Confrontation with the enemy ?

HJ:

Hécate:

Les deux garçons parlent entre eux, je ne dis rien. Que dire de toute façon ? Landscape répond pour nous deux. Et puis… Mes yeux sont rivés sur ceux myosotis du garçon au cheveux châtains clairs, et je prends plusieurs secondes à me reprendre. Je vais pas non plus me mettre en mode coup-de-foudre-débile-et-étrange pour deux mecs à la fois quand même ?
Je me secoue. Rester concentrée. Il faut mettre de côté toutes ces impressions bizarres et inexpliquées par le manque de mémoire de tout ça. Con-cen-trée.
Landscape s’ils sont là depuis longtemps, après avoir répondu à sa question. Je fronce des sourcils. J’aimerai bien savoir qui ils sont, d’abord. Je me rapproche légèrement de Landy –autant pour rester unis dans le sens propre du terme, mais aussi pour arrêter d’être déstabiliser par la sensation m’assaillant quand je vois le brun.

« Vous êtes qui, vous ? »

Je vois Landscape me sourire, et avant que je n’ai eu le temps de réagir –par un sourire timide, ou un rougissement parce que oui ça aurait été ça- il glisse sa main dans la mienne. Je sens le rouge me monter très vite au joue, alors que je reste figée. Du calme October, du calme. Tu vas pas aller jusqu’à être en chaleur parce qu’un mec se veut rassurant.
Le blond répond alors au brun, qui semble rester sur ses gardes. En même temps, on sait jamais avec cette ville…
D’ailleurs, la réponse de Landscape me donne froid dans le dos. Non, bien sur le balai trouvé dans le rayon d’à côté n’a rien de flippant, mais cette histoire de « choses étrange »… Des loups, une ombre chelou, rien que ça ? Je me sens frissonner. Je déteste toutes ces histoires. Il faut qu’on se barre de cette ville, et vite, parce que je vais piquer une crise.
La main du garçon sert un peu plu fort la mienne, quand il parle du marais. Je me souviens alors ce dont ils avaient parlé à l’infirmerie. Et je sens des frissons me reprendre derechef. Rester calme, et ne pas avoir peur. Si je me retrouve face à un tel truc –et j’espère que ça n’arrivera pas-, je verrai bien. Pour le moment, il ne faut pas être effrayée, et encore moins le montrer. Aller espèce de trouillarde-stalkeuse-de-mec.

« Il y a aussi eu un tremblement de terre chelou qui nous a fait tomber d’un pont, moi et une autre personne qui m’accompagnait. »

Tu vois, c’était pas si difficile. Ma voix n’avait même pas tremblé, même si j’avais parlé un peu vite. Ben oui, et s’il était comme Hippocrate, à se dire que je suis qu’une fille qui psychote ? Parce que oui, ce mini séisme plus j’y pense et moins je le trouve naturel. Un timing trop parfait. On a juste eu de la chance de pas être… morts.
J’avais regardé le brun en parlant, mais très vite je détourne le regard. Je ne suis pas ça. C’est hors de question. Oui j’ai eu deux souvenirs, deux petits amis. Mais je ne suis pas comme ça hein ? Non. Non non non. Mais…
Et si j’avais vraiment été une sorte de cœur d’artichaut, avant ? Je sautai sur tout ce qui bougeai ? J’étais vraiment comme ça ? Je me secoue intérieurement.
Ça ne sert à rien que je me torture les ménages comme ça. Parce que de toute façon aucune réponse ne viendra, et en plus peu importe le passé. Je ne veux pas être comme ça. Point.
Un sanglot, minuscule, qui aurait pu passer inaperçu si le centre commercial n’avait pas été aussi silencieux, se fait entendre, comme un bruit de souris. Il vient du dos du brun. Je fais vite le lien entre la fille ayant touché son souvenir. Elle avait touché ce dernier. C’était pour ça qu’elle pleurait ?
Après tout, aucun de mes fragments de mémoires n’avaient été triste, mais les sensations sont tellement réel, je me souviens encore parfaitement de la panique qui m’avait prise devant la maison délabrée de mon souvenir. Alors si un souvenir était empli de désespoir, ou de colère, ou tous ces trucs du genre… ?
Le pire, c’est que j’ai l’impression de le sentir. Cette tristesse. Pas juste le cœur serré, non, mais vraiment être mal. Je fronce des sourcils, le sentiment disparait aussi vite qu’il était venu.
Bizarre.
Mue par un étrange instinct –oui, cette ville est une bizarrerie à elle toute seule après tout- je commence à m’approcher sans réfléchir, n'appuyant pas trop sur ma cheville avec l’atèle, entrainant Landscape avec moi sans même y faire attention, avant de me figer, prenant conscience de ce que je faisais. Nous ne pouvons pas nous faire confiance. C’est comme ça, mais je ne peux pas laisser la fille comme ça. C’est vraiment plus fort que moi. Mais le brun, qui semble de nous quatre le plus méfiant, me dissuade par la seule barrière qu’il forme entre nous et la fille de continuer à avancer.
Et puis, le voir me déstabilise. Je déteste ça, recommencer ces sentiments débiles venus aussi quand le blond me souriait. Je me serais taper contre un mur.

