A la réaction de Chancelier et face à son garde à vous improvisé, Clow sourit puis fini même par éclater de rire. Il n'était pas dans la nature du jeune garçon d'avoir les sourcils froncés et l'angoisse au ventre trop longtemps, aussi était-il plus heureux que quelqu'un lui permette enfin de se détendre un peu.
Cependant, ce n'est pas ce nouvel état d'esprit qui l'empêcha de suivre soigneusement les paroles de leur compagnon d'infortune, son explication n'avait rien de simple, mais il avait pourtant parfaitement réussit à se faire comprendre du roux. Clow était peut-être un peu fougueux, mais pas bête pour autant.
Il fallait croire que le bleu cachait bien son jeu, après la remarque sur les égouts, qui aurait pu s'attendre à l'entendre prononcer des paroles aussi censés et pertinente ? Le jeune garçon lui-même semblait ne pas parfaitement comprendre d'où lui venait ses propres mots.

Néanmoins, le roux était d'abord un homme d'action, aussi fut-il plus qu'heureux d'entrer à la suite de Chancelier dans la première maison qui leur passa sous la main. Il haussa les yeux au ciel en voyant son compère retirer sa capuche pour inspecter ses cheveux dans le premier miroir venu, et pourtant pas une remarque acerbe ne passa ses lèvres humides des gouttes du ciel.
Jetant un coup d’œil autour de lui, Janvier toujours cramponné à son bras, le jeune homme fut bien surprit quand Chancelier commença une phrase avant de se couper lui-même pour le regarder d'un air un peu coupable avant de s'excuser et de lui céder à nouveau le commandement. Lentement, il déclara :

« Non, je pense que c'est une bonne idée. Quitte à entrer dans ses maisons, autant voir ce qu'elles pourraient nous fournir. »

Malheureusement, ils ne leur fallut pas longtemps pour réaliser que cette maison-là ne contenait rien, absolument rien. Des meubles et des meubles et encore des meubles. Des meubles vides.
Il fallait bien se résoudre à ressortir affronter l'eau colérique.
Grimaçant, Clow remit en place son ciré et s'engouffra sous le rideau de pluie, rapidement suivit de Janvier toujours collé et de Chancelier.

Il n'eurent pourtant pas à avancer beaucoup avant que les ennuis ne leur retombe dessus ou plutôt ne tombe sur le pauvre garçon au ciré rose. Une odeur putride et insupportable se rependant lentement et progressivement dans l'air, si bien que le garçon crût un instant que l'eau avait fini par remplir les égouts et à remonter le liquide putride et croupit à la surface.
Mais ce n'était rien de tout ça, car après l'ennui (qui s’avérait être une adolescent plus qu’essoufflé) c'est un énorme animal, un loup qui apparut. Clow sentit un frisson le parcourir, alors qu'il fixait la bête approchante, son pelage argenté, sale et puant plaqué sur son corps sous les dures gouttes de pluie. Janvier poussa en cris apeuré et s'accrocha plus que jamais à lui, par instinct, Clow voulut tendre le bras pour repousser tout le petit groupe derrière lui. Mais il eut à peine le temps d'esquisser le geste, que le loup couina pour s'enfuir plus vite qu'il n'était arrivé.

Ne répondant pas à la question de Janvier, plus rhétorique qu'autre chose de toute façon, Clow se dépêcha de pousser ses compagnons (et le nouveau venu) vers une autre porte. Sec et un peu brusque, il cherchait pourtant à les protéger avec sa maladresse habituelle. Ses sourires niais et sa curiosité maladive n'étaient décidément pas de la partie...ce n'étaient pas leurs jour.

« Ces trucs se déplacent en meute normalement... »

Avait-il vraiment besoin d'une autre explication ?
Ne prenant pas plus attention à leur nouvel environnement, Clow se dépêcha de claquer la porte derrière eux. Laissant toutefois, le souvenir à la douceur lueur pénétré dans ce qui semblait être...un commissariat.

Ils étaient ressorti sous la pluie. Ils n'avaient plus qu'à tenter une autre maison, puisque celle-ci n'avait d'extra-ordinaire. Chancelier n'était franchement pas emballé à l'idée de ressortir sous la pluie maintenant qu'il s'était réchauffé, mais ils devaient pourtant quitter l'espace clos au plus vite. En sortant, il sentit une chose se rapprocher... Chose qui s'écroula littéralement sur lui le faisant tomber, une fois de pluie, sur le sol boueux de la ville. Au même moment, il entendit la voix de Janvier qui semblait s'inquiéter. Quand à Clow, même s'il était muet sur ce qu'il se passait, on pouvait sentir la tension dans l'air. Et l'odeur aussi. Cette odeur nauséabonde lui prenait la gorge et son visage se crispa pour s'empêcher de respirer. Il se rendait bien compte qu'il se passait quelque chose, mais pour le coup, il était incapable de savoir quoi.

▬ Clow ! Janvier ! Qu'est-ce qui se passe ? Je vois rien. Dans un effort sur-humain, il repoussa ce qui se trouvait sur lui et se redressa pour découvrir le visage d'un adolescent. Sur le coup, il fut assez surpris, mais il n'eut pas le temps d'en demander plus que déjà Clow les menait à l'abri dans une maison. il fut incapable de comprendre l'allusion de Clow, mais il devinait qu'elle ne présageait rien de bon. Il ne se risqua pas à demander ce qui avait poursuivi l'adolescent, voyant l'état de ce dernier et l'horreur de Janvier.

Il n'avait pas entendu Janvier mentionner la sphère lumineuse, il ne l'avait même pas vu se faufiler avec eux. Il était trop absorbé par le changement de décor. Ce n'était pas une maison, mais un grand accueil. L'état de la pièce faisait peine à voir, mais ce n'était franchement pas la chose la plus importante aux yeux du jeune homme qui se tourna vers se compagnons pour essayer de les détacher de leur pensées - qui devaient probablement être centrée sur la chose puante qu'il n'avait pas vu.

▬ Où pensez-vous que nous soy... A l'instant même où il tourna la tête, il rencontra la sphère en pleine tête. Surpris il s'arrêta net. Il ne l'avait vraiment pas vu. S'il l'avait vu, s'il avait su, aurait-il fait le choix de la toucher et de recouvrer un souvenir ? N'avait-il pas dit qu'il ne se focaliserait pas sur son passé, mais sur le présent qu'il partageait avec Janvier et Clow ?

Et le souvenir prend soudain vie sous les yeux de Cheveux Bleus...

Chancelier:

Le jeune homme au cheveux bleus repoussa Crescendo qui se releva tant bien que mal, a bouts de forces, et fut poussé par un autre garçon dans une maison. Ses oreilles bourdonnaient, et il n'entendait pas vraiment tout ce qui se passait autour. Il vit juste une boule de lumière arriver vers le garçon sur qui il était tombé, ce qui lui fit légèrement peur. La dernière fois qu'il avait vu cette chose, il avait ensuite été attaqué par des plantes énormes. Une grimace tordit ses lèvres alors qu'il se retournait vers une garçon roux, et une fille brune accroché à ce dernier.

- C'est quoi cette ville ?! souffla-t-il, alors qu'une douleur aiguë se propageait dans son genou, surement due à sa chute.

Il voulait savoir ou il était, et comment repartir. Merde. Depuis qu'il était ici, il s'était fait attaquer par un fou aux couteaux, s'était fait propulser par des ronces dans un zoo ou il avait été poursuivi par des loups enragés et puants. Quoi de plus chouette comme endroit ?

Un rire nerveux s'échappa du fond de sa gorge. Il se rendit alors conte qu'il devait passer pour un vrai psychopathe à ce moment là ce qui le fit se stopper net. Il voulait demander aux autres si ils pouvaient l'accompagner chercher Ombre, car il voulait savoir si elle était sauve, mais la perspective que les loups soient revenus et en meute comme lavait suggéré le roux ne lui donnait pas vraiment envie de s'aventurer dehors.

Il leva la tête pour s'apercevoir qu'il n'était pas dans une maison, mais dans l'accueil de ce qui ressemblait à un commissariat ou prenaient place un vieux bureau gris et plein de poussière, un ventilateur, et une machine à café. Le jeune homme voulu s'asseoir, son genou lui faisant de plus en plus mal mais l'amas de poussière l'en dissuada.

Ils se déplacent en meute... Un frisson lui courrut le long de l'échine. Cela voulait dire qu'il y avait d'autres choses comme ça ? Elle avait lâchée Clow qui l'avait poussé elle et les autres dans une nouvelle maison.

