Il s’était enfuit. Il n’y avait pas d’autres mots pour expliquer ce geste qu’il avait eu. Il avait fui. Fuit la statue d’or qu’était devenue Bae, fuit les trois autres individus qui avaient mis à nu la vérité de ce qu’il était devenu. Un fantôme, même pas une ombre. Il n’était plus rien de visible, plus rien d’existant – pourtant, il pouvait sentir la douleur de ses muscles brutalement sollicités, il sentait la sueur glisser le long de sa joue. Tout ça, il le percevait avec une acuité redoublée maintenant qu’il en était conscient. Il y avait toujours les sensations, et désormais c’était ce qui lui était le plus précieux. Il était là, il existait, il le savait ; maintenant que la réalité visible de son être s’était enfuie, c’était tout ce qu’il lui restait.

Il parcourut rapidement les couloirs, n’ayant plus que le souci de se trouver à l’air libre. Et pourtant, une fois dehors, la panique le submergea presque à nouveau – s’il se perdait, s’il lâchait son sac, pourrait-il le retrouver ? Il le sentait sous ses doigts, mais il ne le voyait pas. Ce sac qui contenait les seuls biens qu’il avait… Il ne cessa pas pour autant de courir, sans même regarder où il allait. Et ça explique peut-être pourquoi et comment il se retrouva les quatre fers en l’air après avoir bousculé quelqu’un. Le brun tomba donc au sol, se cognant la tête au passage et finissant un peu dans les vapes, mais pas assez pour tout oublier et lâcher stupidement son sac auquel il s’agrippa férocement comme s’il risquait de s’enfuir. Parce que maintenant, il en était horriblement conscient – s’il perdait son sac, il avait peu de chance de le retrouver. Voire aucune. Il se releva maladroitement, replaçant le sac de manière à le sentir appuyer lourdement contre son flanc avant de se tourner vers la personne qu’il avait bousculé. Elle était blonde, plutôt jolie et ses yeux bleus luisaient d’émotions refoulées. Il souffla doucement, se passant une main dans ses cheveux avant de s’agenouiller face à la fille, oubliant momentanément son état.

« Hum, ça va aller mademoiselle ? »

Pourquoi il ne tombait que des filles ? La pensée l’effleura un instant. Puis il se rembrunit – peut-être qu’elle allait disparaître elle aussi s’il restait avec elle. Et Lou… La pensée du feu follet lui pinça le cœur – il devait la retrouver. Elle lui manquait – sa joie de vivre, son optimisme et son caractère gonflé lui manquait. Elle était la seule chose plus ou moins stable qu’il ait rencontrée jusqu’ici. Le brun soupira doucement, se mordillant la lèvre, se doutant qu’il allait probablement le regretter d’ici peu.

« Tu veux de l’aide ? »

C'est bien la première fois qu'un souvenir le rendait aussi malade. Combien avait-il réussit à se souvenir de son passé depuis qu'il était là ? Quatre s'il ne comptait pas la fois où il s'était volontairement introduit dans celui d'Opium. Jusque là, il s'en moquait un peu, cela ne lui révélait pas grand chose d'important. Mais cette fois. C'était la première fois qu'il se forçait, qu'il cherchait à se souvenir par lui même. La voix qu'il avait entendu au bout du fil l'agaçait au plus haut point. Mais l'inquiétude qu'il avait ressenti lorsqu'il avait parlé des sujets ne l'avait toujours pas quitté malgré son retour à la réalité. Il avait oublié une chose très importante. Il l'avait oublié et maintenant qu'il avait en tête l'un des fragments, un malaise s'était installé.

Ça tournait dans tous les sens dans sa tête, il ne parvenait pas à organiser les informations entre elle. Rien ne lui venait à l'esprit, ça ne voulait pas. Force est de constater qu'il était incapable de former des hypothèses sur lui-même. Il ne se souvenait plus du elle, ni du il dont il était question. Ils étaient irremplaçables à en juger sa propre réaction, mais il ne savait plus rien. La seule chose qui lui était parvenue distinctement était son identité. Il se l'était lui même donné.

▬ Miguel...

