Le cri du hérisson blesse

La colère monte quand il entend l’autre le traiter de lâche. Il laisse tomber le pistolet à paintball dans les cendres. T’veux te battre la tafiole ? Et il se rapproche du brun d’un pas furieux. Si Février ne s’était pas mise en travers de son chemin il serait allé jusqu’au bout. Là, derrière Février il ne peut que lancer un regard noir à Gabriel. Putain ce qu’il a envie de lui ravager le visage. Tellement envie qu’il pousserait bien la brune pour ça. Mais il se retient, toisant en silence le brun. Il ne sait pas ce qui le retient d’ailleurs. Mais il attend que Février est finit de parler pour rajouter d’un ton mauvais :

- J’lui ai rien fait à ta sœur. Elle se débrouille très bien toute seule.

Ouais autant pour me claquer que pour me rouler une pelle, elle n’a pas attendu ton avis bouffon. C’est toi qui devrais la laisser tranquille. Putain. Comme dans le souvenir, le brun a tout cassé. Pour une fois qu’il s’éclate dans c’te ville de merde. Il se retourne pour ne plus voir sa sale tronche et s’éloigne, fourrant ses poings serrés dans ses poches. Les retrouvailles entre frère et sœur, nan merci.

Il n’écoutait pas vraiment sa sœur qui parle. Seul le souvenir de l’autre type aux cheveux blancs avec sa sœur passait en boucle dans son esprit. Il focalisait malheureusement dessus. L’autre avait jeté son pistolet, bien allons-en aux mains si tu veux lâche. L’autre fit un pas. Lui serra les poings et s’avança aussi jusqu’à ce que Morgane les arrête. Il fulminait mais prit une position moins plus douce en voyant sa sœur entre eux deux. Non il n’allait pas la blesser, même si c’était pour casser la gueule à l’autre. Il n’en valait pas la peine, il venait de retrouver sa sœur merde.

Elle tenait la photo dans sa main et Gabriel trembla. Il s’en voulait de l’avoir faite tomber, elle ne l’aurait pas si ce n’était pas le cas. Une de ces mains rentra dans sa poche pour caresser sa photo avec Régis et le paquet blanc. Au moins, il n’avait pas perdu ça. Il retira prudemment sa main. Il fallait répondre à la petite et le gars aux cheveux blancs parla à nouveau. La colère reprit place dans les veines de Gabriel.

« Va te faire veux tu ! »

Mais l’ex compagnon de sa sœur s’en allait déjà et Gabriel quitta à nouveau sa position d’hostilité pour redevenir doux envers son lien de sang.

« Oui c’est ça. Je suis ton frère je m’appelle Gabriel et tu es ma sœur, Morgane. Tu ne te souviens pas du tout de moi ? »

Sa voix avait été un peu cassée à la fin. Il était triste qu’elle ne se rappelle même pas de lui. Sa propre sœur. Mais tant pis. Il avait bien oublié Régis après tout, il ne pouvait la blâmer.

« Tu ne devrais pas être ici. C’est dangereux cette ville. »

Elle hoche négativement la tête. Non, elle ne se souvient pas de lui. Du tout. Elle se sent un peu mal pour lui, qui a du s'imaginer des retrouvailles familiales trop bien et tout. Mais non. Non à cause d'elle. Parce qu'elle a fait le choix égoïste de ne pas se souvenir. Parce qu'elle a voulu se faire confiance, sans doute un peu trop. Défier la norme. Tant pis. C'est fait, c'est dit, c'est trop tard. Je me souviens pas, mais c'est pas grave. Mes souvenirs, c'est ce que je vis maintenant.

« Écoute, j'ai pas choisi d'atterrir ici. Enfin, si, peut-être. Mais bref, je m'en rappelle pas, alors t'as pas à me faire la leçon. T'es mon frère, pas ma mère, ok ? En plus t'as vexé Matt, je crois. »

Faut dire qu'on commençait à s'amuser, avant que t'arrives, se garde-t-elle d'ajouter.

« Matt, attends ! » Lance-t-elle au sportif en trottinant pour le rattraper. « Il peut rester avec nous un moment, hein ? Ça te dérange pas ? »

Elle l'attrape par le bras et lui lance un regard insistant qui signifie « accepte. » Il a intérêt à dire oui.

