Pendant qu'elle marche, Pâques ne dit mot. Elle a compris que le meilleur moyen de l'apprivoiser c'est de s'adapter à lui. Il n'a pas envie de parler, elle ne parle pas. Elle pense, c'est pas comme si elle avait pas de quoi faire hein ?

Elle repense à tout ce qu'il avait sans doute eu envie de lui balancer à la gueule et qu'il avait retenu cette fois. A ses yeux dans lesquels régnait une lueur résignée et incroyablement terne. Une lueur qui obscurcissait ses yeux bleus hypnotisant. Une lueur qu'elle veut faire disparaître. Son geste brusque pour l'écarter de son chemin ne l'a pas fait changer d'avis, pas plus que sa sentence :

« Tu devrais pas promettre des choses comme ça. »

C'est vrai, elle a abandonné LSD. Mais elle le retrouvera. Quand ce sera le moment. Pas maintenant. Après ça, elle l'a suivi en silence, sans prendre la peine de lui répondre, marchant juste derrière lui, comme son ombre. Ils sont ressortis à l'air libre et se retrouvent maintenant dans une grande rue qui semble sans fin, bordée de maisons hautes aux façades en bois couvertes de plantes grimpantes. Les portes de certaines sont ouvertes, pas toutes.

Pâques passe devant Novembre et se dirige vers une maison à la porte fermée, au hasard, suivant son instinct. Toujours en silence. Elle appuie sur la poignée et la porte s'ouvre sans résister. Vide et silence. Seules les plantes semblent vivre ici. Mais tout est en place, parfaitement rangé. Parfait, ils trouveront peut-être de quoi calmer le manque du garçon et d'autres choses utiles. Elle attend qu'il la rejoigne à l'intérieur pour lancer :

" Je vais fouiller à l'étage, toi tu t'occupes du rez de chaussée. Si j'ai un problème j'utiliserais le sifflet, débrouilles-toi pour que je t'entende si tu as besoin de moi."

Simple. Efficace. Elle lui tourne le dos et monte les escaliers sans trop de hâte pour ne pas ranimer son mal de tête qui s'est estompé. Alors Novembre, bluffé ?

Elle l'avait suivi. Avait-elle toujours eu cette foi inébranlable en l'humanité ? Comment pouvait-elle encore croire qu'aider les gens sans distinction d'utilité ou de caractère était viable si elle voulait survivre ? Lui, il voulait qu'elle lui foute la paix, parce qu'il ne voulait pas regretter ses propres actes si elle continuait à lui taper sur le système.

Ils quittèrent la bouche de métro en empruntant les escaliers. Escaliers qu'il avait déjà monté la veille. Ses pas le guidèrent instinctivement dans une direction connue, et il reconnut quelques unes des maisons vides qu'il avait vues la fois dernière. Au bout de la rue, se tenait sans doute encore la maison de briques rouges devant laquelle il avait fait la connaissance de Calvetti et sa légendaire boîte de conserve. Par nostalgie, il s'y serait bien arrêté. Comme ça, pour essayer d'oublier tout ce qu'il avait vu de la Ville, depuis.

Mais Pâques s'arrêta avant d'atteindre cette maison. Et à la place, elle entra dans une autre. Novembre la suivit à l'intérieur dans un haussement d'épaules désabusé - des toutes façons, ces maisons étaient toutes semblables, non ?

Et puis la gamine commença à faire son autoritaire. Et ne reçut en réponse qu'un nouveau haussement - de sourcil cette fois-ci, preuve du scepticisme du brun. Bon, ok, si elle voulait, écoutez. Il ne voyait pas comment il pourrait avoir besoin de son aide, mais pourquoi pas. Lui hurler de fuir si des ronces débarquaient à l'improviste, à la limite...

« Ouais, s'tu veux. »

Il se traîna jusqu'à la cuisine sans grande conviction. Se "traîner", oui, c'était tout ce qu'il était capable de faire, maintenant. Et il tirait toujours la valise derrière lui. Il ouvrit des placards muraux, en tira un nouveau paquet de chips - décidément il aimait les chips, même si ça nourrissait pas des masses -, commença à grignoter avec un air blasé. Ouvrit les tiroirs du plan de travail. Allumettes. Ouais, ça pouvait être utile, ça. Surtout qu'il n'y avait pas de briquet en vue. Et toujours pas de clopes.

