Nicotine suivait de près Flocon et observait les alentours avec de grands yeux. Le soleil semblait être sur sa seconde phase et plongeait lentement vers sa mort prochaine. Il ne faisait pas encore sombre et le crépuscule n'était pas encore atteint, alors pourquoi la ville semblait-elle si vide. Bien qu'elle n'avait le souvenir en elle d'aucune ville, dans sa tête et ses connaissances apparues par le saint esprit il semblerait, elle savait qu'une ville de cette taille devrait être un minimum vivante.

« Ont-ils peur de quelque chose pour que se soit si vide ? »

Ses grands yeux étaient ouverts et sa voix toute fluette, on croirait à ses actions une véritable enfants, mais son âge la trahissait pourtant.

Ils finirent par arriver dans l'hôpital et elle compris ce que le mot peu rassurant prenait ici tout son sens en entrant dans le pièce. Les salles étaient assez mal éclairées, une légère poussière semblait s'accumulait sur à peu près tout. Mais il n'était pas abandonné, ni détérioré, c'était comme si lentement chaque âme de ce lieux étaient partis prendre une pause... Et n'étaient jamais revenus. C'est amusant.

« Eh ! La-dedans doit avoir de quoi désinfecter la main de Nicotine. On devrait aller voir. »
Nicotine s'avança vers les escaliers qui menaient à l'étage, comme mue par un instinct, elle sentait que les salles de soins étaient là haut. Certains y avanceraient d'un pas prudents, peu rassurés, voir même effrayés. Mais pas elle. De quoi devait-elle avoir peur ? Non elle prenait ça comme un jeu et sautait dans des petits tas de poussières pour voir les milliers de points brillants à travers les faisceaux lumineux, puis elle montait les escaliers marche par marche, à la manière d'un jeu. Cela devait être assez burlesque à voir. Dans tous les cas, Nicotine appréciait bien cette nouvelle aire de jeu.

Chaque pas qu'elle fait ne lui inspire pas d'en faire un deuxième. Gucci, elle regarde chaque ombre, chaque rue qu'elle croise car cette ville, elle la trouve carrément flippante. Craignos, même. Elle a peur, comme l'atteste le fait qu'elle s'accroche aussi désespérément au bras du gars -nan, car elle va pas non plus s'accrocher à la gamine, hein- et en fait, une part d'elle se dit que ça ne doit pas arranger le gars d'être un eucalyptus avec elle en koala. Mais elle s'en fiche, elle a trop peur.

Alors, quand les deux autres rentrent dans l'hosto, elle gémit :

« Naaan, j'aime pas ça, j'aime pas ça ! »

Peut-être que l'avions faisait moins peur. Elle avale difficilement sa salive mais suit, quand même. On reste ensemble. Elle étouffe un nouveau gémissement quand elle voit l'état général de l'hosto. Elle pousse des petits cris de souris quand elle voit pourtant Nicotine s'amuser. Comment on peut s'amuser dans une situation pareil ? Elle tremble de plus en plus, enfonçant ses ongles dans le bras du gars.

« On se croirait dans un film d'horreur... »

...avec Nicotine dans le rôle de la bargeotte qui va bientôt y passer, ou lancer une sombre prophétie avant de disparaître en fantôme. Mais elle n'en dit rien.
Pas de dispute.

Le visage habituellement doux d’Azur était à présent tendu comme la corde d’un arc. Leur progression était lente et il savait que c’était à cause de lui. Et ça l’embêtait. Outre cette gêne, ses pieds le faisait souffrir et le fait que Gucci s’accroche à lui (elle et ses ongles aiguisés) générait un inconfort supplémentaire. Il se rendait compte qu’il était une véritable chochotte et il avait peur que les autres lui en veuillent pour ça. Et comme si ça ne suffisait pas, cette ville complètement déserte était franchement inquiétante.

L’entrée dans l’hôpital fut un soulagement partiel pour Azur. Au moins le sol lisse agressait moins la peau fine de ses pieds. Mais l’endroit était tout aussi désert que le reste de la ville et l’atmosphère effrayante des lieux contaminait le petit groupe. Enfin, sauf Nicotine qui semblait s’amuser follement. Azur ne trouvait pas ça si bizarre que ça. C’était vrai qu’on pouvait trouver du charme à une maison abandonnée. Ça donnait une atmosphère... Mais une grande ville comme ça complètement déserte ? Cela soulevait un certain nombre de questions. Ce n’était définitivement pas normal.