Matt continue de marcher, ignorant la discussion de Gabriel et Février. Il s’éloigne de la présence de l’autre débile qui lui est insupportable. Et étrangement le fait de mettre quelques mètres entre eux le calme. Son regard se baladant autour de lui il se demande un instant s’il y a encore de l’eau ou si tout a cramé. Ouais c’est qu’il commence à avoir soif avec tout ça. En quête d’une boisson quelconque il se fait soudain tirer par le bras par Février. Hein de quoi ? Si ça me dérange ? Mais non voyons on a juste faillit se battre les seules fois où je l’ai vu autant en souvenir qu’ici mais à part ça tout va bien, c’est mon meilleur pote. Evidemment que ça le dérange. Il ne veut pas de ce brun avec lui. Et il compte bien lui répondre ça, sauf que le regard insistant de la brune le fait soudain changer d’avis. Lui lançant un regard plein de défi il lui demande à voix basse :

- Et j’ai quoi en échange ? Ton corps ?

Hin hin t'es pas chiche d'accepter. Il sourit. Ouais il veut bien la brunette dans son lit. Même si pour faire chier Gabriel il se contenterait que d’un baiser. Mais là il se prépare surtout à parer la réaction de Février, c’est qu’elle est violente quand elle veut.

Elle le rejeta. Encore une fois. Elle ne se souvenait pas de lui et pourtant elle arrivait à lui sortir les mêmes répliques, à le faire sortir de ses gonds. Ne remarquait-elle donc pas qu’il tentait de la protéger et non de lui faire la morale. C’était comme dans son souvenir. Ah Morgane, tu me tueras. Et la voilà qui reparlait de Matt, fuck ! C’était rien ce gars, qu’un passage de sa vie bientôt ça ne serait qu’un ex qui lui aura brisé le cœur et elle reviendra vers lui. Mais pourquoi Gabriel comprenait tout ça et elle, elle était incapable de le voir. Etait-elle si stupide pour toujours tomber sur le grand méchant loup ? Car oui il n’était rien d’autre qu’un méchant loup qui la briserait. Il en était convaincu.

Elle courra vers lui, l’attrapa. Il resta de marbre, la regardant faire sans rien dire, sans même essayer de la retenir. Il aurait pu dire quelque chose mais ça aurait été trop pathétique. Après tout, comme elle le disait si bien « il n’était pas sa mère ». Oui mais en même temps elle était trop jeune, trop naïve. Il allait la briser il allait. IL A DIT QUOI ?!

En quelques pas Gabriel rejoignit les deux anciens amants. Lui se souvenait sûrement des soirées passées avec Morgane mais elle non et maintenant elle n’était pas obligée de refaire les mêmes erreurs. Il poussa violement Matt en arrière et se mit devant sa sœur comme une parade. Sa voix tremblait sous la colère.

Du coup, elle a du mal à comprendre. C'était juste une blague, non ? Elle se serait contentée de répondre "uhm... Je sais pas... Tu le mérites, t'es sûr ?" avec un air provocateur et ç'aurait été réglé. Mais avec l'intervention de Gabriel, elle se demande si finalement, la proposition n'est pas sérieuse. Qu'est-ce qu'ils veulent, en fait, tous les deux ? A-t-elle été imprudente avec Matt ? Ou alors est-ce que son nouveau frère exagère carrément ?

Et les insultes fusent. Le doute revient, lancinant. Qu'est-ce qu'elle est censée faire dans des situations comme celles-ci ?

« Ne le touche pas ! »

Le cri est sorti tout seul, de nulle part, peut-être d'un recoin refoulé de son inconscient.

« Arrêtez-vous. Maintenant. J'veux pas avoir à vous ramasser à la petite cuillère. On dirait deux gros gamins de primaire, et j'suis pas votre baby-sitter ! Arrêtez de vous battre, c'est énervant ! Et Matt, n'essaie même pas de lui en coller une, même s'il le mérite peut-être, après ça. »

Pour une fois, Morgane est sérieuse. Même si pour elle, Gabriel apparaît comme l'intrus du tableau - et oui, elle l'a rencontré après Matt, bien que techniquement, ils se connaissent d'avant -, il a l'air de la connaître. De s'être attaché à elle. Alors elle n'a pas envie de l'envoyer promener comme il se doit. Elle n'a pas envie de lui faire du mal. Mais elle a l'impression qu'elle doit choisir un camp, et elle n'est pas sûre de pouvoir prendre position maintenant.

