We never quite thought we could lose it all.

Merci malgré tout ? Le sous-entendu évident me tire une grimace dans le noir. Je ne suis pas loin de lui faire confiance, mis à part ce meurtre qui ne la concerne en rien, je lui ai presque tout dis. Même ce vrai nom que j’ai encore un peu de mal à accepter. C’est autre chose qui doit la perturber et faire baisser son assurance. Le fait que nous avancions à contre-courant dans nos recherches ? A moins que je n’aie manqué un épisode et que je sois à côté de mes pompes, je ne vois rien d’autre. Même si je n’ai aucune idée concernant ceci, je au-moins suis-je certaine d’avoir capé le message masqué contenu dans sa réplique. Et elle, me fait-elle confiance ? Assurément, puisqu’elle te suit. L’autre aussi a été aveuglé. Pourquoi inspiré-je la confiance à ceux que je croise ? Joke me faisait confiance, Août… le blasé était un cas à part, trop renfermé pour être décodable. Je leur avais fait défaut. Mauvaise idée de compter sur moi. Me protéger moi-même, déjà limite. Veiller sur les autres, j’essaye, mais ça ne marche pas. Sans importance. Déjà de nouveaux éléments à gérer.
Nous nous arrêtons une petite minute devant l’entrée sinistre d’un parc d’attractions souterrain. ♫ C’est normal à Nuuuuulle Paaaaart ♫ ! Il ne s’est rien passé de négatif depuis que nous tâtonnons dans le noir du tunnel de métro. Ce qui ne veut pas dire que les ennuis ne se trouvent pas après cette porte.

"Les lieux vous sont familiers ?"

Ma main retombe dans le vide. Skull est partit en reconnaissance. Alors, on juge que je n’ai pas besoin de quelqu’un pour surveiller mes arrières ? Il n’attend pas de réponse, je ne lui en offre pas. Pour ma part, je ne suis jamais venue dans cet endroit. J’ai du mal avec les endroits souterrains qui ne devraient pas l’être, dixit le zoo des loups. Je murmure, juste assez fort pour que cela ne soit audible que de Dame :

- Ali’, quoi qu’il arrive, on ne se lâche pas. On doit retrouver Sergueï.

Façon subtile de dire que je ne voudrais surtout pas qu’elle se barre pour une quelconque raison. J’essaie de renforcer ma crédibilité en l’appelant par un surnom appartenant au pasé. Je la fixe un instant dans les yeux, pour lui montrer que je ne plaisante pas, puis effleure doucement le cuir du holster contre ma hanche, mon regard déjà reparti pour une inspection des lieux. Il y a une grande roue, à peine visible entre deux flashs de lumière, des stands de tirs, de vente ainsi que des attractions. Rien de plus normal.

"Tu m'accompagnes jusqu'au château Princesse ? On trouvera peut-être quelque chose d'utile là-dedans. Comme une barre de fer. Ou de la nourriture."

Pourquoi ai-je l’impression que cette remarque s’adresse autant à la bouclée qu’à moi ? Peut-être cette subite lueur dans les yeux du tatoué, cette soudaine décontraction des muscles de son visage, déplacées dans cette situation. J’avise le château dont il parle, forme sombre et peu avenante, qui n’a rien à envier au repère de Dracula. Skull a des goûts macabres, sachant qu’il y a bien d’autres options plus joyeuses, mais il a le chic pour désactiver la fonction « Pesons le pour et le contre pendant des heures avant de prendre une décision. » dans mon cerveau. Ses arguments sont valables, en plus. Je hoche la tête, tirant Dame par le bras. Je pars devant ; il n’y aucune raison pour qu’ils ne soient pas derrière moi alors je laisse mes yeux vagabonder à la recherche de dangers éventuels, à défaut de regarder en arrière. Je me fige devant la porte du château. Inquiétant. Le flingue est dans ma main, à présent. Son poids, rassurant. La froideur de la crosse, contact agréable face à la moiteur étouffante du parc souterrain. Qui sait, il y a peut-être bien un vampire dans ce château glauque. Ou le monstre de Frankenstein.

Spoiler:

Dame, fidèle à elle-même, a déjà dégagé son poignet de l’étreinte de mes doigts. Elle n’est pas redevenue totalement normale mais c’est déjà un progrès.
 
