After the rain

00h-02h
Lou arriva quelques minutes après. Aussi calme qu’un lapin dans son enclos. Elle marchait avec lenteur et alors qu’elle franchissait la porte, la couverture sur la tête, Biscuit apparut. Cette voiture allait finir par tuer le jeune homme mais il en avait trop besoin. En regardant la jeune femme qui lui tira la langue il finit par se dire que la voiture et sa conductrice faisait bien la paire. A elles deux elles allaient bien finir par le tuer. A moins qu’il ne se suicide avant. Il soupira. Puis grogna la voyant monté au niveau du conducteur. Mais il ne dit rien. Il avait bien trop peur qu’elles ne partent sans lui.
Il monta dans la voiture, bien content d’avoir à nouveau un toit au dessus de la tête. Il était à nouveau trempé de les avoir attendues. Il ne dit rien lorsque Lou parla à la voiture. Baissant la tête il ne put s’empêcher de sourire. Un sourire de tendresse. Un sourire comme ceux qu’on envoyait aux petits enfants lorsqu’ils faisaient n’importe quoi mais que c’était tout de même mignon. Reprenant son sérieux, le footballer regarda la jeune femme, l’observa plutôt. Allait-il finir par l’apprécier finalement ? Impossible, ils étaient trop contraires pour cela. De plus, devoir passer toute sa vie ici avec elle l’effrayait un peu. Il se sourit à lui-même reportant son regard sur la route. Le moteur était allumé et le chauffage en route. La route commençait doucement à défilé devant eux. Gabriel se plongea un peu plus dans son siège, les yeux mis clos. Il avait un peu peur qu’il n’y ait que Lou et lui dans cette ville de fou mais il n’y prêta que peu attention, il s’endormait petit à petit. Et c’est dans cet état de somnolence qu’il chercha à se rappeler tout les souvenirs qu’il avait. Celui donné par la sphère lumineuse et ce dont il se rappelait de lui-même ainsi que les photos... Régis, c’était le nom qu’il avait donné en premier. Pourquoi ?
Le moteur s’était arrêté sortant le jeune homme de sa rêverie. S’était il endormit ? Il n’en savait rien. Il n’en avait pas l’impression. Mais du temps s’était écoulé, forcément. Il s’étira. Étaient-ils arrivés à destination ? La pluie ne tombait plus trop mais il faisait toujours aussi noir et ils étaient arrivés ? Mais où était ils surtout ? Il regarda Lou avec un regard interrogateur.

La voiture ne savait pas où aller.

Et Lou non plus, à vrai dire. Elle avait glapis des joyeux petits « à gauche ! », « à droite ! », « tout droit ! » au fur et à mesure que sa fantaisie le lui dictait, mais sans plus. Elle ne connaissait rien ici, comment savoir où elle voulait vraiment aller ? La gare ? Ça serait une idée, mais elle doutait qu'Ennio y soit encore. Pourquoi le chercher lui ? Elle ne savait pas trop. C'était un point de départ. Oh et puis, quelle importance ? C'était bien connu ! C'est quand on cherche son parapluie qu'on trouve son taille crayon. Quand on cherche ses patins qu'on trouve son peigne. En bref : la loi universel de « cherche A, je te ferai trouver B » devait s'appliquer. En cherchant Ennio, elle trouverai... autre chose.

Mais Lou se rendait compte maintenant : depuis qu'elle roulait, en compagnie de sa voiture adorée, elle n'avait croisée personne. Ça l'inquiétait presque. Elle était seule avec Gabriel ? Et Ennio, quelque part ? Ça ne promettait pas d'être bien drôle.

Voir les choses positivement ! Ce n'était pas être seul. C'était avoir la ville pour soit entièrement. Être maître d'une ville entière ! D'une ville bizarre en plus ! Si ce n'était pas intéressant, ça ! Lou était de nouveau souriante, fière de ne pas être tombée dans le défaitisme de Gabriel. Il avait bien faillit l'avoir, le salaud !

D'ailleurs, il se réveillait. Lou le regarda, fronça les sourcils et, sans aucun préambule lui lança à la figure :

« Oooh, toi et ton défaitisme ! J'vais finir par l'être à la fin, alors ça suffit, hein ! »

Drôle de réveil pour un malheureux endormi...

[Ps : y'a des chances que Lou est profité de ton sommeil pour te faire les poches... je peux ou tu préfères pas ? =D ]

00h-02h
Il la regarda. A peine émergeait-il de ce micro-sommeil qu’il était agressé par la jeune femme et sa voix si énervante. L’homme la regarda sans rien dire. Que pouvait-il répondre d’ailleurs. Il regarda par le pare brise. Les phares éclairaient une route perdue dans la pénombre. Une faible lumière provenant des lampadaires situés sur le trottoir empêchaient à la rue d’être complètement noire. Où étaient-ils bon sang ! Gabriel allait perdre son sang froid. Pourquoi ici ? Qu’étais-ce ici ? Il soupira. Pourquoi avec elle surtout ? D’ailleurs, il avait mal à la tête. Ce réveil avait été assez brutal et il n’avait pas assez dormi. Il se sentait fatigué. La voiture était toujours à l’arrêt et il était détaché. Il ouvrit la fenêtre et l’air froid s’engouffra dans la petite boite de conserve. Du frai. Il lui fallait se remettre les idées en ordre. Une ombre se détacha de la nuit. Suivie de deux autres. La première était grande puis suivaient une autre tenant dans sa main la main d’une dernière petite ombre. Ils étaient éclairés par le lampadaire.

