And i sing for you !

suite de ceci

06h - 08h

Ombre marche. Seule. Elle sait que Noan ne la pas suivie, elle s’est retournée pour vérifier. Il n’y a personne avec elle. Ou alors elle est trop loin maintenant pour la voir. Ces maisons sont toutes les mêmes et plus elle marche, plus elle a l’impression de tourner en rond. Elle en a marre. Elle fatigue. Son petit sac se balance sur son épaule saine mais l’autre commence réellement à lui faire mal. Elle fouilla à nouveau dans son sac mais rien ne pouvait l’aider à soigner cette plaie. Il fallait donc marcher, encore et encore dans cette rue qui semblait infinie, jusqu’à ce qu’elle trouve un coin d’eau. Secrètement elle espère avoir choisi la bonne direction et tomber sur la fontaine mais elle n’est pas du tout sûre de son orientation. Il se pourrait bien qu’elle se soit fourrée dans un nouveau truc pas net aussi. C’est une habitude désormais avec elle.

Elle se retourne une nouvelle fois, elle voit une silhouette noire qui avance vers elle. Illusion ? Elle cligne des yeux. Rien. Elle a dû rêver. Encore quelques mètres elle marche avant de tomber devant un bâtiment qui diffère des autres. Le bâtiment en pierre grises se distingue du reste de la rue et des maisons habituelles. Maisons qui semblent avoir disparues. J’ai trop marché, je n’ai pas fais attention au décor qui changeait se dit elle. Le bâtiment est sale. Les pierres sont salies par l’eau et la boue sûrement. Deux colonnes encadrant la porte tiennent un balcon. La porte est une vielle porte en bois avec une vitre brisée au milieu. Ombre s’avance subjuguée par le bâtiment et manque de se prendre les quelques marches qui mènent à la porte.

Elle pousse la porte, cette dernière s’ouvre dans un grincement peu rassurant. Elle n’est pas fermée, la poignée même est absente. Le couloir qui se présente devant elle est sombre. Dans l’obscurité elle voit un desk d’accueil vide. Trois chemins s’offrent à elle. Elle continue tout droit. Là elle tombe sur une porte qu’elle pousse bien évidement. Une nouvelle salle apparait. Des sièges sont ordonnés, pleins de poussière. Et devant elle se trouve une scène. Une scène au plancher brun. Des rideaux rouges poussiéreux sont rabattus sur les côtés. Elle descend rapidement l’allée des sièges et monte sur la scène par les petits escaliers. Qui dit scène dit coulisses bien évidement. Et qui dit coulisses dit toilettes.
Elle reviendra sur la scène plus tard. Doucement elle prend la sortie des artistes et tombe sur des portes vêtements pleins de vieux habits. Puis, son chemin continué, c’est les zones de coiffage et maquillage qui font leur place dans le décor. Son doigt lentement glisse sur une coiffeuse comme celle de son souvenir. Pleine de poussière et son doigt l’atteste. Puis le symbole des toilettes ! Enfin !! Elle pousse la porte non fermée comme les autres et s’approche du lavabo. Faites qu’il y ait de l’eau s’il vous plait. Elle tourne le robinet.

06h - 08h

Les tuyaux grincent un petit peu puis l’eau s’écoule doucement. D’abord marron elle devient rapidement transparente. Elle continue de s’écouler en un flux régulier. Elle sourit et son sourire se reflète dans le miroir. Wah la tronche ! Il faudra qu’elle remette de l’ordre dans tout ça. Faudra qu’elle se change aussi. Elle utilise l’eau comme elle peut et commencer par se frotter le visage, le cou, la poitrine. Petit à petit elle arrive à se nettoyer du mieux possible. L’odeur est horrible et l’eau s’accumule sur le sol en une belle flaque d’eau peu attirante. Maintenant la blessure. Elle a gardé ça pour la fin. Elle se lave encore les mains puis doucement lave sa blessure. Chaque contact lui arrache une grimace de douleur mais il faut qu’elle le fasse. Elle revaille sa douleur et continue, consciencieusement. Du sang commence à ternir ses doigts. Elle ferme les yeux. Sa plaie commence à saigner un peu. Bon signe ou mauvais signe ? En tout cas elle l’a bien nettoyé sinon ça n’aurait pas saigné. Enfin elle pense. Bon maintenant faut se changer. Elle coupe l’eau et du son se fait entendre.

