Telle ville, telle téléportation.

06h-08h
De merde, donc.

La fin de son éclat de rire reste bloquée dans sa gorge. Disparut, le rire, tout simplement. Comme tout le reste. Il n'y a que du noir. Il ferme les yeux, les rouvre. Et déjà plus de noir. Plus de jardin non plus, ni de manoir. Juste des miroirs.

Des miroirs à droite, à gauche, partout sur les murs. Des miroirs à l'infini, qui se reflètent les uns dans les autres, lui renvoient son reflet à lui, encore, encore, encore. Myriade de reflets. Presque douloureux. Il ferme de nouveau les yeux, retrouve la rassurante obscurité. Ces miroirs tellement perturbants qui l'empêchent de réfléchir. Se calmer.

Il prend conscience des choses, petit à petit. Un, il a perdu October. Une fois de plus. Alors qu'il venait de lui remettre la main dessus. Certes, vu l'attitude de la jeune fille, il aurait pu s'en ficher totalement. Aurait dû s'en ficher totalement. Il fallait pourtant reconnaitre qu'il avait du mal à digérer ça. Et puis deux, plus important, il était... quelque part. Plus de manoir. Plus de loup, d'insupportable gamine et de bambin pleurnichard. Juste les miroirs. Qui allaient le forcer à s'affronter lui-même. Ah. Et plus d'alcool non plus.

Il rouvre les yeux. Les miroirs sont toujours là, tout autour. Difficile de rester calme, avec cette multitude de clones en train de bouger les yeux, la tête, dans tous les sens. Calme. Il cherche du regard une porte, une sortie, quelque chose. Rien. Un frisson court sur sa colonne vertébrale. Est-il coincé ici, dans cette pièce étrange ? Comment est-il arrivé là, alors qu'il était allongé dans l'herbe, menacé par cet animal ? Flux de questions insolubles.

Il se relève, tourne dans la pièce comme un lion en cage. Comprendre, comprendre ce qui se passe. Son cerveau bouillonne de tant de mystères inaccessibles. La curiosité, plus forte encore que cette angoisse du vide dans sa tête. Et il fait les cent pas, d'un bout à l'autre de la petite salle. Évite les miroirs du regard. Elle, c'est Elle qui dirige tout, il s'en doute. Elle, sans doute, qui a prit leurs souvenirs. Elle qui l'a amené ici si brusquement. Elle, partout, tout le temps, derrière chaque ombre, chaque mur, chaque goutte d'eau. Elle. Et Elle l'obsède soudain, plus fort encore qu'avant. Elle. Qu'est-ce qu'Elle est ? Et il se met à parler, à voix haute, pour lui même et pour Elle. Comme un dément qui parle seul.

- Tu nous observes, n'est-ce pas ? Tout le temps. C'est toi qui m'a amené ici ? Qu'est-ce que tu veux ? Qu'est-ce que tu attends, exactement ?

Ton calme, posé. Scientifique. Curieux. Des questions, encore des questions, toujours des questions. Mais sa tête ne semble emplie que de questions. Plus de réelle certitude. Interrogations qui le minent et le portent à la fois depuis son réveil dans le train. Interrogations qui dirigent chacun de ses pas.

Il a envie de donner un grand coup de pied dans un des miroirs. Pour voir. Parce que peut-être la sortie est derrière l'un d'entre eux. Mais Elle le surveille, il n'en doute pas. Et il ne compte pas agir avant d'avoir, peut-être des réponses. Un début de réponse, un embryon, une miette. Patience, calme. Il s’assoit au milieu de la pièce. Peu importe ce qu'elle attend, il ne fera rien sans contrepartie.

Oui, je t'observe.

La voix résonne dans la tête d'Hippocrate. Une voix suave, enjôleuse et pourtant étonnamment métallique. Inhumaine. Sa voix à Elle.

Les reflets d'Hippocrate dans les miroirs se troublent soudain. Ils laissent forment à différentes représentations. Un garçonnet d'une dizaine d'année aux yeux très verts et aux cheveux en batailles qui brandit un flacon de têtards en souriant à pleine dents. Un adolescent au regard taquin qui est allongé dans l'herbe un livre de biologie entre les mains, une bière sur le sol. Un jeune homme radieux qui affiche un air poli aux bras d'une demoiselle en robe de marié, un verre de champagne sur la table. Le même homme plus âgé en train de dîner avec une autre jeune femme, et une bouteille de vin. Un homme plus mûr l'oeil hagard accoudé sur un mur, l'air sale et misérable dans une ruelle sombre avec une flasque de whisky. Sa flasque.

