Six pieds sous terre

16h-18h
On était là

Rapidement installés dans la voiture, la troupe moitié endormie moitié animale se rendit jusqu'à l'ouverture des égouts. Sans hésitation particulière, le Yéti descendit pour se retrouver une nouvelle fois les pieds dans cette eau crasseuse. L'odeur immonde emplit de nouveau ses narines et l'image de Taïga refit surface autant que leur douloureuse première séparation... Ce lieu répugnant était à jamais associé à son amant semblait-il et cette pensée le fit ricaner un instant. A n'en pas douter, son blond n'apprécierait pas cette connexion. Mais tant pis, il n'était pas là de toute façon. Gardant son air crétin, Vodka se mit à patauger avec amusement.

"Faut qu'on trouve une salle bizarre avec des lumières bleues et des fioles dedans... C'est là-bas que le... qu'on m'a demandé de trouver et ramener la bouteille que j'ai dans la poche."

Pouvait-il décemment leur dire qu'un mur lui avait ordonné cela ? Il avait un peu peur de les faire fuir, malgré leur motivation aussi étrange que la sienne. La compagnie lui faisait du bien mais si leurs avis changeaient, le sien restait le même.

“Il fallaiiiit que ce soit dans des égoûts, hein ?!”

Gueuler pour la forme. Lou était enfin propre et voilà qu’elle traînait dans un lieux putrides. Gé-nial.

Le départ s’était fait vite fait. Les affaires récupérées avaient été fourrées dans la petite voiture, et elle avait préparé un sac à dos en conséquence durant le trajet : une lampe torche -sa dernière-, une poële au-cas-où (au cas où quoi exactement ? ) et des serviettes propres, deux trois pansements et quelques affaires que seuls son esprit farfelu aurait pu trouver utile. Après avoir laissé un message aux alcooliques (alias “pataugeant dans les égouts, on revient vite, soyez sages ♥”), elle avait retroussé son pantalon, avait mit ses chaussures à l'abri et pataugeait maintenant dans l’eau nauséabonde, tenant Dieu par le poignet en malheureux prisonnier. Il s’était engagé à être Débilos, à sa plus grande joie, à n’en pas douter...

“J’aurais franchement préféré un Zoo ou un Parc d’attraction, soupire-t-elle. Et "c’est là bas que ‘le...” ? Le quoi ?” Oui elle a tiqué, elle n’aime pas qu’on lui cache un secret. Lou est curieuse. Chiante, même avec ça. “Allééééé, Le quoi le quoi le quoi ?” Elle regarde Dieu “Tu penses que c’est le quoi, toi ? “ et lui secoue le poignet “Et je t’appelle comment, moi ? J’vais pas te surnommer “hey” jusqu’à la fin des temps ! Si tu dis rien, j’vais trouver moi même. Je sais ! Mickey ! Non, pas mickey, on va avoir des soucis avec les copyrights. Gusgus ? Jack ? Ratigan ! Nan, t’es pas assez méchants. Basil ! Han, oui, Basil ! Si tu dis rien, j’te nommerai Basil, nah !”

Voilà, pataugeons dans la joie et la bonne humeur. Lou se met à trottiner, faisant de grands moulinets de ses bras, oubliant quelque temps la puanteur du lieux.

Oh seigneur. Les égouts. On n'aurait sans doute pas pu faire pire idée, même en cherchant bien. Et voilà que c'est ce que proposait Vodka. Et ce qu'acceptait Lou. Il avaient forcément une sacrée araignée au plafond tous les deux, il n'y avait aucune autre explication possible. Ce qui n'était pas son cas à priori. Alors il allait falloir lui expliquer pourquoi il se retrouvait lui aussi les pieds enfoncés dans une eau sombre et malodorante, tiré par une Lou qui ne cessait de parler comme si la situation donnait réellement envie de faire la causette, guidé par Vodka qui parlait de fiole, de lumière bleue et de salles bizarres. Bon, sang, il donnerait tout pour retourner dans la voiture, pour se lover sur le siège et s'endormir en paix. Au chaud. Au sec.

Il fut cependant bien obligé de réagir lorsque Lou décida de le renommer. Et les noms commencèrent à fuser, tout plus terribles les uns que les autres. Quel genre de références tordues pouvait bien avoir cette rouquine pour sortir des atrocités pareilles ? Basil fut de trop, et pire que tout, c'est sur celui-là qu'elle arrêta son choix. Il eu un petit hoquet d'horreur et rattrapa rapidement Lou, qui, lâchant son poignet, avait prit de l'avance. « Eh oh ! C'est pas Basil, moi ! Tout ce que tu veux mais pas... Non, attend, pas tout ce que tu veux. Rah, m'appelle pas pour le moment, c'est tout. Je veux mon vrai prénom, celui d'avant ». J'ai pas envie de te donner mon surnom, voilà, aurait-il pu ajouter.

Avançant un peu plus vite, il se hâta de rejoindre Vodka qui marchait devant. « Eh. T'es sûr de l'endroit où on va ? Parce que bon, c'est pas que la balade n'est pas agréable mais... ». Mais elle est TOUT sauf agréable.

Vodka avançait, suivi de l'écureuil qui jacassait en cherchant le prénom de leur nouvel ami. Un rire lui échappa à la liste de prénoms tous plus ridicules les uns que les autres et il s'apprêtait à intervenir pour présenter "Dieu" - et expliquer le coup du mur - mais celui-ci fut plus rapide. Pour la plus grande surprise de l'ancien blondinet, le jeune homme ne se présenta pas. N'osait-il pas faire part de son surnom grandiose ? Finalement, peut-être qu'un peu de modestie ou de gêne s'emparait de lui. L'idée amusait autant qu'elle attendrissait le yéti et dans un sourire doux, il glissa sa main dans les cheveux du rongeur, grattouillant derrière une oreille.

