♣ Fade away like the memories

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◊ 1er souvenir
Le trajet en voiture lui avait paru long. Il conduisait, son regard torve fixé sur la route nocturne éclairée par les lumières de la ville. Les mâchoires serrées, il n’avait pu se résoudre à énoncer un mot. Un regard dans le rétroviseur lui apprit qu’elle le contemplait d’un air inquiet. Mais ni l’un ni l’autre ne semblait vouloir se résoudre à briser le silence.

Il lui tint la portière comme il l’avait toujours fait pour l’aider à descendre. Ses cheveux roux brillaient à la lueur d’un lampadaire alors qu’ils se dirigeaient vers son appartement. L’atmosphère était pesante alors qu’ils gravissaient les marches. Habituellement, elle aurait rit, elle se serait mise à babiller de sa petite voix fluette pour lui raconter toute sorte de choses. Il aurait sourit, l’aurait prise dans ses bras.

Et ils auraient été heureux. Mais plus aujourd’hui.

Ils entrèrent. Il ne prêta pas attention au lieu qui avait un charme tout anglais, une décoration sobre et classique comme il les aimait. Elle esquissa un mouvement et s’approcha de lui en murmurant. « Chéri… » Il attrapa fermement sa main avant qu’elle ne la mette sur son épaule et lui répondit d’un ton plus froid qu’il n’aurait voulu. « Tais-toi. »

Il vit ses sourcils se froncer dans une moue anxieuse alors que ses yeux le regardaient d’un air suppliant. Il détourna la tête et inspira profondément. Il s’était sentit trahi, son honneur bafoué. Il avait prit sa décision dans le silence du trajet. Et il ne reviendrait pas dessus.

Il lâcha sa main et tourna les talons. Il lui fallut cinq minutes. Cinq minutes pour retrouver la valise violette et lui dire. « Tu fais tes affaires et tu t’en vas. » Les larmes affluaient sur les joues de porcelaine de la rousse. « Attends, laisse moi t’expli… » « Tes affaires et tu t’en vas. » répéta-t-il en poussant la valise dans sa direction.

Il aurait voulu crier sa douleur. Lui dire qu’il avait cru en elle, qu’il s’était confié comme à nulle autre auparavant. Il aurait voulu hurler qu’il l’aimait, qu’il avait imaginé leur futur ensemble. Mais il ne dit rien. Les mâchoires serrées, il la regarda s’effondrer sur le sol, se demandant si tout n’avait toujours été que mensonges. Ou si elle avait véritablement ressenti quelque chose pour lui.  

◊ 2nd souvenir
Le rebord froid du comptoir ne lui faisait pas plus d'effet que la liqueur infâme qu'il ingurgitait sans plus y prêter la moindre attention. Il aurait aimé se concentrer sur ses actions, et oublier un instant que toutes ses certitudes venaient de s'effondrer en un seul mot. Mot infernal et indigne de lui. Son propre doute l’écœurait plus que sa boisson. « Adopté. » Ce mot faisait mal. Nouvelle gorgée. Plus que le goût ignoble de ce semblant de whisky, il recherchait la sensation assommante de l'alcool dilué dans ses veines ; sa protection imperméable qui l'empêcherait de penser plus longtemps à ce qu'il venait d'apprendre. Deal with it, dude... Seul l'intervention du barman, qui nettoyait négligemment la table lui fit lever la tête, qu'il maintenait jusqu'alors résolument baissée. Il lui lança un air totalement blasé, distant, avant de balayer silencieusement la salle du regard.

L'endroit n'était pas très animé, et peu de gens semblait vouloir s'y noyer dans l'alcool. Était-il donc le seul à avoir vu son monde s'écrouler, ou bien ne pouvait-il tout simplement pas accepter d'avoir cru dur comme fer à un mensonge pareil ? Sa propre existence était-elle un mensonge, elle aussi ? Sourire ironique alors qu'il avise une jeune femme à la crinière rousse ébouriffée qui s'assoit au comptoir, l'air totalement déconnectée de la réalité. À quoi songe-t-elle ? Vient-elle également de découvrir que sa vie est basée sur quelque chose qui n'a jamais été ? Il lui trouve un charme certain. La silhouette fine, le visage presque félin, et les grands yeux noisette qui fixent le vide alors qu'elle commande. La jeune femme a quelque chose de familier, mais il se sent incapable de dire pourquoi. Le whisky, sans doute. Ils se sont peut-être croisés dans les couloirs de l'université ? Du charme, elle en a. Il inspire profondément. Expire. Et après tout, pourquoi pas ? You're gonna regret this, buddy. Or not ?