« 'Tain, pourquoi la voiture est pas là quand j'ai besoin d'elle ? »

Ça serait tellement plus simple pour retrouver les autres... 'Fin les Maraudeurs, quoi. Surtout Hécate. Il se saisit tout de même du paquet, le fourra dans sa poche de jeans après l'avoir secoué et ouvert pour s'assurer qu'il contenait bien des allumettes en état, et revint sur ses pas pour se retrouver devant les escaliers. Il n'osait pas monter, en fait. Quoi, le dealer avait peur de défier les ordres d'une gamine ? Même pas en rêve. Finalement, il monta quand même les marches.

« C'est bon, t'as trouvé ce que tu voulais ? Au fait, tu comptes te servir du bandage un jour, ou tu sais pas comment ça se met ? » Lança-t-il, arrêté à quelques pas de la descente d'escaliers.

"Ouais s'tu veux"

La phrase de Novembre résonne encore à ses oreilles. Elle sourit, profitant qu'il ne la voit pas. Il faudra qu'elle songe à ne pas trop vouloir le diriger quand même, sinon il risque de l'envoyer péter à nouveau. Mais ce n'est pas si facile de se montrer forte. Si elle se contente de le suivre il va la trouver inutile, si elle donne des ordres il se braquera. A elle de trouver le juste milieu. Dur d'aller contre sa nature hein ? Enfin, son petit doigt lui dit qu'elle réussira à s'adapter. Parce qu'il le faut.

Une fois en haut, elle ouvre la porte de chaque pièce et repère deux chambres, un bureau, une salle de bain et des toilettes.

Elle commence par fouiller le placard de la salle de bain et trouve de l'aspirine et du désinfectant pour sa plaie. Elle attrape des cotons pour nettoyer la blessure. Avec le bandage, elle va pouvoir se rafistoler.

Elle va ensuite dans une chambre et fouille la penderie, à la recherche de fringues plus adaptées à sa situation. Elle attrape un pantalon 3/4 noir à sa taille, un T-shirt blanc un peu large pour elle et une veste bleue à capuche qui lui tiendra chaud la nuit prochaine. Il faudra qu'elle voit si elle peut trouver des baskets aussi. Dans un petit tiroir elle trouve un bandeau, blanc, pour mettre dans ses cheveux.

Restent la table de nuit près du lit. Elle l'ouvre et y déniche son salut. Un paquet de clopes. Voilà qui devrait calmer le jeune homme. Et même provoquer un soupçon de reconnaissance qui sait ? On peut toujours rêver hein. D'ailleurs, comme s'il l'avait senti, il monte l'escalier et l'invective :

« C'est bon, t'as trouvé ce que tu voulais ? Au fait, tu comptes te servir du bandage un jour, ou tu sais pas comment ça se met ? »

Il n'est pas encore à la chambre, tant mieux, elle a besoin d'un peu d'intimité. Elle s'approche de la porte et fait glisser le paquet de cigarette jusqu'à Novembre avec un clin d'oeil :

" Et même ce que tu voulais. Grille t'en une, faut que je me change ! Tu pourras m'aider pour le bandage s'il te plaît ? Il sera plus serré si tu le fais toi. J'ai du désinfectant pour la plaie. "

Sur ces mots, elle pousse la porte et commence à enfiler ses nouveaux vêtements. Elle se sent bien plus à l'aise ainsi. Sa robe pèse. A cause des objets dans ses poches qu'elle n'a pas encore pris le temps d'examiner. Plus tard.

" Faudrait que je choppe un sac aussi, et des tennis si possible, sinon je ferais sans. "

Le paquet glissa sur le parquet moisi. Novembre regarda successivement ledit emballage et le visage de la jeune fille, levant et baissant les yeux sans trop comprendre. À quoi tu joues, gamine ? Qu'est-ce qu'elle voulait qu'il réponde à ça, franchement ? "Merci, mais non merci, j'sais me débrouiller tout seul" ? "La prochaine fois, file-moi le briquet qui va avec" ? Elle s'enferma dans la pièce d'à côté. Bon, ben visiblement elle n'attendait pas de réponse.