"Aloooors... non je sais pas exactement où on va, c'est difficile de se repérer dans l'coin, surtout que je connais pas. On m'a téléporté pour venir la dernière fois et un espèce de raz-de-marée m'a fait sortir. Tu peux toujours retourner à la voiture si ça t'ennuie tant que ça... même si j'aime bien t'avoir avec nous."

Son sourire ne le quittait pas. Sa main se retira cependant pour ne pas se faire engueuler tandis que son regard se posait sur Lou. Une légère moue se dessina finalement sur ses lèvres alors qu'il mettait ses mains velues dans ses poches.

"Tu m'croiras pas... C'est le mur qui m'a dit... 'fin, il a écrit que je devais rapporter la fiole... Je le fais seulement parce qu'il a rendu son aspect normal à T..."

Ses yeux se détournèrent.

"A quelqu'un."

Il ne voulait pas s'étendre là-dessus et cela se voyait. Pour changer de sujet, il passa son bras autour des épaules de Dieu, décidé à l'agacer en le touchant pour que l'on oublie sa propre hésitation. Un sourire faux mais crédible réapparaissait tandis qu'il réfléchissait à un nom pour le brun. Dieu.... Ideu ? Udie ? Ediu ? EDI ! Ou Eddy. L'orthographe importait peu.

"Et je te présente...Edi. C'est bien comme nom ça en attendant non ?"

Un léger clin d’œil accompagnait sa phrase à l'intention du renommé. C'était quand même mieux que Basil non ?

Un raz de marré ? De ça, le truc dans lequel ils faisaient “splortchsplortchsplortch” ? Merveilleux, ça laisser envisager un futur brillant et à la bonne senteur de rose. Lou poussa un rire et lança un “Ouais, si ça arrive, on se retrouve à la fontaine. Définitivement à la fontaine.” Elle reprend son trottinement et réfléchit à cette historie de mur qui parle. Nan mais pourquoi pas. C’était pas à quelqu’un qui venait de se voir pousser une queue d'écureuil qu’on allait apprendre la rationalité, hein. En fait, elle tique bien plus sur l’histoire de prénom.

“Edi ? Pourquoi Edi ? Moi ça a des rapport avec des souris au moins ! Y’a une souris qui s’appelle Edi quelque part ? Nan mais sérieux, Edi, ça fait vieux camionneur accro à la bière ! Et il a pas une tête de vieux camionneur accro à la bière.”

Ses oreilles brassaient de l’air de mécontentement, sa queue frétillaient aussi. Lou regarde Dieu, interloquée.

“Franchement. Edi ?”

Non, c’est carrément pas mieux que Basil.

16h - 18h
Alcool, rêve foireux et mutation.

Olga dort. Et comme dans un rêve, elle se souvient.

Spoiler:

Et là, c'est le réveil. Un réveil encore embrumé par l'alcool. Et non, elle n'est pas encore sobre. Et c'est tant mieux. Le rhum l'aide à caser ce rêve-souvenir dans la case "foireux à oublier" et elle n'y pense déjà plus. Que voulez-vous, ça a des avantages de penser comme Joke parfois. Elle se frotte les yeux, baille à s'en décrocher la mâchoire.

Oh mais je me rappelle ! Oui, c'est un exploit après avoir sifflé à elle seule une demi bouteille de rhum en moins de dix minutes, a jeun. On applaudit s'il vous plaît. Bon par contre le décor glauque pas cooooool. Elle essaye de réveiller Décembre en la secouant mais rien à faire, elle dort comme une souche. Et les autres qui se sont tirés... Avec la bouteille de rhum les ptis filous ! Ah mais non, mais non, ils sont partis rigoler sans moiiiii...

Qu'à cela ne tienne, elle se débarrasse de Décembre le sac à patate et va patauger dans les égouts. Ouais en sous-vêtements c'est sex ! Ça fera rougir le petit prince on va rigoleeeeer ! Alors elle part à leur recherche en courant / tanguant / ricanant. Et quand elle tombe sur eux... C'est le choc.

"Haaaaaaan mais moi aussi je veux me transformer ! Z'avez tellement la classeuh"

Elle est derrière eux alors elle se hâte de les rejoindre. Je voulais embêter le brun en me collant à lui mais en fait l'autre il est mieux ! Alors elle se jette sur Vodka, se blottit dans ses longs poils blancs pour lui faire un câlin des plus affectueux.

"T'es tout douuuuux. Trop biiiiien."

Oui, Olga sobre aurait sans doute réagit de la même façon. C'est ça qui fait tout son charme, nan ?

Spoiler:

Au final, ils seront deux à sortir de cette chambre. Il hausse les épaules face à la remarque de la russe et va même jusqu’à esquisser un minuscule sourire désabusé. Deux jours… elle rêve si elle espère les retrouver d’ici-là. Beaucoup de choses peuvent se passer en deux jours. Voire même en moins. On peut mourir en quelques secondes. Ils sortent de la chambre. De l’hôtel. Tout le long d’un trajet qui ne semble mener à aucun endroit en particulier, ils n’échangent pas même un seul mot, concentrés uniquement, l’un comme l’autre, sur leur seul objectif. Inévitablement, ils atterrissent dans un autre endroit parfaitement étrange. Non pas qu’il ait oublié de prendre des repères durant leur très longue marche, mais les égouts, tout de même… Ce n’est pas là qu’ils vont trouv… Malgré lui, le brun hausse les sourcils face à la petite rousse qui saute sur un blond recouvert de poils blancs. Da fuck ?! Il parcourt la scène des yeux. Ils sont quatre. Deux garçons. Deux filles. En comptant la crevette bourrée et le yéti. Etrange scène que celle-ci. Oui, contrairement aux idées reçues, il est possible de croiser des gens dans des égouts. Mais bon, aussi étranges soient-ils, ce sont toujours des mines d’informations sur pattes.

