" Non. Non je t'en veux pas. C'est...les nerfs qui lâchent. " bredouilla une petite voix féminine.

Janvier venait tout juste de descendre les marches de l'escalier, suivit de Février. Elle était toujours trempée et son mascara dégoulinant laissait supposer qu'elle avait abondamment pleuré sur l'épaule de la brune. Elle essaya d'esquisser un faible sourire à Crescendo mais la fatigue n'aidant pas ce dernier ressemblait plutôt à une grimace amicale. " Excuse moi. Je suis...sensible ces dernières heures. " ajouta-t-elle en quittant la dernière marche de l'escalier.

C'est ça. Sensible. Sensible, le mot l'excusait de tout : d'éclater en sanglots à la moindre occasion, d'essayer de prendre des directives mais de ne pas y arriver. Tout ça à cause d'une petite sensibilité. Janvier, en se dandinant d'un pied sur l'autre, toujours en chaussettes, se sentait particulièrement mal à l'aise. Une part d'elle commençait à prendre conscience qu'elle agaçait peut être ses camarades avec son comportement puéril. Elle se mordit la lèvre et leva les yeux vers Chancelier. " Excuse moi. " répéta-t-elle. Elle savait qu'elle pouvait recommencer une scène comme sur le toit où elle serait capable d'exprimer son mal être en grandes envolées lyriques. Mais ce n'était pas le moment.

" Où est Clow ? " demanda-t-elle soudain surprise alors que ses yeux cherchaient son protecteur roux depuis plusieurs minutes déjà.

Spoiler:

er...

En entendant la réponse de Crescendo, Chancelier lâcha un soupir de soulagement. Il avait encore un peu de temps pour se préparer à aller dans les cellules. Toute son âme remerciait Crescendo pour son choix. Mais vu qu'il était l'autorité, enfin, l'adulte ici, il pris garde à se tenir dignement. Son boulot était de rassurer les trois personnes qui se trouvait à sa charge. Il s'approcha de la porte, près à l'ouvrir, redoutant que derrière il se trouve des monstres, des ronces ou d'autres choses qui causerait leur perte. Mais avant même de pouvoir pousser la poignée, une voix appela dans la pièce.

" Où est Clow ? "

Il n'avait pas vu que Janvier et l'autre fille étaient redescendues. Il n'avait même pas entendu qu'elle s'était excusée avec une bouille mignonne, sinon il lui aurait sauté dessus pour lui faire un câlin larmoyant d'une maman cherchant à se faire pardonner pour être toujours inutile et bête. Mais cela ne se produisit pas. Non, au contraire, Chancelier fixait la porte un peu effrayé. Il n'avait pas pensé à la façon dont il annoncerait à Janvier que leur cher et tendre Clow s'était jeté une nouvelle fois dans les rues dangereuses, surtout pour récupérer les affaires de la Janvier capricieuse qui allait, forcément, se sentir coupable et essayer de le poursuivre. Bien sûr, cela faisait trop longtemps qu'il était parti pour qu'elle puisse le rejoindre.

▬ Il... Il osa affronter le regard de Janvier et s'approcha d'elle avant de l'enlacer doucement. Il voulait la réconforter, lui montrer qu'elle n'avait aucune raison de s'inquiéter. Même si Clow était absent, elle pouvait compter sur l'idiot de service qu'il était. Il s'est passé beaucoup de choses, Clow est reparti pour te ramener ce que tu avais perdu. Parce qu'il était inquiet pour toi. Mais tu sais, il m'a promis qu'il reviendrait vite, donc il faut lui faire confiance. Il desserra ses bras de Janvier et releva les quelques mèches sur son front pour embrasser de dernier avant de dire avec un grand sourire :

▬ Alors pas de larmes, d'angoisses ou d'autres choses. C'est clair ? Ces mots, il les adressait également aux deux autres hôtes du commissariat. Bon, je pense que la journée a été éprouvante pour tout le monde, Janvier, Crescendo et toi, il désigna la brunette qui les avait rejoint depuis peu, allez me faire le plaisir de piquer un somme. Je vais m'occuper de visiter un peu cet endroit en attendant. Les portes sont fermées, donc vous n'avez rien à craindre.

