02h-04h Suite de ça

Mal de crâne foudroyant. Voilà ce qui attendait le jeune homme au réveil. Il grogna lorsqu’il sentit la douleur à sa tête. Il porta sa main dans ses cheveux afin de toucher l’endroit douloureux puis la retira. Aucune trace de sang. Il soupira de soulagement. Mais une fois ce problème réglé, son cerveau pensa automatiquement à un autre problème. Le gars ! Il lui disait quelque chose. Comment pouvait-il lui dire quelque chose alors qu’il n’avait pas de souvenirs ? Sa main glissa dans sa poche. Vide. Il regarda Lou et grogna encore dérouté :

« Mes affaires ! »

Gabriel n’avait pas attendu la réponse de la femme et avait déjà commencé à chercher dans la petite voiture. C’est en jetant un coup d’œil furtif aux sièges arrières que la photo l’interpella. Ces affaires étaient là, éparpillées. Il commença à s’énerver mais ne déversa pas tout de suite sa colère sur la rousse ; Il avait des affaires plus importantes avant. Il se courba afin de ramasser ces affaires et tomba au niveau de la banquette arrière. Il ferma les yeux et essaya de contenir à nouveau sa colère. Un soupire rageur s’échappa d’entre ses dents.

« Mais pourquoi tu les as mis là Lou ! T'es sérieuse ?! Tu aurais put les mettre n’importe où, dans la boite à gant par exemple ! Merde quoi ! »

L’homme avait craqué et lâché uniquement cette phrase. Alors qu’il ramassait ces affaires il tomba sur la photo où il tenait un homme entre ces bras. Ses yeux s’ouvrirent de stupeur. Il n’écoutait plus Lou, il n’écoutait plus rien. Il bégaya en murmurant pour lui-même :

« L’homme, l’ombre, les cheveux roux, la photo…. LUI ! »

L’homme de sa photo était passé devant lui et il ne l’avait pas reconnu sur le coup. Pire, il l’avait laissé filer. Cet homme. La colère monta à nouveau d’un cran. De toute façon c’était la faute à Lou, c’était toujours de sa faute. Il rangea rapidement ses affaires. Relevant la tête il aperçut une lumière qu’il n’avait pas vue auparavant. Cette lumière émanait d’une ruelle qu’il avait ignorée trop préoccuper par ces autres affaires. Lou parlait encore, il la coupa, intrigué.

« Lou, il y a de la lumière là-bas. Tu viens avec moi ? »

Il sortit par la portière de derrière puis ouvrit la porte à la jeune femme. Il ne pleuvait qu’un petit peu désormais c’est pourquoi il ne prit pas la peine de se couvrir. Tout en marchant dans la ruelle dans le but de rejoindre la source de lumière, Gaby se rappela qu’il était dans la rue quand il était tombé. Lou l’avait donc ramené à la voiture, il lui sourit et ce sourire la coupa dans son blablatage.

« Merci pour m’avoir ramené dans la voiture.»

Le frais de la nuit avait suffit pour calmer le jeune homme. Il aurait pu rajouter : c’est cool de pouvoir compter sur toi. Mais il ne le fit pas. Pourquoi l’aurait il fait.


La lumière s’intensifiait à mesure qu’ils avançaient. La fontaine éclairait une jeune femme aux cheveux châtains. Ces derniers étaient accrochés en une tresse rapidement faite. Une mélodie sortait de sa gorge. Elle était de dos. Pourtant cette voix, ces cheveux. Ces attributs lui rappelaient quelqu’un mais qui. Lorsqu’elle entendit les pas, elle se retourna.

02h-04h
Gaby contemplait la jeune femme assise au bord de la fontaine lorsqu’il sentit quelqu’un fondre dans son dos. L’homme ne bougea pas, se retournant seulement en voyant la jeune rousse à terre. Mais elle n’y resta pas longtemps et se releva. Il sourit ne comprenant pas le geste, pensant qu’elle voulait juste jouer. Il ouvrit la bouche afin de parler mais ne put, elle parla avant. Elle lui expliqua qu’il était la pire calamité qu’elle ait eut. Et elle continuait à lui jeter son venin. Il n’y comprenait plus rien. Une fois qu’elle eut finit avec lui, elle en rajouta une couche en expliquant à la jeune femme à quel point il ne fallait pas rester avec lui. Puis elle finit par lui en lui expliquant qu’elle le détestait et qu’elle l’écraserait. Il la regarda partir sans un mot. Pourquoi la retenir. Elle le détestait autant qu’il ne la supportait pas. En tout cas, lui ne la détestait pas, il semblait qu’il était impossible de détester quelqu’un. Par contre, il n’avait pas compris cette réaction extrême. Il entendit le moteur de la voiture qui partit. Il restait là, coi, bouche bé. Il pensait que finalement elle l’appréciait quand même, malgré tout ce qui s’était passé. Mais ce n’était pas le cas. Tant pis, il y a toujours des gens avec qui ça ne marchait pas. Ca le décevait un peu mais c’était le cas. De tout cœur il espéra qu’elle trouverait quelqu’un qui l’apprécierait plus que lui.