- Vous connaîtriez un type qui s’appelle Taïga ?

Mec, si tu continues d’aborder les gens comme ça, tu vas finir par te faire tuer. Aucune chance qu’il se fasse tuer par un de ces clowns. Il en faut beaucoup plus pour l’avoir.

Spoiler:

Il pose des questions, attend des réponses. Mais ce qui vient briser le silence ce n'est pas une voix, c'est un craquement sonore. Craquement qui vient de son bras. La douleur est insupportable n'est-ce pas? L'os est brisé. Mais ça ne s'arrête pas à là. L'os bouge, attiré par l'extérieur. Il creuse contre la peau et dans un déchirement de chair, la traverse. La douleur est aigüe, insupportable. Une fracture ouverte, ça fait toujours mal. Surtout quand elle se fait avec lenteur. Et puis tout s'enchaîne à une vitesse affolante. Et pourtant la douleur semble ralentir le moment, suspendre les secondes. C'est son tibia qui se déboite, qui le fait tanguer, tituber, puis ses clavicules. C'est tout son être qui se détraque. Tout son squelette intérieur qui veut sortir de cette enveloppe de chaires et de tissus. Les côtes bougent à leur tour, le cartilage costal ne résiste pas à leurs mouvements de plus en plus violent. Il explose et les côtes sortent une à une. Explosion de sang et de douleur. Les côtes se déploient, tel un aigle de sang et le cœur presque affiché, cesse soudain de battre. Le corps s'affale, répandant ses entrailles dans le sol boueux.
Gravity est mort, tout simplement.

On sort de là

La drôle de sensation de les avoir abandonnés. Durant tout le trajet, elle avait cette désagréable impression. Elle revoyait la scène, pestant en trouvant les mots qu'elle aurait du – qu'elle aurai voulu – dire. C'est maintenant que ça lui venait. Mais maintenant, c'était trop tard. L'envie de faire demi-tour. L'envie d'avancer. Tout ça lui faisait mettre le pied devant l'autre sans trop faire attention. Elle se fiait aux sens de monsieur Mystère.

Et d'un coup, les égouts. Finalement, les sens de Gravity... Là au moins, il faisait moins chaud, et c'était bien le seul point positif. Elle jeta un regard en coin sur son acolyte : il continuait de marcher, pas l'air plus perturbé que ça par l'endroit. Alors elle continuait aussi.

Au détour d'un boyau, soudain, du bruit. La scène devant eux était parfaitement ubuesque. Et la question de Gravity, toujours la même, renforçait ce côté décalé. *Non mais franchement, il va vraiment interpeller tout le monde comme ça ? « Le petit Taïga est demandé à l'accueil... je répète : le petit Taiga est prié de se présenter à l'entrée des égouts. »*
Franchement.

Flocon allait ouvrir la bouche à son tour. Mais aucun mot ne sortit. A côté d'elle, il se passait quelque chose. Ca n'allait clairement pas chez Gravity. Un os traversait sa peau, pouf comme ça. Et bientôt, d'autres problèmes osseux qui n'avait clairement rien à voir avec un déficit en calcium se manifestèrent.
La blondinette recula. Un pas, deux pas... en assez vite à une distance conséquente. Quand il s'effondra par terre, elle était hors de portée de tout ce sang. Mais ses yeux fixaient le corps. Même pas apeurée, non juste stupéfaite. Sidérée. La peur viendrait après.

Spoiler:

La bataille des noms. Et Seigneur quelle bataille ! Basil VS Edi. Edi. Il se demanda un instant où ce crétin de blond avait bien pu aller pêcher une telle idée. Edi. L'ébahissement avait presque effacé la colère sourde qui grondait en Dieu quand il avait senti la main de Vodka se glisser dans ses cheveux pour venir le grattouiller derrière l'oreille. Et il avait, dans le même temps, oublié la remarque acerbe concernant le fait qu'il n'était pas un animal de compagnie. Non, il réfléchissait désormais à ce qui valait le mieux. Souhaitait-il réellement se faire appeler Basil ou Edi pour le restant de... eh bien du temps qu'il allait passer ici ? Non. Impossible. « Arrêtez avec vos noms ! Moi c'est Dieu. Voilà », s'exclama-t-il haut et fort à qui voulait bien l'entendre. Oui, il préférait affronter le rire moqueur de certains plutôt que de se retrouvé affublé d'un surnom grotesque.

Personne n'eut bien le temps de rire, parce que quelqu'un arrivait. La rouquine folle et saoule. Bien, parfait, la tribu était au complet -ou presque, l'autre rousse dormant très certainement encore dans al voiture. Et Vodka se retrouva soudain enlacé par une fille à moitié nue, ce qui eu le mérite de tirer un rire à la fois moqueur et nerveux à Dieu. « Eh bien, quel succès ! », pouffa-t-il. « C'est vrai que t'as l'air doux comme ça... yéti ! ». Les yeux brillants, il continua d'avancer dans l'eau gadouilleuse. Pour s'arrêter presque en sursautant à la vision d'un type venant en sens inverse. Bon sang, on avait pas idée de surgir comme ça de la pénombre. Et là, le type, qui venait d'être rejoint par une toute jeune fille -décidément, les gens devaient adorer se promener dans les égouts- posa LA question. « - Vous connaîtriez un type qui s’appelle Taïga ? ».