« Il y a quelqu’un ? »demande sa voix peut rassurée.

Vu le bruit Ombre en juge que ce n’est pas un musicien. Elle grimace au son et cherche à se fermer les oreilles mais son bras invalide la tire. Elle abandonne donc son mouvement. Elle ferme les yeux. Cela est insupportable. Comment peut-on être si nul ? Cela est il humainement possible ? Elle se guide par les bruits. Elle sort des toilettes, elle passe devant les habits. Elle se changera plus tard. Ah et il faudra qu’elle se remaquille aussi car elle ne ressemble plus à rien du tout là. Elle avance rapidement vers la salle mais se rappelle son état. Elle ne peut pas se présenter à des gens comme ça. Tant pis elle va devoir supporter la musique. Elle fait demi-tour, enlève sa robe et emprunte un pantalon avec un débardeur et une veste en jeans. Ceci faisant elle admire son ventre tout plat et sourit. Heureusement qu’elle est plate. En plus ses sous-vêtements noirs sont magnifiques. Allait elle conclure le soir où elle a disparut ? Quelque chose lui rappelle que les sous-vêtements noirs c’est toujours lorsqu’on veut conclure. Elle rigole de sa propre bêtise et enfile les vêtements. Elle essaye de passer la veste mais la blessure n’apprécie pas d’être collée à cette matière. Elle abandonne donc la veste avec dépits. Ainsi elle se sent plus à l’aise. Arrivée devant le miroir elle se remaquille tranquillement. Le capharnaüm est toujours présent mais elle commence à s’y habituer. Et dans tous les cas elle ne peut pas apparaitre comme ça. Trait d’eyes liner, Mascara et rouge à lèvre. Elle soupire du manque de fond de teint mais elle ne peut faire sans avoir l’objet.

Maintenant décidée et prête elle se rapproche de la salle où le bruit est le plus fort. D’un geste puissant et déterminé elle fait s’abaisser la poignée. Ombre. Pauvre petit Ombre. Tu n’es pas prudente. Tu es trop curieuse et naïve. Ombre. Pauvre petite fille qu’as-tu fais. Qu’as-tu fais. Elle sourit et pousse la porte. Vient moi en aide si besoin. S’il te plait.

06h - 08h

Sa main tremblait lorsqu’elle appuya sur la poignée. Et elle tremble toujours lorsque la jeune femme pousse la porte. Elle a peur de ce qu’il y a dedans. Elle a toujours embarqué des gens dans des aventures peut ordinaires. Enfin heureusement, cette fois elle était seule. Pas toute seule, toute seule mais seule physiquement. Et la scène se découvre devant elle. Un grand jeune homme aux cheveux blancs se tient dans la salle debout, seul. Il a une trompette dans la main. Et autour de lui, tout les instruments qui jouent d’eux-mêmes. Ombre regarde avec mépris ces sons qui ne sont pas de la musique. Un micro arrive devant elle. Elle le regarde surprise et tend la main pour l’attraper. Sa main tremble encore. Et alors qu’elle voit sa main elle se rend compte comment elle est stupide. Cette ville n’est pas totalement mauvaise. La preuve.

Elle éclate de rire en prenant le micro. Elle se croit dans la belle et la bête avec tous ces objets qui s’animent. Le micro pour elle bien sûr. La voix. Elle se sent redevenir enfant, gamine. Ses yeux scintillent, le sourire illumine son visage. Et elle sourit encore de plus belle en faisant un clin d’œil au jeune homme qui se tient dans la pièce. L’espace d’un instant elle l’avait oublié. La belle et la bête. Cette musique revient dans sa tête, la mélodie. Les paroles arriveront d’elles-mêmes non ? Elle tapote sur le micro et l’écho du doigt lui revient. Bon, il fonctionne c’est déjà ça. Elle inspire et parle dedans :

« Bon. On va remettre de l’ordre dans tout ça. Vous connaissez la mélodie de la belle et la bête ? On va faire ça ! «

Sa voix dans le micro l’a étonnée, elle n’est pas encore habituée à cette sonorité. Normal, elle a oublié sa voix. Bon ça devrait lui revenir comme la première fois quand elle a chanté à Crescendo. Elle inspire profondément, ferme les yeux et cherche à se concentrer mais elle comprend rapidement qu’elle ne trouvera pas en cherchant les paroles. Alors elle approche le micro à sa bouche et sa voix sort d’elle-même, n’attendant pas les instruments :

