« Je dois sauver October, elle m'appelle ! Je veux pas encore revoir un cadavre, encore moins celui d'une personne que je connais ! »

Je rouvre un instant les yeux, dans une semi-conscience. Un rêve ? Etais-je simplement morte, de façon tellement pitoyable ? C’était… stupide.
C’était hors de question.
Je puise dans toute la volonté que je pouvais trouver à travers la haine que j’ai pour cette ville, pour mon passé étrange et qui me fait horreur, et mon amour pour Landscape. J’ouvre vraiment les yeux. Quand m’étais-je évanouie ? La peur, le dégout et la sensation de mourir en était sans doute la cause. L’idée de mourir, aussi. Et c’était un véritable miracle que je sois toujours entière.
Dans la gueule de Shenzi, certes. Mais entière et vivante. Vivante.
Vi-van-te.
Je ne sais pas ce que j’ai contre la mort ; mais je ne veux pas qu’elle m’ait. Je sens une envie irrépressible de me rouler en boule et de tout oublier à la simple idée que je sois tellement en danger. Mais une simple pensée m’empêche d’abandonner. Ce n’est que si j’abandonne que je suis condamnée. Même si je ne sais pas si je peux m’en sortir, la seule chose qui est certaine c’est que la mort ne pourra que m’attendre si je laisse tomber. La vie n’a pas le droit de m’abandonner.
One ne se débarrasse pas de moi aussi facilement. Même si, à cause de cette peur irraisonnée, je n’arrive pas à trouver la force de me débattre.

« Espèce de crétin ! Imbécile ! Mais qu’est-ce qui te prends ?! T’es con ou quoi ?! Tu comptais faire quoi ? Te jeter dans sa gueule ? Te faire bouffer, mâcher ?! Le truc avec les marais ne t’as pas suffi ?! Tu crois que je serai toujours là pour te soigner ?! »

J’écarquille les yeux. Je n’avais donc pas rêvé de la voix de Landscape ? Mais alors…

« Tu crois vraiment que c’est avec ton minable couteau suisse que tu vas lui faire mal ? Tu l’as bien regardée, cette chose ? C’est pas en te jetant dans son estomac que tu vas faire sortir October. »

Je serre les dents. Landscape comptait risquer sa vie pour moi ? Hippocrate –car c’était lui, évidemment- l’avait au moins empêché de tenter ce suicide. Mais l’idée qu’il tente de me sauver au mépris de sa propre sécurité me donne soudain une claque ; je serre les poings par réflexe. Surement pas !
Dans un élan de courage, de volonté, de force et d’amour, je tente de me redresser. Sentant que je glissai sur la répugnante surface gluante de la gueule de la hyène monstrueuse, je pousse un léger cri. Mais une dent qui passait par là, même glissante, me permit de ne pas tomber à nouveau. Je m’écarte sans attendre du dangereux organe jauni, et essaie d’atteindre comme je peux là d’où provient la lumière. La sortie de la gueule. Seulement, dans le rythme où le monstre court, les dents s’entrechoquent presque ; je m’imagine avec angoisse me faire déchiqueter sans pitié. Je serrai les dents, avant de hurler :

« Jaden ! Ne fais pas l’idiot et écoute le vieux ! »

Voilà. Je sens une boule dans ma gorge à l’idée de ne rien pouvoir faire de plus à part rester là à attendre et espérer. Cette Ville a vraiment une dent contre nous.

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