Souffrance, incompréhension, désespoir. Tout se mêle. Et la douleur surpasse tout, véritable explosion, raflant tout sur son passage. Incapable de penser, incapable de raisonner, incapable de bouger. Seulement capable de crier ma douleur et l’horreur de la chose. Mes mains se rabattent sur mon visage, tandis que des larmes de sang roulent sur ma joie droite. Tétanisée par la peur autant que par la douleur je reste assise sur le sol, les genoux repliés devant moi, en une futile protection. Et puis il y a comme un moment d’absence. Un moment de vide. Comme si l’accumulation de toutes ses sensations si extrêmes, ne peut décidemment pas se faire. Un blocage. Blocage face à la réalité trop dure à supporter. Je n’entends pas la voix de Novembre, je n’entends pas les détonations. Coupée du monde, je dérive lentement vers l’inconscience. Douce échappatoire face à la douleur, mais mort certaine face au caïman.
Une secousse me ramène durement à la réalité. Un bras autour des épaules qui m’entraîne. Et tout revient trop brusquement. La souffrance, le sang qui ne cesse de s’écouler, mon crâne tout entier subissant l’assaut d’une migraine dût à la douleur. Mes jambes tremblantes à qui on demande trop. Je trébuche, ai à peine le reflex de mettre les mains et vomis sur le sol le peu de chose ingurgité dans cette ville. Ça ne change rien. La douleur est toujours là, lancinante. Mais mes reflex reviennent. J’essuie ma bouche d’un revers de manche, me relève et garde une main appuyé contre le trou béant possédant autre fois mon œil droit, tentant de calmer la coulée de sang qui s’en échappe. Et alors que je traîne des pieds dans les dédalles, une question me vient. Pourquoi ?