Et par terre, ce paquet qui lui faisait de l’œil. Il semblait presque lui dire "viens me chercher, ouvre-moi, allez, je sais que t'en as envie." Il se baissa et le ramassa. Voilà, maintenant il n'arrivait plus à détacher ses yeux de la chose. C'était machiavélique en fait. Enfin son besoin en nicotine allait pouvoir être satisfait. Il allait pouvoir fumer. Enfin. Il sortit le paquet d'allumettes, en tira une, la fit craquer contre la boîte, sortit une cigarette du paquet, l'alluma.

Bouffée d'oxygène pour ses nerfs à vif. Le poison qui se répandait dans ses poumons lui faisait un bien fou. Voilà, il commençait à déstresser en expirant la fumée grise et entêtante. Ses muscles crispés se détendirent progressivement. Il était concentré sur ce bien-être éphémère, si bien qu'il n'entendit les paroles de Pâques que d'une oreille distraite. En l'instant, il s'en foutait pas mal, qu'elle ait besoin d'un sac.

Parce qu'il avait à peu près réussi à oublier Nulle-Part.

Sauf qu'il réalisa bien vite qu'elle lui parlait, la gamine. Il rangea le paquet de clopes dans sa poche et entra dans la chambre encore libre de la maison. Alors, un sac, ça devait pas être dur à trouver, si ? Il ouvrit l'armoire en bois qui devait faire office de penderie, et y dénicha un petit sac en toile beige, avec des bretelles. Ben voilà, ça fera l'affaire, Miss-Bisounours sera pas trop dépaysée avec ça, ça fait sac de fille. Le brun s'en saisit et le déposa sur le seuil de la porte fermée. Pâques n'aurait qu'à le ramasser, il n'allait pas se trimbaler un sac de plus, maintenant.

« J't'attends là », lança-t-il à travers la porte fermée.

"Là", c'était appuyé contre le mur d'en face, en diagonal par rapport à la porte, les yeux dans le vague. "Les sentiments ne sont pas une faiblesse, mais une force." La phrase de Pâques tournait en boucle dans sa tête, insaisissable. Et courir après Hécate alors qu'ils avaient été séparés par la Ville, ce n'était pas une faiblesse, peut-être ? Et chercher Calvetti et Décembre, c'était pas le rendre prévisible au possible ? Vulnérable ? Tss... Ça sert à rien de penser à ça, de toutes façons, c'est qu'une phrase de gamine. Ça veut rien dire. J'suis pas faible, bordel, qu'est-ce qu'elle croit ? Mais non, bien sûr, il avait juste besoin de savoir une certaine brune aux yeux verts en sécurité, et tout allait très bien. Sauf qu'il n'avait aucun moyen de le savoir. Et qu'il s'inquiétait. Et que ça le rendait dépendant au contact. Et donc faible à ses yeux. Génial. C'est bon, arrête de te prendre la tête avec ça, Nov'. Elle peut pas être bien loin, de toutes façons, et elle sait se débrouiller.

Ouais, c'était ça. Elle savait se défendre, aussi. M'enfin. Il avait de la bouffe, il avait de l'eau, il avait des clopes, certes, mais combien de temps tiendrait-il encore sans retrouver les autres ? Les Maraudeurs ? Hécate ?

Pas assez longtemps à son goût.

Pas de merci. Pas grave. Pas de réponse pour le bandage. Pâques sent l'odeur de la clope malgré la porte qu'elle a repoussée et comprend que l'esprit de Novembre doit tourbillonner avec la fumée qui s'échappe de la cigarette. Et il se sent supérieur à moi l'accro à la nicotine... Pâques ! Commence pas à penser comme lui, ça ne te ressemble pas ! Ouais, pardon.

