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Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.

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L'art d'harceler les vieux pour des clopes
Opium
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MessageSujet: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeDim 6 Jan - 17:06



Mauvaise idée.

Mais c'était trop tard, bien trop tard pour cette prise de conscience. C'était même parfaitement inutile, maintenant qu'elle se débattait pour maintenir sa propre tête hors de l'eau, en oubliant presque qu'elle était censée sauver quelqu'un en plus d'elle-même. Au moment où ses pieds avaient quitté le sol, quand l'extrémité de ses doigts avait touché la surface, quand l'eau glaciale l'avait mordue et la première vague giflée, elle avait su que ce n'était pas la bonne décision. Peut-être allait-elle s'en sortir, mais elle ne serait jamais capable de hisser qui que ce soit sur le rivage.

Le sac, ne lâche pas le sac.

Difficile de nager – c'était un bien grand mot – quand on se cramponne à un sac à main d'un bras. C'était stupide. Mais elle préférait mourir avec ses dernières affaires, vestiges d'une vie passée oubliée, qu'en parfaite inconnue, quand bien même personne ne retrouverait son cadavre. A vrai dire, elle se contentait de mouvements désordonnés pour créer l'illusion qu'elle y pouvait quelque chose, que le fleuve n'avait pas un contrôle absolu sur son corps. Elle comprit bien vite que cet effort était vain. Le cours d'eau était devenu un marionnettiste tout puissant. Il lui prenait une jambe, la lui balançait par-dessus la tête ; lui attrapait le crâne, lui cognait le front contre une surface dure ; puis lui laissait une seconde de répit pour qu'elle puisse respirer et reprendre ses esprits avant que le manège recommence. Son collier en argent manqua de l'étrangler. Tout se confondait ; elle perdit tous ses repères, et bientôt elle oublia où était le fond, où était le ciel, dans quelle direction elle devait gigoter.

Ne l'oublie pas lui, ne l'oublie pas, trouve-le.

Puis d'un coup, sans savoir comment, elle se retrouva à la surface plus de deux secondes. Elle aspira une grande goulée d'air, cherchant du regard le garçon en tendant le cou. C'était peine perdue. Dans la pénombre, elle distinguait à peine les contours des arbres. Elle voulut l'appeler, lui faire savoir qu'elle était là – inutile mais présente –, mais un fois de plus son nom lui fit défaut.

« T'inquiète pas, j'ar... »

Une vague l'envoya bouler dans les profondeurs, comprimant sa cage thoracique et la vidant de tout son air. Elle se roula en boule, protégeant sa tête de ses mains, attendant que ça cesse – parce que ça finissait toujours pas s'arrêter ; l'enjeu était simplement de ne pas s'évanouir entre temps. Et effectivement, elle finit par émerger. Son corps reprit de vieux instincts, et elle se lança dans un crawl plus conventionnel que la nage à un bras qu'elle effectuait jusque là. Son sac n'était qu'à moitié fermé ; tant pis si elle perdait une ou deux affaires, il fallait qu'elle rattrape le garçon.

Par un quelconque miracle, elle finit par le heurter. Elle l'attrapa fermement par le bras et le hissa à la surface.

« Accroche-toi à m– »

Constatation : elle ne savait pas franchement nager. Elle sentait qu'elle avait l'énergie nécessaire ; elle se débattait avec la force du désespoir, parvenait parfois à caser quelques mouvements ordonnés ; mais ce n'était vraiment pas une professionnelle.

Quand elle rouvrit les yeux, il faisait encore plus sombre, mais le fleuve était nettement plus calme. Elle dégagea les cheveux qui s'étaient pris dans sa bouche, toussa un peu d'eau, rajusta son sac sur son épaule et raffermit sa prise sur son compagnon.

« Faudrait vraiment qu'on se donne des surnoms en attendant... » Elle s'interrompit pour retrouver son souffle. « ... de retrouver les nôtres, parce que c'est super perturbant. »

C'était pas franchement le moment pour ce genre de considérations, mais même après avoir frôlé la mort, elle restait une incorrigible bavarde.

« On va... Le rivage... Faut qu'on... Punaise, j'y vois rien... Oh, mais j'ai pied ! »

... Que d'un pied. Elle se rendit compte du même coup qu'un de ses talons était cassés, et manqua de perdre l'équilibre. A tâtons, elle parvint à toucher un mur – donc ils étaient... à l'intérieur ? – et décida de le suivre. Mais avant, il valait mieux voir si son compagnon était en état pour continuer.

« Ça va toi ? Tu peux continuer ? »

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeDim 6 Jan - 18:36

Il était encore en train de cracher de l'eau entre deux inspirations. En vie, il était en vie. Il ne savait ni comment, ni pourquoi, mais l'air circulait encore dans ses poumons, signe que son cerveau et son coeur arrivait encore à coordonner sa respiration. Il était incapable de comprendre vraiment ce qu'il s'était passé, mais une chose était sûre, une main salvatrice l'avait tiré du bourbier dans lequel il s'était fourré. C'était la fille. Il avait peine à y croire, elle avait sauté dans la flotte tout ça pour le sauver ? Nan c'était de la science fiction. Mais il avait devoir avaler la pilule car c'était pourtant ce qu'elle avait fait. Ses joues s'empourprèrent. Il avait honte de lui, honte de s'être comporté ainsi avec elle, honte d'avoir cru qu'elle l'abandonnerait, honte d'avoir songé à le faire lui même.

Il était le dernier des crétins, des abrutis, et encore il n'avait pas un répertoire très développé en insultes, donc il ne pouvait trouver mieux pour se qualifier. Il marchait à quatre pattes dans la flotte, mais était content de voir qu'il avait pied. Il essaya bien de se lever, mais il était tellement retourné qu'il manqua de vomir. Mais comme il n'avait rien dans l'estomac, ça se solda par un échec. Tant pis. Il aurait probablement d'autres occasions de se vider le bide.

Kh... J'y crois pas, j'me suis fait avoir comme un bleu. Pesta t-il en s'appuyant contre la paroi froide. Il l'avait mauvaise, à cause de lui, ils avaient frôlé la mort de beaucoup trop près. Ils étaient trempés, fatigués, probablement que la faim se ferait sentir dans peu de temps. Autant dire qu'ils avaient un pied dans la tombe.