«  Et pourquoi pas, pour le château !  »

Là c’est mieux. Skull et elle me rejoignent devant la porte du château éventuellement hanté et donc peuplé de fantômes et autres monstres. Le flingue en main, je pose la main sur l’un des deux battants de bois, testant sa résistance. Le tatoué me lance un bref regard et saisit la poignée. Les portes s’entrouvrent ; le craquement du bois précède le cliquètement du métal lorsque mister squelette laisse tomber la poignée cassée sur le sol. Méthodiquement, il accentue l’ouverture, puis achève de nous ouvrir un passage d’un simple coup d’épaules. Puis, une question perturbante à laquelle il n’existe pas vraiment de réponse claire me fait tressaillir légèrement :

"Si je tombais, tu me relèverais ?"

Quoi dire ? Quoi employer ? Ironie ? Sérieux ? Ou silence ? Je fais un instant comme si je n’avais rien entendu, à cause du bruit de la porte effondrée au milieu d’une pièce baignée par les ombres, consciente du fait qu’il me fixe. Ce n’est que lorsqu’il se rend compte que je ne suis pas en mesure de répondre et qu’il nous fait signe d’entrer que, justement, je déclare :

 - Ca dépend… seulement si ce n’est pas moi qui suis à l’origine de la chute.

Incompréhensible réponse, même pour moi. Je m’empresse de noyer mon embarras en entrant dans le château, les doigts crispés à m’en faire mal à la crosse du Colt. Mes rangers font craquer le parquet tandis que je m’avance. Raté pour l’entrée discrète. Je cligne des yeux pour les habituer à la luminosité réduite. Une musique vieillotte flotte dans la pièce, en même temps qu’une odeur désagréable de moisi et de renfermé. Au bout d’un court instant, je peux enfin distinguer les détails de l’endroit. Un escalier poussiéreux sur la gauche s’enfonce dans l’obscurité. Juste en face, au centre, une table en verre éclatée fait face à un vieux sofa. Je passe à côté, les craquements laissent la place à des crissements. Verre brisé contre parquet ciré. Mes pas mènent devant l’armoire au fond de la pièce. Ici, la musique est légèrement plus forte. Sûrement une boîte à musique quelconque… La poussière omniprésente me tire un toussotement.

- Je suggère que l’on s’assure que cette pièce est sécurisée avant de monter à l’étage.

Il y a peut-être quelque chose d’utile dans l’armoire. Sans trop d’espoirs, je l’ouvre. Même si la réplique de château est saisissante de réalisme, ce n’est sûrement pas là que nous allons trouver de quoi se sustenter, mis à part des amandes grillées et des sucreries périmées, peut-être. Quant à une arme, le tatoué n’a qu’à se trouver un bout de verre assez gros, en attendant.

Mis à part la boîte à l’origine de la musique vieillotte, il n’y a rien dans l’armoire. Un peu déçu, je laisse la porte ouverte et me détourne. Skull et Dame sont tous deux immobiles, la brune arborant un sourire plus stressé que joyeux. J’hausse les épaules, manière de « dire » qu’il n’y rien d’intéressant ici. Je suis du regard le manège du tatoué qui, après avoir fait à Dame une proposition plus que loufoque – danser est certes une activité de détente pour quelqu’un sachant chanter, mais pas ici – se penche sur le sol. Il ramasse un bout de verre et arrive à se fabriquer une arme avec une petite cuillère et du fil prélever sur du canapé. Ce n’est qu’après qu’il se soit relever et m’ait signalé qu’il n’y a pas grand-chose à sécuriser dans cette pièce que je me permets d’émettre un sifflement admiratif :

- Pas mal, pour une arme improvisée.

Je délaisse définitivement l’armoire pour passer à la cage à oiseaux posée près de la fenêtre. Y passe un doigt. Grimace à cause de la couche de poussière accumulée. Déclare calmement, coup sur coup, en deux répliques possédant peu en rapport l’une avec l’autre :

- Il n’y rien en bas, il faudrait monter. Et, à votre place, je ne danserai pas sur une telle musique.

A ma connaissance, je ne sais pas danser. Considérant que j’ignorais savoir jouer de la guitare avant le conservatoire, je ne suis sûre de rien. De toute façon, ça a peu d’importance. Tout ce qui compte dans cet asile de fous c’est de survivre. Le reste vient tout seul.