Malgré son malaise, Azur tenta encore de rassurer Gucci, toujours aussi perturbée par la situation.

« Ça va aller, les films d’horreur exagèrent toujours. Il doit y avoir une explication à tout ça. Je suis sûr qu’on va bientôt tout comprendre. »

Sur ces paroles, il s’engagea dans les escaliers à la suite de Nicotine. Bon, malgré ce qu’il venait de dire, il n’avait pas envie de pousser la ressemblance au film d’horreur trop loin et préférait qu’ils restent tous groupés. Se séparer était la première bêtise que faisait les héros d’un survival horror, tout le monde savait ça.

Elle se tourna derrière les autres, ils semblaient peu rassurés. Pourquoi avait-ils peurs ? Cela ressemblait plus à une air de jeu qu'autre chose. La jeune fille s'élança avec entrain dans le couloir étroit et sombre du premier étage. Malgré la légère odeur de renfermer on y déceler la senteur typique des produits désinfectants et des médicaments. Pas de doute, ici elle trouvera de quoi faire l'affaire pour sa main.

La jeune fille ouvrit quelques portes à la va vite jusqu'à trouver la pièce qui lui convenait.

« Haha ! Je t'ai trouvé ! »

Oui, des personnes plus sensées avanceraient avec prudence et scruteraient les pièces avec plus de méfiance, mais elle, elle faisait une partie de cache-cache avec la salle de soin. Chacun ces tripes me direz-vous.

Avec non-chalance elle fouilla parmis les flacons et autres ustensiles qui trônaient sur la table puis se souvint qu'Azur avait également besoin de quelque chose. De quoi déjà ?
Nicotine tira trois seringues neuves et bien emballées - Hum ça à l'air marrant ça, je met la quatrième dans ma poche au cas où - et les tendis vers Azur

«C'est ça que tu cherches ?»

Ha non il a pas de chaussures c'est vrai ! Elle les jeta vivement par terre et chercha des bandages pour faire office de chaussures -et bander sa main accessoirement- et mis la main sur une trousse d'urgence. Devrait faire l'affaire.

« Trouvé ! Mais je sais pas comment ça marche... Ça fait bobo le désinfectant ? »

Sa manucure ? Gucci y jette un coup d'oeil et se dit qu'effectivement, ça serait bête de l’abîmer. Alors, elle hoche la tête vers Flocon, signe qu'elle a compris ; elle se plante là, en bonne plante verte. Quand Nicotine revient, écrase les seringue, la brunette inspire un gémissement d'horreur. Mais il a rien aux pied, Azur, il va se faire, genre, trop trop mal s'il marche là !

« Bouge surtout pas ! » qu'elle lui dit. Du bout de sa chaussures elle tente d'écarter le verre brisé, de ramasser les gros morceaux du bout des doigts. Elle tire fort la langue, pour se concentrer, pour pas se couper elle-même. Définitivement, un balais, ça serait carrément mieux. Gucci met les bouts brisés sur un bureau à côté. Elle regarde à droite, et à gauche et se dit qu'il serait temps qu'elle soit effectivement utile. Elle commence à marcher quelque part, ouvre une porte, espérant trouver le coin des concierges... Puis retombe plutôt sur Nicotine, qu'elle approuve.

« Oui, ça, c'est bien pour soigner ! Va voir Azur, il te fera un super pansement, mais surtout, faut pas qu'il bouge, sinon, il va se faire mal aux pieds ! Et toi aussi, hein, le but du jeux, c'est pas qu'tu t'fasses plus mal encore ! »

Elle lui sourit, malgré toute son aversion. Elle lui fait peur, oui, mais se dit qu'elle ne doit pas le montrer. Après tout, Gucci, c'est presque une adulte.
Puis elle ouvre tout, porte, tiroirs, placard, espérant que le prochain renfermera un balais.

Azur était touché. Non, personne ne lui avait tiré dessus, il était touché dans le sens "ému". Chacune de ses compagnes de route semblait s'inquiéter pour lui. D'abord Flocon lui demandait comment allaient ses pieds, ensuite Nicotine essayait de trouver quelque chose pour l'aider et enfin, Gucci s'était mise à ramasser les morceaux de seringues brisées avec beaucoup d'application pour qu'il ne marche pas dessus. Il aurait voulu dire à Gucci que ce n'était pas la peine, qu'il ferait attention de ne pas marcher dans les éclats de verre. Mais elle avait presque fini et les mots restaient coincés dans sa gorge. Encore un peu et il aurait eu la larme à l'oeil.