« Ça va toi ? Tu peux continuer ? » Demanda la fille. Sur le coup, il resta silencieux. Il ne savait pas quoi dire. La logique voudrait que l'on s'excuse et qu'on remercie mais... Ça le blessait dans son ego, il n'arrivait pas à admettre que c'était de sa faute.

Si je pouvais vomir, ça irait probablement mieux, mais quand ça veut pas... Quel orgueil mal-placé. Il s'exprimait comme un adulte piqué au vif. Tu t'en sors mieux que moi je pense, rien de cassé ? Il marqua une pause et remercia qui voulait de les avoir fait atterrir dans un endroit sombre, ainsi, elle ne pouvait pas voir son visage renfrogné quand il s'excusa : M... Merci d'être venu me chercher, j'ai une dette envers toi maintenant. Il fit glisser sa main contre la paroi, et se tourna vers elle (enfin vers ce qu'il arrivait à voir d'elle. On longe les murs ?

Oui bon, il était un peu pommé le petit.
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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeJeu 10 Jan - 19:47


Si je pouvais vomir, ça irait probablement mieux, mais quand ça veut pas...

Elle gloussa. Décidément, il était bien fragile, ce petit ! Au fond d'elle, elle eut un brin de compassion en le voyant tout trempé dans sa blouse trop grande, l'air plus frêle et vulnérable que jamais. Un gosse restait un gosse, et c'était d'autant plus visible qu'il avait abandonné ses airs scientifiques et venait de réchapper d'une noyade – sans compter qu'il avait failli se faire taillader par une plante géante par la même occasion. Malgré tout, elle ne put s'empêcher de lâcher une gentille moquerie. Elle ne pensait pas à mal, mais ça la faisait rire.

« Pff, chochotte ! Si tu y tiens tant que ça, je peux t'aider tu sais ? »

Dans une affreuse grimace, la langue tirée, elle approcha le garçon et fit mine de lui enfoncer un doigt dans la bouche pour le faire vomir. Elle ne s'arrêta qu'au dernier moment, éclatant d'un rire qui résonna dans ce qui semblait être une immense salle inondée.

Tu t'en sors mieux que moi je pense, rien de cassé ?
« Si, mon talon. »

En s'appuyant d'une main sur la paroi humide, elle ôta sa chaussure et l'examina en plissant les yeux dans la pénombre épaisse. Elle soupira :

« Si je veux continuer à marcher, je suppose que je dois casser l'autre... » Ce qu'elle fit à regret en frappant le mince talon contre la paroi, après une seconde de recueillement pour l'objet sacrifié. « Enfin, je pense que tu es plus secoué que moi. »

Un sourire amusé étira ses lèvres une nouvelle fois. Comme les chaussures la handicapaient pour marcher dans l'eau, elle les glissa dans son sac inondé.

M... Merci d'être venu me chercher, j'ai une dette envers toi maintenant.
« Ooh, t'es mignon ! On a plus eu de la chance qu'autre chose tu sais, mais je vais pas refuser tes remerciements. »

Elle ne remarqua pas la gêne qui animait le garçon tandis qu'il lui faisait part de sa reconnaissance. Peut-être en aurait-elle eu vaguement conscience en voyant son expression ; mais, dans l'obscurité, elle n'était pas capable de faire dans la nuance.

On longe les murs ?
« Je pense qu'on a pas le choix... On va bien voir où ça nous mène. Peut-être qu'on a réussi à traverser sans s'en rendre compte ! »

Elle se mit en marche sans grande précaution – l'idée qu'elle ait pu marcher sur du verre cassé, des objets coupants ou quelque créature ne lui effleura même pas l'esprit –, à grands pas décidés et en envoyant de grandes gerbes d'eau sur son passage.

« Prends ma main, sinon je sens qu'on va se perdre. »

A tâtons, elle s'empara de la paume froide de son compagnon et poursuivit sa marche.

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeDim 13 Jan - 0:05

Dès qu'il l'ouvrait, elle en profitait pour se moquer. À chaque fois, il grimacait, vexé. Mais avait pris conscience qu'il y avait une nouvelle ambiance entre. Pas un complicité où quelque chose du genre, mais ça avait changé, évolué. D'ordinaire, il évitait de se fier à tout ce qui était sentiment, ce n'était rien de concret, de réaliste et pire encore, ça changeait d'une personne à l'autre. Bref, il n'y comprenait rien.

Et malgré tout, il avait le sentiment qu'entre eux les choses étaient différentes. Normal. Il avait bien failli les tuer tous les deux, forcément ils étaient plus proche. Tandis qu'elle parlait, il se taisait. Il ne pouvait rien faire d'autre hélas. Lorsqu'elle l'empoigna par la main, il eût un sursaut et fit un grand geste pour écarter la fille. Certes l'ambiance était moins conflictuelle, mais il se méfiait quand même. Et être traité comme un gosse lui tapait vraiment sur le système.

Arrête de me traîter comme un gosse. Tout à l'heure, avant que les ronces n'arrivent... Il se rappela alors de la sphère et du flash qu'il avait eut. Il n'avait pas la certitude que ce soit un souvenir. Rien n'affirmait ou démentait cette hypothèse. Quand j'ai touché la sphère, j'ai eut un flash. Enfin j'ai vu quelque chose. Je ne sais pas trop quoi en penser, mais si c'était vraiment moi. Alors je suis un adulte... Une femme n'irait pas faire des avances à un enfant, non ? Il fixait ses pieds, même s'il ne les voyait pas. Franchement, il ne comprenait rien, il était un enfant, il avait entre 12 et 13 ans, non ?

Il ne savait plus quoi penser. Il ne disposait pas d'assez d'information pour le moment. Peut être valait-il mieux reporter ça pour le moment. Oui. Ce n'était pas grave. Il n'avait pas besoin de se souvenir, pas pour le moment. Il avait déjà assez à faire avec la ville.

Nous sommes de l'autre côté je pense. Il n'y a pas de bâtiment assez proche de la rive du bord d'où on vient pour être inondé comme ça. Et vu le niveau de l'eau, on est en surface... Je ne peux pas voir, mais à en juger la raisonnace de bos pas, nous sommes dans une grande, probablement avec un plafond haut. Je me demande où on est tombé... Marmonna t-il avant d'éternuer. Il retira sa blouse, s'il la gardait, ses autres vêtements ne sècheraient sans doute pas assez vite.