Qui es-tu ? répète la voix.

06h-08h
Première rencontre

Oui, je t'observe.

Il ne peut s'empêcher de sursauter légèrement. Cherche autour de lui, tourne la tête de droit à gauche. S'immobilise. Non. Elle n'est pas comme ça. Elle est dans sa tête. Sinon, ça serait trop facile, n'est-ce pas ? Il lui semble que la phrase résonne comme un écho dans son esprit. La voix est tellement étrange. Pas humaine. Non, pas humaine du tout. D'humain, il n'y a que le langage, que les mots. Il frémit. Se force à rester assis, immobile. Ne pas bouger. Attendre. Ça ne peut pas être finit. Sa curiosité, loin d'être rassasiée, ressemble à un brasier qu'on ne cesserait d'attiser.

Et puis il note le changement. Les reflets dans les miroirs disparaissent. Quelque chose les remplace. Quelque chose, mais quoi ? Il observe, les yeux grand ouverts, les images qui se dessinent partout autour de lui. Des scènes étranges, a la fois familières et étrangères. Ce petit garçon, cet adolescent, ce jeune marié, cet homme et sa flasque, ne sont-ils pas une seule et même personne ? Ne sont-ils pas... lui ?

Et cette révélation est comme une douche froide, un électrochoc. Figé sur place, il n'esquisse pas un seul mouvement lorsque la voix résonne de nouveau en lui, l'emplissant tout entier de sa consonance métallique.

Qui es-tu ?

Qui je suis ? Qui je suis... Le médecin, doucement, se relève, déambule dans la pièce, parmi ces fragments de passé, s'en imprègne comme il peut. S'arrête finalement devant celui où il se trouve en compagnie de la femme en robe de mariage. Approche doucement ses doigts, effleure le miroir. Plus question de les briser, ces fameuses glaces. De briser ce lien avec sa mémoire. Il goûte petit à petit à l'ironie de la situation, hausse les épaules d'un air désabusé.

- Qui je suis ? Quelle question. Est-ce que Tu ne le sais pas mieux que moi ? Puisque que Tu m'as pris mes souvenirs, puisque Tu joues avec moi...

Dans sa tête, le brasier est enfer. Brûle tout sur son passage, laisse derrière lui une quantité de questions. Pourquoi ? Pourquoi lui montrer tout ça maintenant ? Pourquoi est-il ici ? Pourquoi les autres personnes sont ici ? Qu'est-ce qui se passe dans cette ville ? Qu'attend-Elle d'eux ? De lui ?

- Dis moi ce que tu attends de moi. Pourquoi me montrer mon passé maintenant ? Pourquoi à moi ? Je suppose que... je devrais te remercier de m'avoir tiré de la situation un peu délicate où j'étais mais... je veux comprendre. Pourquoi...

Des réponses. Il faut des réponses, pour apaiser l'incendie, calmer cette soif de connaissance. Remplir le blanc, les trous. Remplir le vide. Comprendre. Comprendre avant que le manque, qu'il sent guetter, ne l'empêche de se concentrer sur tout ça. Pas maintenant qu'il a cette chance. Pas maintenant qu'il approche de la vérité. Son esprit scientifique lutte contre l'image qu'il s'est forgé de la ville depuis son arrivée. Oui. La part de savant en lui la trouve...fascinante. Il sourit. Et la question qui brûlait ses lèvres depuis quelques minutes jaillit dans le silence de la pièce :

- Et Toi ? Qui es-Tu ?

A sa première question, un éclat de rire cristallin résonna dans sa tête. Qu'il était drôle ! D'humeur joueuse Elle se décida à lui répondre et fouilla dans sa base de donnée avant de lâcher.