Il restait toujours de dos, observant l’allée sombre. Bien sur qu’il était égoïste, trouillard dans cette ville pourrie, énervé, qu’il essayait de survivre plutôt que de faire le gamin. Il le savait tout ça. Du coup ce qu’elle lui dit le toucha plus qu’il ne l’avait pensé. Son estomac était serré et une moue triste était apparue sur son visage. Gabriel ne savait quoi répondre. Il n’était pas triste qu’elle soit partie, il était triste de ce qu’il était. Mais il ne pouvait changer. Il leva la tête au ciel et soupira afin de calmer les larmes qui montaient. Il pensa à autre chose. Il avait momentanément oublié la présence de la jeune brune de la fontaine et lorsque cette dernière parla il sortit de sa stupeur. Bien sur c’était normal d’avoir peur. Il le savait. Il sourit à la rue noire puis une fois ‘’sûr’’ de son apparence il se retourna, tout sourire aux lèvres. Elle était gentille, mignonne et douce. Il lui semblait qu’elle comprenait, qu’elle le comprenait. Il sourit de plus belle, heureux d’être enfin compris. Il aurait été un bonobo il lui aurait sauté dessus. Mais malgré qu’il était perdu dans cet endroit, il n’en était pas un. Alors il se contenta de sourire et d’écouter ce qu’elle avait à dire, de l’écouter le réconforter. Lorsqu’elle eut finit, il se contenta d’un sourire draguer accompagné d'une voix douce disant :

« Merci beaucoup, tu me comprends toi. »

Et rien d’autre. Que dire de plus d’ailleurs. Elle ramassa son sac en se penchant et Gabriel en profita pour regarder discrètement. Alors qu’elle se levait, elle lui demanda s’ils se connaissaient.

« Je suis désolé. J’ai eus un seul souvenir mais rien avec toi dedans mais qui sait, le passé nous reste inconnu. De plus, tu me dis quelque chose. »

Il était vrai que son visage n’était pas inconnu. Mais qui était elle, ça il n’aurait sut le dire. Si c’était une femme d’un soir qu’il n’avait pas rappelé alors il espérait qu’elle ne s’en souvienne jamais. Tout du moins pas avant qu’il ne se la retape. Il esquissa son premier geste depuis un moment et se dirigea vers la fontaine pour s’assoir sur la fontaine. Au passage il lui avait prit la main pour la guider vers la fontaine tout en lui disant :

« Au fait, que sais-tu de cet endroit ? Tu es ici depuis longtemps ? »

02h-04h

La jeune brune avait haussé les épaules pour guise de réponse mais c’était laissé prendre la main et l’avait suivit avant de s’assoir avec lui. Puis d’un coup, de but en blanc, elle avait enlevé sa main. Gabriel avait arqué un sourcil. Que se passait-il. D’abord elle se laissait faire puis elle se rebutait. Il leva les yeux au ciel, il ne comprendrait jamais les filles, c’était une cause perdue. Tout en enlevant sa main elle lui demanda s’il était suicidaire. Il la regarda sans comprendre, c’était quoi son problème à elle aussi. Voilà qu’il échappait à la folle trop pleine de joie et fatiguante pour se taper une incompréhensible. Il le voyait commencer à s’énerver. Il se promit de ne plus la toucher mais ne répondit rien.

Une fois calme elle lui avait expliqué qu’elle était arrivée avec deux autres. Ils n’étaient donc pas les seuls ! Gabriel se sentit rassuré. Un il allait pouvoir faire pleins de nouvelles rencontres, deux ça signifiaient que Lou allait surement rencontrer quelqu’un et n’allait pas finir morte. Car il s’en voudrait de ne pas l’avoir retenue si elle était morte. Il sourit à la jeune femme qui se tenait devant elle lorsqu’elle lui demanda son prénom. Il retient sa joie, sa fierté de le donner à tout le monde. Il se contenait bien que mal et sourit juste.

« Moi c’est Gabriel. Mon vrai prénom. Celui de mon passé. Et toi ? Comment tu t’appelles ? »

Gabriel se maudit de s’être vanté d’avoir son prénom du passé. Ca pouvait lui faire de la peine et puis ce n’était pas si extraordinaire que ça. Alors il changea rapidement de conversation.