Voilà un nom qui ne lui évoquait rien. Pourtant, il avait le sentiment qu'une part de lui s'était remise à sa place. Comme si le désordre s'était reclassé et le que tiroir Moi avait retrouvé une partie de son contenu. Le reste n'était que des bribes dénuées de sens sans le reste du puzzle. Il y avait une chose qui était sûre, il avait oublié une chose importante, et tant qu'il ne parviendrait pas à s'en souvenir, il y aura toujours ce malaise. Et la seule chose capable de lui rendre la mémoire était la ville, n'est-ce pas ?

Il fallait qu'il se calme un peu, qu'il retrouve toute sa tête pour pouvoir réfléchir. Mirage et Stargazer devaient être bien loin. Tant pis. Il allait plonger ses mains dans ses poches, quand il remarqua l'absence de sa blouse. Ah oui, il l'avait passé à Mirage. Une minute. Dans sa blouse, il y avait toutes ses possessions. Ses clopes, son briquet, la paire de lunettes, le cutter. Tout.

Bordel, Mirage s'était cassée avec en plus. Elle se cassait avec ses affaires. Il se mit à courir avec un peu de chance, elle n'était pas trop loin. Il cria le nom de la femme plusieurs fois, espérant qu'en entendant son nom, elle s'arrêterait. Il la trouva effectivement. Il couru vers elle, prêt à réclamer ses affaires avec toute son énergie :

▬ Dans la blouse... Fff, il était terriblement pas endurant, trois minutes et il était déjà HS, dans les poches il y av... Un instant. Il y avait un truc bizarre dans sa posture. Je peux savoir ce que tu... Tiens dans la main ?

Parce que lui, il voyait pas grand chose. Pourtant, elle avait l'air d'avoir attrapé quelque chose.

Spoiler:

Il y avait quelque chose d’infiniment surprenant dans cette rencontre. Elle n’avait pas peur. Elle ne l’appelait pas fantôme. Mieux : elle semblait admettre sans trop de problème qu’il était bien là, qu’il n’était pas juste une personne mais bien quelqu’un. Quelqu’un qu’on ne pouvait pas voir mais qu’on pouvait atteindre. Peut-être était-ce pour cela qu’il n’avait pas tourné immédiatement les talons après s’être enquis qu’elle allait bien. Toujours est-il qu’il était face à elle et qu’elle lui avait répondu, tournant le visage dans la direction où il était. Il esquiva la question, laissant juste le silence – répondre serait stupide. Bien évidemment que ça n’allait pas, il était invisible, merde. Malgré lui il ne put empêcher un sourire de lui échapper – ça lui faisait chaud au cœur, en un sens. Ça apaisait la terreur qu’il avait ressentie un peu plus tôt. Elle ne faisait pas comme s’il était invisible – elle faisait comme si elle parlait à quelqu’un de visible. Excepté peut-être ces grands gestes qu’elle faisait, brassant l’air avec conviction jusqu’à ce qu’elle agrippe quelque chose. Et le léger tiraillement qu’il senti lui indiqua que c’était lui, qu’elle avait agrippé. Plus précisément sa veste. Elle referma ses doigts dessus, avec une conviction qui le déstabilisa légèrement – pourquoi avait-elle fait ça ? Pour s’assurer qu’il était bien là, qu’il existait vraiment ? Il referma la bouche, laissant même un léger sourire lui échapper en l’entendant. Un endroit pour se changer ? Il avisa sa tenue – effectivement. Des chaussures et d’autres accessoires ne seraient certainement pas superflus vu comment elle était habillée.

Il pencha la tête sur le côté, posant sa main sur les doigts qui tenaient sa veste. La peau de la fille était chaude sous sa paume. C’était agréable – humain. Il se souvenait encore du froid qui l’avait saisi quand il avait effleuré la statue de Bae. Il frissonna, retirant finalement sa main en tendant l’oreille distraitement. Pensif, il repensa à sa situation – invisible. Que ce soit son corps, ses vêtements, son sac et ses affaires ou même les chaussures de Lou – tout était devenu invisible. Les chaussures… Il posa son regard sur les pieds nus de la jeune fille. Il se mordilla la lèvre – était-ce une bonne idée ? Il ne pouvait pas la laisser se balader comme ça. Et la paire de chaussure l’encombrait plus qu’autre chose.