Dis... Tu n'as pas de souvenirs toi ? Lâcha t-il au hasard, pour faire la conversation. Lui quand il fermait les yeux, il voyait un homme qui partait, et puis cette fille qui le suivait... Touchant.

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeDim 13 Jan - 14:24


Lorsqu'elle lui prit la main pour le guider, il s'en détacha aussitôt dans un mouvement brusque. Étonnée, elle se retourna pour lui faire face. Malgré l'obscurité qui lui empêchait de distinguer son expression, elle imaginait très bien son air contrarié. Vexée de la rapidité avec laquelle il avait fui son contact – à croire qu'elle était pestiférée –, elle fit la moue. Alors qu'elle lui avait sauvé la vie – enfin, elle en avait eu l'intention, et certes la chance avait un peu aidé –, voilà toute la reconnaissance à laquelle elle avait droit !

Et voilà qu'il lui faisait sa petite crise d'adolescence. Ne pas le traiter comme un gosse ? Mais il avait douze ans tout au plus, n'avait pas un sens de débrouillardise incroyablement développé et avait fait une crise de panique au premier problème survenu : comment était-elle supposée le traiter ? Pour une fois, elle n'eut pas l'occasion d'en placer une puisqu'il enchaîna aussitôt, lui rappelant l'existence de la sphère lumineuse – épisode qu'elle avait presque oublié. Toujours aussi irritée par sa réaction, elle accéléra le pas durant son récit, désirant ardemment le semer quelque part dans ce lieu lugubre. Qu'il ne sache plus où elle est, et il hurlerait son nom en pleurant, la suppliant de revenir. Il pouvait bien essayer de lui faire croire qu'il était adulte, il en était bien loin !

Une femme n'irait pas faire des avances à un enfant, non ?

Silence. Une flopée de remarques cinglantes lui vinrent à l'esprit. Elle réprima à grand peine un « Encore moins un gamin dans ton genre » et se retint de rire à l'idée d'une femme lui faisant des avances sans qu'il ne comprenne ses allusions. Elle ne boudait pas, elle s'essayait à l'agressivité passive. Son silence inhabituel ferait office de reproche muet.

C'était sans compter sur la curiosité qui la démangeait, et son instinct de bavarde qu'elle avait bien de la peine à faire taire. A supposer qu'il disait vrai et qu'il ne s'agissait pas d'un mensonge d'enfant voulant se faire croire plus grand qu'il ne l'était réellement, l'histoire se compliquait. Et lui passait largement au-dessus de la tête. Ces sphères ne pouvaient pas provoquer de visions, c'était idiot. Il avait dû avoir une hallucination. Et puis, il ne pouvait pas rajeunir. Le physique ne mentait pas.

Tout à sa contrariété, elle n'écouta que d'une oreille ses suppositions sur l'endroit où ils se trouvaient. Elle ne pipa mot, scrutant l'immense salle à la recherche d'indices tandis que son regard s'habituait à la pénombre.

Dis... Tu n'as pas de souvenirs toi ?

Elle laissa un petit temps s'écouler avant de répondre, histoire de bien faire comprendre qu'elle n'aimait pas qu'on refuse son aide quand elle la proposait aussi gentiment.

« Je croyais que tu voulais pas que je te mêle à mes affaires "pas très nettes" », répliqua-t-elle sèchement.

Ce souvenir la laissait trop perplexe sur la personne qu'elle était pour lui en faire part. Elle devait avoir ses raisons, mais elle ne parvenait pas à savoir si ce qu'elle s'était vue faire faisait d'elle une délinquante ou si elle restait quelqu'un de bien. C'était une scène si courte, comme un détail que sa mémoire avait omis de lui cacher tant il était insignifiant. Et puis, ce pistolet... S'en était-elle servie ? Contre qui ? Pourquoi ?

Elle se tut une nouvelle fois, se retenant de lui demander son souvenir à lui – après tout, elle ne s'intéressait pas à lui non plus, hein.

« ... Le flash que tu as eu, c'était un souvenir ? Tu te souviens d'autre chose ? C'était qui cette femme ? »

Raté. Elle se mordit la lèvre aussitôt, furieuse de ne pas avoir tenu sa résolution.

« AÏE ! »

A force de marcher sans chaussures dans l'eau, ce qui devait arriver arriva. Une douleur aiguë lui transperça le pied et elle étouffa un juron en le compressant, ce qui ne fit qu'aggraver le problème.

« Je sais pas sur quoi j'ai marché mais putain mais merde mais arrête-toi bordel tu vas marcher dedans aussi ! »

Elle effleura précautionneusement son talon, et sentit ce qui devait être un morceau de verre parmi tant d'autres plantés dans sa chair. En grommelant, elle sautilla sur un pied en s'éloignant de la paroi, poussant du postérieur une planche de bois qui dérivait vers eux.


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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeDim 13 Jan - 18:36

« Je croyais que tu voulais pas que je te mêle à mes affaires "pas très nettes" »
Roh ça va, pas la peine de monter sur tes grands chevaux. Je cherchais à faire la conversation, c'tout. Grommela t-il piqué au vif. Elle n'avait pas tort. Il ne voulait pas être mêlé à ses affaires mais... Maintenant que je te dois la vie, faut bien que je sache à quoi m'attendre de ta part. Laissa t-il échappé avec une demi-voix. Il l'avait pensé très fort, mais ne s'était pas rendu compte qu'il l'avait dit. Par chance, c'était un faible, lorsqu'il parlait d'impressions, de sentiments il ne le faisait jamais à haute voix. Autant parce qu'il trouvait ça trop... Futile que parce qu'il ne les assumait pas. Bizarrement, au fond de lui, il avait du mal à extérioriser ses sentiments, comme s'il avait peur.

« ... Le flash que tu as eu, c'était un souvenir ? Tu te souviens d'autre chose ? C'était qui cette femme ? »

Il allait lui répondre, mais elle laissa échapper un petit cri de douleur et entendant les mouvements de l'eau, il comprit qu'elle s'était blessé au pied. Il n'avait remarqué qu'elle marchait pieds nus. Quelle inconsciente, dans un endroit pareil, marcher pied nus c'était de la folie, pensa t-il en esquissant un sourire. Il s'approcha d'elle pour l'aider mais visiblement, elle ne l'avait pas compris.

« Je sais pas sur quoi j'ai marché mais putain mais merde mais arrête-toi bordel tu vas marcher dedans aussi ! »
Moi, j'ai encore mes chaussures. Arrête de gigoter et laisse moi voir.

