Le métro nous annonça chaque stations qu'elle déservait. Elle s'arrêtait à un centre commercial, le terminus. Je me redressais avant de descendre à la suite de Joke. Un centre commercial... On pourra sans doute trouver des vivres dedans, et avec un peu de chance un téléphone pour joindre l'extérieur, même si je suis sur que les chances qu'un téléphone marche et qu'il puisse joindre l'extérieur de cette ville sont faible. Joke avait pris les devant, ouvrant la route. Je la suivais, Xéna devait pas être loin derrière je pense.

Nos pas nous menèrent à un parking, abandonné, vide. Je fronçais les sourcils, il n'y a donc aucun signe de vie dans cette ville, à part des monstres ? Je suis dans un cauchemar... Un cauchemar éveillé. Joke proposait de fouiller ce parking, j'haussais mes épaules avant de parler.

- Hm... Pourquoi pas. Si on trouve rien, on pourra toujours entrer dans le centre commercial...

Je m'avançais dans le parking avant de sentir une odeur immonde, une odeur de mort, une odeur de sang. Mon regard tomba sur une flaque rouge au sol, du sang... Je redressais ma tête et écarquillait mes yeux en voyant un cadavre au plafond. Un frisson me parcourrait, non, il faut pas qu'on reste ici... D'une voix ferme, cachant ma crainte grandissante, je dis :

- Joke, Xéna, on se casse, c'est trop dangereux ici.

Mon regard s'était porter sur les deux femmes qui m'accompagnaient. La première, Xéna, s'était mis en position de combat en voyant le cadavre, comme pour se protéger d'un éventuelle danger pouvant arriver de n'importe où. Avec un cadavre éventré comme ça, c'est sûr qu'il y a quelque chose dans ce parking... Quelque chose de dangereux... Quelque chose qui veut notre mort. Je regardais ensuite Joke, qui... touchait le cadavre ?! Cette fille... Elle a vraiment des problèmes... Puis, une nouvelle sphère lumineuse... Qui m'était destinée en plus. Joke m'adressait la parole, ce qui m'arracha un léger sourire. J'aime bien sa façon de parler, à cette "demi-portion".

- Bien... Faites gaffe quand même. Surveillez bien les alentours.

J'approchais ma main de l'éclat lumineux devant moi, ce fragment de souvenir, me rapprochant un peu plus de ma mémoire... Qui suis-je ? Peut-être aurais-je un peu plus d'information dans ce souvenir. Je fermais doucement mes yeux en l’effleurant, plongeant dans mon passé.

Un frisson me parcourrait quand je sortis de la contemplation de mon souvenir. Un sentiment plutôt étrange venait de naître en moi... De la déception ? Du dégoût ? Ouai, ça doit être ça, je me dégoûte... Je suis un meurtrier... J'aurais préféré resté amnésique plutôt que de découvrir un passé comme ça... Je fus sortir de mes pensées par Xéna, qui m'hurlait de faire attention en m'attrapant au bras, bien sur ma blessure en plus - elle pouvait pas faire attention cette idiote ?! - pour me tirer à l'écart de quelque chose. Ce quelque chose s'avère être une espèce de... rat mutant, aussi gros qu'un chien de chasse, aussi dangereux qu'un prédateur.

Je m'avançais machinalement vers l'animal que Joke tentait vraisemblablement de dresser. Je sortais mon couteau suisse de ma poche, un regard meurtrier envers l'animal. Quitte à être un tueur, autant l'être jusqu'au bout. Ce maudit rongeur a voulu me tuer ? Il a cru que j'allais lui servir de repas ? Dommage pour lui, il n'a pas choisis la bonne proie. D'une voix posée et sûr de moi, je finis par dire aux deux demoiselles :

- Je m'occupe de lui. C'est pas comme si tuer était un acte étranger à mes yeux. Et il a décidé de m'attaquer moi, donc je compte bien lui faire regretter son choix.

Mes gestes accompagnent mes paroles. Je me retrouvais à quelques mètres du rat, le couteau en main, l'envie de tuer cette bête en tête. Je profitais de la diversion qu'a créée Joke avec son fouet pour lui sauter dessus, m'accrochant au niveau de son oreille, pour planté la lame en direction de son oeil.

La bête souffrait, elle hurlait de douleur, courant dans tout les sens tant elle a mal. Sans même avoir le temps de souffler un peu, Xéna lui envoya un coup de pied avant de lui lancer un couteau, c'est que cette brune savait bien viser, en plein dans son oeil valide. Le rat se cambrait sous la douleur, Joke relâchait sa patte pour sauter sur lui, s'accrochant à son cou avant d'étrangler l'animal avec son fouet. Bon, j'avoue, je les ai sous-estimée, ces deux femmes, elles savent plutôt bien se débrouiller, surtout la rousse qui semblait si enfantine en apparence.

J'étais toujours accroché au niveau de sa tête, juste devant Joke, je tirais sur l'oreille de l'animal en retirant mon couteau de son oeil. D'une voix froide, je finis par prendre la parole, m'adressant à l'animal.

- Maintenant si tu veux survivre, tu as intérêt à nous être utile, sinon je laisse Joke t'étrangler sans aucune pitié.

J'écoutais mes deux coéquipières jacasser sans grande attention. C'est vrai que cette bestiole, comme toutes celles de la ville, sont dangereuses. Entre les loups et ce rat... Mais en les tuant, on risque d'avoir des problèmes, du moins, je pense. On est que des pions sur cet échiquier géant qu'est cette ville, il faut maintenant savoir qui manipule ces pions, celui qui nous enverrait ces bestioles. Si on tue ce rat, qui dit qu'il ne sera pas remplacé par une bête beaucoup plus féroce ? Autant le laisser en vie avec un handicap donc... Je soupirais avant de me retourner pour regarder Joke, plus particulièrement sur ses mains qui tremble. Je souriais doucement, elle est encore jeune, malgré le fait qu'elle veuille se montrer autoritaire, elle reste fragile pour son âge. Je lui dis à son attention :

- On va descendre de cette bestiole, et on ira le plus rapidement possible au centre commercial. Je pense que tuer ce rat nous apportera que des problèmes supplémentaires.

J'arrachais le couteau de Xéna de l'oeil du rongeur pour le mettre dans ma poche, je lui redonnerais après. Pour le moment, il faut qu'on parte de ce parking.

- Xéna part devant, on te rejoint à la porte du parking au fond. Joke, je descend prépare toi à faire de même et à partir en courant, sans le fouet autour de sa gorge il se privera pas de nous poursuivre.

Je descendais de mon perchoir pour rester prêt du rat en le menaçant de mon couteau pour que Joke puisse descendre le plus sûrement possible. Je fais signe à Joke de descendre à son tour, la porte n'est pas loin, je pense qu'on aura le temps de l'atteindre avant qu'il nous rattrape.