« J't'attends là »

Elle sourit. Il n'est pas si méchant au fond hein ? Elle prend le temps de respirer un grand coup et sort de la chambre. Son pied bute contre le sac beige qu'il a posé devant. Super ! Il l'a quand même un peu écouté, il y a du progrès ! Elle fourre ses affaires dedans, sauf l'aspirine, le désinfectant et le bandage qu'elle garde à la main. Il semble perdu dans ses pensées, pas réjouissantes si elle se fie à son visage fermé. Il faut qu'elle l'en sorte, elle n'aime pas le voir comme ça.

" Merci pour le sac. Faut que j'avale un truc et jte suis. "

Elle ne lui demande pas si ça lui va, parce que ça ne lui ira pas. Mais elle va faire comme si. Elle descend les escaliers, entre dans la cuisine, fouille un placard et attrape un paquet de biscuit. Elle s'assoit sur la table, le regard tourné vers l'extérieur, les pieds dans le vide et commence à grignoter. Elle a posé le matériel de soin à côté d'elle, sa tête recommence déjà à lui faire mal.

" Je peux avoir de l'eau pour avaler un cachet d'aspirine s'il te plaît ? Ça passe pas. "

La gamine sortit enfin de la chambre. Heureusement, parce que Novembre était prêt à s'asseoir par terre contre le mur en mode clochard pour bouffer son reste de chips et grignoter des cochonneries hyper salées toute la nuit. Ouais, bon, ok, il avait son coup de barre du matin, comme tous les gens normalement constitués quand ils dormaient pas des masses et de manière très... Aléatoire, on va dire.

Pâques le remercia et passa devant lui pour descendre les escaliers. Ah oui, la boîte de médoc qu'elle avait dans la main, c'était sans doute parce qu'elle se sentait mal. Au fait, pourquoi elle le remerciait ? Pour le sac ? C'était vraiment la peine ? La politesse, c'était une perte de temps, ici, pourtant. N'est-ce pas ? Bref. Il descendit à sa suite, jetant son mégot sur un tapis avant de l'écraser au passage. Bah, tant pis, personne n'irait se plaindre que le ménage n'était pas fait, et vu l'état de la maison, de toutes façons, on ne verrait pas la différence.

Il trouva la gosse assise à la table de la cuisine, en train de manger des biscuits. Ah oui, de l'eau pour avaler des cachets, c'était quand même plus pratique. Le brun sortit une bouteille déjà entamée de la valise et la posa sur la table, à côté du reste.

« Tiens. Si t'as soif, te gène pas. »

Ouais, parce que l'eau était quand même hyper rare à Nulle-Part. Et non, il ne partagerait pas avec toute une flopée d'inconnus, mais bon, Miss Blue-Hair en avait sans doute besoin, après avoir affronté la chaleur des sous-sols de la ville et sa blessure qui avait du l'affaiblir.

« Le désinfectant est encore bon au moins ? Sinon je te mets la bande direct et tu le gardes pour autre chose. »

Oui, c'était toujours pratique d'avoir un produit inflammable avec soit, on n'était jamais trop prudent. Que ce soit pour repousser les ronces ou juste pour se réchauffer la nuit, ça ne valait définitivement pas le coup de s'en passer.

« Tiens. Si t'as soif, te gène pas. »

Pâques attrape la bouteille et contemple un instant le liquide incolore. A ce moment là, elle se rend compte qu'elle meurt de soif. Alors elle ôte le bouchon et avale le cachet, faisant couler dans sa gorge sèche 3 ou 4 grandes gorgées. Ça fait du bien... Elle repose l'eau en passant sa langue sur ses lèvres pour savourer les quelques gouttes qui s'y sont accrochées.

« Le désinfectant est encore bon au moins ? Sinon je te mets la bande direct et tu le gardes pour autre chose. »

Elle essaye de regarder l'étiquette sur la bouteille mais elle est illisible. De toute façon, elle ne connaît même pas la date d'aujourd'hui. Alors elle hausse les épaules et la fourre dans son sac, tout comme le paquet de biscuits entamé, sans un mot. Elle se sent un peu mieux après ce repas frugal et avec ses nouveaux vêtements. Plus que la blessure et elle sera comme neuve.