" Je suis content d'être avec vous trois, dit-il, finalement. Vous êtes vraiment gentilles. "

Après cet élan de tendresse, il se reprend, baisse ses épaules (comme une danseuse, au lieu de les carrer comme un homme) et s'approche de Nicotine.

" Allez, pansons nos blessures. "

Il ouvrit la fermeture éclair de la trousse de soin que Nicotine tenait toujours entre ses mains et attrapa délicatement du coton et une bouteille d'eau oxygénée.

" Le désinfectant, ça pique un peu. Tu veux que je te le fasse ? J'irais tout doucement. "

Et quelque chose jaillit de la porte que venait d'ouvrir Flocon. Un coup de vent. Un coup de vent sombre et ricanant. Une ombre. Un rire aigu jaillit dans la pièce alors que les néons qui éclairaient le plafond se mirent à grésiller avant de s'éteindre totalement. Elle était libre, et prête à s'occuper de ses nouveaux petits patients.

Nicotine ne s'était pas rendu compte qu'elle avait brisé le verre et que cela gênait Azur, déjà blessé au pied. En voyant les débirs de verre tranchants gisant sur le sol, une lueur terrifiante traversa son regard. Un jeu... Oui prendre ces petits débris de verre, ils coupent, ils sont amusant, ça peut faire mal.

Elle rigola un instant, puis Gucci la sortit de ses pensée en l'envoyant voir Azur qui pouvait la soigner. Sa démence disparu d'un coup, inhalée par son état enfantin. Non elle ne devait pas jouer avec ça, enfin pas encore. Elle sentait que son corps réclamait quelque chose, une substance - drogue- précisait sa caboche. Une image de cigarette envahit son esprit et elle se demande comment s'en procurer. Sa raison lui rappelait que c'était hélas pas dans un hôpital qu'elle trouverait cela. Hélas.

Puis Azur lui parla, elle quitta ses pensée. Alors elle se tourna vers lui et lui tendit la trousse et sa main déjà bandée du foulard rouge déchiré. Au même moment Flocon décida de chercher un truc. Nicotine voulait pas qu'elle parte, elle se sentait rassuré avec elle.

La porte s'ouvrit, et la lumière disparue. Un rire traversa ses tympans et un vent désagréable traversa ses vêtements.


« Flocon, il se passe quoi ? Faut-il avoir peur ? »

La peur. Elle se sentait seule dans cette obscurité, et ne savait pas ce qu'il s'y trouvait. La peur. Une énergie qui broyait ses entrailles, elle n'entendait plus que son coeur battre. La peur. Chose veine elle écarquilla les yeux, elle sourit, qu'allait-il se passer. La peur. Elle sortie son couteau suisse, prête à s'en servir et rigola.

« Est-ce si drôle que tu en ris ? Moi aussi je veux jouer, ou es-tu ?»

Spoiler:

Trouvé !

Gucci le saisit fièrement, son balais, contente comme tout d'être bientôt utile ! Elle en oublie presque d'avoir peur dans cet endroit sinistre. Elle revient en trottinant vers son petit groupe le sourire aux lèvres quand soudain, la lumière s’éteint. Pfout, adieu assurance ! La brunette serre les doigts sur le manche du balais et gueule d'une voix tremblante :

« Nan, mais c'est carrément pas drôle, arrêtez ça toute suite ! »

Elle n'y voit plus rien. Elle a envie de revenir vers les autres. Sa voix se fait hésitante.

« Hey, s'il vous plaît ? »

Un peu de courage, Gucci ! Il suffit d'avancer tout droit ! Par là d'où tu viens, en fait. Ses petites jambes deviennent toute tremblantes et pourtant, elle fait un pas, puis un autre. Avale sa salive. Elle croit reconnaître des silhouettes ! Elle s'illumine et se précipite. « Heeeey !! » Et tombe. Il y avait un truc au passage, voilà Gucci qui s'étale de tout son long (mais toujours désespérément accrochée au balais) avec un ramdam pas possible.

« … Aïïïïeuuuuh.... Hé hé. Oups ! »

Spoiler:

Okay, c’était quoi ça ? Ce rire... Tout ceci était-il un vaste canular ? Une sorte de train fantôme comme on en trouvait dans les fêtes foraines ? Azur se tenait crispé, coton et eau oxygénée toujours en main, levant la tête en l’air et attentif au moindre son, puisqu’il ne pouvait plus se fier à ses yeux. Non, ce ricanement n’avait rien d’artificiel. Et si c’était vraiment une plaisanterie, elle était plus que de mauvais goût
Il fallait qu’ils se regroupent, qu’ils sortent tous d’ici au plus vite, lui criait son instinct. Au moins Nicotine n’était pas loin. Il rangea ce qu’il avait en main dans ses poches et attrapa le bras de l’adolescente et se résolut à ne pas le lâcher.