Il agita les mains et fini par attraper le pied de la femme. Il la saisi par la cheville à pleine main, pour s'assurer qu'elle ne lui échappe pas. Puis passa doucement sa main sur le pied de la fille et tomba finalement sur le morceau de verre qu'elle s'était planté dans le pieds. Par chance, il n'avait pas l'air d'être profondément enfoncé.

Tiens ton pied hors de l'eau. Il lâcha sa cheville et commença à tirer sur le bas de sa blouse pour en arracher une longue bande. Après quoi, il retira doucement le morceau de verre et enroula soigneusement le pied avec le morceau de tissus.

C'est spartiate, mais ça tiendra au moins pour le moment. Désolé de ne pas pouvoir te passer mes chaussures mais on aurait un problème avec la pointure. Visiblement peu convaincu par son bandage, il le déroula et recommença une seconde fois, en s'appliquant un peu plus. Pour répondre à ta question, cette fille je crois que je ne la connaissais pas. Elle me tapait un peu sur le système je dirais. Et puis, je pense que j'avais un lien avec des laboratoires. J'ai l'impression que c'est un type endroit que je connaissais bien. Cette fois il était content de lui, et laissa définitivement le pied de la fille avant de se remettre en marche, toujours la main contre le mur.

Il marcha encore un peu avant de tomber sur... Un mur. En face de lui. Ils étaient arrivé à un coin. Donc ils étaient bien dans une pièce. Il tourna donc avant de se prendre les pieds dans quelques choses et de tomber tête la première dans la flotte. Encore.

Merde, j'ai le pieds coincé, pesta t-il en essayant de se dégager. Hep... Machine, aide-moi. Euh non, attends, Machine ça craint. Enfin bref, toi là. Oh puis zut tu m'as compris.

C'était peu pratique quand on a pas de noms pour désigner une personne. Il venait seulement de se rendre compte qu'il ne se souvenait pas du sien. Il n'avait pas de nom. Elle non plus. C'était... Peu pratique.

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeDim 13 Jan - 21:38


L'entendre dire à haute voix qu'il lui devait la vie lui arracha un sourire en coin. Elle savait bien, au fond d'elle, qu'il aurait sûrement survécu sans son aide – elle lui avait accordé tout au plus quelques secondes de respiration supplémentaires –, mais elle ne parvenait pas à se débarrasser de sa fierté injustifiée.

Elle enchaîna sur d'autres questions. Peut-être qu'elle lui raconterait son unique souvenir plus tard ; avant de le partager, elle avait besoin d'informations supplémentaires sur son propre compte.

Moi, j'ai encore mes chaussures. Arrête de gigoter et laisse moi voir.

Elle protesta, grogna, ronchonna : qu'est-ce qu'il y connaissait en médecine, lui ? Elle pouvait très bien se débrouiller toute seule ! Elle agita le pied, se débattit comme un poisson pour échapper au garçon, esquissa quelques mouvements de brasse approximatifs pour s'échapper. Rien n'y fit : sa cheville solidement maintenue hors de l'eau, elle perdit l'équilibre, but la tasse avant de battre des bras pour retrouver une position un peu plus stable. En un clin d’œil, les rôles s'étaient une fois de plus inversés, et elle n'appréciait pas vraiment son nouveau statut de blessée redevable au médecin improvisé. Médecin de 12 ans qui plus est – peut-être plus âgé dans sa tête, mais en attendant il avait des mains d'enfant.

Tiens ton pied hors de l'eau.
« Je fais ce que je peux hein ! »

Elle s'adossa contre la paroi humide et réajusta d'une main son bustier blanc en grommelant. Au bruit qui lui parvint, elle devina que le garçon déchirait sa blouse pour en faire un pansement, et n'eut pas la force de protester poliment devant son aide ou de manifester une fausse inquiétude pour l'état de son vêtement.

C'est spartiate, mais ça tiendra au moins pour le moment. Désolé de ne pas pouvoir te passer mes chaussures mais on aurait un problème avec la pointure.
« Oui oui, ça ira très bien comme ça, merci. Et puis j'ai toujours mes chaussures dans mon sac, mais elles tenaient pas vraiment les pieds, dans l'eau, donc je les avais enlevées... »

Elle avait l'air bien bête, maintenant. Tandis qu'il refaisait le bandage avec plus de précaution – apparemment perfectionniste –, elle se sentit obligée de justifier son idiotie en grommelant :

« Mais je pouvais pas savoir qu'il y aurait des bouts de verre dans l'eau en même temps ! Enfin, je suppose que je vais les remettre... »
Pour répondre à ta question, cette fille je crois que je ne la connaissais pas. Elle me tapait un peu sur le système je dirais. Et puis, je pense que j'avais un lien avec des laboratoires. J'ai l'impression que c'est un type endroit que je connaissais bien.

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

« Ça me paraît logique, c'est bien ton genre de traîner dans les laboratoires ! Sans parler de la blouse, tu fais très scientifique. »

Dans ses paroles rationnelles, sa logique, sa manière méthodique de penser et d'analyser ce qui les entourait : tout en lui respirait la démarche scientifique. Elle se fit la vague réflexion qu'ils étaient complètement opposés, sans partir plus en avant dans l'introspection.

Il lâcha son pied, et elle s'empressa d'enfiler ses chaussures sans faire de commentaire sur son comportement irréfléchi qui l'avait conduite à se blesser stupidement.

Plouf !

Merde, j'ai le pied coincé.

Son premier réflexe fut d'éclater de rire. C'était puéril, idiot, et loin d'être le moment approprié, mais elle pouffa comme une gamine en s'approchant de lui pour l'aider à se dégager. Décidément, ils n'arriveraient jamais à se sortir de cette... cave lugubre, enchaînant les incidents.

Hep... Machine, aide-moi. Euh non, attends, Machine ça craint. Enfin bref, toi là. Oh puis zut tu m'as compris.
« Oh, tu t'adresses à moi ? Il y a foule ici, je croyais que tu appelais la poutre qui flotte là-bas, ou la brique du mur à gauche ! »

Bien le moment de faire dans le sarcasme, hein ? Elle s'approcha de lui, essayant de comprendre dans quoi il s'était empêtré.