Eh ben. C’était pire que mon engueulade d’y a pas longtemps avec Hippocrate. En plus, je sens une légère boule au creux de mon ventre. Ironique ou pas, c’était pour qu’elle arrête de pleurer qu’il avait dit ça non ? Elle avait pas à s’en prendre à lui comme ça ! En plus, je l’avais même trouvé… mignon, dans son discours. Bref October, toi alors.
Mais je suis sortie de mes pensées de plus en plus amères contre cette Hécate par Landscape qui, me lâchant la main, s’approche de Novembre –d’ailleurs, novembre c’est juste après octobre… Simple coïncidence ? Non, arrête ça October-.
J’hésite à retourner m’accrocher à lui comme une bouée de sauvetage –comprenant qu’en fait, rien que le fait de l’avoir un peu plus loin m’effraie et me donne envie de le récupérer- je me retiens à cause de la présence du brun. Pourquoi ? Parce que je suis une handicapée mentale, il faut croire.
Le blond fait la morale à la brune, va jusqu’à lui dire de se défouler sur lui. Je faillis protester. Elle a pas intérêt à essayer ! Je ne sais pas me battre, mais rien à faire, elle essaie même pas ! Enfin. Une fois sa tirade terminée –décidemment, il parle autant qu’une fille-, Landscape revient vers moi. Quand il reprend ma main dans la sienne, je sens mon cœur rater un battement. Voyons, pas la peine d’en faire un foin, il veut juste pas te perdre dans le magasin.

« Vient, on va chercher des couvertures... Comme ils semblent pas vouloir faire "ami-ami", je vais pas faire d'effort. Quand elle sera de meilleur humeur, peut-être qu'ils reviendront nous voir. Je comprend pas les gens ici... Au lieu de vouloir s'entraider pour ce sortir de ce merdier, ils s'engueulent tous les un les autres... J'ai l'impression d'être un alien ici. »

Sa remarque me fait sourire. C’est vrai que déjà c’était lui qui était intervenu entre Hippocrate et moi. Peace and love, le blondinet. Mais d’un autre côté, il a pas tort, ça semble vachement tendu dans le groupe –parce que ils doivent bien être ça, eux deux et cette troisième personne « maman-Calvetti »-. Enfin, au moins un peu. Bref
On va chercher les couvertures. Avant que je n’esquisse un geste pour en prendre une, Landscape m’en met une sur les épaules, m’en entourant avec, avant de m’ébouriffer les cheveux. Je me sens rougir, et je baisse légèrement la tête, me prenant d’une passion pour les coutures de la couverture, pour ne pas montrer ma gêne. Ce que je deviens niaise, c’est dingue. Je ne peux rien faire contre, et pourtant j’ai du mal à me dire que je suis à la fois la fille forte tête qui à plusieurs reprises plus ou moins pris le chou avec Hippocrate à cause de son individualisme, celle qui était effrayée par une hypothétique bête anormale dans le train et celle qui semble courir après les garçons sans rien pouvoir y faire. Eh ben.

