Confrontation with the enemy ?

04-06h

Novembre n'avait pas confiance en l'intérieur du centre commercial. La galerie, sombre et déserte, ne lui inspirait rien. Poussière, partout, maîtresse des lieux. Et lui, tout seul, avec la dynamo dont il ne se servait même pas, sur le point de traverser le long couloir. Utiliser la lampe ? Non, pas là, il serait facilement repérable si quelque chose ou quelqu'un se cachait derrière un vieux pot de fleur renversé ou un carton vide qui traînait. Se montrer vulnérable ne figurait pas dans ses plans.

C'était fou comme l'instinct de survie revenait vite. Mais il avait beau scruter la pénombre d'un œil attentif, il ne percevait aucun signe de vie autre que les glapissements de Décembre, qui faisait sûrement tout un crique pour se trouver des vêtements dans le magasin qu'il venait de quitter. Hécate et la furie rousse semblaient encore discuter - tss, c'était bien les filles, ça, toujours à papoter au lieu d'agir, sur des vêtements en plus ! -, et il espéra que leurs discussions n'allaient pas attirer d'éventuels individus hostiles. Après tout, un centre commercial à l'abandon contenait des vêtements, des vivres, et sans doute une bonne provision d'eau, à supposer que tout ne soit pas périmé.

Un bon squat pour une bande paumée comme eux.

Malgré ses efforts pour se déplacer avec discrétion, ses pas donnaient quand même naissance à un léger écho lorsqu'il marchait. Ne quittant pas l'obscurité des yeux, il surveillait le moindre mouvement devant lui. Devant lui, justement, parlons-en. Il relâcha quelques instants son attention pour constater que le super-marché se dressait juste devant lui. Les caisses et les barrières antivol permettaient un accès facile. Peut-être même un peu trop, après tout, il était à Nulle-Part. Il arqua un sourcil avant de balayer ses doutes. Même à Nulle-Part, il y avait des super-marché normaux. Le paranormal, ça arrive après, une fois qu'on a bien cru s'être tiré de l'étrange. Devant... Mais derrière ?

Des pas, légers. Hécate... ?

• 04h-06h
New game

« Azy, j’aime bien ta voix. »

Hécate hausse un sourcil interrogateur à la réponse de Décembre. Sa voix ? Qu'est-ce que sa voix vient faire la dedans ? En plus, elle n'a vraiment pas l'impression que sa voix a quoique ce soit d'exceptionnel. Cependant, elle comprend qu'elle n'en saura pas plus, Décembre a déjà détourné le regard. Elle décide de se contenter de cette réponse. Et puis si l'envie prend à la rouquine d'en parler un jour, et bien elle sera là pour l'écouter. Prise d'une soudaine inspiration, la brunette place sa lampe de poche dans l'autre main de Décembre. Déjà qu'elle ne voit rien de précis, mais si le noir l'empêche de distinguer ne serait-ce que des contours, elle risque à un moment où à un autre de se prendre quelque chose et de trébucher.

Elle sent cette dernière qui serre fort sa main dans la sienne, avant de la lâcher doucement, avec comme simples mots "j'te dis merde". Ce qui fait sourire Hécate, qui ébouriffe une dernière fois les cheveux roux en bataille devant elle. "Hum... merde toi aussi. Pense à te servir de la lampe de poche !", ajoute-t-elle tandis que la petite s'éloigne pour aller trébucher sur Calvetti, un peu plus loin, tirant de nouveau un sourire à la brune.

Et maintenant ? Elle décide de suivre Novembre, qu'elle voit s'éloigner là-bas, dans la galerie. D'ailleurs, si elle ne se dépêche pas... Ça y est, il disparait à l'angle du magasin. Elle accélère un peu le pas. Surtout, ne pas se laisser distancer, ne pas le perdre. Sinon, elle va se perdre elle-même. Elle fait une grimace légère, en songeant à cette lampe de poche qu'elle a laissé à Décembre, et qui lui serait tellement utile. Puis elle repense à la gamine accrochée à son bras, et soupire. Elle a bien fait de lui laisser cette lampe, voilà tout. Même si elle risque de finir par terre d'ici peu.

Elle débouche dans la galerie et aperçoit Novembre, quelques mètres plus loin. S'approche rapidement de lui. Ses pas résonnent dans le silence. Alors elle joue, à les rendre les plus discrets, les plus légers possibles. Silence, silence. Novembre se retourne, il l'a sans doute entendu. Qu'importe, elle est déjà près de lui, un pas, encore un... Elle attrape le sweet sombre de Novembre du bout des doigts.

- Qu'est-ce que tu fous dans le noir ? Elle a chuchoté, comme si le silence était sacré. T'avais pas une lampe, toi ? Enfin bon. J'ai filé la mienne à Décembre alors...

Elle ne finit pas sa phrase. Une fois de plus. Peut-être que même comme ça, ça suffira à justifier le fait qu'elle reste accrochée à lui ? Et puis si il dit non, ou se dégage.... et bien elle restera assise ici, dans le couloir. Sitting. "Aujourd'hui, manifestation contre les gens qui ne veulent pas qu'on se tienne à eux. Rendez-vous au centre commercial de la Ville". Elle lève enfin les yeux pour regarder l'endroit où ils se trouvent. Devant eux, le supermarché du centre. Très bien. Tout ce dont ils ont besoin est là, non ?

- On... on entre ?

Hécate, en effet. Hécate, qui s'était glissée derrière lui aussi discrètement que possible. Hécate, qui posait des questions en s'agrippant à son sweat. Il eut envie de lui demander pourquoi elle avait refilé une lampe qui ne faisait pas de bruit à une sauvage pas discrète dans le genre de Décembre, mais se ravisa. L'esprit de groupe, tout ça... Ouais, ils étaient un groupe, maintenant. Il ne réalisait pas encore bien ce que cela signifiait, mais il devrait s'y faire. Bizarrement, la pensée d'appartenir à une "équipe" n'était pas pour lui déplaire. Tant que c'était cette équipe. En toute réponse, il haussa les épaules.

« Si, j'en ai une. Mais elle fait plein de bruit quand je l'actionne, et puis on sait toujours pas si quelqu'un ou quelque chose d'autre rôde dans le coin, mieux vaut se faire discret à partir de maintenant. Surtout qu'on est séparés des autres, alors on sait jamais. »

Si ça tourne mal, on est dans la merde, se garda-t-il bien d'ajouter à sa tirade à mi-voix. Oui oui, tirade, tout à fait, pour lui c'était une tirade. Puis la brune proposa d'entrer dans le magasin.

« C'est parti. »

Ton neutre, presque blasé. Presque, mais pas tout à fait. Pas tout à fait parce qu'au fond, c'était sympa cette exploration du centre commercial. Ça lui ferait presque oublier qu'il était amnésique et que, du peu qu'il s'en souvienne, il avait une belle vie de merde. Oui, voilà, c'était pas plus mal d'être ici, finalement. Surtout qu'Hécate était autrement plus agréable que Calvetti, quand elle n'était pas de mauvaise humeur

Oh, il aimait bien Calvetti aussi, mais bon, parfois, le calme, c'était cool. Bref, sur ces réflexions des plus utiles et des plus pertinentes, il passa entre les deux antivols les plus proches et entra dans la grande surface, la jeune femme toujours en mode glue sur son sweat. Elle avait peut-être peur du noir, après tout ? Non, ce n'était pas logique, sinon, elle aurait commencé à paniquer dans l'église. Alors elle voulait quoi ? Bon, merde, la flemme de comprendre. Son cerveau n'était pas vraiment en état d'analyser les intentions de la brune. Dommage pour lui.

Les rayons défilaient lentement autour d'eux. Novembre préférait progresser avec précaution, pour le moment. Quelque chose lui disait que la Ville leur jouerait bientôt un mauvais tour. Arrivé dans un rayon un peu au hasard au milieu de la grande surface, il ralentit encore le rythme, et demanda à voix basse :

« Bon, euh... Tu veux qu'on prenne quoi ? »

Mode indécision subite du moment on. Génial, tu vas aller loin avec ça, Nov'. Quelle remarque utile, en plus. Au moins sa perspicacité ne s'était peut-être pas magistralement envolée. Attention, le cerveau, le retour ! Ouais, il pourrait même faire un film de cette nouvelle pensée. Euh... Nan mais là t'es juste con, Nov'. T'as une fille accrochée au sweat depuis tout à l'heure et c'est tout ce que tu trouves à dire ? Bien, vraiment. Bravo.