« Tiens-toi à mon br... Au mur, je te soulève les pieds pour voir dans quoi t'as mis les pieds. »

Une humiliation, pas deux : s'il refusait de l'approcher – enfin, sauf le pied –, alors elle n'allait pas insister, c'était son problème. Qu'il se tienne au mur ! Elle s'empara des chevilles du garçon sans ménagement et voulut les hisser hors de l'eau, mais rencontra une résistance inattendue. Elle fronça les sourcils. Tout en tâtant l'objet dans lequel il s'était coincé le pied, elle reprit sur le ton de la conversation :

« Appelle-moi... Je sais pas, tiens. Faudrait un surnom provisoire. Parce que de toutes manières, on va bien se souvenir de nos vrais prénoms un jour ou l'autre, pas vrai ? » C'était impossible autrement. « Hum... C'est plus facile pour toi. Un truc bien scientifique. Docteur Atome. Non, si tu étais pas docteur ça marche pas... Monsieur molécule ! Super Oxygène ! Azote-man ! Ou les formules, tu sais, avec des chiffres... Je me souviens que de... H2O, c'est l'eau. En plus tu as failli te noyer, ce serait marrant ! »

Et la voilà qui gloussait à ses propres vannes, fière de ses trouvailles.

« Bref, dans quoi tu t'es emmêlé... Désolée, je vais tirer sinon on va pas s'en sortir ! Un, deux... »

Elle ne prit pas la peine de dire "trois" et agrippa le pied du garçon avant de le tirer doucement d'abord, puis de plus en plus fortement, agacée. Elle grimaça, tentant de tordre le moins possible la cheville et arriva enfin à le dégager. Elle brandit en l'air le tant attendu objet, l'examina en plissant les yeux.

« C'est... Bah... Un casier à bouteilles ? Ça expliquerait les bouts de verre, en même temps. »

Perplexe, elle la laissa retomber dans l'eau.

« Ça va ton pied ? »



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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeLun 14 Jan - 16:56

Ah okay, elle était juste inconsciente. Enlever ses chaussures pour marcher dans la flotte, c'était stupide. Enfin bon, ce qu'il l'énervait surtout, c'était son rire. Elle n'arrêtait pas de rire dès qu'il lui arrivait quelques choses. L'enfant était un peu plus blessé à chaque fois. D'ordinaire, quand quelqu'un tombe, on lui demande si ça va, surtout un enfant. Ah mais, ils ne savait pas ce qu'il était vraiment. A part qu'il était un peu louche. Elle n'avait que trop raison, il avait un look de scientifique, n'importe qui aurait conclu qu'il était du genre à côtoyer des espaces scientifiques. Mais lui, il avait fallut qu'il fasse un câlin à une boule lumineuse et se souvienne d'une cougar pour percuter.

« Oh, tu t'adresses à moi ? Il y a foule ici, je croyais que tu appelais la poutre qui flotte là-bas, ou la brique du mur à gauche ! » Il grimaça. Elle le faisait exprès c'est ça ? « Tiens-toi à mon br... Au mur, je te soulève les pieds pour voir dans quoi t'as mis les pieds. » Il posa ses mains sur le mur, sans faire attention à sa correction. Ses petites mains encore mouillées ne tenaient pas vraiment sur le mur aussi quand elle essaya de le soulever, il glissa et se cogna le front contre le mur.

Oh fait un peu gaffe ! Je suis pas incassable moi. Il massa son front endoloris et reposa les mains sur le mur. Il avait l'impression d'être un criminel qu'on fouillait. Et puis elle se remit à parler, à raconter n'importe quoi, comme elle savait si bien le faire.

« Appelle-moi... Je sais pas, tiens. Faudrait un surnom provisoire. Parce que de toutes manières, on va bien se souvenir de nos vrais prénoms un jour ou l'autre, pas vrai ? Hum... C'est plus facile pour toi. Un truc bien scientifique. »

Comment ça plus facile pour lui ? Qu'elle fasse gaffe, il allait se vexer définitivement. Un truc scientifique, bien sûr, c'est facile quand on réfléchit pas. Et puis ça craint franchement, il avait l'impression qu'elle réfléchissait à un nom pour un animal de compagnie. Elle allait bientôt lui mettre une laisse c'est ça ? « Docteur Atome. Non, si tu étais pas docteur ça marche pas... Monsieur molécule ! Super Oxygène ! Azote-man ! Ou les formules, tu sais, avec des chiffres... Je me souviens que de... H2O, c'est l'eau. En plus tu as failli te noyer, ce serait marrant ! »
Tu rigoles là ? C'était carrément méchant pour lui. Autant lui écrire sur le front au marqueur indélébile "A failli se noyer comme un bleu". Mais elle ne lui laissa pas le temps d'argumenter plus car elle tira une nouvelle fois sur son pied, et il se cogna une nouvelle fois contre le mur, lâchant une longue plainte. Pas une mais deux fois.

« C'est... Bah... Un casier à bouteilles ? Ça expliquerait les bouts de verre, en même temps. Ça va ton pied ? »
Mieux que mon front maintenant. C'est bien, je balade ma douleur un peu partout. Il frotta son crâne endolori une nouvelle fois avant de se tourner vers la femme. Ma parole tu connais pas la douceur féminine toi, fait un peu plus gaffe la prochaine fois, ça sert à rien de me sauver si c'est pour me tuer à petit feu. Enfin... Il s'arrêta de couiner et toussa un peu avant de reprendre un ton plus sérieux. C'est déjà pas mal que tu saches ça, j'aurais pas cru. Il ajouta à la parole un rire narquois et moqueur, pour une fois qu'il pouvait se moquer d'elle. Et toi, on va t'appeler. Huuuum. Il n'était pas doué pour ça lui. Il préférait les trucs concrets, un nom, c'est... Ben... Juste un concept inventé par les humains. T'es louche et tu te balades avec de la drogue non ? T'as qu'à prendre le nom d'un de ces trucs. Du genre Coke, Marijuana, Cannabis, Héroine, Opium. Y en a un qui te plaît ?

Ou voilà, comme ça elle ne pourrait pas se plaindre. Quant à lui, il aimait bien finalement H2O.

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeSam 19 Jan - 19:15


Mieux que mon front maintenant. C'est bien, je balade ma douleur un peu partout.