« Je vous demande pas de devenir les meilleurs amis du monde, non plus. Supportez-vous, le temps qu'on sache quoi faire. On est dans un centre commercial, y'a peut-être des restes de nourriture ou de boisson, des produits d'hygiène, des vêtements, je sais pas. Si on se sépare pour chercher tout ça, vous pouvez vous calmer ? »

Elle ne veut lâcher ni l'un, ni l'autre. Mais elle comprend qu'ils ne pourront jamais rester côte à côte sans vouloir se taper dessus. Les mecs... Pourquoi ils sont si compliqués, parfois ?

(un petit post qui sert à rien, désolée d'avance \o/)

Je suis fatiguée. Je commence à avoir les nerfs. Ça crie, ça fait des avances malsaines, ça protège. Pourtant je ne me sais pas colérique. En fait, je ne le suis même pas, je suis juste désolée. Un petit rire jaune assez fort s'échappe d'entre mes lèvres. Ils croient que c'est en s'engueulant comme ça et en perdant du temps que l'on va sortir de cette Ville infernale ? Qui m'aime me suive, mais moi je pars à la recherche de June.

« Crépuscule ! Viens, on s'en va. »

Le louveteau me suit, et je passe à côté de Reflet. Qu'il reste ou me suive, peu m'importe, je veux secourir June, et au plus vite ! Où a-t-elle pu aller ? Réfléchie, Ēkā. Ce qui est sûre, c'est que la Ville aime envoyer les gens dans des zones inconnues… Il faut que je cherche une route que je n'ai pas encore utilisée depuis mon arrivée. Ma cheville me fait mal, mais ce n'est pas ça qui m'arrête.

L’autre le pousse. Et pendant sa tirade Matt le regarde, un sourire narquois collé aux lèvres. Ce crétin répond à toutes ses provocations, et ça l’amuse. Cependant il tique aux paroles de Gabriel. L’avoir avant ? Parce que je l’ai «eu » avant ? Comment j’peux deviner moi, j’ai plus de mémoire. Mais cette information ne fait qu’agrandir son sourire. C’est ça hein, c’est ça qui te fait rager le frérot. La possibilité qu’il l’ait déjà « eu ». Et puis Février qui leur fait la leçon. Putain ce qu’il supporte pas ça. Et non, non il ne va pas frapper l’autre débile. Parce que c’est sûrement ce que veut Gabriel, pour après prouver qu’il est le grand méchant de l’histoire. Alors oui Matt va rester gentiment les mains dans les poches à soutenir le regard du mec qui lui fait face. Lui montrer que c’est lui qui fait chier le monde. Le supporter ? Ne comprend-t-elle donc pas que c’est justement ce qu’il ne peut pas faire ? Alors il répond à la brune, son regard insolent toujours rivé sur Gabriel :

- Non.

Non il ne veut pas rester avec lui. Oui, se séparer le calmera. Mais il sait que dès qu’il le reverra il ne pourra s’empêcher de le provoquer. Alors même pour faire plaisir à Morgane, non. Parce que de toute façon il ne respectera pas ce qu’elle lui impose. Il reprend, regardant la brune cette fois :

- Ton frère il pète des câbles tout seul, j’crois qu’il connait pas l’humour.

Il fait passer sa question pour une simple blague. Il ment très bien quand il en a envie. Et comme il sait qu’un des deux doit partir et que ce n’est pas le grand frère collant qui laissera Février, il rajoute avec un sourire pour elle :

- Désolé Février, c’était fun de te revoir. A rivederci.

Il lui lance un clin d’œil et en partant passe à côté de Gabriel sans lui lancer un regard. Sûr que la prochaine fois rien ne l’empêchera de lui casser la gueule.

Spoiler:

(Sorry si il y a des trucs chelou ou qui sont pas tout à fait exact ; hésitez pas à me le dire !
... et pardon du retard aussi, évidemment x))

J'avais du mal à suivre, à comprendre les agissements de chacun, à décrypter leurs pensées. Beaucoup de gens en très peu de temps. Il m'en manquait pour les analyser. Par qui commencer, par où débuter ? C'était tellement bordélique dans ma tête, je ne m'y retrouvais pas. Et quelque part, ça m'irritait. J'avais beau cherché, je crois que tout ceci me passait au dessus. Je n'y accordais sans doute pas autant d'importance que je le pensais. Les affaires de jalousie, de drague, ça me faisait esquisser un sourire gêné, rien de plus. Quant à la disparition soudaine de June et Luna, ça, ça m'inquiétait plus sérieusement. Je me faisais du soucis. Certes, je ne les connaissais pas, mais j'avoue que mettre à plus tard leur sujet pour une partie de paintball et autre me paraissait bien égoïste. Je tentais de ne pas juger trop vite, mais bien malgré moi, j'étiquetai ce défaut à Matt, Février et Gab, qui ne se préoccupaient que d'une broutille - à mon égard -. Cela étant, j'avais comme cette compassion avec Gab. Protéger un être cher, une soeur... son attitude me touchait au delà des apparences.