« On m’a confié une paire. Je peux te la prêter, mais… Elle est invisible. Tu penses que ça irait, le temps d’en trouver à ta taille et… Visibles ? »

Trouver des fringues… C’était pas une mauvaise idée – ça le rendrait visible, un peu. Quoique voir juste des vêtements se balader sans corps risquait de perturber plus qu’autre chose. Peut-être devrait-il partir et la laisser avec les chaussures – mais honnêtement, il ne se sentait pas de continuer tout seul. Et de la laisser, aussi. Même s’il risquait de lui attirer des ennuis, vu comment tout s’était enchainé depuis qu’il était ici. Il soupira légèrement – sa décision était prise, il le savait. Il allait rester avec elle. Parce qu’il n’avait pas envie de poursuivre seul et invisible. C’aurait été trop triste. Trop dérangeant. Il lui adressa un sourire qu’elle ne pouvait pas voir, tournant ensuite le visage en entendant un bruit de course et une respiration saccadée. Un gosse se tenait face à eux. Un gamin de douze ou treize ans, qui tentait de reprendre sa respiration et de parler en même temps. Et qui remarqua immédiatement l’étrangeté de la position de la blonde et lui demandant ce qu’elle tenait. Le brun soupira, toussotant légèrement. Comme présentations, on avait vu mieux.

« C’est… Moi. Je suis là. Même si… »

Il roula les yeux – c’est qu’il s’améliorait vraiment pas depuis qu’il était là. Il toussa à nouveau, se frottant le crâne. Vraiment. Comment s’était-il foutu dans une telle situation ? Ah oui, le serpent et sa foutue curiosité qui l’avait empêché de fermer les yeux. Il avait absolument voulu voir et il avait vu, ça oui. Un superbe reptile aux écailles dorées et foutrement hypnotisant. A tel point qu’il l’avait mis dans cet état. Probablement une punition pour sa curiosité. Certainement, même.

« Vinci. Ravi de vous rencontrer. Si on peut dire. »

« C’est… Moi. Je suis là. Même si… »

... Mirage n'était pas ventriloque aux dernières nouvelles. Et elle n'était pas non plus un homme. Et par dessus tout, elle tenait un truc dans la main. Miguel releva les yeux et fixa la main de la femme. Il fit glisser son regard un peu plus haut, il cherchait. Quoi ? Lui même il ne le savait pas. Mais probablement que la voix avait attiré son attention par son timbre si particulier. Il avait une impression de déjà-vu. Il ne s'étonna pas de l'absence de corps physique. Ou plutôt, il devinait qu'il y avait un corps physique, mais qui n'était pas visible. En théorie, il est possible de se soustraire du domaine du visible. En théorie.

Les lambeaux crasseux que lui tendit Mirage le força à relâcher son regard avide de l'absent. Il regarda le "vêtement" avec une mine dépitée. Il ne demandait pas la blouse enfin. Elle aurait put l'écouter enfin.

▬ C'est pas la blouse que je te demandais, triple idiote. Je te l'ai donné pour protéger ta peau, de ce que je veux, c'est ce qu'il y a à... Il passa ses mains dans les poches, mais il avait eut tort de croire que ses affaires seraient encore dedans. Evidemment qu'il les avait enlevé pour ne pas gêner Mirage. Donc ses affaires étaient encore dans. La. Piscine. Sa main se resserra sur le morceau de tissus pour canaliser sa colère... Raaaah mais quel con bordel ! Il jeta les morceaux de tissus contre le sol en lâchant quelques jurons. Pendant ce temps, l'absent et Mirage faisaient un semblant de... Présentation ? Quand on ne voit pas, on se présente pas vraiment.