Un instant, il se demanda si le Lui d'avant aurait fait la même connerie. Puis se dit qu'il ne valait mieux pas le savoir. L'ignorance, c'était bien, aussi.

Et puis, c'était pas comme s'ils se connaissaient vraiment. Janvier aussi s'était cramponnée à lui comme une demoiselle en détresse dans le métro. Pour autant, elle n'avait eu aucun scrupule à refaire la même comédie à Clow. Alors Hécate pouvait bien faire pareil, non ? Les circonstances étaient différentes, d'accord.

Mais quand même. Là, tout de suite, il espérait que non.

HJ:

• 04h-06h
The supermarket

Le bruit de la lampe de poche ? Elle retint un petit rire. Tu parles d'une excuse ! De toute façon, dans cette Ville, si quelqu'un ou quelque chose voulait leur tomber dessus, nul doute que bruit ou pas, il allait y arriver. Et elle n'avait pas spécifiquement envie, là tout de suite, de devoir utiliser ses poings ou ses pieds pour se défendre. Peu importe contre quoi.

« C'est parti. »

Elle a du mal à juger du ton de la voix de Novembre. Impossible de détecter son humeur. Une moue boudeuse fleurit sur les lèvres de la brunette. Elle n'aime vraiment pas ignorer ce qui se passe dans la tête de Novembre, surtout que comme elle est accrochée à son pull, si jamais il a un saute d'humeur, elle va en prendre pour son grade. A moins qu'elle n'arrive à ficher son poing dans la tête du brun avant... Elle essaye d'imaginer la tête qu'il ferait si elle lui mettait un tel coup. Surtout, ne pas rire, ne pas rire toute seule, tu va passer pour une folle, ma pauvre fille. Elle hoche la tête, signifiant qu'elle suis son... elle voudrait penser ami, mais sont-ils amis ? Que sont-ils, hein ? Des gens dans un groupe.... des groupies ? Elle grimace. Bon sang, ça ne tourne pas rond chez elle. Alors eh bien... des groupés. Oui, voilà. Novembre est son groupé. Elle sourit, satisfaite à l'idée d'avoir enrichit la langue française en ce beau jour -ou tout du moins d'avoir fait fleurir un nouveau sens pour ce mot de "groupé".

« Bon, euh... Tu veux qu'on prenne quoi ? »

Perdue dans ses pensées vocabulistiques, elle se rend compte qu'elle a faillit ne pas entendre le chuchotement de Novembre. Décidément, ils sont condamnés à chuchoter. Elle aimerait lui dire : "mais parle, c'est pas tes murmures qui vont empêcher les rayonnages de nous avaler si ils le veulent enfin !", puis retient une mauvaise blague sur "les murs ont des oreilles". Après le coup de l'église, c'est pas le moment. Et puis, elle n'a pas spécialement envie qu'il la plante ici, seule dans ce supermarché désert.

Elle jette un oeil autour d'elle. Ce qu'elle veut qu'ils prennent ? A vrai dire, elle n'en sait rien. Mais ce genre de réponse promettant de ne pas faire avancer les choses, elle se creuse la tête comme elle peut, essayant d'être logique.

- Bon.... on peut avoir besoin de... de nourriture. Et de quoi boire, qu'on ne devienne pas des momies déséchées. De couvertures aussi, non ? Et puis le reste, on avisera en se promenant...

Parce que bon, elle ne peut pas non plus imaginer tout ce que recèle cet endroit... Elle rêve de quelque chose de long, qui pourrait lui servir d'arme au besoin... un manche à balai ? Elle se demande si elle doit proposer cette solution à Novembre. De toute façon, elle n'ira pas là-bas seule. Même si le noir ne lui fait pas peur, avoir été aspirée par un mur lui semble une expérience suffisante pour ne pas avoir envie de la renouveler de si tôt. Elle tire légèrement sur le sweet pour attirer l'attention du brun.

- Et si tu ne veux pas utiliser ta lampe dans cet endroit... tu m'accompagnera au rayon ménage ?

Bien Hécate, bien, passe pour une folle et ça sera pour ton cas désespéré que les trois autres passeront des annonces : "Maniaque du ménage même quand elle est amnésiques. Soldée à un très bon prix"....

Oh...? Un souvenir flotte devant toi Hécate. Tu ne t'y attendais pas, n'est-ce pas ?

Nocturnal Encounter

Nickelback - Hero ♫

Après être sortie de la pharmacie avec October, je ne lâchais pas cette dernière du regard. Je préfère m'assurer qu'elle ne s'aggrave pas sa blessure, pas que j'ai pas confiance en elle, je dois juste être un peu protecteur. On fait partit du même groupe après tout, et je veux pas qu'il lui arrive du mal. Je lui tendais ma main avant de dire :

- Si tu as mal, dit le moi, ne force pas trop...

Je lui souriais avant de continuer ma route vers le supermarché. Une fois ce dernier en vu, j'entrais avec la brune en prenant garde de faire le moins de bruit possible. Dans la pénombre, je pouvais distingué un son, semblable à des voix, on est donc pas seul dans ce centre commercial. Ami ou ennemi ? Je regardais October avant de chuchoter :

- Il y a quelqu'un... Soit discrète...

Je passais devant en agrippant au passage un balai qui traînait sur les étalages. Au détour d'un rayon, je levais le balai, voyant que les personnes se rapprochait de ma direction. Au moindre signe suspect, je n'hésiterais pas à les frapper avec le balai, pas crédible je sais, je suis blond, faut me pardonner.

Landscape s’était montré plus que gentil, voyant bien que j’avais pas le moral au plus haut –en même temps c’était difficile à rater-. Et, petit miracle, le sourire qu’il m’adressa m’a redonné un peu de punch. Il est tellement mignon en même temps… Et puis, on est un groupe maintenant. Ce qui me réjouit un peu, même si techniquement ça ne change pas grand-chose.
Et c’est comme ça qu’on a décidé d’aller au centre commerciale, Hippocrate allant dans son coin, nous dans le notre. Après tout, c’est le plus vieux –l’ancêtre, ça le fait bien comme surnom-. Une fois de plus, protecteur, Landscape était prévenant. Je me sentis alors rougir, mais d’un autre côté, un second sentiment pointait le bout de sons nez, le même que celui quand Hippocrate s’était emporté.
Ce n’est pas à lui de me protéger. C’est bizarre de se dire ça, normalement c’est les garçons qui protègent les filles, non ? Mais rien à faire, c’est hors de question. Enfin.
On entend alors un bruit, des voix plus précisément, alors que je philosophait intérieurement sur ça. Un danger ? Quand je vois Landscape prendre son bâton, je me retiens de rire, un simple sourire flottant sur mon visage. S’ils sont humains –pourquoi je mets un si moi ? Cette ville me rends vraiment encore plus psychotique- ils ne seront surement pas agressifs. Mais d’un autre côté on ne sait jamais. Seulement, on dirait que c’est une ville d’amnésique ici. On va pas se mettre à se battre entre personnes perdues non ?
Des silhouettes s’approchent alors, dans la semi-obscurité. L’une semble être une fille et l’autre… un garçon ? Pourquoi je me sens soudain tirailler ?
Mettant cette étrange sensation de côté, je pose ma main sur le bras du blond –ou plutôt, je l’effleure, parce que sinon j’allais me mettre à rougir comme une idiote, je le sais-, lui disant :

« Je ne pense pas qu’ils soient dangereux…

Et puis tu ne feras pas grand-chose avec ton balai. »

Et s’ils étaient une menace quand même ? Quand cette pensée me frôle, je me sens frissonner. S’ils sont une menace, je crois qu’au fond de moi je sais ce que je ferais. Pour Landscape.

Eau, nourriture, couvertures. C'est noté. Alors que son regard bleu myosotis balayait vainement les rayons à la recherche de bouteilles d'eau ou de denrées consommables dans l'instant - parce que non, les pâtes crues, et le riz tout dur c'est pas son truc -, Hécate tira une nouvelle fois sur son sweat. Ça devenait une habitude, ou quoi ? Puis elle parla. "Rayon ménage." Rayon. Ménage. Bordel. S'il avait été seul, il se serait sans doute frappé le front avec la paume de sa main, en mode facepalm, parce que là... Elle ne comptait pas récurer tout le centre commercial, quand même ?! Et puis, qu'est-ce qu'elle comptait faire avec des produits vaisselles sans doute périmés depuis belle lurette et une ou deux serpillières toutes moisies, hein ?