Soulevant mon postérieur du sol, je vis Eka passer devant moi, lançant une phrase populaire en parralèle. Crepy, toujours collé à sa botte, lui emboitait le pas. En voyant Matt partir de son côté, et Gab et la dénomée Morgane - d'après ce que j'avais cru comprendre - restaient ici, je me disais qu'il était probablement plus raisonnable de suivre ma Emu, d'autant plus que je ne souhaitais pas qu'elle se perde elle aussi. Ce serait une occassion pour le frère et la soeur de lier des liens plus profonds. Avoir quelqu'un sur qui compter, sincérement, et particulièrement dans cette ville était essentiel. En ce qui concerne, j'avais trouvé ma personne. J'espèrais qu'ils trouvent la leur également.

« Faites attention à vous, Gab, Morgane. »

Un sourire franc courba mes lèvres, et mon expression démontra toute mon inquiétude. Se séparer n'était peut-être pas une bonne idée, mais en vu des circonstances, persister à vouloir retenir des gens n'ayant pas le même but ne pouvait conduire à un groupe fonctionnel.

Je les saluai d'un regard avant de centrer mon attention sur la princesse courageuse qui se tenait devant moi, déjà bien avancée dans sa démarche. Je courus la rejoindre, par peur de la perdre de vue et lui attrapai la main pour l'inciter à m'attendre. Surprise, elle se retourna vers moi, et je déposai ma seconde main sur sa taille. Les bras bien tendus, je nous fîmes danser, un, deux, trois tours, riant comme un idiot face à la tête qu'elle me tirait.

« Dans les disneys, une danse présage souvent un heureux événement ! » lui dis-je en la détachant doucement de ce qui se rapprochait le plus d'une étreinte.

Morgane cria lui demandant de ne pas le toucher, il s’arrêta et recula de quelques pas. Après tout c’était sa sœur qui avait demandé. Elle commença à leur parler, il l’écouta attentivement puis hocha de la tête avec une moue un peu déçue. Bien sûr qu’il aurait préféré casser la figure à cet abruti mais il n’est pas idiot, si Matt partait, elle le suivrait et il ne veut juste pas perdre sa sœur. C’est la seule chose qu’il a dans cette ville. A moins qu’il ait ses parents. Il se mit à prier Dieu sans réfléchir et lui demander que ses parents ne soient pas là.

Soudain une fille arriva près d’eux, Gabriel ne l’avait pas remarquée avant. C’est la fille dont Matt prenait soin. Eka. La copine de June… June ! Il jeta un coup d’œil aux alentours. Où était June ? Il avait ressenti comme quelque chose qui l’attachait à la jeune femme, de l’affection. June. Oui il se rappelait nettement d’elle. Il empoigna le bras d’Eka pour la forcer à s’arrêter, la relâcha immédiatement et la questionna.

« Où est June ? Elle va bien ? »

Un petit brun arriva aussi et prit Eka. Donc Eka avait trouvé quelqu’un d’autre pour prendre soin d’elle et Matt s’était tourné sur Morgane. C’était donc ça le truc. Sauf que Matt était un con et que Morgane était amoureuse de lui. Ah si il avait pu changer le passé, récupérer Morgane avant Matt, la protéger de lui. Mais non monsieur l’avait eu et… monsieur la voulait rien qu’à lui. Gabriel ferma son poing en attendant Matt qui leur disait au revoir. Il était convaincu que sa sœur le suivrait. Elle était tellement naïve. Il regarda Morgane qu’il tint devant lui. Il retient le grognement « bon débarras » qui lui brûlait les lèvres et d’une voix douce parla à sa sœur.