Elle éternua. Il faisait froid, il pleuvait, et malgré son ciré jaune la pluie avait tout de même réussie à s'infiltrer sous ses vêtements. Elle enleva sa capuche et constata à grand regret que ses mèches brunes frisaient avec l'humidité. Prudemment éloignée du souvenir de Chancelier, elle jeta un regard perplexe à la pièce. Un grand accueil vide et poussiéreux. Leur petit groupe faisait peine à voir. Un Chancelier au regard terne, plongé dans son passé, un Clow qui venait de claquer la porte, et un inconnu qui grimaçait en tenant son genou. La jeune fille renifla et enleva son ciré. Elle chercha un porte manteau du regard mais n'en trouva pas et laissa le morceau de toile jaune traîner sur le sol, dans un coin. Elle aurait voulu retirer ses vêtements trempés mais la perspective de se retrouver en petite tenue devant tous ces hommes ne lui plaisait pas spécialement. Elle se contenta d'essayer d’égoutter un peu l'eau de sa chemise et d'enlever sa veste en cuir.

" Au moins ici, on est au sec..." murmura-t-elle tout en lançant un regard sceptique aux carreaux brisés. Elle trottina pour aller fermer les rideaux. Maigre barrière devant une meute de loup mais ne plus voir la nuit noire lui donnait un sentiment de sécurité.

" Moi c'est Janvier, lui c'est Clow, lui c'est Chancelier " articula-t-elle à l'égard du garçon qui les avait suivit.

Elle enleva ses talons, ses pieds lui faisaient mal. Elle posa les bottines dans un coin et fut surprise d'avoir perdu plusieurs centimètres. Elle massa sa voûte plantaire endolorie d'une petite main froide tout en s'appuyant au mur avant de continuer. " On est tous perdus et amnésiques. " Son ton était résigné. Elle marcha encore et se dirigea près de la machine à café et commença à examiner l'appareil.

" Il y a des choses bizarres ici. Les ronces bougent et essayent d'enlever les gens. Les trucs qui brillent c'est des souvenirs de ta vie d'avant. Près de la gare, il y a des...des choses...Et des gros chiens qui sentent mauvais pour finir. C'est génial, non ? " demanda-t-elle, ironique, les yeux rivés sur la machine à café. Elle appuya sur un bouton. Pas de réponse. Méthodiquement, elle cogna dessus à petits coups de poings secs. " Oh et il y a des gens qui semblent hostiles et lancent des boîtes de conserve aussi. " Sa voix se brisait alors qu'elle s'énervait contre la machine à café. Enfin, l'appareil sembla vrombir et dégagea un liquide brunâtre et chaud. Elle s'empara d'un gobelet en plastique pour le remplir.

" A part ça tout va bien. Qui veux du café ? " demanda-t-elle en tendant très haut sa petite trouvaille. Il lui sembla que Chancelier revenait à lui, en tout cas, son regard était moins terne à présent.

Clow n'en croyait pas ses yeux, il avait à peine fermé la porte derrière eux que les choses se précipitaient déjà à nouveau. Un souvenir avait foncé sur Chancelier qui s'était complètement arrêté de parler, un nouveau paumé les avait rejoint et pour couronner le tout, Janvier leur faisait une quasi crise d'hystérie.
Soupirant le roux posa tout d'abord une main sur l'épaule du nouveau venue.

« Oui, au cas où tu ne l'aurais pas saisit par Janvier, ici on est tous aussi paumé que toi. Pas de souvenir, pas de famille, pas d'endroit où rentrer, rien. Bon le loup c'était une nouveauté, mais pas la première chose effrayante de la journée. »

Descendant son sac de ses épaules, il faut soulager de constater que l'intérieur était resté sec, il en sortit deux grandes serviettes de bain et se dirigea vers Janvier pour commencer à lui sécher les cheveux l'une d'entre elle. Levant un sourcil devant le gobelet que la jeune fille tenait entre ses mains, il demanda taquin :

« Tu as bien vérifié qu'il n'était pas empoisonné ? »

Se servant un verre également, il tourna son regard vers le nouveau garçon.

« Tu peux regarder dans mon sac, je dois avoir du désinfectant, des bandages ou des trucs de ce genre. »

Maintenant, il ne lui restait plus qu'à focalisé son attention sur le dernier de la bande. Chancelier, qui avait toujours le regard dans les nuages. Il ne s’inquiétait pas trop, il savait plus ou moins ce qui se passait en lui à l'instant même. Mais il savait aussi, que ce que le bleue voyait en ce moment, n'était pas forcément aussi anodin que ce que lui-même avait vu. Clow s'était vu droit et près à repartir après ça, mais il avait aussi vu et porté une Janvier évanouie.
Aussi dans un réflexe sortit de nul part, se dirigea t-il vers Chancelier pour prendre son visage entre ses mains et plonger son regard dans le siens. Attendant patiemment qu'il revienne parmi eux. Quand le regard de leur compagnon d'infortune commença à perdre son voile, il lui sourit. Son beau et gigantesque sourire qui n'était plus apparut depuis sa violente dispute avec Novembre.

« Okay, Chancelier ? Revenu parmi le commun des mortels ? »

Lui posant la serviette restante sur l'épaule et lui forçant le café encore chaud entre les mains, il ajouta toujours souriant :

« Bois, ça te réchaufferas, tu es encore plus trempé que Janvier. »

Et se détournant, Clow se dirigea vers la fenêtre pour observer par la fenêtre. Il ne pouvait pas voir de nouveaux loups.
Pour l'instant.

La voix de Clow le rappela à la réalité. Son oeil capta enfin le visage de Clow, souriant, qui l'avait ramené à lui. Clow l'avait sauvé de ce souvenir atroce. Chancelier essaya de le remercier, mais il n'arrivait pas à articuler une seule syllabe. Et il savait aussi que Clow ne comprendra sans doute pas le vrai sens de ce simple "Merci". Il serra la gobelet chaud dans ses mains, rassuré par la chaleur. Il était revenu. Il avait pu s'enfuir de ce souvenir, de cette vision. Pourtant, elle continuait de le hanter. Le visage, le corps, la présence de cette jeune fille frêle et vulnérable occupait encore tout son esprit. C'était elle, celle qu'il avait vu dans ses bribes de souvenir.

▬ Hum... M.. Merci Clow. Finit-il par articuler, toujours un peu abasourdi. Il affichait un sourire forcé et avait le regard fuyant. En fait, il était toujours dans cette prison, en pyjama en plein période de neige. Son esprit n'était pas complètement revenu. Il ingurgita le café en grimaçant. Le goût n'avait franchement rien à voir avec un vrai café comme il savait les faire. Une remarque absurde, puisqu'il ne se souvenait pas de ce qu'il savait faire ou pas.

Il balaya la pièce du regard, évitant méticuleusement de croiser le regard de ses compagnons. Bon, ils devaient être plus ou moins en sécurité ici. Il ôta son ciré et sa veste qui étaient trempés et les posa sur le bureau qui trônait à côté de l'entrée avant de s'avancer vers Janvier pour prendre la sienne et la mettre à sécher aussi, mais en arrivant à son niveau, il croisa - contre sa volonté - le regard de cette dernière. A l'instant même où il vit son visage, celui de la blonde vint le remplacer. Il était à nouveau dans cette cellule, et devant lui, deux femmes qui ne connaissait pas, plus.

▬ Mi... Milena. Murmura t-il avant de sursauter, rouge de honte et de s'excuser platement auprès de Janvier avant de s'enfuir. Manque de pot, il se pris les pieds dans le ciré de cette dernière et s'étala sur le sol poussiéreux sans même essayer de se rattraper. Il lâcha un rire nerveux qui sonnait faux et se releva piteusement, avant de voir le nouveau venu.

▬ Au fait ! On ne connaît toujours pas ton nom ! Fit-il en tapant dans ses mains un large sourire au visage. Ne rien laisser paraître, il allait bien finir par oublier...

Spoiler:

Le bruit de la pluie sur les vitres. Tout était confus dans sa tête. Pourquoi des vitres ? La lumière d'un éclair, au loin. Elle grommela un charabia résigné. D'accord, elle allait se réveiller. D'accord, elle allait ouvrir les yeux. D'accord, elle allait constater qu'elle ne se souvenait plus de rien. D'accord, elle allait... Stop ! Elle ouvrit vivement les yeux, sursautant à moitié sur le siège de cuire rouge qui accueillait gentiment son postérieur. Elle se releva, se cogna dans le siège d'en face. Elle piailla un "aïe" agacé et s'immobilisa. Dehors, tout était noir et lugubre. La tempête faisait rage sur le quai. Le quai était vide, d'ailleurs. Personne ne semblait être dans ce train avec elle. Sans doute était-ce le terminus. Sans doute était-ce une erreur d'aiguillage. Parce que sa place n'était pas dans ce train, à cet instant précis. Elle était incapable de dire où elle était, mais elle n'était pas ici. Elle tenta de se déplacer pour quitter la vieille cabine, mais trébucha sur quelque chose de mou. Elle regarda à ses pieds : un sac de sport - son sac de sport.