Décidément, il ne comprendrait jamais les pulsions ménagères des filles. Mais il l'aurait accompagnée dans ce foutu rayon, puisqu'elle semblait tant y tenir, lui-même ne souhaitant pas la revoir piquer une crise comme avec Décembre. Et puis, se séparer encore rendrait l'exploration plus dangereuse. À ne faire qu'en cas d'extrême nécessité. Ou alors peut-être ne voulait-il pas se retrouver tout seul ici. Tout seul tout court, en fait - l'endroit importait peu. Mais c'était sans compter les légers chuchotements qu'il capta, à l'autre extrémité du rayon. Qui disait chuchotements disait forcément personnes, c'était plutôt rassurant. Mais il ne faisait pas confiance à des personnes qui se cachaient dans l'ombre pour murmurer dans son dos. Pas plus qu'il ne faisait confiance à cette Ville.

Puis une boule lumineuse venue de nulle part - et là, c'était vraiment le cas de le dire - vint éclairer le visage d'Hécate, la révélant en un contraste d'ombre et de lumière qui mettait ses grands yeux verts en valeur. Ou bien peut-être était-ce une étincelle dorée qui colorait ses iris ? Il n'aurait su le dire, dans la lumière jaune qui émanait de la sphère. Mais Novembre n'eut pas vraiment le loisir de s'attarder sur ses beaux yeux. À la place, il leva la tête pour fixer les supposés intrus. Là, il se demanda pourquoi Hécate avait filé sa lampe à Décembre. Braqua la dynamo en direction des bruits de voix. L'actionna.

Il avait atteint le point de non retour.

« Je crois que ce souvenir est pour toi. Je m'occupe de ces deux-là, t'inquiète. »

Oui. Deux individus, un blond et une brune foncée. Le blond brandissait un manche à balais des plus... Persuasifs. Allez, osons le mot, le pauvre gus était totalement ridicule.

« C'est une façon de dire bonjour, le balais ? Range-moi ça, t'es pas crédible, mec. »

C'était sorti tout seul. Et pour une fois, ça reflétait parfaitement le fond de sa pensée. Ils avaient l'air malins, tous les deux. Manche à balais versus lampe à dynamo, qui l'emportera dans le super-marché ?! Le brun se contenta de toiser les deux inconnus d'un air blasé en se disant que, de toute évidence, ils avaient l'air aussi paumés et effrayés que tous les autres. Personne ne comprenait la Ville. Il se dit qu'elle devait avoir ses propres règles de - non ? - logique, et qu'il fallait les découvrir pour pouvoir survivre. Peut-être qu'eux deux en connaissaient certaines ?

« Vous êtes qui ? » Demanda-t-il, en plissant les yeux, méfiant.

• 04h-06h
Remember, once again.

Elle fut interrompue dans ses pensées "ménagères" par une sphère lumineuse. Un souvenir. Elle contempla la lumière un petit moment. Avait-elle envie de savoir ? Oui, à n'en pas douter, elle voulait connaitre son passé. Peut-être aurait-elle droit à la suite de l'épisode de tout à l'heure. Elle l'espérait ! Savoir pourquoi elle avait été tellement déçue. Ce qu'étaient réellement les petits paquets qu'elle avait trouvé avec Calvetti.

Elle croisa un instant le regard de Novembre, qui la fixait de façon étrange. Elle eu envie de lui demander "quoi, qu'est-ce que t'as ? j'ai un truc sur le visage ?". Mais il avait détourné la tête. Vers les bruits. Attendez, quels bruits. Elle détourna les yeux de la sphère un instant. Des chuchotements. Ils n'étaient pas seuls.

« Je crois que ce souvenir est pour toi. Je m'occupe de ces deux-là, t'inquiète. »

Elle se fit la réflexion que le conseil de Novembre était avisé. Pour une fois. Elle tendit la main vers la lumière. La rétracta promptement à la réflexion suivante du brun qui l'accompagnait.

« C'est une façon de dire bonjour, le balais ? Range-moi ça, t'es pas crédible, mec. »

Elle tourna la tête vers les nouveaux arrivés. Une fille brune et un garçon blond. Mais peu lui importait les deux énergumènes, à vrai dire. Son regard et son attentions étaient entièrement tournés vers le balai. L'idée que quelqu'un d'autre ai pu penser à se servir d'un balai comme d'une arme lui arracha un sourire. Elle murmura à Novembre :

- Si tu pouvais récupérer ledit balai...., puis lui adressa un sourire rayonnant avant de toucher enfin son souvenir d'une main légèrement tremblante.

Et la mémoire regagna doucement l'esprit d'Hécate. Doucement, petit à petit...

Hécate:

Silly Boy

Lostprophets - Wake Up ♫

Un souvenir venait d'apparaître prêt de la brune. Le jeune homme fini par lui dire de s'occuper de son souvenir, qu'il s'occuperait de nous en attendant. Craignant le pire, je serrais le manche à balai plus fort, regardant October. Bon, d'accord, ce brun à raison, le balai ça fait ridicule, mais c'est la première "arme" qui me venait sous la main. Voyant que les deux personnes ne semble pas être dangereuse, je reposais mon balai en soupirant tout en passant ma main dans ma chevelure blonde, un peu embarrassé.

- Désolé... Je préfère prendre mes précautions... Mais vous m'avez pas l'air dangereux...

Je m'approchais du brun avant de lui dire en lui tendant ma main, un léger sourire dessiné sur mes lèvres:

- Moi c'est Landscape... Et elle, c'est October.

Je détournais mon regarde avant de dire :

- Sans indiscrétion... Vous êtes ici depuis longtemps ?

Peut-être qu'ils pourront nous renseigner un peu plus sur cet endroit... Plus on aura de piste, mieux ça sera.

Les deux garçons parlent entre eux, je ne dis rien. Que dire de toute façon ? Landscape répond pour nous deux. Et puis… Mes yeux sont rivés sur ceux myosotis du garçon au cheveux châtains clairs, et je prends plusieurs secondes à me reprendre. Je vais pas non plus me mettre en mode coup-de-foudre-débile-et-étrange pour deux mecs à la fois quand même ?
Je me secoue. Rester concentrée. Il faut mettre de côté toutes ces impressions bizarres et inexpliquées par le manque de mémoire de tout ça. Con-cen-trée.
Landscape s’ils sont là depuis longtemps, après avoir répondu à sa question. Je fronce des sourcils. J’aimerai bien savoir qui ils sont, d’abord. Je me rapproche légèrement de Landy –autant pour rester unis dans le sens propre du terme, mais aussi pour arrêter d’être déstabiliser par la sensation m’assaillant quand je vois le brun.

« Vous êtes qui, vous ? »

Récupérer le balais ? Hécate lui sourit. C'était étrange de la voir sourire comme ça, surtout après l'avoir vue en furie dans l'église. Peut-être qu'elle souriait souvent, d'ordinaire ? Et elle voulait ce pauvre balais comme arme ? Il arqua un sourcil devant la splendide magnificence du bâton. Mais il ne pouvait plus discuter, puisque la brune avait plongé dans son passé. Sérieusement ?

« Moi c'est Novembre, et elle Hécate, répondit-il, sur la défensive. Je suis là depuis hier après-midi, elle je sais pas. »

Pas d'agressivité, surtout. Eux-deux s'étaient montrés cordiaux, mieux valait en faire autant. Pas plus, pas moins, juste garder un ton neutre. Il fixa un instant la main tendu du blondinet, le dénommé Landscape, sans trop savoir quoi en faire. Un bonjour de loin, ça lui suffisait pas ? Presque à regret, il la serra rapidement avant de désigner le balais que le blond avait dans ses mains :

« Ok, à mon tour de poser les questions. Tu l'a trouvé où, ça ? Vous avez croisé des trucs bizarres depuis que vous êtes ici ? »

Il s'adressait aux deux, maintenant. C'était une info pour une info, donnant donnant. Toujours sur un ton égal, évidemment. À défaut de leur piquer un balais pourri, peut-être qu'il pourrait en récupérer un plus en état quelque part dans le magasin. Parce qu'au final, ce qu'Hécate voulait, c'était une arme, non ? À la réflexion, il avait toujours l'étrange poignard runique dans son sac, alors au grand pire du pire, ils n'étaient pas totalement sans défense. Bon, il était peut-être temps pour Hécate de revenir à elle, non ? Il n'allait quand même pas devoir lui rapporter trente minutes de conversations, ça le saoulerait vite. Enfin, ça, c'était l'argument principal de son ego. L'autre argument, c'était surtout qu'il ne tenait pas vraiment à la voir statufiée toute sa vie.