« Morgane. Je sais que tu veux aller avec lui alors suit le. De toute façon tu ne te rappelles que de lui. Mais quand il te blaisera, rappelle toi que tu as un frère ici et que je serais toujours là pour toi. Je t’aime fort Morgane. »

Il la prit dans ses bras de force, ravalant ses larmes. Il avait un peu joué au martyr afin d’être sûre qu’elle ne reste avec lui mais ce n’était peut être pas la bonne méthode. Au moins il était un grand frère « sympa » et si elle devait mourir, elle mourait avec cette vision de lui. Et lui. Ba il allait pouvoir finir son paquet de merde et finir ses jours dans ce centre commercial. Après tout qui l’attendait… Régis ? Mon œil. Il avait sûrement trouvé un autre. Meilleur.

Elle les regarde danser, amusée. Leur insouciance l'amuse. Doucement, elle laisse s'échapper un souvenir qui s'approche de Reflet. Touchera ? Touchera pas ?

Spoiler:

Et petite sphère malicieuse réapparue, telle un ange au dessus de l'épaule d'Emu. L’événement heureux, était-ce celui-ci ? Je l'espérais. J'avais de l'appréhension cette fois-ci. Sur quel souvenir j'allais tomber, quelle bribe du passé allait me hanter. Semblant hésiter au premier abord, j'approchai ma main lentement vers la lumière jusqu'à finalement, étreindre avec douceur mes doigts sur cette dernière.

Le souvenir s'intègre lentement à la mémoire de Reflet, et le passé refait doucement surface.

Reflet:

Gabriel m'avait retenu quelques instants avant que je ne parte. Je lui répondis, inquiète et triste :

« C'est justement ce que je cherche à savoir… Je vais la chercher, si tu veux venir, rejoins-nous ! »

Il me lâcha, et je pus me dépêcher, enfin, c'était un bien grand mot, disons que je tentais de me dépêcher. Crépuscule vint à ma suite, et je continuai tout droit, en grande spéculation. Je n'avais pas vu le côté Nord de la ville. Sans doute la Ville l'y avait-elle envoyé ? Je pouvais entendre aisément Reflet parler à l'intention de Gabrie et Morgane, Matt étant parti voir de l'autre côté de la prairie si l'herbe y était plus verte. Je passai une main dans mes cheveux, décidée à me rendre vers le Nord lorsque je sentis une main agripper la mienne pour me faire valser, un petit cri surpris s'échappant d'entre mes lèvres. Une main passa sur ma taille - oh Kamisama - et une autre prit simplement une des miennes, et une danse s'imposa, des rires provenant de mon partenaire me faisant relever la tête. C'était Reflet. Mes yeux étaient écarquillés, et je rejoignis le rire de Reflet, communicateur, même si je ne pouvais pas savoir pourquoi il riait - y avait-il une raison particulière pour faire danser le cœur dans les airs ? Non, et je commençais à ne plus rien comprendre, à quoi bon ? Bien que ma cheville me faisait mal de temps à autre, je m'en fichais, éperduement. Reflet me dit que dans les Disneys, quand on dansait, ça ne pouvait apporter qu'une surprise joyeuse. Pour une raison qui m'échappait, je ne pus que le croire. Lui même était joyeux. Ça me comblait.

Soudainement, la sphère lumineuse vint sur mon épaule, et Reflet la toucha. Il fut comme en transe, et ce fut en le tenant dans mes bras que je pus éviter une chute plausible. J'eus un petit sourire et décalai une de ses mèches de son visage.

Ses étoiles, depuis sa Lune, ne peuvent qu'être belles et joyeuses pour qu'il soit si heureux.

Une impression de faire partie d'un autre temps. Je m'y voyais, là, en train de chercher quelque chose ou quelqu'un du regard. Puis elle se plaça, juste ici, devant mes yeux. Je vis d'abord ses longs cheveux roses, et je n'en eus pas besoin de plus pour comprendre de qui il s'agissait. Je les reconnaissais parfaitement. C'étaient ceux d'Emu. Elle aussi semblait à la recherche d'un élément inconnu. Je fis le lien un peu plus tard. C'est lorsque je me vis avancer vers elle et l'elancer que tout s'éclaira. Quand elle se retourna, mon coeur battut si fort. Invraisemblable. Je paraissais tellement serein, et confiant tandis que elle était manifestement mon oposée. Timide, tellement adorable. Le Reflet de moi-même ne se priva pas de l'embrasser, ni de la toucher. Emu prononça alors un nom, que je sus mien, et l'on dansa, avant que je dise à mon tour son prénom que j'avais autrefois entendu dans mon précédent souvenir. Aishiteru, Anju... lui avouai-je si facilement, comme si je m'y étais entrainé toute ma vie.

