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Running... in the parking ♪

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Princesse mutante, suicidaire et maniaco-dépressive
Luna
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MessageSujet: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeJeu 24 Jan - 21:05

• 04h-06h
Direction le bruit !

Novembre fait un pas puis un autre. En direction non pas de la porte, mais bien de l’intérieur du parking. S'enfoncer un peu plus profondément dans les méandres de la Ville, trouver son point faible, s'en servir. Dans ses intérêts. Dans leur intérêt. A cette idée, elle ne peut s'empêcher de jubiler, et fait jouer ses doigts : poings, détendus, poing, détendus. Elle se prend à rêver à un bon punching-ball, dans lequel elle pourrait évacuer toute sa frustration, toute cette haine à propos de ce qui lui arrive -leur arrive-, de cette fichue mémoire qui joue aux devinettes avec elle, de ces dangers qui les guettent et qui finissent par lui donner peur d'un parking !

« Si quelque chose se passe mal, on fait demi-tour direct et on va prévenir les autres. M'enfin pour l'instant, y'a pas beaucoup de risques, la voie est libre. »

Sortie de ses plans guerriers par Novembre, elle aussi un sourcil à l'utilisation de la formule "pour l'instant". Passe là-dessus en se disant que vu ce qu'il a déjà dû voir dans cette Ville, il a bien le droit de faire le type pessimiste si ça lui chante. Et comme ça, elle se donne aussi le droit de faire la pessimiste si l'envie lui en prend. Comme tout à l'heure avec son souvenir, pour ne citer que ça...

« On suit le bruit, pour voir d'où ça vient ? »

Elle frissonne une nouvelle fois. Bon dieu, quand va-t-elle arrêter de frissonner comme ça ? Proprement insupportable ! Elle se rapproche de lui, lève les yeux pour croiser son regard, un léger sourire moqueur aux lèvres :

- Bien, monsieur le vétéran de la Ville. Je te suis !


Oui, voilà, elle n'a pas réussi à s'empêcher d'ironiser un peu. Et puis, ce n'est pas que de l'ironie. Supposons qu'il se passe un truc. A savoir, tout et n'importe quoi ici. Des ronces mutantes aux loups affamés de chair fraiche. Ce n'est pas avec son misérable manche à balai -qu'elle n'a pas lâché depuis tout à l'heure- qu'elle va faire front. Ou alors ça sera pour tourner une dernière scène comique dans le court film de sa vie. Quoique... sa vie a-t-elle été courte ? Est-ce vraiment le moment de se poser ce genre de questions ? Elle se donne une petite gifle, qui résonne étrangement dans le vide du parking, éclipsant une demi-seconde le "ploc-ploc" qui sert de musique d'ambiance.

Bref. Tout ça pour dire que si jamais il se passait quoique ce soit, la grande culture de Novembre sur les dangers de cette Ville pourrait tout à fait lui être utile. "Jeune homme propose d'écrire gracieusement une encyclopédie sur les principaux dangers qui vous guettent dans le coin".... L'idée la fait sourire de nouveau. Et bien oui, servir ses intérêts avant tout, non ? Excellente excuse pour ne pas le lâcher ! D'ailleurs, à ce propos...

Elle attrape le bras de Novembre, et en un quart de seconde, elle pioche dans sa magnifique réserve d'excuses-à-deux-francs-mais-qui-sont-toujours-utiles, décidant que vu la tête de son compteur, elle n'a probablement plus le temps de jouer à la timide.

- Au cas où des ronces entrainent l'un de nous quelque part. Ce serait bête de se retrouver tout seul...

Bon, ok, celle-là, d'excuse, elle est toute neuve, spécialement confectionnée avec les nouvelles données récupérées. Bah quoi ? L'être humain n'est-il pas censé s'enrichir d'après ses expériences. Elle tourne de nouveau la tête vers l'avant, un sourire satisfait aux lèvres. La Ville veut leur rendre la tâche difficile ? Et bien soit. Malgré sa gêne et sa timidité... elle compte bien passer le temps de la meilleure façon possible.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeVen 25 Jan - 19:20

Voilà qu'Hécate se mettait à faire de l'humour. Ô miracle ! Novembre ne put retenir un sourire amusé en entendant l'intonation ironique dans la voix de la brune. "Fais ce que je dis, pas ce que je fais", c'est ça ? Qui est Mademoiselle Ironie, maintenant ? Mais comme lui tout à l'heure, ce n'était pas méchant. Plutôt... Espiègle. Oui, voilà, c'était un éclat espiègle qui brillait dans les yeux de la jeune femme. Il avait envie de lui répondre qu'il n'était arrivé que quelques heures avant elle, détruisant par la même son maigre avantage imaginaire dans la Ville, mais elle ne lui en laissa pas le temps.

Pas le temps, car elle s'administra une petite gifle. Deuxième surprise. Elle était plusieurs, dans sa tête ? Elle avait besoin d'attention ? L'écho du faible cou se répercuta contre les murs du parking, résonnant étrangement dans le lieu vide de monde, et vide de sens.

Pas le temps, car elle s'agrippa fermement à son bras gauche - l'autre étant tenu occupé par la valise, qu'il lui fallait traîner partout avec lui -, prétextant de ne pas être séparés par les ronces.

Surprise, de nouveau. Il dut afficher un air étonné pendant quelques instants, avant de se ressaisir. Il se sentait complètement idiot, à sourire comme ça. Heureusement, Hécate lui avait offert l'occasion de se redonner contenance :

« T'inquiète pas, le vétéran de la Ville ne laissera pas les méchantes ronces te faire du mal. »

Vérité sous couvert d'ironie ? À peu de choses près, oui. C'était tellement plus simple comme ça. Mais c'était un gentil sarcasme, léger, presque attendri. Novembre ne savait pas s'il pourrait faire quoi que ce soit pour empêcher des ronces en furie d'enlever la brunette à son bras, et il espéra vraiment qu'elles ne se pointeraient pas maintenant - qu'elles ne se pointeraient pas tout court. Mais si quelque chose de nuisible se dressait bel et bien devant eux, nul doute qu'il tenterait quelque chose pour la protéger. Oui oui, même un geste désespéré comme un lancer de boîte de conserve imprécis, si vous voyez ce que je veux dire. Mais en même temps, elle lui mettait un peu la pression en sous-entendant - même ironiquement - qu'il pourrait faire quoi que ce soit en cas de danger.

C'était à Nulle-Part qu'ils avaient affaire. Ils n'étaient plus que des pions, des jouets, des pantins, ils n'avaient définitivement pas de quoi faire la différence face à la Ville et ses danger. Piégés, voilà ce qu'ils étaient. Et pourtant, la présence d'Hécate là, tout près de lui, collée à lui, parvint à le faire sortir de ses sombres pensées. Parce qu'aller au-devant de l'inconnu devenait presque amusant lorsqu'elle était avec lui. Même s'il avait parfois - beaucoup trop souvent - du mal à la cerner. Même si elle changeait d'humeur comme de chemise, en ce moment. Même si elle prenait tout ce qu'il disait extrêmement mal.

Même s'il ne savait pas encore comment il devait la considérer. Car l'Affection était là, chaleureuse, envahissante.

Le "ploc ploc" se fit plus proche, plus audible. Arrivaient-ils tout près, ou bien était-ce plus lointain encore ? De combien de pas devraient-ils encore s'éloigner du centre commercial en lui-même pour découvrir ce nouveau mystère de la Ville ?

« Et toi, au fait, il t'es arrivé quoi avant la mairie ? »

Curiosité, quand tu nous tiens... Il avait abandonné sa scrutation méfiante du décor pour planter son regard dans les grands yeux d'Hécate. Il avait fait attention à ralentir un peu l'allure, pour ne pas se manger un poteau impromptu dans la face. Et il n'avait pas réussi à se débarrasser complètement de son sourire heureux, dont les vestiges donnaient à son visage une expression rassurante.

T'as l'air con, Nov'. Mais dans l'instant, ça n'avait pas d'importance.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeVen 25 Jan - 20:42

• 04h-06h
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« T'inquiète pas, le vétéran de la Ville ne laissera pas les méchantes ronces te faire du mal. »

Elle lève un regard étonné vers lui en entendant ces mots. Le découvre un sourire aux lèvres, et sourit à son tour. Comme si rien ne s'était passé, hein ? Il répond à l'ironie par l'ironie -car appuyer sur "le vétéran de la Ville" et sur "les méchantes ronces", c'était de l'ironie, n'est-ce pas ? Hécate ne peut s'empêcher de savourer les derniers mots qui lui sont offerts "ne les laisserai pas te faire du mal". Si elle se souvenait des contes de son enfance, sans doute se dirait-elle que c'est tout à fait le genre de déclaration digne d'un prince... Mais ce genre de chose a été effacé, avec le reste, sans qu'elle puisse en avoir conscience. Lui laissant seulement un gout agréable, l'idée qu'à deux, on s'en sort toujours mieux. Qu'elle n'est pas seule ici.

Un long moment de silence s'écoule. Elle qui avait de nouveau porté son regard vers l'avant, elle ne peut empêcher ses yeux de se poser de nouveau sur Novembre. Le brun a l'air perdu dans ses pensées. Elle se demande si celles-ci sont tristes ? Joyeuses ? Neutres ? Pleines de haine envers cette Ville ? Repensait-il à des souvenirs qu'il avait récupéré ? Elle voudrait lui demander ce qu'il connait de son passé. A quoi bon ? Elle sait qu'elle sera déçue si il dit non.

La jeune fille se demande un instant si, dans le cas où quelqu'un lui demandait, elle accepterait de raconter ses souvenirs. Le premier, pas de doute, n'est-ce pas ? Après tout, elle en a déjà parlé à Calvetti. Mais le second... Elle sent comme une sorte de réticence dans son cœur à l'idée d'évoquer le garçon qui la prenait dans ses bras pour la consoler. De la réticence... Pourquoi ? Qu'était-il, pour elle, à ce moment là ? L'aimait-elle ? Elle se sent comme frustrée de ne pas pouvoir répondre à ces questions, de ne pas pouvoir déchiffrer son propre cœur.