« L’histoire éternelle,
qu’on ne croit jamais,
de deux inconnus qu’un geste imprévu rapproche en secret.
Et soudain se pose
sur leur regard en fête,
un papillon rose, un rien pas grand-chose, une fleure offerte.
Rien ne se ressemble,
Rien n’est plus pareil,
Mais comment savoir, la peur envolée, que l’on s’est trompé.
Chanson éternelle,
Au refrain fané,
C’est vrai c’est étrange, de voir comme on change, sans même y penser.
Tout comme les étoiles,
S’éteignent en cachette,
L’histoire éternelle, touche de son aile, la belle et la bête.
L’histoire éternelle, touche de son aile, la belle et la bêteeeeeeeeeee.»

06h - 08h

Le jeune homme de la salle pose la trompette avec laquelle il semble s’être bien amusé. Les instruments jouent toujours et Ombre sourit. Elle redécouvre sa voix chaque fois avec le même plaisir. Elle aime tellement chanter. Les larmes perlent dans ses yeux. Il lui semble qu’une éternité est passée depuis son dernier chant. Elle sourit et pleure de joie. Ces instruments, les siens, qui ont joués pour elle. Le malheur, les morts et la peur semblent bien loin. Elle est juste heureuse, dans une autre dimension, euphorique. Elle respire fortement, essaye de se calmer et de revenir sur terre. Puis le jeune homme s’approche d’elle, elle lui sourit. Elle aurait aimé qu’il l’applaudisse ou quelque chose comme ça, qu’il la félicite. Mais rien. Alors le doute s’installe, peut être n’a-t-il pas aimé sa voix ?

Le jeune homme a les cheveux blancs, une sorte de cicatrice sur l’œil et semble avoir la quinzaine. Il est grand, bien plus grand qu’Ombre. Elle baisse les yeux mais remarque quand même qu’il lui propose de danser avec des signes. Alors rougissante, elle tend sa main. Et les deux dansent et tourbillonnent. Et puis soudain, à bout de souffle, elle lui demande.

« C’est quoi ton surnom ici à toi ? »

HRP:

HRP:

06h - 08h

Silence et Ombre valsent au rythme de la musique. A ce moment le passé est complètement oublié, le futur inimaginable. Plus rien ne vient embêter leurs pensées. Ils valsent juste. La musique les accompagne doucement. Et dans cette danse Ombre le questionne en un murmure sur son prénom. Il lâche la jeune femme afin de se désigner puis sa bouche et de hocher la tête. Ensuite il la pointe du doigt et arque un sourcil. Ombre ne comprend rien à ce petit jeu mais comme elle a regardé Tarzan elle répond qu’elle s’appelle Ombre. Et lui. Est-il muet ? Joue t’il ? Etait il un ancien mime ? Tant de questions en suspens.

Soudain le micro sépare les deux danseurs et vient se poser devant Ombre. La jeune femme rigole avant de se retourner. Ils sont encerclés par les instruments. Cette salle est finalement un peu flippante tout compte fait. Elle les regarde avec une pointe d’appréhension et saisit le micro. Vont-ils rester là, séquestrés par des instruments… Cheveux blancs sort un carnet dans lequel elle écrit quelque chose. Il le lui tend et mime à Ombre le fait qu’elle doive le leur dire. Elle comprend le mime, bizarrement. Elle comprend aussi que le jeune garçon est muet. Bien, faire la conversation ne va pas être évident.

Elle s’apprête à lire ce qu’il y a sur la feuille lorsque quelqu’un applaudit. Ce n’était pas quelqu’un s’était le monstre. L’homme aux longs cheveux blancs qui avait tenté de tuer Crescendo provoquant leur fuite. La fille aux cheveux violets qui était resté avec lui. Où était elle ? Etait elle morte ? Une vague de haine et de peur ainsi que de haine envers elle-même submerge la jeune femme. Il parle, elle n’écoute pas. Elle tient toujours le micro dans sa main. Le micro avec un fil. Un fil. Il rigole, elle le hait, il s’assoit, elle fait un pas. Un pas, puis deux. Puis finalement elle court. Elle saute sur l’homme et utilise le fil du micro pour le tendre contre la gorge de l’homme. Un mouvement et elle serrera le fil pour l’étouffer.