" Tu t'appelles Nicolas. Nicolas Asclépios. "

Elle laissa les mots s'imprégner dans son esprit et répondit à nouveau. " Je te trouve drôle. " Ce qui était une vérité. Le rire résonna à nouveau et sa dernière interrogation trouva cette réponse. " Je suis celle qui détient ton histoire. "

Un temps passa avant qu'elle ne reprenne, enjôleuse. " Veux-tu la connaître Nicolas ? "

06h-08h
Cadeau ?

Il l'entend rire dans sa tête. Étrange de l'entendre rire ainsi. Si étrange entité. Il n'arrive pas à la cerner. N'arrive pas à comprendre. Pourquoi rit-Elle ? A-t-Elle conscience de l'humour ? A-t-Elle des sentiments ? Qu'est-Elle vraiment ?

Un instant de silence passe, avant qu'Elle ne reprenne la parole. Elle. Il se rend compte à ce moment là. La voix est indubitablement féminine. Elle. La Ville ? Ou autre chose. Et son cerveau, formaté par les sciences, ne sait que faire de ce genre de données pour le moins... inédites. Et les données flottent comme des pièces de puzzle, sans attache et sans place.

" Tu t'appelles Nicolas. Nicolas Asclépios. "

Le nom et le prénom résonnent dans sa tête. Étrangers. Familiers. Siens. Ancrés dans sa mémoire, comme si ils n'attendaient que le son de Sa voix pour jaillir. Nicolas. Il ne s'attarde pas. Elle ne lui en laisse pas réellement le temps. La voix métallique est déjà de nouveau là, dans sa tête. Partout. Elle le trouve drôle, donc. Drôle. Cet adjectif lui tire un rictus. Lui ne trouve pas ça particulièrement drôle. Mais ce n'est pas le moment, pas le moment de se la mettre à dos. Pas en territoire inconnu. Pas alors qu'elle semble être d'humeur assez correcte. Pas alors qu'il peut encore en apprendre plus....

" Je suis celle qui détient ton histoire. "

Il ne peut s'empêcher de faire la moue. Insatisfait, oui, voilà ce qu'il est. Comme si il ne savait pas déjà ça. Ce qu'il veut, c'est en savoir plus. Quelle utilité d'être ici, si il ne peut pas glaner des informations intéressantes ? Et la voix, de nouveau. Douce, presque... câline ?

" Veux-tu la connaître Nicolas ? "

L'entendre l'appeler par son prénom lui tire un petit frisson. Il s'exhorte au calme, retourne s'asseoir au centre de la pièce, laisse échapper un petit soupir. Son histoire. Veut-il la connaitre ? Quelle importance cela peut-il avoir, aujourd'hui ? Il se souvient, soudain, du papier dans sa poche, où sont écrits tant de choses. Tant de questions. Questions qui vont et viennent, surgissent parfois, se glissent entre ses lèvres, comblent le silence de la pièce.

- Tu veux me révéler mon histoire ? Qu'est-ce que Tu y gagnes ? Je sens que Tu t'amuses, que ça t'amuse, de nous voir errer dans cette Ville. Alors pourquoi est-ce que Tu me faciliterais les choses ?

Oui, vraiment. Il n'est pas stupide. Du moins, il est méfiant. Assez pour penser que tout n'est peut-être qu'un piège. Mais dans l'instant, il ne voit rien à faire, rien d'autre que de rester là, à essayer d'épancher sa curiosité. A la source.

- Le compteur de temps, c'est aussi de ta part, je suppose. Et à zéro, qu'est-ce qui nous attend ?...

Il se sent à la fois las et curieux. Terrible paradoxe. Voudrait s'étendre, sur le sol, se reposer. Refuse de se relâcher alors qu'Elle est là, si près.

- Est-ce que tout ça a un but ? ....

Question courte, question rhétorique. Question cruciale. Car si tout ça n'a pas de sens, à quoi bon continuer ? Étrangement, il se sent bien, ici, au milieu des miroirs. En train de jouer aux devinettes avec Celle qui tient les rênes. Aux devinettes ou au poker. Jeu dangereux.

Elle ricane, mauvaise. Le rire s'amplifie et finit par prendre des tonalités démoniaques. Elle ne compte pas lui répondre. Non. Elle lui en a déjà trop dit. Des petites sphères rouges se contentent d'apparaître et foncent sur lui. Chacune lui amènent des souvenirs. Des lambeaux de souvenirs.