« On devrait sortir d’ici. »

On pouvait entendre au son de sa voix qu’il n’était guère plus rassuré que les autres. Au moins, il n’était pas encore paralysé par la peur. Gucci tomba quelque part en faisant un capharnaüm épouvantable. C’était tant mieux, en fait. Azur s’avança dans sa direction sans lâcher Nicotine. Ironie de la situation, il finit par marcher sur les derniers morceaux de verre que Gucci n’avait finalement pas pu balayer. Il se mordit la lèvre inférieure et émit un petit sifflement. Mais il continua, les larmes aux yeux. Ça picotait, c’était le moins qu’on puisse dire.
Il avança son bras dans la direction d’où venait la voix de Gucci, la cherchant à tâtons. Son index s’écrasa maladroitement sur le nez de la jeune fille.

« Oh pardon ! »

Il tâta le sol et fini par trouver l’une de ses mains qu’il empoigna pour l’aider à se relever.

« Flocon ? Où es-tu ? »

Son rire résonne dans la salle. Heureuse. Il y avait du sang, des blessés, du travail ! Elle prend une aiguille, du fil. Des instruments non stérilisés depuis longtemps mais qui ça préoccupe ? Elle prend aussi un bistouri, on ne sait jamais. Elle s'avance vers le groupe.


Elle sourit de toutes dents jouant avec les instruments. Elle pointe Azur.


Elle jette un coup d’œil et regarde Nicotine.


Un nouveau rire.

Nicotine senti un bras la saisir vivement, c'était Azur. Ce dernier avança et récupéra Gucci de l'autre main, il semblait vouloir rejoindre Flocon qui elle entrapercevait de la lumière au loin. Une échappatoire ? Elle entendait le verre crisser sous ses chaussures et un sifflement venant du jeune homme, il venait certainement d'enfoncer quelques morceaux de verre dans la plante de ses pieds. Elle imaginait très bien les petits débris de verre déchiqueter la chair et déranger les nerfs, trancher quelques filaments sanguinolents et défigurant le visage en un masque de souffrance. Elle rigola, cela semblait amusant.

"Bon bon bon. Un à la fois. Qui est blessé en urgence ?"

Semblait-elle vouloir venir en aide aux blessés ? Cela paraissait étrange, elle qui semblait si sadique et dérangeante. Une multitude de question traversa sa caboche, elle sembla oublier un court instant sa démence, comme si la raison s'emparait de son âme. Puis tout se mélangea et devint floue, elle n'avait plus peur. Se défaisant de l'emprise d'Azur elle avança, chancelante, vers l'endroit d'où provenait la voix, et d'une voix fluette -on aurait cru un enfant parler, la pénombre masquant son corps d'adulte.

« Tu veux nous aider c'est ça ? C'est gentil. Mais tu fais mal quand tu nous soignes ? Si tu veux ma main est blessée. Qui es-tu ? »

Elle tenait toujours dans son autre main son couteau suisse, son corps refusait de le lâcher. Avait-elle encore peur ? Non simplement l'instinct de survie. Elle tendit dans la pénombre sa main blessée, patientant calmement, écoutant les respirations de ses camarades plus ou moins effrayés.

D'abord un coup dans le nez. La brunette retient un cri tandis que dans un réflexe de défense, elle tente de mordre son agresseur. Mais en vainc, sa bouche se referme dans le vide (Qu'Azur remercie l'obscurité pour ça). Puis elle est relevée, rassurée que ce soit le garçon du groupe, entend les ordres de sa cheftaine (Flocon, Cheftaine de Gucci, dans son esprit, si si, c'est très logique) et décide d'y obéir scrupuleusement. D'une main, elle se laisse guider par Azur, de l'autre, son balais. Silence, sortir dans le calme. Son cœur bat la chamade, mais à part ça, tout baigne.

Sauf Nicotine.

Loin de calmer les nerfs de la jeune femme, son jeu avec l'ombre finit de l'horrifier pour de bon et lui faire perdre le peu de calme qu'elle avait encore : elle en lâche Azur pour mieux agripper son balais à deux mains, puis soudain, c'est une orgie de I et de A qui sorte de sa bouche tandis que comme une démente, elle balaye dans le vide, fauchant les quelques instruments médicaux qui flottaient dans les airs.

