour de lui, à la fois rassuré de retrouver ce train, mais à la fois pressé de quitter cet endroit de malheur pour ne plus à craindre une attaque surprise de miss plantura.
Dans un geste rapide, il rendit la montre en argent à sa vrai propriétaire et se dirigea rapidement vers une porte de sortie qu'il enfonça d'un grand coup de pied. Son visage était légèrement blême du fait de sa chute sans fin dans son souvenir. Sa respiration avait été rapide mais il la calma rapidement pour ne pas avoir à subir 150 questions de la part des deux zigotos. La porte dégagé par la force de gorille du jeune homme lui laissa la vue sur une ville qui semblait vide et abandonné. Mais où donc avait-il atterri ?

- Moi je met les voiles, faites comme vous voulez mais me ralentissez pas !

Et ce fut la dernière parole qu'il prononça dans ce train de malheur avant de s'enfoncer pour de bon dans cette ville abandonné, sans savoir ce que le destin lui réservait.

" Soie... Soie... Où vas-tu Soie ? "

Elle lui parlait. Elle était là, dans sa tête. Répétait inlassablement son prénom comme pour mieux se l'assimiler. Soie elle même avait encore du mal à se l'approprier. Pourtant, elle l'aimait ce nouveau prénom.

« Je ne sais pas encore.. »

Murmura t-elle tout bas. Il lui était beaucoup plus facile de parler avec Elle. Elle n'avait pas le trac de ce qu'Elle pourrait penser, car elle savait que toute deux étaient liés. Elle se sentait en parfaite sécurité avec Elle. Elle était chez elle. Comme si le fait de revenir ici avait effacé tout son passé. Elle ne s'en souciait plus. N'avait plus qu'une idée en tête. La retrouvée. La jeune fille s'arrêta soudain de pensée, et regarda l'étrange scène qui se passait devant ses yeux. Les deux autres étaient en train de se tordre de douleur, plongé dans une sorte de transe. Que leurs arrivaient-ils ? C'était curieux. Mais pour une fois qu'ils ne faisaient plus de bruit, elle n'allait pas se plaindre. Elle les regarda donc sans rien dire. Observant le moindre de leurs mouvements avec une curiosité non caché. Elle avait de la chance d'avoir été épargné par cette torture qu'il semblait leurs avoir été infliger. Cela dura au moins cinq bonnes minutes. Cinq bonnes minutes durant lesquels Soie resta immobile, les yeux fixés sur Hawkeyes et Circé. Puis enfin, ils sortirent de leurs transes. L'Autre semblait s'en remettre beaucoup plus vite qu'Habit de Marin car elle venait de tomber dans les pommes.

Soie s'approcha de Circé, inquiète. Elle n'osait pas la touché, car ne se sentait pas prête à rompre sa bulle de protection, même avec Habit de Marin qu'elle appréciait pourtant. Elle s'assit donc à coté d'elle, et regarda Hawkeyes, attendant qu'il fasse quelques choses. Pourtant, il ne fit rien. Ne jeta même pas un regard à Circé. Soie sentit la colère montait en elle. Ses onglets s'enfoncèrent dans la paume de sa main jusqu'à lui trancher la peau, faisant luire des gouttes de sang écarlate sur sa peau fine. Il ne la regardait toujours pas. Égoïste ! Mais avant qu'elle n'ait eu le temps de bouger, Hawkeyes était déjà partit. Elle regarda Circé, impuissante. Elle ne pouvait pas rester là à attendre qu'elle se réveille. C'était tout bonnement impossible. Elle arracha un petit bout de papier sur lequel elle écrivit : Je suis désolée. On se reverra. Soie. Puis elle le déposa à coté de Circé. Dehors, il faisait nuit. Elle ne pouvait pas laisser Habits de Marins seule dans le noir. Elle eut un instant d'hésitation, avant de déposer sa lampe de poche près de Circé. Elle trouverai de quoi s'en fabriquait une autre plus tard. Puis de quelques bonds, elle sortit à son tour du train, et courut dans la nuit noire.