Dieu jeta un regard un peu inquiet en direction de Vodka. Comme il aurait aimé que ce type la boucle. Alors qu'ils avaient soigneusement évité le sujet, que lui-même n'avait pas relevé l'hésitation du blond à prononcer le nom de l'autre brute. Et voilà un parfait inconnu qui débarquait et ravivait la blessure. Gé-ni-al. Il ouvrit la bouche pour lui dire que non, personne ici ne connaissait de Taiga -un mensonge ? Et alors?- mais quelque chose le devança. Quelque chose qui semblait venir de l'intérieur de l'homme.

La suite ne fut qu'horreur. Il vit les os, le sang, la chair déchirée. Il ne put même pas hurler, parce que plus rien ne venait. Reculant précipitamment, les yeux écarquillés, il se jeta contre Lou. Il ne voulait pas regarder, ne pouvait pas regarder. Il avait envie, soudain, de vomir la délicieuse nourriture de la fontaine. Il s'accrocha en tremblant à cette fille qui l'avait soutenu une fois. Il fallait que ça dure. Il fallait qu'elle soit là. Parce qu'il allait sans doute s'effondrer, s'il devait de nouveau regarder dans la direction de ce qui avait été un homme.

Tout se déroulait vite. La rouquine se jeta contre lui pour tester sa douceur. Oubliant sa colère lors de leur premier échange, le yéti se contenta de ricaner un peu. Malheureusement, l'heure de la fête fut de courte durer lorsqu'un nouvel arrivant mentionna la seule personne capable de troubler sa bonne humeur. Soupirant lourdement, il s'apprêtait à répondre mais un craquement sinistre le devança. Ecarquillant les yeux, Vodka assistait à ce spectacle immonde mi-terrorisé mi-fasciné. Son regard ne pouvait se décrocher mais en même temps, son cerveau lui hurlait de regarder ailleurs. C'était une bien étrange sensation et son étreinte se resserra autour de la gamine pour l'empêcher d'assister à cette horreur. Il se tenait prêt à la sentir se débattre, refusant de la laisser voir. Cela fut lent et douloureux mais finit par se terminer.

Il déglutit. Le sang s'était répandu partout autour, peut-être en portait-il même sur sa fourrure si claire mais il n'en s'en préoccupait pas. Décrochant finalement son regard du cadavre mutilé, il se tourna vers Lou et Dieu, observant les deux serrées avant de balayer l'endroit. Une autre silhouette le fit froncer les sourcils et il ouvrit les lèvres pour parler. Aucun son n'en sortit. Il toussa un peu et la deuxième tentative fut la bonne.

"Toi là ! Tu...devrais venir vers nous."

Pourquoi ? Simplement pour la rassurer elle aussi...Se sentir entouré évitait de causer une trop grande peur mais en même temps... si cet homme mourait d'un coup, sans raison, comment ne pas avoir peur ?

Dieu ! Elle s'en serait enthousiasmé que d'avoir Dieu en connaissance, avec soit, c'est quand même super stylé. Elle s'en serait enorgueillit, même. Mais fin, Olga arrivait. Lou voulait sourire que ouais, la transformation, c'était trop la classe, qu'ils retourneront à la fontaine qu'elle teste aussi. Mais fin, l'homme arrivait, prononçait le nom qui fit froncer les sourcils à la rouquine, surtout en entendant son ami soupirer si lourdement. Elle voulu attraper une boule de boue pour lui balancer au visage, historie de. Mais Fin, il se passait un truc. Sinistre, sanglant, douloureux. Elle écarquilla les yeux. C'était comme dans la crypte, avec Vodka qui se faisait blesser de partout sans que rien ne semble indiquer un coupable... mais en pire. Chaque bruit lui arrachait un tressautement, jusqu'à ce que Dieu se cale contre elle. Alors, mécaniquement, elle le serra contre lui. Fort fort fort.

Olga ! Elle tourna la tête vers son amie, Vodka la serrait contre lui, l'empêchant d'assister au spectacle. Merci. Elle pouvait s'en détourner aussi, enfouir sa tête comme elle pouvait contre Dieu tandis que ses yeux semblaient ne vouloir louper aucune miette. De sécheresse, ils pleuraient. Et puis... fin. Fin de la scène.

Tout redevient calme, le silence devient pesant d'un coup. Elle reste avec Dieu contre elle, ne le lâche pas. Vodka est le premier à reprendre conscience, à parler. Une gamine était avec lui. Elle a un frisson à ne la remarquer que maintenant. Était-ce son ami ? Vient-elle de voir son ami partir comme ça... ? Son yéti s'en charge. Et elle, elle se dit qu'elle a quelque chose à faire aussi. Elle a la gorge sèche, les lèvres pâteuses... elle caresse la tête du brun doucement et sa voix sort de sa gorge, comme enraillée.

« Je... je vais voir... »

Elle était voleuse. C'est une voleuse. Une charognarde ? Pas loin, ici, on ne vole que des maisons vides, des maisons mortes. Voler un cadavre, est-ce différent ? Est-ce qu'elle a déjà fait ça ? Est-ce qu'elle a déjà vu un mort ? Elle ne le connaissait pas, ce type. Il n'avait pas l'air très avenants, mais...