Non, elle était bien, en fait, tout à l'heure, accrochée à son sweat. Tss... T'y habitues pas trop, Nov'. Après le souvenir, elle va rester toute seule dans son coin en mode rebelle de la société. Tout le monde réagissait plus ou moins comme ça, se renfermait un peu sur soi-même pour se protéger de son propre passé. C'était douloureux, l'Histoire, généralement.

• 04h-06h
Hard return

Elle a plongé dans son souvenir, pleine d'attentes. Allait-elle savoir ? Allait-elle retrouver Calvetti ? En apprendre un peu plus ? . . . Elle aurait dû se douter que dans cette Ville étrange, rien ne répond jamais à leurs attentes. Pourquoi le quelque chose qui les a amenés ici et qui s'amuse à les voir errer, amnésiques, s’embarrasserait-il de leurs attentes ?

La scène qui se déroule dans son esprit, a, comme la première fois, un gout de réalité si intense. Les odeurs, les bruits, les sensations... tout y est. Un peu trop sans doute. Comme cette peine qui lui étreint le cœur dans son souvenir. Les images défilent, les paroles s'envolent. Ce garçon, dans son souvenir. Son odeur, la chaleur de son corps, si proche d'elle. Et toujours cette peine.

Elle revient doucement à elle. Dans sa main, il y a toujours le sweat de Novembre. Elle lève les yeux. Pourquoi est-ce que tout est flou comme ça ? Cette humidité... Elle réalise soudain que ce sont des larmes qui coulent sur ses joues, sans s'arrêter. Écho de celles de son souvenir, sans doute. Elle essaye de les essuyer discrètement. Pourquoi est-ce qu'elle pleure, hein ? Alors qu'elle ne sait même pas pourquoi la elle de son souvenir était si triste. « On va le retrouver. Je te le jure. » Retrouver qui ? Ou quoi ? Et pourquoi a-t-elle la sensation de ne pas avoir cru le garçon quand il a dit ça ? Qui est ce garçon ?

Comme les larmes continuent de couler, elle enfouie son visage dans le dos de Novembre. Il peut bien servir à ça, non ? Et puis, elle ne veut pas qu'ils la voient pleurer comme ça. Surtout pas lui. Elle est censée être forte. Forte et c'est tout. Entre deux sanglots, elle demande à voix basse au brun :

- Alors ?.. Alors, qui ils sont ? Tu... as appris des choses ?

Oui, être forte. La mission avant tout... Sécher ses larmes.

Interrogatoire

Lostprophets - Hello Again ♫

Le brun semble un peu distant... Mais il n'a pas l'air dangereux, on se méfie tous ici, si on relâche notre garde quelques secondes, cela peut nous être fatal. Je regardais October qui s'était rapproché de moi. Avec un léger sourire, ma main est allé chercher la sienne. Je reportais mon regard ambré sur le brun, Novembre à ce qui parait, qui venait de nous poser une question. Si on a vu des choses étranges... Je pense que je peux leur dire, ça évitera à de nouvelles personnes d'être blessé.

- Pour le balai, il était posé dans ce rayon. Ensuite pour les "choses étranges", j'en ai croisé pas mal depuis hier soir... Déjà, à mon arrivé, on a entendu un hurlement de loup... Un homme qui m'avait rejoint plus tard m'a dit qu'une fille les avait suivi... Ensuite, à la mairie, on a croisé une sorte d'ombre à la poste. Elle est assez dangereuse, comme beaucoup de chose dans cette ville il semblerait...

Je marquais une pause avant de reprendre, un peu plus sérieux tout en serrant involontairement la main d'October :

- Et ne passez jamais... jamais par le marais. Ne le traversez pas, contournez le si possible.

J'allais leur parler de la "pieuvre géante" quand de léger sanglots se mirent à résonner dans la pièce. Je regardais October, mais ce n'était pas elle qui pleurait. Je tentais de regarder la brune derrière le brun avant de dire :

- Hey... ça va pas ?

Je vois Landscape me sourire, et avant que je n’ai eu le temps de réagir –par un sourire timide, ou un rougissement parce que oui ça aurait été ça- il glisse sa main dans la mienne. Je sens le rouge me monter très vite au joue, alors que je reste figée. Du calme October, du calme. Tu vas pas aller jusqu’à être en chaleur parce qu’un mec se veut rassurant.
Le blond répond alors au brun, qui semble rester sur ses gardes. En même temps, on sait jamais avec cette ville…
D’ailleurs, la réponse de Landscape me donne froid dans le dos. Non, bien sur le balai trouvé dans le rayon d’à côté n’a rien de flippant, mais cette histoire de « choses étrange »… Des loups, une ombre chelou, rien que ça ? Je me sens frissonner. Je déteste toutes ces histoires. Il faut qu’on se barre de cette ville, et vite, parce que je vais piquer une crise.
La main du garçon sert un peu plu fort la mienne, quand il parle du marais. Je me souviens alors ce dont ils avaient parlé à l’infirmerie. Et je sens des frissons me reprendre derechef. Rester calme, et ne pas avoir peur. Si je me retrouve face à un tel truc –et j’espère que ça n’arrivera pas-, je verrai bien. Pour le moment, il ne faut pas être effrayée, et encore moins le montrer. Aller espèce de trouillarde-stalkeuse-de-mec.

« Il y a aussi eu un tremblement de terre chelou qui nous a fait tomber d’un pont, moi et une autre personne qui m’accompagnait. »

Tu vois, c’était pas si difficile. Ma voix n’avait même pas tremblé, même si j’avais parlé un peu vite. Ben oui, et s’il était comme Hippocrate, à se dire que je suis qu’une fille qui psychote ? Parce que oui, ce mini séisme plus j’y pense et moins je le trouve naturel. Un timing trop parfait. On a juste eu de la chance de pas être… morts.
J’avais regardé le brun en parlant, mais très vite je détourne le regard. Je ne suis pas ça. C’est hors de question. Oui j’ai eu deux souvenirs, deux petits amis. Mais je ne suis pas comme ça hein ? Non. Non non non. Mais…
Et si j’avais vraiment été une sorte de cœur d’artichaut, avant ? Je sautai sur tout ce qui bougeai ? J’étais vraiment comme ça ? Je me secoue intérieurement.
Ça ne sert à rien que je me torture les ménages comme ça. Parce que de toute façon aucune réponse ne viendra, et en plus peu importe le passé. Je ne veux pas être comme ça. Point.
Un sanglot, minuscule, qui aurait pu passer inaperçu si le centre commercial n’avait pas été aussi silencieux, se fait entendre, comme un bruit de souris. Il vient du dos du brun. Je fais vite le lien entre la fille ayant touché son souvenir. Elle avait touché ce dernier. C’était pour ça qu’elle pleurait ?
Après tout, aucun de mes fragments de mémoires n’avaient été triste, mais les sensations sont tellement réel, je me souviens encore parfaitement de la panique qui m’avait prise devant la maison délabrée de mon souvenir. Alors si un souvenir était empli de désespoir, ou de colère, ou tous ces trucs du genre… ?
Le pire, c’est que j’ai l’impression de le sentir. Cette tristesse. Pas juste le cœur serré, non, mais vraiment être mal. Je fronce des sourcils, le sentiment disparait aussi vite qu’il était venu.
Bizarre.
Mue par un étrange instinct –oui, cette ville est une bizarrerie à elle toute seule après tout- je commence à m’approcher sans réfléchir, n'appuyant pas trop sur ma cheville avec l’atèle, entrainant Landscape avec moi sans même y faire attention, avant de me figer, prenant conscience de ce que je faisais. Nous ne pouvons pas nous faire confiance. C’est comme ça, mais je ne peux pas laisser la fille comme ça. C’est vraiment plus fort que moi. Mais le brun, qui semble de nous quatre le plus méfiant, me dissuade par la seule barrière qu’il forme entre nous et la fille de continuer à avancer.
Et puis, le voir me déstabilise. Je déteste ça, recommencer ces sentiments débiles venus aussi quand le blond me souriait. Je me serais taper contre un mur.