« Et toi, au fait, il t'es arrivé quoi avant la mairie ? »

Elle a l'impression de ne pas avoir été là, dans ce parking, avec lui, pendant un certain temps. Pourtant, ses yeux sont toujours grand ouverts. Elle bat des paupières. La vision du garçon aux yeux verts s'efface, tel un mirage. Ainsi que le son de sa voix qui se veut rassurante. Se voulait rassurante. Car tout ça, c'est le passé, n'est-ce pas ? Son présent, c'est ce parking souterrain, et le 'ploc ploc' qui se rapproche sans cesse. Et la chaleur de Novembre, qu'elle peut sentir malgré son sweat. Elle lève les yeux vers lui. Croise son regard si bleu. Rougit légèrement.

- Avant la mairie, hein...


Elle se mordille la lèvre. Idiote, comme si tu avais besoin de réfléchir pour répondre à ce genre de questions ! De nouveau, son regard se tourne vers le brun. Elle détaille son visage, ses yeux, ses cheveux... le sourire qui étire ses lèvres. Pourquoi sourit-il comme ça, hein ? Se rend-il compte de son sourire, au moins ? Se rend-il compte de ce que ça peut signifier dans sa tête de pauvre fille amnésique ? Peut-il comprendre que dans son esprit, des dizaines de scénarios improbables défilent, certains la faisant rougir rien qu'à y penser... Mais non. Ils se connaissent si peu. Ce genre de chose est impossible. Ce genre de sentiment est impossible. Impossible. Elle baisse un peu la tête à cette idée. Impossible. N'est-ce pas un mot cruel ? Ce mot qui semble vous fermer des portes... Elle serre un peu plus fort le bras de Novembre, pose la tête sur son épaule, et, tout en continuant d'avancer doucement, se décide à parler.

- Avant la mairie... je crois qu'on peut dire qu'il ne m'est rien arrivé de spécial. Je me suis réveillée dans ce train immobile... Et puis...au moment où j'allais partir explorer les environs de la gare... il y a eu ces traces de pas. Elles brillaient dans le noir. C'était... fascinant. Je les ai suivit, jusqu'à la mairie, et je vous ai trouvé là...

Si j'avais su que c'était la Ville, et qu'elle nous manipule constamment... les aurais-je suivit ?
Epineuse question. Mais alors... je ne vous aurait pas rencontrés. Elle lève les yeux vers le plafond. Se dit que le ciel lui manque. Les étoiles, les nuages. Tout mais pas ce plafond gris...

- Dis... Sa voix hésite un peu. Tu en a déjà eu, des souvenirs, non ? Puis, se rendant compte de ce qu'elle vient de dire, elle ajoute, avec une petite moue : Surtout, te sens pas obligé de répondre, je ne voudrais pas que tu pense que j'ai raté ma vocation de psy et que je fais des expériences sur toi...


HJ:

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 0:18

Il la vit hésiter, réfléchir, se torturer l'esprit pour formuler sa réponse. Ouais, pas étonnant. C'était pas évident, comme question. Surtout si elle avait vu des trucs traumatisants - genre des ronces qui... Oui, il en était encore avec ses ronces, mais merde à la fin, c'était marquant comme évènement ! - ou bizarroïdes. Des découvertes intéressantes, peut-être ? Elle se colla un peu plus à lui, resserrant la pression sur son bras, puis cala sa tête sur son épaule. C'était chaud, c'était agréable. Mais c'était une inconnue imprévisible et plutôt mignonne. Oui, bon, d'accord. Elle était mignonne. Mais ça ne changeait rien au fait qu'il ne la connaissait pas vraiment, et qu'il la savait imprévisible. Dans tous les cas, pas moyen de refouler cette impression étrange qui lui étranglait le cœur. Il devait se poser trop de questions, en fait.

Rien de spécial ? Et les traces fluo, c'était pas spécial, peut-être ? Il tiqua à ces mots. C'étaient les traces de... Qui, au juste ? Des pas humains ? De quelle taille ? Mille et une questions se bousculèrent dans sa tête quant à l'origine et à l'utilité de ses pas, mais toujours la même conclusion effrayante se présentait à son esprit embrouillé d'amnésique : quelqu'un ou quelque chose devait bien s'éclater à les regarder stresser, chercher, paniquer, et prenait un malin plaisir à disséminer des trucs totalement incohérents et impossibles dans la ville. En fait, Nulle-Part elle-même semblait vouloir les rendre fous, avec tout ça.

Bref, sur ces conclusions des plus alarmantes, il décréta qu'il était grand temps pour lui de faire quelque chose. Avec Hécate, parce que là, il était assez passif... Enfin non, vis-à-vis d'Hécate était plus juste. Non mais voilà, s'il recommençait à penser de la merde, aussi. Enfin, ce n'était pas de la merde dans le sens où... Bref. Stop. Temps mort dans les réflexions. Il s'enfonçait tout seul dans sa propre connerie.

Sans transition, place à l'action. Et non, ce n'étais pas quelque chose de faramineusement osé - non, ça ne se disait pas, et alors ? -, mais voilà, c'était plus fort que lui. Et puis, la brune n'avait plus l'air d'humeur à lui crier dessus, autant en profiter, non ? Doucement, il dégagea son bras de l'étreinte de la brune, pour le passer derrière son dos. Sa main alla instinctivement trouver sa place sur l'épaule d'Hécate, et il la serra un peu plus contre lui. Et elle, elle fixait le plafond, avec une petite moue triste. Alors lui aussi, il leva le nez au plafond, auquel il ne trouva décidément rien de spécial. Décida de passer sur ce détail. Et de se concentrer sur autre chose... Comme cette vague de chaleur qui parcourait son être à chaque fois qu'il posait ses yeux sur Hécate ?

Et ce frisson qui le glaça entièrement lorsqu'elle lui demanda s'il se rappelait de quelque chose. Ralentissement. Il s'arrêta tout à fait au bout de quelques mètres supplémentaires, fixant désespérément le sol. C'était vraiment question qui ferait tout foirer. Et en même temps, à quoi il s'attendait ? Il regarda la brune avant de détourner les yeux. Comment dire ?

« Euh... Ouais, j'ai eu des souvenirs aussi... C'était... Pas glorieux, on va dire. »

Il se demanda lequel d'entre eux était le plus révélable. En fait aucun, mais le moins compromettant était sans doute le dernier en date, non ?

« Le gars qui s'est fait enlevé par des ronces, là. En fait c'était mon meilleur pote, ou un truc du genre. Je sais qu'il s'est pris une balle dans la cheville parce qu'il a pas compris les ordres. Je sais aussi que j'ai du le traîner le long d'un escalier interminable pour l'emmener voir un médecin. Et... C'est une info inutile, mais je sais aussi que je parle espagnol, et que je comprends l'anglais. »

Pause. Il essayait de s'auto-persuader qu'il avait bien fait d'omettre sa confrontation foireuse avec Calvetti, même si dans tous les cas, il savait que ça lui retomberait dessus un jour.

« Y'a aussi d'autres choses, mais... Disons que tu pourrais être un bon psy, mais que même un bon psy n'a pas à savoir ça. »

Il fit une pause, s'arracha de force à sa contemplation fascinée du sol crasseux du parking pour croiser de nouveau le regarde d'Hécate. Il avait parlé sur un ton assez sérieux, jusqu'à présent. Avec une pointe d'amertume sur la fin, peut-être ? Mais pour la suite, sa voix se fit plus douce, et plus basse, aussi :

« Je crois que je pourrai te le raconter, plus tard... » Quand j'aurais pleinement accepté tout ça. Et surtout, quand je pourrai être sûr de pouvoir te faire confiance. « Je vais pas te demander de me raconter tes souvenirs. Juste... Si un jour t'as envie d'en parler... »

Il ne finit pas sa phrase. Il ne savait pas trop quoi ajouter. "Je ferai le psy, cette fois" ? Sérieusement, c'était un coup à se prendre une baffe aller-retour, ça. Quoique, au moins, ça l'aurait secoué un peu, il serait redescendu de son petit nuage.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 0:36

Oh ? Un...souvenir ? Ici ? Il a l'air seul et égaré. Il est pour toi Novembre.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 0:57

• 04h-06h
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Elle panique légèrement quand Novembre retire son bras de son étreinte. Attendez. Panique ? Non, non, ça ne lui ressemble pas. Mais si les ronces... Elle n'a pas vraiment le temps de penser aux ronces. Non, pas le temps, parce que le bras de Novembre est venu se loger sur son épaule. Elle sent le garçon qui l'attire un peu contre elle, et se laisse faire en rougissant. Et en se maudissant d'avoir cette attitude de mijaurée. Stupide Ville, tu vois ce que je deviens par ta faute ! Je suis certaine de ne pas avoir été comme ça avant ! Même si tu m'a pris mon avant !

Hécate se forcer à respirer normalement. Tout va bien, tout est normal. Même avec cette proximité, tout est NORMAL. Elle se focalise sur les paroles de son compagnon. Des souvenirs pas glorieux, hein ? Allez savoir dans quel sens...Oui, elle va le savoir, puisqu'il enchaine. Un ami blessé par balle ? Des escaliers ? Elle tente d'imaginer dans sa tête ce qu'il lui décrit, se demande combien sa vie à lui a pu être étrange. Et puis il dit qu'il y a "d'autres choses". Semble ne pas vouloir les évoquer pour le moment, vu son hésitation. Impression confirmée par ses paroles.