Maintenant qu'il savait qu'il ne pourrait jamais récupérer ses affaires, il n'avait plus vraiment de raisons de rester. D'autant que dans les faits, il était avec une fille qui craignait un peu et ... Son ami invisible ? D'un autre côté, il avait trouvé là une chose intéressante. Une personne qui était là sans l'être. Un cas d'invisibilité qui valait le coup à être étudiée même si... La personne en question n'avait pas l'air d'en savoir plus que ça sur son étrange absence. Cependant, en s'y intéressant un peu, Miguel ne doutait pas qu'il trouverait une explication à ce cas assez intriguant.

Dans son dos, il sent le regard de Mirage. Hein ? Lui aussi ? Miguel inspira un grand coup. Il n'était plus le pauvre gosse perdu. Il avait retrouvé une partie de sa mémoire, et surtout, il était capable de se présenter de façon presque fidèle. Avec une assurance presque grotesque sur sa carrure d'enfant, il passa sa main dans ses cheveux et les réarrangea rapidement.

▬ De même. Moi, c'est... Miguel. Et avant même que Mirage ne se pose des questions, il glisse un peu plus bas, la mémoire m'est revenue... C'est mon vrai nom, Miguel De Hayos.

Il se tourna alors vers... Ben vers quelque part en fait, vu qu'il ne pouvait PAS VOIR Vinci - puisque c'était son nom apparemment -.

▬ Si je comprends bien, tu es là physiquement, mais on ne peut pas te voir. Ce serait bien si on t'accrochait un truc dessus pour pas te perdre. Il ramassa l'un des morceaux de sa blouse et le tendit au hasard. Tu n'as qu'à t'accrocher ça dessus, c'est sale, mais on trouvera mieux plus tard.

Il préféra taire une nouvelle fois ses ambitions scientifiques. Pour le moment, il n'avait pas grand chose à dire. Il devait comprendre comment il était devenu comme ça pour ensuite penser éventuellement à une inversion. Si toute fois c'était humainement possible.

Spoiler:

« La voilà ta blouse, pas la peine de t’affoler »

Le brun haussa un sourcil. Quel intérêt un gamin pouvait bien porter à une blouse aussi quelconque et… Crade ? Il ne comprenait pas, honnêtement – c’était juste un vulgaire bout de tissu plus très propre et dans un état assez lamentable, mais il semblait y trouver un intérêt suffisant pour le réclamer à tort et à travers. Pourtant, dès qu’il l’eut en main, le gamin agit comme si elle n’était plus importante, arguant que ce n’était pas ce qu’il voulait réellement. Eh, il était plutôt gonflé, ce mioche, non ? Il soupira légèrement, roulant des yeux en soutenant nonchalamment la jeune fille qui s’appuyait sur lui sans aucune crainte. Il observa un instant les boucles blondes, avec un semblant d’affection – ça avait été une agréable surprise quand elle s’était laissée aller contre lui, se posant presque de tout son poids sur lui comme s’il avait été visible. Pour n’importe qui d’autre, la scène pouvait paraitre surréaliste : la fille tenait dans un équilibre plus que précaire sur un pied et pourtant elle ne vacillait pas d’un millimètre. Mais lui… Eh bien, lui, il était là. Il la soutenait, comme l’aurait n’importe qui après tout. Un n’importe qui invisible. Un n’importe qui qui a des chaussures, aussi. Très important ça – presque capital même, vu la situation de la fille. Certes, des chaussures invisibles – ce qui n’est pas spécialement pratique en vérité. Mais bon, on faisait avec les moyens du bord.

La fille finit par se présenter – Mirage. Un nom étrange – probablement un pseudonyme. Comme le sien, comme Bae, comme Lou aussi, sûrement. Il soupira légèrement – elle n’en savait très certainement pas plus que lui sur l’endroit où ils étaient. Mais au moins, elle lui avait apporté un but, une direction : le centre commercial. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était un quelque chose suffisant pour qu’il la suive et qu’il cesse d’errer stupidement. Alors il lui adressa un sourire invisible, s’asseyant dans l’herbe pour trouver les chaussures à tâtons, dénouant prudemment les lacets en écoutant le gamin parler, posant soigneusement les chaussures sur ses chevilles histoires de ne pas les perdre. Il leva les yeux en entendant « Miguel », regardant fixement le gosse qui semblait bien trop assuré pour quelqu’un de son âge. Mais il ne fit aucun commentaire, l’écoutant juste se présenter. Miguel de Hayos… La mémoire lui était revenue. Comment avait-il fait ? Le brun entrouvrit la bouche, prêt à poser une question quand il se fit couper par le mioche qui parler à voix haute. Un mioche qui avait eu une suggestion plutôt intéressante – accrocher un bout de la blouse, histoire de savoir où il se trouvait. Il pencha la tête sur le côté, soupesant l’idée avant d’acquiescer.