Ça lui apparaissait comme une évidence. Qui aurait pu laisser son sac là, sinon elle ? Elle décida tout de même de vérifier ce qu'il pouvait contenir. À moitié à l'aveuglette, elle ouvrit le sac, le posa près de la vitre, en examina le contenu : vêtements de sport, et quelque chose de dur, enveloppé dans une housse plastifiée. Elle ouvrit la housse et découvrit ce qui s'apparentait à une raquette de tennis. D'accord, que faisait-elle avec une raquette, déjà ? Elle allait à un cours ? En train ? Et elle s'était endormie comme une cruche dans son wagon. Voilà, c'était ça. Il n'y avait pas d'autre explication rationnelle à ce phénomène bizarre de perte de mémoire. Très bien, problème suivant : que faire, maintenant ? Elle mit le sac sur son épaule et décida de quitter la cabine.

Dans le couloir, une lumière sur deux ne fonctionnait plus. Certaines grésillaient même de manière inquiétante. Une odeur étrange s'était répandue dans le véhicule. Ça en devenait même insupportable ! D'étranges grognements retentirent non loin dans le wagon. Alors ça, c'était étrange. Peut-être que des chiens errants se battaient dans le compartiment d'à côté ? Elle haussa les épaules et ouvrit la porte du train, débouchant sur un quai inondé par les trombes d'eau qui se déversaient du ciel. Elle constata alors que son maigre tee-shirt clair et son short en jeans - dont elle ne distinguait pas la couleur dans l'obscurité - n'allaient pas lui servir à grand chose, par ce temps. Elle fit quelques pas dehors avant de courir se mettre à l'abri vers la gare. Trempée. Finalement, sa place était peut-être bel et bien dans ce train, non ? Elle ne voulut pas perdre plus de temps dans cette gare déserte, qui, de toute évidence, était pour l'heure fermée. Quelle heure était-il, d'ailleurs ? D'un geste machinal, sa main main trouva tout de suite un portable noir à la coque fragile dans la poche gauche de son short et appuya sur le bouton central pour allumer l'écran. Sauf que le cellulaire n'affichait pas l'heure. Non, c'était un étrange compte à rebours, qui avait du se déclencher peu après son réveil, et qui indiquait moins de soixante-douze heures. Ça faisait trois jours. Trois jours pour quoi ? Elle eut beau bidouiller, le portable buguait toujours. Elle afficha une moue peu convaincue et rangea l'appareil là où elle l'avait trouvé. Il ne devait pas aimer la pluie, voilà tout. Et puis, c'était plutôt flippant de se retrouver seule dans une gare, avec un inquiétant compte à rebours dans la poche, non ? La nouvelle sonnait comme un défis dans sa tête, alors qu'elle quittait le vieux bâtiment à la recherche de... De quoi au fait ? N'importe qui, n'importe quoi. Un signe de vie, peut-être ?

Au bout d'une petite dizaine de minutes de marche rapide sous la pluie diluvienne qui noyait les trottoirs déserts, elle arriva devant ce qui semblait être un commissariat de police. C'était un bâtiment public, ça devait bien être ouvert à cette heure avancée de la nuit, non ? Avec un peu de chance, elle pourrait y demander l'heure et un téléphone. Pour appeler... Pour appeler quelqu'un. N'importe qui. Même une personne au hasard. Car elle n'arrivait toujours pas à mettre la main sur le moindre souvenir.

Sans plus de manière, elle poussa la porte du bâtiment et tomba sur quatre personnes qui ressemblaient à tout sauf à des policiers. Et surtout, qui avaient l'air dans un sale état ! Elle leur sortit son plus grand sourire et déclara du ton le plus naturel du monde :

« Ben vous en faites une tête ! Dîtes, vous pouvez me donner l'heure, s'il vous plaît ? »

Ses longs cheveux bruns dégoulinaient sur son tee-shirt déjà trempé, qui était devenu quasiment transparent sous l'effet de la pluie, et ses baskets inondées faisaient un "floc, floc" agaçant à chacun de ses pas. Mais tout allait pour le mieux dans le meilleure des mondes, car enfin, amnésique ou non, sa place était bien ici. Tout ce qui était devait être, et, lui semblait-il, tout ce qui devait être était.

Elle fatigue. Si elle avait eu une bouche, sans doute aurait-elle baillé. Mais Elle n'a pas de bouche. Alors Elle ne baille pas. Au dehors, l'orage semble perdre en intensité, la pluie se fait moins drue, les éclairs plus rares. C'est le calme avant la tempête. Elle libère de son immense mémoire un souvenir pour Clow ; une sphère jaune vient se planter devant son nez. Elle n'espère même plus qu'il ne la touche pas, il a compris le principe. Alors Elle attend le geste inévitable, morose.

Spoiler:

Janvier, Clow, Chancelier... Il fallait retenir ça. La jeune fille brune enleva ses chaussures, et dit à Crescendo qu'ils étaient tous amnésiques. Bon, alors il n'y avait pas que lui et Ombre, c'était surement quelque chose qui s'était passé quand ils étaient arrivés dans la ville. Peut-être y avait-il une sorte de virus dans le train qui altérait la mémoire. Non, ce n'était pas logique, car tout le monde n'était pas forcément arrivé en même temps donc...

- Vous êtes la depuis combien de temps ? Demanda-t-il en levant enfin les yeux vers Janvier qui regardait la machine à café en lui expliquant qu'il se passait des choses bizarres avec des ronces.

Il acquiesça.

- Oui, je sais, elles m'ont pris en otage avant de me propulser dans une sorte de zoo...

Et c'était comme ça qu'il s'était retrouvé avec eux. Mais ça, il ne le précisa pas, ils avaient surement compris d'eux même après tout. Elle proposa du café, et il accepta de bon cœur, espérant que ça le réchaufferait. Il attrapa donc un gobelet rempli du liquide amer, puis se mit a chercher dans le sac du roux quelque chose pour ses plaies. Il avait la gorge nouée, et cette impression bizarre qu'ils ne survivraient pas longtemps dans cette ville. Des choses apparaissaient et disparaissaient comme par magie, des loups humanovores poursuivaient tout ce qu'ils voyaient. Ouaw. Génial. Et lui qui pensait que les trains étaient pour partir en vacances dans de beaux endroits ou on prenait des photos en famille !

Il trouva enfin des bandages et posa son gobelet de de café à côté de lui de peur de le renverser avant de tenter vainement de mettre le bandage sur son bras. Il était nul ou quoi ? Il fronça les sourcils. Si même bander une plaie il n'y arrivait pas, comment voulait-il réussir à survivre ici ? Il fallait qu'il apprenne à être plus débrouillard. Au bout de quelques instants, il réussit enfin a panser sa plaie et se mit à siffloter, tout content avant de se rendre conte que ce n'était pas vraiment de circonstances.

- Désolé, grimaça-t-il avant de se tourner vers Chancelier, euh... Ben elle m'appelait Crescendo, vous pouvez faire pareil.

Il souri au groupe et se releva au moment même ou une furie brune aux yeux foncés pénétra dans la pièce avant de leur demander l'heure. Crescendo écarquilla les yeux. Elle avait demandé ça avec un tel naturel... Elle avait demandé ça comme si elle n'était pas dans une ville ou ils risquaient de mourir sans arrêt. Oui, biensur quoi de plus normal, après tout ? Les gens d'ici étaient aussi fou que les évènements...

Elle le regarda alors qu'il complétait ses paroles. Sa conscience lui souffla qu'elle était heureuse de l'avoir suivi plutôt que d'être resté avec Novembre. Clow était vraisemblablement plus chaleureux, plus protecteur, plus... Mieux. Tout simplement. Elle fronça les sourcils, surprise, alors qu'il demandait si le café n'était pas empoisonné. Elle regarda le verre soudain perplexe et son cerveau commença à intégrer l'hypothèse avant qu'elle ne remarque son sourire. Il plaisantait. Rire. Cela semblait si étrange dans pareilles circonstances. Son œsophage se décontracta pour la première fois depuis qu'elle était descendue du train et elle laissa échapper un rire doux et clair. Un sourire épanouit rayonnait sur son visage.

Janvier porta le verre à ses lèvres et grimaça en sentant la saveur âcre du café sur son palais. C'était vraiment mauvais. Vraiment, vraiment. Elle avala péniblement sa gorgée et regarda le garçon qui leur demandait depuis combien de temps ils étaient là. " Depuis assez longtemps pour savoir que je veux partir. " bredouilla-t-elle à son égard tout en lui tendant sa tasse avec le sourire. " T'en veux ? C'est chaud..." Pieux mensonge. Mais il représentait l'occasion idéale de se débarrasser de son verre.