« Je crois que je pourrai te le raconter, plus tard...
Il marque une pause, avant reprendre : Je vais pas te demander de me raconter tes souvenirs. Juste... Si un jour t'as envie d'en parler... »

Alors comme ça, un jour, elle saura peut-être... Et puis... raconter ses souvenirs à elle, hein ? Elle se demande si c'est une bonne idée. Mais puisqu'il lui a fait en partie confiance... Elle décide d'en faire autant.

- Hum... mon premier souvenir se passe dans un hangar. J'ai un côté flic je crois... je ne sais pas trop. Toujours est-il que je chercher quelque chose, et je crois que je... enfin, qu'on le trouve... parce que Calvetti est avec moi...

Elle s'arrête un instant, comme pour mieux se rappeler.

- Quand au second souvenir... Disons que je suis triste dedans, et que quelqu'un me console. Je ne sais même pas vraiment pourquoi j'étais dans cet état là.

Quelqu'un. Oui, bonne façon d'évoquer ce garçon mystérieux, dans les bras duquel elle se sentait tellement bien. Ce qui lui rappelle fortement que d'être ainsi contre Novembre n'est pas mal non plus... C'est au moment où elle lève les yeux pour croiser le regard de ce dernier que le souvenir apparait, flottant devant le visage de Novembre. Un souvenir pour lui, hein ?

Et alors qu'elle le voit tendre la main vers le souvenir, comme dans un état second, elle lève à son tour le bras, et, au dernier instant, entre elle aussi en contact avec le passé du brun. Fichue curiosité !



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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 1:08

Ah oui, il avait presque oublié les révélations de Calvetti sur leur passé commun, avec Hécate. L'évocation du hangar lui rappela douloureusement son second souvenir. Et s'il s'agissait du même ? Si elle travaillait avec La Flic, ça se tenait. Peut-être que ça se passait après l'arrivée de la blonde ? Peut-être qu'Hécate était arrivée assez tôt pour voir le désastre ? Peut-être que... Elle continua à lui déballer son passé, en restant vague. Il se sentait déjà moins coupable de ne pas lui avoir tout dit. Mais en même temps, ce n'était pas comme s'il lui devait des explications, alors, d'un côté, qu'est-ce qu'il pouvait en avoir à faire ? Et le groupe, ça ne le justifiait pas ?

Mauvaise question, évidemment que ça le justifiait, next. Next, une boule lumineuse vint flotter juste sous son nez. Un souvenir ? Pour lui ? Avec Hécate juste à côté ? Ne risquait-elle pas de le questionner dessus ? Et vu les circonstances... Il se doutait à peu près de la nature du souvenir. Ça n'allait peut-être pas lui plaire. Ni à elle, d'ailleurs. Il se prépara donc mentalement à se taire, et lâcha la valise un court instant pour venir toucher ce fragment de passé perdu.

Sauf qu'il vit le bras de la brune commencer à se tendre en direction de la sphère - de sa sphère. Était-ce possible ? Mystère...

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 1:12

Oui c'était possible. Voilà ce qu'ils virent...

Novembre:

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 1:35

• 04h-06h
Once upon a memory...

La curiosité, c'est comme une médaille. Ça a une face, mais on oublie souvent le revers. Exactement comme à l'instant. Bien sûr, elle avait satisfait cette curiosité dévorante sur plusieurs points : un, on pouvait voir le souvenir de quelqu'un d'autre. Et deux, elle avait pu avoir un aperçu de la vie de Novembre, même si c'était sans doute l'idée la plus stupide qu'elle avait eu dans sa courte existence dans la Ville...

Oui, mais c'est là que le revers de la médaille faisait son apparition, aveuglant : ce morceau de passé du brun, elle s'en serait bien passé. Elle aurait sans doute préféré ne pas le voir. Au départ, elle avait juste vu cette présence féminine, qui semblait effrayée. Coincée avec Novembre dans un espace étroit et sombre. Et puis la voix l'avait ramenée sur terre. Pas dans les premiers temps, certes. Il avait fallu attendre qu'elle soit de nouveau pleinement consciente, dans le parking souterrain, et qu'elle ouvre la bouche pour s'excuser.

- Euh, je...
Cette voix. Cette voix. Elle met la main devant sa bouche. Cette voix et celle de la fille dans le souvenir. Une seule et même voix. Mais pourquoi. Pourquoi. Donc... cette fille effrayée...

Elle se dégage subitement de l'étreinte de Novembre, et recule précipitamment, pour s'éloigner de lui. Mettre de la distance entre eux, plus vite que ça. S'éloigner. Pourquoi ? Pourquoi était-elle avec lui dans ce souvenir ? Que faisaient-ils là ? Pourquoi avait-elle si peur ? De qui, de quoi ? Elle fronce les sourcils. Ils n'avaient pas l'air spécialement proches. Dos à dos...

Toutes les excuses qu'elle avait préparé au moment de toucher son souvenir s'effacent brutalement de son esprit. Tableau blanc. Adieu les "je voulais juste vérifier si les gens pouvaient voir d'autres souvenirs que les leurs". Sans parler de "désolée, je voulais en savoir un peu plus sur toi". Plus rien de tout ça. Ne reste que l'étrange sensation de lui avoir dérobé quelque chose, d'avoir été indiscrète. Et le souvenir de cette scène désagréable, dans ce lieu sombre, de cette fille effrayée - elle !

Elle baisse la tête, finit par tourner le dos à Novembre. Le plic-ploc résonne toujours dans le calme du parking. Sans plus attendre, elle se dirige vers la source du bruit. Encore de la distance, plus de distance.

- Je crois que je vais y aller... seule.
Elle a murmuré le dernier mot. Elle voudrait lui dire d'aller retrouver Décembre et Calvetti. Voudrait ne plus avoir besoin de lui. Lui prouver qu'elle n'est pas la fille si faible de son souvenir. Qu'elle n'a pas besoin de lui. Et qu'elle dénichera toute seule le point faible de cette fichue Ville. Qui vient, une fois de plus, de s'amuser à leurs dépends. Ce constat amer ne fait qu'augmenter sa rage, et c'est les poings serrés qu'elle continue son chemin.


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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 2:28

Sur le moment, il n'avait pas compris. Et maintenant, il ne comprenait pas non plus. Le corps chaud, le souffle, la panique qui les gagnait peu à peu, le peu d'espoir qu'il avait de s'en sortir, et son manque d'intérêt total pour cette fille qui risquait de tout compromettre à force de s'agiter. Qu'est-ce qui avait foiré ? Qu'est-ce qui n'avait pas marché comme prévu ? Et bordel mais qu'est-ce qu'il foutait dans un placard avec une meuf dont il se fichait royalement et qui menaçait de le faire craquer ? Mentalement, évidemment. Oui, la précision était utile. Totalement indispensable, même. Les cliquetis qui se rapprochent derrière la porte, la tension qui monte... Et la voix.

La voix d'Hécate, qui s'écartait. La voix. Celle d'Hécate. La voix. Bordel. Hécate. Merde. Non. Merde. Son cerveau n'était plus en état de débiter autre chose. On aurait presque dit du binaire, à ceci près que les jurons et les négations remplaçaient les habituels zéros et uns. Il n'essaya même pas de la retenir. N'esquissa pas un geste. Autant parce qu'il n'arrivait pas totalement à déconnecter son esprit du souvenir que parce qu'il était indécis. Partagé entre le choc de la découverte et l'amer sentiment d'avoir été trahi. Merde. Oui, "merde", encore et toujours. "Merde" à cette putain de Ville sournoise.

Et "merde" à Hécate d'avoir osé mettre le nez dans son passé. Elle voulait s'en aller ? Très bien, bon vent, tant mieux pour elle. Elle échapperait peut-être à la colère froide qui menaçait de l'emporter à tout instant.

« Ouais. C'est mieux. »

Plus de chaleur, plus d'attention dans sa voix. Retournement de situation. "Diviser pour mieux régner", c'était la rengaine de la Ville ? Et bien c'était réussi !

« T'es contente maintenant ? Fière de toi ? J't'avais dit que ça serait minable. Tu m'écouteras, la prochaine fois. Oh, pardon. Y'aura pas de prochaine fois. »

Froid. C'était le seul qualificatif adapté à son ton. Il était déçu, écœuré d'avoir été si facilement manipulé par Nulle-Part, et les souvenirs qu'elle délivrait. Une part de lui lui hurlait qu'Hécate n'avait rien à voir là-dedans, que ce n'était pas de sa faute. Et pourtant, qui s'était retrouvé avec lui dans cette cachette improvisée, qui avait touché son souvenir à lui ? S'il y avait un coupable, c'était la Ville. C'était elle qui produisait les souvenirs, elle qui avait fait en sorte que leurs chemins se croisent. Et pourtant, c'était bien le procès d'Hécate qu'il faisait, arbitraire et irrévocable.

La meilleure chose à faire, c'était de partir. Pour éviter de dire plus de choses qu'il savait qu'il allait regretter. Pour faire le vide, dans sa tête, et se concentrer sur le sens de ce souvenir. Voire le mettre de côté le temps d'aller retrouver Décembre et Calvetti. "Les Maraudeurs"... Tss... Tu parles. On s'est jamais entendus. On était juste trop crevés pour continuer à se taper dessus. Dur retour à la réalité NPienne. Voilà, le nuage s'était abattu en pluies acides, et il en était tombé brutalement. Maintenant, le corrosif ainsi déployé le rongeait de l'intérieur, minait sa clairvoyance et l'empêchait d'agir avec tact. Du tact ? Haha, la bonne blague. Il n'en avait jamais eu.

« Le "vétéran de la Ville" est désolé de te décevoir, princesse. »

Il s’écœurait lui-même de pouvoir être aussi odieux avec elle. Sauf que ce genre d'actes, il ne les pardonnait pas comme ça. Maintenant, elle allait devoir assumer son geste. Toute seule. Parce qu'il fit demi-tour et s'éloigna, abandonnant la valise sur le sol sale du parking.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 2:52

• 04h-06h
...fight for what ?!