« Ce n’est pas une mauvaise idée. Mirage, j’ai détaché les chaussures, je vais t’aider, ajouta-t-il en reposant son attention sur la blonde. »

D’une pression sur sa cheville, il l’invita à lever le pied pour le glisser dans ce qu’il avait identifié comme un pied gauche. Toujours à tâtons, il s’échina à nouer du mieux qu’il pouvait les lacets – après tout, il commençait à légèrement s’habituer à sa condition. Il se devait de se prendre au plus vite des repères, histoire de ne pas être totalement démuni. Il fit ensuite de même avec l’autre pied, se relevant en attrapant la blouse dont il déchira un morceau assez long pour être noué autour de poignet. Poignet qui s’éleva bien vite une fois le tissu attaché, le brun se frotta le crâne.

« Je voulais savoir… se lança-t-il, peu certain de la manière dont il allait aborder le sujet. Les… Boules lumineuses qui apparaissent parfois… Ce sont des souvenirs de nos vies… D’avant ? J’veux dire… Y'a vraiment un moyen de récupérer la mémoire ? »

Il avait presque chuchoté sur les derniers mots, un rire gêné lui échappant juste après. Quel idiot – il ne devrait pas avoir besoin de demander confirmation. Après tout, son instinct ne l’avait que rarement trahi, jusque-là ? Et ces sensations… La fumée noire et âcre qui lui avait brûlé la gorge, l’odeur de métal en feu… Il ne pouvait pas les avoir imaginé. Il secoua légèrement la tête, rajustant machinalement le sac sur son épaule.

« Hm. Direction le centre commercial ? Je vous suis dans ce cas, j’ignore totalement où il est… Ou même où on est. »

Elle ressent les émotions de ses petits jouets. Et les ondes négatives que dégagent certains lui donnent envie de frissonner de plaisir. Si seulement elle pouvait frissonner... Elle laisse échapper un nouveau souvenir, petite lumière qui va doucement danser autour du visage de Mirage. Alors, ma jolie, que compte tu faire ? Vas-tu une fois encore affronter ton passé ?

Spoiler:

Spoiler:

Miguel ne perdait pas un miette de la scène qui se déroulait devant lui. Bras croisés, il regardait la silhouette invisble s'affairer pour chausser Mirage. Il l'imaginait accroupi, les mains tenant une chaussure à la main. Une scène de conte de fée... L'invisibilité touchait aussi bien Vinci que les objets qu'il portait avec lui. Miguel en conclu que ce n'était pas le garçon en lui-même qui avait été modifié, mais l'ensemble. Un peu comme une sorte de combinaison.

Mirage donnait la sensations de léviter avec ses chaussures invisibles. Vinci lui l'était un peut moins maintenant qu'il avec le morceau pour signifier sa présence. D'une ceratine façon, cela rassura le scientifique qui voyait concrètement. Vinci était bien réel et sa voix n'était pas le fruit d'une hallucination collective provoquée par le contact avec les grenouilles.

Miguel se taisait religieusement. Il était trop occupé à analyser la situation intriguante de Vinci. Il lui demanderait bien les circonstances de sa "disparition" mais il valait mieux qu'il prenne un peu de... Visibilité avant.

Il allait répondre quand Vinci posa la question, mais Mirage lui coupa la parole avavant même qu'il ne l'ouvre. Il arca un sourcil. Elle le défiait là non ? Quand elle eut fini son explication, Miguel attendit qu'íls se mettent en route - à l'aveuglette mais bon - avant de compléter les paroles de la femme.