« Il faut pas... qu'il disparaisse comme ça. Ignoré... oublié. »

Juste une preuve d'existence. Sinon, ça serait encore plus triste. Mais son souriceau en premier. Elle ne le lâchera pas s'il ne le veut pas.

« Ça va aller ? Regarde pas, surtout. »

Et c'est comme si rien ne s'était passé.

Mais pourquoi elle l'avait suivi ? Pourquoi elle avait laissé les autres ? Pourquoi ? Pour se retrouver toute seule, comme ça ? Parce qu'il n'était pas question qu'elle reste avec les nouveaux. Elle avait autre chose à faire que de crapahuter dans les égouts déguisée en animal à poils à se faire des câlins en sous-vêtements. Le zoo ambulant, ça serait sans elle. Elle voulait réentendre les bêtises de Gucci, raconter ses souvenirs à Azur, rassurer Nicotine. Elle avait peur et elle voulait les revoir.
Déjà, elle tournait les talons. Retourner à l'hôtel, c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Elle ne retrouverait pas les gens de son passé, elle s'était laissée porter par un élan d'espoir, par les sentiments, mais objectivement, elle les retrouverait pas.

Elle leur avait tourné le dos, et puis un type l'interpella. Elle l'aurait bien envoyé promener mais quelque chose l'en empêcha.
*« Bah alors, tu déclares forfait ? »*
Cette voix. Comme dans son souvenir. C'était strictement impossible que ce soit lui là, en face d'elle, dans les égouts d'une ville totalement inconnue. Pourtant, une étincelle d'espoir gonflait son cœur. En fait, toute une partie d'elle en était sûre. Un partie irraisonnée certes, mais après ce qu'elle venait de voir, la raison...
« Misha ? » Elle s'était interrogée à voix haute.

Alors elle s'avança vers le groupe étrange. Dans l'angoisse d'un nouveau danger qui l'étreignait – ils étaient quand même bien bien bizarres, avec leurs accoutrements tordus – elle sortit son flingue. Elle le tenait vers le sol, le bras le long du corps, quand elle émergea de la demie-obscurité.

« Je... je vais plutôt essayer de retourner à l'hôtel. Il.. j'ai laissé des amis là-bas et... et je veux les revoir. Mais heu... je cherchais à retrouver des personnes moi aussi. Alors, à tout hasard, vous connaîtriez quelqu'un qui s'appelle Sergueï ? Alissa ? Misha ? Moi je m'appelle Flocon.»

Elle avait mis Misha en dernier, et ce n'était pas un hasard. Elle guettait dans la pauvre lumière la réaction de l'homme aux poils blancs. Bien sûr, l'aspect physique était différent, mais le timbre de la voix sonnait encore à ses oreilles. C'était lui. Elle le savait au fond d'elle. Et soudain, elle se demanda si lui, il se souvenait d'elle.

« Enfin, je m'appelle Irina. »

Spoiler:

Les jouets sont destinés à mourir. Et Flocon est un jouet de la Ville. La boue des égouts rampe alors le long de son corps. Elle remonte, défiant la logique, ou plutôt suivant la logique de Nulle Part. S’infiltre dans sa bouche. S’impose dans sa trachée, et coule dans ses poumons. Flocon étouffe, Flocon suffoque, Flocon se noie avec de la boue. Et Flocon meurt.

Flocon:

16h - 18h
Trop d'horreur tue l'horreur

Spoiler:

Même à moitié ivre, Olga se sent rassurée quand Vodka ne la repousse pas. Ils n'ont pas commencé sur un très bon pied tous les deux mais rien n'est irrattrapable. Elle rit doucement quand elle entend le brun se moquer du blond mais n'a pas le temps de lui rabattre le caquet que déjà une autre voix s'élève dans son dos.

Elle ne sait pas qui est ce Taiga - elle s'en fiche un peu d'ailleurs, ok beaucoup - mais même à travers sa nouvelle fourrure elle sent le coeur de son ami manquer un battement, juste avant qu'il soupire. Elle va pour se retourner afin de lancer un regard assassin - ouais assassin en louchant vu son état d'accord - quand elle sent les bras du blond se resserrer sur elle. Oh il a besoin d'un câlin ? Caliiiiiiiiins ! Voilà, bienvenue chez les Bisounours - en sous vêtement, version interdite aux moins de 15 ans.

Le bruit derrière elle lui fait crisser les dents et elle secoue la tête en fronçant le nez, comme une enfant. Un liquide rouge est venu colorer la toison de Vodka et elle regarde ses poils avec un air de profonde concentration, tirant la langue pour essayer de comprendre. En vain. Elle tire un peu sur la fourrure blanche de son nounours câlin pour attirer son attention mais il incite l'autre à les rejoindre et n'y fait pas attention. Mais euuuuuuuuuh ! Youhouuuuuu monsieur le Yeti pourquoi tu fais ça si tu l'aimes pas ??

Les paroles de Lou restent floues dans sa tête. Pourquoi disparaîtreuh ? Pourquoi faut pas regarder ?? Mais alleeeeeeeez dites moiiiiiiii ! Elle ne comprends pas et ça l'énerve un peu. Parce que là, c'est franchement pas drôle. Et puis il y a une voix féminine qui s'élève. Elle parle un peu, beaucoup. Et Joke comprend qu'elle cherche des gens de son passé. Et ça c'est très important ! Parce qu'elle a Lou mais il manque encore sa soeur, et sa copine qui fait des bêtises et puis elle veut les retrouver parce que voilà elle veut et c'est tout.