Il tira un instant Janvier et lui glissa à l'oreille les mêmes mots que lui avait confié Clow lorsqu'il était parti, le mot de passe, celui qui autorisait l'ouverture de la porte. Après quoi, il ébouriffa les cheveux de cette dernière avec un grand sourire. Maintenant, les seuls qui possédaient le droit pour ouvrir la porte étaient Clow, Chanceli et Janvier.

▬ Et personnes d'autres à part nous deux ouvre la porte. Compris ? Finit-il.

Spoiler:

Le "floc floc" de ses baskets résonnait étrangement dans l'escalier. Décidément, ce bruit la mettait mal à l'aise. Alors que Janvier se confondait en excuses devant les deux mâles restés en bas - tiens, ils n'étaient pas trois, avant, d'ailleurs ? -, Février observait la pièce du regard. Bureaux, chaises, machine à café. Puis la brunette au mascara étalé demanda timidement ou était "Clow". La sportive en déduisit qu'elle parlait de l'autre rouquin qui était présent tout à l'heure, mais le type aux cheveux bleus la serra dans ses bras en lui disant que ce dernier était parti chercher ses affaires égarées. Après quoi il suggéra au groupe d'aller piquer un somme. Donc le deuxième rouquin s'appelait Crescendo. C'était toujours bon à savoir.

« Ah, pardon, je ne me suis pas présentée ! En même temps, je n'avais pas vraiment de nom avant, alors ça vous aurait paru bizarre... Bref, vous pouvez m'appeler Février, à partir de maintenant. Enchantée ! »

Cheveux-bleus-man murmura quelque chose d'inaudible dans l'oreille de Janvier, avant de donner ses dernières instructions pour sécuriser les lieux. Waouh, elle l'aurait pris pour un vrai meneur d'hommes s'il n'avait pas eu cette allure déjantée et tout sauf sérieuse. Mais il fallait avouer qu'il savait prendre les choses en mains.

« Uhm... Je n'ai pas vraiment sommeil, après tout, je viens à peine de me réveiller dans cette espèce de vieux train moisi. Ça te dérange si je viens explorer avec toi ? Je veux dire, il faut bien quelqu'un pour aller prévenir les autres si quelque chose se passe mal, non ? Donc je me propose, ça promet d'être fun ! »

Proposer, proposer... Elle était en train de s'imposer plus qu'autre chose, mais ça n'avait pas l'air de la déranger plus que ça. Avait-elle l'habitude de foncer ainsi tête baissée, au devant du danger ?

« La porte de gauche, tu dis, Crescendo ? C'est mignon comme nom, au passage. Ça te va bien je trouve ! Fit-elle avec un clin d’œil à l'intéressé. Bon, allez, la porte de gauche ! Bonne sieste Janvier, et merci de m'avoir un peu expliqué ce qui se passe ici. S'il se passe quelque chose, t'as qu'à hurler un bon coup, on viendra te chercher. »

Mais qu'est-ce qu'elle pouvait parler... Elle ne devait pas se rendre compte qu'un petit groupe semblait déjà s'être formé, et qu'elle ne faisait qu'apparaître et briser leur équilibre déjà précaire, avec ses babillages incessants. Sans aucune autre précaution, elle ouvrit la porte en grand, trop curieuse pour se soucier d'éventuels problèmes à venir.

Les deux jeunes filles venaient de descendre les escaliers et Janvier lui dit qu'elle ne lui en voulait pas, que c'était ses nerfs qui lâchaient, et le jeune Crescendo ne pouvait que comprendre, lui même avait du mal à garder son sang froid et il était ici depuis moins longtemps que la brune. Elle tenta de lui sourire, tentative légèrement éronnée qui rassura malgré tout le garçon. Il lui sourit d'un air rassurant avec un hochement de tête et prit la parole :

- Je comprends, lui dit-il, c'est tout a fait normal.

Elle demanda finalement ou était Clow, et Crescendo grimaça, ne voulant pas vraiment expliquer que le roux s'était finalement transformé en pseudo héros suicidaire et était partit alors que les loups rodaient probablement encore dans la ville. Crescendo se demanda d'ailleurs combien ils étaient mais bizarrement, il n'avait pas spécialement envie de connaître la réponse. Il releva les yeux vers les trois autres et vit que Chancelier expliquait les faits a Janvier tout en la prenant dans ses bras.