- Notre mémoire semblent stimulées par les sphères. Un peu comme des interrupteur. J'imagine que quelsue chose nous empêche de nous souvenir par nous même. Et les souvenirs semblent venir en fonction de la situation... Ses enjambées se font de plus en plus grande, pour suivre le rythme de Mirage. Par exemple, quand j'ai couper la respiration de Matt pour lever, je me suis souvenu de la fois où j'ai fait de même sur mon frère ! Le visage de Miguel affichait un grand sourire innocent et il lâcha rire en repensant à la scène. Visiblement, sa famille était une chose qu'il appréciait particulièrement.

Mais rapdiment, il repris son sérieux. Autour d'eux, un sphère glissait sur les airs. Miguel s'arrêta et la suivit du regard. Cette fois, c'était pour Mirage. Il chercha du regard Vinci, et une fois qu'il le trouva, il s'approcha de lui pour lui chuchoter :

- Si tu la touches, tu pourras également voir son souvenir.

Une minute. Pourquoi il lui disait ça ?

Spoiler:

Une fois sa tâche finie, il adressa un sourire à la jeune fille. Il était plus que certain que désormais, elle aurait beaucoup moins de mal à se mouvoir et qu’elle se ferait certainement moins mal aux pieds. Et puis, les chaussures de Lou serviraient enfin – même s’il se sentait un peu gêné d’utiliser les affaires de la rousse sans même la consulter, il ne pouvait décemment pas laisser la blonde dans cet état. Le feu follet n’aurait pas été d’accord. Il le supposait. L’espérait. Oh et puis… C’était fait, il était inutile de tergiverser là-dessus. Il se redressa ensuite, accrochant la blouse à son poignet tout en écoutant les remerciements de la jeune fille d’une oreille distraite. Puis elle posa une question, qui le laissa muet quelques instants. Voir ce qui était invisible…

« Aah… J’aurais bien aimé, mais non, je ne les vois pas non plus. Tout… Tout ce que j’avais avec moi est devenu invisible en même temps. Donc si je perds quelque chose, à moins de trébucher dessus ou que ça ne redevienne subitement visible… Je ne pourrais probablement pas le retrouver. »

Il avait presque murmuré, songeur tandis que ses doigts se resserraient légèrement sur la lanière de son sac. C’était vraiment un désavantage, de ne pas pouvoir voir ce qu’il transportait. Déjà que ne pas pouvoir se voir… Il soupira doucement, finissant par sourire en voyant l’air souriant de la jeune fille qui répondit à sa question à lui, confirmant ce qu’était les boules lumineuses. Des souvenirs, des bribes de passé… Alors ce qui s’était passé dans le hangar avait vraiment eu lieu. Et Franco… Il secoua légèrement la tête, emboîtant le pas aux deux autres vers, il l’espérait, le centre commercial. Une carte de la ville ou même une boussole aurait été génial. Puis le gamin compléta l’explication de la jeune fille, ajoutant ses propres connaissances de la situation ; connaissances que le brun stocka minutieusement, se doutant que c’était plus qu’important au vu de la situation actuelle. Un sourire lui échappa en entendant l’enthousiasme enfantin du garçon en reparlant de son frère. Un frère… Donc une famille.

« Je me demande si j’ai une famille… Puis une autre pensée vient lentement se greffer à tout ça, le surprenant presque. Est-il… C’est peut-être stupide, mais… Notre famille. Les frères et sœurs que l’on a… Serait-il possible qu’ils soient ici aussi ? Après tout, si nous on y est… Pourquoi pas le reste de la famille ? Il s’interrompit, pensif. Rien ne nous dit si nous avons été amenés ici au hasard. Quelqu’un… Ou quelque chose, ajouta-t-il encore, repensant au serpent, aux loups, au dinosaure, pourrait très bien être derrière tout ça. »

Il poussa un soupir, se frottant le crâne vigoureusement, ébouriffant encore un peu plus les mèches invisibles. Il sursauta légèrement en voyant une sphère s’approcher d’eux et stagner devant Mirage, l’air d’attendre. Il n’avait pas fait attention la première fois qu’il en avait vu une, quand la sphère s’était catapultée avec enthousiasme vers lui. Il en avait même eu peur et ne l’avait touché que par pur hasard. Et puis celle de Bae… Il n’avait pas vraiment fait attention aussi, étreint par l’angoisse comme il l’était. Mais maintenant, il pouvait se repaître autant qu’il le voulait de la vue de cet orbe de lumière qui attendait, brillant tranquillement. Il sentit quelqu’un à ses côtés et tournant légèrement la tête, il put constater que Miguel s’était rapproché de lui, pour lui glisser quelques mots, comme pour l’enjoindre à toucher la sphère. Il pinça légèrement les lèvres.