Un soupir amusé s'échappa dans un sourire. Au moins il était franc dans sa fragilité – ce qu'elle apprécia –, mais il n'avait pas l'air habitué à la douleur physique. Il n'avait pas dû sortir de son laboratoire, dans sa vie d'avant. Ce terme fusa dans son esprit et elle le regretta aussitôt. Au fond d'elle, elle savait bien que l'espoir d'une amnésie passagère était mince, mais elle se raccrochait toujours à l'idée que sa vie passée n'était pas révolue. Que ses souvenirs étaient à portée de main, tout près ; qu'elle les effleurait du bout des doigts sans parvenir à s'en emparer, mais qu'il lui suffirait d'un effort de volonté pour les posséder à nouveau.

Ma parole tu connais pas la douceur féminine toi, fait un peu plus gaffe la prochaine fois, ça sert à rien de me sauver si c'est pour me tuer à petit feu. Enfin... C'est déjà pas mal que tu saches ça, j'aurais pas cru.

La condescendance du garçon la piqua au vif. Qu'est-ce qu'il y connaissait à la douceur féminine, lui ? Il était simplement trop habitué à courir dans les jupons de sa mère attendrie qui le couvrait d'amour et de caresses ! Rajeunissement ou pas, elle ne parvenait pas à voir en lui autre chose qu'un petit scientifique nageant dans une blouse trop grande. Elle n'avait peut-être pas l'instinct... maternel, mais elle l'avait tout de même aidé à se débarrasser de son casier à bouteilles. Comme si ça ne suffisait pas, il la prenait pour la pire des ignorantes. Certes, la science n'était pas son domaine de prédilection – inutile de le nier, ses connaissances n'allaient pas plus loin que le terme de molécule –, mais de là à la prendre pour une idiote ! Et voilà qu'il lui riait au nez. Ce n'était qu'un juste retour des choses, mais elle n'en fut pas moins vexée.

« Tu me prends pour une conne ou quoi ? C'est pas parce que je connais pas par cœur le... la... le tableau des... molécules... » Classification des éléments, peut-être ? « ... Que je suis plus bête que toi. Sans moi tu serais mort, en plus, alors te la ramène pas trop. »

Si ironie il y avait eu, elle ne s'en était pas rendue compte et elle l'avait pris comme une agression personnelle. Vieux complexe qui ressurgissait vis-à-vis des intellectuels, ou simple susceptibilité ? Elle n'en savait rien, mais elle n'avait pas apprécié du tout.

Et toi, on va t'appeler. Huuuum. T'es louche et tu te balades avec de la drogue non ? T'as qu'à prendre le nom d'un de ces trucs. Du genre Coke, Marijuana, Cannabis, Héroine, Opium. Y en a un qui te plaît ?
« Ah bah d'accord, c'est comme ça que tu me vois ? »

Après cette protestation, elle réfléchit sérieusement à la question, repensant à son unique souvenir et au petit sachet de poudre brune que contenait son paquet de clopes.

« Hum... Opium. Les autres sont vraiment trop évidents, je veux pas qu'on m'associe tout de suite à du cannabis ou de la coke. En plus ça fait un peu savant, non ? »

Elle sourit naïvement en lui donnant un coup de coude complice. Avec Opium comme surnom, qu'on ne l'associe pas immédiatement à la drogue relèverait du miracle ; quant au soi-disant aspect savant, il ne sautait pas franchement aux yeux. Au moins, elle était contente de cette nouvelle appellation.

« Bon, H2O... » Elle appuya ce dernier mot, ravie de lui avoir trouvé un nouveau nom. « C'est pas tout mais faudrait sortir de là, hein ? J'aimerais bien voir toutes les affaires que j'ai perdues dans la bataille. Oh, et puis aussi qu'on sorte vivants de ce bordel, ce serait pas mal. »

Opium – puisque c'était son nouveau nom – évalua la situation. Ils n'y voyaient rien. Ils marchaient dans une eau où rôdaient des bouts de verre agressifs, et éventuellement... l'idée la fit frissonner. Premier réflexe quand l'angoisse s'insinue en vous ? La faire partager à quelqu'un d'encore plus peureux, pour vous rassurer en le voyant paniquer encore plus et pouvoir le traiter de trouillard. Elle se tourna vers H2O, le regard brillant dans la pénombre.

« Surtout s'il y a encore ces plantes vivantes et sanguinaires... AAAH, DERRIÈRE TOI ! »

Elle faillit s'étouffer de rire à la fin de son hurlement qui résonna dans l'espace souterrain, gagnant en amplitude. Maturité ? Zéro.


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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeLun 21 Jan - 14:56

Sauf qu'il y avait bien quelque chose derrière eux... Une boule de lumière qui était entré d'on ne sait où et qui éclairait faiblement la pièce, dévoilant au passage l'eau trouble et les murs de pierre ainsi qu'un petit escalier qui semblait pouvoir mener les aventuriers au rez de chaussée de la tour.

La boule s'arrêta face à Opium. Un...souvenir...?

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeMer 23 Jan - 15:39

L'ambiance avait changé. Pourquoi est-ce que ça avait autant changé. Il ne s'était concrètement rien passé. Rien de concret, juste du blabla. C'est pas suffisant, pas matériel. Ce ne sont rien d'autre que des paroles dans le vent. Il était sidéré de devoir admettre que les paroles arrivaient à faire ainsi évoluer une ambiance. Sidéré de se sentir autant concerné par la fille. D'ailleurs, elle avait beau dire, il pouvait lui démontrer par a+b qu'elle était loin d'être aussi intelligente que lui, mais c'était puéril. Il n'allait quand même pas s'abaisser à se comporter comme un enf... Oui, c'est encore là que ça coince.

« Hum... Opium. Les autres sont vraiment trop évidents, je veux pas qu'on m'associe tout de suite à du cannabis ou de la coke. En plus ça fait un peu savant, non ? »
Honnêtement ? Non. Mais si ça te fait plaisir de le penser, je peux bien fermer les yeux pour cette fois. Finit-il avec un léger ricanement, qui se voulait quand même amical.

« Bon, H2O... C'est pas tout mais faudrait sortir de là, hein ? J'aimerais bien voir toutes les affaires que j'ai perdues dans la bataille. Oh, et puis aussi qu'on sorte vivants de ce bordel, ce serait pas mal. »

H2O. Ça sonnait bizarre. Pouvait-on réellement appeler quelqu'un comme ça ? C'était bancal et franchement pas très joli. Mais bon, c'était sans doute ce qui lui convenait le mieux à l'heure actuelle.