Elle entend à peine le "Ouai c'est mieux" de Novembre, les oreilles bourdonnant de rage. Bon, sans doute le bourdonnement n'était-il pas assez fort pour masquer la suite.

« T'es contente maintenant ? Fière de toi ? J't'avais dit que ça serait minable. Tu m'écouteras, la prochaine fois. Oh, pardon. Y'aura pas de prochaine fois. »
Et puis quelques secondes après : « Le "vétéran de la Ville" est désolé de te décevoir, princesse. »

Alors elle voit rouge. Non mais qu'est-ce qu'il avait cru, hein ? Qu'il pouvait lui parler comme ça ? Comme à une gamine qu'on réprimande quand elle a fait une bêtise ? Et son "princesse" est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Elle fait promptement demi-tour, dépasse la valise abandonnée sur le sol, rattrape Novembre qui commence à se diriger vers la porte, presque en courant, se place face à lui pour lui bloquer la route, et l'empoigne par son sweat. Qu'elle commence à secouer tout en criant.


- Crétin ! Qui est l'idiot dans l'affaire !? T'aurais pas un peu omis de me prévenir du principal dans tes souvenirs ?! Qu'est-ce que tu foutais, bordel ! Et qu'est-ce que je foutais avec toi, hein ? Dans quelle merde tu m'a fourrée ? Parce que ça peut être que toi ! Si je traine avec les flics, je traine pas avec... avec les gens comme toi !


Elle relâche le vêtement du brun presque avec violence, et reprend sa respiration comme elle peut.

- Tu sais ce qu'elle te dis, la princesse ?! D'aller te faire voir ! Ok, j'ai été curieuse ! J'aurais pas du faire ça, mais c'est fait c'est fait ! Et toi, tu compte faire quoi, hein ?! Te faire la malle, espèce de lâche ? Je croyais que tu m'accompagnais ? Elles sont belles, les promesses de me protéger ! Enfin bon, vu ta réaction, c'est pas comme si j'avais besoin de toi !

Elle a l'impression que ça gorge la brûle, à force de cracher tous ces mots, ces cascades de phrases qui se mélangent dans sa tête en un bouillon étrange, détonnant cocktail de rage, et d'amère déception.

- On est pas sensées s'en foutre du passé ? Et puis le groupe ! Haha, oui, le groupe, c'est pas toi qui en parlait, du groupe, tout à l'heure ? Tu me dégoute, tu dis des choses comme ça, alors que ça ne veut rien dire pour toi dans la réalité !


Oui, déception de voir que tout n'était que belles paroles. Et elle se hait, elle se hait elle plus que lui, de s'être laissée aller comme elle l'a fait, de l'avoir laissé passer sa main sur son épaule, d'avoir cru qu'il l'accompagnerai au bout de leur aventure, elle se hait d'avoir été assez bête pour croire à l’existence d'un quelconque groupe ! Et les larmes de colère lui brouillent la vue, elle les essuie d'un geste rageur de la main.

Épuisée, elle peine à cracher ses derniers mots :

- Tu parle de confiance, mais où est la confiance dans tout ça. Je suis trop bête ! T'ira au moins chercher ta fichue valise avant de retourner voir les autres !


Trop bête ma pauvre Hécate. Comment t'as pu croire ne serait-ce qu'une seule seconde que tu ressentait quelque chose pour lui ? Hein ?! Imbécile, stupide !
Bien décidée à aller quand même à la rencontre du bruit, elle tourne les talons, repasse devant la valise, se retient de shooter dedans avec violence. Avec un peu de chance, elle croisera les ronces, et à défaut de se défouler sur elles,... peut-être aura-t-elle des réponses. Sur comment quitter cette Ville où tout est désespérément nul !


HJ:

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 15:14

Elle voulait l'empêcher de partir, hein ? Et lui faire la leçon. Haha. Haha. Ha. Elle pouvait s'acharner sur son sweat tant qu'elle voulait - sur son pauvre sweat qu'elle semblait aimer plus qu'elle ne l'appréciait lui, de toutes façons -, le secouer, le tirer, se cramponner à lui, ça ne faisait plus aucune différence. Si c'était le sweat qu'elle voulait, elle pouvait le dire tout de suite. Oui, se concentrer sur ses gestes brusques, c'était plus facile que d'écouter son coup de gueule tailladant. "Avec les gens comme toi"... C'était sans doute la partie la plus blessante de son discours vindicatif. "Les gens comme toi", "Tu me dégoûtes"... Ça lui fit l'effet d'une percussion avec un camion. Cruel manichéisme. Pourquoi fallait-il qu'il eût été du mauvais côté de la ligne ?

Elle lâcha son sweat. Respira, reprit. Et lui, il était parti pour s'en prendre plein la tronche pendant encore une bonne demie-heure s'il ne s'en allait pas. Les dents serrées et la mâchoire crispée, Novembre luttait contre l'envie irrépressible de tout planter là et de s'aventurer hors du centre commercial, et d'aller crever en croisant accidentellement des loups mutants affamés, et contre la claque qui le démangeait de partir, là, comme ça, sans prévenir. Honnêtement, il voulait l'assommer pour qu'elle se taise.

Ce qu'il fuyait, c'était lui-même, c'était ce qu'il pourrait faire, ce qu'il ne voulait pas faire. Il fuyait son passé comme il voulait fuir le présent. Quant à ses paroles d'avant, il ne les regrettait pas, et si tout était à refaire, il les aurait quand même prononcées. Parce qu'au fond, tout tout tout au fond, l'amertume faisait place à tout le reste, évincée. Et au fond, il n'arrivait pas à vouloir du mal à Hécate. Mais ça, il ne le lui avouerait pour rien au monde. Et elle continuait, intarissable. Et le groupe, et la confiance, et la valise... Puis elle s'arrêta.

Le silence qui s'installa alors fut des plus désagréables. Et elle, elle fit demi-tour pour aller à la rencontre de la source du bruit. Qu'elle se démerde, c'est bon. Puisque Mademoiselle n'a pas besoin de "quelqu'un comme moi" pour se débrouiller à Nulle-Part sans provisions, qu'elle s'en aille. J'ai pas besoin d'elle, moi. Surtout pas. Oui, c'est ce qu'il aurait aimé croire.

« Mais qu'est-ce que j'en sais, moi, de ce qu'on foutait là, bordel ?! Je te signale qu'on a vu la même chose, et j'ai pas plus de détails que toi ! Alors ouais, peut-être que tes putains de flics allaient débarquer, peut-être que le pote de Calvetti était derrière la porte, ou alors peut-être que c'était d'autres "gens comme moi", mais tu vois pour l'instant, j'en ai strictement rien à foutre ! »

Elle avait beau partir, lui, il n'avait pas fini. Plus ça allait, et plus il perdait son sang froid. Et plus son intonation ressemblait à un cri - dégoûté ou désespéré, ça restait encore à trancher.

« C'est ma faute, peut-être, si t'as voulu mettre ton nez dans mes affaires ?! Ma faute, si tu t'es faite du mal toute seule ?! Ma faute, si t'es pas foutue de te contenir ?! Nan, je crois pas, nan. T'es aussi coupable que moi dans l'histoire. »

Sa voix résonna dans tout le parking. Il était à bout - à bout. Il était essoufflé, et la colère refusait obstinément de le quitter. Il se força à inspirer et expirer plusieurs fois pour essayer de calmer les battements alarmés de son cœur. Mais rien ne semblait pouvoir apaiser cette frustration de colère et de peine mêlée qui menaçait de noyer sa raison à tout instant. Trop de contradictions. Trop de trucs qu'il ne comprenait pas.

La valise. Elle était toujours en plein milieu. De l'autre côté, Hécate. Sentiment d'impuissance, et tourbillon d'émotions antithétiques. Alors lentement, comme enfin tiré d'un état second - d'un état de dépossession de ses moyens, de ses pensées, de ses actes -, il s'avança en direction de la malle, se baissa à peine pour en attraper la poignée et la remettre droite. Il voulait rester. S'excuser et rester. Mais il ne pouvait pas pardonner.

Pas tout de suite. Pas comme ça. Il regardait Hécate. Trahison contre Affection. Deux sentiments aux antipodes l'un de l'autre, dont l'association écœurante rongeait peu à peu ses défenses.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 15:57

• 04h-06h
Hot'n'Cold

Elle s'éloigne en serrant les dents. Pour retenir ses mots, et pour retenir ses larmes. Pour enfermer son âme à double tour à l’intérieur de son corps. L'âme, hein ? ... Cette faiblesse ! Tellement facile à perturber. A corrompre. A bousiller. Elle bouillonne intérieurement, ravale sa rage, la ressasse. Rage de vivre, rage de tout. Envolée la maitrise d'elle-même, ce sang-froid qu'il lui semblait posséder. Elle rêve soudain d'avaler une grande gorgée d'oubli. L'effet de la Ville peut-il se reproduire ? Oublier les paroles de Novembre, et les siennes aussi. Sur sa langue, elle peut encore sentir, comme un trait de feu, comme une cicatrice, comme une plaie, chaque phrase qu'elle a prononcé. Et puis merde ! Il n'avait qu'à pas avoir un passé pareil !

Pouvait-elle vraiment le blâmer pour son passé ? Alors qu'elle était impliquée dedans aussi. Et puis, que connaissait-elle de son propre passé ? Si ça se trouve, elle avait aussi fait des choses dont elle ne serait pas fière à l'heure actuelle. Ses propres mots lui reviennent comme un boomerang "On est pas sensés s'en foutre, du passé ?!". Pourquoi n'est-elle pas capable d'appliquer ça ? La voix de Novembre résonne alors dans son dos, la forçant à serrer les dents plus fort, encore plus fort.