Un nouvel éclat de rire jaillit de sa gorge alors que Clow, armé d'une serviette, entreprit de lui sécher les cheveux en un geste amical. Son regard le suivit d'un air épanoui alors qu'il se dirigeait vers Chancelier. Ses sourcils se froncèrent presque involontairement. Clow venait de montrer qu'il se préocupait de son camarade aux cheveux bleus. Pire encore ! Que son état était plus à plaindre qu'elle ! Son rire s'était éteint alors qu'elle les regardait soudain morose. Ce brusque élan de possessivité lui était inconnu et elle n'arrivait pas à en déterminer la cause mais il lui rongeait le coeur alors que Chancelier revenait doucement à lui.

L'autre garçon parlait toujours. Elle l'écoutait à peine. Un zoo... Pourquoi un zoo ? Elle ne prit pas la peine de relever. Une rage sourde bouillonnait dans sa tête. Elle se sentait vide. Pour peu qu'elle cligne des yeux, des larmes auraient roulé sur ses joues. Mais le pire fut probablement lorsque Chancelier sortit de sa vision et l'appela Milena avant de s'écrouler sur le sol. Les évènements combinés poussèrent Janvier à faire une chose idiote.

Elle lui lança un regard haineux et se dirigea vers l'escalier. L'arrivée d'une autre fille vint bouleverser son geste et elle hésita, l'espace d'une demi seconde. Puis elle lui attrapa la main et l'entraîna à sa suite pour gravir les marches, en chaussettes. Elle gronda à l'égard des garçons restés en bas " Montez pas ! "

Et elle disparut sur le toit.

De sa fenêtre, Clow se retrouvait bien plus perplexe devant le spectacle qu'offrait ses compagnons que celui de l'extérieur. Chancelier lui paraissait comme ivre, ce qui était certes bien mieux que l'état dans lequel son premier souvenir avait plongé Janvier. Mais ce n'était pas parfait pour autant.
La jeune fille semblait d'ailleurs bien énervé tout d'un coup et cela surprit d'autant plus Clow qu'il n'avait même pas vu une telle colère dans ses yeux quand elle s'était prise cette boîte de conserve.

Il voulut fait un pas, un pas pour l'interroger et pour comprendre ce qui n'allait pas. Ils étaient déjà tous dans les ennuis jusqu'au coup, et les paroles de Crescendo ne faisait qu'en rajouter une couche, alors autant ne pas s'achever avec des disputes interne. Ce n'était décidément pas le moment.
Surtout que le pauvre Chancelier ne l'avait pas mérité ce regard.
Mais soudain, la porte s'ouvrit à la volet et le jeune homme se retourna près à bondir et à fuir avec le reste du groupe si un loup se pointait à nouveau. Trop concentré sur son groupe, il avait arrêté de fixer l'extérieur et n'avait rien vu venir.

Heureusement, ce n'était qu'une fille. Une brunette qui déboula comme un boulet de canon dans la pièce et s'exclama d'une voix bien trop forte pour qu'elle soit, comme Janvier aurait pu le dire, une fille distingué.
Néanmoins, un caractère au spontané ne pouvait que bien marcher avec un bout en train comme Clow, aussi celui-ci se contenta de rien devant l'absurdité de la question. Évidemment qu'il n'avait pas l'heure, personne ici ne semblait l'avoir, tout ce qu'il avait c'était cet espèce de compte à rebours lugubre, qui semblait parfois remonter miraculeusement.

Clow aurait voulut s'approcher et discuter un peu avec la nouvelle venue, il aurait pu aider le pauvre Chancelier à se redresser au passage et passer une mains rassurante sur l'épaule de Janvier pour lui faire oublier ses soucis. Il aurait même adresser un sourire à l'autre nouveau venu pour lui redonner un peu de courage. Mais Janvier en chassa toute possibilité quand elle l'attrapa l'autre fille pour la tirée avec elle littéralement leur claquer une porte au nez. Clow fixa ses deux comparses, éberlué :

« Heu...vous croyez qu'elle a ses règles ? »

Il n’eut pas le temps d'attendre la réponse ou de dire quoi que ce soit de plus, car une boule de lumière vint se figer devant son nez. Comprenant très bien ce qu'il lui restait à faire. Clow tendit la main et l'effleura du bout du doigts.

Et la mémoire revint à Clow, en un fragment perdu au milieu de sa vie. Aussi perdu qu'il l'était entre ses murs.

Clow:

Ce regard lui avait glacé le sang. Il n'aurait pas cru que Janvier puissent lui en vouloir pour autant. Était-ce parce qu'il l'avait appelé par un autre nom, ou pour autre chose ?Il aurait bien aimé s'excusé, lui qui n'aimait pas se compliquer la vie, lui qui appréciait la gentille Janvier il ne voulait pas qu'un froid s'installe entre eux. Mais elle était arrivée avant même que quelqu'un ne puisse réagir. Tel un éclair elle était entrée dans leur planque et, comme si elle semblait totalement étrangère à l'univers hostile qui l'entourait. Il n'avait pas vraiment écoutée ce que cette jeune fille avait dit, mais c'était sans doute une idiotie. Janvier l'avait attrapé et s'enfuit par l'escalier en leur défendant de les suivre. Ça tombe bien, il n'avait pas vraiment pas la tête à ça, il pensait trop encore à son souvenir et puis Janvier avait l'air de le haïr plus que tout au monde en ce moment. Il n'était pas assez fou pour lui imposer sa présence.

Il se releva tout seul et recommença à se sécher les cheveux, les deux autres garçons semblaient aussi étonné que lui, et Clow ne pu s'empêcher de faire une remarque qui fit ricaner Chancelier. Et par la même occasion, il put enfin de détacher un peu de sa vision.

« Heu...vous croyez qu'elle a ses règles ? »
▬ Clow, c'est de mauvais goût. Fit-il, avec un ton à demi-moralisateur. Il se tourna vers ses compagnons pour reprendre son sermon sur la délicatesse féminine à propos de ses commodités mensuelles qu'un gentleman se devait de taire afin de ne point blesser la damoiselle. Mais voyant Clow toucher la sphère lumineuse, il compris que son ami avait choisit de leur fausser compagnie. Il ne put s'empêcher de laisser échapper un sourire en repensant au Clow qui venait de le réveiller deux fois en quelques minutes.

Il regarda Crescendo, toujours par très à l'aise. Il lui posa sa serviette sur la tête pour qu'il sèche ses cheveux trempés. Après tout, lui aussi venait de se prendre une douche. Et en courant. Il entrepris alors de visiter un peu la grande pièce qui les avait accueillit. Un escalier pour aller sur les hauteurs, et une autre porte à côté. Lorsqu'il l'ouvrit, le silence et l'ombre lui laissèrent un sentiment amère et il s'empressa de fermer la porte, ignorant qu'il s'agissait de cellules comme il en avait vu dans son souvenir. Il restait une porte, elle donnait sur une sorte de placard vide, avec quelques chaises en plastique. Il en sorti une, deux, puis une troisième avant de les amener vers Crescendo et Clow. Il invita le premier à s'asseoir avant de rompre le silence.

▬ Ne nous en veux pas, nous aussi nous avons eut notre lot de malchance, il est normal que nos nerfs lâchent à un moment ou un autre. Pour ma part, j'ai eut la joie de me faire attaquer par des ronces qui m'ont baladé dans la ville. Il se tourna vers Clow et continua : J'ignore ce qui a pu arriver à Clow et Janvier avant que je ne les rencontre.

Il s'assit en face de Crescendo. Pour le moment, pas question de déranger Clow ou les filles, et puis cet adolescent devait être perdu, en tant qu'aîné, il se devait de l'aider, de le rassurer. Et puis peut être qu'il sait des choses, n'a t-il pas parlé d'un zoo. C'était le seul moyen d'oublier un instant le visage tuméfié de la jeune Milena.

▬ Raconte-moi un peu ce qui t'ai arrivé depuis que tu es ici à Nulle Part, Crescendo. Tu as dis "elle", une amie ?