Souvenirs, petits souvenirs, juste là pour titiller un peu la curiosité de ses petits jouets, pour les voir se débattre encore et encore, se dépêtrer avec leur passé. Tellement drôles, tellement distrayants. Et le souvenir s'arrête devant le visage de Dame, y dessinant des ombres. Que comptes-tu faire, petit jouet ?

Spoiler:

Je note la satisfaction mêlée de surprise du tatoué face à mon involontaire compliment. J’hausse intérieurement les épaules, nullement gênée d’avoir dit la vérité sans le vouloir. N’importe qui n’est pas capable de se fabriquer un « couteau » avec une petite cuillère, du fil et du verre. Dame décide de suivre mon conseil et s’avance vers l’escalier.

«  Oui, il faut faire ça.  »

Malgré sa peur apparente, on ne peut ôter à la bouclée un cran certain. Peut-être que son inconscience et son insolence reviendront aussi, avec le temps. Sur ces suicidaires pensées – inconscience et insolence faisant allant de pair avec la mort – je jette un dernier regard circulaire à la pièce. C’est toujours dans les moments de calme que l’on est le plus vulnérable. On relâche son attention, on se croit en sécurité et on meure. Par négligence. Il n’y a pas fin plus pitoyable. Toujours aucun signe de danger. Skull suit la brune dans les escaliers de pierre, tout comme moi quelques secondes plus tard. Ne lâche pas ce flingue. Comme si j’en avais l’intention… Le tatoué saisit Dame par la main, uniquement pour la rassurer, surement. Sauf que mon esprit ne l’interprète pas tout à fait ainsi. J’en un léger pincement au cœur. De la j… ? Non. Si. Oui ? Peut-être. Seule concession que je puisse fait à ma conscience. Quand ses doigts saisissent doucement mon propre poignet, le sentiment disparaît, pour laisser place à un calme feint, associé à une tension dans tous mes muscles. Ne te dégage pas. J’essaie, mais c’est si… le mot sur le mot sur le bout de ma langue s’envole au moment où un souvenir apparaît. Pas devant moi. Pas devant lui. Devant Dame.

"Quoi que tu fasses, oublie pas qu'on est là, juste derrière."

J’hoche la tête et souris, tachant de me montrer rassurante et notant avec plus ou moins de satisfaction qu’il a libéré sa main. Je lève mon arme.

- Si la moindre chose ou personne se pointe avec des intentions hostiles, je la descends.

Je n’ai pas l’intention de me défiler sur ce point. J’ai déjà tué, je peux bien recommencer. Et puis, dans un espace aussi réduit, même le plus grand des débutants ne pourrait manquer sa cible. Oublie pas le cran de sûreté, quand même. Après, seulement s’il y a un ennemi. C’est vite fait, d’ôter la sûreté d’un pistolet.

Et la mémoire refait surface, une larme du passé, juste un fragment...

Dame:

Sans hésitation aucune, Dame saisit son souvenir à pleines mains déjà partie avant même que je prenne la décision de jouer les gardes du corps à la place du tatoué. Ce dernier regarde partout, sauf vers moi, et fini par me lâcher. Cette attente risque d’être longue… et pesante. Ce genre d’endroit n’est pas idéal pour trouver des idées de conversations intéressantes et ma tension m’empêche de penser à autre chose qu’à ce qui pourrait nous tomber dessus dans les secondes suivantes. Je n’irais pas jusqu’à dire que cet endroit m’avait rendue parano, mais presque.

"Et... Que qualifierais-tu d'intention hostile ?"

Cette question inattendue me tire un sourire narquois. N’importe quoi peut-être une intention hostile. A Nulle Part, même un sourire peut insinuer que vous vous apprêtez à découper quelqu’un en rondelles. En somme, une parfaite harmonie. Cette ville avait forcément son lot de déséquilibrés. L’autre question de Skull, inévitablement, me ramène devant cette grande maison, à côté d’un frère passablement énervé. Tu veux vraiment voir ce qu’est une intention hostile ? Je braque le flingue sur son visage, sans retirer la sécurité. Aucune envie qu’il finisse avec un trou au milieu du visage. Un simple avertissement. Histoire de tester un peu ses défenses. Cet homme n’est peut-être pas tout à fait inébranlable. Sans cesser de sourire ni de guetter le moindre son suspect, je dis posément, comme si je m’adressais à un gamin :

- Ca, tu vois c’est une arme pointée sur toi. J’appuie sur la gâchette et tu n’existes plus. C’est ce que j’appelle une intention mortelle.