« Mais… Ce n’est pas à moi. La sphère choisit vers qui elle va, non ? C’est celle de Mirage… Et je ne pense pas que ce soit très correct de plonger ainsi dans la tête de quelqu’un. Je préfère la laisser voir elle-même… Et la laisser nous raconter ensuite si elle veut. Il eut un léger soupir, continuant à voix basse en se demandant pourquoi il était si loquace avec ce gosse. Je n’aimerais pas que quelqu’un voit mes souvenirs avant moi. »

Il adressa un sourire invisible au gamin, lui ébouriffant le crâne sans arrière-pensée avant de s’éloigner un peu, contournant Mirage et la sphère, curieux de savoir comment elle allait réagir.

Et Elle rend à mémoire un pan de sa mémoire...

Mirage:

« Je me demande si j’ai une famille… Est-il… C’est peut-être stupide, mais… Notre famille. Les frères et sœurs que l’on a… Serait-il possible qu’ils soient ici aussi ? Après tout, si nous on y est… Pourquoi pas le reste de la famille ? Rien ne nous dit si nous avons été amenés ici au hasard. Quelqu’un… Ou quelque chose, pourrait très bien être derrière tout ça. »

Miguel ne cacha pas sa surprise. C'était à la fois agréable et surprenant de croiser une personne qui réfléchissait comme lui. Pas autant ceci dit, mais qui faisait preuve de questionnement. Sans le vouloir, le dénommé Vinci lui avait offert de quoi se sentir enfin à l'aise. D'autant que ses remarques étaient loin d'être idiotes. Miguel y avait pensé évidement, mais il était satisfait d'avoir trouvé une personne qui partageait ses idées, qui réfléchissait un peu.

▬ Statistiquement, c'est fort probable. Si on part du principe qu'une tierce personne est derrière tout ça, on peut aborder l'idée d'un critère. Je ne pense pas que nous ayons affaire à du hasard ici. On peut facilement conclure que des familles entières ont pu être transporté dans cette ville. Bien sûr, encore faut-il s'en souvenir.

A son invitation à toucher la sphère lui-aussi, il refusa sans faire cas. Il allait même jusqu'à justifier au mieux son choix, sous le regard à nouveau surpris de Miguel. Décidement, ce Vinci était une merveille. Invisible, intelligent, compétant. Que cachait-il encore derrière son... Son absence contrainte ?

« Je n’aimerais pas que quelqu’un voit mes souvenirs avant moi. »
▬ Ce n'est pas comme si je t'avais demandé de le faire. Maugréa-t-il. Il ne faisait que lui en dire plus. Ce garçon était un peu naïf sur les bords, Miguel avait l'impression qu'il allait toujours se justifier à chaque parole. Il s'imaginait sans mal le garçon rougie à chaque fois qu'il répondait. Un grand simplet sans doute.

Mais lorsque la main invisible vint mettre le désordre dans ses cheveux, Miguel sentit tous ses muscles se crisper. Oh bigre ce qu'il n'aimait pas ça. Il exécrait au plus au point ce geste, il ne savait pas pourquoi, mais il avait l'impression d'être parcouru par un looong frisson de dégoût. Ah, il y était. Il détestait être pris pour un gamin quand il ne le voulait pas.

▬ Te gênes pas surtout. J'ai peut être l'air d'un gosse, mais... Le morceau de tissu avait bougé pour s'approcher de Mirage qui semblait vidée de toute présence. Miguel se calma, ayant conscience que le geste de Vinci n'avait rien de méchant. Il est trop simplet pour ça...