Un premier rouquin la dévisagea d'un air limite choqué, tandis qu'une dispute grondait dans le hall d'entrée du commissariat. Des regards noirs, perplexes, perdus furent échangés dans la pièce tandis que la jeune fille se demandait pourquoi il n'y avait pas l'ombre d'un policier derrière un bureau alors qu'une bande de squatteurs traînaient en liberté dans le bâtiment. Puis l'autre brunette l'empoigna plus fermement qu'elle ne l'aurait pensé et l'entraîna à sa suite le long d'un escalier qui montait sans doute à l'étage. À ce moment-là, on pouvait lire la surprise sur son visage. Parce qu'elle s'était attendue à tout sauf à ça. Elle venait juste de se faire kidnapper par une brunette en furie, qui jetait des regards tueurs à ses compagnons et leur hurla de ne pas la suivre ! Et on trouvait ça normal ?! Bon, l'autre fille n'avait pas l'air méchante, et elle devait avouer qu'elle se sentait soulagée de ne pas avoir à parler à l'espèce d'énergumène à cheveux bleus et à l'inquiétant cache-œil qui semblait planer très très haut, vu son temps de réaction et son air hagard.

Oui, parce que parler à un drogué, non merci, elle préférait l'envoyer balader pour avoir la paix. Et envoyer balader les gens alors qu'on vient de les rencontrer, c'est mal. Bwarf, tant pis, elle l'aurait sans doute fait malgré tout. Les escaliers claquaient sous ses baskets trempées ; pas sous les pas de sa ravisseuse. En jetant un coup d’œil à ses pieds, elle remarqua que l'autre jeune fille se baladait en chaussettes... Discret, certes, mais pas très pratique, songea-t-elle avec amusement. Mais bon, ce n'était pas la fin du monde, non plus ! Salir des chaussettes n'avait jamais tué personne, à ce qu'elle sache. Bien qu'en réalité, elle ne sût plus grand chose sur le monde, sur les gens, sur elle-même... Ce triste constat se répétait, encore et toujours, inlassablement. Ne pouvait-elle pas tout se remémorer d'un claquement de doigt, comme par magie ? Non. Non, non, bien sûr que non. Mais il y avait une raison à tout cela. Et elle en était intimement convaincue. La porte s'ouvrit sur le toit du bâtiment. Plat, commun. Humide.

HJ:

Crescendo regardait la jeune fille surnommée Janvier. Elle venait de jeter un regard glacial au gars au cheveux bleus avant de s'enfuir sur le toit avec la fille qui voulait connaître l'heure. Il fronça les sourcils, fixant toujours les escaliers désormais vides, sans trop comprendre la réaction de la brune, ne sachant pas si c'était lui qui avait fait quelque chose de mal, ou si elle en avait après quelqu'un d'autre de son groupe. Il ne savait pas encore quelles étaient les relations entre les trois jeunes, et après réflexion, ça l'importait peu. Il voulait juste retrouver son amie.

Il soupira. Le roux parla de règles, mais Crescendo n'écoutait qu'à demi, le regard perdu dans les escaliers. Il haussa un sourcil, perdu, une musique dont il ne se rappelait absolument pas le nom défilant dans sa tête. Cela le fascinait, cette musique était si belle. Mais il secoua la tête, revenant à la réalité alors que le gars aux cheveux bleus se séchait les cheveux avec une serviette. Il pencha la tête sur le côté. L'autre, Clow, venait de toucher une sphère lumineuse. Lorsqu'il était avec la jeune femme, il avait eu peur de ça, il avait crié de toutes ses forces a son amie de ne pas la toucher, mais ici, ils avaient l'air de trouver ça parfaitement normal, c'était bizarre. Il fallait croire que ce n'était pas si dangereux que ça, mais a quoi est-ce que ça pouvait bien servir ?

Il hésita à demander au garçon aux cheveux bleus, ils semblaient en savoir bien plus que lui sur cette ville, mais ce dernier posa une serviette sur sa tête, le prenant par surprise, avant de se mettre a explorer la pièce. Le jeune homme souffla un « merci » avec une petite voix et commença à se sécher les cheveux, en regardant Chancelier explorer la pièce. Il ouvra une porte, qu'il referma vite, et une deuxième d'où il sortit deux chaise, dont une pour Crescendo, que ce dernier prit avec contentement, souriant à Chancelier.

▬ Ne nous en veux pas, nous aussi nous avons eut notre lot de malchance, il est normal que nos nerfs lâchent à un moment ou un autre. Pour ma part, j'ai eut la joie de me faire attaquer par des ronces qui m'ont baladé dans la ville. Il se tourna vers Clow et continua : J'ignore ce qui a pu arriver à Clow et Janvier avant que je ne les rencontre.

Crescendo, hocha la tête avant de déglutir. Les ronces, lui aussi il y avait gouté, et ce n'était pas le souvenir le plus plaisant qu'il ait. Il retint un frisson et acquiesça une deuxième fois quand il parla des aventures de Clow et Janvier. L'adolescent prit sa tête entre ses mains, réfléchissant à quoi répondre, par ou commencer, quand Chancelier s'assit en face de lui, et lui demanda ce qu'il lui était arrivé. Il tenta de rassembler ses souvenirs, difficilement, mais surement.

- Eh bien... On était dans un train, et on a été dans une sorte de métro ou je me suis fait attaquer par des ronces, moi aussi, et ou elle a eu ça aussi, commença-t-il en désignant la sphère lumineuse, et puis, on a été dans le zoo, et y a eu ce loup...

Il émit un gémissement de rage, conscient que la syntaxe de sa phrase était tout sauf compréhensible. Il n'arrivait plus a parler, maintenant, génial. Il inspira longuement, comme si ça faisait une éternité qu'il n'avait pas laissé ses poumons se remplir d'air, et qu'il ne savait plus ce que ça faisait, puis se lança.

- Excuse moi, dit-il après quelques instants de silence, Je me suis réveillé dans un train, sans savoir pourquoi j'étais là, mon ipod ne marchait plus, j'avais des choses dont je ne me rappelait aucunement être le possesseur, comme des cigarettes, et j'ai rencontré, enfin aperçut un homme, qui à lancé un couteau, alors j'ai suivi cette fille, dont je ne connais pas le prénom, qui m'as baptisé Crescendo... Nous avons « visité » un peu ensemble, et je me suis fait attaqué par ces ronces, et puis nous avons été dans ce zoo, ou il y avait ce loup et.. ben... je vous ai trouvé.

Il s'arrêta, s'étonnant lui même de ce flot de parole. Maintenant qu'il y repensait, c'était bizarre, cette jeune fille, qui parlait toute seule, comme si elle était avec quelqu'un qu'elle seule pouvait voir, et il avait cette impression que ce quelqu'un était à l'origine des ronces, car elle avait crié « lâche-le ». Le jeune garçon était un peu perdu, mais réussit quand même à sourire à Chancelier.

- Qu'est-ce que c'est ces sphères ? Demanda-t-il finalement.

Un sourire s'afficha sur les lèvres de Clow quand il entendit la réponse de Chancelier, mais quelques secondes plus tard, le sourire avait disparu et le roux se laissait emporter par ses souvenirs. Il revécut le match, le sentiment d'impuissance face au but raté, la lassitude, mais l'affection aussi et il sentit son cœur se gonfler comme il avait dû le faire dans le passé en plongeant son regard dans ces yeux vairons. Puis aussi brusquement que la troisième personne était entré, le jeune homme se retrouva renvoyé dans la réalité. Hagard, perdu, il tentait d'emmagasiner les souvenirs qu'on venait de lui jeter à la figure et son cœur battait toujours follement.

Ce qu'il avait ressenti alors, ça lui semblait tellement loin de ce qu'il vivait actuellement, avec Chancelier, Crescendo et même Janvier. C'était le passé, l'époque où il ne semblait pas avoir à se préoccuper d'être dévoré par des loups géants ou noyé par la pluie et traîné, comme était en train de le souligner leur compagnon aux cheveux bleus, par des ronces dans toute la ville. Chancelant un peu, mais équilibré vite, Clow s'approcha des deux garçons en tentant de replacer un sourire pas trop bancal. Il aimait ou avait beaucoup aimé le brun aux beaux yeux, mais la réalisation ne le frappait pas tant que ça, comme si ça avait été là depuis le début et qu'il n'avait fallu que quelque image, quelques bribes de mémoires pour tout remonter à la lumière du jour.

« C'est sphères sont nos souvenirs. »

Cette phrase s'échappa de ses lèvres sans qu'il ait réellement besoin d'y penser. S'appuyant sur la chaise de Chancelier, il sourit doucement au pauvre Crescendo, qui semblait bien perdu.

« Il semblerait que tous ceux qui atterrissent ici se retrouvent amnésiques. Personne ne sait d'où nous venons ou pourquoi nous sommes ici et ici, nous sommes seuls. Il n'y a personne d'autre, pas d'habitant, rien, même pas de policier. »

Clow illustra sa dernière phrase en faisant un vague geste vers les bureaux inoccupés du commissariat, avant d'ajouter.