« On se connaît, non... ? » Il s'était approché subrepticement de la jeune femme, l'esprit toutefois incertain. L'autre tourna lentement la tête, l'air absent. « Oh... Sorry I... Erm... J'ai du faire une erreur. » Il fit mine de s'éloigner, ne pouvant toujours pas détacher son regard de la belle rouquine, lorsque celle-ci prit la parole.

◊ Souvenir rêvé
Elle rit, elle sourit. Et lui, il est comme envoûté par sa voix, par cet éclat de rousseur qui est venu lui donner un nouveau souffle. Mais l'éclat quitte toujours trop vite le champ de vision de celui qui le regarde, pas vrai ? L'éclat est éphémère, contingent. Il soupire dans un sourire. Il sait ce qu'elle va dire. Tous ses gestes trahissent sa pensée. « Bon... Il se fait tard. Je ferai mieux de rentrer. » Il la regarde dans les yeux, ses iris vertes insistant pour retarder encore l'inévitable départ. « Tu ne veux pas rester ici pour la nuit ? » « Non, j'ai déjà payé ma chambre d'hôtel pour la nuit... Il vaut mieux que je rentre. Merci pour cette soirée, c'était... C'était bien. Très bien, même. Je... Mon sac ? » Il lui tend son sac et la regarde tristement passer le seuil de la porte. Il prend alors conscience du vide qui s'installe en lui à mesure qu'elle s'éloigne. Ce sentiment... Agréable et pourtant déchirant. Elle se retourne, il s'avance vers le seuil. Échange d'au revoir. Ils se sourient. Puis il ajoute, à voix basse « Il y aura toujours une place pour toi... Là. If you ever want to come back, that is. » Il désigne l'intérieur de la main et lui lance un ultime regard. Elle sourit, se retourne, il ferme la porte. Il ne se comprend plus. Pourquoi cette fille plus qu'une autre ?

◊ 3ème souvenir
« Nice day, huh ? Nice. Nice Nice indeed. And when exactly were you gonna tell me all of this ? » Bientôt, évidemment. Dans une heure ? Un jour ? Un an ? … Une vie ? Elle vient à peine de rentrer. Il passe sa frustration sur le journal qu'il tient entre ses mains, le claque contre la table de la cuisine et la foudroie du regard. Il ne sait plus quoi penser d'elle. Mensonge, tout du long ? Mensonge, fourberie et illusion ? Elle le regarde sans comprendre, puis il perçoit la gerbe d'intelligence qu'il a tant aimé dans son regard brûlant. Elle sait, n'est-ce pas ? Elle sait mais elle ne dit rien. Son téléphone vibre. Il voit vaguement « Message de : Anabeth » s'afficher à l'écran, l'ignore royalement. Pas le temps pour cette garce. « What are you talking about ? Explain yourself. » Elle ne se démonte pas. Mentalement, il est perdu. Elle joue. Avec lui, avec les autres, avec tout. « You know very well what I'm talking about. » Il se lève, prenant le soin de laisser le papier journal bien en évidence sur la table.

Il sort en claquant la porte. Pas un regard pour elle.

Il est de retour dans le bar. Celui où tout a commencé. So... Back to where it all started, right ? I guess that's where it shall end up as well... Il sirote machinalement sa boisson, l'esprit ailleurs. Elle sait où le retrouver. Il sait qu'elle sait. En fait il l'attend presque. Et il repense à l'article. À cet écrit de pacotille qu'il n'a pas voulu croire. Qu'il a voulu ignorer. Qu'il a lu et relu, étudié, minutieusement, décrypté. Mais rien à faire, les faits sont là. Une banale affaire de meurtre. Un fait divers étranger. Elle. Son nom. Qui revient, sans cesse, parmi les lettres noires du journal. Et sa photo, là. « En fuite. » Nouvelle gorgée d'alcool qu'il sent à peine passer. Cette fois il ne veut pas oublier. Il va juste se donner une excuse pour sortir de ses gonds, pour crier, pour supplier, pour savoir. N'est-il qu'un vulgaire prétexte, ou bien vaut-il encore la peine qu'on s'attache à son cœur ? Il ne veut plus d'histoires. Il veut l'Histoire, et tout ce qu'elle implique.

La porte s'ouvre. Elle arrive. S'assoie en face de lui. Il se crispe. Sa mâchoire menace de céder sous la pression. « Je voudrais savoir, oui », grince-t-il à sa question muette. Je nous ai donné nos chances, you know. « Tu veux savoir ? Well then, yes, it was me. I tried not to tell you, I tried to forget. I thought I could save... Whatever was left froms us. » Il reste de marbre. Complètement. Et dans sa tête, c'est le vide.