« Mais qu'est-ce que j'en sais, moi, de ce qu'on foutait là, bordel ?! Je te signale qu'on a vu la même chose, et j'ai pas plus de détails que toi ! Alors ouais, peut-être que tes putains de flics allaient débarquer, peut-être que le pote de Calvetti était derrière la porte, ou alors peut-être que c'était d'autres "gens comme moi", mais tu vois pour l'instant, j'en ai strictement rien à foutre ! »


Ne va pas plus loin. Tais-toi ! Elle meurt d'envie de lui hurler de fermer sa bouche, qu'elle n'a que faire de tout ce qu'il dit, que ces mots, ces stupides mots, ne l’atteignent pas. Si seulement c'était vrai ! "Ses putains de flics" ? Mais qu'est-ce qu'il croit, qu'est-ce qu'il croit ?!

« C'est ma faute, peut-être, si t'as voulu mettre ton nez dans mes affaires ?! Ma faute, si tu t'es faite du mal toute seule ?! Ma faute, si t'es pas foutue de te contenir ?! Nan, je crois pas, nan. T'es aussi coupable que moi dans l'histoire. »


Cette nouvelle tirade s'insinue en elle par tous les pores de sa peau, coule dans ses veines comme de la lave, comme un poison foudroyant, atteint son cerveau. Elle a l'impression, soudain, de perdre le contrôle d'elle-même. Elle se retourne, une nouvelle fois. Il n'est qu'à quelques enjambées. Quelques pas. Une distance qu'elle franchit tellement vite, sans s'en rendre compte. A l’intérieur d'elle, tout n'est que désordre, chaos. Et sa tête la brûle, lui fait désespérément mal. Et sa main la démange.

Clac ! Le bruit de la gifle qu'elle lui assène résonne dans le silence, bruit étrange, comme déplacé ici. Comme si ce genre de geste n'avait pas lieu d'être dans la Ville. Sa main laisse une trace rouge sur la joue du brun. Elle se mord l'intérieur de la joue. Pourquoi est-ce que ça la fait pleurer, hein ? Des larmes de rages, encore. De la déception. L'horreur d'entendre ces mots dirigés contre elle. Alors qu'elle lui faisait confiance. De la déception, aussi, de l'avoir déçu. Voilà, c'est bien ça, le chaos donc.
Et puis, ça ne suffit, pas, n'est-ce pas ? Elle attrape brusquement Novembre par le col de son sweat, et, se mettant sur la pointe des pieds, l'attire à elle et l'embrasse, presque avec violence, avant de le lâcher tout aussi subitement, et de lui lancer, la voix pleine d'amertume :

- Voilà. Comme ça, tu peux dire qu'en effet, je ne suis pas foutue de me contenir !

Aller, ma pauvre fille. A défaut de te trouver un asile, tu va aller t'isoler, la solitude, c'est encore ce qu'on fait de mieux pour les gens comme toi. Plante le là, et puis voilà. Tandis qu'elle fait demi-tour, direction le bruit, une de ses larmes déborde, qu'elle essuie rapidement. Alors, c'est ça, la folie ? C'est ça ? C'est embrasser quelqu'un après lui en avoir décollé une ? Tu parles d'un baiser ! Elle retient un rire nerveux. La folie...délicieux état, n'est-il pas ?

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 19:32

Hécate se retourna. Dans sa tête, ça se passait un peu comme un ralenti de film. Mais genre d'un mauvais film. Un film dans lequel il n'y a pas de happy ending. Pour aucun des protagonistes. Elle était là, juste devant lui, et pourtant, ce n'était pas elle qu'il croyait voir. Elle était comme hors d'elle. Différente de l'Hécate qu'il avait rencontré quelques heures plus tôt à la mairie. Et il vit sa main se lever, lentement, avant de venir s'abattre violemment sur sa joue.

La gifle claque dans la nuit silencieuse du parking. Claque, et fait trembler son cœur. Et lui il se sent loin, loin du parking.

Il avait l'impression d'assister à sa propre vie plutôt que d'en être l'acteur. Il l'avait méritée, celle-là. Lui-même se serait sans doute baffé, à la place de la brune. Alors il ne broncha pas. Pas plus qu'il n'avait cherché à se défendre. Il avait dépassé les bornes, il était temps d'assumer. Mais le plus dur à regarder, c'étaient les larmes d'Hécate. Elle rageait, et il ne comprenait que trop bien ce sentiment de frustration, de déception. Croyait le comprendre. Parce que précisément, il était déçu. Déçu d'elle, déçu de lui-même, déçu d'eux deux.

Ce qui se passa ensuite, jamais il n'aurait pu le prévoir. S'il s'était attendu à quelque chose, sans doute cela aurait-il été bien moins violent pour son esprit. Hécate aurait pu faire tout ce qu'elle voulait d'autre - lui coller une autre baffe, pourquoi pas, se jeter sur lui pour lui faire la peau, lui faire une comédie pour qu'il s'excuse, se lancer dans un nouveau sermon sur son passé douteux, tout -, mais non. Non, elle ne fit rien de tout ça.

Contre toute attente, elle s'accrocha de nouveau à son sweat et... La suite, il n'en retint que le résultat. Les causes, les conséquences, tout se mélangeait proprement dans sa tête en un fouillis d'idées et de sentiments des plus confus.

Les lèvres rageuses d'Hécate qui effleurent, embrassent, puis délaissent les siennes. Sa voix vengeresse qui le transperce, amère.

Elle s'était déjà retournée, sans doute pour qu'il oublie ses sanglots. Et lui il resta là, planté comme un con, une main sur la joue, l'autre sur la poignée de la valise, à la regarder s'en aller, la bouche grande ouverte en signe de non-compréhension. Purement et simplement, il ne comprenait pas. Et de nouveau, ce tiraillement entre l'Affection et la Trahison, entre l'Être et le Devoir Être. Que devait-il penser d'elle, maintenant ? Et elle, que pensait-elle de lui ? Il ne trouvait pas de sens à ses actions, et, de toutes façons, il n'était pas en état de chercher.

Pas avec son cœur qui pulsait comme un forcené, pas avec son cerveau réduit en compote par les dires et les actes de la brune. Il sentait le sang battre à ses tempes, monter dans ses joues, bourdonner jusque dans ses oreilles, et trouva finalement très pratique d'avoir déjà une grosse marque rouge sur le visage. Je... J'ai pas rêvé, là... ? Il s'est vraiment passé... Ce qu'il vient de se passer ? Sa main glissa de sa joue pour retomber mollement avec son bras qui pendouillait maintenant le long de son corps. Et maintenant ? Devait-il se sentir offusqué de se baiser amer ? Devait-il être offensé qu'Hécate ait agi de la sorte après avoir sournoisement espionné son passé ? Ou bien devait-il juste savourer le souvenir encore frappant de cette soudaine... "proximité" avec la brune, même si ses raisons n'étaient pas encore très claires ? Savait-elle au moins qu'il se torturait l'esprit en quête de réponses inexistantes, pour elle ?

« Hécate, je... Je sais pas quoi te dire. »

"Ne pars pas" ? "Ne me laisse pas tout seul" ? "Je suis désolé" ? Il garda les yeux rivés au sol à ces pensées. Rien de tout cela ne voulait sortir ; les mots restaient coincés dans sa gorge nouée. Il déglutit, mal à l'aise, encore sous le choc. C'était juste elle qui était bizarre, ou bien toutes les filles agissaient de la sorte, changeant d'humeur comme de chemise - enfin, en l'occurrence elle n'avait pas de chemise, mais vous avez compris - ? Il devait vraiment avoir l'air stupide, comme ça. Mais il avait besoin de réponses. Qu'est-ce qu'elle pensait, enfin ? Comment devait-il le prendre ? Confus était un faible mot pour décrire son état. Perdu, voilà ce qu'il était. Encore plus perdu en lui-même que dans cette ville pourrie. La détestait-il, ou l'appréciait-il ? Mystère.

« Attends, lança-t-il en relevant la tête en direction de la brune, T'es pas en état de continuer seule. »

Et c'était en partie de sa faute, seulement, ça, il n'avait pas la force de l'admettre. Essayait-il inconsciemment de se faire pardonner son coup de gueule de tout à l'heure ? Même lui n'en savait rien, mais il avait hâte que ça se finisse. Ces moments-là étaient juste abjectes à vivre.

« J'comprends que t'aies pas envie de "traîner avec un dealer", surtout si c'est moi. Mais prends au moins la valise. »

Oui, c'était tout ce qu'il avait trouvé à dire, la fin de sa première phrase ayant retrouvé un accent ironique presque familier. Presque, parce qu'en fait, ça ne le faisait pas vraiment rire. Elle devait avoir hâte de le voir disparaître, de toutes façons. Pas la peine de préciser que la valise contenait l'eau introuvable ailleurs et de quoi se soigner en cas d'urgence. Elle le savait, tout ça. Pas la peine de préciser non plus ce que ça impliquait. Dans tous les cas, il y n'y avait quasiment aucune chance pour qu'ils se rencontrent à nouveau sans qu'elle lui redise clairement d'aller se faire foutre.

Pourquoi ça avait dérapé, déjà ? Pour une simple histoire de souvenir ?

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 20:09

• 04h-06h
Alors, on va de l'avant ?

« Hécate, je... Je sais pas quoi te dire. »

Tant mieux, si tu ne sais pas quoi dire. Parce que tu vois, le point est justement là : il n'y a rien à dire, Novembre, rien à dire de plus que tout ce que tu m'as balancé avant, et que ce que je t'ai balancé avant. T'es un type louche. Enfin, était. Et moi, j'étais sans doute flic. Tu vois quelque chose de compatible, là-dedans ? Elle laisse ses pensées aller à la dérive. Son allure a ralentit, inconsciemment. Elle se sent lasse, fatiguée, fatiguée de souffler le chaud et le froid avec le brun. Fatiguée de ne pas savoir où donner de la tête, lassée de ne pas se comprendre. Lassée de cette demi-vie que la Ville lui a laissée. Y a-t-il vraiment un but dans tout ça ? Où est-ce qu'elle va ? ...