Puis la lucidité revint, je repris mes esprits. Légérement perturbé, j'eus du mal à me situer. Etait-ce encore un rêve ou étais-je bien dans la réalité ? Une main me retint de tomber, m'éclairant en parrallèle sur la vérité. Mon regard sur la dite main se souleva ensuite jusqu'aux yeux de la personne en face de moi. Emu. Non. Anju. C'est tellement absurde mais la volonté de savoir que la ville ne m'avait pas menti était telle que mon première reflexe fut osé.
Je me penchai, attrapai son visage entre mes mains et l'embrassai. Des lèvres si douces...

Sensation identatique.
Mon corps frémit et mon organisme s'emballa. Je me redressai contre mon gré, si bien lotti contre elle, et plongeai mon regard dans le sien. C'était elle, ma Anju. Et elle m'avait...

« Trompé. Tu m'as, trompé. » lui dis-je, me reculant un peu plus encore pour ne pas empiéter sur son espace. « Pourquoi m'as-tu trompé ? »

C'était davantage une question que je posais. Probablement que je devais être étrange à ses yeux, mais aux miens, c'est elle qui l'était. Comment cet être si mignonnet avait-il pu me tromper ? Et comment moi, ai-je pu être aussi entreprenant ? N'étais-je qu'un mauvais petit-ami ?

Me rendant compte qu'elle ne gobait mot de ce que je lui baragouinais, je lui souris faiblement et lui expliquai, retirant doucement ma main de mon bras pour qu'elle se rassure sur mon équilibre.

« Je crois bien que tu étais ma petite amie, » ris-je, sans vraiment trouver ça drôle. « Je m'appelle Kazu, à moins que ce soit un pseudonyme. Quant au tien, c'est Anju. C'est un joli prénom, tu ne trouves pas ? »

Oh non, bien sûr que non, je ne gérais pas la situation aussi facilement. Dans ma tête, un bazar par croyable, mêlé à des débuts de maux de têtes. Deux fois, c'était visiblement trop peu pour en faire une habitude ...

( Suite ici pour Reflet, Eka (et maybe Gabriel ?) )

Matt est quand même plus cool que Gabriel, quand elle y repense. Il n'est sans doute pas assez raisonnable, mais elle s'en fiche. Elle ne l'est pas non plus. Sauf que Matt, il s'en va. Elle a bien envie de faire pareil, mais ça vexerait sans doute son frère... Bah, depuis quand ça compte, de vexer quelqu'un ? Elle n'a pas envie de lui faire de la peine.

« Ciao Matt ! À plus tard ! »

Parce qu'elle compte bien le rattraper après. Gabriel s'adresse aux deux autres puis la pris par les épaules et lui ressortit son discours moralisateur digne des plus grands épisodes de Pokémon.

« C'est gentil, Gab'. Mais tu sais, je me rappelle pas de lui. Enfin, pas d'avant cette ville, je veux dire. Pas plus que de toi. »

Il la prends dans ses bras. Okay, chacun sa méthode pour avoir un câlin... M'enfin. Elle passe ses bras autour de son dos et finit par le patpater gentiment.

« T'inquiète, ça va aller. Je risque rien, pour l'instant. Je peux me débrouiller seule. Fais attention à toi aussi, hein ? Je veux dire, si t'abordes tout le monde comme ça... Enfin, à plus. On se recroisera bientôt, j'espère ! »

Elle lui fait un bisou sur la joue - quelle bonté, c'est fou... Mais si ça peut rassurer le grand-frère over-protecteur et l'empêcher de la stalker, pourquoi pas ! Elle se retourne et adresse un sourire à Gabriel. Et arrête de me prendre pour une gamine de trois ans, patate ! Je peux me débrouiller seule. Qui a traversé un lac immense sur la tête d'un serpent de mer géant, hein ? Certainement pas le brun ! Elle repart en courant pour rattraper Matt, après un dernier regard espiègle vers son fragin.

Tu vas voir. Je peux le faire !

Elle fait un détour par le rayon hygiène féminine et ramasse une boîte de tampons au passage. Maintenant les choses sérieuses peuvent commencer ! (Et oui, l'équipement, ça fait toute la différence, voyez-vous.) En avant pour retrouver Matt !

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