Je poursuis sur le même ton mi sérieux, mi ironique, me surprenant moi même de me montrer aussi puérile et imprudente dans un moment pareil :

- Pour un garde du corps, tu n’es pas très prudent.

Est-il suffisamment malin pour deviner ? Se rappelle-t-il d’un élément qui puisse confirmer ma supposition ? Très vague en fait, je l’ai simplement vu nous suivre comme une ombre, ce n’est pas dit que sa fonction ait été de nous protéger mon frère et moi par le passé. Même sans obtenir de réponses, je serais satisfaite s'il réagissait. Une simple manifestation de peur serait suffisante. Personne n'est infaillible. Qu'est-ce que tu nous fais, là ? La provocation gratuite ne mène nulle part. Puisque nous y sommes déjà, autant en profiter... S’il te plaît, Ali’, quand tu reviendras à toi, évite de penser de penser que je veux le tuer…

Simple jeu qui pourrait en paraître presque enfantin sans le pistolet et le remix du château de Dracula. Le tatoué me fixe de ses yeux bleus, impassible et plein de force tranquille face à ce canon béant d’où la mort pourrait venir sous une simple impulsion de mon doigt. La sécurité… Evitons de tout gâcher avec des détails techniques, cet instant est parfait. Au final sa réaction, ou plutôt le manque total de crainte sur son visage, est presque rassurant. Comme s’il… me portait une confiance si aveugle qu’il n’aurait nullement été gêné de mourir de ma main. Ca va, les chevilles n’enflent pas trop ?

«  Tu... On... Calme !  Ser-... Je sais danser.  »

D’abord un brin surprise, Dame n’a pas l’air d’être très inquiétée par mon geste menaçant à l’égard de Skull, trop heureuse sûrement des informations que lui ont apporté son souvenir. Outre le fait qu’elle sache danser, ce qui m’intéresse bien plus, c’est le prénom qu’elle s’apprêtait à prononcer. Assurance, impertinence et inconscience semblent l’avoir regagnée. Raison pour laquelle je ne soupire même pas lorsqu’elle monte le reste de l’escalier en solo. Réglons d’abord l’échange avant de la rejoindre.

"Quitte à devoir mourir, autant que je succombe à tes balles."

Ce simple murmure, je l’entends presque mieux que l’exclamation de Dame, qui pourtant répond enfin à l’une des questions posées depuis le souvenir du conservatoire. Mais Ali’, Alissa, ou Dame, elle sera toujours la même fille provocatrice, débordante d’énergie et sans aucun talent au chant. Peu importe nos noms, nous sommes nous-même et, quoi qu’il m’en coûte de l’admettre, pas vraiment différent de ceux que nous étions par le passé. Doucement, me bras se baisse. J’hésite, un instant qui semble durer des heures. Puis sors mon canif de ma poche. Pourquoi toi ? Pourquoi davantage de confiance qu’avec Da....Alissa ? Je te connais depuis moins d’une heure et pourtant c’est comme si tu avais toujours été là… Même à la crevette et au blasé, je ne leur aurais pas… C’est ce que je voudrais dire en guise de prologue à cet acte parfaitement en inadéquation avec ma paranoïa habituelle que je m’apprête à commettre. Je saisis la main du tatoué, y glisse le précieux colt et le devance dans les escaliers en chuchotant au passage :

- Ne m’oblige pas à regretter ça. Ni à l’expliquer… c’était ton boulot.

En rejoignant la bouclée en haut des marches, je ne sais toujours pas pourquoi je lui ai mis ce pistolet en main. Toujours est-il que ce presque inconnu, au passage certainement idiot, a réussi l’exploit de faire s’empourprer légèrement mes joues par cette remarque suicidaire. J’ai dû m’imprégner de l’atmosphère démente de cette ville. Admets plutôt que c’est toujours bien, quelqu’un pour surveiller ses arrières et veiller sur toi à ta place.

Spoiler:

Il y a des bruits à l'étage.