Idem, quoique si j'ai perdu deux-trois trucs c'est pas trop grave. J'avais pas grand chose de base. Il marqua une pause pour se remettre à marcher. Sa cheville était encore endolorie et son front lui donnait l'impression qu'on le frappait à répétition, quant à Opium, même s'il ne la voyait pas, il devinait qu'elle devait boiter. Je trouve qu'on s'en sort pas trop mal encore.Lanca t-il avec un certain optimisme. Ils étaient vivant, après tout. Il y avait une chance de guérison, donc pas besoin de vraiment s'inquiéter.

« AAAH, DERRIÈRE TOI ! »

Ah ben si en fait. Il se tourna rapidement et fut ébloui par la sphère lumineuse. Après tout ce temps passé dans le noir, normal. Il se frotta énergiquement les yeux et se retourna vers la boule qui se dandinait joyeusement sous le nez d'Opium. C'était parfait, c'était génial, c'était fantastique, c'était fabuleux ! C'était le moment de vérifier si oui ou non cette étrange chose était un facteur pour retrouver les souvenirs, si c'était vraiment elle qui les donnait. Si...

La boule visait Opium non ? Tout à l'heure, c'était lui non ? Sa curiosité sauta sur l'occasion et ajouta une nouvelle note à la liste des Questions à élucider sur la Ville. D'ailleurs, c'était le moment de répondre à l'une d'elle, il ne devait pas manquer l'occasion. D'ailleurs, il pouvait très bien en profiter pour faire une expérience.

Opium ! Et si on essayait de toucher en même temps ?! Je suis curieux de voir ce qu'il va se produire ! Tu ne l'es pas toi ? Imagine ce qu'on peut apprendre en faisant ça ! La voix de l'enfant était gonflée de passion et de bonne humeur. Difficile d'y reconnaître le garnement blasé qui se tenait à la même place quelques instants plus tôt.

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeMer 23 Jan - 22:24


Idem, quoique si j'ai perdu deux-trois trucs c'est pas trop grave. J'avais pas grand chose de base. Je trouve qu'on s'en sort pas trop mal encore.

Rétrospective. D'abord, il y avait cette foutue amnésie : ce mur géant et lisse plongé dans la brume contre lequel elle se cognait aveuglément, cherchant avec frénésie une faille, un indice, une irrégularité révélatrice. Et ce n'était que cette scène qui ressurgissait, toute pleine d'émotions confuses. Il y avait le battement de cœur, les mains encore moites, et aussi le relâchement des muscles si caractéristique du soulagement. Quand elle rouvrait les yeux, elle restait perplexe, sans information supplémentaire sur son compte – elle restait hésitante, sans savoir si elle devait se classer dans les méchants délinquants égoïstes ou les gentils qui se battent comme ils peuvent pour sauver leurs proches.

Ensuite venaient les ronces vivantes qui avaient manqué de les éventrer, le fleuve déchaîné qui avait manqué de les tuer tous les deux – enfin, heureusement qu'elle était là, elle avait sauvé la situation avec sa sublime version du crawl noyé – et pour finir cette cave pleine de bouts de verre et de casiers à bouteilles. Sans compter que leurs clopes et ses talons étaient fichus, et qu'elle avait dû perdre les trois quarts de ses affaires, rendu sa seule arme inutilisable, son portable définitivement hors service et son briquet inutile.

Seul point positif ? Elle n'était pas toute seule. Mais elle ne se rendait pas vraiment compte de l'importance de ce détail. Elle suivait seulement son instinct de survie, sans se rendre compte que perdre son nouveau compagnon la pousserait facilement à la panique.

« AAAH, DERRIÈRE TOI ! »

Et le hurlement faussement terrifié se mua en un réel cri de surprise lorsqu'une boule de lumière l'aveugla. Elle baissa les yeux et grogna, clignant fébrilement des paupières pour faire disparaître les taches dansantes qui s'étaient imprimées sur sa rétine. Le temps qu'elle se réhabitue à la lumière – qui n'éclairait en fait pas grand chose et confirmait ses soupçons sur l'apparence des murs poisseux –, et elle put enfin réfléchir normalement.

Opium !

Oh que ça sonnait bien. Bizarre certes, mais elle aimait beaucoup l'idée d'avoir enfin un vrai nom et, en quelque sorte, l'identité qui allait avec – partielle, certes.

Et si on essayait de toucher en même temps ?! Je suis curieux de voir ce qu'il va se produire ! Tu ne l'es pas toi ? Imagine ce qu'on peut apprendre en faisant ça !

Amusée, elle le vit fixer la sphère lumineuse avec une fascination d'enfant. Apparence trompeuse ou non, sa curiosité était de celles encore présentes avant l'adolescence, qui devenait excessivement rare à l'âge adulte.

« Tu peux même la toucher tout seul, si ça te chante... » marmonna-t-elle.

Une moue dubitative au visage, Opium reporta son attention sur la source de lumière. Elle avait beau feindre le désintérêt, sa curiosité se faisait de plus en plus pressante. Et si elle vivait la même expérience que H2O ? Et puis, ça lui prouverait qu'il n'avait pas tort, sans compter qu'elle ne perdait rien à le faire et...

Oh et puis merde.

« Ouais, bon. T'es prêt ? A trois. Un, deux... »

Le trois fut implicite. Tandis que son pouls accélérait brutalement, elle approcha hâtivement ses doigts de la sphère lumineuse en même temps que le garçon et la toucha. Il ne restait plus qu'à voir ce qui allait se passer.


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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeJeu 24 Jan - 15:54

Et doucement, le souvenir envahit les sens d'Opium et H2O...

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeSam 26 Jan - 11:01

Même si elle se plaignait, Opium faisait quand même ce qu'il proposait. Un genre de tsundere ? H2O, puisque c'est ainsi qu'on devait l'appeler désormais, n'attendit pas le feu vert de sa compagne pour se jeter sur la sphère lumineuse, avide de connaissance. Le souvenir en lui-même ne l'intéressait pas. Ce pouvait être une scène de guerre, un épisode de bisounours ou un conte de science-fiction, ça lui était égal. Il voulait juste essayer de comprendre le lien de cause à effet entre la sphère et le souvenir qu'il avait eut un peu plus tôt. Mais une fois qu'il fut plongé dans le passé, force est de constater qu'il était intéressé. C'était comme un film. Il était là, avec des gens, mais évidement, il ne participait pas.