Pas dur de viser, y'a qu'eux qui reflètent une faible étincelle de temps en temps.

Puis toujours en criant, elle se dépêche de saisir Nicotine d'une main et se met à cavaler vers la sortie.
Pas difficile à traquer : il suffit de suivre un : « KIIIIIIIIIIAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !! » des plus strident.

Azur avait vu les terribles instruments brillants se pointer vers lui et n’avait pu réprimer un frisson d’effroi. Ils avaient affaire à quoi, exactement ? Une sorte de fantôme de médecin ? Mais sa frayeur ne fut rien comparé à l’horreur qui s’empara de lui lorsqu’il sentit Nicotine dégager son bras de son emprise pour s’approcher de la créature.

« Non... Fit-il d’une voix faible. »

Heureusement (ou malheureusement ? Il était encore trop tôt pour le dire), Gucci céda à la panique d’une manière plutôt inattendu. Azur sentit qu’elle donna un grand coup de balai en direction de l’apparition au grand courant d’air qui frôla son bras et il vit les instruments de la créature voler. Suite à cela, elle s’enfuit en hurlant, embarquant Nicotine au passage.

Pendant un instant, Azur hésita à les suivre immédiatement, également terrifié. Mais une partie de sa conscience lui susurrait le nom de Flocon. Il savait qu’elle était près de la porte et qu’elle n’aurait pas de mal à fuir, mais il préférait en avoir le coeur net.

« Flocon ? S’exclama-t-il une nouvelle fois en courant dans la direction où il pensait qu’elle se trouvait. »

Malheureusement, la peur le rendait maladroit et il ne cessait de se cogner contre tout ce qui se trouvait sur son passage, murs, portes, mobilier... Mais il arrivait à passer outre cette fois. Il compterait ses bleus plus tard.

Stupides humains ignorants. Croire qu'ils peuvent la dépasser. Ils sont fous ! Elle est la meilleure aide ici, elle l'a toujours été. Ils ne vont pas s'enfuir comme ça tout de même. En un geste elle a rattrapé son bistouri et son aiguille ainsi que le fil. Les lampes grésillent et cassent toutes en même temps. Elle n'a pas besoin de lumière pour ses opérations.
Dans le noir elle est à l'aise, elle joue avec eux. Elle se téléporte, bloque la porte en menaçant avec les instruments de torture. Elle sourit.
Elle regarde notamment Nicotine qui a voulu de son aide. Elle rigole puis se reprend et sourit.
Elle rigole à nouveau puis pointe son bistouri sur les autres compagnons.

Elle entendit des cris, tout vola en éclat, puis elle se sentit tirée loin de l'ombre. Que se passait-il donc ? Une rapide analyse lui permit de comprendre que ses camarades avaient cédés à la panique et tentaient de fuir. Chose veine...

Mais que faisaient-ils ? S'ils mettaient la sorte d'esprit en colère, ils ne pourraient avoir que des problèmes et il y en avait déjà suffisamment comme ça !
Elle courrait avec eux afin de sortir de cet hôpital devenu lugubre et dangereux, les ampoules claquaient, l'obscurité les happaient avec une aisance incroyable. Bon courrait avec eux, c'était pas vraiment ça, elle sentait son bras tiré vers quelque part, la main qui la tenait était serrée tellement fort qu'elle ne sentait plus ce dernier.

Puis la chose les rattrapèrent et sa voix trahissait un brin de colère. Peu encourageant.

"Alors ? Tu voulais de mon aide ? Hum vu l'état de ta main je pense qu'on devrait la couper immédiatement ! Malheureusement il faudra commencer avec ta langue pour éviter que tu ne cries trop, sinon tu vas réveiller les autres patients. Ne t'inquiètes pas, je sais faire!"

Nicotine écarquilla les yeux, horrifiée. Ce n'était qu'une simple égratignure qu'elle avait à la main, elle n'avait besoin que de désinfectant. Pourquoi lui couper la main ? Et la langue en prime ? Son instinct lui cria que cela faisait très mal, oui trop. D'un coup elle retira son bras prisonnier et recula, son dos rencontra un mur, elle tomba sur le sol. La tête entre les mains, elle tremblait, puis rigola, puis pleura et cria.