Des sortes de grattements, des objets qui tombent au sol ou qui sont piétinés. Pas de grognements, pas de rugissements mais bien des bruits de papier peint gratté, des bruits de quelque chose qui piétine, tout proche d'eux. Pas sûr qu'une cuiller suffise.

Ils sont devant un long corridor encore plus sombre qu'au rez de chaussée, il n'y a pas un mur qui donne sur l'extérieur. Les vieilles appliques n'éclairent plus rien et les fils sont dénudés, l'environnement est très humide et le papier peint est encore plus déchiré qu'en bas. Il y a aussi des éclats de verre minuscules au sol et des tâches de sang séché s'éparpillent sur le sol. Une série de portes en bois s'allongent le long du boyau noir, certaines sont verrouillées, d'autres entrouvertes laissent passer les courants d'air. Il n'y a lus qu'à essayer de les pousser, comme une invitation.

Le couloir sur lequel donne l’escalier est une invitation à mourir. Sombre, humide, poussiéreux et bordé de portes fermées. Des grattements – je préfère ne même pas essayer d’imaginer ce qui les provoque, semble provenir de derrière l’un des passages clos, si nombreux qu’il m’est impossible de le déterminer, même en tendant l’oreille. A ces bruits peu avenants s’ajoutent des piétinements sur le plancher. Encore une fois, aucun moyen de savoir de quelle pièce les sons viennent. Je resserre mes doigts autour du manche du canif anciennement gravé à mon nom, regrettant d’un coup d’avoir donné cette arme au tatoué. C’était peut-être un peu trop irréfléchi… Je ne lâche pas D… Alissa d’un pouce lorsqu’elle s’avance seule dans le couloir, toujours aussi imprudente, surtout qu’elle possède une arme mais qu’elle ne l’a pas en mains. Skull nous suit, évidemment. J’ai comme l’impression, même s’il ne se trouve pas dans mon champ de vision, qu’il sourit. Merde la sécurité ! Comment ruiner sa crédibilité en deux secondes.

«  Tout... Tout va bien.  Je crois qu'on ferait mieux de faire doucement. Y'a un truc qui fait du bruit, tout prèèès !  »

Oui, c’est pour ça que tu devrais te recul… bordel, essaie pas d’ouvrir les portes s’il y a potentiellement des monstres, choses, créatures etc. derrière ! Je l’attrape par l’épaule au moment où la poignée émet un déclic. La porte s’ouvre, béante, sur une pièce sombre, que j’ai le temps d’observer environ un quart de seconde avant que le tatoué ne la referme violemment. Vive la réactivité.

"Attends Princesse. C'est pas à ce moment que le monstre vient kidnapper la demoiselle pour l'emmener dans les profondeurs de son royaume ? Et si les bruits qu'on entend provenaient de cette pièce où tu comptais t'engouffrer ?"

Mes doigts quittent l’épaule de la brune et je colle mon oreille contre le panneau de bois tandis que Skull adresse des excuses à la bouclée, y ajoutant une liste de nos différentes possibilités. Je lève la main d’un air impatient pour lui signifier de se taire ; sa voix résonne dans le couloir et aucune chance pour que j’entende ce qu’il se passe derrière la porte avec des interférences. J’ai l’impression que les sons viennent d’ailleurs, mais impossible d’en jurer. Je me redresse, les lèvres pincées. Il n’y a pas d’autre choix que d’avancer.

- Ali’, sors ton flingue, enlève la sécurité et tire dans le tas s’il y a le moindre souci. Evite juste d’user toutes des balles et de me toucher, s’il te plaît. Je passe devant.

Sauf que je me détourne de la porte en face de nous pour celle à l’opposé, verrouillée. Le bois un peu pourri au niveau des gonds. Ce ne devrait pas être trop difficile. Au pire, je me ferai mal au pied.

- Des portes déjà ouvertes, à Nulle Part, c’est trop facile pour ne pas être un piège.

Il n'y a pas trente-six autres solutions, alors autant choisir celle qui me semble la plus logique. Jambes légèrement fléchies, je prends une grande inspiration. Je pivote et envoie un coup de pied contre le battant de bois, pile en son milieu, avec une violence dont je ne me croyais pas capable. Douée en combat rapproché, moi ? Heu… Encore heureux, une héritière d’une famille de mafieux qui ne sait pas se défendre avec un minimum de moyens ne servirait pas à grand-chose. "Sésame, ouvre-toi."