Il avait reconnu Opium, elle était accompagnée. Le reste, il ne comprenait pas trop, ou si, il ne comprenait que trop bien, mais s'efforçait de feindre l'innocence. Il ne voulait pas être mêlé aux affaires louches dans lesquelles trempait Opium. N'importe qui comprendrait que les deux compères n'étaient pas venu dans un endroit aussi glauque pour faire la cueillette des fraises. Le Filons d'ici de l'homme fut la dernière choses qu'il vit. Le souvenir d'Opium s'estompa en même temps, comme si on l’expulsait de la vision, où il s'était incrusté en fait.

En recouvrant ses sens, le petit manchot qu'il était tituba encore. Il n'était vraiment pas à l'aise et avança de quelques pas avant de se cogner contre Opium. La chaleur de la jeune femme ne manqua pas de la surprendre et il s'écarta par réflexe, comme s'il s'en méfiait, non sans avoir senti ses joues rougir. Il n'était plus aussi à l'aise. Le fait d'avoir vu un fragment de la vie passée d'Opium lui avait rappelé qu'elle n'était pas une personne de bonnes fréquentations. Mais qu'est-ce qu'une personne de bonne fréquentation ? Il resta silencieux, attendant que Opium recouvre ses esprits.

Dis, Opium, tu... Il était surpris, il avait envie de la questionner sur ce qu'il avait vu, même en sachant qu'elle avait peu de chance de se souvenir d'autre chose. D'un autre côté, poser des questions signifiait qu'il avait vu la même chose qu'elle. Était-il nécessaire qu'elle soit au courant du succès de l'expérience. Je n'ai rien vu, lâcha t-il finalement, les souvenirs ne se dévoilent qu'à leur propriétaire, faut croire. Bon, j'ai vu un escalier tout à l'heure, on monte ?

Pour le moment, il allait taire sa découverte, c'était mieux comme ça. Opium n'avait pas besoin de savoir, et il est possible que cela lui soit utile à un moment à un autre. Il devait mettre tous les atouts de son côté. Il n'attendit pas la réponse de la femme pour s'engager dans l'escalier.

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MessageSujet: Re: Ne t'inquiète pas, je gère à peu près.   Ne t'inquiète pas, je gère à peu près. Icon_minitimeSam 26 Jan - 12:18


Elle aurait mieux fait de ne pas toucher la sphère.

C'est étrange, d'être spectateur de son propre passé. Un souvenir est souvent flou – par exemple, elle n'aurait pas pu citer avec exactitude les premiers propos tenus par H2O lors de leur rencontre, même si elle se rappelait de leur sens. Ici, elle avait plutôt l'impression de visionner la cassette de sa propre vie – elle s'était aussitôt identifiée –, tout en ressentant les même émotions qu'à l'instant vu. Une expérience... inédite. Qui la laissa une fois de plus le cul entre deux chaises. Bien sûr, une flopée de questions lui vinrent à l'esprit – à propos de l'identité de leur homme, la nature de leur relation, la raison de leur présence dans ce lieu glauque, ce que contenait le paquet – la première réponse qui lui vint à l'esprit fut de la drogue, mais allait-on chercher de la cocaïne dans de tels endroits ? Il y aurait dû avoir des fournisseurs, non ? Et cet homme semblait avoir une réelle influence sur elle – lui voulait-il du bien, du mal, pourquoi lui obéissait-elle autant ? Toutefois, ces interrogations furent reléguées au second plan. Parce qu'il y en avait une bien plus importante, qui l'obsédait de plus en plus.

Était-elle la méchante ou la gentille ? C'était un peu idiot, ce questionnement, mais elle avait besoin de savoir. Elle ne voyait pas tout blanc ou tout noir, et avoir commis quelques infractions ne la gênait pas plus que ça, mais il fallait qu'elle sache. Qu'elle sache si l'arme dans son sac l'avait aidée à tuer des hommes – par légitime défense ? de sang-froid ? par haine, jalousie, accès de fureur ? –, qu'elle sache ce qui l'avait menée à descendre dans des sous-sols malodorants pour un vulgaire paquet.

Un contact. Brusque retour à la réalité. Dans un sursaut, elle se tourna vers son compagnon de route qui l'avait heurtée. Il s'écarta d'elle précipitamment, et elle décida de ne plus s'en vexer. Il n'était pas bien tactile et n'avait pas l'air habitué au contact humain, tant pis.

Dis, Opium, tu...

Elle se souvint enfin qu'ils avaient touché la boule lumineuse en même temps. Il avait dû voir la même chose qu'elle. Elle n'en fut pas réellement gênée, se persuadant qu'elle n'avait rien à cacher. C'était plutôt lui qui allait l'accuser de l'emmener dans ses histoires "louches". Désabusée, elle attendit la désapprobation du garçon et son extase de scientifique sur l'expérience qu'il venait de vivre.

« Mmh ? »
Je n'ai rien vu, les souvenirs ne se dévoilent qu'à leur propriétaire, faut croire. Bon, j'ai vu un escalier tout à l'heure, on monte ?

Apparemment pressé d'en finir, il n'attendit pas sa réponse pour disparaître. Opium plissa les yeux et tâtonna pour trouver l'escalier, avant de s'y engager précautionneusement. Comme il la précédait de quelques pas, elle haussa la voix pour continuer la conversation :

« C'est bizarre, quand même, hein ? Tu trouves pas ? Parce que t'as raison, je crois que c'est vraiment un souvenir. Je te le raconterais bien, mais tu vas encore me dire que je t'entraîne dans mes histoires... C'est de la magie tu penses ? J'y crois pas en fait, il doit bien y avoir une explication scientifique, tu sais les trucs sur le cerveau... Et puis cette ville en général, ça pue la caméra cachée. Tu sais, un truc où tu devrais survivre dans un monde hostile et où on s'entretuerait tous... »

A force de déblatérer, elle était déjà en haut de l'escalier.

De l'eau. Encore de l'eau. Jusqu'aux genoux. De l'eau stagnante qui devait être le paradis des bactéries, infections en tous genres et bestioles agressives. Mais surtout il y avait les algues. Partout, qui se collaient contre ses jambes nues, s'accrochaient à son short, traînaient derrière elle. Elles recouvraient toute la surface ; avec la pénombre, des crocodiles et des requins auraient pu être à deux mètres sans être remarqués. Opium souleva son sac en jurant.

« AAH ! Mais c'est dégueulasse ! C'est encore pire qu'au sous-sol, ça pue la mort en plus ! »

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