Très bien, le rayon "ménage" était en fait juste en face d'eux. Finalement, peut-être aurait-il du se servir de sa lampe plus tôt, qui sait ? Le blond fit ensuite une liste de tous les éléments bizarres qu'il avait rencontrés, mais ce qui surprit le plus Novembre, c'est lorsqu'il parla de la poste. La poste, c'était dans la mairie, ça ! Il aurait du y aller avant de retrouver Calvetti et Hécate à la cafet'. Et le coup de "l'ombre" lui rappelait étrangement la présence néfaste qui rôdait également près de la gare. Peut-être que ce pseudo-fantôme se déplaçait dans toute la ville, à la recherche de nouvelles proies à terroriser ? Concernant le marais, ni lui, ni les autres "Maraudeurs" - et oui, il fallait s'y faire - n'avaient l'intention de s'y rendre. Pas La Flic, en tous cas, et la note laissée dans le bureau du maire à la mairie était suffisante pour l'en dissuader, de toutes façons. Il hocha la tête en signe d'approbation.

« Oui, j'ai cru comprendre que c'était un endroit dangereux. »

Pas la peine d'en dire plus, de toutes façons. Ils étaient d'accord sur ce point. Puis un léger sanglot s'échappa de... Et bien d'Hécate ? Noooon, pas possible ! Elle émergeait de son souvenir, peut-être n'était-ce qu'un hoquet de surprise ? Mais la question de Landscape et le mouvement d'October confirmèrent les craintes du brun : Hécate pleurait. Et Tentait vainement de sécher ses larmes sur son sweat, en plus. Sa petite voix s'éleva difficilement jusqu'à ses oreilles, mais il comprit tout de même la question.

Non mais si elle pleurait, c'était que quelque chose n'allait pas. Merde à la fin, on s'en fout des autres ! Parce que non, les membres de ce très bizarre et très hétéroclite groupe ne laissaient pas tomber leurs... Euh... Coéquipiers, ça marchait ? Bref, vous l'avez compris. Voyant que les deux autres étaient des empotés finis - ou qu'ils n'osaient tout simplement pas consoler une inconnue en sa présence, au choix -, Novembre décida qu'il était temps de réagir. Il se retourna et fit face à la brune, se baissa légèrement pour mettre sa tête à sa hauteur et posa ses mains sur ses épaules. Où était passé la fille déterminée qui se foutait de lui quand il se fourrait dans des situations plus débiles qu'improbables ? Il planta son regard dans les grands yeux vert-doré de la brune, se retenant désespérément de la secouer pour qu'elle revienne définitivement à Nulle-Part, dans le rayon "produits ménagers" d'un centre commercial à l'abandon, amnésique et entourée de trois inconnus aux intentions encore floues. Oui, c'était toujours mieux que de la voir sangloter et se moucher dans son sweat.

« T'inquiète, ça va aller. T'es revenue à Nulle-Part. - Il repensa à l'effet dévastateur de son premier souvenir sur son moral, se dit que le sien ne devait pas être très joyeux non plus - Je sais pas ce que t'as vu, mais ça va aller, d'accord ? - Il coula un bref regard aux deux potiches derrière lui - Ils sont pas dangereux. T'inquiète, ça va aller... Pleure pas, ça sert à rien de pleurer. Pleure pas. »

Il trouvait étrange de s'entendre dire ça. Mais il ne savait pas quoi dire d'autre. Les pleurs, c'était mauvais, dans tous les cas. On n'y pouvait rien, ils étaient là, brouillaient le monde, cachaient les pièges. C'était dangereux, de pleure, à Nulle-Part. Si elle n'avait pas été aussi sauvage avec Décembre, à l'église, sans doute se serait-il dévoué pour la prendre dans ses bras et essayer de la réconforter. Mais sans doute avait-elle encore trop de fierté pour se laisser faire, de toutes façons. Et il ne tenait pas vraiment à la revoir piquer une crise et le traiter de "sale petit monstre" - attention, c'était le summum des insultes, ça. La honte, même. Ça faisait trop peur, aussi.

Bref.

« Si t'as besoin de Maman-Calvetti pour te consoler, on peut toujours faire demi-tour, tu sais ? »

C'était vraiment le moment d'être ironique ? Oui, non, peut-être. C'était toujours le moment de dire un truc semi-réconfortant, non ?

• 04h-06h
Irony

Petit à petit, elle reprend le dessus. Sur son souvenir, sur les sentiments de son ancienne elle. Le mot clé dans tout ça, c'est ancienne. Et puis il y a ces fichus souvenirs. Elle n'est pas un bouffon qui est là pour amuser un roi tyrannique. Alors celui, ou celle, ou la chose qui leur donne les souvenirs peut aller se faire foutre. Elle ne lui fera plus ce plaisir, plus le plaisir d'éclater en sanglots comme une gamine qu'on gronde parce qu'elle ne mange pas ses épinards, ou qui a perdu son doudou.

Elle fixe Novembre, qui s'est retourné pour lui faire face. Elle a comme du mal à assimiler ce qu'il lui dit, tellement ses sentiments se bousculent dans sa tête. Alors que les larmes cessent de couler, en elle, la colère remplace peu à peu la tristesse. Aussi, quand le blond qu'elle ne connait pas, derrière Novembre, lui demande : "Hey... ça va pas ?", elle se décale légèrement pour le voir, lui et sa copine, et laisse échapper cette colère :

- A ton avis ? Si si, ça va très bien tu vois, je pleure, c'est génial non ? Youpi, je suis tellement heureuse, il faut que je pleure pour montrer ça !

Bon, ok, elle n'a pas été gentille. Mais à question idiote réponse idiote ! Sans plus s'occuper des deux autres, elle se replace face à Novembre. Qui lui répète de ne pas pleurer. Oui, oui, pas d'inquiétude à avoir, elle va cesser de pleurer. Avec un peu de chance, elle va même rayer cette faculté des aptitudes qu'elle possède. Elle fixe les yeux bleus. Il croit vraiment en ce qu'il dit... Bref, tout serait sans doute allé pour le mieux... si il n'avait pas ouvert sa bouche encore une fois :

« Si t'as besoin de Maman-Calvetti pour te consoler, on peut toujours faire demi-tour, tu sais ? »

Sa colère, légèrement retombée après avoir passé ses nerfs sur Landscape, remonte en flèche. Elle se dégage soudainement des mains posées sur ses épaules et fait un pas en arrière.

- Eh bien, je vous que Môssieur s'essaye à l'ironie ! Bien, vraiment bien.

Elle a mit tout le mépris possible et imaginable dans ses quelques mots. En elle, elle sait très bien qu'elle est en train de diriger sa colère envers la Ville contre Novembre, mais elle ne peut s'en empêcher. Elle contourne le brun, puis les deux idiots qui sont toujours plantés là, et s'empare du balai posé contre un rayon. Elle en déboite rapidement le bout. Ne reste que le manche. Parfait. Elle retourne se camper face à son compagnon de voyage.

- Et je pense que "Maman-Calvetti", comme tu dis, aurait au moins eu la décence de ne pas se foutre de moi comme ça. Des fois, il faut savoir se taire. Mais je suppose que je ne devrais pas en attendre autant de quelqu'un comme toi. Rappelle moi de te rendre la pareille la prochaine fois que tu reviendra d'un souvenir peu agréable.

Voilà, c'est dit. Elle serre un peu plus fort ses mains sur le manche à balai, fixant Novembre dans les yeux. Avant d'ajouter, pleine d'ironie à son tour :

- De toute façon, on est pas venus ici pour ça, il me semble. Alors si ça ne te gêne pas, ô-grand-roi-de-l'ironie, on va peut-être aller récupérer ce dont on a besoin.

