Il fixe le plafond blanc. Assis sur une chaise, à quelques centimètres du lit, son ami lui parle. Comme tous les jours, depuis que c'est arrivé. Il sait que le jeune homme a besoin de parler, de faire sortir tout ça. Alors lui, il l'écoute, silencieux. Comme toujours. Lorsque la porte s'ouvre, grinçante, son visiteur se tend soudain, comme un ressort, comme électrifié. Les blouses blanches pénètrent dans la chambre en un ballet pressé, déjà sortent des instruments, stylos et aiguilles, feuilles d'analyses. Et le jeune homme assis à côté de lui se lève, furieux. « Quoi ?! Qu'est-ce que vous venez faire ici ?! Elle ne vous suffisait pas ? Comme vous devez être déçus, votre cobaye est mort ! Et vous venez déjà en chercher un autre ?! Assassins ! ». Le silencieux tend la main, la pose sur le bras de son ami, apaisante. Ses yeux lui disent ce que sa gorge ne veut pas laisser, ces mots qu'elle n'accepte pas de libérer. Ses pupilles brillantes disent « ne t'en fais pas », disent « ça va aller », disent « je ne risque rien ». Et la haine diminue, petit à petit, dans le regard de son vis-à-vis. Ne disparaît pas totalement. Ne disparaîtra jamais totalement, c'est certain. Comme la douleur ne disparaîtra jamais dans son cœur à lui. Et le grand jeune homme, le silencieux, doucement retire sa main du bras. Maintient le contact visuel, observant les yeux limpides se remplir de larmes. Avant de s'abandonner au ballet immaculé.
souvenir 2
Les larmes dévalent les petites joues roses, descendent jusqu'au bord de la mâchoire, avant de chuter de toute la hauteur de la demoiselle. Il reste là, géant immobile, debout devant elle, sans trop savoir quoi faire, ni quoi dire. Elle pleure déjà depuis une dizaine de minute et les larmes ne se calment pas. Au contraire, ses sanglots ne font que redoubler. Il finit par poser ses mains sur les épaules qui se soulèvent à intervalles réguliers lorsqu'elle reprend sa respiration. Saccadée. Elle lève ses grands grands yeux vers lui, et il ne trouve qu'une chose à faire, lui adresser un petit sourire. Un sourire triste, compréhensif. Parce qu'il sait, parce qu'il est comme elle. Même si la signification de ce jour lui importe moins qu'à elle. Il lui désigne la chaise, et elle s'assoit, sans cesser de sangloter, tandis qu'il s'assoit à côté d'elle. Doucement, il ébouriffe sa chevelure blonde. La laisse calmer ses pleurs, sécher ses larmes. Elle finit par laisser échapper un petit gémissement, suivit d'un soupir de désespoir. Prend la parole de sa voix si fluette, une voix de petit oiseau fragile. « Je suis désolée...de t'embêter, avec mes histoires stupides... ». Il hoche la tête négativement. Non, bien sûr que non, elle ne l'embête pas. Elle a déjà enchaîné. Elle sait qu'elle n'a aucune réponse à attendre. « Je sais...que tu es pareil...mais...mais être tout seul, le jour de la Saint-Valentin...c'est tellement... ». Triste ? Déprimant ? Oui, ça doit être ça. Les larmes coulent de nouveau sur le petit visage, et il les essuie du revers de la main, avant de se lever sous le regard pâle. Il fouille dans sa sacoche, en sort une feuille recouverte de couleurs, qu'il tend à la demoiselle. Et lorsqu'elle découvre le dessin, il peut voir avec délice son regard s'illuminer.