Des gens ! Enfin des gens ! Gabriel se sentit soulagé immédiatement ! Mais avant de sortir de la voiture, il les scruta - encore méfiant. Puis la lumière l’éclaira. Il était là. Roux, tenant dans sa main la main d’une petite fille. Mais il était accompagné, accompagné d’une blonde. L’estomac du jeune homme se serra. La jalousie le prit. Il ne le connaissait pas mais une vague de passion et jalousie traversa son corps. Il ne dit rien, sa respiration devint plus rapide, il serra les poings. Il respirait plus vite maintenant, il avait trop chaud, il se sentait mal. Il ouvrit la portière et se rua dehors. Il lui fallait le retrouver, le voir de face. Quelque chose le poussait vers lui. Il voulait entendre sa voix. Il marcha vers lui mais il n’était pas certain dans ses pas. Il marchait en tanguant comme s’il allait tomber, comme s’il avait trop bu. Il marchait vers le groupe mais ne le retrouva pas. Comment cela pouvait être possible. Comment pouvait-il les avoir perdus. Ils n’étaient pas si rapides que ça. Son estomac lui serrait toujours et sa respiration était toujours saccadée. Sa tête commença à lui tourner. Non ! Cette personne, lui, ne pouvait pas avoir disparut comme ça. Non ! Ce n’était pas possible. Non ! Non ! Et non ! Il ne l’acceptait pas. Il…

Ses jambes flanchèrent, sa tête lui tournait, il perdit connaissance et sa tête se fracassa contre le trottoir. Il eut juste le temps de murmurer quelque chose avant de tomber sur le sol, inconscient, sans force :

« Non ! »
Il avait tout perdu. Encore. Il ne contrôlait rien. Rien du tout. Même pas son propre corps.

Le mufle ne répondit même pas. Il préféra même gâcher le peu de chaleur que Biscuit parvenait tant bien que mal à collecter en ouvrant la fenêtre et -pire !- tenta une vaine fuite qui s'acheva par une future grosse bosse en devenir. Lou secoua la tête. Elle aurait bien eut envie de rire, mais assommé comme il l'était, Gabriel ne semblait pas en état ''d'apprécier'' son éclat moqueur.

Aaaah, lala, ces gens qui ne s'assument pas et tentent de se voiler la face ! Tout un monde. Un monde avec lequel la rouquine n'était pas toujours en phase et ça lui créait bien des problèmes. Et de la solitude. Mais quand elle voyait ses relations avec le seul être vivant qu'elle fréquentait pour cette vie n°2, elle se demanda si c'était forcément une mauvaise chose.

« Bon, on va pas le laisser sous la pluie, hein ? » fit-elle autant pour elle même que pour Biscuit.

D'un bond agile, Lou sortit de la voiture, ouvrit les portières et avec tout le mal du monde, hissa le jeune homme sur la banquette arrière. Elle le poussa par les pieds, le tira par les bras, tenta de le faire rouler, fit une manœuvre qu'on qualifierait de tentative de castration et tant d'autre... Mais après bien des efforts, elle y était parvenue : Gabriel pouvait se venter d'avoir un toit -de voiture- au dessus de la tête, de son corps -ma foi quelque peu plié- et de ses futurs bleus. Lou n'était pas peu fière. Et Lou était de nouveau trempée. Elle aurait bien juré si dans la manœuvre, elle n'avait pas mit de côté : Un paquet de drogue, des préservatifs, une photo de lui tenant dans ses bras un autre homme, un téléphone portable, un paquet de cigarettes et une photo d’une fille ayant une dizaine d’années. En un mot comme un cent : elle venait de vider les poches de l'évanoui.

L'heure était à l'inspection. Elle sautilla vers l'habitacle, se replaça à la place du conducteur et chantonna à l'adresse de sa voiture :

« C'est un secret, d'accord ? »

Et elle observa. De fait, elle passa bien vite vers l'arrière drogue, préservatifs et cigarette, ça ne l’intéressait pas. Le téléphone, elle tenta de l'allumer, de l'éteindre, mais seul s'agitait le compteur. Elle repensa à sa montre-pendentifs qui faisait sensiblement la même chose. Ainsi, il y avait un compte à rebours... Mais pour quoi ? Elle passa le téléphone sur Gabriel.

Puis vinrent les deux photos. Lou les regarda. Les détailla, même. Elle les fit tourner entre ses doigts, regarda derrière s'il n'y avait pas d'inscription... puis s'attarda sur la photo des deux hommes. Alors voilà. Gabriel aussi pouvait sourire. Vraiment sourire ! La rouquine eut un petit rire satisfait. Au prit de quelque mouvements, elle saisit son carnet et griffonna -avec tout son non-talent- les portraits des jeunes gens qu'elle voyait.

Puis elle écrivit. Posa les photos derrière, sans quoi Gaby allait encore faire des histoires, quand il se réveillerait. Elle regarda la pluie s'écraser contre les carreaux. Taper, ploc, ploc, écrivit. Rangea ses affaires. Se cala mieux dans son fauteuil. Soupira. Grelotta. Bailla. Renifla.

« Je m'ennuie. » murmura-t-elle.

[PS : si ville ou voiture veulent ajouter quelque chose, je répondrai, sinon, on peut dire que Lou finit par s'endormir, ainsi, pour accéder aux désirs de Gaby, on pourra changer de tranche horaire ! =3 ]

00h-02h

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