« Attends, t'es pas en état de continuer seule. »


Elle s'arrête, sans pour autant se retourner vers lui. Ne pas regarder ce visage. Ne pas le regarder. Pour ne pas avoir envie de faire demi-tour. Pour ne pas replonger dans ce cercle vicieux de "ça va" et "ça ne va plus". Hu ! Et c'est toi qui va continuer avec moi, peut-être ? Elle mordille sa lèvre, jusqu'au sang, pour ne pas répondre de façon brutale. Le gout si particulier du fer se répand dans sa bouche, lui tirant une grimace. Pas bon, le sang.

« J'comprends que t'aies pas envie de "traîner avec un dealer", surtout si c'est moi. Mais prends au moins la valise. »

Un dealer, hein... Comme si c'était ça, le plus important. Non, le plus important, c'est qu'elle était une belle idiote d'avoir osé toucher à son souvenir sans sa permission. Tout ce qui était arrivé, les cris, la gifle, et puis... tout ça, c'était sa faute à elle. Alors quelle importance, qu'il aient été dealeurs ou flics avant, puisqu'ici, ils étaient tous des jouets, des pantins amnésiques, des marionnettes ?

Et là, immobile dans ce fichu parking, elle ne savait que lui répondre. Que pouvait elle répondre pour éviter de se retrouver seule ? Pour qu'ils ne deviennent pas "ennemis", ou pire... de parfait étrangers qui s'ignorent ? Car l'indifférence est bien pire que la haine... Elle n'avait plus l'énergie de se battre. Comme si elle avait vidé tout son sac sur Novembre. Voilà, c'est ça. Il était là au mauvais endroit, au mauvais moment. Lui et son ironie. Lassitude. Présentement, la seule envie d'Hécate était de s'allonger à même le sol et de fermer les yeux. Oublier. Dormir. Pouvait-on rêver dans cette ville ?....

Et oui. Mais non. Non, elle ne pouvait s'allonger ici. Parce que de un, les parkings, c'est pourri. Oui, elle allait haïr les parkings pour le restant de ses jours sur cette terre. Jours qui promettaient de ne plus être très nombreux si elle ne faisait pas quelque chose... Elle leva son poignet à hauteur de son visage. La gourmette scintillait sous les néons. Et le décompte était toujours là. Implacable. Terrifiant. Oui, voilà, elle devait se débarrasser de ça. Trouver l'origine de tout ça. Et ça commençait par le bruit.

Enfin, pas tout à fait. Ça commençait par Novembre, en réalité.

- Hum... J'en ai rien à foutre, en fait, que tu sois un dealer ou un marchand de barbe à papa, ok ?

Non, strictement rien à foutre, parce qu'ici, tu es Novembre, un mec amnésique, pas clairvoyant pour un sous, qui se trimballe avec une valise dans un parking. Magnifique !

- Bon. Tu bouges ? La source du bruit est par là-bas.

Viens. Viens avec moi. Ne me laisse pas toute seule dans ce parking. Je ne ferai plus rien, promis. Mais ne m'abandonne pas. Chut, conscience. Oui, voilà. Ne pas parler de ce qui s'est passé, c'est encore le plus simple. Et elle reprend sa marche. Ne pas s'arrêter d'avancer. Sinon...

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeSam 26 Jan - 22:06

Elle avait arrêté de marcher, sans pour autant se retourner pour lui répondre. Et maintenant, elle faisait celle qui n'en avait plus rien à foutre de rien ? Et puis, un vendeur de barbe à papa ? WTF ?! C'était limite insultant, là... Attention, il allait se vexer. Enfin, il n'était plus à ça près, de toutes façons. Il trouvait ça bizarre, après tout ce qu'elle avait déblatéré sur lui. Mais dans tous les cas, ce n'était pas une réponse. Et lui, il était toujours comme un funambule en équilibre sur son fil. Sauf qu'il vacillait. De quel côté allait-il devoir tomber ? Allait-elle encore l'envoyer paître, comme à son habitude ? Allait-elle au moins dire quelque chose pour lui répondre ?

Parce qu'il en avait un peu marre d'attendre, là. Marre d'avoir l'impression désagréable qu'elle s'était moquée de lui du début à la fin.

Réponse, enfin. Pas très agréable. Même pas cordiale. Il n'avait jamais aimé qu'on lui donne des ordres. Pour la peine, il la laissa faire ses premiers mètres toute seule, attendant de voir si elle comptait vraiment y aller. Uhm. Oui. Ça avait l'air. Bien.

Mauvaise humeur, le retour du retour. Enfin, non, pas exactement. C'était... Bizarre, comme humeur. Parce que d'une part il s'ordonnait de garder ses distances avec la brune, pour le moment, vu son état d'esprit du moment, et le sien, aussi, et d'autre part, il était presque soulagé qu'elle ne l'envoie pas balader. Dans le doute, il préféra donc avancer et se taire. Se taire pour ne pas relancer de dispute, mais aussi parce qu'il n'avait plus envie de parler, pour le moment. Comprenez par là qu'il dirait le strict nécessaire et n'irait plus raconter sa vie devant Hécate avant un bon moment, le temps de savoir s'il devait - pouvait ? - encore lui accorder une once de confiance.

Les roulettes de la valise emplirent le large espace vide de leur bourdonnement si caractéristique quand il se décida enfin à bouger, la mine songeuse. Tout ce qui s'était passé avec Hécate, depuis la mairie jusque là, repassait en accéléré dans son esprit. Au final, il s'estimait heureux de cette "fin" potable. Tant d'autres scénarios auraient pu être pires. Et tant d'autres meilleurs... Tout aurait été tellement mieux sans ce fichu souvenir.

Très bien Nulle-Part. Si tu cherches la guerre, tu vas l'avoir. Conservant deux bons mètres de distance avec Hécate, il la suivit en direction du mystérieux bruit qui les avait attirés ici. Si c'était une vulgaire fuite de tuyauterie, la Ville allait l'entendre.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeDim 27 Jan - 21:12

Ploc. Ploc. Ploc. Ploc.

C'est quelque chose qui coule. Ca tombe du plafond. C'est rouge.
C'est du sang. Ploc. Il s'écrase sur le sol en une grosse flaque visqueuse. Ploc. L'odeur de fer prend les deux protagonistes à la gorge.

Un cadavre est étendu sur une des poutres, au dessus de leur tête. On ne distingue pas son visage, caché par son sweat à capuche. En revanche, il a le thorax ouvert d'où s'écoule une rivière rouge.

Du sang frais.


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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeDim 27 Jan - 21:52

• 04h-06h
Ploc ploc

Et il ne répond pas, ne répond rien. Et elle ne parle pas non plus. Le ronronnement des roulettes de la valise meuble le silence inconfortable qui s'est établi entre eux. Elle voudrait, parler, dire des choses, mais rien ne semble utile en cet instant, non, rien. Rien que le silence. Le silence et ce ploc de temps à autre, qui s'écrase dans le silence. Oui, voilà, aller vers ce ploc ploc, en découvrir l'origine. Et après ? Elle préfère ne pas penser à après. Futile après.

Ploc, ploc. Ploc, ploc. Ploc, ploc. Ploc, ploc. Ploc, ploc. Oui, ploc ploc, comme si il n'y avait plus que ça désormais. Ploc, ploc.

Et puis soudain, plus rien. Rien que le silence. Ses oreilles ne peuvent plus rien entendre. Ses yeux ne peuvent plus voir qu'une seule chose, le reste du monde s'est effacé. Ne reste que ce cadavre, là, au dessus d'eux, sur une poutre. Ce corps dont elle ne peut distinguer le visage et donc le torse, grand ouvert, laisse échapper du sang et...

Un voile noir passe devant les yeux d'Hécate, une demi-seconde, son visage pâli. Elle se laisse tomber à genoux sur le sol, en tremblant de tout son corps. Ouvre la bouche pour inspirer une bouffée d'air. N'inspire que l'odeur du sang, l'odeur de ce sang fraîchement tombé là, devant elle, en une immense flaque de sang, tâche sombre qui s'étale sur le sol. D'ailleurs, une de ses mains touche ce sang. Elle la relève, tremblante, devant elle, la contemple de ses grands yeux écarquillés. Comme si c'était impossible.

Respire, Hécate, respire, calme toi, calme toi calme toi, allez, bordel, respire et calme toi ! Elle voudrait juste crier, hurler. Mais rien ne vient. Comme un réflexe, peut-être venu du passé, qui lui intime de se taire. Hurler ne servirait à rien. Elle voudrait fermer les yeux, mais...

Et son regard remonte, s'accroche de nouveau au cadavre, ne peut plus le quitter. Que lui est-il arrivé. Était-il l'un d'entre eux, un autre amnésique, livré à lui-même dans cette Ville ? Que s'était-il passé, pourquoi était-il... Pourquoi ?

Elle ne peut pas réfléchir, c'est impossible, et la fragrance de la mort qui l'enveloppe, qui sature l'atmosphère, l'empêche de respirer. D'une voix rauque, elle finit par articuler, les yeux toujours rivés sur le mort :

- On aurait pas dû venir ici... on aurait pas dû.

