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Où la lune se lève.

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Princesse mutante, suicidaire et maniaco-dépressive
Luna
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Luna

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MessageSujet: Où la lune se lève.   Où la lune se lève. Icon_minitimeVen 24 Aoû - 16:03

Où la lune se lève. 602450278 20h-22h
« Le silence était si absolu que je me croyais sourd. »




Absolu. C'était un terme tellement dérisoire pour le silence qui régnait. Dehors. Et en elle.
Elle ouvrit les yeux. Et les referma brusquement. Ce petit manège dura quelques minutes. Une éternité. Dans les premiers temps, elle vit flou. Petit à petit, pourtant, sa vision s'acclimata.

Lumière. Pénombre. Lumière. Pénombre. Lumière. Le néon clignotait au dessus de sa tête. dernier vestige d'une époque, sans doute, où le train fonctionnait normalement. Parce que tout ça, ce n'est pas normal, n'est-ce pas ?
Elle tourna la tête, posant sa joue chaude contre le cuir froid de la banquette. Elle laissa échapper un léger soupir à ce contact. Elle se sentait fatiguée, sans énergie. Vide. Car c'est ce qu'elle était. Vide. D'ailleurs, qui était-elle ? Elle ferma de nouveau les yeux, éclipsant le décor du wagon. Essaya de se souvenir. Vaine tentative. Qu'était-elle ? Elle était humaine, lui semblait-il. D'où savait-elle cela ? Qu'importe. Elle se raccrocha à cette certitude.
Humaine. Elle laissa le mot glisser en elle, jusqu'à sa bouche, sur le bout de langue, et finit par le prononcer à voix haute.

"Humaine. Je suis humaine."


Elle rouvrit les paupières. Elle devait se lever. Elle ne pouvait pas rester là. Quelque chose en elle, quelque chose lui soufflait qu'ici, elle n'était pas en sécurité. L'instinct. Elle retrouvait petit à petit des mots, qui venaient combler le silence et le vide immense en elle. Humaine. Instinct. Sécurité. Elle prit appuis sur ses avant-bras, et s'assit progressivement sur la banquette.
Elle sentait les muscles de son corps, endoloris, fourbus. Elle étira sa nuque, en quelques mouvements.

Elle observa autour d'elle. Le wagon était dans un état pitoyable. Au mieux. Les banquettes rouges, qui autrefois devaient être luxueuses, étaient parsemées de griffures, de trous, qui laissent entrevoir des morceaux d'une mousse jaunâtre. Le dernier néon, celui qui lui avait tenu compagnie jusqu'ici, peinait à rester "en vie", et clignotait de plus en plus faiblement, de façon chaotique.
Bientôt, elle se retrouverait seule, dans le noir.

Elle avança de quelques pas dans la cabine. Oui, elle devait réellement être luxueuse. Avant. Que s'était-il passé ici ? Elle pila devant un miroir. Une inconnue. Elle était une inconnue, un mystère. Son propre mystère. Elle tendit une main vers son reflet, qui fit de même. Les grands yeux dorés la fixèrent, lueurs farouche dans la pénombre. Lueur atténuée par les cernes qui les soulignaient. Elle avait pourtant l'impression d'avoir dormi un siècle. Ses cheveux, car c'était bien les siens, cascadaient sur ses épaules, en bataille. Crinière brune encadrant un visage pâlot. Était-elle toujours aussi négligée, avant . Car il y avait bien un avant, elle en était certaine. Elle n'en avait juste aucun souvenir.
Ses habits... étaient confortables. Elle ne put que s'en féliciter. Un pantalon large, avec lequel elle pourrait courir sans difficultés. Un large sweet, avec une capuche, qui la protègerait de ma pluie -la pluie, elle ne se rappelait pas ce que ce mot évoquait, mais étrangement, la capuche lui était associée, dans son esprit... Enfin, une paire de baskets, dans lesquelles elle se sentait tout à fait bien.