Elle glisse habilement des bras de Vodka pour se tourner vers la nouvelle arrivante. Mais là, il se passe un truc. Un truc moche. La boue grimpe sur le corps de la blonde, entre dans sa bouche. Olga la voit qui suffoque, ses yeux qui se révulsent, ses poings qui se sert. Elle veut l'aider mais ne parvient pas à bouger. Non, non elle meurt pas non. C'est moi j'ai trop bu j'aurais pas dû elle meurt pas. Ca existe pas ça, non non ça existe pas c'est le rhum, il est vilain le rhum il est pas gentil... Ca suffiiiiiiiit.

Elle s'écroule à genoux devant Vodka, pleurant toutes les larmes de son corps, secouée de sanglots, secouant la tête pour chasser la vision d'horreur qui tourne en boucle devant ses yeux innondés.

"Plus jamais, plus jamais je bois !! Mais c'est pas possible, c'est pas possible... Ca peut pas... Stooooooop !!! Pitié, pitié, pitié, pitié, stop, stop, stop..."

Vodka demanda à la fille de les rejoindre. C'était trop tard, n'est-ce pas, elle aussi avait tout vu, elle avait vu ce mec se briser comme un pantin de bois, comme une vulgaire poupée. Elle avait perdu, sans doute, le peu d'innocence qui lui restait. Parce que rien ne restait blanc très longtemps, ici. La ville avait tout sali. Lui ne pouvait plus que savourer l'étreinte de Lou. Essayer d'oublier ce qui avait défilé devant ses yeux quelques secondes auparavant. Il ne fallait pas y repenser, n'est-ce pas ? « Ça va aller ? Regarde pas, surtout. » Il voulait lui dire. Que non, bien sur que non, ça n'allait pas. Et qu'il n'allait certainement pas regarder, non, il ne s'infligerait pas ça une seconde fois. Il avait l'impression d'en avoir trop vu.

Évitant consciencieusement les lieux du massacre du regard, il essaya d’apercevoir la gamine qui parlait. Qui ne parla pas longtemps. Quelque chose dans sa bouche. De la boue ? Non. Non, pas comme ça, pas encore une fois. Figé par la terreur, il la regarda mourir. Comme on regarde une hallucination, comme on regarde quelque chose d'impossible à croire. Elle ne pouvait pas... Oui, mais son corps était bien là, inconscient, étalé dans la boue noirâtre qui tapissait le sol, à moitié engluée dans cette eau nauséabonde qui semblait devoir lui servir de tombeau. Qui allait peut-être devoir leur servir de tombeau à eux tous.

Les gémissements et les sanglots d'Olga le tirèrent de sa torpeur. Qu'est-ce qu'elle racontait ? Qu'est-ce qu'ils voulaient dire, tous ces mots ? Quand enfin leur sens parvint à son cerveau, il ne put se contenir.

« Arrête ! Arrête merde ! C'est pas ta faute, ok ? C'est pas ta faute alors relève toi, bordel, relève toi ! On se tire d'ici, ok ? On avance, on recule, on s'en fout ! J'veux pas mourir ici ! J'veux pas qu'on meurt ici ! »

Il aurait voulut tous les attraper par la main et les tirer. Il ne fallait pas rester planter là, comme des idiots. Rien n'était arrivé jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent pour écouter le type inconnu. Il fallait avancer, il fallait bouger. Sinon, ils allaient finir comme eux. Il empoigna Olga par le bras, décidant que c'était elle qu'il était le plus urgent de remonter.

« Allez ! Reste pas là ! Bouge, bouge ! Bougez, vous aussi », s'exclama-t-il à l'attention de Lou et Vodka.

Il y avait plus qu'une envie pressante de fuir. Il y avait urgence. Vitale.

Misha se figea en entendant ce surnom. Que... Elle le connaissait donc aussi ? Il laissait Olga s'échapper de ses bras, ne lui portant plus d'attention. Irina... Irina... Ca ne lui disait rien. Foutue mémoire ! Il effectua un pas dans sa direction. Il avait des questions à lui poser mais comme l'homme, une force incontrôlable s'occupa de le faire taire avant qu'elle ne puisse répondre. Mikhaïl écarquilla les yeux sous le spectacle et se jeta presque sur elle pour l'attraper. Elle ne pouvait pas mourir ! Pas elle aussi !

"Irina ! Reste avec moi ! C'est Misha ! Je suis là ! Je sais qui est Alissa ! Je l'ai revue, elle est ici. On ira la voir ensemble si tu veux mais ne meurs pas putain... "

C'était bien trop tard. Le corps qu'il secouait était maintenant sans vie et le regard de la jeune fille ne voyait plus. Des larmes montèrent aux yeux du yéti. Visiblement, cette mort l'affectait bien plus que l'autre sans qu'il ne sache pourquoi... En réalité, il savait. Elle le connaissait sous le nom de Misha, ils ne pouvaient qu'avoir été proches dans le passé. Son corps devait surement s'en souvenir. Les mots de Dieu l'atteignirent et il se tourna vers lui, tenant toujours le corps de la l'étouffée dans ses bras.

"Et quoi ?! Tu veux les laisser là ?! Ils sont morts alors tu crois qu'ils méritent de rester dans les égouts comme ça ?!"

Il était injuste. Il le savait. Dieu n'y était pour rien mais il souffrait tellement. Ne pouvaient-ils pas comprendre cela ? Deux personnes apparaissaient. Les deux étaient liées à son passé d'une façon ou d'une autre mais il ne put rien obtenir d'eux, la mort avait été plus rapide. Mikhaïl ne pouvait se résoudre à les laisser pourrir dans les égouts pour autant. Vodka l'insouciant et l'abruti s'en foutrait mais là, il ne jouait pas. Et même s'il devait le faire seul, ils les sortiraient de là pour les porter dans un endroit digne d'une tombe.