Pas de larmes, pas d'angoisse. Crescendo afficha une moue désespérée. Ça va, il n'allait pas se mettre a pleurer, il était fort. Bon, OK. Peut-être pas. Mais tout de même, il ne pleurerait pas. C'était sur que si tout le monde se mettait a paniquer, ca provoquerait une psychose générale. Étant donné que Janvier était assez mal en point, il fallait que le reste du groupe garde son sang froid. Il jeta un bref coup d'œil a Chancelier, encore en train de parler. Lui n'avait pas l'air de perdre son sang froid de toute manière.

La tornade d'énergie brune prit la parole, arrachant un sursaut au jeune homme qui écarquilla les yeux alors qu'elle parlait. Oui, elle parlait, elle parlait, elle parlait. A part Janvier qui ne parlait pas tant que ça, ils parlaient tous beaucoup. Il ne retint que l'essentiel, se disant qu'il avait irrévocablement de gros problèmes de concentration. Il ne captait jamais la moitié de la conversation alors même qu'il y assistait et qu'il était censé y participer. Bref, la jeune fille se nommait Février, amnésique aussi évidement, elle voulait explorer elle aussi, et qu'elle trouvait son surnom mignon.

Il la regarda comme si elle venait de se transformer en chat géant devant ses yeux et bredouilla un merci a peine audible. Bravo Crescy, heureusement que le ridicule ne tue pas. Allez, c'était partie pour l'exploration. Bizarrement, cette ville était si glauque, que le jeune homme s'attendait à tout en explorant les recoins du commissariat. Il grimaça et regarda Février ouvrir la porte.

- Fait que l'on ne tombe pas sur un cadavre, murmura-t-il.

Spoiler:

Elle tiqua alors que Chancelier s'avançait vers elle avec l'air de celui qui va vous annoncer une mauvaise nouvelle. Où. était. Clow ? Cheveux bleus l'enlaça doucement ce qui ne fit qu'augmenter son malaise. Et s'il était arrivé quelque chose à son protecteur roux ? Et si...? Il est sorti pour moi. Elle se mordit la lèvre soudain honteuse et gênée. Parce qu'elle avait fait un caprice, il avait tenu à la rassurer en partant dehors. Dehors avec les ronces, les loups. Dehors. Elle appuya son nez contre le cou de Chancelier et se laissa aller à son étreinte. C'était sa faute. S'il arrivait quelque chose à Clow, ce serait sa faute à elle.

Il desserra les bras et lui releva quelques mèches de cheveux avant de l'embrasser sur le front et lui dire de ne pas pleurer. Ca sonnait comme un ordre. Elle hocha timidement la tête et luttait pour ne pas laisser couler les larmes qui commençaient à naître au creux de ses yeux. Il disait qu'il n'y avait rien à craindre, qu'il gérait la situation. Janvier en doutait beaucoup mais elle ne dit rien. Le leadeur du groupe à ses yeux restaient Clow, indiscutablement. Mais Clow n'était plus là.

Le discours de Février eut le mérite de la faire sourire un peu et de l'effrayer à la fois. Cette enfant n'avait-elle donc aucun sens des responsabilités ? Ne voyait-elle pas le danger ? Non. Bien sûr. Elle ne pouvait pas s'imaginer qu'un simple hurlement ne ferait pas le poids face à un de ces énormes loups. Janvier hocha tout de même à nouveau la tête.

Puis elle fouilla dans l'armoire où Clow avait déjà trouvé des couvertures et en extirpa deux sèches. Elle hésita un long moment mais finit par enlever la chemise trempée qui lui collait à la peau. En soutien gorge, elle déroula la première couverture sur elle comme une cape et s'installa sur la deuxième. Elle retira ses chaussettes. Puis elle essaya de se faire un nid sur le sol du Commissariat. Ce serait toujours mieux que rien pour dormir. Ses cheveux mouillés s'emmêlaient. Tant pis pour les noeuds. Frissonnante et mal à l'aise, elle essaya de fermer les yeux. Tu crains rien ma belle. Il te protège. Essaya-t-elle de se convaincre en s'endormant. Mais elle était seule, sur un sol crasseux, dans un lieu glauque. Et il n'était pas là.