« Janvier et moi sommes arrivés en même temps, avec un troisième imbécile. Et si jusque-là nous avons réussi à éviter les ronces, je suis presque sûr que quelque chose nous à traquer, nous à chuchoter des choses, c'est joué de nous et pourtant...il n'y avait personne. Je ne sais pas qu'est-ce que c'est que cette foutue ville, mais je vous le dis franchement, plus vite on l'aura quitté, mieux on se portera. Mais en même temps, j'ai peur que si on quitte cet endroit, on ne puisse plus retrouver notre passé, savoir qui nous étions avant, qui nous aimions, nos rêves, nos ambitions, j'ai peur de tout perdre dans cet endroit. »

Se mordillant la lèvre, le roux laissait légèrement voir son désarroi. Il ne paniquait pas, pas vraiment, cela ne les aiderait en rien. Mais la situation ne se présentait pas bien et ça malgré l'angle dans lequel il essayait de se projeter. Aucune solution ne lui paraissait convenable.

« Les souvenirs n'apparaissent pas sans raison, je suis presque certain qu'il faut faire des gestes, trouver des choses, rencontrer des gens pour les déclencher. Honnêtement, je ne sais pas ce que j'ai fait pour me retrouver ici et je ne suis pas certain de vouloir le savoir, mais je ne veux pas non plus rester amnésique toute ma vie. Alors je pense...je pense que je vais rester ici, même si ça paraît fou et dangereux, je vais rester ici et découvrir ce que cette ville semble tellement vouloir nous cacher. »

Sans attendre, une quelconque réponse d'un de ses compagnons, Clow se redressa et se dirigea vers des placards que Chancelier n'avait pas encore ouverts.

«Et je pense aussi que je suis bien trop fatigué pour pouvoir réfléchir correctement et qu'il serait donc temps pour nous tous de prendre quelques heures de sommeil. Si je pouvais trouver des couvertures et aller chercher Janvier et sa nouvelle copine... Ah ! Trouver ! »

En ouvrant un placard, le jeune garçon venait effectivement de trouver un tas de couvertures, mais à peine tira-t-il dessus que quelque chose lui tomba sur la tête et que des feuilles s’éparpillèrent autour de lui sur le sommeil. Un gémissement de douleur passa ses lèvres.

« Merde ! »

A chaque mot que disait Crescendo, Chancelier hochait le visage pour lui signifiait qu'il l'écoutait religieusement et qu'il le comprenait, malgré les accumulations parfois complètement incompréhensible qu'il faisait. Il avait compris l'essentiel, c'était suffisant. Il savait maintenant que ce fameux train dans lequel il avait laissé Blanco était l'origine de tout ici. Enfin, le lieu où ils arrivaient tous visiblement. Il l'avait écouté, notant dans un coin de sa tête ces petits détails qui lui étaient inconnu, à propos de ce zoo, de ces loups qu'il n'a pas vu. Il ne devait surtout pas oublié, afin de pouvoir poser des questions s'il croisait d'autres personnes.

Il allait lui répondre, mais Clow le fit à sa place. Ce qui ne manqua pas de faire sursauter Chancelier qui l'avait complètement oublié. Il le laissa faire son récit. Il fallait profiter de ce temps de répits pour en savoir un peu plus sur les compagnons d'infortunes. Après tout, il était fort probable qu'ils passent plusieurs journées... Voir même plusieurs mois ensemble. Il ne fut pas surpris en écoutant le récit de Clow, on retrouvait les mêmes grandes lignes : Un train, des amnésiques, une fuite dans une ville qui les attaquait. Voilà les choses qui revenaient en croisant le récit de Clow et de Crescendo. Et le sien, par la même occasion.

Chancelier était très surpris de ce que disait Clow, lui même ne s'était jamais posé la question du pourquoi du comment. Les choses étaient comme elles étaient, il ne cherchait pas à aller à leur encontre. S'il fallait rester, il restera. S'il fallait partir, il partira. La Ville les attaquait ? Et bien soit, il fallait faire avec. L'accepter comme il avait accepté l'existence de ces formes fantomatiques et le fait que les ronces pouvaient être consciente. Peut être qu'ici, c'était le seul moyen de ne pas devenir fou. Mais il préféra se taire, conscient qu'une telle façon de se comporter, plutôt marginale, pour ne pas dire suicidaire, n'allait sans doute pas l'aider à sa faire des amis. Il entendant déjà les "Tu es de son côté ?" ou les trucs dans le genre.

▬ Moi, je suis arrivée avec un grand type aux cheveux blanc. Et puis il y a une... un... Cette espèce d'ombre qui est venue nous voir. C'est peut être ça qui vous regardait, fit-il à l'attention de Clow. Mais il ne savait pas vraiment. Après tout, l'Ombre du train n'avait pas du tout été hostile. Enfin, peut être. En voyant le contenu de l'étagère s'écrouler sur Clow, il se leva instinctivement pour l'aider à se dépatouiller. L'idée de dormir n'était pas mauvaise, mais Chancelier n'avait pas trop envie, devinant d'avance de quoi ils allaient être fait.

▬ Il faudrait qu'un personne reste éveillée, les loups pourraient revenir. Il leva la tête, repensant à Janvier, et continua à plier les couvertures que Clow avait trouver. Je pense que Janvier à besoin de se confier un moment, elle a besoin d'une présence féminine qui la comprenne au mieux. Laissons-les pour le moment, elles redescendront lorsqu'elles seront calmées.

Il ne faisait même pas attention à touts les feuilles qui couvraient le sol, ni même à ce qui était tombé sur Clow. Il réfléchissait juste à un plat pouvant réchauffer tout le monde. La nourriture est la base d'une bonne entente et d'une bonne santé.

Crescendo écoutait attentivement les récit des deux jeunes hommes, buvant littéralement leur paroles, apprenant que les sphères était des souvenirs, et écarquillant les yeux à leur réçits. Il se demandait si tout le monde avait eu autant de malchance. D'ailleurs, en y repensant, Ombre n'avait ni été entourée par les ronces, ni poursuivie par les loups, est-ce que cela ne tombait que sur certaines personnes ? Il était si épuisé qu'il avait du mal a réfléchir. Son regard se porta un instant sur les feuilles tombée du placard pour revenir sur Clow et Chancelier.

Clow leur dit qu'il voulait rester ici pour découvrir qui il était, mais Crescendo n'était pas de cet avis. Il avait peur que cette ville était une prison progressive et que plus ils mettrait de temps a partir, moins ils avaient de chance de partir un jour. Mais à la fois, comme Clow, il avait envie de connaître son passé, c'était si frustrant de ne pas se rappeler son enfance, ses proches ni rien d'autres … Mais pour l'instant il n'avait pas eu de souvenir, il fallait qu'il attende encore un peu, et puis de toute manière, ils n'étaient même pas sur qu'il puissent partir d'ici. Car visiblement, une fois que le train avait emmené des gens ici, il ne repartait pas. Ce qui était bizarre ! Si seulement il pouvait se rappeler pourquoi il avait pris le train ! Pourtant aucun souvenir, et généralement, l'amnésie suivait un choc émotionnel ou physique ! Pourtant il n'avait aucunement mal à la tête, il ne s'était donc pas cogné ! Et un choc émotionnel, ça ne collait pas, il n'as pas pu se passer grand chose dans un train, surtout qu'il était tout seul dans son compartiment.

▬ Il faudrait qu'un personne reste éveillée, les loups pourraient revenir. Il leva la tête, repensant à Janvier, et continua à plier les couvertures que Clow avait trouver. Je pense que Janvier à besoin de se confier un moment, elle a besoin d'une présence féminine qui la comprenne au mieux. Laissons-les pour le moment, elles redescendront lorsqu'elles seront calmées.

Crescendo trembla à la mention des loups mais ne dit rien, mais acquiesça tout de même quand le jeune homme parla de Janvier. Il se demandait toujours si c'était de sa faute. Après tout c'était quand il était arrivé qu'elle s'était enfuie. Il tourna la tête, et son regard rencontra une nouvelle fois le tas de feuilles par terre.

- Vous pensez que c'est quoi ? Demanda-t-il en se dirigeant vers le tas éparpillé par terre, un air intrigué sur le visage.