Lou aurait eut envie de rire. Trouver un truc qui aurait fait que malgré tout, la situation prêtait à sourire. Même un rire jaune lui aurait convenu. Lou la joyeuse, Lou la guillerette, Lou la Débilos. Mais il n'y avait franchement pas de quoi rire. Olga pleurait, Dieu et Vodka s'envenimait, Vodka était en détresse...
Quand la petite blonde avait parlé, Lou avait tiqué aux noms prononcés. Battre des paupières et ça avait été à peine suffisant pour que déjà, il se passe quelque chose. Elle avait amené ses mains à son visage, horrifiée, avait murmuré un « non, non, non ! Pas encore ! » et avait été pétrifiée à voir Vodka aller. Et maintenant... Maintenant...

« Vous deux... ça suffit. » La voix était calme mais ferme. Il fallait bien que quelqu'un soit là pour tout le monde. Et pour ce petit groupe qu'elle aime tant, Lou se décide de prendre sur elle. Contenir sa peine, sa peur. Aider et être là pour tout le monde. Ses mains tremblent. Elle souffle, inspire doucement et va vers Olga, première à pleurer.

« Ne pleure pas, ma belle. Ce n'est pas toi, pas toi du tout. Tu n'y es pour rien, promis. » Elle prend Olga dans ses bras et la sert contre elle. Caresse la tête de sa rouge sous ses doigts fins. Parle plus fort « Aucun de nous n'est responsable de ça, ok ? C'est le ville. Cette ville fait tout pour nous rendre malheureux et déchiré. Et on jouera pas à ce jeux. On reste soudé. » Elle se détache d'Olga, essuie ses larmes du bout des doigts.

« Trop classes notre transformation, hein ? Demande-t-elle en un petit sourire, c'est la nourriture de la fontaine. Si tu veux, on ira. » Sourit, sourit sourit. Elle se lève tire Olga vers le haut pour la remettre debout, approche Dieu et hoche la tête.

« Tu as raison, il faut partir. Il a raison, on ne va pas les laisser là. Sorts avec Olga, s'il te plaît. Restez avec Biscuit, elle vous protégera quoi qu'il arrive. Y'a des provisions, dans le coffre. Reposez-vous. » Elle prend aussi Dieu dans les bras, murmure plus bas. « Prenez soin loin de l'autre. On reviendra, c'est promis. À la fontaine, si la nuit tombe et que l'on est toujours pas là. Méfie-toi de la nuit. Je te la confie. On arrivera de nouveau à tous sourire. »

Elle s'éloigne de lui à son tour, lui adresse un sourire en confirmation de ses dires. Pose la mains sur la joue du jeune homme. Lui donne une petite clac amicale, comme pour marquer le début des mouvements. Va vers Vodka. Elle se pose à côté de lui, se baisse, la prend dans ses bras. Ne sait pas quoi dire car elle sait bien qu'il n'y a rien à dire. Juste quelques mots...

« Je suis là. Je vais t'aider. Tu veux bien ? »

Sa fourrure est rouge de sang, grise de boue. Ça ne va pas aller en s'arrangeant, mais on ira te shampouiner après. Passer à autre chose, encore...

16h - 18h
Bad trip

Spoiler:

Les choses vont beaucoup trop vite pour Olga. Dieu qui la secoue pour la faire bouger, Vodka qui s'énerve, Lou qui lui fait un câlin et caresse ses cheveux... Elle est bien là. Juste à cet instant là. Mais évidemment cette étreinte ne peut pas durer et elle le sait. Alors elle laisse sa rouquine partir vers Vodka et se masse les tempes.

Il lui faut de longues minutes pour mettre ses idées en place. Réaliser que ces deux morts - car ils sont bien deux oui - ne sont pas des illusions causées par l'alcool. Comprendre que la Ville n'est pas un terrain de jeu mais une chasse à l'Homme. Accepter qu'ils peuvent mourir à tout instant. Illusions qui volent en éclat. Réalité qui tombe sur ses épaules.

Lentement, Olga perd sa candeur, son insouciance. Son côté Débilos. Si Vodka a perdu les gens qu'il connaissait je peux également perdre les miens. Sa petite soeur qu'elle n'a pas encore revue. Cette amie dont elle a vu couler le sang. Et Lou. Lou. Elle secoue la tête, chassant la pulsion protectrice qui lui hurle d'aller la prendre dans ses bras, de l'éloigner de la mort, de la cacher aux yeux de la Ville. Tu dois lui faire confiance.

Mais la jeune fille ne peut pas rester ici. Elle a besoin d'air frais, de sentir le soleil sur sa peau et le vent dans ses cheveux. Ici elle étouffe. Pourtant elle ne veut pas les abandonner. Oh non elle ne peut pas les abandonner. Mais... Elle se rapproche de Dieu et va se blottir dans ses bras, s’agrippant à lui.

"On remonte à la surface ? S'il te plaît... Je peux pas rester là..."

Elle les retrouveras à la fontaine. Oh oui, il n'est pas question de continuer la route sans eux. Mais s'ils veulent retrouver la Olga qu'ils connaissent, il faut à tout prix qu'elle sorte d'ici avant de se laisser dévorer par la peur.

Spoiler:

Un nouveau souvenir apparaît, s'approchant de Lou.