« Si à l'avenir tu as un souvenir qui passe mal, n'hésite pas à m'en parler d'accord ? Les amis, c'est fait pour ce soutenir... Enfin, à moins que tu ne me considères que comme un simple compagnon de voyage. »

Je me sens à la fois timide, gênée et naïve, mais je réponds ce que je pense presque par réflexe :

« Bien sur que oui tu es un ami ! En fait, j’avais répondu avec tant d’empressement que ça avait caché les émotions citées plus haut, qui ressorte sans doute quand je rajoute plus doucement. Et oui, merci…

October, va te pendre. Ou alors réveille-toi, et arrête de faire la fillette de collège timide.
Le blond parle alors de retourner voir Hécate, prétendant avoir été un peu dur. Je bougonne intelligiblement. Je suis pas d’accord, elle l’a cherché. Pourtant, il prend des couvertures et retourne voir les gens, s’excusant. Je lève les yeux au ciel, mais je ne dis rien. Je reste juste à côté de Landscape, prenant son bras en sortant un des miens de la couverture m’entourant.
Pas pas peur ou timidité envers les autres, mais c’est plus fort que moi. Ne pas faire attention au brun. Ne pas y penser. Non October, stop. Arrête d’y penser. Non non, il n’y a pas de Novembre. Arrête, y a pas de garçon pas mal dans le coin, enfin si, Landscape. Un seul mec à la fois bon sang !
Idiote. J’aimerai bien connaitre ta vie d’avant tiens. Parce que c’est vraiment dingue.

Hécate préférait partir, avec l'air de celle qui aime pas les nouveaux amis de son apparent compagnons de route, juste parce qu'il m'a parlé. D'ailleurs, pas n'importe quelle parlotage :

« Il est toujours comme ça, ton copain ? »

Si la question était déjà en soit quelque chose qui, je le sens au moment même ou il ouvre la bouche, va me mettre dans l’embarras, rien que le fait qu’il me regarde me… hum… trouble. October, tu es désespérante.
Dans la seconde, je réponds de façon précipitée, le rouge me montant aux joues :

« Ce… Ce n’est pas mon copain ! »

Andouille… Non seulement, malgré son ambiguïté, sa question était peut-être innocente, mais en plus explique-moi pourquoi tu tiens à ce point à ce que ce soir le cas là ? Quelques minutes plus tôt, je dois tristement me l’avouer, j’aurai plutôt été contente à cette idée. Donc juste à cause d’un pauvre brun sorti de nulle part… ?
Bon, ok, c’est pas que un pauvre brun. C’est un brun plutôt pas mal. Même pas mal du tout. Mais ce n’est pas une raison ! Tu vas pas devenir péripatéticienne quand même ! Sérieusement !
Enfin, faut que je réponde à ça question quand même, avant qu’il me prenne pour une cruche finie –enfin, c’est toujours mieux que d’être comme cette Hécate à péter un plomb, mauvais souvenir ou pas, il voulait juste qu’elle pleure pas !-. Je me reprends donc, souriant légèrement à cette pensée du Landscape faisant sans cesse des tirades, et je tente de récupérer mon-moi-quand-y-a-pas-de-mec-pas-mal-tout-près même si c’est pas gagner, vu qu’il y a un mec pas mal à côté…

« Et, oui, je crois bien qu’il est toujours comme ça. Je ne le connais que depuis quelques heures, mais c’est pas la première fois qu’il se lance dans un discours… »

Pensée particulière pour la fois où Hippocrate et moi on s’est engueulé puissamment. Et puis sans oublier qu’en fait, on connait presque autant les autres que nous-mêmes, avec cette amnésie. Enfin.
Un gros bruit me fait tourner la tête, et j’entends vaguement la voix de Landscape appeler mon pseudonyme. Il lui est arrivé quelque chose ? Je me dépêche de rejoindre la zone du bruit, réussissant momentanément à oublier Novembre.
Hécate est étalé là, au milieu de pas mal de paquet qu’elle avait surement fait tomber. Je lève les yeux au ciel, me rendant compte qu’en fait j’étais encore rancunière à cause de l’agressivité de la fille. Cela dit, je la rejoins quand même au milieu de tout ce bazar, remballant ma rancœur, lui tendant une main pour l’aider à se relever. Une réplique toute bête, où la personne qui envoie bouler quelqu’un à cause d’une telle question est vraiment une peste, me vient toute seule.

« Ça va, rien de casser ? »

Je me promets intérieurement que si elle m’envoie paître je lui en colle une.