« Dis-moi. Pourquoi tu m’as demandé si j’étais suicidaire toute à l’heure ? Aux dernières nouvelles non je ne le suis pas. Qu’est ce qui t’es arrivé miss ? »

Ne pas refaire la même erreur. Ne pas recommencer. Être attentif auprès de la jeune fille, ne pas faire comme avec la rousse.

Il l'avait senti. Cette phrase, "je m'en fou un peu", qui sonnait creux. Il ne s'en était pas plus préoccupé. De toute façon qu'aurait il pu dire. Si elle voulait mentir, elle le faisait. C'était son choix. Et il n'allait surement pas la critiquer pour cela. Chacun agissait comme il le souhaitait. Lui aussi mentait... Souvent... Il lui sourit donc. Un sourire pas compatissant, un sourire de compréhension.

Alors qu'il lui posait la question elle rigola. Son rire le fit sourire. Elle avait un si joli rire. Il aurait aimé la faire rire encore et encore. Sauf qu'il ne comprenait pas pourquoi elle avait rit. Elle lui expliqua que c'était une longue histoire. Elle n'en dit pas. Songeuse, elle détacha ses cheveux et les entortilla. Puis elle lui expliqua qu'il était surement suicidaire pour traîner avec une fille comme Lou. Ca l'énerva. June ne connaissait pas Lou. Et même si elle l'horripilait parfois elle ne méritait pas que l'on dise tant de mal sur elle. De plus, il voulait se réserver le droit de la taquiner. Et pour finir, la méchanceté gratuite, il détestait. Au final elle lui expliqua la vraie raison en lui proposant de regarder son compteur. Il réfléchit. Déjà il n'avait pas aimé la façon dont elle lui avait dit. Mais il ne releva pas, à quoi cela servirait il ? Et puis, cette fois il lui fallait être gentil. Il n'allait tout de même pas se retrouver ici tout seul. Elle avait parlé de compteur. Il réfléchit à la pendule qu'il avait trouvé le matin sur son ventre. Il lui semblait que l'heure avait nettement reculée. Quelque chose lui dit que c'était à cause du fait d'avoir prit la jeune femme par la main.

La colère commença à monter. Elle aurait put le prévenir tout de même ! Il ne souhaitait pas mourir. Pas encore du moins ! Il n'avait pas encore trouvé le roux de la photo ni la brune. Il voulait ce souvenir avant de mourir. Mais il se força à se calmer. Ne pas recommencer. Rester calme, ne pas refaire comme avec Lou. Il inspira profondément. Se regard n'avait pas lâché la pendule. D'une voix monotone, posée, calme, absente il dit.

"Tu aurais put me prévenir."

Il regardait toujours le compteur. Qu'est ce qui s'est passé.

"Tu peux m'expliquer ce qui s'est passé ? Ce qui t'es arrivé. Ce qu'il se passe dans cette putain de ville ?!"

Sa voix avait un peu monté à la fin et c'est pour cela qu'il s'était tû. Il ne la regardait toujours pas. Il regardait ce stupide compteur. Et si lorsqu'il arrivait à 0 il mourrait. Cela signifiait qu'il devait retrouver son passé avant la fin. Le jeu avait commencé.

Elle lui sourit et expliqua qu’elle ne savait pas. Il sourit intérieurement. Elle ne savait pas mais elle c’était elle qui lui avait dit de regarder sa montre. Elle le prenait pour un débile ou quoi ? Pourtant il ne dit rien. La pauvre petite était aussi perdue que lui. Ca le rassurait d’une certaine manière. Mais c’était aussi flippant. Où étaient ils donc tombés ? La jeune brune ne répondit pas alors qu’il lui demanda où ils étaient. Elle ne fit que pencher la tête ce qu’il prit pour un non. Il soupira énervé. Le jeu. Tout n’était qu’un jeu dont ils ne savaient pas les règles. Il n’était pas mauvais perdant. Enfin il ne pensait pas l’être. Mais il n’aimait pas jouer à quelque chose sans en savoir les règles. Quoi que. Il aurait très bien pu jouer à certains jeux sans en savoir les règles. L’inconnu pouvait ne lui être pas si effrayant que ça. Après tout, il avait bien oublié son passé.

Sa petite réflexion fut coupée par June. Le silence s’était malheureusement installé entre eux, chacun ruminant ses propres pensées. Elle voulait l’appeler Gaby. Pourquoi pas. C’était mignon Gaby elle avait raison. Avec ce surnom il se sentait attaché à elle. C’était affectif. C’était… différent d’avec Lou. C’était nouveau. C’était… Tais-toi stupide pensée et répond un truc toi.Et oui notre Gaby se parlait à lui-même. Schizophrène, qui sait ? Il lui sourit.