-Et bien, ancienne moi, qui que tu sois... au moins, tu as bien fait les choses pour cette fois....-
songea-t-elle.

Elle se pencha, promena ses mains dans ses poches. Elle en sortit divers objets. Un couteau multi-lames, mais avec lequel elle doutait de pouvoir couper quoi que ce soit. Des chewing-gums ? Beaucoup mieux. Elle en sortit un du paquet et le glissa dans la bouche. Un stylo ? Inutile pour le moment, mais elle ne put se résoudre à le jeter. Après tout, c'était un morceaux de son passé. Enfin, un élastique à cheveux. Elle le rangea précieusement dans sa poche.

Cet état des lieux achevé, elle décida de s'intéresser aux environs. Elle irait doucement. Chaque chose en son temps. Elle s'approcha de la vitre de la cabine. Brisée. De minuscules morceaux de verre tapissaient le sol. Dangereux. Elle jeta un oeil à l'extérieur. Il faisait noir. Quelle heure était-il ?

L'heure. Une notion qu'elle savait avoir une certaine importance, mais laquelle ? Dans un geste réflexe, elle releva sa manche gauche et regarda son poignet. Pourquoi faisait-elle ça ? Elle l'ignorait. Elle découvrit à son bras un bijou d'argent. Une gourmette. Ce nom là aussi lui revint sans réel effort. Elle la fixa longuement. Gravé sur la plaque, un croissant de lune. Ça aussi, elle connaissait. Elle leva les yeux. Dehors, dans le ciel étoilé, son homologue brillait d'une lueur blafarde, éclairant le paysage, et lui donnant une atmosphère pesante.
Le vide, encore et toujours. Le vide dans les rues. Le vide aux fenêtres. Le vide, partout. Comme si rien d'autre n'avait existé.
Que faisait-elle donc ici, bon sang ?!

Elle reporta son attention sur la gourmette. En dessous de la lune, des chiffres étincelaient. Gravés eux aussi. Mais ils semblaient bizarrement... vivants. D'ailleurs, ce n'était pas une illusion, elle finit par s'en convaincre. Les chiffres changeaient. Et elle compris bientôt que cela marquait le passage du temps. Oui. Mais pourquoi ? Pourquoi avait-elle un minuteur à l'envers, sur sa gourmette -la jeune femme ne doutait plus que ce bijou soit à elle-, quel intérêt ?
Elle retourna l'accessoire. Au dos, quelques lettres étaient gravées, un peu effacées. H-e-c-a-t-e. Hecate. Qu'était-ce ? Elle décida de passer sur cette question sans réponse pour le moment.


Car le temps était venu de quitter son "abri", qui n'allait sans doute pas en rester un très longtemps. Après tout, elle était seule ici, elle ne pouvait faire confiance à personne. Qu'espérait-elle donc trouver dehors ? Des réponses, sans doute. Pour répondre aux milliers d'interrogations qui envahissaient sa tête. De quoi combler son vide.
Elle sauta par la vitre du train, et atterri souplement sur le sol, sans douleur. Elle sortit son couteau, par précaution, mais sans vraiment y croire, et fit quelques pas dans la lumière de la lune. Elle ouvrait grand ses yeux et ses oreilles, mais rien alentour ne bougeait.

Pourtant... Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir épiée.



Âmes Damnées de la Ville
L'Âme de la Ville
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MessageSujet: Re: Où la lune se lève.   Où la lune se lève. Icon_minitimeSam 13 Oct - 18:20

Il commence à pleuvoir. Une pluie venue de nulle part qui s'abat sur le quai sans prévenir. Elle a tôt fait de tremper la jeune femme. Jeune femme qui est effectivement épiée. Une part de Son immense conscience l'observe. Mais Elle n'a pas le temps de se préoccuper d'elle.

Ce qui ne l'empêche pas de dessiner des pas sur le sol. Des traces de chaussures fluorescentes qui scintillent dans le noir. Et qui tracent un chemin vers la Mairie...

Spoiler:

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