Spoiler:

Et dans le tas éparpillé par terre il y avait :

Trois lampes de poches, un paquet de donuts encore emballés, des morceaux de sucre et des réserves de café soluble.
Un post it où une note rapide était écrite à la va vite " Tango aux marais. A infos sur Capone et vol de temps. Revenons ce soir. "
Un dossier volumineux contenant diverses croquis de plantes prises sous plusieurs angles. Les schémas étaient annotés avec des pattes de mouches malheureusement illisibles et détrempées. Néanmoins, plus on tournait les pages, plus on pouvait apercevoir des ronces aux épines proéminentes et des fleurs qui semblaient doter de crocs. Les mots " Métro, voie 1 " revenaient sans cesse sur ces dernières, écrits en majuscule et plus lisible que le reste.
Enfin, un nouveau message sur une coupure de papier " Voiture garée derrière. Insupportable. "
Et une autre feuille, un nouveau dessin. Il représentait deux hommes debout. Le premier était vêtu d'une veste et portait des cheveux longs et une légère barbe, il dégageait un aspect de bravoure avec son menton fièrement relevé et le reflet qui semblait animer ses pupilles. La légende indiquait " Tango ♥". L'autre était petit et replet, à moitié caché sous une énorme capuche et son visage était dévoré par une grosse paire de lunettes. " Neptune" semblait dire la même voix.
Et il y avait aussi un petit miroir au milieu de ce fouillis. Il ne s'était heureusement pas brisé sous le choc. Détail anodin au milieu des papiers.

Clow avait lever un sourcil au moment où Chancelier avait mentionné une ombre, aucun d'entre eux n'avait rien vu de tel, mais peut-être celle-ci n'apparaissait pas toujours à la vue des nouveaux arrivants. Soupirant et passant une main nerveuse dans ses mèches rousses, il commença à repousser les feuilles qui lui étaient tombés dessus et adressa un sourire sincère à son compagnon aux cheveux bleus, quand celui-ci vint lui prêter main forte.
Crescendo s'avança enfin vers eux et à cet instant-là seulement le jeune homme prit la peine de regarder un peu mieux ce qui lui était tombé dessus. Son ventre gargouilla en apercevant le paquet de donuts et le café en poudre, mais une fois encore la curiosité fut la plus forte et les repoussants, il concentra son attention sur les papiers qui les entourait. Honnêtement, peu semblaient faire sens, ça parlait de chose étrange, de voiture agaçante, de personnes inconnus, il y avait même un croquis de deux garçons.
Un seul des papiers parvient réellement à accroché l'œil de Clow et il s'en empara avidement, avant de murmurer :

« C'est pas vrai...»

Fouillant fébrilement dans ses poches, il en sortit son portable et l'ouvrit. Sur l'écran, les 72h semblaient tout juste d'avoir été rembobiner.
Plaçant la feuille à la vu de ces deux camarades, il murmura, agité :

« On nous vole du temps....Nous savons déjà qu'il ne s'agit pas du temps qui passe, la journée avance normalement, la nuit succède au jour ! C'est notre temps que cette saleté de ville affiche sur nos téléphones portables, nos montres ou tous ces fichus trucs, qui ne semblent plus fonctionner correctement ! »

Il ne savait pas encore pourquoi du temps lui avait été rendu et honnêtement il n'était pas sûr d'en avoir encore quelque chose à foutre. Il n'était pas non plus certain de vouloir connaître la conséquence d'un compteur atteignant zéros. Tout d'un coup, chaque secondes lui paraissait précieuse, chaque dispute et ralentissement semblaient les mettre tous en périls à ses yeux. Se redressant, le garçon déclara :

« Rien ne doit nous ralentir...je dois trouver un moyen...retourner au métro...je dois retourner dans le métro et ramener ses affaires à Janvier. Son compteur est resté là-bas ! »

A cet instant, les paroles de Clow n'avaient plus grand sens, il était agité.
Saisissant son sac à dos, il en sortit les affaires qu'il y avait placé auparavant et les remplaça par deux donuts et une bouteille d'eau. Renfilant son ciré, le roux déposa ses autres affaires devant Chancelier.

« Je dois sortir, récupérer ce que Janvier à perdu. Restez ici en sécurité, essayez de dormir, si vous atteignez 52 heures sur votre compteur et que je ne suis pas revenu, ne m'attendez pas. Surtout ne tentez pas de sortir seul, qu'il fasse nuit ou jour, je doute que ça face une réelle différence dans cette maudite ville. Je vais essayer de revenir, je vais vraiment essayer, alors ne laissez rien vous arriver en mon absence. Je te confie le reste Chancelier...»

Se penchant vers son ami, Clow lui murmura doucement un mot de passe à l'oreille. Un mot de passe qui devrait lui permettre de les rejoindre et de ce voir ouvrir la porte, quand les créatures de la ville la verraient demeurer close.

« Ne laisse rien rentrer ici, bloque la porte, joue au sentinel s'il le faut. »

Leurs souriant, il ébouriffa affectueusement les cheveux bleus et posa une main réconfortante sur l'épaule de Crescendo. Attrapant une lampe de poche dans sa main, la démarche assurée, mais le regard incertain, Clow se dirigea vers la porte et se glissa dans la nuit en jetant quelques mots et un dernier regard à ses compagnons.

« Je vous confies les filles. »

La porte se referma sur son sourira vacillant et encourageant.

Spoiler:

Crescendo l'avait rejoint et ensemble ils découvraient des choses insoupçonnables. Chancelier était beaucoup occupé à plier élégamment les couvertures afin de soigner un peu le rangement de la pièce qu'à s'occuper de toute la paperasse tombée sur le sol. Mais lorsque Clow se décomposa devant l'un des papiers, Chancelier compris tout de suite la gravité des choses.

Il n'osa pas couper son ami - s'il pouvait vraiment le qualifier comme tel-, mais il l'écouta sérieusement, et fut surpris par ses remarques. Il avait visiblement compris qu'ils étaient dans une situation peu avenante. Un vol de temps ? Ils avaient donc une existence limitée ? Chancelier se souvint alors de ce que lui avait dit l'Ombre du train. C'était donc le sens de ce Dépêchez-vous qu'elle leur avait glissé avant de s'enfuir. Cela le conforta dans sa vision de cet être. Il n'était définitivement pas méchant. Il allait en parler à Clow, lui dire qu'il n'avait pas de portable, qu'il ne savait pas quel était son temps, mais ce dernier était déjà en train de remplir son sac. Chancelier parût surpris sur l'instant, mais il baissa la tête comme pour se cacher la vérité. Clairement, Clow allait partir dans une ville dangereuse dans l'unique but de retrouver les affaires de Janvier. C'était plus que de la loyauté à ce stade, c'était du sacrifice.

Mais c'était Clow qui l'avait choisit. C'était ce qu'il avait décidé, et Chancelier n'allait rien dire, puisqu'il faisait confiance à Clow. Et il lui faisait confiance, ce qui gonfla le courage de Chancelier. Pour sûr qu'il allait protéger cet endroit. Il était (probablement) l'aîné en l'absence de Clow, et puis ni Crescendo, ni Janvier, ni... l'autre fille n'étaient en état de gérer la situation.

Après que Clow lui ai glissé le mot de passe, Chancelier fit un peu la moue lorsqu'il lui ébouriffa les cheveux. C'était pas plutôt à Crescendo qu'il fallait la faire, et donner à lui cette tape virile ? Boaf, c'était pas très important.

▬ Roger, Commandant ! Fit-il en réponse à Clow, avant de le voir disparaître. Il resta un instant silencieux fixant la porte, puis se retourna vers le tas de l'armoire et Crescendo. Il avait complètement oublié cette histoire de compteur. Enfin, il n'avait toujours pas compris quel était le sien, ce petit sablier coincé sous sa chemise. Il pensait à autres chose. Il devait s'occuper des trois autres.

▬ Commençons par ranger tout ça, il reste encore pas mal de papier. Il faut aussi passer un coup de balais, et trouver un endroit pour ranger la nourriture. Il attrapa le paquet de sucre, les donuts qui restaient et les capsules de café pour les poser sur une chaise, loin de la poussière. Tu m'aides ? Ajouta-t-il en tendant le tas de couverture soigneusement pliés à Crescendo pour qu'il les pose sur le comptoir.

Sous la dernière couverture, apparu un petit miroir. Chancelier aimait ce genre d'objet. Enfin, c'est la conclusion que l'on pouvait en tirer en le voyant le fourrer dans sa poche de pantalon. Ce n'était qu'un miroir, le livre était beaucoup plus intriguant, et ces esquisses aussi.

▬ Il y a eut des gens avant nous, au minimum quatre. Il associa les croquis des deux personnages à la note qu'avait trouvé Clow. Tango, Neptune, Capone, et celui (ou celle) qui avait dessiné ses deux compères. Probablement la même qui avait dessiné tous les croquis qui se trouvaient dans le gros livre. Chancelier resta silencieux un moment en fixant les esquisses, avant de murmurer : Que nous caches-tu, qu'est-ce qu'il t'es arrivée ? Pourquoi cette ville était devenue comme ça ? Qui étaient ces gens ? Quelles étaient ces plantes ? Qui étaient-ils, eux ? Toutes ces interrogations arrivaient enfin dans l'esprit de Chancelier, un peu en retard. Mais ce n'était pas le moment. Ils n'étaient pas apte à ce genre de réflexions, tous étaient fatigués, affamés.