Spoiler:

Oui ! Oui, bien sûr qu'il voulait les laisser là ! Ces gens... eh bien ce n'était plus des gens ! C'était des corps sans vie. Mais au ton qu'avait employé Vodka, il devinait sans peine que quelque chose chez les deux personnes qui venaient de mourir sous leurs yeux était important. Très important. Au point qu'il ne puisse se résoudre à partir en les laissant là, à moisir dans ces égouts. Cette pensée lui tira un haut le cœur. Bien. Qu'ils fassent ce qu'ils voulaient. D'ailleurs, Lou était déjà là, pour calmer le jeu, pour essayer d'apaiser un peu cette tension qui régnait dans l'air, et qui ne faisait que rendre l'atmosphère des égouts plus oppressante.

Il laisse la rouquine le prendre dans ses bras sans émettre un son. Pas une protestation, rien de rien. Il a le cœur serré. Car malgré tout ce qu'elle dit, cette séparation qui va avoir lieu ressemble un peu trop à un adieu. Qu'est-ce qui leur dit que l'un d'eux ne mourra pas avant qu'ils se retrouvent. Pourtant, malgré ce pressentiment désagréable, il murmure à son tour à l'oreille de Lou. « D'accord. A la fontaine. Et... j'en prendrai soin en attendant ton retour. » C'était comme une promesse. Même s'il ne trouva pas le courage de sourire à son tour à la rouquine. Où est-ce qu'elle trouvait encore la force, après ça ?

Se désintéressant de Vodka et Lou, et de tout ce qu'ils allaient pouvoir faire de plus ou moins morbides, il en revient à Joke. Enfin Olga. Qui qu'elle soit. Qui vient de se blottir contre lui. Il hésite un instant, avant de finalement refermer doucement les bras autour d'elle. Est-ce qu'il sait encore comme on console une fille ? Il ne sait même pas s'il a déjà fait ça, dans son ancienne vie. Ça ne lui semble pas très naturel, de serrer quelqu'un contre lui comme ça. Mais en cet instant.... il s'en fiche un peu. Ils ont vu tellement de trucs moches que peu importe ce qu'il pense des gens.

« Oui, on s'en va, on sort, vient. On repart de là où on vient. On va aller à la voiture. Chercher ta copine, l'autre rousse. Elle a un nom ? »

Poser des questions, la distraire, qu'elle pense à autre chose pendant qu'il lui fait faire demi-tour pour rebrousser chemin. Avant de les perdre totalement de vue dans l'obscurité, il lance une dernière phrase pour Lou et Vodka. « Vous avez intérêt à revenir ! D'accord ? ». Mais auront-il vraiment cette chance ?

Sa vue se brouillait. Le visage de cette fille de son passé devenait de plus en plus flou et il en comprit rapidement la raison lorsque des gouttes humides s'échouèrent sur le corps sans vie. Il pleurait. La mort de cette inconnue lui faisait mal et la déprime remontait à vivre allure. Encore une fois, il subissait les foudres de cette maudite ville sans être capable d'y faire quoique ce soit. Les autres parlaient autour de lui mais il n'écoutait rien. Il repensait simplement à cette scène. Sa voix aigüe résonnait encore dans sa tête. Ce "Misha" presque infernal... Fort heureusement, Lou s'approcha et attira son attention. L'ex blondinet cligna des paupières, essayant de retenir un peu ses larmes et leva les yeux vers elle.

"Je... ça ira pour Irina... Juste pour l'autre..."

Ca allait être plus dur vu qu'il était presque complètement démembré... Mikhaïl était trop chamboulé pour le dire cash, chose qu'il aurait faite habituellement. Sans se presser, il se redressa en portant le cadavre. A ce moment précis, un souvenir se présenta face à Lou. Un soupir échappa au yéti qui réalisait à quel point on se jouait d'eux mais rapidement il le suivit d'un léger sourire emprunt de tristesse.

"Tu me rattraperas après."

Il lui tourna ensuite le dos, s'éloignant vers l'entrée - ou la sortie - des égouts, tenant le corps de la défunte fermement contre lui.

Spoiler:

Le cœur lourd, elle avait vu les deux autres partir. Elle avait crispé ses doigts sur les épaules de son yéti, chaque pas alourdissant son humeur. Mais ne pas broyer du noir car précisément, c'est ce que veut l'ambiance générale. Pleurer un bon coup. Puis rire de nouveau. Se montrer plus fort que tout le reste. Lou prend sur elle. Ça la peine de voir Vodka si triste, ça la peine d'être déjà séparée de son groupe, de son Olga, de Dieu. Mais elle prend sur elle.

« Pour lui, j'ai des serviettes dans mon sacs... à défaut, on peut au moins lui faire un linceul de fortune. »

Sa voix est un peu faible, un peu tremblante. Elle se sent petite, Lou, mais montre qu'elle est là, qu'elle sait être présente et sérieuse quand on a besoin. Sans doute son idée est-elle stupide, oui, mais ce n'est pas une blague. Elle espère ça mieux que de ne rien faire, que de le laisser juste là.
Au souvenir qui brille devant son nez, elle a un sourire mauvais, un rictus qui étire ses lèvres.

« Tu remarques, aussi ? Combien c'est agaçant. Toujours là quand il ne faut pas. Ça lui fait plaisir, je crois. Ce choix cornélien de qui choisir. »

Et Lou attrape le souvenir, à pleine main, l'écrasant entre ses doigts.

« Mais moi je veux tout. Je reviens. »

Olga est Dieu sont partis par ici

Elle veut tout, vraiment ? Penseras-tu la même chose après avoir vu ceci pauvre petit jouet ? La mémoire lui revient lentement. Elle a hâte de voir sa réaction...

Lou:

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Six pieds sous terre

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