Spoiler:

Une fois sortit des souvenirs qui s'enchaînent les un à la suite des autres sans aucune suite logique, il peut voir que les reflets de ses anciennes vies ont disparus. Il ne reste plus que lui, seul et essoufflé. Ses yeux ont prit une teinte rougeâtre. En s'approchant davantage, il peut s'apercevoir qu'ils sont vraiment rouges.

Et il se souvient sans le voir de la sensation du sang. Du sang sur ses mains.

Can You Hear The Silence ?

Bring Me The Horizon - Can You Feel My Heart ? ♫

Changement de décor. Il me fallait quelques minutes pour comprendre enfin ce qu'il m'arrivait. Je dois encore être dans cette tour... Mais je ne suis plus à l'étage où j'étais tout à l'heure, je suis sans doute plus haut... Des miroirs, que des miroirs, cette pièce en est recouverte. Je peux d'ailleurs observer mon reflet... Et pas que. En effet, un reflet familier se trouvait tout prêt. Je tournais ma tête pour découvrir Hippocrate. Un sourire emplit de soulagement se dessina sur mon visage. Il allait bien... Il n'était pas blessé... Je déposais le livre au sol avant de m'approcher de mon partenaire.

- Hippocrate !

Il faut que je lui parle... Pour le livre, pour October qui est en danger... Pourtant, je ressentais comme un malaise dans cette pièce, je me sens pas à l'aise... Je m'y sens pas du tout bien même... Je posais doucement une main sur l'épaule du brun avant de dire d'une voix légèrement hésitante.

- Vous... allez bien ?

06h-08h
La curiosité...

La curiosité est un vilain défaut. A n'en pas douter. Il cesse d'en douter en entendant le rire de la Ville. Différent du rire précédent. Le rire précédent était taquin au mieux, moqueur. Celui là est méchant. Désagréable. Lui donne envie de grincer des dents. Il sent que la situation a basculé. Et pas en sa faveur. Il sent que les choses n'iront pas aussi bien qu'avant.
Pourtant, lorsque les petites sphères rouges apparaissent, il ne détourne pas les yeux, ne fuit pas. Il observe, fasciné, leur ballet. Étrange comme elles ressemblent aux souvenirs. Excepté leur couleur. Est-ce qu'elles sont là pour lui ? La réponse vient en même temps que les sphères. Qui foncent sur lui. Tel des projectiles. Des projectiles de mémoire. Et les souvenirs deviennent des armes.

Il plonge dans son passé sans avoir le choix, contraint et forcé par la Ville. Pantin avec lequel elle joue, pantin masochiste et consentant, qui joue avec le feu jusqu'à se brûler. Pauvre Icare, pour qui la chute n'est que plus violente. Les bribes de son passé s'enchainent, les unes après les autres. Plus sombres les unes que les autres. Impossible de s'y soustraire. Condamné à voir, à revoir.

Quand tout s'arrête, il se retrouve là, vidé. Les images s'estompent lentement, le laissent reprendre conscience de la réalité, du lieu où il se trouve. Les miroirs sont toujours là, le plancher est toujours là, il est toujours là. La seule chose qui a disparut, c'est la myriade de reflets de son passé dans les glaces. Disparut, le jeune marié, l'adolescent, et cet homme sombre dans la ruelle. Il croise le regard de son reflet. Écarquille les yeux, s'approche. Est-ce que ces pupilles rouges qui le fixent lui appartiennent ?

- Qu'est-ce... qu'est-ce que tu m'as fait ? murmure-t-il, à la fois pour lui-même et pour la Ville. Que signifie ce rouge. Et pourquoi se sent-il si... sale ?

Il regarde ses mains. Frémit. Cette sensation. La sang. Gout métallique. Non. Non, il n'y a rien sur ses mains, tout va bien. Des hallucinations, tout simplement. Rester calme, maitre de soi-même. Ne pas être un pantin. Son cœur bat la chamade, un rythme effréné. Il n'entend même pas Landscape arriver dans la pièce, appeler son pseudonyme.

- Vous... allez bien ?

La main sur son épaule est un électrochoc. Il se retourne, le repousse violemment sur le sol, le regard dur. Met un moment à reconnaitre le jeune homme blond. Comme coupé de la réalité.