▬ Posons toutes la paperasse sur le comptoir. On devrait installer un coin pour dormir ici, quand les filles reviendrons, on mangera. Il faudra établir des tours de gardes. Pendant ce temps, on sera apte à décortiquer tout ça.

Si Clow le voyait. Chancelier pouvait vraiment être plein de surprises.

Spoiler:

Crescendo regarda Clow avec une moue effrayée. Mais de quoi parlait le roux ? Il ne comprenait pas comment pouvait-on voler du temps à quelqu'un ? Il ouvrit la bouche pour poser la question au jeune homme qui venait de s'emparer d'une des feuilles qui lui était tomber dessus, mais celui-ci pris la parole, à voix basse, l'air complètement affolé. Crescendo s'inquiétait de plsu en plus, le comportement de Clow avait changé d'un coup, et du tout au tout, il s'agitait comme un fou, balbutiant quelque chose à propos des chiffres présents sur les téléphones portables, et tout autre objet électronique que l'on pouvait posséder. A ces mots, le jeune garçon roux écarquilla les yeux, et portant instinctivement sa main droite a sa poche, tatant légèrement son ipod qui ne marchait plus depuis qu'il s'était réveillé dans le train. Il commençait à comprendre les paroles de Clow, sa mémoire lui revenant petit à petit : Lorsqu'il s'était réveillé dans le train parce que la musique qui tournait sur son lecteur ne se diffusait plus, il avait remarqué que des chiffres prenaient place sur l'écran de l'objet à la place de l'affichage normal de l'écran. Crescendo avait songé à un simple disfonctionnement, après tout, rien ne semblait marcher correctement ici, et ce qui l'avait le plus inquiété, c'était sa perte de mémoire et non un iPod qui marchait mal !

Mais c'était de ça que parlait Clow ! Ils avaient tous un objet ou des chiffres s'affichaient, et c'était leur temps à vivre... Alors qu'un chemin se frayait lentement dans le cerveau de Crescendo pour véhiculer toutes ses informations, Clow continuait à parler, donnant toujours cette affreuse impression de divaguer. Perdu dans ses propres réflexions, le jeune Crescendo senti soudain une main se poser sur son épaule dans un geste de réconfort. Il sursauta et ses yeux semblèrent enfin voir après des années passées dans le noir. Il était totalement perdu, et ne comprenait pas ce que faisait Clow, mais il ne fit rien, ne bougea pas, il le regarda simplement prendre quelques affaires et les échanger contre les siennes, et sortir, leur demandant de prendre soin des filles.

- Mais les loups, Clow ! Cria-t-il.

Inutile. La porte était déjà fermée. Il resta debout, bras ballants, yeux légèrement écarquillés, et la bouche ouverte, son cerveau embrumé, ne comprenant toujours pas pourquoi il était partit. Assurément, il fallait qu'il soit moins distrait. Il se mordilla la lèvre, s'inquiétant du sort de la jeune fille avec qui il était resté, et maintenant du sort de Clow. Il espérait que le loup soit partit au moment ou ils avaient trouvé refuge dans le commissariat, mais avec cette bête enragée, rien n'était couru.

Ce fut Chancelier, l'air pas vraiment bouleversé qui sortit Crescendo de sa léthargie, lui demandant de l'aider à ranger. Crescendo acquiesça vivement et se mit à l'ouvrage, rassemblant le tas de feuilles, ramassant le gobelet de café qu'il avait laissé par terre quelques minutes plus tôt, alignant bien comme il faut les couvertures et la serviette en sifflotant un air mélancolique, qui lui apparaissait comme familier et pourtant... Après avoir rangé, il se tourna vers Chancelier qui observait les feuilles. Il se dirigea vers lui et tenta de les déchiffrer lui aussi, par dessus l'épaule du garçon aux cheveux bleus.

▬ Il y a eut des gens avant nous, au minimum quatre. Que nous caches-tu, qu'est-ce qu'il t'es arrivée ?

Cette question était pure rhétorique bien évidemment, et ne s'adressait pas à lui. Crescendo resta donc silencieux, songeant à ces personnes, se demandant ce qui leur était arrivé. Il réprima un frisson et déglutit ne préférant pas y penser de peur d'avoir des films plus horribles les uns que les autres naissant dans sa tête. Quand Chancelier changea de sujet, il l'écouta attentivement, trop heureux de pouvoir penser à autre chose, de plus en plus persuadé qu'ils n'allaient pas survivre longtemps dans cette ville horrible. Il prit les feuilles et alla les déposer sur le comptoir selon l'idée de Chancelier et se retourna vers lui.

- je pense que je peux garder la forteresse en premier, vous êtes la depuis plus longtemps, et Janvier était clairement épuisée souffla-t-il, mais par contre, qu'est-ce qu'on va manger ? A part des donuts, on a pas grand chose ici...

Crescendo n'était pas excessivement bavard. Ça lui changeait de Janvier qui parlait pour ne rien dire. La faim était là, tapie dans un coin, Chancelier ne s'inquiétait pas pour Clow, il avait assez pour tenir. Mais eux par contre. Les trois donuts ne suffiraient pas pour eux quatres. Il n'avait d'ailleurs pas de mal à imaginer la dernière demoiselle gloutonne.

▬ Si nous dormons le ventre vide, on ne sera pas assez fort demain pour chercher correctement de la nourriture, mais pour autant nous ne pouvons pas la gâcher puisqu'on ne sait pas encore quand on en trouvera d'autres. C'était un cas d'école. Attendre la faim pour chercher à manger c'est se condamner. Mais ils n'y avaient pas pensé et ils étaient maintenant en sursis. Et Crescendo se sentait d'humeur chevaleresque en se proposant pour la garde. Chancelier lui tapa sur le front du bout des doigts.

▬ Celui qui a le besoin de plus de s dormir ici, c'est toi Crescendo. Tu as courru à travers la ville le ventre vide, n'imagines même pas pouvoir rester éveillé quand tu l'auras rempli. Même le café ne pourras pas t'en empêcher. Chancelier sentait aussi la fatigue poindre, mais comme il n'avait pas eût de gros stress depuis le train, son cerveau était encore fonctionnel.

▬ Mais avant ça, il reprit un air sérieux, il va falloir en apprendre au maximum sur notre forteresse. On connaît le contenu des deux placards, l'étage est sûr. Reste ces trois portes...

La porte proche de l'escalier, celle qu'il avait ouvert un peu plutôt, allait les mener vers les ténèbres. Chancelier avait compris de quoi il s'agissait et redoutait d'y aller. Dans un commissariat, les cellules sont toujours au soul-sol. A sa gauche, une autre porte qui ressemblait à celle de l'entrée, sans doute une cour arrière. La dernière était imposante et à en juger le système de fermeture en acier, ils allaient avoir besoin d'une clé pour l'ouvrir.

▬ Hum... Gauche ou droite ?

La moue du jeune homme se fit grimaçante, mais il ne dit mot. C'est vrai qu'il était fatigué, et qu'il avait faim, mais il restait cloitré dans son idée comme le borné qu'il était : Ça faisait moins longtemps que les autres qu'il était là. Malgré tout, il n'osa contredire le bleu. C'était toujours facile de contredire les autres par la pensée, mais à l'oral, Crescendo n'était pas doué. Et pourtant il savait qu'il y avait un moyen pour qu'il puisse exorciser ses sentiments, il le sentait mais n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Peut-être qu'un jour il le saurait, si il gagnait un souvenir, une boule lumineuse.

Il leva les yeux vers Chancelier qui lui proposa d'explorer leur « forteresse » et acquiesça gaiement, ayant besoin de s'occuper. C'était bien les pensées, mais quand on était dans une ville a demi-fantôme et tueuse, ça l'était moins. Et puis qui sait ? Il y avait peut-être quelque chose d'intéressant à découvrir ici ? Ou mieux. Quelque chose qui ferait venir une boule lumineuse ! Oui, Crescendo y tenait à sa boule lumineuse.

- Oui allons, y découvrons, sourit-il, mais tu crois que c'est quoi en haut ?

Il désigna l'escalier qu'avaient emprunté les filles et grimaça, toujours persuadé que Janvier lui en voulait pour quelque chose. Culpabilisant, il se tourna vivement vers Chancelier avant de lui demander si il pensait qu'il avait fait quelque chose de mal.

- Je me fait peut-être des idées, mais... C'est après que je sois arrivé qu'elle est partie, tu crois qu'elle m'en veux pour quelque chose ?

Gauche ou droite ? Mais de quoi parlait-il ? Ah oui. L'exploration. Il fallait qu'il se concentre plus, il était décidément vraiment à l'ouest.

- Eh bien... Gauche ? Proposa-t-il en haussa les épaules.