« Tu as raison miss. C’est bien Gaby. »

Et lui, sans que ce soit officiel allait l’appeler miss désormais. C’était affectif aussi. Il la vit sursauter. On aurait dit un écho de pas. Il reporta son attention à la fin de la rue. Il vit deux silhouettes s’approcher et à mesure qu’ils arrivaient des voix se firent entendre. Des voix humaines. Une voix aigüe et une plus grave. Une jeune fille et un homme surement. A mesure qu’ils arrivèrent, Gabriel parvint à les distinguer. Une jeune fille avec des béquilles, un jeune homme assez mignon et un chien. Pause ! Que venait-il de dire ?! Un jeune homme assez mignon. Il était fou. Cette ville le rendait fou. Il préféra ne plus penser à ses propres pensées. Revenons à la fille. Elle était blonde, choupi mais un peu jeune.

Il n’apprécia pas le regard que lança le nouvel arrivant à sa copine de surnom. Un regard un peu envieux d’ailleurs ce n’est qu’à elle qui parla lorsqu’il les salua. Ensuite un regard plein de mépris fut lancé à l’encontre de Gabriel. Oui il n’allait pas porter cet homme dans son cœur. Il lui renvoya un regard plein de haine accompagné d’un sourire méchant. Tu la touches mon gars, tu meurs. Il jette un regard à sa miss. Et il voit ses prunelles qui brillent. Il lève les yeux au ciel. Et oui déjà à fond sur le nouveau. Il n’était pas beau lui. Son égo en prit un coup. De toute façon, si June voulait être avec le nouveau il n’irait pas contre mais il ne le sentait pas celui-là. Et la phrase d’après lui confirma ses pensées. Il regarda à nouveau June alors qu’elle lui répondait. Son visage était glacé. Il sourit, vainqueur mais se reprit lorsqu’elle le regarda. Un visage neutre remplaça son visage de victoire. La jeune brune leva les yeux au ciel et soupira. Ce à quoi répondit Gabriel d’un petit sourire encourageur.

Bien que le footballer fût d’abord décidé d’ignorer le blond, il préféra annuler cette pensée. Devenir son ‘’ami’’ allait enfoncer le clou. June ne semblait pas tellement apprécier le nouveau. Elle questionna la petite blonde sur sa cheville. D’accord, ces deux là se connaissaient mais June ne semblait pas connaître le nouveau. Gentleman dans l’âme, il se rapprocha de June. C’est à ce moment qu’il réalisa que cette dernière était bien plus proche de lui qu’il ne l’avait pensé. Quand s’était elle rapprochée ? Il n’avait rien remarqué. Il lança un sourire plein de compassion et de sympathie à la nouvelle.

« Assis toi, ça sera plus simple pour toi que de rester debout. »

Bien sûr qu’il était prêt à se lever si les deux filles voulaient parler entre elles mais il avait peur de laisser June près de l’homme. Au pire, la blonde pouvait toujours s’assoir à côté de June au lieu d’à côté de lui. Il était heureux en y repensant. Il était heureux que June se fusse rapprochée de lui. Une complicité semblait naître entre les deux personnes. Enfin pour lui c’était ça. Il regarda la blonde et d’une voix toute douce lui demanda.

« C’est quoi ton prénom ? (il continua avec une voix beaucoup plus neutre en regardant le nouveau : ) et le tient à toi ? »

La jeune blonde prit place à côté du footballer. Un sourire narguer s’allongea sur ses lèvres. Il avait réussit. Eka elle se nommait. Et lui Matt. Il sourit à nouveau à Eka lorsqu’elle lui dit son prénom. Il allait ajouter quelque chose mais le regard du prénommé Matt le devisa. C’était sa proie. Soit mais il n’avait pas intérêt à toucher à June du coup. Eka semblait un peu effrayée et elle demanda si la ville avait fait le carnage. En effet.

« En tout cas ce n’est pas nous. On est bien élevés nous. »

Bon d’accord cette dernière réplique avait pour but de viser Matt. Surtout le coup d’œil pour lui après. Matt s’avança et le poussa. Mais Gabriel ne tomba pas. Ados mec. Il tint bon. Il se leva dans un bon. Il avait osé l’idiot ! Gaby l’empoigna par le col. Puis le relâcha. June n’aurait pas apprécié qu’il le tape. Enervé, prêt à taper sur tout, le jeune homme s’en alla rapidement. Il ne vit pas June taper Matt et ne la vit pas non plus essayer de le rejoindre. IL était trop loin maintenant.