« Comme tu dois être déçu ! Crescendo est mort ! Tu n’as pas pu le tuer hein ! Déception n’est ce pas ?! Et la jeune fille aux cheveux violets ! Tu l’as tuée elle aussi ?! Répond moi ! Où est elle ?!! Répond moi maintenant ou je te tue comme tu l’as tuée et comme tu as faillit tuer Crescendo ! Meurtrier ! »

Spoiler:

06h - 08h

D’accord Ombre n’avait pas mesuré son poids ni sa force. Mais elle pensait sérieusement qu’avec l’adrénaline elle aurait pu le tuer ou juste rester sur lui. Ce fut rien de tel.
Avec une facilité déprimante il la repousse après lui avoir demandé de le vouvoyer. Il ne manquait plus que ça ! Lui donner du respect ! Non mais il se croit où lui d’abord ! Elle tombe sur les sièges derrière elle et se cogne au passage le dos. Elle le regarde s’avancer vers Silence dont elle avait oublié momentanément l’existence. Il est là-bas avec sa trompette, il s’est extrait du groupe comme un enfant qui ne supporte pas les disputes entre ses parents. Il rigole et son rire glace le dos de la jeune femme. C’était un rire machiavélique. Elle se lève mais son épaule est rapidement poussée vers le sol. Elle rage. Elle n’est donc qu’une petite crevette capable de ne rien faire.
Il s’avance vers Silence et elle ne peut strictement rien faire. Mais il n’a pas l’air de lui vouloir du mal et alors que Silence avale le souvenir il lui demande s’il va bien. Elle regarde Silence, toujours inerte dans la salle et se souvient du sourire qu’il a fait en voyant l’homme aux cheveux blancs. Le connait-il ? L’homme aux cheveux blancs s’invente une histoire et s’esclaffe de rire alors qu’Ombre tremble de peur pour Silence. Cet homme est si égocentrique ! Et les larmes reviennent d’elles-mêmes. Après la colère il y a le manque et les souvenirs que ramène cet homme. Homme dont elle ne supporte pas la présence. Crescendo. Tu me manques tellement.
Hors de question de pleurer ici. Dans cette salle où quelques minutes avant il n’y avait que joies et bonheur. Alors elle courre, elle fuit. Elle courre et se retrouve sur le devant de la scène. Elle regarde les sièges, ce qui l’entoure et bientôt son ventre se serre comme une sensation pénible et déjà vue. Elle ne pleure plus et reste stoïque devant tous ces sièges vides. Le micro à la main elle ne sait plus quoi faire.

Silence:

06h-08h

Finalement, après quelques minutes à rester immobile, les yeux écarquillés par la surprise, son expression se change en un masque d'horreur, de terreur pure. Silence n'arrive pas à croire ce qu'il vient de voir. Pourtant, c'était un souvenir, ça il en est certain. C'est comme lui avait dit l'homme du manoir : une sphère lumineuse s'était approchée, et le contact avait déclenché l'avalanche de visions. Au début, quand il avait senti que la scène changeait pour l'emmener explorer le passé, l'adolescent était curieux, et extatique à l'idée d'en apprendre un petit peu sur lui même.

~ ... Mais ça ? ~

Le garçon avait toujours été du genre à laisser ses émotions se manifester facilement, considérant cela comme un excellent moyen de communiquer sans mots. A cet instant en revanche, ses émotions prennent carrément le dessus sur lui. Son corps tremble de la tête aux pieds, son visage conserve cette expression figée dans l'horreur. Tandis que ses yeux commencent à le piquer, signe d'arrivée prochaine de larmes, un goût amer, désagréable, se manifeste dans sa gorge. Son coeur bat à tout rompre, forçant le muet à se mouvoir. une main vient se presser contre sa poitrine, comme pour empêcher son organe vital de jaillir à travers son corps. Il ferme les yeux, empêchant par la même occasion les larmes de se manifester, puis prend une grande inspiration.

~ Inspire. Expire. Inspire. Expire. ~

BAM ! Silence se lève d'un bond et se précipite dans un coin de la pièce où il se laisse tomber à genoux, alors que ses paumes viennent se poser sur le sol. Il attend que le mauvais goût disparaisse, et est même prêt à laisser aller tout ce que contient son estomac dans ce but. Mais rien ne vient. Rien ne part. Rien ne change.