- Ne. Refais. Jamais. Ça. Tu m'entends ?! Jamais !

Le médecin se prend la tête à deux mains, vacille un peu. Reprend toi, bon sang, reprend toi, merde ! C'est Elle qui t'a fait ça, Elle qui joue encore ! Il se rassoit au centre de la pièce, ferme les yeux. Ébranlé. Non. Non, ne pas être un pantin. Le passé est le passé. Et le présent n'a rien à voir, n'est-ce pas ? Alors pourquoi cette sensation qui sali ses mains ? Pourquoi ce manque qui l'obsède ?

I Am Powerless

Bring Me The Horizon - Hospital For Soul ♫

Hippocrate me repoussa sans douceur, je perd doucement l'équilibre pour finir par tomber en gémissant légèrement. Je me redressais avant de le regarder, il semblait perdu, pauvre objet désorienté que la ville avait manipulé pour son plaisir personnel. Je le regardais s'asseoir au milieu de la pièce, tentant vainement de se calmer. Je m'accroupis en face de lui avant de poser mes mains sur ses épaules, fuck si il m’envoie encore au sol ou qu'il me frappe. Je le secouais doucement en fronçant les sourcils.

- Tu comptes vraiment te laisser faire par cette putain de ville ?! Tu vois pas qu'elle joue avec toi ?! Il faut que tu te reprennes ! Tu veux la rendre heureuse, lui montrer qu'elle est plus forte que toi ? Bat toi bordel ! Où est le Hippocrate que je connais ? L'homme sûr de lui, réfléchit ?! Tu en as rien à foutre de ce qu'elle te montre ! Si ton passé te plait pas, tu crois pas que tu peux tout recommencer à zéro maintenant ?

J'arrêtais de le secouer, espérant qu'il assimilera mes paroles. Je le regardais droit dans les yeux avant de lui dire :

- Je sais ce que ça fait, des souvenirs qui te plaisent pas, mais je me dis que maintenant que je suis amnésique, je peux refaire ma vie comme bon me semble, recommencer tout à zéro... Je veux pas satisfaire cette putain de ville, et je compte bien me casser de là dès que j'en aurais l'occasion. Maintenant reprend toi, October est en danger, il faut qu'on aille l'aider !

Je me redressais en lui tendant ma main pour qu'il se redresse, même si, le connaissant, il va la refuser.

Elle n'a pas finit. Sans crier gare, Landscape est aspiré par un miroir. Le garçon est désormais derrière la glace, prisonnier de son reflet. L'endroit lui apparaît comme une sorte de cage en verre dont il y a une sorte. A condition qu'il s'enfonce davantage dans le monde des miroirs...

Ecoute moi. Tu vas me faire quelque chose.

C'est un ordre, une prédiction. Elle parle à Hippocrate. Il doit lui obéir.

Sinon ton ami va mourir.

06h-08h
La curiosité...

Landscape n'a pas l'air décidé à lâcher l'affaire. Et il est là, devant lui, le secoue par les épaules. Geste associé à un de ses incessants monologues. Ne pas se laisser faire par la Ville ? Il ricane. Et à ton avis, je fais quoi, là ? Si je me laissais faire, je serais en train de t'étrangler. Donc là, tu vois, je me maitrise. Il a envie de lui hurler dessus, pour qu'il arrête de le secouer comme ça. Mais Landscape le relâche déjà. Juste à temps. Par contre, il semble que sa réserve monologique ne soit pas épuisée. Et c'est reparti. La dernière phrase achève la patience de l'homme.

- Maintenant reprend toi, October est en danger, il faut qu'on aille l'aider !

La gifle de la brunette lui revient en mémoire, son sang ne fait qu'un tour.

- Qu'est-ce que j'en ai à foutre, qu'elle soit en danger ?! Redescend de ton petit nuage ! Si tu veux aller sauver ta copine, vas-y seul ! Et arrête de gaspiller ta salive avec tes petits discours ! Qu'est-ce que tu en sait, de la ville, qu'est-ce que tu sais de ce dont elle est capable ? Qu'est-ce que tu sais de mon passé ?! RIEN !