Un vide glacial, paralysant. Il ne veut pas.

« Well. 'Looks like there's nothing left. » I think this is goodbye. Forever and for good.

Glacial.

◊ Point de vue externe du souvenir de Chlore
Il peut voir Chlore écrire à la va-vite sur le marque-page d'un livre qu'il reconnaitra sans peine. Il se voit entrer dans la chambre et lui lancer un regard assassin. La scène suivante le montre, surplombant la tigresse rousse de toute sa hauteur, depuis la fenêtre de leur chambre, par laquelle la valise a sans doute volé. Elle retient ses larmes, et il comprend leur dialogue en anglais. Puis il la voit lutter pour ne pas pleurer dans une voiture.

◊ 4ème souvenir
« You should indeed. » Il a soufflé ces mots dans un accès de haine. Il se retourne et attend que son petit frère s'en aille. Le bruit des pas presque timides le dégoûte. Quand on est de la famille, on reste noble et fier. On reste insensible aux éclats des autres. C'est décevant. Tout le monde est déçu.

« Ce que j'ai dit était vrai. » Il fixe le paysage dans le parc, les passants qui s'activent, les gens heureux et naïfs qu'il ne supporte pas. Tente de rester impassible. « Et je préférerai que ce ne soit pas le cas. » C'est une évidence. Car oui, il a daigné répondre. Froidement. Pour cacher toute la frustration et l'amertume, la déception, quelque part. L'incompréhension, devant l'évidence. Cruelle évidence. Pourtant la tension est palpable, dans l'air. Ils sont tous deux sur les nerfs. Dépités, dépassés, sans doute. « Parce que tu crois que ça m'est beaucoup plus agréable, peut-être ? » Il se tourne vers lui. Il le dépasse toujours d'une ou deux têtes, mais il y a comme une nouvelle distance entre eux. Comme si un mur de glace s'était interposé. D'accord, ils n'avaient jamais vraiment été complices, mais tout de même. Il y avait toujours eu comme une entente supérieure qui planait dans l'air, chaque fois qu'ils étaient dans la même pièce. Et là plus rien. Juste une tension indicible. Family... 'Crazy how little it is. Il ne répond pas à la remarque du plus jeune. Pas la peine de répondre.
C'est pesant. Trop pesant. Il n'aime pas ça. L'autre se dandine d'un pied sur l'autre. « Pourtant on se ressemble... Le mensonge aurait pu être parfait. » Oui, il aurait pu. Mais il n'aime pas le mensonge. Pas quand il joue contre lui. « We are not alike. You're just fooling yourself believing that. » Il s'apprête à partir, se ravise au dernier moment. « Oh, and about your little party... I think you've got some cleaning to do. » Rester de marbre. Rester indifférent. Rester le même, quoi qu'il arrive. Même si ce même pourrait bien ne pas être lui-même, after all. Peut-être que lui aussi, was just fooling himself. Il ne supporte plus tout ça.
Il tourne vraiment les talons, ses pas le conduisant naturellement jusqu'au bar le plus proche. De quoi oublier cette journée trop étrange. Vite.

♣ Places I visited

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◊ La Gare
Après un petit moment stressant dans la train - la faute à un loup et à une princesse disney détraqués - passage éclair et humide par le Quai. Inutile de préciser que l'exploration aura été plutôt expéditive.  

◊ La Mairie
Après une fouille en règle de la cafétéria ayant permis de trouver un talkie walkie célibataire, passage à la poste, où nos pas ont croisé le chemin pas mal de colis inutiles (bracelets et plan, entre autres), tandis que le bras de Landscape croisait plutôt un bureau volant.

◊ Le Pont
Une dispute et un malheureux accident plus tard, nous voilà tombés du pont. Une chute pas si mortelle, mais qui aura eu le mérite de mettre les points sur les i.

◊ L'Eglise
Un coin plutôt glauque au premier abord, mais qui s'avère pour l'instant plein de surprises ... moins désagréables que les précédentes.  

◊ Le Manoir
Passage rapide ; à peine le temps de rallumer le feu qu'ils se sont retrouvés bougés ailleurs ...

◊ Le Parc d'attractions
Lugubre à souhait. Le parfait décor pour un film d'horreur en fait : lumières aléatoires, absence de forains, et même un cadavre en haut de la grande roue. Le lieu rêvé pour arranger un couple, non ?

◊ Les Stations de Métro
Passage éclair, et exploration plus que bâclée. Mais rien d'utile découvert, et vous connaissez la patience légendaire de nos personnages ...