Don't Understand

Swedish House Mafia - Who's Gonna Save The World ♫

La nommée Hécate s'était emportée suite à ma question. Je restais impassible en la regardant. Son souvenir l'a mis en rogne... Elle va même jusqu'à s'en prendre à ce qui semble être son partenaire de voyage. Je m'approche de la brune avant de me poster devant elle avant de dire :

- Je sais que je me mêle de ce qui me regarde pas, je sais pas ce que tu as vu dans ton souvenir, il t'a mis en rogne d'accord, mais c'est pas une raison pour passer tes nerfs sur les autres... Tout est la faute de cette ville, alors respire un bon coup ou défoule toi sur moi mais calme toi un peu. On a pas de temps à gaspiller pour des broutilles pareil.

Tout en parlant, j'avais sortit ma chaîne avec au bout le fameux sablier de sous ma chemise. Peut-être qu'elle se calmera un peu en se rendant compte de ça. Je retournais auprès d'October, reprenant doucement sa main dans la mienne. Je soupirais avant de dire :

- Vient, on va chercher des couvertures... Comme ils semblent pas vouloir faire "ami-ami", je vais pas faire d'effort. Quand elle sera de meilleur humeur, peut-être qu'ils reviendront nous voir. Je comprend pas les gens ici... Au lieu de vouloir s'entraider pour ce sortir de ce merdier, ils s'engueulent tous les un les autres... J'ai l'impression d'être un alien ici.

Je soupirais avant de me rendre au rayon où se trouvait les couvertures. J'en pris une première que je mis sur les épaules d'October, la recouvrant avec un sourire. Je lui ébouriffais ses cheveux avant de lui dire :

- Si à l'avenir tu as un souvenir qui passe mal, n'hésite pas à m'en parler d'accord ? Les amis, c'est fait pour ce soutenir... Enfin, à moins que tu ne me considères que comme un simple compagnon de voyage.

Après une pause, je fini par dire en soupirant :

- J'ai été un peu dur avec cette fille... Faut que j'aille m'excuser...

J’agrippais deux couvertures avant de faire marche arrière, retournant vers Hécate. Une fois prêt d'elle, je détournais le regard avant de dire :

- Désolé... Je me suis un peu emporté...

Eh ben. C’était pire que mon engueulade d’y a pas longtemps avec Hippocrate. En plus, je sens une légère boule au creux de mon ventre. Ironique ou pas, c’était pour qu’elle arrête de pleurer qu’il avait dit ça non ? Elle avait pas à s’en prendre à lui comme ça ! En plus, je l’avais même trouvé… mignon, dans son discours. Bref October, toi alors.
Mais je suis sortie de mes pensées de plus en plus amères contre cette Hécate par Landscape qui, me lâchant la main, s’approche de Novembre –d’ailleurs, novembre c’est juste après octobre… Simple coïncidence ? Non, arrête ça October-.
J’hésite à retourner m’accrocher à lui comme une bouée de sauvetage –comprenant qu’en fait, rien que le fait de l’avoir un peu plus loin m’effraie et me donne envie de le récupérer- je me retiens à cause de la présence du brun. Pourquoi ? Parce que je suis une handicapée mentale, il faut croire.
Le blond fait la morale à la brune, va jusqu’à lui dire de se défouler sur lui. Je faillis protester. Elle a pas intérêt à essayer ! Je ne sais pas me battre, mais rien à faire, elle essaie même pas ! Enfin. Une fois sa tirade terminée –décidemment, il parle autant qu’une fille-, Landscape revient vers moi. Quand il reprend ma main dans la sienne, je sens mon cœur rater un battement. Voyons, pas la peine d’en faire un foin, il veut juste pas te perdre dans le magasin.

« Vient, on va chercher des couvertures... Comme ils semblent pas vouloir faire "ami-ami", je vais pas faire d'effort. Quand elle sera de meilleur humeur, peut-être qu'ils reviendront nous voir. Je comprend pas les gens ici... Au lieu de vouloir s'entraider pour ce sortir de ce merdier, ils s'engueulent tous les un les autres... J'ai l'impression d'être un alien ici. »

Sa remarque me fait sourire. C’est vrai que déjà c’était lui qui était intervenu entre Hippocrate et moi. Peace and love, le blondinet. Mais d’un autre côté, il a pas tort, ça semble vachement tendu dans le groupe –parce que ils doivent bien être ça, eux deux et cette troisième personne « maman-Calvetti »-. Enfin, au moins un peu. Bref
On va chercher les couvertures. Avant que je n’esquisse un geste pour en prendre une, Landscape m’en met une sur les épaules, m’en entourant avec, avant de m’ébouriffer les cheveux. Je me sens rougir, et je baisse légèrement la tête, me prenant d’une passion pour les coutures de la couverture, pour ne pas montrer ma gêne. Ce que je deviens niaise, c’est dingue. Je ne peux rien faire contre, et pourtant j’ai du mal à me dire que je suis à la fois la fille forte tête qui à plusieurs reprises plus ou moins pris le chou avec Hippocrate à cause de son individualisme, celle qui était effrayée par une hypothétique bête anormale dans le train et celle qui semble courir après les garçons sans rien pouvoir y faire. Eh ben.

« Si à l'avenir tu as un souvenir qui passe mal, n'hésite pas à m'en parler d'accord ? Les amis, c'est fait pour ce soutenir... Enfin, à moins que tu ne me considères que comme un simple compagnon de voyage. »

Je me sens à la fois timide, gênée et naïve, mais je réponds ce que je pense presque par réflexe :

« Bien sur que oui tu es un ami ! En fait, j’avais répondu avec tant d’empressement que ça avait caché les émotions citées plus haut, qui ressorte sans doute quand je rajoute plus doucement. Et oui, merci…

October, va te pendre. Ou alors réveille-toi, et arrête de faire la fillette de collège timide.
Le blond parle alors de retourner voir Hécate, prétendant avoir été un peu dur. Je bougonne intelligiblement. Je suis pas d’accord, elle l’a cherché. Pourtant, il prend des couvertures et retourne voir les gens, s’excusant. Je lève les yeux au ciel, mais je ne dis rien. Je reste juste à côté de Landscape, prenant son bras en sortant un des miens de la couverture m’entourant.
Pas pas peur ou timidité envers les autres, mais c’est plus fort que moi. Ne pas faire attention au brun. Ne pas y penser. Non October, stop. Arrête d’y penser. Non non, il n’y a pas de Novembre. Arrête, y a pas de garçon pas mal dans le coin, enfin si, Landscape. Un seul mec à la fois bon sang !
Idiote. J’aimerai bien connaitre ta vie d’avant tiens. Parce que c’est vraiment dingue.

Ouep. Il était allé trop loin. Merde... Enfin, une Hécate en furie, c'était peut-être déjà plus utile qu'une Hécate dépressive en train de pleurnicher dans son coin, non ? Le brun grimaça en détectant tout le mépris dont elle pouvait faire preuve à son égard. Voilà, il avait retrouvé la Hécate qu'il croyait connaître. Mais était-ce rassurant pour autant ?

Non. Non, parce qu'elle s'était carrément vexée. Bien Novembre, bien. Oh, mais elle n'était pas la plus à plaindre, dans l'histoire. Parce qu'à côté, lui, il s'en prenait plein la poire. Pour changer. Mais bon, il fallait bien quelqu'un pour servir de défouloir, et apparemment, c'était lui. Great. Et puis Landscape qui essayait de lui faire la leçon. Ça, c'était sans doute le pire. Le plus énervant, c'est qu'il avait raison sur pas mal de choses. Mais même, en quoi ça le regardait, après tout ? Le brun serra les dents pour retenir une remarque cinglante. Non, c'est bon, il en avait assez fait. Quoique, il aurait bien aimé faire comprendre à l'autre gars qu'il n'avait besoin de personne pour se défendre, surtout pas d'un blondinet aux attitudes pacifistes dans son genre.

Parce que la meilleure défense, c'était l'attaque. Alors ouais, il était sûrement un alien. Voilà, c'était ça l'explication. Il toisa les deux mal-venus de son air le plus aimable - comprenez par là que s'il avait eu des revolvers dans les yeux, ils seraient tous deux morts au moins trois fois - lorsqu'ils quittèrent le rayon ménage. Tss... De quoi j'me mêle ? C'est ma gaffe, c'est mon problème, merde à la fin. De nouveau seul avec la brune. Il lui aurait bien dit que c'était une blagounette, qu'il essayait de la faire sourire un peu. Mais ça allait à l'encontre de tous ses instincts - franchement, qui s'excuserait pour ça ? Elle le prendrait encore plus mal -, et puis, de toutes façons, Madame Hécate semblait assez remontée comme ça. Pas la peine de se la ramener.