Impossible de bouger. Elle ne sent plus vraiment ses jambes. Bon dieu, Hécate, lève toi maintenant, allez, lève toi, reste pas là, reste pas là ! entend-elle sa conscience lui chuchoter. Impossible.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeDim 27 Jan - 23:36

Le bruit de la valise, et le sol qui défilait sous ses yeux. Sol qu'il ne fixait qu'en apparence, puisque toutes ses pensées étaient dirigées vers le pourquoi du comment. L'explication de cette ville, de l'amnésie, des plantes, des loups, de la voiture ? Non. Rien de tout ça n'avait plus d'importance. Remettre de l'ordre dans ses pensées qui tourbillonnaient était sa priorité. Après... Et après quoi ? Il ne savait pas trop. Découvrir l'origine du "ploc ploc", peut-être ? Un bruit mat retentit, se détachant du roulis de la valise qui cessa presque immédiatement après. Hécate venait d'entrer dans son champ de vision, agenouillée sur le sol, comme effondrée par quelque vision cauchemardesque. Problème. Problème parce qu'elle ne dit rien. Problème parce qu'elle s'était arrêtée sans prévenir. Problème, parce que le bruit lui, aussi, avait cessé.

Novembre releva la tête, les narines brusquement assaillie par une odeur anormale. Forte, métallique. Désagréable. Devant Hécate, une nappe sombre, poisseuse, nauséabonde. Du sang. Il sursauta en réalisant ce qu'il voyait. Du sang coulait du plafond. Coup d’œil rapide au plafond, justement. Oh putain... "Oh putain", oui, c'était le mot. Un putain de cadavre pendouillait lamentablement du plafond, gisant sur une poutre, attendant presque d'être décroché. Il lâcha la valise qui se remit en position perpendiculaire au sol dans un cliquetis déplaisant, intrus, étranger à la scène. Détonation dans le silence macabre. Autrement brisé par le murmure d'Hécate, elle aussi choquée par la découverte pour le moins sanglante.

Électrochoc.

Il franchit le peu de mètres de distance qui les séparaient encore en quelques bonds, sans avoir vraiment conscience de ce qu'il faisait. L'odeur infecte du sang le prit à la gorge alors qu'il se baissait pour arracher la brune à sa contemplation inacceptable de cette marre pourpre, et du cadavre dégoulinant. D'un geste ferme, mais pas brutal, il la releva et la força à tourner le dos à la quasi-scène de crime qui s'étalait devant eux, la prenant dans ses bras pour l'empêcher de faire volte-face. Non, il ne la laisserait pas se dégager comme ça. Cette ville avait un côté malsain qu'elle ne méritait pas de voir, qu'il ne la laisserait plus voir. Comme si... Comme s'il se sentait responsable d'elle, quelque part.

Sans motif apparent depuis qu'elle lui avait retourné la baffe de sa vie.

« Nan, on n'aurait pas du... »

Et pourtant ils étaient là, devant ce corps qui se vidait inlassablement de son sang. S'il en avait encore à cracher, c'était qu'il devait être encore en vie quelques heures plus tôt. Novembre frissonna à cette idée. C'était qui, au juste ? Un habitant de la ville ? Un amnésique, lui aussi ? Une... Une connaissance ?

Il passa une main tremblante dans le cou, puis les cheveux d'Hécate, la serrant contre lui, autant pour la rassurer elle que pour se rassurer lui-même. Il avait toujours les yeux rivés sur le cadavre, c'en devenait dangereux pour sa santé mentale.

« T'aurais pas du voir ça. »

Sa voix sonnait vide, creuse, sans émotion. Il était là, mais en même temps, il n'y était pas. D'un côté il y avait cette vision cauchemardesque, et la crainte que, dans une vie passée ou présente, ce quelque chose qui pendouillait soit en fait un quelqu'un. Un quelqu'un qu'il connaissait. De l'autre, il y avait Hécate, la sensation de son corps chaud contre le sien, qui lui rappelait cruellement celle de son souvenir encore tout récent dans son esprit. Et cette envie, ce besoin d'être là, pour elle.

Ce n'étaient pas des ronces qui leur faisaient face, mais il tiendrait tout de même sa promesse. Enfin, il détacha son regard de l'être dépossédé de la vie, revenant presque tout à fait à lui. Il desserra son étreinte sur la brune, fichant ses iris myosotis dans les siennes foncées. Toujours secoué de la découverte, il lui demanda, mal assuré :

« Tu vas tenir le coup ? »

Qu'elle le repousse, qu'elle lui crie dessus, qu'elle le jette ! Il avait été là, et il le serait encore.

Qu'il la haïsse ou qu'il l'aime, ce n'était plus de la simple affection qu'il éprouvait pour elle. À cet instant précis, c'était... Autre chose. Et cet autre chose était encore assez instable pour être brisé en mille morceaux.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeLun 28 Jan - 0:30

• 04h-06h
Qu'est-ce que le monde ?

Le monde est rouge et gris en cet instant. Rouge sang et gris parking. Et les deux couleurs fusionnent pour n'en former plus qu'une, une couleur de mort qui empli la vision d'Hécate, petit à petit, inexorablement. Et le monde est tremblement. Le monde est flou. Le monde n'est plus grand chose, à vrai dire. Le monde, ça se résume à ce cadavre. Au ploc ploc, envahissant. Inhumain. Pourquoi est-ce qu'elle est là, déjà ? Pourquoi sont-il venus ici, tous les deux ? Parce qu'elle a vu cette porte ? Parce qu'elle a été assez stupide pour avoir envie d'explorer ? Elle a envie de rire nerveusement, tellement tout est sa faute. Rouge et gris, partout, partout. Du sang, partout, partout...

Et soudain, le monde devient mouvement. Mouvement lorsque des bras la soulèvent, la forcent à se relever. Mouvement lorsque les bras lui font faire volte face. Mouvement, enfin, quand ces mêmes bras se referment autour d'elle, et la serrent. Et le monde devient obscurité et chaleur.

« Nan, on n'aurait pas du... »

La voix de Novembre, toute proche. Son cerveau fait le rapprochement, soudain, entre les bras, la chaleur, et Novembre. Alors il est toujours là. Après tout, ne l'avait-il pas promis ? Le cerveau de la jeune fille lui donne l'illusion de partir à la dérive. Dans sa tête, tout est mélangé. Quand a-t-il dit qu'il allait la protéger ? Avant ou après la gifle ? Avant ou après le baiser ? Avant ou après les cris ? Tout se mélange.

Elle le sent passer une main dans sa nuque, puis dans ses cheveux. Et le monde se rétrécit, encore et encore. Finit par se résumer à cette main, si chaude. Et alors, comme si elle n'avait attendu que ça, comme si elle n'avait pas eu le droit de le faire avant, devant cette vision de cauchemar, un long sanglot remonte dans sa poitrine, la secoue toute entière. Puis un autre, et un autre, et les larmes, et le monde devient humide et salé. Et elle pleure. Elle pleure a cause de ce cadavre, elle pleure parce qu'elle se hait, elle pleure parce qu'elle est désolée de leur dispute, elle pleure parce que cette Ville a raison de ses nerfs. Elle pleure parce qu'elle ne sait pas trop bien pourquoi elle pleure.

« T'aurais pas du voir ça. »

Elle peine à comprendre les mots de Novembre, tellement tout s'emmêle, comme si les larmes avaient noyé ses neurones. Court-circuit. Et, comme un automate, elle referme ses bras tremblants autour du brun, se serre contre lui, plus fort. Le monde n'est plus rien. Plus rien que cette étreinte, qu'elle voudrait ne jamais voir finir. Elle ne sait plus à quoi penser. « Cerveau hors-service » dirait tout simplement l'annonce. De temps à autre, un neurone solitaire semble grésiller, lui dire « tu lui as mit une tarte, et voilà qu'il te serre dans ses bras. Tu devrais avoir honte d'en profiter comme ça ». Elle noie le neurone d'une autre larme.

C'est Novembre qui met fin à l'étreinte. Doucement, elle le sent qui desserre ses bras, l'éloigne légèrement de lui, fiche son regard dans le sien. Le monde est bleu. Juste bleu. Elle aussi à relâché sa prise.

« Tu vas tenir le coup ? »

Elle le regarde un instant, sans comprendre. Puis, lorsque le sens des mots lui parvient, elle ne peut qu'hocher la tête. Parce que si elle parlait, elle dirait que non. Qu'elle ne tiendra pas, qu'elle n'en peut plus de cet endroit. Alors elle hoche la tête. Logique, me direz vous. Elle voudrait faire passer par ses yeux tout ce qu'elle ne peut pas dire. Oui, ça va aller, je vais tenir le coup. On va partir d'ici, j'oublierai tout ça.

Mensonge. Elle n'oubliera jamais. La mort marque les gens de façon indélébile.
Elle ne veut pas se retourner. Parce qu'elle sait que derrière elle, il y a ce rouge et ce gris. Ce mélange hideux. Elle regarde le sol, mais il y a toujours ce gris. Alors, elle regarde Novembre. Et se force à parler sans bégayer. Tu peux le faire, Hécate, tu peux le faire.

- Qu'est-ce... qu'on fait ? On ne va pas... le laisser là, si ?

Et elle se concentre sur le bleu des yeux devant elle. Il n'y a plus que ça d'important, ces yeux bleus, et la personne à qui ils appartiennent.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeLun 28 Jan - 2:11

Elle pleurait. Encore. Pleurer ne résolvait rien. Mais pleurer faisait du bien. Il ne lui redirait pas de sécher ses larmes. En l'instant, elle avait le droit, de pleurer. Elle hocha lentement la tête, après un temps qui lui parut trop bien trop long. Hécate était toujours en état de choc. Et lui, il ne trouva même pas la force de lui sourire pour la réconforter. De lui dire que c'était fini, que tout allait s'arranger. Qu'ils allaient s'en sortir. Parce qu'il ne savait pas. Parce qu'il ne savait plus. Cruelle redondance de la pensée. Mais le souvenir de sa mémoire retrouvée ne lui revint pas à l'esprit avec la même violence qu'auparavant. Tout lui paraissait vague, et terne. Tout, sauf ses yeux. Il voulait se noyer dans cet océan vert pailleté, s'y noyer pour ne plus voir, pour ne plus sentir, pour ne plus être. S'y noyer à en perdre la tête.

