Fly away, feeling free, meant to be †

12h-14h

« Prends-moi. Tire-moi. Envole-moi. »

Sans réfléchir, tu t’exécutes. A vrai dire, l'idée t'était aussi venue à l'esprit, et tu n'avais besoin que de cette approbation de Candide pour vous enfuir. Tu attrapes sa main et sans contester, tu te mets à courir. Vers où ? Bonne question. Tu t'en fichais bien. Tu n'avais qu'une envie, c'était de partir loin d'ici, avec lui. Le paysage défile, laissant derrière vous le lac et ses environs. Tu prends soin à ne pas trop laisser Candide derrière et à veiller à ce qu'il ne se prenne rien au passage, ce serait embêtant qu'il se retrouve couvert de bleus parce qu’il s'est pris des branches ou carrément des arbres, même s'il ne sent rien. Tu sentis une sensation agréable te parcourir de la tête aux pieds. Tu ne savais pas si c'était le fait de pouvoir ressentir le vent frais violemment frapper ton visage, ou bien ton cœur qui battait à tout rompre, mais tu te sentais pour la première fois libre. Vivante.

Ton cœur rattrape rapidement tes jambes et te force à t'arrêter ou du moins ralentir, essoufflée. C'est bien beau de se sentir libre, mais ton corps à quand même des limites. Tu avales machinalement une sucrerie pour te redonner des forces. Puis relève la tête et regarde autour de vous. Tu aperçois un petit bout de bâtiment et t'en approche, tirant toujours la main de Candide. Une église. Petite, ancienne. Tu ne sais pas quoi faire. Si tu dois entrer ou t'enfuir. Tes consciences se déchiraient dans ton esprit, l'une t’incitant à y entrer, l'autre t'ordonnant de t'enfuir. Tu jetas un coup d’œil au blond à tes côtés, et sentit un courant d'air te faire frissonner de la tête aux pieds. Tu n'étais pas complètement sèche depuis ton petit plongeon involontaire au lac. Autant entrer avant d'attraper un rhume.

L'atmosphère y était vraiment lourde, difficile à supporter. Après, peut être que ce n'était que ton avis, mais tu avais comme l'impression de suffoquer, dans cette église. Mais c'était soit ça, soit rester dehors, chopper un rhume et avoir le nez bouché pour trois semaines. L'église, tu votes l'église. Tu regardes autour de toi, silencieuse. La poussière qui s'élevait te faisait éternuer, encore et encore. Malgré ça et l'ambiance pesante, il fallait bien avouer que l’intérieur était tout ce qu'il y a de plus magnifique. Les vitraux, l'orgue... Il n'y avait que cette croix qui se balançait au plafond qui te dérangeait un peu. Tu te tournas vers Candide et lui fit une rapide description du lieu, pour qu'il sache tout de même ce qu'il se passe autour de lui:

-On est rentrés dans une église... Il y a beaucoup de poussière, mais c'est très joli...

Tu tournas la tête autour de toi et dépoussiéras un peu les bancs, puis relevas la tête vers le blond.

-Si tu es fatigué de la course, il y a des bancs, alors tu peux t’asseoir...

Une petite musique attira ton attention. Presque sourde, et pourtant, clairement audible grâce au silence qui régnait dans l'église. D'où venait-elle ?

« Tressaillement imperceptible, il se redresse. L’égilse ? Sa tête reste inflexible, a-t-il seulement le choix ? Il ne cherche à sourire, à faire un quelconque effort. Juste lui, lui et sa tenue, et sa carcasse. Lui et ses idées désillusionnées. Lui et sa décadence égarée, lui qui se redécouvre peu à peu. Alors il l’écoute. Encore, a-t-il un autre choix ? L’église. Le mot stagne dans son esprit, puis prend forme. Les murs étalés, la croix haute perchée, les bancs et l’escalier. La crypte. Un frémissement parcourt son corps, il raffermît sans le vouloir sa main sur celle de Star. Fatigué de la course ? Il ne peut s’empêcher de sourire face à la question. Je ne sens plus rien. La prouesse de l’insensible. L’écho de sa respiration, profonde, n’est pas encore saccadé. Je ne suis pas un légume, ne l’étais pas. Ne le serai jamais. Conviction qu’il balaie pour passer à autre chose. « Je connais l’église et toi, tu te sens bien ? Regarde autours de toi, il devrait y avoir des escaliers à nos côtés. Une crypte. Tu veux y descendre ? Je te laisse me guider, si tu le souhaites. » Ouais car tu vois là, je me rends même pas compte que je suis en train de te serrer la main comme pas deux, alors descendre des escaliers… Hormis le bruit de ma chute et de mes os qui feront crack, hein, je vois pas trop comment. Ah. Et l’arachnide ? C’est un tout petit détail, non ? « Et il y aura surement une bestiole en bas. Du genre grosse et velue. Mais… On trouvera des infos, si on passe. Ou quelque chose d’encore plus grand. » Hm, car ils vont y descendre non ? C’est pas comme si l’un n’avait pas été harcelé par des ronces et l’autre agressée par des grenouilles mutantes, hein. C’est pas comme si ils avaient l’habitude des choses morbides et pas logiques, hein. C’est pas comme si il avait déjà fait un joyeux tête à tête avec, c’est pas comme si la ville s’acharnait sur lui depuis le commencement. Non. C’était pas du tout comme si il y avait un risque.

Les doigts dans le nez, comme on dit.
Hein ?