~ Cobaye ? C'est ce que j'étais ? Qui était ce gars qui criait sur les médecins ? Et cette fille apparemment morte par ce qu'on m'a fait subir ? Est-ce que ce sont ces docteurs qui me couraient après dans le seul souvenir que je possédais à mon réveil ? ~

Trop de questions, aucune réponse. Silence finit par se relever faiblement, revenant à la situation présente. Il offre un maigre sourire à ses deux compagnons du moment, et un petit signe de main sans conviction, comme pour tenter de dire que tout va bien sans y croire lui-même.

06h - 08h

Elle était toute seule sur scène et il avait fallu que ce monstre revienne. Il fait rejaillir tellement de souvenirs douloureux. Il y en a peu mais il y a tout de même ces quelques jours avec Crescendo et il est lié à la découverte de la perte de sa mère. Puis le gars muet arrive avec un petit signe de la main et un regard déconfit. Elle lui adresse un petit sourire compatissant et encourager mais la rage est dominante et plus rien n’existe que cette place où elle se sent chez elle et cet individu qui cherche à rentrer dans sa vie, dans sa maison tel un cambrioleur. Et ça parle, ça parle pour ne rien dire et Ombre assise sur le sol fulmine. Et elle craque.

« Mais j’en ai rien à foutre de ton Alice ! Va la rejoindre si tu veux ! Mais s’il te plait ! Part d’ici ! Et non je ne te tutoierais pas tu ne le mérites pas ! Tu me répugnes, tu me fais peur et je veux que tu t’en ailles. »

Elle sanglote une nouvelle fois dans la ville. Perdue la petite fille qui était devenue une femme forte. Elle était redevenue l’enfant et elle était redevenue la fille qui pleure sans cesse sur ses morts. Car en plus de sa mère, la triste réalité sur Crescendo commençait à prendre place dans son cœur. Elle ne l’avait pas encore pleuré celui-là. Elle en avait marre de pleurer. Mais cette blessure qui lui faisait mal, cette aventure dans les égouts, ces déplacements et plus de nouvelles de celle qu’elle considère comme sa mère de substitution. Ral bol de cette ville. Ral le bol de tout. Et cet homme ne fait que lui rappeler son arrivée ici, sa rencontre avec Crescendo, son attaque donc, sa blessure, ses premiers souvenirs, la peur dans la salle… Tellement de choses en fait. Tout est relié à l’arrivée dans le train et cet Homme. Mais elle est faible maintenant et sa voix n’est qu’un murmure. Et dans un dernier élan de faiblesse elle le vouvoit.

« S’il vous plait. Partez. »

Ces quatre mots qu’elle prononce avant de se rassoir sur le sol car elle s’était levée pour crier. Elle est vidée, les larmes coulent toute seule, il faut qu’elle fasse son deuil. C’est dur. Trop dur. Et elle est seule. Mais ne vaut-il pas mieux être seule que mal accompagnée ?

06h - 08h

Il ne part pas. Il reste là à fixer sa faiblesse et sa petitesse. C’est une jeune fille frêle, naïve et perdue dans un monde comme celui-ci. Et… Il est là à la regarder dans ses moments de faiblesse. Et ça a le don de l’énerver. Plus que n’importe quoi. Il la regarde ce pauvre être qui ne sait rien faire d’autre. Et elle est là en train de pleurer. Mais ses larmes se sont tues maintenant. Elle ne veut plus pleurer, plus devant lui. Pas devant quelqu’un. Surtout pas devant lui. Seule. Elle veut juste être seule. Elle demande un peu d’intimité. Il lui parle, il essaye de la réconforter. « Va t’en simplement. S’il te plait. Va-t’en ! » Des prières dont elle ne dit rien. La colère reprend son cœur. Il est sourd ou abruti. Il est encore là. Elle a juste besoin d’être seule. Il lui demande son prénom. Elle lui lance un regard glacial et d’une voix sèche lui répond.

« Ombre. On m’appelle Ombre. Maintenant partez ! S’il vous plait ! »

Elle le regarde mais elle n’a pas la force d’attendre. Impatiente notre Ombre. Elle se lève de la scène et s’en va dans les coulisses et s’assoit devant un miroir qui lui rappelle un de ces seuls souvenirs. Elle pousse un soupir et essaye de calmer les larmes qui reviennent. Son doigt glisse sur le bois enlevant la poussière au passage. Elle le regarde et elle n’a qu’une envie remettre cette maison en ordre où elle se sent chez elle. Alors elle prend un bout de sa robe et essuie la poussière du mieux possible.