Et pourtant, ces grands yeux larmoyants qui le fixaient, il ne voulait plus jamais les revoir. Pas comme ça. Pas pleins d'eau salée. Elle posa la question fatidique. Dont la réponse ne l'avait même pas effleuré un seul instant. Il voulait oublier le futur, oublier le passé, et ne garder de ce présent que cette image essentielle, pleine de promesses et d'espoirs. Hécate, si proche. Hécate, insaisissable. Hécate.

Juste Hécate.

Doucement, il la serra contre lui. Encore. Il voulait profiter une dernière fois de cette étreinte éphémère. Sentir encore le doux parfum d'Hécate contre lui, pour masquer l'effluve du sang. S'enivrer de cette odeur délicieuse. Pour préparer la suite. Sa décision était prise. Il se pencha légèrement. Ses lèvres cherchèrent sa tête. Il embrassa son front. Dernier instinct de protection dans un sursaut d'humanité devant la folie du carnage. Sa main glissa le long du bras d'Hécate, et lui subtilisa le manche à balais.

Il abandonna Hécate. Quelques instants, s'éloigna en direction du corps sans vie qui gisait toujours, derrière.

« On s'en va. Mais avant, il faut que je vérifie. T'es pas obligée de regarder. »

Peur, dans ses yeux. Peur, de ce qu'ils allaient voir. Peur, de faire face au destin. Peur, quand le bâton ôta la capuche du visage du défunt.

Peur. Omniprésente.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeLun 28 Jan - 13:28

C'était un visage jeune. Il déclencha sans doute un sursaut chez Novembre. Devant lui se tenait indubitablement le cadavre sans vie de son camarade enlevé par les ronces : Hawkeye.
Comment s'était-il retrouvé ici ? Pourquoi était-il mort ? Autant de questions qui restaient sans réponses...

Son compteur s'était arrêté.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeLun 28 Jan - 19:20

• 04h-06h
Funeral parade

Elle garde les yeux fixement plongés dans ceux de Novembre. SOS. Bouée de secours. Ça va aller, ça va aller. Ne pas paniquer, ne pas se retourner. Ça va aller. Elle essaye de lire dans le regard bleu, mais elle ne comprend pas bien. Tout est si compliqué, et si simple à la fois. Simple comme la mort, compliqué comme la vie. Ou peut-être le contraire...

Et la voilà de nouveau serrée contre lui, le visage enfoui dans son sweat, Hécate ferme doucement les yeux. Et prend une nouvelle fois conscience de la chaleur de Novembre, de sa présence, là, avec elle. Elle n'est pas toute seule. Le souffle du brun effleure ses cheveux, et elle se sent frissonner lorsqu'il l'embrasse sur le front. Frisson qui descend le long de son bras en même temps que la main de Novembre. Elle le sent prendre le manche à balai. Elle l'avait presque oublié celui-là... Elle desserre doucement ses doigts, comme à regret, lui abandonne l'arme improvisée.

C'est lorsqu'il se sépare d'elle qu'elle comprend, enfin, ce qu'il compte faire. Ferme les yeux le plus fort possible. Les pas qui s'éloignent à peine emplissent l'espace. Non. Non. N'y vas pas ! Ne fais pas ça...

« On s'en va. Mais avant, il faut que je vérifie. T'es pas obligée de regarder. »


Elle reste immobile, juste là. Les larmes sèchent doucement sur son visage. Le dos tourné à la scène. Elle ne veut pas faire volte-face. Elle sait. Elle sait exactement ce qu'elle trouver si elle se retourne. La scène est marquée au fer rouge dans son esprit. Maudite mémoire. Maudite mémoire, qui lui joue des tours ! Elle a oublié le plus important, son passé. Et la voilà qui se remplit avec... avec ce genre de choses...

Mais il y a Novembre. Lui qui était là pour elle. Et elle ne veut pas le laisser seul. Et elle ne veut pas être seule. Alors, elle se retourne, fixant le sol comme une forcenée, comme si rien n'était aussi beau que ce sol. Gris parking. Elle voit les pieds de Novembre, se rapproche, encore, encore un peu. Prend sa main, celle qui ne tient pas le manche à balai. La serre fort. Comme pour dire "Je suis là. Toi non plus, tu n'es pas seul." Et reste là, encore quelques secondes.

Encore quelques secondes sans la folie. Aller. Aller. Sois une grande fille. Lève ta tête. Tu as déjà vu le pire, n'est-ce pas. Lève ta tête. Doucement. Doucement, son regard remonte. Encore, encore un peu. Ses yeux rencontrent tout d'abord les pieds, ce qui lui tire un frémissement. C'est trop tard pour faire marche arrière, jeune fille. Aller.

Enfin, elle aperçoit le visage. Ses yeux s'écarquillent un peu plus. Elle voudrait se sentir soulagée, elle ne connait pas cette personne. Mais voilà, il est mort. Et le mot résonne douloureusement dans sa tête. Mort, mort mort. Une cascade de cheveux d'un blond pâle, presque blancs, s'est rependue sur les épaules du cadavre. Ses yeux, très pâles, sont encore ouverts. Frémissement d'horreur de la part de la jeune fille. Quelle est la dernière chose qu'il a pu voir pour avoir cette expression ? Elle sent la nausée l'envahir. Son corps proteste, lui interdit de voir ça. Elle ferme les yeux, et ne les rouvre qu'une fois qu'elle a tourné la tête vers son compagnon.

- No... Novembre ? murmure-t-elle, sans comprendre l'expression peinte sur le visage du brun.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeLun 28 Jan - 20:44

Effroi. Glacé, frisson. Horreur, incompréhension. Le choc. Retour à la réalité, crue, froide, désenchantée. Tornade silencieuse, dans sa tête. Le vide, le vide, le néant. Tornade effaçant tout. Rien. Rien que cette vision délirante, cauchemardesque, floue, nette, possible, irréelle, subite, cherchée, méritée, injuste, involontaire. Ses yeux bleus s'étaient écarquillés devant ce mort. Et depuis, ils n'avaient plus bougé. Ce n'était plus le cadavre qu'il fixait, mais bel et bien l'idée du cadavre. Il essayait de réaliser, d'assimiler. Mais rien ne réalisait. Rien n'assimilait. Sa pensée était aussi désincarnée que le regard vide que lui jetait fatalement Hawkeye. Il était mort. Mort. Et même s'il était mort, il resterait Hawkeye.

Paralysé. Ce n'était pas tant l'ensemble que le détail, qui le clouait sur place. Savoir qu'il le connaissait - l'avait connu. Savoir qu'il lui avait déjà parlé. Savoir qu'il ne le referait jamais plus. Il ne voulait plus savoir. Plus découvrir. Plus explorer le passé. Parce que sans doute, lui, il s'y retrouverait. C'était trop glauque. Juste. Trop.

Et ce sang, et ce rouge, et ce noir, noir partout, noir omniprésent, noir corrosif, noir envahissant, noir dégoulinant, noir atroce, noir, ce noir dans la scène, noir écœurant. Noirceur, en fait. C'en était abjecte. Intenable.

Il sentit la main d'Hécate se refermer sur la sienne. La sentait-il vraiment, cette chaleur ? Ces doigts ? Le manche à balais glissa de son autre main. Le bruit résonna. Un "slpouch" immonde suivit. Le bâton baignait à moitié dans la flaque de sang, énorme, dévorante. Avide du sol du parking. Il sursauta en entendant ce bruit, cet écho, qui lui parut pourtant lointain. Tellement irréel.

Il se força à revenir. À lui, à Nulle-Part, à la réalité ? Revenir, tout simplement. Ses iris encore en profond état de choc redescendirent le long des cheveux blonds. Le réveil pendait encore de la poche. Arrêté. Rien n'avait plus de sens.

Qu'importe.

Il entendit une syllabe, presque inaudible. Puis son nom. Son nouveau nom. Son nom. Pour elle, il voulait bien être Novembre. Il cligna des yeux. Tourna la tête. Tout était au ralenti. Vif et précis, mais en même temps tellement flou, tellement vague. Tout en contradiction. Brusque prise de conscience. Ils étaient encore dans ce maudit parking. Devant ce putain de cadavre. Et ils n'auraient pas du venir ici.

Recouvrer ses moyens. Redevenir quelqu'un. Quelqu'un d'incarné, quelqu'un qui pouvait encore bouger. Ne plus penser encore. Sa main serra celle d'Hécate un peu plus fort. Il était là. Elle était là. C'était réel. Et l'autre était mort. Lentement, il se détourna du corps. Du sang. Du cauchemar. Entraîna Hécate à sa suite, loin du rouge. Empoigna la valise d'un geste mécanique, et le bourdonnement reprit, comme pour lui dire "Tu vois, c'est vrai. Tout est vrai. Et toi, tu ne vaut rien. Nulle-Part t'aura, comme elle a eu ton pote."

La gorge serrée, il marchait. Marchait vite, à grands pas désespérés. Partir. Loin. Fuir. Ne plus voir. Ne plus sentir. Stop. Oublie. Putain de Ville. Oublie. Ferme les yeux. T'as rien vu. Putain. Et dire qu'à sa place... Ç'aurait pu être moi. La porte menant au supermarché se dessina devant eux. Il ralentit, abattu. Avant d'abandonner, il aurait au moins éloigné Hécate de l'horreur.

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MessageSujet: Re: Running... in the parking ♪   Running... in the parking ♪ Icon_minitimeLun 28 Jan - 21:38

Elle aurait bien ri, si elle avait eu une bouche. Des dents pointues se seraient dévoilées en un rictus macabre, si Elle en avait eues. Mais Elle ne possédait rien de tout ça. Ce qu'elle possédait était bien plus grand, bien plus noble, bien plus précieux. C'était la Mémoire. Absolue, intemporelle.

Comme ce petit fragment, qu'elle laissa voguer à contre-cœur jusque devant le visage d'Hécate.

Courez, petites poupées. Votre heure va sonner.


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