Il reprend sa tête dans ses mains. Se calmer. Sa gorge pique, sa gorge gratte, et tout son corps réclame de l'alcool, une goutte de ce précieux liquide, et rien pour calmer cette soif. Tellement difficile. Et voilà qu'il doit supporter Landscape dans un pareil moment. Comme si la ville lisait dans ses pensées, Landscape disparait. Enfin, pas tout à fait. Le blond est toujours là. De l'autre côté. Dans le miroir. Hippocrate frissonne, se relève doucement. S'approche de la glace dans laquelle l'image du blond lui semble étrangement lointaine. Pose sa main dessus. Qu'est-ce qui se passe encore ?

Ecoute moi. Tu vas me faire quelque chose. Sinon ton ami va mourir.

De nouveau, il ferme les yeux. La Ville lui parle. Et ses paroles déclenchent un rictus. Ainsi, elle veut encore jouer avec lui ?

- Du chantage ? C'est petit comme technique, j'attendais un peu plus de...disons, de "classe" dans tout ça. Mais je suppose que je ne dois pas trop en attendre de Toi, raille-t-il

Il a envie de refuser son marché. De toute façon, qu'est-ce qu'il en a à faire, de ce blondinet ? Mais l'expression de ce dernier, dans le miroir... Et bien son expression lui fait quelque chose, oui. Et puis il y a toujours cette fichue curiosité, qui guette, tapie dans son cœur. Il lui donne les rênes.

- Qu'est-ce que tu veux, exactement ?

Someone Can Help Me ?

Skillet - Whispers In The Dark ♫

Où suis-je...? Il y a encore quelques secondes, j'étais là, à côté d'Hippocrate, qui me gueulait dessus pour changer... Je dois être maso pour vouloir rester à ses côtés malgré tout ça. Il doit être en manque... C'est pour ça qu'il est autant sur les nerfs... En temps normal, il n'aurait pas refusé d'aider October. Il m'avait parlé de la ville... Me disant que je ne savais pas ce dont elle était capable... Est-ce que c'est elle qui m'a emmené là ? Je regardais les alentours, on dirait du verre... Pourtant, je peux encore voir Hippocrate... J'essayais de me souvenir de la pièce, savoir où je pourrais bien être, et le seul endroit qui m'apparu fut un miroir, je suis prisonnier... Je suis à sa merci...

Je m'approchais d'Hippocrate, enfin, de la paroi de verre qui me séparait de lui. Ses lèvres bougeaient... Il parle... Mais à qui ? L'alcool le rendrait fou au point de parler seul ? Non... C'est autre chose... J'étais effrayé... Je veux pas rester ici... Je m'y sens mal... J'ai un mauvais présentiment. Je veux... Non... Je DOIS sortir d'ici... Le livre n'a pas prédit ma mort maintenant... Donc normalement je risque rien... C'est un coup de la ville... Je ne vois rien d'autre.

- Faites moi sortir d'ici ! C'est toi pas vrai ? Qu'est ce que tu veux ?!

Elle répond très clairement en articulant à outrance. Je veux que tu retrouves ces personnes et que tu les brises...

Tour à tour, les miroirs révèlent des reflets différents. Une jeune fille aux cheveux bruns noués accompagné de loups géants que Landscape pourra reconnaître sans peine comme étant la Wendy de ses souvenirs, une autre fille rousse qui sourit en brandissant une pierre brillante et un jeune homme blond entouré de ronces.

Regarde les bien Nicolas. Puis les miroirs s'éteignirent et Landscape fut libéré. Souviens toi d'eux. Et pars.

06h-08h
La curiosité...

Il regarde Landscape s'agiter de l'autre côté du miroir. Ses lèvres bougent, mais il n'arrive pas à déchiffrer grand chose. "Sortir", "toi". Oui, bah c'est ce que j'essaye de faire, sombre idiot, de te faire sortir. Alors arrête de te faire remarquer et reste bien sage, tu en as déjà fait largement assez comme ça. Oui. Décidément, ce type doit avoir la poisse, après la créature des marais, le rat dans le parking, et cette fois, les miroirs. Super, vraiment.

Je veux que tu retrouves ces personnes et que tu les brises...