Bon, l'avantage, avec elle, c'était qu'à côté, les Ombres, les Plantes et les Loups Mutants, c'était du pipi de chat. À la limite, October avait l'air bien plus mieux, comme compagnie. Oui oui, bien plus mieux, tout à fait. Juste parce qu'elle ne parlait pas ? Ouais, juste pour ça. Et voilà, mode mauvaise humeur activé ! Ça faisait longtemps, tiens...

« Ouh, mais c'est que tu fais presque peur, comme ça. Faudrait peut-être penser à te calmer, non ? - Il eut une pensée pour les granules bleues qui étaient restées dans sa poche... Sans effet, hein ? Et si elles marchaient, finalement ? - Oh, et t'inquiète pas, t'auras l'occasion de te foutre de moi après un souvenir merdique, c'est pas ce qui manque. Disons que c'était ma petite vengeance pour le coup de la boisson à la mairie. »

Ouais, c'est ça. On se rattrape comme on peut, hein. Bref. C'était le moment d'aller chercher des bouteilles d'eaux avant d'être trop agacé pour s'en rappeler. Parce que dans la ville, ce qui manquait, c'était l'eau. Le reste, ils avaient. Plus ou moins. Et il n'était pas contre une meilleure couverture qu'un pauvre sweat trouvé dans une maison moisie. Mais ça, c'était du bonus. Et avant d'avoir le bonus, il fallait déjà avoir la base, à savoir : l'eau. Et de la vraie nourriture, aussi.

Après avoir trouvé le rayon "boissons", il attrapa les deux premiers pacs d'eau qui lui tombèrent sous la main, après avoir vérifié qu'aucune particule cheloue n'était en suspension dans le liquide incolore. Bon, ça devait être potable, sauf que cette fois, il ne serai pas le cobaye pour tester.

Water : check. Food : euh... À aller chercher ! Ils traversèrent encore quelques rayons avant que Landscape et October ne reviennent les enquiquiner. Oui, Landscape était agaçant, avec ses leçons de morale à deux dollars cinquante et son air serviable. Trop avenant. Le genre à avoir plein d'amis, à vouloir la paix dans le monde et à essayer de réconcilier les gens entre eux. Et en plus, il s'excusait. Le brun renifla en voyant l'air gêné du blondinet. Retint un commentaire désagréable. Préférant éviter un nouveau conflit idéologique mental avec lui, Novembre préféra s'adresser à October, cette fois :

« Il est toujours comme ça, ton copain ? »

Youhou, vive les questions ambiguës.

• 04h-06h
No way to apologize

Le blond lui fait la morale. La morale. Première chose qui suit sa crise de colère absolument injustifiée -quoique. Venant de qui que ce soit d'autre, ça serait sans doute passé. Mais de la part d'un parfait inconnu qui l'avait rencontrée depuis à peine 10 minutes, c'était vraiment n'importe quoi. Elle se retient de lui abattre le manche à balai sur la tête à la manière d'un kendoka. Inutile de déclencher un esclandre dans ce supermarché. Ils ont déjà assez affaire avec la Ville, des murs qui avalent les gens, leur amnésie. Et tout ce que le blond a ajouté, d'ailleurs.

Et voilà que celui-ci lui propose de se défouler sur lui. L'incongruité de cette proposition la fait éclater de rire. Un rire sonore et sans joie, suivit d'une remarque sèche : "Arrête donc de dire n'importe quoi !", qu'elle n'a pas su retenir. Comme si elle avait du temps à perdre à frapper des blonds dans des supermarchés déserts ! Elle détourne le regard lorsqu'il sort le sablier de sous sa chemise. Elle reconnait cet objet, un peu trop bien d'ailleurs. Parce qu'elle a le même. Elle porte la main à l'endroit où se trouve le petit objet sous son pull, pensive. Encore quelque chose à élucider...

Les deux inconnus sont repartis en direction du rayon ménage, et disparaissent de leur vue un moment. Et la voilà de nouveau seule avec Novembre. Elle soupire. Elle devine qu'elle va sans doute en prendre pour son grade. Pourquoi ne lui reste-t-il pas un peu de cette délicieuse bouteille de la mairie à faire boire de force au brun pour qu'il se taise ? Gardant ses coupables pensées pour elle, elle écoute les remontrances :

« Ouh, mais c'est que tu fais presque peur, comme ça. Faudrait peut-être penser à te calmer, non ? Oh, et t'inquiète pas, t'auras l'occasion de te foutre de moi après un souvenir merdique, c'est pas ce qui manque. Disons que c'était ma petite vengeance pour le coup de la boisson à la mairie. »

Elle serre les poings, se retient de lui rappeler que le coup de la boisson était dû à Calvetti. Ok, elle avait rit, mais c'était bien la seule chose qu'elle avait faite.

- Tu sais pertinemment que ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je vais pas non plus te souhaiter un passé merdique ! murmure-t-elle avec un nouveau soupir, en levant les yeux au ciel. Ça serait trop puéril. Hors de question qu'elle s'abaisse au niveau de quelqu'un qui par esprit de vengeance est capable de renverser une bouteille au contenu inconnu sur la tête de quelqu'un d'autre. L'image de Calvetti dégoulinante lui revient en mémoire, et elle sourit bien malgré elle. Au moins, sa colère est retombée...

Novembre part en direction des bouteilles d'eau empilées un peu plus loin. Elle repense à ce qu'il a dit. Que les souvenirs merdiques de manquaient pas. Il avait donc eu une si mauvaise vie, avant ? Entendant des pas, elle se retourne. Le blond. Qu'est-ce qu'il veut encore, celui-là ? Prendre des cours de maniement de balai pour avoir l'air moins ridicule la prochaine fois qu'il en brandira hein ? Non. Juste s'excuser. elle hausse un sourcil. Il est stupide ou quoi ? C'est elle qui s'énerve et lui qui s'excuse ? Elle manque d'éclater de rire. En fait, son envie de rire passe totalement lorsqu'il entend Novembre s'adresser à l'autre fille. Elle sent son humeur s'assombrir de façon inexplicable. Se pince la joue pour se reprendre.

- C'est bon, pas besoin d'excuses ! Cette Ville nous met à cran, je me suis emportée trop vite moi aussi.

Elle a dit cette phrase suffisamment fort, en espérant que Novembre l'entende aussi. Cette semi-excuse est valable pour lui aussi, et il n'y en aura pas d'autre. Puis, elle jette de nouveau un regard vers son compagnon de route qui discute avec l'autre brune. Fait la moue/

- Bon, Novembre, je te laisse discuter avec tes nouveaux amis, je vais chercher des couvertures.

Elle tourne les talons, d'un air décidé. Énervée par ses propres sautes d'humeur. Qu'est-ce qui lui prend de se sentir si agacée de le voir discuter avec d'autres personnes ? Pourtant, quand c'est Calvetti ou Décembre, ça ne lui fait ni chaud ni froid... Elle s'arrête en passant devant un rayon ou s'empilent des packs d’essuie-tout. Un peu haut pour elle, certes, mais si elle la joue bien et qu'elle arrive à récupérer le pack du dessous... ça peut toujours servir, dans cette Ville, ne serait-ce qu'un rouleau...

Elle se met sur la pointe des pieds, tend la main. Touche le pack du bout des doigts. Arrive à le pousser un peu. Le décaler. A force d'efforts, il glisse assez pour qu'elle puisse agripper un peu du palstique de l'emballage. Aller, encore un peu...
BADABOUM ! Toute la pile d'essuie-tout lui dégringole soudain sur la tête, la faisant basculer vers l'arrière. Elle se retrouve assise au milieu du rayon, son pack dans les bras, les autres éparpillés autour d'elle. Elle se mord la lèvre inférieure. Qui aurait pensé que des essuie-tout pouvaient faire tellement de bruit ? Pourvu que les quelque chose qui rôdent dans cette Ville ne se soient aperçut de rien...