▬ Lorsque l'on retrouve la mémoire, commença t-il, s'avançant vers Vinci, il semble que notre corps s'arrête pendant un certain laps de temps, tu auras aussi l'air d'un épouvantail quand tu en récupéreras.

Parce qu'ils avaient toujours l'air ridicule à s'arrêter comme ça. Miguel devinait que c'était àc cause de la façon dont la mémoire revenait. Comme un flash-back où on était le personnage principal.

Ses réflexions l’avait rendu un peu plus serein. Malgré ses questionnements, après tout, peut-être avait-il une famille ? Peut-être avait-il des êtres qui l’attendaient, qui le cherchaient. En un sens, c’était plus que rassurant, de savoir qu’il n’était pas le seul à courir après les fantômes de son passé. Qu’ils étaient tous à la recherche de leur identité, même si certains possédaient désormais plus de clefs que d’autres. Et les souvenirs… Comment venaient-ils à eux ? Pourquoi apparaissaient-ils à certain moment et pas à d’autres ? Etait-ce uniquement lié au hasard, à la chance ? Ces réflexions-là, il les garda pour lui – après tout, il en avait un sous les yeux. Et même si sa curiosité première le poussait à effleurer la boule de lumière… Il ne s’en sentait pas de prendre la responsabilité. Il ne voulait pas plonger la tête la première dans les souvenirs de la blonde et violer ce qu’il considérait comme son intimité. C’était à elle, après tout. Et il l’expliqua au gamin. Gamin qui maugréa qu’il ne lui avait pas demandé de le faire. Le brun leva les yeux au ciel, ébouriffant les cheveux du plus petit avant de s’éloigner pour observer Mirage, observant le corps en arrêt, comme en transe. Il n’avait pas regardé avec autant d’attention Bae quand elle avait reçu le sien, alors c’était un peu une première pour lui. L’air ailleurs, un peu vide. C’était un peu inquiétant, au fond. S’il n’y avait personne… Alors n’importe quoi pouvait arriver. Mais il eut un sourire – elle n’était pas seule, après tout.

« C’est vrai que c’est plutôt ridicule comme situation, ricana-t-il légèrement en s’approchant plus près de la blonde une fois qu’elle fut revenue, lui adressant un sourire invisible. Alors, ce souvenir ? »

La question lui avait échappé, parce que merde, il était curieux et qu’il voulait savoir. Tous les souvenirs étaient-ils désagréables comme le sien ou pouvaient-ils se révéler beaux et riches de renseignements ? Après tout, ils étaient le seul moyen d’avoir un lien avec l’Avant. Cet « Avant », ce passé qu’ils avaient perdu et qu’on leur redonnait par morceaux, au gré d’une volonté inconnue. C’était tellement frustrant, au fond – il aurait aimé savoir tant de choses. S’il avait une famille, des frères et sœurs, quelqu’un dans sa vie. Et il y avait ce prénom, ce « Franco » qui avait semblé compter tellement pour lui qu’il s’était jeté à corps perdu dans un bâtiment en flamme, qu’importe le peu de chance qu’il avait d’en sortir. Ou alors était-il naturellement assez stupide pour agir ainsi sans réfléchir ? Il eut un sourire sans joie – il ne se connaissait plus, après tout. Un caractère, c’était des années de souvenirs et de situations qui le forgeaient. Alors sans eux, sans ces précieux morceaux de lui… Il n’était plus qu’instinct et naturel. Il soupira légèrement, reculant d’un pas pour se tourner dans la direction qu’ils avaient prise avant que le souvenir ne les interrompt.

« On devrait repartir. »

L’idée de rester immobile trop longtemps au même endroit lui déplaisait, même s’il se sentait particulièrement bien à sentir cette légère brise effleurer sa joue. C’était si doux, si agréable… Il ferma à demi les yeux, inspirant profondément. Le vent – il adorait ça. C’était certain… Puis il rouvrit les yeux, jetant un coup d’œil vers la blonde et le gamin – partir en tête était inutile, vu qu’il avait toutes les chances de se soustraire à leur regard, même si ce serait involontaire. Pour ce qu’ils voyaient, de toute manière…

Spoiler:

C'est LÀ <3