De nouveau, la voix de la Ville, de nouveau dans sa tête, de nouveau il est pris tout entier dans les sonorités métalliques. Retrouvez des gens. Les briser. Voilà une demande digne d'Elle, pas de doute. Il regarde avec attention les miroirs lui révéler différentes personnes. La première, il la reconnait sans difficulté, c'est mademoiselle aux loups. Un rictus nait sur ses lèvres. Rien que de l'imaginer la briser, il frémit. Un frisson d'excitation, un frisson de dégout de lui-même. Allez savoir... Il y a aussi un garçon blond, qui semble entouré de ronces, des ronces qui s'agitent. Une fois de plus, la blonde du supermarché, Calvetti, avait raison. Enfin, sur la dernière des images, une fille, rousse. Elle a dans la main une pierre bleutée, qu'elle brandit avec fierté.

Il observe les miroirs sans rien dire. Attentif. le moindre détail des scènes se grave dans sa tête. Surtout, ne pas oublier leurs visages. Elle se hâte de confirmer sa pensée.

Regarde les bien Nicolas. Souviens toi d'eux.

Comme si il était stupide. Cette Ville qui s'amuse avec lui...elle ne perd rien pour attendre. Il tourne la tête. Landscape est de nouveau là, à ses côtés. Et lui, il lui semble être lié par un contrat particulier avec la Ville. Il fixe le blondinet d'un oeil absent, ne sait pas trop quoi dire, quoi faire. Ni quoi ressentir. Finit par s'en retourner au centre de la pièce, faisant signe au blond de le suivre. Sa première question est silencieuse. Dans sa tête. Il ne doute pas qu'Elle saura y lire. "Que veux-tu dire exactement par "briser", hein ? je ne voudrais pas te décevoir ~". La seconde remarque est à voix haute. Pour Landscape et surtout pour la Ville.

- C'est bon. On part. Fais nous sortir d'ici.

Fais nous sortir, si tu veux que je tienne parole.

So Much Confusion Clouds My Mind

Hurts - Devotion ♫

Je n'entend rien, il se passe quelque chose avec Hippocrate... Mais quoi ? Je restais contre la vitre, regardant le médecin de notre groupe. Puis, des images apparurent. Des images familières. Des visages familiers surtout. La première, une brune, bien trop familière à mes yeux... Wendy... Elle était donc ici... Pourquoi sa photo défilait ? Pourquoi la ville nous montrait son visage ?! Une deuxième femme apparue, rousse, brandissant une pierre avec un immense sourire. Je suis perdu, je ne suis plus rien, qu'est ce qu'il se passe au juste ? Un troisième visage, un blond, un blond qui me semblait également familier... Un nom apparu dans ma tête, Ian... L'ami de Seth, celui que j'ai embrassé sans faire exprès à une soirée... Un flot de sentiment se bousculait dans ma tête, Ian est en danger... Il y a les fameuses ronces kidnappeuses dont Novembre nous avait parlé... Je prenais ma tête entre mes mains, j'ai perdu le fil depuis un moment maintenant... Puis, les miroirs s'éteignent, faisant disparaître le visage de Ian avec lui...

Sans avoir le temps d'émettre le moindre mouvement, la moindre parole, je fus enfin libéré de ma prison. Libre. Enfin... Je regardais Hippocrate sans comprendre ce qu'il s'était passé. Il me fait simplement un signe, signe de le suivre. Je m'exécute donc sans broncher, me redressant lentement pour le suivre. Je me contente donc de rester prêt de lui, les questions viendront plus tard, je crois... Hippocrate fini par parler dans le vide, sans doute à la ville. Il faut que je sauve October d'ailleurs... Mais de quoi ? Et où est-elle dans cette ville ? Je fini par demander, un peu hésitant :

- Avant de me faire sortir... Je veux savoir où est October... Dit moi où est Elisabeth !

Elle est en train de mourir, souffla la Ville pour seule réponse.
Le décor autour d'eux se brouilla et bientôt, ils purent constater que la Tour et ses miroirs avaient disparus. Ils étaient ailleurs.

Spoiler:

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» Les Révélations au sujet de la Ville
» La vie est une pute, le bon Dieu une salope, cette ville une vendue.
» Un petit pas pour lui, un grand honneur pour cette ville.

Telle ville, telle téléportation.

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