« Pourquoi m'infliger cela ? Je t'ai rien fait. Pourquoi tu es méchante ? J'ai été gentille avec toi... Je veux bien que tu me soignes, mais je n'ai besoin que de désinfectant et d'un pansement... Je veux bien jouer avec toi si tu t'ennuies, mais ne joue pas de moi... S'il te plait...»

Et Vlan, elle s'écrase contre la porte ! Elle s'acharne dessus, sur la poignée, à tirer pousser, à gémir « c'était ouvert ! C'était ouvert et ça l'est plus ! » et Gucci se retourne, plaquée contre la porte et se recroqueville sur elle même, pleurnichant à moitié quelques gémissements incompréhensibles. Elle veut pas mourir, elle veut pas mourir ! Quant à lui demander de trouver des idées sensées, c'est mort, hein. En temps normal, pas la peine d'y compter, mais là, le cerveau de Gucci est carrément déconnecté.

C'est sans doute pour ça alors que d'un coup, elle se relève, redonne un coup dans les outils avec son balais et les coince sous les poils, hurlant un « COURS !! » qui semble héroïque (mais seulement mené par l'idiotie et la panique) à Nicotine.

Puis se met elle-même à courir, courir, courir dans le couloir, sans s'arrêter ! Elle balaye les instruments avec elle, à peine sensible à la futilité du geste. Il va les retrouver les instruments ! Et après, il sera en colère contre elle ! Alors, elle hurle des choses ni queue ni-tête, tentant d'échapper à son sorts qu'elle imagine déjà scellé.

« Vous pouvez pas nous opérer, y'a pas de désinfectants, je veux voir votre licence de médecin ou même d'infirmier, je veux voir des outils désinfecté, comme dans grey's anatomie ou urgence, ou scrubs ! J'ai même pas ma carte vital, on a pas d'argent, on veut pas payer, et on est même pas malade ou blessé ! Vous êtes trop nul ! Puis on opère pas sans tranquilisant ou truc pour calmer la douleur et endormir ou quoi qu'ce soit ! Z'ÊTES PAS UN VRAI MÉDECIN !!!»

Certain ! Elle n'a pas besoin de greffe du cerveau...

Azur  avait voulu suivre les ordres de Flocon à la lettre, bien qu’à contre-coeur. Malheureusement, la créature qui les menaçait coupa leur sortie. Elle voulait s’attaquer à Nicotine et leur demandait de la maîtriser pour la laisser faire. Non, mais elle croyait vraiment qu’ils allaient tenir la pauvre Nicotine pendant qu’elle s’amusait à la charcuter ? Pour quel genre de monstre les prenait-elle ?

Gucci tenta une nouvelle fois de débarrasser l’ombre de ses instruments, continuant cette fois à balayer ces bouts de métal rouillé tout en criant à tue-tête des choses sans grand sens (enfin, si, cela aurait été sensé dans une situation normale, mais ce n’en était pas une). Décidément, la panique de cette fille ressemblait franchement à du courage. Il était probable qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle faisait. Mais au moins, elle le faisait et Azur en était reconnaissant.

Nicotine avait également tenté d’interroger la créature sur ses intentions, mais Azur avait de gros doutes sur la capacité de compassion de cette chose. Il était gentil, mais pas si naïf que ça.

« Nicotine, ne laisse pas ce truc te toucher, quoiqu’il arrive, ne te laisse pas faire ! »

Azur aurait bien aimé la rejoindre pour l’aider, mais comme ils se trouvaient tous de nouveau dans l’obscurité, il avait du mal à situer sa position. Si seulement ils pouvaient avoir de la lumière ! Cela leur permettrait au moins de voir où était leur adversaire. De la lumière... Mais oui ! Flocon avait déjà essayé de trouver de la lumière et avait ouvert une porte sur une salle éclairée électriquement. Mais les ampoules avaient de nouveau grillé.

Le jeune homme parvint à compartimenter sa panique pour réfléchir rapidement. Il devait y avoir d’autres salles à cet étage et dans l’une d’elle, des fenêtres. Ils étaient dans un hôpital, il devait y avoir des fenêtres pour éclairer et aérer les chambres, c’était forcé !

Il se mit à longer le mur à toute vitesse, le tâtonnant de ses mains tremblantes, ouvrant toutes les portes qui se trouvaient sur son passage, jusqu’à ce qu’enfin, la douce lumière du jour caresse son visage. Elle était très faible, mais bien présente, traversant les fentes de volets décrépits.

« PAR ICI ! hurla-t-il en se précipitant dans une chambre poussiéreuse. »