Only Silence

Red - Let It Burn ♫

Je regardais la brune qui partait avant de lancer à Novembre un "je te laisse avec tes nouveaux amis", je pouvais clairement comprendre que cette phrase était ironique. Je soupirais avant de regarder October, ils veulent rester seul dans leur coin ? Alors fuck, ils resteront tout seul. Je partais devant avant de dire à October :

- Je vais voir si il y a des objets qu'on aurait oublié et qui pourrait nous être utile... Et des clopes si possible.

Je partais devant avec un sourire, si elle veut rester avec le brun, je vais pas l'en empêcher. D'autant plus qu'il est en train de lui parler. J'allais chercher entre les rayons avec pour seul éclairage mon briquet. Des clopes... J’apercevais enfin le fameux rayon. Je m'approchais pour voir ce qu'il y avait... Du tabac à roulé ou des paquets de clope... Autant prendre la facilité. J'agrippais deux paquets avant de les mettre dans ma poche. J'en profitais pour en sortir une de mon paquet de départ. Il doit m'en rester... dix je pense. Je tirais une latte avant d'expirer. Qu'est ce qu'il nous manque à la pharmacie... J'agrippais un sac à dos, ça pourra toujours être utile si on vient à faire une "expédition". Puis, un bruit sourd retentit. Pensant qu'il était arrivé quelque chose à October, je me suis mis à courir en direction de la source du bruit, un peu inquiet.

- October ?!

Voyant Hécate au sol, je soupirais avant de m'adosser contre un rayon, tirant une nouvelle latte sur le sol. Et c'est moi qui avait l'air idiot avec mon balai ? Je préfère l'idée du balai plutôt que de me retrouver au sol entouré d'essuie-tout. J'allais parler mais je me ravisais, sachant que j'allais encore les emmerder.

Hécate préférait partir, avec l'air de celle qui aime pas les nouveaux amis de son apparent compagnons de route, juste parce qu'il m'a parlé. D'ailleurs, pas n'importe quelle parlotage :

« Il est toujours comme ça, ton copain ? »

Si la question était déjà en soit quelque chose qui, je le sens au moment même ou il ouvre la bouche, va me mettre dans l’embarras, rien que le fait qu’il me regarde me… hum… trouble. October, tu es désespérante.
Dans la seconde, je réponds de façon précipitée, le rouge me montant aux joues :

« Ce… Ce n’est pas mon copain ! »

Andouille… Non seulement, malgré son ambiguïté, sa question était peut-être innocente, mais en plus explique-moi pourquoi tu tiens à ce point à ce que ce soir le cas là ? Quelques minutes plus tôt, je dois tristement me l’avouer, j’aurai plutôt été contente à cette idée. Donc juste à cause d’un pauvre brun sorti de nulle part… ?
Bon, ok, c’est pas que un pauvre brun. C’est un brun plutôt pas mal. Même pas mal du tout. Mais ce n’est pas une raison ! Tu vas pas devenir péripatéticienne quand même ! Sérieusement !
Enfin, faut que je réponde à ça question quand même, avant qu’il me prenne pour une cruche finie –enfin, c’est toujours mieux que d’être comme cette Hécate à péter un plomb, mauvais souvenir ou pas, il voulait juste qu’elle pleure pas !-. Je me reprends donc, souriant légèrement à cette pensée du Landscape faisant sans cesse des tirades, et je tente de récupérer mon-moi-quand-y-a-pas-de-mec-pas-mal-tout-près même si c’est pas gagner, vu qu’il y a un mec pas mal à côté…

« Et, oui, je crois bien qu’il est toujours comme ça. Je ne le connais que depuis quelques heures, mais c’est pas la première fois qu’il se lance dans un discours… »

Pensée particulière pour la fois où Hippocrate et moi on s’est engueulé puissamment. Et puis sans oublier qu’en fait, on connait presque autant les autres que nous-mêmes, avec cette amnésie. Enfin.
Un gros bruit me fait tourner la tête, et j’entends vaguement la voix de Landscape appeler mon pseudonyme. Il lui est arrivé quelque chose ? Je me dépêche de rejoindre la zone du bruit, réussissant momentanément à oublier Novembre.
Hécate est étalé là, au milieu de pas mal de paquet qu’elle avait surement fait tomber. Je lève les yeux au ciel, me rendant compte qu’en fait j’étais encore rancunière à cause de l’agressivité de la fille. Cela dit, je la rejoins quand même au milieu de tout ce bazar, remballant ma rancœur, lui tendant une main pour l’aider à se relever. Une réplique toute bête, où la personne qui envoie bouler quelqu’un à cause d’une telle question est vraiment une peste, me vient toute seule.

« Ça va, rien de casser ? »

Je me promets intérieurement que si elle m’envoie paître je lui en colle une.

Landscape s'en alla en prétextant d'aller chercher d'autres trucs utiles. Des leçons de moral en moins, fuck yeah ! Puis la brune-très-brune - autre façon de dire qu'elle avait les cheveux hyper foncés - commença à rougir et à dénigrer le blond, comme quoi il n'était pas son... Oh purée. Il avait dit "copain", mais il voulait dire "pote", quoi. Ces filles, toujours à chercher des sous-entendus partout. Novembre leva les yeux au ciel, mi-agacé mi-amusé. Parce que quand même, c'était trop drôle. Dans ta face, le blond, elle veut pas de toi.

Sauf qu'entre temps, Hécate s'en était allée à l'autre bout du magasin pour aller chercher des couvertures. Un instant, il se demanda si tout Nulle-Part allait défiler ici pour prendre des couvertures. Par contre, il refusa catégoriquement de relever le ton incisif de la brune lorsqu'elle fit référence à ses "nouveaux amis". À croire que ses demies-excuses l'avaient remises en rogne ?

« Ah oui, je vois le genre » fit-il à l'intention d'October, décidant d'ignorer les piques que lui lançaient Hécate.

Il allait ajouter un "je supporte pas ce genre de personnes, mais bon courage à toi pour essayer de ne pas le baffer", quand un bruit mat retentit, suivi d'un bruit de chute d'objets. Il se retourna vivement, lâchant les pacs d'eau sans réfléchir, et se précipita vers la source du bruit. Ce pouvait être n'importe quoi, une attaque de plantes folles ou bien des loups qui s'étaient infiltrés dans le centre commercial ! Ou pire encore, qui pouvait savoir ? La pensée d'Hécate et Landscape affrontant un loup mutant avec leurs manches à balais ridicules ne le fit même pas sourire. C'était impossible, et alors ? Nulle-Part renversait l'impossible. Elle s'en foutait, la Ville, de ce qui était possible.

Il déboula dans le rayon en question, et s'arrêta net en découvrant une Hécate assise par terre, un paquet de sopalin dans les bras, au milieu d'une foule d'autres pacs d'essuie-tout étalés sur le sol. Euh... Okay... Il dut afficher un air perplexe en se demandant si elle avait voulu se suicider en sautant du haut de la pile qui devait avoir occupé les lieux quelques instants plus tôt ou si elle avait shooté dedans pour passer sa colère sur de l'inanimé, avant d'abandonner ses réflexions improbables. October voulut l'aider à se relever - voilà, il savait bien qu'elle était aimable, elle ! - en lui demandant si tout allait bien, tandis que Landscape était revenu pour s'adosser à un rayon et fumer tranquillement, dans un je-m'en-foutisme total. Oui, il était bien, comme ça, en mode potiche. Erm, d'un autre côté, il ne le connaissait pas bien, peut-être qu'il pouvait être utile à quelque chose, quand il voulait. Bref.

La brune à terre n'avait pas l'air de faire une grimace d'atroce souffrance, donc elle allait bien. Novembre ne put s'empêcher de sourire devant la scène. C'était juste hilarant de voir ça. Ça cassait tout l'effet "ouais j'suis trop une rebelle et je vous emmurielle, j'ai raison, vous dîtes de la merde, j'me foutrai de vous quand vous aurez besoin de réconfort. Wesh. Zy-va." Effet qu'Hécate avait véhiculé jusque dans le rayon "ménage", volontairement ou non. Il s'approcha des deux brunes, et s'adressa à Hécate :

« Belle imitation de Décembre ! C'est elle qui se mange le parquet, d'habitude. »

Hécate. C'est de l'humour, cette fois, ok ? De l'hu-mour. Surtout que cette fois, il n'avait pas dit ça méchamment.

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