" Je veux bien que tu mettes la bande. Et après on y va, faut qu'on retrouve ton amie. "

A cet instant elle réalise qu'elle s'est vraiment prise en main quand il est arrivé. Il la guide, qu'il le veuille ou non. Ça fait du bien de se sentir un peu moins vulnérable. Elle se lève, ouvre un placard, fourre un autre paquet de gâteaux dans son sac. Parce qu'il ne sera peut-être pas toujours là. Mais c'est pas le moment d'y penser.

Elle se plante devant lui, la bande à la main, un petit sourire sur le visage. Il sent la fumée. C'est étrange comme odeur, pas trop désagréable mais un peu entêtant quand même. Elle lui tend la bande.

" Serre bien, va falloir que ça me protège un moment. "

Ouais, ouais, c'est ça. Comme si on allait la retrouver en claquant des doigts. Il décida d'ignorer cette remarque. D'ignorer le trop plein d'optimisme de la gamine. Après s'être équipée en gâteaux - un seul paquet ? Elle mangeait rien ou quoi ? D'un autre côté, vu sa taille, ça ne l'étonnait pas trop -, Pâques se planta devant lui, avec son sourire d'enfant sage qui l'agaçait tellement, et lui tendit la bande.

Novembre l'attrapa et commença à l'enrouler autour de la tête de la jeune fille, serrant tout de même assez fort pour qu'elle ne se défasse pas tout de suite. D'un côté, il avait un peu peur de lui faire mal - c'est qu'elle avait l'air super fragile, cette gamine -, et d'un autre, elle l'avait demandé, alors bon... Il finit par attacher les deux bouts de la bande velpeau ensembles pour fignoler le bandage, et c'était fait.

« Voilà. Y touche pas trop quand même, j'en ai pas cinq-cent à te passer, ok ? »

En fait, c'était la seule qu'il pouvait se permettre de lui passer. Parce qu'il y en avait quatre, à la base, une pour chaque membre des Maraudeurs. Il considéra que, pour le moment, il avait donné la sienne à Pâques. Et connaissant le caractère explosif de Décembre, nul doute qu'il la retrouverait en mauvais état, la prochaine fois qu'ils se croiseraient. Donc c'en était au moins une à garder. Calvetti risquait de tomber sur plus fort qu'elle si elle persistait dans son lancer de conserves. Quant à Hécate... Et bien il était tout simplement impensable de ne rien lui laisser. Donc voilà, il s'était encore fait avoir, en gros.

« Bon, t'as fini, on s'en va ? »

S'il avait été quelqu'un de plus cultivé - de plus... Scolarisé, en fait -, il vous aurait sans doute dit que c'était une question rhétorique. Mais c'était Novembre, alors ce genre de commentaire volait trop haut pour lui. Il aurait bien repris des vêtements en passant - une veste, un sweat, n'importe quoi qui puisse tenir un peu plus chaud qu'un tee-shirt à manches courtes plein de poussière -, mais honnêtement, là, tout de suite, il n'avait qu'une envie, c'était de se retrouver dehors. De chercher Hécate et de ne s'arrêter de marcher que lorsque ses baskets tomberaient en lambeaux. Ou lorsqu'il la retrouverait, évidemment.

Il s'était déjà retourné, et tirait la valise avec plus d'énergie qu'à son arrivée dans la maison. Il se sentait impatient de repartir. Pas l'impatience du gamin qui attend son cadeau de Noël, non. Juste l'envie de se jeter dehors pour ne plus avoir l'impression de perdre son temps. Le souhait de revoir Hécate vivante - et pas grenouillisée pour toujours, accessoirement. Il grimaça à cette idée. Ah oui, en effet. Ça. Ça serait un problème de plus à résoudre. Passant la porte, il hasarda, peu convaincu :

« Au fait... T'as pas vu, je sais pas... Une sorte de médicament un peu spécial, dans le coin ? »

Et oui, avec la Ville, il fallait s'attendre à tout. S'il y avait des voitures vivantes et des ronces anthropophages, pourquoi pas des pilules magiques qui dégrenouillisent, hein ?

Pilules... Spéciales... Bleues ? Les granules qu'il avait trouvées dans la Boîte ?

La suite à la fontaine, In the cold light of the morning.